Geneviève Audet’s research while affiliated with University of Quebec in Montreal and other places

Tous les enseignants et enseignantes sont confrontés aux changements des conditions dans lesquelles ils et elles exercent leur travail, et ce travail se complexifie en contexte de crise et en milieu multiethnique. Mazawi a relevé les complexités qui sous-tendent le travail des enseignant·e·s dans un contexte donné et les tensions qui se jouent entre fonction enseignante et condition enseignante, c’est-à-dire entre les pratiques des enseignant·e·s à l’intérieur de l’école et les enjeux politiques et socioculturels à l’extérieur de l’école. Cet article vise à comprendre l’expérience des enseignant·e·s et leur agir auprès des élèves réfugiés dans deux contextes radicalement différents sur les plans sociopolitique et économique, et avec des conditions de travail différentes : le Liban, un pays en crise qui met de l’avant ce que Shuayb appelle le « modèle d’urgence », et le Québec, qui s’inscrit plutôt dans un « modèle intégrateur ». Deux projets de recherche au Liban et au Québec sont à la base du corpus qui a été sélectionné et analysé pour cet article, avec en commun une même méthodologie. Les récits de pratique consistent en la narration d’une situation-problème rencontrée en contexte de travail. Ils ont été recueillis puis analysés, nous permettant de montrer que les préoccupations des enseignants·e·s et leurs interventions varient selon le contexte dans lequel elles se déploient et que la fonction enseignante se transforme selon la condition enseignante et le pouvoir d’agir des enseignant·e·s.

Using the research project example that we both carried out with Lebanese teachers and Syrian refugee teachers working with Syrian refugee students in Lebanon, this article explores to what extent, whether we belong to the group studied or not, can we question our legitimacy as researchers. The Making a Difference research project focuses on teachers' educational intervention with refugee students in the emergency context in Lebanon. Teachers were asked to speak out and revisit their professional experience, based on a singular event linked to one of their refugee students, thus reconstructing a story of practice (Desgagné, 2005). Indeed, 10 stories of practice were collected in Arabic during the 2021-2022 school year from interviews largely inspired by the explicitation interview (Vermersch, 2017), lasting approximately 60 minutes via videoconferencing (given the impossibility of traveling during the pandemic). Thus, as a recent immigrant to Quebec, originated from Lebanon, and a white person of long-standing settlement, but whose social and personal history has obscured the indigenous presence, we will address in turn our research motivation, our relationship to the terrain, to the participants, to the stories of practice collected and more broadly to the voices of these teachers that we wish to convey. This methodological reflection about our researcher positionality as insider, outsider or in between to the group studied will allow researchers to question the status quo in research standards and norms from a critical and reflective lens and to explore different forms of allyship.

Cet article s’intéresse aux pratiques d’agent.e.s école-famille- communauté pendant la première vague de COVID-19 au Québec. En effet, cette situation a particulièrement affecté les familles cumulant plusieurs vulnérabilités; notamment les familles d’immigration récente et a eu un impact sur les manières de tisser des liens entre elles et les écoles. Les résultats sur lesquels reposent cet article proviennent de l’analyse thématique de 12 récits de pratique recueillis auprès de ces agent.e.s. L’analyse menée a permis d’identifier les défis rencontrés et les stratégies mises en œuvre pour rapprocher les familles immigrantes et les écoles. Ces résultats nous permettent notamment de souligner la présence d’une frontière entre l’école québécoise et les familles immigrantes.

A previous meta-analysis of Quebecois studies highlighted the ways in which considering the diverse profiles and needs of families can positively impact the socio-educational experiences of immigrant-origin students. However, it has also been documented that many school staff view immigrant and refugee families through a lens characterized by tension or even from a deficit-based and essentializing perspective. While school principals must play a certain prescribed role in relations between schools and families, little attention has been given to how they actually assume this role. In this article, drawing from a corpus of stories of practice collected from primary school principals (n=9), we identify nine roles these individuals assume in their relations with immigrant and refugee families. We then interpret these roles through the lens of a territorial approach, allowing us to identify three types of territorialities (benevolent, ambivalent, and hostile) which offer a renewed perspective on the prescribed role of principals with these families.

Les effectifs scolaires québécois sont de plus en plus caractérisés par une grande diversité ethnoculturelle, linguistique et religieuse. Or, la prise en compte de la diversité dans les milieux scolaires demeure à géométrie variable. Cet article présente les résultats d’une recherche visant à documenter le savoir-agir professionnel d’enseignant[e]s relatif à l’intervention pédagogique auprès d’élèves issus de l’immigration. Les récits de pratique livrés par les participant[e]s ont permis de dégager différentes leçons de leur expérience de travail en contexte de diversité ethnoculturelle. Dans le cadre de cet article, ces différentes leçons ont été organisées autour de trois thématiques : un rôle à assurer, des attitudes à manifester, et une expérience et une collégialité à développer. L’analyse des récits de pratique permet de mettre en évidence des leçons de l’expérience qui pourraient être transmises à d’autres enseignant[e]s en formation initiale et continue.

Over the past few years, the issue of “sensitive” topics seems to have become a recurring and worrying concern for many teachers and school staff. Since school is a place of both education and socialization, it is not uncommon for topics that touch, upset, shock or anger us to come up unexpectedly. Sometimes the students bring them up; at other times, they are part of the prescribed curriculum. As educators, we sometimes wonder whether or not we should discuss certain sensitive issues with our students. When we need to, what exactly should we talk about? What position should we adopt? How do we ensure that we can accommodate the different points of view expressed? How can we avoid traps and pitfalls? What precautions should we take to prevent things from getting out of hand? In 2015, to assist with reflection on this topic, the Centre d’intervention pédagogique en contexte de diversité, in collaboration with the Service des ressources éducatives and Sivane Hirsch, professor at Université Laval, produced a pedagogical guide on discussing sensitive topics. More recently, the same team revisited this guide to produce a new version in line with the latest research in the field. While this pedagogical guide is designed foremost for teachers, it is also intended for use by any member of the Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys educational community when faced with these situations.

Au cours des dernières années, la question des thèmes dits sensibles semble être devenue un enjeu récurrent et préoccupant pour de nombreux membres du personnel scolaire. L’école étant un lieu à la fois de scolarisation et de socialisation, il n’est effectivement pas rare que des sujets qui nous touchent, nous bouleversent, nous choquent ou nous fâchent s’y invitent inopinément. À certains moments, ce sont les élèves qui les font émerger tandis qu’à d’autres, ils constituent des contenus prescrits par le programme à enseigner. En tant que membres du personnel scolaire, nous nous interrogeons parfois à savoir s’il faut ou non aborder certains thèmes dits sensibles avec nos élèves. Lorsqu’il le faut, de quoi devons-nous parler? Quelle posture devons-nous adopter? Comment nous assurer de composer avec les différents points de vue formulés? Comment éviter les dérives, contourner les écueils? Quelles précautions faut-il prendre pour prévenir les débordements?

Dans le cadre d’un projet de recherche-action mené auprès d’élèves réfugié·e·s au Québec, nous avons documenté l’expérience d’enseignant·e·s qui les accueillent en classe. Dans cet article, nous présentons une analyse de récits de pratique qui relatent des situations vécues mettant en scène un·e élève réfugié·e et qui, du point de vue des personnes qui les racontent, pourraient être formatrices pour de futur·e·s enseignant·e·s. Dans une perspective compréhensive du savoir-agir professionnel, l’analyse qualitative progressive des données menée nous permettra de mettre en lumière six manières dont les participant·e·s soutiennent la résilience des élèves, ce qui nous apparaît également contribuer à leur développement professionnel.

Une école montréalaise pour tous (UÉMPT) est un programme ministériel dont la mission est de contribuer à la réussite éducative de tous les élèves issu.e.s des milieux défavorisés montréalais. Depuis 2021, nous animons un groupe de codéveloppement à l’intérieur duquel des personnes intervenantes école-famille-communauté (IÉFC), des ressources professionnelles d’UÉMPT et une chercheuse universitaire interrogent les contours du rôle d’IÉFC et les manières dont il se déploie spécifiquement en contexte défavorisé montréalais. Dans cet article, nous mettrons en lumière comment, en faisant dialoguer pratique, accompagnement et recherche, nous considérons soutenir le développement professionnel des personnes participantes.