March 2015
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Bulletin de la Société préhistorique française
Dès le XVIIIe siècle, les haches à douille en bronze dites de type armoricain, particulièrement abondantes en Bretagne et en Normandie, ont fait l’objet de débats, tant quant à leur finalité qu’à leur datation. À la fin du XIXe siècle G. et A. de Mortillet affirmaient une datation à l’âge du Fer des modèles non fonctionnels de taille moyenne et miniature, les haches fonctionnelles du type de Brandivy restant attribuées au Bronze final. Mais c’est le point de vue de J. Déchelette qui l’emporta jusqu’à la fin du XXe siècle : ces haches étaient attribuée à l’horizon de l’épée en langue de carpe du Bronze final atlantique 3 (BF IIIb = LBA 3 britannique = Ha B2-3, env. 950 à 800 av. J.-C.), avec une perduration au cours du premier âge du Fer reconnue par J. Briard. Bien qu’il commençât à être remis en cause à la fin du XXe siècle, ce point de vue traditionnel persiste chez certains auteurs. Aussi, le présent article se propose-t-il de produire un dossier aussi complet que possible de la question. Les éléments démontrant une production de ces haches au premier âge du Fer seulement sont indiscutables : sur le continent, aucune ne peut être datée antérieurement à la phase récente du premier âge du Fer (Ha D). L’actuelle «présence » de rares haches dans certains dépôts du BFa 3 s’explique par leur pollution par des objets d’autres provenances, conséquences des aléas de leur conservation dans les collections ou les musées (par ex. : Plounéour-Lanvern, l’Île Verte, Aurigny). Parfois, quelques rassemblements d’objets aux provenances mal ou pas documentées réunis artificiellement ont été présentés comme des dépôts, lesquels n’avaient jamais existés (par ex. : Césarin). Dans d’autres cas, il s’agit d’une mélecture des sources documentaires (par ex. : Louvigné-du-Désert). Fait acquis essentiel, aucun dépôt de l’horizon de l’épée en langue de carpe, même parmi les plus volumineux (par ex. : Vénat, Jardin des Plantes, Prairie de Mauve, Belle-Île), lorsqu’il est documenté de façon indiscutable, ne contient de hache à douille de type armoricain, aucune découverte récente non plus. Des prototypes des haches à douille de type armoricain abondaient dans les dépôts du Bronze final atlantique 3, dont quelques haches ornées de nervures verticales d’origine britannique ou apparentées pouvant annoncer celles du type de Brandivy et plus généralement, avec leurs décors de baguettes verticales, les autres modèles de haches à douille de type armoricain. Surtout, les haches du type du Plainseau préfigureraient celles du type du Tréhou et des types proches de Dahouët et de Plurien. Au début du premier âge du Fer, des haches font effectivement figures d’intermédiaires entre celles du type du Plainseau et celles de la famille Tréhou-Dahouët-Plurien (dépôt du Fossé Creuzette à Verberie). Les haches de petite taille des types de Maure, Saint-James et Couville, en revanche, ne possèdent pas de prototypes dans les dépôts de la fin de l’âge du Bronze. Il pourrait s’agir d’une production récente, la fin d’un processus d’évolution conduisant aux formes les moins fonctionnelles, que le fait de ne pas connaître leur finalité exacte peut nous faire considérer, au même titre que celles en plomb presque pur, comme les plus aberrantes de toutes. S’il est désormais acquis que la production des haches à douille de type armoricain n’avait pas encore commencé pendant le Bronze final, la question du début de leur fabrication reste incertaine : leur visibilité en Gaule se limite au Ha D. Que cette production ait pu débuter dès l’étape ancienne du premier âge du Fer (Ha C) ne demeure, en l’état actuel de l’information, qu’hypothèse, comme aussi d’ailleurs une fin de production ou du moins de dépôt au début du second. La multiplication des dépôts de ces haches est surtout une des manifestations du phénomène général de reprise en Gaule des enfouissements de dépôts de métal au cours du Ha D, au même titre que, par exemple, les dépôts launaciens du Midi ou ceux de parures du Centre-Ouest et de la Loire moyenne.