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Synthèse
Créativité artistique et démence
Artistic creativity and dementia
FRANÇOIS SELLAL
1
MARIANO MUSACCHIO
2
1
Service de neurologie,
Hôpitaux Civils de Colmar
<francois.sellal@ch-
colmar.rss.fr>
2
Service de neuroradiologie,
Hôpitaux Civils de Colmar
Tirésàpart:
F. Sellal
Résumé. La créativité artistique peut se définir comme la capacité à produire des choses à
la fois innovantes et esthétiques. Alors que la majorité des démences s’accompagnent
d’une perte des fonctions instrumentales et donc d’un appauvrissement des productions
artistiques, chez plusieurs artistes confirmés, la démence, le plus souvent de type Alzhei-
mer, en a changé le style et la technique mais ne les a pas privés d’une créativité parfois
débordante. Par ailleurs, dans certains cas, en particulier de démences frontotemporales,
de maladie de Parkinson, plus rarement d’accident vasculaire cérébral, la maladie peut
engendrer l’émergence d’un talent artistique de novo. Un tel phénomène a été interprété
comme une facilitation paradoxale, une désinhibition des régions impliquées dans le
traitement visuospatial, une plus grande liberté du patient qui est moins sensible aux
convenances, une exaltation de sa motivation et de son plaisir... Ces cas pathologiques
nous offrent ainsi des pistes pour mieux comprendre les fondements de la création artisti-
que.
Mots clés : créativité, maladie d’Alzheimer, démence frontotemporale, maladie de
Parkinson
Abstract. Artistic creativity can be defined as the ability to produce both innovative and
esthetic works. Though most dementias result in a loss of instrumental functions and a
deterioration in artistic production, for some established artists, dementia, most often
Alzheimer’s disease, changed their style and technique but preserved their creativity and
prolific artistic drive. Moreover, in some cases, mainly frontotemporal dementia,
Parkinson’s disease, and very occasionally strokes, the disease may favour the emergence
of de novo artistic talent. This phenomenon has been conceptualized as a paradoxical
facilitation, a disinhibition of brain areas devoted to visuospatial processing, greater free-
dom in a patient who becomes less bound by social conventions, enhancement of motiva-
tion and pleasure, etc. These neurological cases provide an opportunity to shed some light
on the roots of artistic creation.
Key words:creativity, Alzheimer’s disease, frontotemporal disease, Parkinson’s disease
Ce n’est que depuis environ une décennie
qu’une réelle attention a été portée aux pro-
ductions artistiques de patients déments. Ce
n’est en définitive que l’évolution normale d’un courant
de pensée qui s’est d’abord intéressé à l’art autodi-
dacte (ou « art brut »). Celui-ci a accédé à une certaine
reconnaissance au début de XX
e
siècle, d’une part,
chez des sujets autodidactes parfaitement sains, tels
que le Douanier Rousseau et, d’autre part, chez des
patients affectés de maladies psychiatriques chez les-
quels des médecins puis des artistes ont reconnu des
talents artistiques méritant considération. Lorsque
Hans Prinzhorn écrit son livre Expressions de la folie
[1], que le docteur Meunier publie sous le pseudonyme
de Marcel Réja L’art chez les fous (cité dans [1]), ils ne
s’intéressent pas à l’art des fous mais à l’art spontané
de personnes internées, auxquelles des peintres tels
que Paul Klee puis Jean Dubuffet reconnaissent un
caractère d’originalité et de liberté à l’égard des
conventions, qui sont en phase avec les préoccupa-
tions des artistes du XX
e
siècle, soucieux de s’affran-
chir du carcan de l’art académique.
L’approche de l’expression artistique des patients
déments est, somme toute, comparable à celle qui a
prévalu dans les milieux psychiatriques. La démence
réalise cependant un cas de figure assez particulier
puisqu’elle se caractérise par une perte brutale ou, le
plus souvent, progressive de fonctions cognitives, dont
la nature et la sévérité auront une influence tout à fait
lisible sur la dimension technique de la production
artistique. Ces affections engendrent en outre des
modifications psychocomportementales dont on doit
s’attendre à ce qu’elles influencent la tonalité de
l’expression artistique, voire son existence. Enfin, elles
ont le loisir de toucher des sujets qui avaient un talent
Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2008;6(1):57-66
doi: 10.1684/pnv.2008.0112
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 2008 57
artistique préalable comme elles peuvent favoriser,
dans de rares cas, l’émergence d’un tel talent.
Créativité et maladie d’Alzheimer.
Des cas de préservation
remarquable de la créativité
artistique
La démence neurodégénérative la plus fréquente est
sans conteste la maladie d’Alzheimer. Or celle-ci est
caractérisée par l’atteinte d’un grand nombre de fonc-
tions instrumentales dont on perçoit intuitivement
l’impact qu’elles peuvent avoir sur la production artisti-
que. Les troubles de la mémoire antérograde et de
l’attention sont susceptibles d’engendrer une perte du fil
de la pensée et de l’intention créatrice, contrariant toute
création sur le moyen ou le long terme. Les perturba-
tions de la mémoire sémantique vont engendrer une
modification ou une perte de la représentation interne du
monde, de l’image de la réalité et donc de sa reproduc-
tion. Les troubles dysexécutifs affectent la planification
nécessaire à toute production, surtout lorsqu’elle est ori-
ginale, et incitent le malade à se limiter à des stéréoty-
pes, des persévérations, voire de simples copies. Les
troubles visuo-perceptifs et visuo-praxiques participent à
une déstructuration du dessin ou du modelage. Par
conséquent, on serait tenté de penser a priori que l’ins-
tallation d’une maladie d’Alzheimer, du fait de la perte
des aptitudes techniques qui l’accompagne, ne peut
qu’altérer la qualité de la production artistique et ipso
facto annihiler l’expression d’une quelconque créativité.
Or, l’histoire de la peinture nous montre que cette
règle est loin d’être constante. Ainsi, un peintre comme
Willem de Kooning, considéré comme un des chefs de file
de l’expressionnisme abstrait, continue à peindre
jusqu’au bout de sa carrière malgré le développement
d’une maladie d’Alzheimer. Loin de tarir sa production, la
maladie va la rendre prolifique : alors que le peintre en
pleine santé retravaillait de façon obsessionnelle ses toi-
les au point de les considérer comme jamais achevées,
entre 1981 et 1986, affecté d’une démence déjà évoluée, il
produit 254 tableaux [2]
!
D’un point de vue qualitatif le
jugement des experts est loin d’être sévère. Selon Garrels
du San Francisco Museum Of Modern Art [3]
,
l’art de
Kooning évolue, devient libre et vivant, plus spontané, se
caractérise par une simplification chromatique encore
jamais atteinte, consécration de l’évolution de l’artiste.
Certes, pour certains historiens de l’art, la production du
peintre a perdu sa complexité, qualité à la base de
l’expressionnisme abstrait. Quoi qu’il en soit, ces
tableaux tardifs gardent leur place dans les musées et on
peut constater qu’avec des moyens techniques différents,
il persiste de façon indéniable une activité créatrice.
Dans la foulée de ce cas prototypique, le cas d’un
autre peintre, William Utermohlen, a été rapporté. A
l’âge de 57 ans, il commença à montrer des signes
d’une maladie d’Alzheimer, dont le diagnostic fut posé
lorsqu’il avait 61 ans [4]. Tout au long de celle-ci, il
continua à réaliser des autoportraits qui permettent
certes d’observer l’aggravation progressive des trou-
Figure 1. Ponte Rialto dessiné par Carolus Horn en 1978, avant
le début de sa maladie d’Alzheimer.
Figure 1. Ponte Rialto drawn by Carolus Horn in 1978, before the
beginning of Alzheimer’s disease.
Figure 2. Ponte Rialto peint par Carolus Horn en 1988, alors qu’il
présente une démence d’intensité modérée à sévère et a de
sévères troubles visuopraxiques.
Figure 2. Ponte Rialto painted by Carolus Horn in 1988, when he
displayed moderate-to-severe dementia and severe visual praxic
disorders.
F. Sellal, M. Musacchio
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 200858
bles cognitifs - attestée par une simplification extrême
des réalisations techniques, une distorsion des traits -
mais aussi la persistance d’une capacité à communi-
quer les émotions du moment. Les tableaux font res-
sortir successivement l’anxiété, la perplexité puis la
tristesse du patient, et témoignent d’une intention créa-
trice inextinguible. Bien que les portraits tendent vers
une schématisation, voire l’abstraction, que les coups
de pinceaux deviennent plus grossiers, ces produc-
tions gardent tout au long de la maladie une valeur
esthétique qui en fait des œuvres d’art.
La même analyse peut être faite avec les productions
picturales d’un illustrateur, Carolus Horn, qui développa
aussi une maladie d’Alzheimer à partir de l’âge de
60 ans, révélée par des troubles de la mémoire, de la
capacité à reconnaître les visages et une anomie [5-7]
.
On dispose d’une série de 4 représentations du Ponte
Rialto,
à Venise, réalisées respectivement à l’âge de
57 ans (donc alors que la maladie ne s’est pas déclarée),
64, 65 et 67 ans. Les maladresses techniques deviennent
de plus en plus évidentes : perte de la perspective,
erreurs d’agencement spatial puis simplification
« naïve » des dessins, limitation des choix chromatiques
à quelques couleurs primaires, grande licence dans le
choix de ces couleurs, incongruités des représentations
traduisant la perte des connaissances sémantiques.
Pourtant, on est frappé de constater que les premiers
tableaux, quoique techniquement irréprochables, sont
fort convenus et assez ternes, alors que les derniers
tableaux, malgré leurs stéréotypes et erreurs, témoi-
gnent d’une originalité et d’une fraîcheur étonnantes, qui
tendent à les rendre esthétiquement plus séduisants
(figures 1 et 2)
.
Les représentations restent éloignées de
dessins enfantins. Elles traduisent plutôt une plus
grande liberté du peintre qui, dans une perte de ses
schémas académiques favorisée par la maladie, finit par
adopter une démarche proche de celle prônée par les
cubistes ou les peintres fauves. Là aussi, bien que la
maladie engendre une faillite technique, les productions
gardent un statut artistique incontestable.
Ces quelques cas emblématiques ne doivent cepen-
dant pas faire illusion. Certes, ils correspondent à des
exemples où, malgré la maladie d’Alzheimer, des sujets
qui avaient des aptitudes artistiques gardent un talent
et une énergie productrice qui s’expriment sans doute
plus facilement par la peinture que par un autre média.
Toutefois, la maladie d’Alzheimer peut aussi s’accom-
pagner d’un banal appauvrissement puis d’un tarisse-
ment des productions artistiques, comme chez cet
artiste néerlandais dont les dessins de moulin s’étio-
lent au fil de la maladie [8]. Dans une étude détaillée
plus loin, portant entre autres sur 15 patients souffrant
de maladie d’Alzheimer d’intensité légère, Rankin et al.
[9] ont constaté une grande variabilité des dessins d’un
malade à l’autre, ce qui empêche d’inférer un effet
général de la maladie sur les aptitudes picturales. Les
patients avaient cependant tendance à utiliser moins
de couleurs, à en diminuer la saturation, à dessiner de
façon plus légère et réaliser des compositions désorga-
nisées. Elles ne brillaient pas par leur créativité, ce qui
confirme que l’influence de la maladie est probable-
ment tributaire du terrain sur lequel elle se greffe.
Créativité et démence
frontotemporale (DFT).
Quand la démence s’accompagne
d’un talent de novo
En 1998 Miller et al. [10] ont rapporté une série de
5 patients souffrant de DFT qui avaient développé, au fil
de leur maladie, des aptitudes artistiques insoupçonnées
dans le domaine de la peinture, de la sculpture ou de la
photographie. Il s’agissait de sujets qui n’avaient jamais
témoigné d’un talent ou d’une appétence artistiques
durant la période prémorbide, chez lesquels l’émergence
de ce talent contrastait singulièrement avec une altéra-
tion parfois sévère du comportement et des relations
sociales. La production artistique, dans l’ensemble, se
caractérisait par son abondance, traduisant une propen-
sion quasi compulsive à créer, et par son caractère plutôt
figuratif (figure 3)
. Ultérieurement, la même équipe a
Figure 3. Tableau réalisé à l’âge de 64 ans par une patiente
présentant une forme évoluée de DFT : lorsqu’elle réalise cette
œuvre, elle est boulimique, obèse, désinhibée sur le plan verbal,
avec un discours stéréotypé, et incontinente [10].
Figure 3. Picture produced when the patient was 64 years old and
displayed a severe form of FTD : at this time she was boulimic,
presented with verbal disinhibition, stereotypic speech and was
incontinent [10].
Créativité artistique et démence
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 2008 59
publié le cas de deux patients comparables ayant déve-
loppé des aptitudes musicales antérieurement absen-
tes : l’un sifflait et chantait sans cesse, tandis que
l’autre composait des airs de musique en dépit d’un
entraînement très limité [11].
De tels patients avaient en commun une atrophie
prédominant sur les régions temporales antérieures
gauches, responsable d’une perte précoce et sévère du
langage verbal et des connaissances sémantiques. Ce
talent artistique de novo a été interprété comme étant
la conséquence d’une dysfonction des régions domi-
nantes du cerveau (impliquées dans le traitement du
langage et plutôt associées à un fonctionnement analy-
tique), qui permettait une désinhibition des cortex
pariétal et temporal droits particulièrement impliqués
dans les fonctions visuospatiales. Ceci pourrait rendre
compte de la propension des malades décrits à dessi-
ner, peindre, photographier, voire modeler des sculptu-
res figuratives. La difficulté qu’ils ont à accéder à une
expression symbolique est par ailleurs assez cohérente
avec des observations faites chez des peintres devenus
aphasiques. Kaczmarek [12] a ainsi décrit le cas d’un
peintre polonais réputé pour ses productions symboli-
ques, plusieurs fois primées, qui, après un AVC sylvien
gauche responsable d’une aphasie, a pu reprendre la
peinture, mais uniquement sur un mode figuratif. Un
travail plus récent portant sur des populations plus
importantes de malades déments [9], d’autres publica-
tions de cas uniques [13], nous obligent cependant à
relativiser cette vision des choses un peu simpliste.
Dans une étude déjà citée portant sur 49 sujets,
Rankin et al. [9] ont cherché à évaluer selon une métho-
dologie scientifique l’influence des dysfonctions céré-
brales sur la production picturale. Ils ont demandé à 18
patients souffrant de maladie d’Alzheimer, 9 patients
ayant une DFT, 9 autres patients ayant une démence
sémantique (DS) et 15 témoins sains de réaliser quatre
dessins : reproduire un vase de fleurs, dessiner de
mémoire une pièce de leur maison, faire leur autopor-
trait en s’aidant d’un miroir placé devant eux, traduire
par un dessin leur émotion présente. Les dessins
étaient ensuite appréciés par plusieurs juges à l’aveu-
gle, en suivant une grille d’évaluation. La créativité non
verbale a pu aussi être mesurée lors du bilan neuropsy-
chologique à l’aide d’une batterie normalisée (Torrance
test of creative thinking). Il ressort de cette étude que le
type de démence influence quantitativement et qualita-
tivement la production picturale.
Les performances des malades d’Alzheimer ont été
évoquées plus haut et ne se révélaient pas très origina-
les. Les DFT avaient des productions plus « pertur-
bées », considérées par les juges comme « bizarres »,
moins figuratives, moins détaillées, avec une simplifi-
cation tendant vers l’abstraction. Bien que leurs aptitu-
des visuoconstructives fussent préservées dans les
tests formels, ils utilisaient différemment des témoins
l’espace de la feuille, n’hésitaient pas à diverger d’un
contenu explicite, représentationnel, conforme aux
attentes des juges. Les DFT semblaient ainsi avoir relâ-
ché leur adhérence à une représentation socialement
consensuelle, d’où les bizarreries du dessin, et donc
une certaine créativité. Une telle observation avait
antérieurement pu être faite ponctuellement chez des
artistes confirmés, dont la production était devenue
plus originale [14], voire percutante par sa crudité et
son expressionnisme [15] lors du développement
d’une DFT (figures 4 et 5).
Dans le groupe des DS, contrairement aux attentes
des auteurs, seul un malade développa des capacités
de production élevées. Par rapport aux dessins des
témoins, leur production se caractérisait par des distor-
sions fréquentes et parfois grotesques dans la repré-
Figure 4. Portrait d’un artiste souffrant de DFT [15].
Figure 4. Portrait drawn by an artist suffering from FTD [15].
F. Sellal, M. Musacchio
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 200860
sentation des visages, des bizarreries assez proches de
celles observées dans les DFT. Or, on sait que dans les
deux maladies les lésions des régions orbitofrontales
et temporales supérieures droites s’accompagnent
d’une perturbation de la reconnaissance des émotions
faciales ou de la direction du regard, qui est volontiers
vue comme une des sources des troubles des relations
sociales. Dans les tâches de créativité non verbale,
dans lesquelles on demande aux sujets de faire un
dessin à partir d’une amorce sans signification, les
patients ayant une DS se singularisaient par une ten-
dance à produire soit un dessin conventionnel, forte-
ment suggéré par l’amorce, soit un dessin totalement
abstrait. Leur perte des représentations sémantiques
semblait aboutir à une adhérence aux caractéristiques
physiques du stimulus, une propension à simplement
le compléter ou le boucler, sans être capable de puiser
dans un registre de connaissances conceptuelles pour
imaginer un dessin plus personnel. Enfin, les dessins
des DS étaient souvent abondants mais très stéréoty-
pés, dénotant une incapacité à développer une idée
originale. La créativité se limitait dans le choix des
couleurs, souvent brillantes, contrastées, parfois inha-
bituelles et esthétiquement séduisantes (figure 6).
La démence, source d’inspiration
et de changement de style
La majorité des productions artistiques de patients
déments est de description récente et porte sur des
patients souffrant de maladies neurodégénératives.
L’histoire de l’art nous permet cependant de citer le cas
d’un peintre alsacien, Léo Schnug, chez lequel une
démence alcoolique a entraîné un retentissement sur
sa production. Initialement, celle-ci se caractérisait par
d’abondantes compositions historiques, aux thèmes
empruntés autant à l’histoire de France qu’à l’histoire
d’Allemagne. Alors que sa grande période artistique se
situe entre 1900 et 1915 et permet de constater un sens
remarquable de la composition, une grande sûreté et
finesse du trait, son style se modifie graduellement à la
faveur d’une démence alcoolique, qui le conduit en
institution psychiatrique à compter de 1918. L’appari-
tion d’un syndrome cérébelleux l’oblige à modifier son
style : les coups de pinceau sont plus imprécis, empâ-
tés. Dans les dessins, les grands coups de crayon sont
remplacés par de petits traits contigus permettant de
masquer le tremblement et qui permettent à l’artiste de
continuer à dessiner. Surtout, sur le plan thématique, le
patient produit des tableaux où les scènes historiques
laissent la place à des scènes tourmentées et lugubres,
dans lesquels un ou des personnages isolés se révèlent
écrasés par une nature hostile, représentée par des
arbres aux racines monstrueuses et serpigineuses,
dans lesquelles on croit reconnaître des visages démo-
niaques (figure 7). Dans un de ses dessins, il représente
un homme face à une bête fantasmatique très évoca-
trice des visions du delirium tremens (figure 8). De tel-
les productions témoignent bien de l’aggravation pro-
gressive des troubles psychologiques du patient, parmi
lesquels hallucinations et délires participent à la
genèse des thèmes picturaux. Jusqu’à son décès en
1933, le patient a témoigné d’une verve créatrice et
gardé un style à lui [16].
Figure 5. Portrait d’un artiste souffrant de DFT [15].
Figure 5. Portrait drawn by an artist suffering from FTD [15].
Créativité artistique et démence
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 2008 61
Un autre exemple dans lequel la maladie (ou plutôt
son traitement) a eu une influence sur les thématiques
abordées est celui du patient parkinsonien décrit par
Witt et al. [17] qui, sous traitement, passe à une forme
d’hédonisme lui faisant préférer les représentations de
nus aux monuments qu’il adorait peindre antérieure-
ment (voir plus bas).
Quelques hypothèses
sur les origines de la créativité
Bien que nous sortions du domaine des démences, la
maladie de Parkinson (MP) nous offre peut-être quelques
pistes pour mieux cerner les déterminants neurobiologi-
ques de la créativité, sans se confiner à une approche
trop anatomique. Habituellement, la MP est plutôt asso-
ciée à une dégradation de la productivité artistique. Tou-
tefois, plusieurs auteurs ont rapporté, ces dernières
années, des cas de malades chez lesquels sont apparus
de novo des aptitudes artistiques. Un patient de 55 ans,
présentant une forme hémicorporelle gauche de MP
depuis l’âge de 40 ans, s’était mis à écrire d’abondantes
poésies après l’ajout d’un traitement par lisuride à sa
dopathérapie, au point de gagner un prix littéraire et de
publier ses œuvres dans diverses revues. Un an plus
tard, en l’absence de toute détérioration cognitive signi-
ficative, il a développé des idées grandioses, un délire
NC FTD SD AD
Figure 6. Autoportraits réalisés par des témoins (NC), des patients souffrant de démence frontotemporale (FTD), de démence sémantique
(SD), de maladie d’Alzheimer (AD) [9].
Figure 6. Self-portraits produced by controls (NC), patients suffering from frontotemporal dementia (FTD), semantic dementia (SD),
Alzheimer’s disease (AD) [9].
Figure 7.
Tableau tardif de Léo Schnug, déjà atteint d’une démence
alcoolique (avec la permission du propriétaire de l’œuvre).
Figure 7. Late painting from Leo Schnug, suffering from alcoholic
dementia (with permission of the owner).
F. Sellal, M. Musacchio
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 200862
paranoïde, une logorrhée très verbeuse. Sa production
littéraire n’a pas pu cependant être clairement corrélée
aux doses d’antiparkinsoniens [18]
.
Quelques années plus tard, d’autres auteurs ont
décrit le cas d’un parkinsonien traité depuis 11 ans par
lévodopa, qui réalisait de façon occasionnelle des cro-
quis et se mit à produire jusqu’à deux pastels par jour
quelques mois après l’introduction de ropinirole. D’après
des critiques, les tableaux dénotaient d’une certaine ori-
ginalité, d’un sens affirmé de la couleur et du mouve-
ment et le patient put en déposer et en vendre dans des
galeries de peinture. Il se promenait sans se départir
d’un carnet d’esquisses, montrait à tous ses productions
et a développé ultérieurement une désinhibition
gênante, ne se privant pas de proposer à des quidams de
les dessiner nus... Le bilan neuropsychologique montrait
alors une démence d’intensité légère, avec des troubles
prédominant sur les fonctions exécutives. Persuadé que
sa créativité exceptionnelle était favorisée par sa médi-
cation, il ne voulait pas en baisser les doses [19]
.
Enfin, chez un architecte de 65 ans, souffrant d’une
MP depuis 16 ans et habitué à reproduire des bâtiments
en peinture, Witt et al. [17]
ont remarqué un net change-
ment des thématiques après la pose d’une neurostimu-
lation sous-thalamique et malgré une diminution de
45 % des doses d’antiparkinsoniens. Le malade ne se
mit plus qu’à peindre des femmes, volontiers nues (ce
qu’il n’avait jamais fait auparavant), en adoptant un
style et des compositions bien plus créatifs. Contraire-
ment aux précédents malades, son comportement res-
tait adapté, son humeur était stable et son efficience
intellectuelle était satisfaisante. Après deux ans de sti-
mulation son intérêt pour les nus finit par se tarir.
Comme dans le cadre des DFT, ce sont ces cas de
malades dont la créativité naît ou change au fil de la
maladie ou d’un changement de traitement qui ont le
plus fasciné les neurologues et suggéré des hypothè-
ses sur le déterminisme de la création artistique.
Celles-ci souffrent cependant d’une définition assez
imprécise de ce qu’est la créativité. Dans la littérature
médicale citée, pour certains auteurs le seul fait d’avoir
une production très abondante, quasi compulsive
témoigne d’une créativité. Or, des œuvres prolifiques
peuvent être très stéréotypées et peu novatrices, et
donc ne méritent pas d’être considérées comme créati-
ves. Pour d’autres, le seul fait que les productions
soient esthétiquement réussies prouve que le patient,
en trouvant comment nous séduire, sait faire preuve de
sens créatif. En fait, il faudrait réserver le terme de
créativité à ce qu’il désigne réellement : une aptitude à
innover, à surprendre, car c’est dans la réaction aux
habitudes culturelles que ses prédécesseurs ont réussi
à imposer, que l’artiste peut trouver son originalité et
mériter d’être considéré comme créatif. Ceci pousse
l’artiste au non-conformisme [20], ce que l’on peut réel-
lement observer chez certains déments, particulière-
ment ceux qui sont affectés par une DFT.
La libération d’un talent artistique, pictural ou musi-
cal, dans le cadre d’affections lésant les régions fronto-
temporales, particulièrement de l’hémisphère domi-
nant, a été conceptualisée comme relevant d’une
« facilitation paradoxale » [21] ou d’une désinhibition
des régions pariétales postérieures et temporales droi-
tes [10, 22]. Ainsi, le fait que leur malade parkinsonien
avait une forme à prédominance droite de la maladie, a
amené Schrag et al. [18] à postuler qu’une inactivation
de l’hémisphère dominant pouvait avoir favorisé sa
pulsion à versifier. Nous avons cependant pu souligner
Figure 8. Dessin d’une zoopsie du même peintre, à un stade
tardif de sa maladie (avec la permission du propriétaire de
l’œuvre).
Figure 8. Drawing of a zoopsia from Leo Schnug, at a late stage
of his disease (with permission of the owner).
Créativité artistique et démence
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 2008 63
que de nombreux patients souffrant de lésions compa-
rables ne développaient aucune aptitude artistique, ce
qui confirme un fait bien connu : l’existence (en l’occur-
rence la préservation ou la libération) d’aptitudes tech-
niques ne suffit pas à rendre créatif. D’autre part, la
littérature fait état de patients chez lesquels un talent
artistique remarquable a pu éclore alors que les lésions
touchaient l’hémisphère mineur. Mendez [23] a décrit
un homme droitier de 58 ans présentant des crises
épileptiques temporales droites d’origine lésionnelle,
qui devint poète. Dans le domaine pictural, Lythgoe
et al. [13, 24] ont rapporté l’observation d’un homme
droitier de 51 ans qui, après une hémorragie sous-
arachnoïdienne due à des anévrysmes bilatéraux de
l’artère sylvienne, avait développé de novo des talents
de peintre et de poète. L’analyse du comportement et
des peintures du malade, qui se plaignait d’avoir un
« esprit coupé en deux », permet de relever des signes
d’héminégligence gauche qui évoquent donc une dys-
fonction hémisphérique droite prédominante.
Interpréter l’existence d’une créativité en se référant
à d’étroites notions anatomiques se révèle hasardeux,
d’autant plus que l’analyse des topographies lésionnel-
les dans les démences, dont les DFT, reste souvent
assez grossière et fait peu cas des effets à distance des
lésions. On sait que le cortex frontal a de riches
connexions avec les régions polymodales et supramo-
dales des lobes temporaux et pariétaux, qui régissent
les concepts et connaissances. On sait aussi que les
sujets sains créatifs tendent à activer plus que ceux qui
ne le sont pas leur cortex préfrontal antérieur et frontal
supérieur [25]. Il reste encore à savoir par quel moyen
les connexions entre les régions frontales et les régions
dépositaires de nos connaissances permettent, chez
certains, l’émergence d’idées novatrices, divergentes,
qui sont à la base de la créativité [26]. Il reste aussi à
savoir pourquoi certaines lésions orbito-frontales sont
susceptibles de libérer chez certains une énergie créa-
trice, alors que chez la majorité des autres elles
n’engendrent que désinhibition stérile. Toute l’impor-
tance du terrain prémorbide et des facultés latentes est
ainsi posée.
Un autre aspect de la production d’une majorité des
patients décrits est sa prolificité. Des parallèles ont été
tracés avec l’hypergraphie décrite après lésion hémi-
sphérique droite. Les malades, pris d’une pulsion
incoercible à écrire, remplissent des liasses de feuilles,
souvent sans laisser d’espace libre, ce qui peut rappe-
ler les dessins de certains déments qui, comme les
psychotiques, remplissent la feuille de leurs produc-
tions sans laisser de blanc [1, 7]. Il existe cependant
plusieurs formes d’hypergraphie. L’hypergraphie fron-
tale (ou graphomanie) s’exprime habituellement sous
la forme de phrases très répétitives, voire dépourvues
de sens, très automatiques, inadaptées au contexte.
Nos patients artistes en sont loin, car la production de
poésies nécessite une maîtrise très exigeante de la
pensée, de son organisation, de la versification et des
rimes. Les peintures produites ne se résument pas plus
à la production stéréotypée de quelques schèmes. Or,
on a aussi décrit une hypergraphie « émotionnelle »,
après lésion temporale droite (épilepsie temporale
droite, surtout en période intercritique, AVC sylvien
droit), où l’écriture reflète les préoccupations du patient
et peut témoigner d’une certaine créativité, prenant la
forme de poésies ou de nouvelles [27, 28]. Un fait
surprenant avait été découvert par Sachdev et Waxman
[29] : le comportement des épileptiques temporaux
devant un questionnaire. Les réponses étaient à la fois
plus fréquentes et plus détaillées. Quand les témoins
répondaient en moyenne en 106 mots, ces patients
répondaient en 1 301 mots...
La propension à dessiner ou peindre peut aussi se
révéler comme une nécessité pour communiquer avec
l’entourage, encore faut-il offrir au patient le moyen
d’utiliser ce canal d’expression. Chez un patient rendu
aphasique ou mutique par la démence, la peinture peut
se révéler d’une grande finesse pour transmettre ses
émotions, comme nous avons pu clairement l’observer
dans les autoportraits du peintre Utermohlen [4] ou de
l’artiste cité par Mendez [15]. Chez certains patients
souffrant d’une DFT très avancée, c’est presque fortui-
tement que des aptitudes de dessin insoupçonnées ont
été révélées et ont permis de comprendre que le
patient était plus conscient qu’il n’y paraissait de son
environnement [10, 30].
Points clés
•L’aggravation progressive d’une démence ne
s’accompagne pas forcément de façon linéaire d’une
perte des capacités de créativité artistique.
•Celles-ci peuvent parfois constituer un vecteur de
communication permettant au patient de transmet-
tre ses émotions et son vécu et de la maladie.
•Dans certaines démences, le plus souvent des
démences frontotemporales, on peut assister à
l’émergence d’un talent artistique jusqu’alors
insoupçonné.
•Une telle libération créative peut aussi s’observer
chez des patients parkinsoniens traités.
Son mécanisme reste discuté.
F. Sellal, M. Musacchio
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 200864
Une autre interprétation de cette pulsion à produire
a été de la considérer comme une forme d’hypomanie,
voire de manie, dont on sait qu’elles peuvent être
fécondes sur le plan artistique. Certes une exaltation
excessive est souvent mentionnée, mais l’hypomanie
se traduit typiquement par une surestimation de ses
capacités, sans corrélation avec la qualité des produc-
tions, et donne plutôt lieu à un comportement désor-
donné avec une fuite des idées, alors qu’au contraire
les malades aux talents artistiques sont totalement
absorbés par leur tâche et durablement (si ce n’est
exclusivement) concentrés sur celle-ci. C’est la raison
pour laquelle d’autres auteurs ont préféré parler de
comportement impulsif [31], compulsif [10] ou obses-
sionnel [13]. Vraisemblablement, l’enthousiasme du
patient, sa confiance en lui, l’aident pour beaucoup à
transgresser les conventions académiques. D’une cer-
taine façon, la marginalisation permise par la maladie
ressemble à celle souvent observée chez les artistes
qui s’écartent du regard de la société [24].
Les cas de créativité associée à une exaltation de
l’humeur et une désinhibition après majoration du trai-
tement antiparkinsonien soulèvent enfin la question
des bases neurobiologiques de la créativité. Les traite-
ments dopaminergiques n’améliorent que modeste-
ment la cognition, essentiellement la mémoire de tra-
vail. Dans la maladie de Parkinson, ils ne permettent,
au mieux, que de retrouver le fonctionnement cognitif
prémorbide ; lorsqu’il existe un net déficit cognitif, plus
dû à une déplétion cholinergique que dopaminergique,
les traitements antiparkinsoniens sont de peu de
secours. Enfin, on ne décrit pas d’acquisition d’habile-
tés nouvelles sous lévodopa [32]. En revanche, la dopa-
mine joue un rôle bien identifié dans la motivation et le
sentiment de récompense avec renforcement. Le com-
portement compulsif de versification ou de peinture de
certains parkinsoniens est très proche du syndrome de
dysrégulation dopaminergique décrit chez une petite
fraction des malades, qui absorbent de façon compul-
sive la lévodopa au-delà des doses nécessaires à leur
confort moteur et peuvent développer des comporte-
ments addictifs tels que le jeu pathologique, des achats
inconsidérés, etc. [33, 34].
De façon intéressante, deux cas sur trois chez les-
quels est apparu un talent artistique venaient de com-
mencer un traitement par agoniste dopaminergique, le
lisuride ou le ropinirole qui ont, directement ou indirecte-
ment, aussi des effets sérotoninergiques. Or, la stimula-
tion sérotoninergique a été utilisée par les artistes dans
les années 1960-1970 pour exalter leurs perceptions
visuelles, et les inhibiteurs de la recapture de la séroto-
nine peuvent induire des hallucinations visuelles [18, 35]
.
Conclusion
A l’issue de cette revue d’une littérature assez
récente, on constate que l’incidence des démences sur
la créativité artistique est très variable. Certes, dans
certaines démences telles que la maladie d’Alzheimer,
la dégradation des aptitudes techniques a souvent un
effet délétère sur l’expression d’une créativité artisti-
que, mais on peut observer l’exemple de plusieurs
artistes chez lesquels la modification de leurs aptitudes
techniques les a amenés à changer de style et prendre
plus de liberté, sans que leur créativité soit diminuée.
De surcroît, pour peu que les patients soient mis en
confiance, une telle créativité peut apparaître, même
en l’absence d’un bagage technique remarquable, ainsi
que le montrent les productions en art-thérapie.
Dans les démences frontotemporales et les démen-
ces sémantiques, les fonctions visuo-praxiques sont
préservées et la production picturale se ressent surtout
de la plus grande audace du patient, qui s’affranchit
des règles établies pour donner libre cours à ses émo-
tions voire laisser divaguer ses intentions. La perte des
connaissances sémantiques peut cependant débou-
cher sur des productions très schématisées voire sté-
réotypées. Dans ce contexte on peut donc voir des
artistes complètement changer de style mais aussi
assister à l’émergence de talents artistiques de novo.
Une des caractéristiques de la production artistique
des patients déments est son caractère compulsif, pro-
lifique dont l’origine peut relever, selon les cas, d’une
plus grande confiance en soi, d’un plus grand senti-
ment de récompense, d’un besoin de communiquer
voire d’un comportement stéréotypé.
En guise de conclusion, il est utile de se référer à ce
que disait Laborit [20] de la créativité : « Le besoin
d’être admiré, aimé, apprécié, qui envahit chacun de
nous, pousse l’artiste au non-conformisme. Il refuse le
déjà vu, le déjà entendu. La création est à ce prix et
l’admiration qu’elle suscite également ». La démence
peut être une façon inattendue de s’éloigner du déjà-
vu, du déjà-entendu, des techniques et modes de repré-
sentation convenus. Ainsi, elle peut parfois déboucher
sur une créativité artistique qui nous rappelle que, mal-
gré une accumulation de fonctions cognitives perdues,
le malade n’existe pas que par son passé, mais reste un
être pensant et sensible.
Créativité artistique et démence
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 1, mars 2008 65
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