September 2024
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Cette proposition prend appui sur les premiers résultats de la recherche ANR FablabMore (2021-2024) qui vise à "analyser les potentialités de développement du champ d’action des FabLabs par l’étude de la documentation, de la communication et des processus d’intermédiation". Les données d’observations (d’approche ethnographique) convoquées à l’appui de la réflexion ont pour objet le projet de création d’un fablab en Établissement pour l’Insertion dans l’Emploi (ÉPIDE). Initié dans le cadre d’un atelier à destination de « volontaires » de l’établissement (jeunes adultes de 17 à 25 ans), le projet s'est déroulé en en deux temps : trois semaines dans l’établissement pour une initiation à la fabrication numérique et à la démarche-projet, en appui sur un fablab itinérant (session Tremplin) ; puis trois semaines dans le fablab partenaire de Cap Sciences pour mûrir le projet et procéder à de premières réalisations pratiques pour l’ÉPIDE (session Fabrik). Cette contribution interroge plus spécifiquement le volet « documentation » de la pratique en fablab, en se plaçant du côté des volontaires participant à l’atelier, observés sur la durée de leurs activités documentantes/documentaires : à savoir l’informer-documenter-garder trace du « faire avec » les outils de fabrication numérique, les objets, les matériaux, les documents, les savoirs… Ceci, dans une perspective d’apprentissage-outillage du projet et de partage, suivant la consigne des managers, et dans l’esprit de la Charte du MIT. La documentation est une question sensible en fablab. Les remontées de terrain font état de terminologies et de pratiques diverses, au service d’un processus d’apprentissage créatif, valorisant « le faire ». Suivant les contextes et les approches, sont mises en avant une interrogation de « la forme » des apprentissages, une « community-oriented approach of making » (Keune et Peppler, 2017), ou encore une « documentary-material approach » (Kosciejew, 2018), suivant l’idée que la documentation n’est pas seulement une affaire de mental mais aussi de matérialités, de matières. Ce qui invite en tant qu’objet de questionnement théorique à considérer la documentation dans ses multiplicités : les documents, les ressources documentaires, et « au-delà du document », ce que les acteurs font avec ces ressources ; mais aussi ce que la documentation fait aux acteurs (registres des affects, des effets ; documentation de soi) ou encore son pouvoir d’assemblage/agencement en tant que « machine documentaire ». Les résultats mettent en évidence : une multiplicité/accumulation de ressources de connaissances », convoquant mental, matériel, humain, et un décalage entre le richesse de la « documentation-processus » et la documentation produite » sur le drive. Foisonnement, éclectisme, tâtonnements créatifs caractérisent la documentation pour soi ; sélectivité, incomplétude, méli-mélo caractérisent la documentation pour les autres ; miroir et carte plus que sonnet (Diez, 1996) caractérisent la documentation de soi.