Les attitudes et comportements alimentaires problématiques (ACAP), tout comme les troubles des conduites alimentaires, réfèrent à des préoccupations envahissantes pour l’alimentation, l’apparence et le poids, à une influence du poids et de l’apparence sur l’estime de soi ainsi qu’à des perturbations des comportements alimentaires. Les ACAP entraînent des conséquences importantes (ex: détresse psychologique, dépression, anxiété, altération de la qualité de vie et des relations familiales et sociales, augmentation des risques de présenter des troubles des conduites alimentaires). Les étudiant.es-athlètes universitaires sont à risque de présenter des ACAP, car ils doivent surmonter au même moment des enjeux en lien avec le début de l’âge adulte, les études universitaires et la pratique de sport universitaire élite.
L’étude actuelle a comme objectifs de 1. Déterminer la proportion d’étudiant.es-athlètes universitaires présentant des ACAP ; 2. Déterminer les différences sur le plan des caractéristiques psychologiques entre les étudiant.es-athlètes présentant ou non des ACAP ; 3. Évaluer quelles sont les variables psychologiques les plus fortement associées à la présence d’ACAP chez les étudiant.es-athlètes universitaires.
L’échantillon est composé de 133 étudiant.es-athlètes faisant partie de l’équipe sportive de leur université québécoise, lors de l’année scolaire 2018-2019. Trois outils ont été employés pour mesurer les ACAP, soit l’Eating Disorder Inventory-3 (EDI-3), le Questionnaire for a diagnosis of orthorexia et le Muscle Dysmorphic Disorder Inventory. Trois outils ont été utilisés pour évaluer les caractéristiques psychologiques, soit l’EDI-3, le Sociocultural Attitudes Towards Appearance Questionnaire-3 et l’Indice de détresse psychologique de l’enquête santé Québec.
En lien avec le premier objectif, 19,5 % de l’échantillon total présente des ACAP (21,1 % chez les femmes et 15,8 % chez les hommes, p > 0,05). Ensuite, les participant.es ayant des ACAP présentaient significativement (p ≤ 0,05) plus d’ascétisme, de difficulté de régulation émotionnelle, d’aliénation interpersonnelle, de problèmes cognitifs et une plus faible estime de soi que les participant.es exempts d’ACAP (second objectif). En lien avec le troisième objectif, une régression linéaire multiple a été réalisée, permettant d’observer que le sexe et le surcontrôle explique 36,3 % de la variance (p ≤ 0,01) du score d’ACAP. De ces deux variables, c’est le surcontrôle qui contribue le plus au modèle (ß = 0,595, comparativement au sexe ß = 0,208 ).
En résumé, en contrôlant pour le sexe, plus un ou une étudiant.e-athlète universitaire aurait de surcontrôle, plus il ou elle présenterait un score d’ACAP élevé. Face à ces résultats, il est nécessaire de conscientiser les entraîneurs à la problématique des ACAP afin qu’ils en connaissent les manifestations et les conséquences permettant de repérer des étudiant.es-athlètes plus à risque et de leur offrir un soutien supplémentaire en prenant le temps de discuter avec eux ou en les référant à des professionnels spécialisés.