December 2021
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Ce travail met au jour, grâce à l’analyse qualitative du discours, les procédés discursifs par lesquels les discours scientifiques et experts sur l’ingénierie climatique (IC) cherchent à « faire monde ». Nous abordons la prolifération des discours sur l’IC dans les années 2000 par le biais de leur lien avec la notion d’Anthropocène, popularisée par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen. L’analyse de ces discours révèle l’articulation de plusieurs thèmes récurrents : l’inefficacité des mesures politiques d’atténuation, le catastrophisme, le rôle accordé à l’humanité dans les récits de maîtrise du climat (et donc dans le futur), et enfin l’IC comme concrétisation de cette promesse de maîtrise. Dans un second temps, nous montrons, à travers deux exemples (celui d’un ingénieur-chercheur, David Keith, et celui d’un think tank, l’American Enterprise Institute), l’intrication, chez les acteurs prônant le recours à l’IC, du scientifique et du politique, de l’expertise et du militantisme. Le discours expert permet dès lors de construire un monde dans lequel se dessine un futur possible de maîtrise technologique du climat, vision dans laquelle les scientifiques et ingénieurs sont érigés au rang d'administrateurs de l'environnement global.