ArticlePDF Available

Le perfectionnisme. Approche cognitive et comportementale

Authors:
  • CABINET MEDICAL 2 PLACE JULES FERRY 69006 LYON FRANCE

Abstract

Perfectionism is a quality so long as it enables performance, productivity and that it is experienced in a positive way. It may well induce psychiatric disorders if it proves major and inhibiting. Considered as a personality feature or even as an unconditional cognitive schema by most authors; perfectionism is an current issue in psychiatry. However, perfectionism is also a sociopsychological subject as it reflects perfectionist standards to which the most conformist of us all will adhere. It is a supportive factor or a resistant factor in the treatment of many psychiatric disorders: obsessive compulsive disorders, social phobia, depression, anorexia nervosa, certain addictions, etc. The article presents a clear clinical description of perfectionism and some therapeutic suggestions.
This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached
copy is furnished to the author for internal non-commercial research
and education use, including for instruction at the authors institution
and sharing with colleagues.
Other uses, including reproduction and distribution, or selling or
licensing copies, or posting to personal, institutional or third party
websites are prohibited.
In most cases authors are permitted to post their version of the
article (e.g. in Word or Tex form) to their personal website or
institutional repository. Authors requiring further information
regarding Elsevier’s archiving and manuscript policies are
encouraged to visit:
http://www.elsevier.com/copyright
Author's personal copy
Journal de thérapie comportementale et cognitive (2009) 19, 79—85
REVUE
Le perfectionnisme. Approche cognitive et
comportementale
Perfectionism. Cognitive and behavioural approach
Frédéric Fangeta,, Charles-Edouard Rengadeb, Jean-Louis Terrac
a2, place Jules-Ferry, 69006 Lyon, France
bService du Pr J.L. Terra, centre hospitalier du Vinatier, SHU 69G12, bâtiment 520, clinique des universités,
université Lyon-1, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France
cCentre hospitalier du Vinatier, université Lyon-1, Lyon, France
MOTS CLÉS
Perfectionnisme ;
Standards
personnels ;
Thérapie cognitive et
comportementale ;
Thérapie
émotionnelle
Résumé Le perfectionnisme est une qualité tant qu’il permet la performance, la produc-
tivité et qu’il est vécu positivement. Mais il peut devenir source de troubles psychiatriques
s’il est stérilisant et paralysant. Problème de fond en psychiatrie, la plupart des auteurs le
considèrent comme un trait de personnalité voire un schéma cognitif inconditionnel. Mais le
perfectionnisme est aussi un thème sociopsychologique dans la mesure où la société renvoie
des standards perfectionnistes auxquels les plus conformistes d’entre nous adhéreront. Il est
un facteur favorisant ou un facteur de résistance aux traitements de nombreux troubles psy-
chiatriques : trouble obsessionnel compulsif, phobie sociale, dépression, burn-out, anorexie
mentale, addictions... Nous présentons une description clinique du perfectionnisme puis des
propositions thérapeutiques.
© 2009 Association franc¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier
Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS
Perfectionism;
Personal standards;
Cognitive-behavioural
therapy (CBT);
Emotional therapy
Summary Perfectionism is a quality so long as it enables performance, productivity and that it
is experienced in a positive way. It may well induce psychiatric disorders if it proves major and
inhibiting. Considered as a personality feature or even as an unconditional cognitive schema by
most authors; perfectionism is an current issue in psychiatry. However, perfectionism is also a
sociopsychological subject as it reflects perfectionist standards to which the most conformist
of us all will adhere. It is a supportive factor or a resistant factor in the treatment of many
psychiatric disorders: obsessive compulsive disorders, social phobia, depression, anorexia ner-
vosa, certain addictions, etc. The article presents a clear clinical description of perfectionism
and some therapeutic suggestions.
© 2009 Association franc¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Published by Elsevier
Masson SAS. All rights reserved.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ff.1@orange.fr (F. Fanget).
1155-1704/$ – see front matter © 2009 Association franc¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.jtcc.2009.08.003
Author's personal copy
80 F. Fanget et al.
Du normal au pathologique : abord clinique
Définition du perfectionnisme
Le perfectionnisme est défini par l’effort pour être parfait
dans certains domaines de sa vie. À l’extrême, il représente
«la tendance à avoir de hauts standards et une attitude
critique vis-à-vis de soi »[1].
Le perfectionnisme s’oppose à la notion de performance
au sens où il représente la recherche de perfection alors
que la performance est la capacité à atteindre cet idéal. En
pratique, le perfectionnisme altère plutôt les performances
puisqu’il suscite l’insatisfaction permanente.
Mesure du perfectionnisme
Si pour de nombreux auteurs le perfectionnisme est
unidimensionnel [2], il apparaît aujourd’hui comme multi-
dimensionnel [3,4]. En effet, il concerne tant la personne
que ses relations avec les autres. Frost et al. développent
une mesure du perfectionnisme en six facteurs dont deux
représentent les demandes parentales [5]. Hewitt et Flett
développent un modèle en trois dimensions : perfection-
nisme orienté vers soi-même, orienté vers les autres et
perception de demandes irréalistes imposées par les autres
[4].
Raisonnablement, le perfectionnisme est favorable à la
créativité mais en excès il devient un symptôme trans-
nosographique [6] : trouble obsessionnel compulsif, phobies
sociales, dépression, troubles du comportement alimen-
taire. La nuance entre le perfectionnisme adéquat et
pathologique est qualitative et peut se mesurer sur un
mode unidimensionnel avec l’échelle de Rheaume et al.
[7]. Néanmoins, si cette première discrimination centrée
sur la souffrance du patient induite par les conséquences
négative de son perfectionnisme, une mesure multidimen-
sionnelle affinera la clinique selon ses champs d’expression.
L’échelle des standards personnels de Frost et al. [5] en
35 items détermine six scores :
la préoccupation face aux erreurs (neuf items) est la ten-
dance à interpréter l’erreur comme un échec qui suscite
la perte du respect de la part des autres. Le sujet consi-
dère qu’il a tout raté s’il reste une erreur même minime ;
les standards personnels (sept items) : ces critères très
élevés donnent une importance excessive à l’évaluation
de soi-même ;
les attentes parentales (cinq items) : sont la tendance à
croire que ses parents avaient de hauts standards pour
soi ;
les critiques parentales (quatre items) : sont la tendance
à croire que ses parents étaient très critiques et que l’on
a jamais atteint leurs standards ;
le doute concernant les actions (quatre item) : est la ten-
dance à penser que les projets ne sont jamais terminés ;
l’organisation (six items) : est l’importance donnée à
l’ordre, l’organisation et les détails. L’organisation n’est
pas cotée dans le total de l’échelle des standards per-
sonnels (ESP) qui comporte seulement les cinq premières
dimensions.
Cette échelle a été validée dans différentes populations
et les qualités psychométriques du questionnaire sont satis-
faisantes [1]. Les dimensions spécifiques du perfectionnisme
dans le trouble obsessionnel compulsif seraient le doute
concernant les actions, dans la phobie sociale plutôt la
préoccupation face aux erreurs. Les standards personnels
élevés ne seraient pas pathologiques en eux-mêmes mais
le deviennent s’ils s’associent à une évaluation négative
de soi [8]. Le perfectionnisme orienté vers soi serait posi-
tif s’il n’est pas préoccupé par ses propres erreurs ou par
l’évaluation négative des autres [9]. En effet, le perfec-
tionnisme prescrit socialement serait associé à la dépression
[10].
Expression clinique du perfectionnisme
Cliniquement, le perfectionnisme se manifeste par un senti-
ment de défi permanent, une insatisfaction constante avec
une hyperémotivité à la honte et à l’embarras [11], une ter-
reur de l’erreur, évoluant vers du stress chronique, voire
des dépressions avec une altération de l’image de soi et une
crainte du jugement. Les perfectionnistes souffrent de leur
méticulosité avec une importance du détail, de l’ordre et de
l’apparence quasiment obsessionnelle. Ils sont par ailleurs
indécis, empreint au doute, manichéens, sensibles aux cri-
tiques.
Qualitativement, les aspects positifs du perfectionnisme
comprennent essentiellement les standards personnels et
l’organisation [12] alors que les aspects négatifs du
perfectionnisme concernent le souci d’évaluation, la pré-
occupation face aux erreurs, les critiques et les attentes
parentales et les doutes concernant les actions.
Quantitativement, si les standards personnels per-
mettent une réalisation de soi avec satisfaction [8],le
perfectionnisme est productif, source de bonheur voire de
création. Ainsi, Proust envahissait ses textes de petites
notes détaillées, Bellini multipliait les corrections sur ses
partitions avec les résultats connus dans la norma ou la
somnambule par exemple, Beethoven mit longtemps à être
satisfait de son premier opéra en en changeant le nom de
Léonore à Fidelio [13]. Les standards personnels deviennent
pathologiques lorsqu’ils sont couplés à une évaluation cri-
tique de soi [14].
Le perfectionniste adapté s’engage activement dans
la résolution des problèmes de manière consciencieuse
[15]. Il réagisse plutôt de manière comportementale
qu’émotionnelle. Le perfectionniste inadapté a des
constructions de pensées pauvres, des réactions (coping)
face au stress mal adaptées et réagit plutôt sur le mode
émotionnel que comportemental [16].
Enfin, certains perfectionnistes ne le sont que de fac¸on
sectorisée alors que d’autres le sont de manière généralisée
([17], p. 16). L’éducation parentale inculquant une sensibi-
lité aux erreurs serait un facteur renforc¸ant [5] (Tableau 1).
Sur le plan catégoriel dans le DSMIV-TR [18], le per-
fectionnisme est un critère inclus dans la personnalité
obsessionnelle compulsive mais aussi dans les troubles de
la personnalité évitante par crainte du jugement des autres
ou narcissique pour afficher une apparence parfaite. Il est
transnosographique, facteur de résistance au traitement des
troubles de l’axe I comme certains troubles obsessionnels,
Author's personal copy
Le perfectionnisme. Approche cognitive et comportementale 81
Tableau 1 Différences entre le perfectionnisme construc-
tif et le perfectionnisme excessif [13].
Perfectionnisme constructif Perfectionnisme excessif
La perception de soi-même
est objective
La perception de ses
défauts est exagérée
Pas de souci d’apparaître
parfait
Souci d’apparaître parfait
Les objectifs sont réalistes
et atteignables
Les objectifs sont irréalistes
et inatteignables
Le perfectionnisme est
surtout dirigé vers
soi-même et se manifeste
par des exigences élevées
qui nous permettent de
réaliser nos défis
Le perfectionnisme n’est
pas seulement orienté vers
soi, mais aussi envers les
autres et de plus on
cherche trop à répondre à
des normes sociales
perfectionnistes
La méticulosité et le sens
du détail sont au service
de la performance
La méticulosité et le sens
du détail sont tellement
intenses qu’ils paralysent la
productivité
On accepte de faire des
erreurs et on les
considère comme une
source de progrès
personnel
On est terrorisé par l’erreur
que l’on considère comme
un reflet de notre échec
personnel
On garde un rythme de vie
correct avec des temps
de loisirs et de repos
On est stressé, débordé,
trop de temps est consacré
à réaliser son
perfectionnisme
On vit des émotions
positives, on est heureux
de vivre
On vit dans l’insatisfaction
permanente, quels que
soient les résultats obtenus
On est capable de sortir des
sentiers battus et on a un
certain sens de
l’imagination et de la
création
On accorde beaucoup
d’importance aux règles,
aux références, aux
modèles, on est trop
conformiste
Le perfectionnisme ne
retentit pas sur les
autres, sur l’entourage
Le perfectionnisme a des
conséquences négatives sur
l’entourage
phobies sociales, anorexies mentales ou états dépressifs...
Il est un facteur prédisposant à ces troubles ([1], p. 185)
en particulier dans la dépression [19], au suicide [20], les
troubles du comportement alimentaire (la boulimie [21],
l’anorexie mentale [22,23,24]).
Sur le plan dimensionnel, il est présent dans le senti-
ment de conscience (conscienciousness) du NEO PIR de Costa
et McCrae [25]. Il est associé à une faible recherche de
nouveauté, une augmentation de la dépendance à la récom-
pense et un évitement de la confrontation et du conflit avec
le TCI-R de Cloninger [26].
Dans les troubles anxieux, le perfectionnisme apparaît
comme un cercle vicieux (Fig. 1).
Yorulmaz et al. [27] dans le trouble obsessionnel
compulsif montrent que le sens des responsabilités favorise
le perfectionnisme prescrit socialement. Il favorise les
rituels de nettoyage alors qu’orienté vers soi-même il
suscite plutôt des rituels de rangement.
Figure 1 Anxiété et perfectionnisme : un cercle vicieux.
Ashbaugh et al. [28] montrent que les thérapies cogniti-
vocomportementales chez les patients souffrant de phobies
sociales diminuent le perfectionnisme en particulier sur la
peur de faire des erreurs et le doute concernant les actions.
Buhr et Dugas [29] montrent que l’intolérance à
l’incertitude est le principal facteur cognitif de la peur dans
le trouble anxiété généralisée.
Rice et al. [19] considèrent que la tendance à échouer
des perfectionnistes serait un facteur de dépression.
Slaney [24] montre que les perfectionnistes ont plus de
troubles de l’assertivité avec prédominance d’un mode hos-
tile dans leurs relations conjugales.
Inversement, le perfectionnisme orienté vers soi serait
moins pathologique que le perfectionnisme orienté vers les
autres [30].
Les cognitions des perfectionnistes tournent autour de
schémas cognitifs conditionnels (règles de vie) suivant :
le perfectionnisme de valorisation ou «je dois être parfait
pour me sentir valable »;
le perfectionnisme d’intégration sociale ou «je dois être
parfait pour me sentir accepté socialement », très net
dans la phobie sociale ;
le perfectionnisme de contrôle ou «je dois être parfait
pour faire face aux aléas de la vie », prédominant dans les
troubles obsessionnels compulsifs ou les troubles anxieux
généralisés.
Campdel et Di Paula [31] discriminent deux types de
croyance dans le perfectionnisme prescrit socialement : la
croyance selon laquelle on doit être aimé et accepté par
les autres et la croyance concernant les standards très éle-
vés que les autres attendraient de nous. Ils distinguent deux
types de croyance dans le perfectionnisme orienté vers soi-
même : la première concerne l’importance de la perfection
et la seconde les efforts pour atteindre la perfection.
Les distorsions cognitives les plus fréquentes clinique-
ment [13] sont le raisonnement dichotomique (ses actions
sont soit nulles soit parfaites sans intermédiaire), la surgé-
néralisation («je suis nul(le) ou parfait(e) »suscitant une
estime de soi basse), le oui-mais (il modère son jugement
ou ses actions sans cesse), la maximalisation du négatif (en
particulier du risque redouté d’erreur suscitant une hyper
vigilance vis-à-vis des ses moindres erreurs), l’abstraction
sélective (focalisation sur un point d’erreur dérisoire).
Le schéma cognitif inconditionnel est le sentiment
d’infériorité : «j’ai toujours pensé que j’étais moins bien
Author's personal copy
82 F. Fanget et al.
que les autres », voire «je suis inférieur(e) ». Présent dans
15 % de la population générale, il n’est pathologique que
couplé à une estime de soi basse [32].
Le perfectionnisme naît par trois facteurs :
l’apprentissage par l’éducation selon deux niveaux :
par imitation du perfectionnisme des parents [33] plutôt
du même sexe [34]. Les facteurs parentaux et familiaux
sont retrouvés dans le perfectionnisme des troubles du
comportement alimentaire avec des règles rigides, des
exigences élevées [35], des conflits autour de la réus-
site à tout prix [36], des règles morales et religieuses très
développées et une faible expression des émotions [30],
par l’éducation anxieuse [37] commune à une grande
variété de troubles anxieux (phobies sociales, anxiété
de séparation, anxiété généralisée). Hewitt et Flett [38]
montrent que le perfectionnisme prescrit socialement est
associé à un haut niveau d’anxiété parentale mais pas le
perfectionnisme orienté vers soi-même ni celui orienté
envers les autres. À l’extrême, face à des abus physiques
ou psychologiques, des carences affectives, des situations
de honte répétées, un environnement familial chaotique,
le perfectionnisme serait un mode d’adaptation à cet
environnement hostile, une réponse face à l’adversité
[39] ;
les attentes sociales des pairs [40,41,38] ;
la réaction sociale selon les valeurs culturelles tel le poids
idéal [42,43] auquel les femmes seraient plus sensibles
[44].
Comment devenir un bon perfectionniste ?
Abord thérapeutique
Sur l’axe des thérapies comportementales et cognitives, Di
Bartollo et al. [45] proposent une technique de restructura-
tion cognitive en trois composantes.
D’abord modifier la pensée dysfonctionnelle de suresti-
mation. Sur un mode cognitif cette technique permet de
confronter la surestimation de l’erreur à la réalité. Ces
patients perfectionnistes ne tiennent en général qu’assez
peu compte de la réalité. Même lorsqu’ils sont performants
en public, par exemple pour certains phobiques sociaux, ils
continuent à penser qu’ils vont se tromper. Ainsi, pour ce
patient en situation de prise de parole publique, on propose
au patient qui se dit qu’il va échouer sa présentation ou
faire une erreur de présentation de revoir toutes les pré-
sentations orales du même type qu’il a fait dans le passé et
de compter les fois où il s’est trompé.
Ensuite, décatastropher l’issue redoutée. On amène le
patient à se poser la question des conséquences si jamais
il faisait une erreur pendant sa présentation ou si celle-ci
était mal acceptée. En général, ce type de patient redoute
terriblement d’avoir l’air imparfait dans un premier temps,
que l’auditoire le remarque dans un deuxième temps et que
l’auditoire le juge mal dans un troisième temps. On étudie
les conséquences à ces trois temps : qu’est ce qui lui fait
penser qu’il sera imparfait premier temps ? On liste les argu-
ments pour et contre ; puis sur le deuxième temps : qu’est
ce qui lui fait penser que le public va le remarquer avec tou-
jours les arguments pour et contre. Enfin, qu’est ce qui lui
fait penser que le public va mal le juger ? Dans un troisième,
temps avec encore les arguments pour et contre.
Cette technique cognitive peut être complétée par une
technique d’exposition à l’imperfection. En effet, souvent
le patient perfectionniste a tendance à continuer à croire
que l’imperfection sera totalement impardonnable et qu’il
sera rejeté.
Le patient choisit une imperfection raisonnable sans trop
de danger lors d’une présentation orale : la date d’une réfé-
rence ou une faute d’orthographe qu’il fera remarquer au
public : «ah, je me rends compte que j’ai oublié le s ! ».Il
s’exposera, vérifiera si les catastrophes redoutées arrivent
et s’il est mal jugé dans l’ensemble de sa présentation.
Enfin, le patient identifie une pensée adaptative ou dis-
tractive qu’il utilisera lors de la prise de parole en public.
Il s’agit d’aider le patient anxieux à penser à quelque chose
d’agréable sans rapport avec ses erreurs pour surmonter le
stress des premières minutes de la prise de parole.
Chez les perfectionnistes souffrant de phobie sociale, les
thérapies comportementales de groupe entraînent une dimi-
nution des symptômes en particulier de la peur de faire des
erreurs, le doute envers leurs actions [28].
L’évolution du perfectionnisme semble corrélée positive-
ment à la qualité de l’alliance thérapeutique [46].
Néanmoins, dans le traitement, cherchons à être moins
perfectionniste pour être plus performant : le perfection-
niste ne supportera pas de diminuer sa performance.
Les thérapies centrées sur les émotions complètent
l’approche cognitive et comportementale en trois étapes :
premièrement, diminuer la douleur émotionnelle par le
développement de la conscience émotionnelle : aider le
sujet à ressentir ce qu’il vit. De petits exercices senso-
riels simples sont proposés [10] : pendant une minute faire
attention à tout ce qu’on entend, tout ce qu’on voit, à la
perception de notre corps, du poids du sol sous la plante
des pieds lorsque nous marchons. Il est préférable de
proposer des exercices simples et brefs facilement inté-
grables dans le quotidien mais l’on peut ouvrir aussi à la
relaxation et au yoga, voire à la thérapie par méditation
de pleine conscience plus exigeante ;
deuxièmement, apprendre à se calmer pour augmenter
l’acceptation de soi et l’autocritique : utiliser la res-
piration abdominale superficielle ou l’imagerie mentale
spécifique sur un lieu sûr ou agréable ; sortir pendant une
minute d’une situation ;
troisièmement, substituer des émotions adaptées
aux émotions pénibles. En effet, les perfectionnistes
acceptent mal les émotions négatives. Ils peuvent trouver
anormal d’être triste après un échec, pensant devoir
afficher un bonheur obligé pour que les autres ne voient
pas leur déception. L’adaptation des émotions passe par
l’expression d’émotion désagréable.
Les cinq clés principales du traitement du perfection-
nisme sont [13,47] : prendre conscience des pièges du
perfectionnisme : lister les différents domaines de vie enva-
his par le perfectionnisme. Préciser les avantages et les
inconvénients du perfectionnisme dans chaque domaine de
vie, puis les comparer.
Author's personal copy
Le perfectionnisme. Approche cognitive et comportementale 83
Figure 2 Technique du continuum.
Faire une auto-observation d’une semaine de la liste et
noter tout ce qu’il fait, le temps consacré et la précision
demandée.
Classer les différentes activités par ordre d’importance :
«quelles sont les activités que vous avez eues dans les-
quelles vous pensez qu’il est absolument fondamental d’être
parfait ? »,«quelles sont au contraire les autres activités
dans lesquelles vous pensez que vous pourriez vous mon-
trer imparfaits sans que vous pensiez que cela ait de grosses
conséquences pour vous ? ».
Un certain niveau de perfectionnisme est acceptable car
il conduit à la réussite sociale ou professionnelle. Faire ce
bilan des avantages du perfectionnisme en début de traite-
ment est extrêmement important pour assurer une bonne
alliance au traitement d’autant qu’il n’est pas question de
modifier ces avantages.
Les inconvénients du perfectionnisme sont dressés une
fois seulement que l’on a bien terminé tous les avantages.
D’ailleurs, souvent en dressant la liste des inconvénients du
perfectionnisme, le patient va nous dire : «ah oui, mais j’ai
oublié un ou deux avantages. »Surtout n’induisez pas les
inconvénients par vos questions, restez très socratiques. Par
exemple : «pensez-vous avoir moins de problèmes de santé
en étant moins perfectionniste ? ».
Comparer les avantages et les inconvénients en les pon-
dérant par une note de 0 à 100 qui reflète leur importance
et en faire le total. Comme souvent le bilan montrera que
«rien n’est parfait »et que changer un perfectionnisme peut
avoir des avantages mais aussi des inconvénients, raison
pour laquelle il faudra y aller doucement.
S’imaginer moins parfait par un travail en imagina-
tion. «Fermez les yeux, installez-vous dans votre fauteuil,
imaginez-vous avec 20 % en moins de perfectionnisme.
Comment serait cette vie ? Que feriez-vous ? Qu’est-ce que
le temps récupéré vous permettrait d’envisager ? Souvenez-
vous vos loisirs d’adolescent ?...». Puis placer la barre moins
haut dans certaines activités quotidiennes : reprendre le lis-
ting de la clé no1 avec les activités les plus rébarbatives
et celles de moindre importance. «Est-ce que l’on pourrait
placer la barre un peu moins haut, en faire un peu moins ? ».
La technique du continuum permet d’apprendre la nuance
entre nul et parfait pour montrer aux perfectionnistes que
la plupart des actions ne sont ni nulles ni parfaites mais
intermédiaires (Fig. 2).
La technique des modèles imparfaits autour de soi est une
autre technique utile. Les perfectionnistes pensent que la
seule fac¸on d’être valable est d’être parfait. Pourtant ils
estiment des proches qui ne le sont pas.
«Avez-vous dans votre entourage des personnes que vous
estimez, que vous appréciez et à qui vous accordez une
certaine valeur ? :
oui ;
lesquelles ?
Bernard, Julie, Nadine, mon ami André sont toutes des
personnes valables ;
nous allons reprendre chacune de ces personnes et voir
en quel point elles sont parfaites et en quel point en sont
imparfaites. Dans sa vie professionnelle, sa vie de femme,
est-ce que Nadine est toujours parfaite ? ».
La troisième clé est la technique de la dernière minute de
vie pour se consacrer à de «vrais »objectifs de vie. Deman-
der au patient : «s’il ne vous restait qu’une minute à vivre,
qu’est-ce que vous n’avez pas fait dans votre vie et que
vous regretteriez vraiment de ne pas avoir fait ? »Cet exer-
cice fait prendre conscience de l’essentiel. En effet, les
perfectionnistes commencent souvent par des activités fas-
tidieuses et secondaires. Cette difficulté d’aller à l’essentiel
vient souvent du fait que les perfectionnistes ne savent pas
«dire non »et ne savent pas faire le tri entre ce qui est
important et ce qui ne l’est pas. Souvent lorsqu’on leur pro-
pose une tâche, ils disent «oui »avant même de réfléchir
et ne se rendent pas compte que cette tâche n’a aucune
importance pour eux qu’il s’agisse d’une tâche qu’un tiers
leur propose comme un collègue de travail mais c’est éga-
lement vrai dans ce qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Ils ont
tendance à s’imposer des choses accessoires sans se rendent
compte que cela va prendre du temps et surtout rendre la
place de choses beaucoup plus essentielles pour elles. On
leur apprendra donc les techniques d’affirmation de soi pour
dire non [15,23].
Enfin, tolérer une certaine dose d’imperfection et se
désensibiliser à la perfection est essentiel.
Les tâches sont d’effectuer une activité sans consé-
quence grave de manière imparfaite. Nous proposons
une grille d’exposition, croissante. L’exposition doit être
répétée, fréquente, et graduée.
La quatrième clé est de devenir (vraiment) soi-même :
le travail se centre sur l’authenticité, la perception d’eux-
mêmes comme des êtres imparfaits et l’insatisfaction de soi
même lorsque l’on est imparfait. Ainsi, accepter de deman-
der de l’aide est une première étape ici. Puis accepter ses
erreurs sans remettre en cause sa valeur en discriminant
«j’ai fait une erreur »et «je suis nul(e) ». Enfin, apprendre
à être satisfait de soi car le perfectionniste pense que faire
bien est «normal ». Sans tomber dans une autosatisfaction
abusive, pour apprendre à être fier de soi, se faire un
petit geste de gratification à soi-même. L’affirmation de
soi authentique est une affirmation de soi qui permet de se
montrer imparfait. Elle se différencie de l’affirmation de soi
classique de performance. Par exemple, dans les exercices
d’affirmation de soi imparfaits, on apprend à se présenter en
évoquant ses défauts ou à se mettre en colère sans se culpa-
biliser. De fait, il est amené à ne pas tout contrôler pour pro-
gresser, affronter l’imprévu et prendre le risque de l’erreur.
Conclusion
Le traitement des perfectionnistes présente moult diffi-
cultés. La première est d’établir une bonne relation [46]
car ces patients sont exigeants avec eux-mêmes mais aussi
avec leurs thérapeutes. Ils voudront toujours aller plus loin,
faire toujours mieux en thérapie. Ils éprouvent aussi des
réticences à abandonner leur perfectionnisme puisqu’il pré-
sente certains avantages.
Author's personal copy
84 F. Fanget et al.
La deuxième difficulté est d’amener le patient à considé-
rer les conséquences négatives de son fonctionnement car
souvent il n’en perc¸oit que les bénéfices.
Enfin, le perfectionnisme thérapeutique amène ces
patients à demander toujours plus, toujours mieux et peut
entraîner une thérapie interminable. La transformation
absolue d’un perfectionniste est illusoire une diminution de
15 % de son niveau global de perfectionnisme suffit. Savoir
fixer dès le départ une limite temporelle au traitement pour
symboliser le non perfectionnisme du thérapeute est utile.
Le perfectionnisme n’est pas univoque. Probable trait
de personnalité, il semble être un schéma cognitif multi-
dimensionnel avec ses avantages et ses inconvénients. Seul
un accompagnement tout en nuances permet d’aider ces
personnes [13].
Références
[1] Bouvard M. Questionnaire et échelles d’évaluations de la per-
sonnalité. Masson; 2002.
[2] Shafran R, Cooper Z, Fairburn CG. Clinical perfectionism:
a cognitive-behavioural analysis. Beh Res Ther 2002;40(7):
773—91.
[3] Broman-Fulks JJ, Hill RW, Green BA. Is perfectionism cate-
gorical or dimensional? A taxometric analysis. J Pers Assess
2008;90(5):481—90.
[4] Hewitt PL, Flett GL, Besser A, Sherry SB, McGee B. Perfec-
tionism is multidimensional: a reply to Shafran, Cooper and
Fairburn. Beh Res Ther 2003;41(10):1221—36.
[5] Frost RO, Marten P, Lahart C, Rosenblate R. The dimension of
perfectionism. Cogn Ther Res 1990;14:449—68.
[6] Sassaroli S, Lauro LJ, Ruggiero GM, Mauri MC, Vinai P, Frost
R. Perfectionism in depression, obsessive-compulsive disorder
and eating disorders. Beh Res Ther 2008;46(6):757—65.
[7] Rheaume J, Freeston MH, Ladouceur R. Functional and dysfunc-
tional perfectionism: construct validity of a new instrument.
In: Hewitt PL, Flett GL, editors. Perfectionim: theory research
and treatment, 2002. Washington: American Psychological
Association; 1995. p. 30.
[8] Dunkley DM, Blankstein KR, Masheb RM, Grilo CM. Personal
standards and evaluative concerns dimensions of ‘‘clinical’’
perfectionism: a reply to Shafran et al. (2002, 2003) and Hewitt
et al. (2003). Beh Res Ther 2006;44(1):63—84.
[9] Stoeber J, Otto K. Positive conceptions of perfectionism:
approaches, evidence, challenges. Pers Soc Psychol Rev 2006;
10(4):295—319.
[10] Fanget F. Où vas-tu ? Les réponses de la psychologie pour donner
du sens à sa vie. Paris: Les Arènes; 2007.
[11] Tangney JP. Conceptual and methodological issues in the
assessment of shame and guilt. Beh Res Ther 1996;34(9):
741—54.
[12] Frost RO, Heimberg RG, Holt CS, Mattia JI, Neubauer AL. A
comparaison of two measures of perfectionism. Personality and
Individual Differences 1993;14:119—26.
[13] Fanget F. Toujours mieux! Psychologie du perfectionnisme.
Paris: Odile Jacob; 2006. pp. 223.
[14] Dunkley DM, Zuroff DC, Blankstein KR. Self-critical perfectio-
nism and daily affect: dispositional and situational influences
on stress and coping. J Pers Soc Psychol 2003;84(1):234—52.
[15] Fanget F. Affirmez-vous ! Paris, Odile Jacob, Poche, 2008.
[16] Egan SJ, Piek JP, Dyck MJ, Rees CS. The role of dichoto-
mous thinking and rigidity in perfectionism. Beh Res Ther
2007;45(8):1813—22.
[17] Hewitt PL, Flett GL. Perfectionim: theory research and treat-
ment. Washington: American Psychological Association; 2002.
pp. 435.
[18] DSM-IV-TR Manuel diagnostique et statistique des troubles men-
taux. 4eed., texte revisé. American Psychiatric Association,
Washington DC, 2000, Masson, p.1120.
[19] Rice KG, Ashby JS, Slaney RB. Self-esteem as a mediator
between perfectionism and depression: a structural equation
analysis. J Couns Psychol 1998;45:304—14.
[20] Beevers CG, Miller IW. Perfectionism, cognitive bias and hope-
lessness as prospective predictors of suicidal ideation. Suicide
Life Threat Behavr 2004;34(2):126—37.
[21] Bardone-Cone AM, Wonderlich SA, Frost RO, Bulik CM, Mitchell
JE, Uppala S, Simonich H. Perfectionism and eating disor-
ders: current status and future directions. Clin Psychol Rev
2007;27(3):384—405.
[22] Miller-Day M, Marks JD. Perceptions of parental communication
orientation, perfectionism and disordered eating behaviors of
sons and daughers. J Health Commun 2006;19(2):153—63.
[23] Fanget F, Rouchouse B. L’affirmation de soi, une méthode de
thérapie. Paris: Odile Jacob; 2007.
[24] Slaney RB. Conceptions of perfectionism and Interpersonal pro-
blems. Assessment 2006;13(2):138—53.
[25] Costa PT, McCrae RR. Revised NEO Personality Inventory
(NEO-PI-R) and NEO Five Factor Inventory (NEO-FFI) professio-
nal manual. Odessa, FL: Psychological Assessment Resources;
1992.
[26] Kobori O. The relationship of temperament to multidimensio-
nal perfectionism trait. Personality and Individual Differences
2005;38:203—11.
[27] Yorulmaz O, Karanci AN, Tekok-Kilic¸ A. What are the roles of
perfectionism and responsibility in checking and cleaning com-
pulsions? J Anxiety Disord 2006;20(3):312—27.
[28] Ashbaugh A, Antony MM, Liss A, Summerfeldt LJ, McCabe
RE, Swinson RP. Changes in perfectionism following cognitive-
behavioral treatment for social phobia. Depress Anxiety
2007;24(3):169—77.
[29] Buhr K, Dugas M. Investigating the construct validity. J Anxiety
Disord 2006;20(2):222—36.
[30] Slaney RB, Ashby JS. Perfectionnists: study of a criterion group.
J Couns Dev 1996;74:393—8.
[31] Campdel J, Di Paula DA. Perfectionistic Self-beliefs: their
relation to personality and goal pursuit. In: Hewitt PL, Flett
GL, editors. Perfectionim: theory research and treatment.
Washington DC: American Psychological Association; 2002.
p. 181—98.
[32] Yao SN, Cottraux J. Le sentiment d’infériorité entre population
normale et anxieuse. Encéphale 2002;28:321—7.
[33] Chang EC. Perfectionism as a predictor of positive and
negative psychological outcomes: examining a mediational
model in younger and older adults. J Couns Psychol 2000;47:
18—26.
[34] Vieth AZ, Trull JT. Family patterns of perfectionnism: an exa-
mination of college students and their parents. J Pers Assess
1999;72:49—67.
[35] Minuchin S, Rosman BL, Baker L. Psychosomatic families: ano-
rexia nervosa in context. Cambridge, MA: Harvard I, University
Press; 1978.
[36] Brookings JB, Wilson JF. Personality and the family-
environment predictors of self-reported eating attitudes and
behaviours. J Pers Assess 1994;63:313—26.
[37] Gruner K, Muris P, Merckeldach H. The relationship between
anxious rearing behaviors and anxiety disorders sympto-
matology in normal chidren. J Behav Ther Exp Psychiatry
1999;30:27—35.
[38] Hewitt PL, Flett GL. Perfectionism in the self and social
contexts: conceptualization, assessment and association with
psychopathology. J Pers Soc Psychol 1991;60(3):456—70.
[39] Zlotnick C, Hohlstein LA, Shea MT, Pearlstein T, Recupero P,
Bidadi K. The relationship between sexual abuse and eating
pathology. Int J Eat Disord 1996;20(2):129—34.
Author's personal copy
Le perfectionnisme. Approche cognitive et comportementale 85
[40] Rogers CR. Client-centered therapy: its current practice, impli-
cations and theory. Boston: Houghton-Mifflin; 1951.
[41] Hamachek DE. Psychodynamics of normal and neurotic perfec-
tionism. Psychology 1978;15:27—33.
[42] Brownel KD. Dieting and the search for the perfect body: where
physiology and culture collide. Behav Ther 1991;22:1—22.
[43] Dorian BJ, Garfinkel PE. The contributions of epidemiologic
studies to the etiology and treatment of the eating disorders.
Psychiatr Ann 1999;29:187—92.
[44] Masson AM, Cadot M, Ansseau M. Failure effects and gender
differences in perfectionism. Encéphale 2003;29(2):125—35.
[45] Di Bartollo PM, Frost RO, Dixon A, Almodovar S. Can
cognitive restructuring reduce the disruption associated
with perfectionistic concerns? Behav Ther 2001;32:167—
84.
[46] Hawley LL, Ho MH, Zuroff DC, Blatt SJ. The relationship
of perfectionism, depression and therapeutic alliance during
treatment for depression: latent difference score analysis. J
Consult Clin Psychol 2006;74(5):930—42.
[47] Shafran R, Lee M, Payne E, Fairburn CG. The impact of mani-
pulating personal standards on eating attitudes and behaviour.
Behav Res Ther 2006;44(6):897—906.
... Ce résultat va dans le sens de la conception que le perfectionnisme peut devenir une source de troubles psychiatriques s'il est stérilisant et paralysant. Il est un facteur favorisant ou un facteur de résistance aux traitements de nombreux troubles psychiatriques: trouble obsessionnel compulsif, phobie sociale, dépression, burnout, anorexie mentale, addictions (Fanget, Rengade, Terra, 2009). Le perfectionnisme peut nuire à la réussite des traitements des troubles psychologiques (Shafran et Mansell, 2001). ...
... Il s'agit d'un outil utilisé pour l'identification des pensées , croyances et attitudes des aidants de personnes âgées dépendantes pouvant faire obstacle à un affrontement adéquat à la situation d'aidant [14,17]. domaines de sa vie [28]. Il s'agit d'une tendance à établir et à poursuivre des standards de performance très élevés. ...
Article
Cet article propose la traduction et l’adaptation de l’espagnol au français du « Dysfunctional Thoughts about Caregiving Questionnaire - DTCQ ». Ce questionnaire, élaboré par l’équipe de Losada, permet d’évaluer les pensées dysfonctionnelles par rapport au soin. Ces dernières sont des pensées, idées ou attitudes qui vont influencer les aidants dans leur manière de percevoir un problème et de réagir face à une situation difficile ou stressante. Une étude pilote a été réalisée dans notre service auprès de 28 aidants afin d’étudier les pensées dysfonctionnelles par rapport au soin en fonction du lien de parenté avec le malade (conjoint/enfant) et de la pathologie (maladie d’Alzheimer/démence fronto-temporale). De plus, les liens entre pensées dysfonctionnelles et stress perçu, anxiété, dépression et fardeau de l’aidant ont été examinés. Les résultats ont montré premièrement que les conjoints présentaient plus de pensées dysfonctionnelles que les enfants et deuxièmement que les conjoints des patients atteints de maladie d’Alzheimer plus de pensées dysfonctionnelles de type « perfectionnisme » que les conjoints de patients atteints de démence fronto-temporale. En outre, le score total au DTCQ était corrélé positivement à l’âge et au stress perçu. Les résultats sont à interpréter avec précaution du fait du nombre modeste de sujets. La version française du DTCQ apparaît être un outil bien adapté à l’étude des pensées dysfonctionnelles par rapport au soin. Le DTCQ peut être utilisé à la fois pour une activité de recherche et pour une pratique clinique.
Article
Full-text available
Résumé Le perfectionnisme dysfonctionnel est souvent rencontré parmi des populations cliniques. Selon des études récentes, il s’agit d’un facteur transdiagnostique impliqué dans la prédisposition et le maintien de diverses pathologies psychiatriques telles que les troubles anxieux, l’insomnie et la dépression. Néanmoins, peu d’études se sont intéressées à l’efficacité de la TCC pour le perfectionnisme (TCC-P), notamment dans un contexte naturalistique, auprès de patients présentant de troubles psychiatriques. Dans la présente étude, nous avons proposé la TCC-P, consistant en un protocole thérapeutique de 8 séances, à deux patientes présentant un perfectionnisme dysfonctionnel et des comorbidités psychiatriques (dépression et anxiété sociale, respectivement). Compte tenu du caractère transdiagnostique de notre approche, nous avons fait l’hypothèse que la TCC-P aurait un impact sur le perfectionnisme auto-rapporté, mais également sur les troubles psychiatriques associés. De manière générale, suite aux huit séances, nos résultats suggèrent une diminution significative du perfectionnisme auto-rapporté chez les deux patientes, indiquant que la TCC-P agit spécifiquement sur ce processus. Concernant les comorbidités, nos résultats montrent une diminution des symptômes dépressifs de T1 (première séance) à T2 (dernière séance) chez la patiente qui présentait un épisode dépressif. Néanmoins, aucune différence significative n’a été observée entre T1 et T2 concernant les symptômes d’anxiété sociale. Ces résultats suggèrent donc que la TCC-P à uniquement huit séances peut avoir un effet sur le perfectionnisme dysfonctionnel, mais également sur certaines comorbidités psychiatriques. Ils rejoignent de cette manière une littérature grandissante concernant l’intérêt de l’approche transdiagnostique centrée sur le perfectionnisme dans des contextes cliniques variés.
Article
Full-text available
This study proposes to address the link between perfectionism and academic quotas. This is a cross-sectional study in which participants are undergraduate students from different programs. Of the total sample, three groups were created: 1) students who will stop studying at graduation underway; 2) students wishing to continue their studies in a nonquota program; and 3) students wanting to pursue their studies in a limited enrollment program. They answered questionnaires one week before final exams. The measures target self-oriented perfectionism and socially prescribed perfectionism, depressive symptoms and test anxiety. After controlling for gender, depressive symptomatology and socially prescribed perfectionism, the primary analysis show that there is a group difference on the self-oriented perfectionism variable. Contrasts indicate that the group “limited enrollment program” show a greater tendency toward self-oriented perfectionism. The discussion addresses the theoretical and clinical implications. (PsycINFO Database Record (c) 2014 APA, all rights reserved)
Article
This article starts with a brief introduction concerning the overall publication objectives of the JTCC as well as those regarding the anxiety theme issue on. A summary of the articles published in the JTCC over the preceding 13 years is presented providing the reader with a sense of the different articles and approaches published in the JTCC on this topic. A brief presentation of recent articles published on anxiety in other, mostly anglophone, journals, is provided in order to propose possible new orientations for future publications in the JTCC. The articles published in the current anxiety issue are briefly presented. The article concludes with a discussion on the limits of the bibliographic research underlying the current article and delineates clear indications for encouraging future publications on anxiety for publication in the JTCC.
Article
Full-text available
This study of university students (64 men and 99 women) examined both dispositional and situational influences of self-critical (SC) perfectionism on stress and coping, which explain its association with high negative affect and low positive affect. Participants completed questionnaires at the end of the day for 7 consecutive days. Structural equation modeling indicated that the relation between SC perfectionism and daily affect could be explained by several maladaptive tendencies associated with SC perfectionism (e.g., hassles, avoidant coping, low perceived social support). Multilevel modeling indicated that SC perfectionists were emotionally reactive to stressors that imply possible failure, loss of control, and criticism from others. As well, certain coping strategies (e.g., problem-focused coping) were ineffective for high-SC perfectionists relative to low-SC perfectionists.
Article
Full-text available
The relations between general perfectionistic tendencies as measured by R. 0. Frost, P. Marten, C. Lahart, and R. Rosenblate's (1990) Multidimensional Perfectionism Scale (MPS), stress, and psychological outcome were assessed among a sample of younger ( M = 20.00 years; n = 270) and older adults ( M = 46.99 years; n = 256). Results of conducting a series of path analyses examining a mediation model indicated that the influence of perfectionism on a measure of positive psychological outcome (viz., life satisfaction) was fully mediated by stress. In contrast, the influence of perfectionism on measures of negative psychological outcome (viz., negative mood and worry) were only partially mediated by stress. These pathanalytic findings were consistent across both age groups. Implications of the present findings for future research and intervention in working with perfectionistic clients are discussed. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
Article
Full-text available
This study of college students ( N = 464) examined the association between adaptive and maladaptive dimensions of perfectionism and 2 mental health outcomes (self-esteem and depression). Confirmatory factor analysis was used to develop and assess the measurement model used in this study. Structural equations modeling was used to test a mediational model derived from prior theory and research. Analyses supported the existence of 2 perfectionism factors. Path models revealed that adaptive perfectionism was not directly or indirectly (through self-esteem) associated with depression. Maladaptive perfectionism was negatively associated with self-esteem and positively associated with depression. Self-esteem also buffered the effects of maladaptive perfectionism on depression. Distinguishing adaptive from maladaptive perfectionism is discussed in the context of recommendations for practice and future research. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
Article
Shafran et al. (2002) provided a cognitive-behavioural analysis of perfectionism that focused primarily on self-oriented perfectionism. They argued against studying perfectionism from a multidimensional perspective that they regard as inconsistent with prior work on perfectionism as a self-oriented phenomenon. We respond to Shafran et al. (2002) by offering historical, empirical, and theoretical support for the usefulness and the importance of a multidimensional model of perfectionism involving both intrapersonal processes and interpersonal dynamics. It is concluded that a multidimensional approach to the study of perfectionism is still warranted.
Article
Perfectionism is a dimension which has been studied very little as a separate entity. It is not even considered as a nosological factor. No classification of the medical sciences underlines its importance other than to speak of a personality trait, of an aspect, or of a parameter. Nevertheless, perfectionism is related to multiple disorders such as depression (18, 20, 36), suicide (8, 16, 55), nutritional problems (11, 28), anxiety (3), obsessive-compulsive personality disorder (53), social phobia (2), as well as insomnia (46). Certain authors stress the possible role of perfectionism in the development or the persistence of a substantial number of these disorders (7, 22, 38). Given these facts, it is all the easier to understand the interest shown by clinicians and researchers in the subject. Better detection and evaluation of its impact on behaviour is important in putting therapies in place (6,53). Relationships between perfectionism and fear of failure have been approached (21, 51, 54). Correlations between perfectionism and high levels of state and trait anxiety have been demonstrated (23). The evaluation of perfectionism has been dealt with very little. Some questionnaires devote a sub-category to it, such as the Eating Disorder Inventory and the Irrational Beliefs Test. However, recently, it has been recognized that perfectionism is a multidimensional construct. Two Multidimensional Perfectionism Scales have been developed and investigated in relative isolation. Frost, Marten, Lahart and Rosenblate defined perfectionism as the setting of excessively high standards for performance associated with critical self-evaluation. Six dimensions are described: concern over making mistakes, high personal standards, parental expectations, parental criticism, doubt about quality of performance and organization. Internal consistency and validity have been established (25, 26). Hewitt and Flett (30, 31, 33, 35) have developed another approach where three dimensions of perfectionism are described: SOP (Self Oriented Perfectionism) related to high standards and self criticism, SPP (Socially Prescribed Perfectionism) related to the need of approval from others and fear of negative evaluation, OOP (Other-Oriented Perfectionism) reflecting a tendency to set high expectations for others and to evaluate them in a demanding way; this component is related, especially for males, to self-esteem, hostility and authoritarianism. Validity and internal consistency have been established too (30, 31, 35). The Frost and al's Multidimensional Perfectionism Scale and the Hewitt and Flett's scales are closely associated, except concerning the OOP. Because this component could provide new information, we have chosen the second scale, referring to the French translation and validation of Labrecque (45). EMP is the French name of MPS; it is a self-report questionnaire of 45 questions, in fact three subscales of 15 items rated on a 7-point Likert-type scale. MPS was administered to 617 first year students at the university of Liege (table II). Differences are considered according to gender and experience of failure ie the fact of repeating an academic year. We realized a component analysis with promax rotation. Among the different possibilities offered by the scree-test the choice of a 4 factor solution stresses the original structure: SOP (14 items), SPP (12 items), OOP (9 items) and anti OOP (10 items); the last one is additional but allows for respecting semantics and saturation of the items. The first aim of confirming validity and internal consistency is satisfactory. In other respects the multidimensional structure of the concept leads to consideration of a positive, adaptive perfectionism and a more negative perfectionism, facilitating psychopathology (59, 60, 61). So it seems interesting to compare the different components of MPS in order to find an eventual sex-failure effect. The evaluation of perfectionism is obvious, considering it as a personality trait, but it can be used also in taking into account stress and its impact, for instance that of academic performance (29, 37, 39, 58). Conferring on MPS more pertinence in gender differentiation and failure evaluation is an other goal of this research. Through the particular choice of statistical results, sex and sex-failure effects can be demonstrated: a MANOVA underlines sex effect (lambda de Wilks = 0.96, p = 0.001) and sex-failure effect ( de Wilks = 0.98, p = 0.05). Structure of MPS is different in four groups (FE: women with failure, FnE women without failure, ME: men with failure, MnE : men without failure). ANOVA show differences of MPS3, MPS1 and MPS2.Far more promising is the use of the LISREL method allowing for the construction of a coherent model of relationships between some dimensions of MPS and Test-Anxiety, approached here with THEE (test d'habilete aux etudes et a leur evaluation) French abbreviated version (49) of TASTE (Test for Ability to Study and Evaluation). In fact according to the literature of fear of failure, girls score higher on anxiety and procrastination but less on self-confidence. The structural model shows different pathways, more especially between SPP (socially prescribed perfectionism), T2 (sense of incompetence) and T1 (anxiety). SOP (self oriented perfectionism) and SPP (socially prescribed perfectionism) by girls are very much correlated; it seems that they are more subjected to society and its exigencies of studying but consequently they are more at risk of anxiety and a sense of incompetence. SOP (self oriented perfectionism) by boys functions more indiscriminately of SPP (socially prescribed perfectionism) and is negatively correlated with self-incompetence; boys are more self-confident but they usually procrastinate more probably because failure expectancies would be particularly harmful for their self-esteem; consequently, failure should be related to something else than their own capacity; this maybe an explanation of the high rate of male dropouts and failure in the first year at the university of Liege; also a factor explaining the female domination at the university. In the same way the first choice of studies is moving towards shorter and less difficult orientation (46). In case of failure the model is very similar according to gender: SOP (self oriented perfectionism) and T1 (anxiety) are directly connected; SOP and SPP are in this case better correlated by boys but the path between SPP, sense of incompetence and anxiety is less significant than in girls. In conclusion, providing some modifications according to semantics, the choice of a four factor solution allows for confirmation of the original structure of MPS and for internal consistency. The different components of MPS vary according to gender: SOP and more OOP discriminate men and women; SPP allows for differentiating women with failure. A structural model enhances the role of perfectionism in the cognitive and behavioural contexts; for instance it clarifies its action on fear of failure and success rates according to gender.
Article
The literature on perfectionism was reviewed and was found to be primarily based on a biased sample of perfectionists in treatment and a negative perception of perfectionism related to common definitions. This negative set also influenced the empirical attempts to measure the construct. Based on these conclusions, the present study was designed to examine perfectionism by locating and interviewing a sample of participants who either considered themselves to be perfectionists or were considered to be perfectionists by others who knew them well. Results are presented and discussed along with suggestions for further research and the implications for counseling.
Article
This book integrates contemporary theory and research on the nature of perfectionism, with particular focus on perfectionism as maladaptive. Chapters are divided into four sections. The first part serves as an introduction to some basic themes in the perfectionism field. The second part examines the role of social, motivational, emotional, and cognitive factors in perfectionism. The next part focuses primarily on the important association between perfectionism and life stress and how the two combine to produce adjustment difficulties. The final part of the book addresses perfectionism as it relates to clinical disorders in the therapeutic context. The goal of the book is to further research on the assessment, nature, and treatment of dysfunctional forms of perfectionism. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
Article
Reviews epidemiologic research on eating disorders in relation to its role in understanding trends in etiology and treatment. Since anorexia nervosa and bulimia are considered to be influenced by cultural forces; as these forces change, the disorders themselves may be altered. Such changes could affect the rates of the disorders, the ages of onset, the global character of the disorders, or the particular syndromal characteristics of the disorders. It is asserted that awareness of the impact of sociocultural forces is critical to enhancing the understanding of etiology and pathogenesis, and to informing models of care. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
Article
Discusses the characteristics, antecedents, and behavioral symptoms of normal and neurotic perfectionism. Normal perfectionists set realistic standards for themselves, derive pleasure from their painstaking labors, and are capable of choosing to be less precise in certain situations. Neurotic perfectionists, on the other hand, demand of themselves a usually unattainable level of performance, experience their efforts as unsatisfactory, and are unable to relax their standards. The development of neurotic perfectionism tends to occur in 1 of 2 kinds of emotive environments: (a) nonapproval or inconsistent approval in which parents fail to establish explicit performance standards for the child, or (b) parental expressions of conditional positive approval far exceed those of unconditional positive approval. Normal perfectionism tends to develop through either positive modeling (the close identification of the child with an emotionally important person) or negative modeling (the child rejects the behavior of an emotionally important person). Some symptoms describe both normal and neurotic perfectionists, but neurotic perfectionists experience them with greater intensity and for a longer duration. Four specific goals are stated which have proven useful in helping clients to change their neurotic perfectionism. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)