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La constitution de champs de pratiques en champs de recherche

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Abstract

1. Une question vive 2. Une réponse située 3. Des contours-s d'objets donnés par les acteurs 4. Conditions épistémologiques 5. Conditions théoriques 6. Implications méthodologiques 7. Implications sociales 8. Un modèle d'action pour la recherche et un enjeu social
LA CONSTITUTION DE CHAMPS DE PRATIQUES EN CHAMPS DE
RECHERCHES
Jean-Marie Barbier
in Jean-Michel Baudouin et Janette Friedrich , Théories de l'action et éducation
De Boeck Supérieur | Raisons éducatives
2001
pages 305 à 317
Article disponible en ligne à l'adresse:
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http://www.cairn.info/theories-de-l-action-et-education---page-305.htm
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Pour citer cet article :
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Barbier Jean-Marie, « La constitution de champs de pratiques en champs de recherches », in Jean-Michel Baudouin et
Janette Friedrich , Théories de l'action et éducation
De Boeck Supérieur « Raisons éducatives », 2001 p. 305-317. DOI : 10.3917/dbu.baudo.2001.01.0305
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La constitution de champs de pratiques
en champs de recherches
Jean-Marie Barbier
Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris
Un champ de pratiques peut-il être constitué
en tant que tel
en champ de
recherches,
c’est-à-dire
autrement qu’en tant que terrain d’une discipline
constituée par ailleurs ?
Et si oui, à quelles conditions de désignation d’ob-
jet et à quelles conditions épistémologiques, théoriques, méthodologiques
et sociales ?
UNE « QUESTION VIVE »
Cette question intéresse
bien sûr très directement
les milieux de praticiens
et de professionnels, bien conscients depuis longtemps que le choix d’une
approche disciplinaire, s’il apporte une rigueur dans la démarche de re-
cherche, impose un objet qui ne recouvre pas exactement la pratique dans
laquelle ils sont engagés, les oblige pour le temps de la recherche, et quel-
quefois au-delà, à une
conversion identitaire
(sociologue, psychologue, lin-
guiste) qui ne correspond pas au simple passage d’une démarche
d’optimisation des pratiques à une démarche d’intelligibilité, c’est-à-dire
de compréhension, de ces mêmes pratiques, et qui de plus les conduit à
adopter avec une théorie explicite de cet objet une théorie implicite de
l’environnement de cet objet. Or se manifeste aujourd’hui une pression
sociale très forte à une
meilleure connaissance
des activités réelles notam-
ment sur le terrain professionnel
, que cette pression émane des praticiens
eux-mêmes ou des organisations qui peuvent les employer. Et ce n’est pas
une lecture plurielle ou pluridisciplinaire qui permet d’y répondre, puis-
qu’elle ne permet que de conforter l’intérêt ou la validité de chaque
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J.-M. BARBIER
positionnement disciplinaire, tout en imposant au bout du compte au pra-
ticien la charge impossible de l’« articulation » entre des résultats de re-
cherche produits à partir d’intentions différentes…
Elle intéresse
également les milieux de l’enseignement professionnel
supérieur
, au sein desquels on voit se développer de plus en plus des activi-
tés et des structures de recherche, mais qui ne se retrouvent pas forcément
très à l’aise avec l’organisation actuelle du travail scientifique, et qui peu-
vent souhaiter pour l’activité de recherche à la fois d’autres découpages,
d’autres modalités d’exercice, d’autres finalités, et surtout d’autres articula-
tions avec la formation et la prise de décision. De manière plus générale on
constate aujourd’hui
un important développement dans l’enseignement
supérieur de nouveaux champs de recherches correspondant à des champs
de pratiques
: recherches en gestion, en ergonomie, en éducation, en com-
munication, en travail social, en thérapie, en santé par exemple. Ce déve-
loppement est contemporain d’un intérêt social très fort pour
l’analyse des
pratiques professionnelles
, entendue à la fois comme un outil de recher-
che, un outil de formation (former à partir de l’analyse du vécu) et un outil
de transformation des pratiques.
Elle intéresse encore nombre d’acteurs des
milieux de la recherche
pro-
prement dits, qui conçoivent de plus en plus
la recherche à la fois comme
accompagnant les processus
et comme portant sur les processus
, ainsi qu’on
le voit hors sciences humaines dans l’intérêt porté et la place donnée à
l’historicité et à la dynamique des systèmes. Prise au sens large, la recher-
che technologique ou professionnelle a pour objet aujourd’hui moins la
connaissance du monde que la
connaissance des processus de transforma-
tion du monde.
Cette question se trouve être aujourd’hui centrale en for-
mation des adultes et en analyse du travail,
les théories de l’action
apparaissent précisément à la fois comme un outil de dialogue entre disci-
plines et d’articulation entre pratique et recherche.
UNE RÉPONSE « SITUÉE »
Si cette question est une question « située », la réponse l’est également.
Pour l’auteur de cette contribution, elle a le statut d’une reflexion s’ap-
puyant sur plusieurs expériences :
expérience directe de recherche « en intelligibilité » sur des pratiques
de conduite des actions, c’est-à-dire sur des objets professionnels fai-
sant habituellement davantage l’objet d’un discours prescriptif que d’un
discours à intention scientifique. C’est le cas notamment de trois recher-
ches sur les pratiques d’analyse de besoins en formation, d’élaboration
de projet et d’évaluation, ayant abouti à la production d’outils d’analyse
de ces pratiques ; mais c’est le cas également de plusieurs recherches
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La constitution de champs de pratiques en champs de recherches
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ayant porté sur les formes nouvelles de la formation (par exemple les
dispositifs de formation en situation de travail) et ayant abouti notam-
ment à la distinction de trois cultures d’intervention éducative (l ’ensei-
gnement, la formation, la professionnalisation) ;
expérience de formation de professionnels de la formation et du déve-
loppement des compétences, fondée sur l’hypothèse que l’analyse par
les praticiens des activités dans lesquelles ils sont déjà engagés peut
constituer un outil puissant de leur professionnalisation ;
conjointement à cette expérience de formation professionnelle, expé-
rience de direction d’un laboratoire définissant son objet en référence à
un champ de pratiques et d’une formation à la recherche ayant la même
ambition (« Formation des Adultes : champ de recherches ») ;
enfin expérience d’initiatives institutionnelles ayant plus généralement
pour intention d’articuler recherche et professionnalisation (édition,
manifestations scientifiques et professionnelles, Maison de la Recher-
che sur les Pratiques Professionnelles, réseaux…).
DES CONTOURS D’OBJETS DONNÉS PAR LES ACTEURS
Lorsqu’elles ont pour visée de correspondre à des champs de pratiques, les
démarches de recherche paraissent présenter, sur le plan de leurs objets, un
triple caractère :
–Tout d’abord
les contours de ces objets
ne sont pas prédéterminés par
une discipline, mais
ont pour ambition de correspondre aux contours
de signification donnés par les
acteurs
(Bruner, 1991)
.
Il est assez signi-
ficatif sur ce plan que le discours fondateur des disciplines soit souvent
au contraire un discours de désignation « en extériorité » de leur objet :
« fait social » dans le cas de la sociologie durkheimienne, énoncé dans
le cas de la linguistique saussurienne, comportement dans le cas de la
psychologie expérimentale behavioriste, etc. ; il est aussi un discours de
clôture
de cet objet : un fait social peut s’expliquer par d’autres faits
sociaux comme un phénomène chimique peut s’expliquer par d’autres
phénomènes chimiques.
Un champ
de pratiques se définit d’abord
comme un champ d’intentions de transformation du réel, portées par
des acteurs, et se délimite par ces intentions.
Le champ de la formation
par exemple peut être caractérisé comme un espace de pratiques ayant
spécifiquement pour intention de produire de nouvelles capacités sus-
ceptibles d’être transférées dans d’autres espaces ; comme chacun sait,
rien ne garantit ni cette production ni ce transfert, qui peuvent très bien
ne pas survenir. Il en va de même des pratiques thérapeutiques, qui
s’analysent comme des interventions sur des processus vitaux, mais qui
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ne se confondent pas avec eux ; ou mieux encore des pratiques de com-
munication, qui peuvent être analysées comme des « ostensions »
(Sperber & Wilson, 1989) de significations par les locuteurs, bien dis-
tinctes des constructions de sens qui s’opèrent chez les destinataires. La
constitution de champs de pratiques en champs de recherches reprend
donc les contours de significations que donnent des acteurs, individuels
et /ou collectifs, à des organisations de comportements, d’opérations,
de conduites ou d’activités, selon la terminologie adoptée. De ce point
de vue,
l’objet emblématique
de ce type de démarches de recherches
est certainement la notion d’
action
, que nous avons définie ailleurs (Bar-
bier & Galatanu, 2000) comme un ensemble de phénomènes qui aux
yeux d’un sujet constitue une unité significative de ses activités.
Ensuite,
ces objets peuvent difficilement éviter la question de ce qui fait
leur caractère inédit, singulier.
Les démarches de recherche disciplinai-
res s’attachent au repérage d’invariants, de régularités, susceptibles de
fonder des corrélations présentant une certaine stabilité pour un regard
extérieur. L’introduction de la temporalité et des significations accor-
dées par les acteurs oblige au contraire, comme dans les épistémologies
de l’histoire, à tenir compte de ce qui fait la singularité des pratiques et
à mobiliser dans ce but des notions susceptibles de cumuler le repérage
de régularités et de singularités comme par exemple les notions de con-
figuration (organisation singulière de formes régulières), de trajectoire,
de parcours ou de chemin.
Enfin,
ces objets peuvent être difficilement isolés de leur contexte, de
leur environnement
.
Les démarches de recherche disciplinaires tendent, nous venons de le voir,
à clôturer leur objet, dans l’intention de mieux en rendre compte. Or ce
peut être difficilement le cas des pratiques ou des actions. Indépendam-
ment de la question des conditions de leur émergence (processus déjà en
cours, émotions, investissements), les activités de construction par les ac-
teurs de leur situation et de leur environnement d’action sont, quoi qu’il en
soit, partie intégrante des pratiques.
QUELQUES CONDITIONS ÉPISTÉMOLOGIQUES
La constitution de champs de pratiques en champs de recherches suppose
probablement plusieurs conditions épistémologiques :
1. La plus évidente est probablement l
’importance qui s’attache à une dis-
tinction
stricte entre les démarches de recherche ayant pour intention
dominante l’intelligibilité de ces pratiques
(c’est-à-dire la production de
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La constitution de champs de pratiques en champs de recherches
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représentations de corrélations relatives à leur émergence et à leur fonc-
tionnement)
et les démarches de recherche ayant pour intention domi-
nante leur
optimisation ou leur finalisation
(c’est-à-dire la production
de représentations sur une transformation possible de ces pratiques :
recherche finalisée, recherche-développement, recherche-action par
exemple). Lorsque la recherche a pour enjeu direct la transformation du
monde, une pression sociale très forte existe en effet pour cumuler les
attributs sociaux des deux types de démarches de recherche : attributs
d’objectivation dans un cas, attributs d’efficacité dans l’autre. Le résul-
tat est bien connu : si les recherches en éducation, en gestion, en travail
social, en communication, etc., font l’objet d’une forte demande so-
ciale, elles ne bénéficient pas toujours de toute la reconnaissance so-
ciale dont elles pourraient disposer par comparaison aux recherches
relevant des disciplines classiques, notamment en raison de fréquentes
confusions entre ces démarches. Une formation à la « recherche en in-
telligibilité » de professionnels déjà confirmés est de ce point de vue
une expérience très enrichissante : l’enjeu essentiel de la formation con-
siste en effet en l’acquisition d’un positionnement de type « sciences
sociales » par rapport à des préoccupations initiales qui sont des préoc-
cupations de transformation du monde.
Cette distinction a beaucoup de conséquences. Par exemple :
sur le plan du lexique utilisé : le lexique ou la sémantique naturelle
de l’action (Ricœur & Tiffenneaud, 1977) ne peuvent être confondus
avec le lexique ou la sémantique de l’intelligibilides actions (Quéré,
1993 ; Barbier, 2000b) ;
sur le plan du rôle des acteurs : la recherche en intelligibilité, qu’elle
soit menée par une personne ayant un statut de chercheur ou un
statut de praticien, implique un rôle distinct de l’action mise en ob-
jet, alors que la recherche « en optimisation », qu’elle soit menée
par une personne ayant un statut de chercheur ou de praticien, est en
réalité une composante de l’action qui en est l’enjeu (Barbier, 1985) ;
sur le plan de la gestion des transitions entre les deux formes de
recherche. Distinguer ne veut pas dire segmenter : dans la recherche
en intelligibilité, l’élucidation des enjeux sociaux de l’objet de re-
cherche ou l’explicitation des transpositions opératives éventuelles
de ses résultats peut contribuer à la clarté, à la rigueur et à l’affirma-
tion sociale de la démarche ; à l’inverse, dans la recherche en opti-
misation, le repérage d’éventuelles transpositions théoriques peut
également contribuer à la clarté, à l’efficace de la démarche et à la
formation des acteurs ;
sur le plan du traitement des significations données par les acteurs.
Dans la recherche en intelligibilité, ces significations sont des objets
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pour la recherche ; dans la recherche en optimisation, elles en cons-
tituent le cadre fonctionnel.
2. Une autre condition est probablement
de ne pas reprendre systémati-
quement les critères classiques de
validité de la démarche de recherche
scientifique
(précisément fondée sur le repérage de régularités et l’effa-
cement de « bruits »)
comme critères de validité de la démarche de re-
cherche en intelligibilité.
Ces critères classiques sont pour la plupart
issus de la recherche expérimentale, qui constitue en quelque sorte le
modèle inversé des démarches de recherche correspondant aux champs
de pratiques : dans ces dernières les hypothèses ne sont pas forcément
préalables à la démarche de recherche, mais surviennent souvent au
cours de son exercice ; le modèle théorique n’implique pas forcément
une réduction du nombre des variables mais une intégration de ces va-
riables ; les matériaux empiriques réunis constituent moins une preuve
qu’un appui aux hypothèses et un point de départ pour leur transforma-
tion.
3. Une troisième condition est probablement encore de
considérer de fa-
çon conséquente les démarches de recherche comme des actes, des
pratiques
. Et donc de parler, le cas échéant, non pas de science mais de
démarche de recherche à intention scientifique. Utiliser directement le
vocable de science, dans son acception sociale dominante, c’est en ef-
fet faire implicitement référence à un produit qui aurait un caractère a-
historique et qui conférerait une sorte de légitimité à ses producteurs.
Un savoir n’est en réalité qu’un énoncé qui a fait l’objet d’une recon-
naissance sociale. C’est la raison pour laquelle nous préférons d’ailleurs
parler
d’actes d’intelligibilité
, ce qui manifeste mieux le caractère histo-
rique, processuel, construit de l’activité de production de connaissan-
ces (Berger & Luckmann, 1996), et ce qui a le mérite de la situer
socialement et historiquement, et d’éviter d’en faire la seule propriété
des chercheurs. Voir de cette façon les choses revient d’ailleurs à mettre
en objet la démarche de recherche elle-même, parallèlement à son exer-
cice. Celle-ci ne constitue en effet qu’une des modalités de l’activité
humaine et n’a aucun statut particulier, sinon de mettre en objet ou
d’avoir pour enjeu d’autres activités humaines. Ainsi située,
la réflexion
épistémologique n’est pas la science des sciences, mais une activité
d’accompagnement des démarches de recherche.
QUELQUES CONDITIONS THÉORIQUES
Le fait que les démarches de recherche se donnent pour objet des champs
de pratiques implique probablement aussi la mise en place progressive de
modèles et d’appareillages théoriques adéquats susceptibles d’y être inves-
tis. Citons, sans prétendre à l’exhaustivité :
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La constitution de champs de pratiques en champs de recherches
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1. Le recours à une
approche transversale,
valable quel que soit le champ
de pratiques concerné. Que les activités des sujets humains aient pour
objet dominant apparent la transformation de leur environnement exté-
rieur (le « faire »), la transformation de leurs propres représentations (le
« penser »), ou l’influence sur autrui (le « dire » ou le communiquer),
elles peuvent être analysées avec des appareils conceptuels en grande
partie communs (Nuttin, 1980), ce qui fait nécessairement de l’appro-
che « champs de pratiques » une approche transversale, et des champs
de pratiques eux-mêmes et de leurs découpages des constructions his-
toriques, par nature obsolescentes.
2. Le recours à une
approche holiste
: le découpage actuel en disciplines
et sous-disciplines, autonomes de fait sinon d’intention, tend à disjoin-
dre par exemple les composantes affectives, représentationnelles ou
opératives présentes dans l’action humaine, et laisse au praticien la charge
de leur réarticulation. Un projet d’intelligibilité des pratiques suppose
probablement de penser leur
intrication
, leur investissement mutuel
(Vygotski, 1997) leur consubstantialité. La notion d’objectif par exem-
ple peut être définie à la fois comme une représentation, comme un
affect, et en référence à un déclenchement d’activité : c’est comme nous
l’écrivons ailleurs un « désir mentalisé », « l’image anticipatrice et
finalisante d’un état », ou encore comme l’écrit Salanskis (2000), une
« impulsion résultative ». Il en est de même de la notion d’investisse-
ment qui, quel que soit le champ de pratiques concerné, est à la fois une
anticipation, une espérance de gain et un déclenchement d’activité. Une
telle approche peut être qualifiée également de
transdisciplinaire.
3. Le recours encore à une
approche croisée de la construction des activi-
tés et des sujets humains
. Les activités ne sont pas seulement des trans-
formations du réel physique et social, elles sont en même temps des
transformations des sujets individuels ou collectifs qui y sont engagés.
On ne peut pas comprendre les unes sans faire référence aux autres. En
enseignant, en formant ou en accompagnant le développement de com-
pétences, l’enseignant, le formateur ou le coach se transforment comme
se transforment l’élève, l’apprenant ou le praticien. Une action est mieux
comprise à la lumière des dynamiques de changement qui affectent les
acteurs qui y sont engagés ; et inversement les phénomènes touchant la
construction des sujets humains s’éclairent par les phénomènes tou-
chant la construction de leurs activités. Dans cette perspective, des con-
cepts comme le concept de transaction sont particulièrement précieux.
4. Le recours à une
approche située
: la notion d’action humaine
ou de
pratique, déclinée au singulier, n’a de sens que pour les vocabulaires
philosophique, prescriptif ou finalisant. Les sciences sociales et l’his-
toire ne connaissent que des actions concrètes, contextualisées.
L’intelligibilité d’un champ de pratiques, c’est-à-dire la production de
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connaissances sur les phénomènes qui sont supposés en relever, impli-
que encore de disposer d’appareillages conceptuels pour penser les rap-
ports entre les actions et leur environnement praxéologique, comme
par exemple la distinction proposée par Lave (1988) entre
arena
(con-
texte pour l’observateur) et
setting
(contexte pour l’acteur). L’auteur de
cette contribution et Galatanu ont ainsi proposé ailleurs (2000) une dis-
tinction entre les fonctions de fondation (maîtrise d’ouvrage), les fonc-
tions de mise en représentation et de mise en discours (maîtrise d’œuvre)
et les fonctions de performation des actions.
5. Le recours enfin à une
approche historisante et dynamique
: l’ordon-
nancement linéaire des activités n’existe que dans les conceptualisations
méthodologiques ou professionnelles, ou lorsque le respect de cet or-
donnancement constitue un enjeu de sécurité. Prises à l’échelle de leurs
contextes et des sujets qui y sont engagés
, les activités humaines sont
souvent analysables en termes de constructions.
Elles sont marquées
par une évolution constante de ces contextes, des représentations que
les sujets s’en font, des représentations qu’ils se font d’eux-mêmes comme
sujet agissant, de leur contenu, de leurs résultats et effets. Les plus éla-
borées d’entre elles se présentent souvent comme itératives et cycli-
ques. À une logique d’analyse des étapes il convient probablement de
substituer une logique d’analyse des fonctions. Les fonctions sont
caractérisables à la fois par le type de produits auxquelles elles parvien-
nent, par la singularité de ces produits, et par leur évolution tout au long
de l’exercice de l’activité. Ainsi l’approche du dynamique et du singu-
lier requiert-il paradoxalement plus d’investissements théoriques qu’une
analyse privilégiant le repérage des invariants d’activités.
Les paradigmes les plus proches de ces approches sont, on le voit, la psy-
chologie historico-culturelle, la pragmatique, l’action située, le constructi-
visme.
DES IMPLICATIONS MÉTHODOLOGIQUES
Les démarches de recherche correspondant à des champs de pratiques ren-
contrent une
difficulté majeure
qui est
le problème du traitement des sens
et significations que les acteurs construisent autour ou donnent à leurs ac-
tes
. Comme nous l’avons indiqué en effet, dans la recherche en intelligibi-
lité sur les champs de pratiques, ces sens et significations constituent
précisément des objets pour la recherche. Mais l’accès à ces objets pose au
moins quatre types de problèmes :
il convient probablement tout d’abord, et ceci reste un problème théori-
que, de distinguer les
sens
que les sujets humains construisent autour de
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La constitution de champs de pratiques en champs de recherches
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leurs actes (qui sont probablement de l’ordre des représentations) et les
signification
s qu’ils veulent bien en proposer à autrui (qui sont proba-
blement de l’ordre des communications, voir Barbier, 2000a). Même
s’il existe de fortes interactions entre les unes et les autres, ces entités ne
se confondent pas lorsqu’elles sont objets de la recherche. Elles sont
d’ailleurs corrélées avec des composantes identitaires différentes (repré-
sentation de soi pour soi, image de soi proposée à autrui ou représenta-
tion de l’image qu’autrui se fait de soi) ;
ces sens et significations, même relatifs à un même acte, ne cessent de
se modifier chez le sujet concerné. Tel sens construit ou telle significa-
tion donnée au moment de l’exercice de l’acte peuvent ensuite se trans-
former à un autre moment de la vie de ce sujet, comme on le sait bien à
propos du souvenir ; pour Stern (1992), le vécu de l’expérience, son
souvenir, sa mise en représentation de cette expérience et sa mise en
discours sont, de ce point de vue, autant de moments différents.
Un
même acte peut faire l’objet d’incessantes resémiotisations,
qui peuvent
être autant d’objets pour la recherche ;
le
recueil même d’informations pour la recherche
, surtout s’il s’effectue
directement auprès des sujets concernés (par interview, questionnaire,
observation, expérience) constitue lui-même
une situation de commu-
nication
, ayant ses enjeux spécifiques et
son incidence sur les significa-
tions données ;
enfin s’il est possible d’accéder assez directement, en dépit de leur
mobilité, aux significations données (discours, gestes)
ce n’est jamais
que de façon médiatisée qu’il est possible
d’accéder aux sens construits
(par inférence, à travers des énoncés).
L’adoption d’une approche holiste et située sur le plan théorique implique
par ailleurs probablement une grande variété potentielle de démarches et
la
référence possible à plusieurs
traditions méthodologiques
: traditions de
type socio-historique dans l’approche des contextes et des trajectoires, tra-
ditions de type clinique, herméneutique ou phénoménologique dans l’ap-
proche des sens et significations, traditions de type objectivant dans
l’approche de l’exercice des activités. Dans cette perspective, trois types
d’approches notamment peuvent jouer un rôle privilégié : l’analyse de tra-
jectoire individuelle ou collective, l’analyse de discours, l’analyse du tra-
vail. Une position épistémologique constructiviste conduit toutefois à
mettre
sans cesse en relation objet, hypothèses, indicateurs et outils de production
d’informations, et à redéfinir les uns en fonction des autres.
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J.-M. BARBIER
DES IMPLICATIONS SOCIALES
Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet.
Le plus important est peut-être d’examiner les questions relatives à la
division sociale
du travail d’intelligibilité
. Une idéologie assez répandue
dans les milieux de la formation permanente et plus largement dans un
certain nombre de milieux professionnels tend à
promouvoir l’« accès » de
tous les praticiens à des formes de recherche sur leurs
propres pratiques et
dans le même temps à valoriser de fait l’activité discursive théorique
; dans
les formations à la recherche à l’intention de professionnels qui en sont
inspirées, il est même quelquefois proposé comme référent identitaire le
chercheur. Cette orientation se heurte bien sûr à un certain nombre de réa-
lités : la recherche suppose un investissement de temps et d’activité spécifi-
que, et seul un petit nombre de professionnels en accomplissent le parcours
complet ; le pire est de constater que souvent, lorsqu’ils l’ont fait, ils ont
perdu leur identification de praticiens au profit d’identifications éventuelle-
ment plus valorisées socialement comme celle d’enseignant-chercheur.
Les choses peuvent probablement être prises autrement.
Ce n’est pas
tant la recherche qui est accessible à tous les praticiens que l’activité d’in-
telligibilité
; les praticiens ne produisent pas seulement des savoirs d’expé-
rience, des savoirs opératifs et autres savoirs relatifs à la conduite de l’action,
ils produisent fréquemment des
représentations
ou des savoirs
théoriques
,
des représentations ou des savoirs d’intelligibilité, qui consistent en des
corrélations entre
plusieurs
représentations factuelles
relatives au fonction-
nement du monde ou au fonctionnement des pratiques de transformation
du monde, et qui peuvent d’ailleurs constituer le point de départ d’une
recherche conduite par eux-mêmes ou par d’autres.
L’activité de recherche
suppose, elle, une formalisation
de l’activité de production de savoirs et
une
communication sur cette activité
,
selon certaines règles
sociales.
La
recherche en intelligibilité
nécessite de plus un positionnement par rapport
aux savoirs déjà produits qui
implique un investissement spécifique et coû-
teux, mais qui n’a pas forcément pour condition ou résultat la référence au
rôle de chercheur
disciplinaire
. La
recherche en optimisation
suppose elle
une grande rigueur par rapport aux opérations intellectuelles de conduite des
actions ou des politiques ; elle implique aussi une communication sociale
sur le
geste intellectuel
professionnel
concerné, tout autant sur le processus
que sur le résultat : elle est d’ailleurs utilisée dans cet esprit comme
un outil
très élaboré de formation
professionnelle,
pour produire des compétences
complexes, moins des compétences d’action proprement dites que des
com-
pétences de gestion de l’action.
Par ailleurs, le développement de champs de recherche correspondant
à des champs de pratiques implique probablement de la part des
chercheurs
qui s’engagent dans ce type d’orientation, d’une part, qu’ils comprennent
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La constitution de champs de pratiques en champs de recherches
315
tout l’intérêt qu’ils peuvent avoir, quel que soit le champ privilégié de leurs
investissements de recherche (éducation, gestion, ergonomie, travail social,
communication, etc.), à constituer ensemble une
communauté d’échanges
scientifiques élargie
et à défendre éventuellement auprès d’autres partenai-
res des
formes de travail communes
; d’autre part, qu’ils comprennent aussi,
s’ils visent à terme l’intelligibilité de la singularité des actions, que leur
rôle
propre est peut-être moins de produire des savoirs que des outils
généra-
teurs de savoirs
, ce qui favorise d’ailleurs échanges et transpositions entre
champs de recherches.
Enfin, la question du développement de champs de recherche corres-
pondant à des champs de pratiques est corrélée, comme nous l’avons vu
plus haut, à la question de la
professionnalisation de l’enseignement supé-
rieur
. Cette question comporte de multiples aspects dont l’un notamment
est essentiel : le développement de
profils de triple compétence
(enseignants-
chercheurs-professionnels).
UN MODÈLE D’ACTION POUR LA RECHERCHE,
ET UN ENJEU SOCIAL
La présente contribution n’a pas le statut d’un résultat de recherche. Issue,
comme nous l’avons dit, de plusieurs expériences de recherche, de forma-
tion et d’animation de milieux scientifiques et professionnels, elle présente
à la fois le statut d’une réflexion à partir de ces expériences et d’une propo-
sition de modèle d’action. Nous l’avons dit à plusieurs reprises, la recher-
che est elle aussi une action. Par ailleurs, l’analyse des pratiques et la
constitution de champs de pratiques en champs de recherche ne sont pas
totalement neuves ; c’est leur valorisation et la place sociale qui leur est
donnée qui sont des phénomènes nouveaux. Il importe donc de les resituer
dans une conjoncture économique et sociale plus large, et par rapport à
des enjeux toujours en cours de redéfinition.
Sur ce plan, il convient probablement d’observer que
les mutations
économiques et
sociales
tendant à privilégier
une économie de services et
la flexibilité des activités productives
ne sont pas indifférentes à la ten-
dance actuelle des entreprises et des organisations à mieux connaître leur
fonctionnement réel, ce qui explique le courant critique du modèle taylorien,
qui mettait davantage en valeur le travail prescrit que le travail réel. De
nouvelles ressources de productivité
, et donc de rentabilité, sont attendues
de la connaissance de ces fonctionnements réels, en particulier de la con-
naissance émanant des acteurs qui y sont directement impliqués.
En outre,
l’optimisation des processus productifs
est aujourd’hui aussi
moins une
optimisation par spécialisation que par recomposition de ce qui avait été
auparavant distingué (gestion des interfaces)
: on ne peut pas ne pas noter
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316
J.-M. BARBIER
la
correspondance historique
entre,
d’une part
la progression de la
division
sociale du travail
dans les organisations productives
et la
constitution de
disciplines
dans le « champ scientifique »,
d’autre part, l’intérêt porté aux
notions de process, de
projet, de dispositif ensemblier
,
et
ce que nous avons
dit de
la constitution de champs de pratiques en champs de recherches
. Du
point de vue des praticiens et professionnels eux-mêmes, l’analyse de l’ac-
tion et la recherche sur les pratiques professionnelles peuvent également
constituer un outil puissant d’affirmation de soi et d’accroissement de leur
pouvoir sur le terrain même de leur présence.
C’est dire combien l’analyse des pratiques et la recherche en intelligibi-
lité sur les pratiques, en raison même de leurs intentions objectivantes, s’ins-
crivent dans des enjeux sociaux plus généraux. Raison de plus probablement
pour accorder beaucoup d’importance et d’intérêt à la production d’outils
à la fois précis, rigoureux, de large portée et de grande fécondité heuristi-
que et praxéologique.
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... Le programme technologique Néopass© bénéficie d'une large diffusion au plan national et dans de nombreux pays de la francophonie et latino-américains. 8 Il offre des synergies fécondes entre la « sémantique de l'activité » des enseignants et les « sémantiques d'intelligibilité de leur activité » (Barbier, 2001). Deux registres d'articulation ont été particulièrement illustrés dans cet article : a) une focalisation de la recherche sur les dimensions typique et critique de l'activité des enseignants pour que les matériaux de formation fassent écho à leurs préoccupations les plus saillantes ou préparent ces derniers à des modalités d'intervention adaptées face aux situations professionnelles reconnues par toute la communauté éducative comme problématiques, b) une modélisation des données empiriques recueillies par la recherche pour montrer, par la transformation concrète et ordonnée selon des étapes typiques des modalités d'action d'autres enseignants, mais aussi pour accéder, par une approche propensionnelle, à la culture en action de toute une communauté éducative. ...
... En cela, c'est une démarche philosophique associée à une démarche scientifique. Elle promeut une recherche en intelligibilité (Barbier, 2001) qui invite à constituer un champ de pratique en champ de recherche. Pour autant, elle ne débouche pas sur une activité de recherche où théorie et pratique ne se rencontrent pas, mais sur la construction d'un couplage très concret entre un dispositif de formation et un dispositif de recherche. ...
... C'est par ce travail d'organisation, de sélection, de réduction (de «dégraissage», écrivent Demazière et Dubar, 1997) et de schématisation, plutôt que de codage, que le chercheur articule ses catégories à celles des acteurs, dans une posture analytique et une perspective non déficitaire, peut-on ici ajouter, et ce, dans un rapport dialectique plutôt que hiérarchique. À cet effet, Barbier (2001), cette fois au sujet de recherches sur des champs de pratique (plutôt que des recherches disciplinaires), souligne que les catégories d'analyse des chercheurs permettront de joindre le repérage tant de «régularités» (ce que recherchent généralement les recherches disciplinaires) que de «singularités» des pratiques des acteurs, de façon à tenir compte non seulement des significations, mais aussi de la temporalité exprimées par les acteurs. ...
Article
Full-text available
En partant du constat de l’intérêt de la recherche en sciences de l’éducation et de la formation pour les concepts et les méthodes de l’analyse du travail, cet article propose de réinterroger plusieurs présupposés et logiques scientifiques qui sous-tendent ce type d’approches. Il s’agit de questionner les fondements de ces travaux, les facteurs sociaux, culturels et académiques qui concourent à leur développement, ainsi que les tensions qui les traversent. L’article s’inscrit dans une réflexion épistémologique plus générale, consistant à remettre à l’étude les catégories d’analyse élaborées durant les dernières décennies dans la recherche en éducation et formation.
Article
Les auteurs rendent compte des effets d’un master de formation en alternance sur la professionnalisation des formateurs. L’article permet de documenter l’émergence et le développement d’une activité conduite par des étudiants qui se forment à l’ingénierie de l’intervention pédagogique et didactique. Il montre que le dispositif se faufile dans les arcanes du processus de « mastérisation », que les dynamiques d’apprentissage mobilisées s’ancrent dans des préoccupations qui se transforment en activités d’ingénierie, qu’elles se couplent à des activités de conceptualisation qui conduisent parfois à des modélisations. Il montre également que les expériences de formation ont été exploitées par les destinataires, après qu’ils soient sortis du dispositif.
Article
Full-text available
Le développement de la recherche en formation est actuellement gêné par la persistance d’un certain nombre d’ambiguïtés et de confusions sur le statut exact des différentes démarches susceptibles d’être mises en œuvre, ce qui entraîne beaucoup d’incompréhensions et un certain gaspillage humain. L’auteur propose une grille d’analyse des pratiques de recherche et l’applique à deux cas : la démarche de recherche classique (recherche en intelligibilité) et la démarche de recherche finalisée (recherche en optimisation)
Book
Gerschenfeld, A. , The following values have no corresponding Zotero field: ID - 56
La sémantique de l'action
  • P Ricoeur
  • D Tiffenneaud
Ricoeur, P. & Tiffenneaud D. (1977). La sémantique de l'action. Paris : Éditions du CNRS.
Modèles et pensées de l'action
  • J.-M Salanskis
Salanskis, J.-M. (2000). Modèles et pensées de l'action. Paris : L'Harmattan.
Comment le nourrisson pourrait-il se représenter les modèles représentationnels
  • D Stern
Stern, D. (1992). Comment le nourrisson pourrait-il se représenter les modèles représentationnels. In Ph. Mazet & S. Lebovici (Éd.), Émotions et affects chez le bébé et ses partenaires (pp. 177-205). Paris : ESHEL.