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Mental health in expatriates

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Abstract

To be an expatriate can be a very rewarding experience. Nevertheless, it requires a great ability of adaptation to a new environment. The living and professional conditions may be very demanding. They can have an influence on the physical and mental health. The basic and cumulative stress should be prevented by a good preparation before departure, a thorough follow-up during the expatriation and upon return. The expatriate, the family doctor and the employer play an important role during the whole period of expatriation. Their close collaboration permits an ideal management of possible stress related problems.
S.Aebischer Perone
H. van Beerendonk
J.Avril
G. Bise
L. Loutan
INTRODUCTION
Le fait de résider dans un pays loin de chez soi est une expé-
rience enrichissante, qui demande une grande capacité d’adap-
tation. Dans un nouvel environnement avec une possible perte
des repères, loin des proches, les expatriés font face à des con-
ditions de vie et de travail exigeantes avec un risque d’épui-
sement lié aux difficultés d’adaptation, à la surcharge de travail et aux éventuels
problèmes de sécurité. Par ailleurs, il est fréquent que des situations de stress
mènent à des prises de risque, comme la conduite automobile dangereuse, l’oubli
de prise d’antipaludéens, l’abus de substances (alcool, somnifères, drogues) et
des rapports sexuels non protégés. Ces comportements à risque peuvent mettre
la personne, le travail et l’équipe en danger et nécessiter un rapatriement. Il est
donc essentiel d’anticiper d’éventuelles difficultés, d’informer et préparer les
expatriés avant leur départ, de les soutenir durant le séjour à l’étranger et au
retour.
Voici deux exemples de situations d’expatriés confrontés à des défis mettant
leur santé mentale en danger.
SITUATION 1
Un couple part pour la première fois à l’étranger. L’épouse qui travaillait jus-
qu’alors comme enseignante, quitte son emploi pour suivreson mari qui a
obtenu un poste d’ingénieur dans une ville d’Afrique. L’ingénieur est très vite
pris par ses nouvelles activités professionnelles et ne rentre que tard le soir
àla maison. Il n’a plus l’énergie pour écouter son épouse. L’environnement
tropical avec sa chaleur humide, ses bruits
étranges
et ses odeurs fortes
impressionnent dès le début la femme restée au foyer. Ne parlant pas la
langue locale, elle ne trouve personne avec qui partager ses difficultés. Elle
perd rapidement l’appétit et le sommeil. Fatiguée, toute activité lui pèse et
elle ne sort plus. Ses proches alertés par téléphone prennent contact avec son
médecin de famille qui connaît la jeune femme depuis son enfance. Grâce à
des entretiens avec son médecin et le soutien de ses proches, elle arrive à
reprendre confiance et à trouver des moyens pour faire face à ses difficultés.
Mental health in expatriates
To be a n expa tri ate ca n be a ve ry re ward ing
experience. Nevertheless, it requires a great
ability of adaptation to a new environment.
The living and professional conditions may be
very demanding. They can have an influence
on the physical and mental health. The basic
and cumulative stress should be prevented
by a good preparation beforedeparture, a
thorough follow-up during the expatriation
and upon return. The expatriate, the family
doctor and the employer play an important
role during the whole period of expatriation.
Their close collaboration permits an ideal
management of possible stress related pro-
blems.
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Le fait d’être expatrié est une expérience enrichissante de-
mandant une grande capacité d'adaptation due à la confron-
tation à un nouvel environnement. Les conditions de vie et pro-
fessionnelles peuvent être exigeantes avec une répercussion
sur la santé physique et mentale. Le stress de base et le stress
cumulatif peuvent en grande partie être prévenus par une
bonne préparation avant le départ, un suivi attentif pendant
l’expatriation et une prise en charge au retour. L’expatrié, le
médecin de famille et l’employeur jouent un rôle important
durant toute la période de l’expatriation. L’interaction étroite
entre ces différents acteurs permet une gestion idéale de pos-
sibles problèmes liés au stress.
Stress et santé mentale
chez les expatriés
le point sur…
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Elle se rend à l’école locale où elle rencontre la direc-
trice. Celle-ci l’informe de la présence d’un cercle d’ex-
patriés et lui propose d’assister à ses cours afin d’ap-
prendre la langue locale.
SITUATION 2
Un homme de 35 ans effectue sa première mission. Il a
atteint un poste élevé dans une grande entreprise et a
des projets de mariage. Cependant, il veut réaliser un
vieux rêve et travailler dans le domaine humanitaire. Il
suit un cours de formation avant son départ en mission
en Asie. A son arrivée, il passe d’abord quelques jours en
capitale avant d’être affecté dans une ville à plusieurs
heures de route du premier grand centre. Son travail
est prenant, il est quotidiennement en contact avec les
bénéficiaires et leur détresse. Lors de ses déplacements
fréquents, il saute souvent un repas. Partageant un loge-
ment avec des collègues plus jeunes, il n’arrive pas à se
reposer. Il commence à être irritable et présente une
hyperactivité non productive. Son supérieur hiérarchi-
que lui fait remarquer son changement de comporte-
ment, mais il ne veut rien entendre. Lors d’un séjour en
capitale, il contacte un médecin qui décide un retour en
Suisse. Epuisé, amaigri il ne dort plus et a de la peine à
se concentrer.Les symptômes ne s’améliorant pas après
un repos de quelques semaines, son médecin le réfère
àun spécialiste.
DIFFÉRENTS TYPES DE PROBLÈMES DE
SANTÉ MENTALE CHEZ LES EXPATRIÉS
Stress de base – de l’expatriation
C’est le stress sous-jacent, indépendant du travail hu-
manitaire en zone de conflit. Il se manifeste surtout au
début et à la fin de la mission. En principe, il diminue avec
l’adaptation. Beaucoup d’expatriés trouvent que de tra-
vailler à l’étranger est passionnant. Cependant, ils ressen-
tent tous un certain degré de désorientation, confusion et
anxiété à l’adaptation au nouvel environnement.1On
observe souvent
quatre phases d’adaptation
2qui sont en re-
lation avec le changement de la perception de la nouvelle
cultureet qui s’expriment par des émotions. La première
phase est celle d’une lune de miel (stimulante et excitante),
suivi de la désillusion (la nouvelle cultureest perçue com-
me intrusive, peu familière et problématique). Pendant
cette phase, l’expatrié peut se sentir désillusionné, sub-
mergé, irrité, isolé, anxieux, fatigué ou déprimé. Ensuite, il
yal’adaptation partielle où tout devient plus facile à com-
prendre et plus prévisible. L’expatrié commence à se sentir
chez soi. Par la suite, l’expatrié perçoit le nouvel environ-
nement meilleur que celui d’origine (sur certains points,
pas sur tous). Il se sent confortable, accepte les coutumes
locales et se sent à la maison.3Si l’expatrié n’arrive pas
s’adapter, ou résoudre des difficultés (personnelles, pro-
fessionnelles ou liées à l’environnement), il peut être né-
cessairequ’il quitte le pays prématurément pour éviter de
tomber malade.
Stress cumulatif – stress de l’expatr
Le stress cumulatif est associé au travail humanitaire et
au travail de l’expatrié en général. Il est fréquent, sournois
et envahissant. Ses causes sont l’accumulation de plusieurs
facteurs de stress (personnel, travail et environnement cau-
sant des frustrations) avec exposition prolongée à ces fac-
teurs. Une lourde charge de travail est souvent associée à
un manque de reconnaissance du travail accompli et à des
difficultés de communication. S’y ajoutent la nécessité de
faireface à des situations devant lesquelles on se sent
désarmé (souffrance des bénéficiaires, guerre, environne-
ment de conflit) ou au contraire des situations d’attente avec
impossibilité d’agir pour des raisons de sécurité.4Souvent,
onobserve une
compassion fatigue
,l’épuisement émotionnel
d’avoir trop vécu dans la souffrance. Si le stress cumulatif
n’est pas identifié, il peut conduireau surmenage et à l’épui-
sement professionnel.5
Stress traumatique
Ce stress est secondaire à un événement violent impré-
visible. L’intégrité physique et psychique de la personne, ou
celle de l’un de ses proches immédiats, est brutalement
agressée ou menacée. Durant cet événement violent, la per-
sonne est confrontée à la réalité de la mort. Ceci provoque
l’effroi et un sentiment d’impuissance. Le risque d’exposition
au stress traumatique est plus élevé dans les situations de
guerre, d’insécurité ou de catastrophe naturelle. Cependant,
des actes de criminalité existent partout.6Si les symptô-
mes du stress traumatique (tableau 1) persistent plus d’un
mois, on parle d’un syndrome de stress post-traumatique
qui nécessite une prise en charge spécialisée.7-9
Décompensation psychique
La décompensation psychique, qui arrive heureusement
très rarement, nécessite une prise en charge immédiate
dans le pays d’expatriation avec stabilisation, suivie d’un
rapatriement. Dans les cas aigus, le rapatriement médical
doit se faireavec l’accorddes compagnies aériennes et la
personne souffrante doit être accompagnée par un profes-
sionnel de la santé. Il est donc essentiel de tenir compte
des antécédents psychologiques des personnes avant de
leur proposer une mission à l’étranger.10
Réponses au stress
Les réactions des personnes exposées à une situation
de stress sont des réactions normales à des situations né-
cessitant une adaptation accrue ou à des situations anorma-
les vécues par la personne. Les réactions sont individuelles
et liées à la personne, car toutes les personnes ne sont pas
affectées et ne réagissent pas de la même façon aux évé-
nements.
PRINCIPES DE BASE DE LA GESTION ET
PRÉVENTION DU STRESS ET DES PROBLÈMES
MENTAUX
Les problèmes psychologiques dus à des situations de
stress auxquelles les expatriés sont exposés peuvent en
majorité êtreprévenus. En effet, une bonne préparation
avec information, évaluation et prise en compte des carac-
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téristiques de la personne, suivie d’une écoute active et
d’un soutien continu, permet de diminuer les risques. Une
collaboration étroite entre l’expatrié lui-même, ses pro-
ches, son médecin, ses collègues et l’employeur est es-
sentielle.
Avant le départ
Expatrié
Il est essentiel de s’informer sur le pays de destination, sa
culture et le travail à effectuer. En cas de départ en famille,
prévoir un, voire les premiers, mois seul pour préparer
l’accueil de celle-ci (logement, école, garde de l’enfant).
Un cours de langue débuté avant le départ peut faciliter
les premiers contacts sur place. En cas de besoin, des
compétences professionnelles additionnelles doivent être
acquises avant de débuter le travail sur place. Par ailleurs,
il est important d’anticiper et prévenir l’isolement par des
contacts, un accès à l’information (journaux, radio, télévi-
sion, ordinateur avec consultation en ligne)11 et d’emporter
de quoi pratiquer des activités de détente (par exemple:
articles de sport, peinture, lecture, musique, films DVD). Il
est utile de prendre les coordonnées de son ambassade
dans le pays de destination et de s’informer sur les ser-
vices médicaux disponibles (par exemple : en consultant
le site du Département fédéral des affaires étrangères).12
L’assurance maladie et accidents avec possibilité de rapa-
triement doit couvrir le pays de destination.
Employeur
Une politique d’entreprise quant à la santé des colla-
borateurs est importante pour assurer le bien-être de ses
employés.13 L’ e mp l o y e u r a l e d e v o ir d e d o n n er d e l ’ i n fo r -
mation pertinente sur la destination (environnement, santé,
travail) et de confronter le collaborateur avec ses attentes.
Il est essentiel d’avoir une description claire des tâches et
d’en discuter avant le départpour éviter les sources de
stress mentionnées plus haut. Il peut être nécessaire de
former l’expatrié avant qu’il parte. La formation peut être
spécifique quant au travail sur le terrain ou s’adresser à la
gestion du stress par le collaborateur lui-même. Par ailleurs,
l’employeur devrait former les cadres à la prise en charge
des personnes présentant des difficultés. L’évaluation du
collaborateur avant de l’envoyer à l’étranger est importante.
En effet, le choix du lieu et du poste proposés se fait en
fonction des capacités d’adaptation et de l’expérience an-
térieure. Afin d’assurer la meilleure couverture médicale
pendant le séjour à l’étranger, l’employeur identifie des
structures de santé de référence et contracte des assuran-
ces médicales couvrant aussi le rapatriement.
Pendant le séjour
Expatrié
Il faut toujours garder en tête que l’expatrié reste un
invité dans le pays hôte. Il est important de rester ouvert
et tolérant, d’observer sans juger et d’adapter son compor-
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Tableau 1. Différents types de stress chez les expatriés : causes, signes et symptômes, prise en charge
Causes Signes et symptômes Prise en charge
a) Stress de base – de l’expatriation
L’inquiétude des proches et de la famille Désillusion • Offrir un espace d’écoute
Problèmes non résolus avant le départ Anxiété • Changer le regard de la personne
Environnement externe Fatigue • Changer d’environnement
Environnement professionnel Troubles du sommeil
Conflits avec hiérarchie ou collègues Troubles de l’appétit
Difficultés de la gestion de la fin de mission Modifications de caractère
Perte de confiance en ses capacités
Questionnement douloureux sur l’expatriation
b) Stress cumulatif – de l’expatrié
Lourde charge de travail ou immobilité Fatigue • Il est important de veiller à se nourrir
et inactivité Troubles digestifs correctement et régulièrement, de prendre un
Non validation du travail accompli Troubles de sommeil temps suffisant de repos et de partager ses
Frustration quant à la capacité de répondre Céphalées émotions et son vécu (3 x R : repas, repos,
aux besoins des bénéficiaires Irritabilité exagérée relations)
Faire face à des situations devant lesquelles Hyperactivité non productive • Les discussions avec ses collègues et supérieurs
on se sent désarmé (souffrance des victimes, Signes d’alarme hiérarchiques sur place permettent un soutien
guerre, environnement de conflit) Accoutumance au danger efficace par les «pairs» qui vivent dans le même
Impossibilité de prendre de la distance Comportement à risque environnement et comprennent parfois mieux
Abus de substances les difficultés que des personnes restées dans le
Difficultés à prendre des décisions pays d’origine
Insensibilité, apathie
c) Stress traumatique
Implication directe ou témoin de : • Culpabilité ou colère • Un «defusing» immédiat avec partage des
Menace violente sur la personne ou proche Sentiment de toute-puissance émotions est effectué sur place par des
Accident Désorientation et confusion passagère collègues dans un lieu sécurisé (3xT time,
Massacre Troubles de la concentration tears, talk). Si nécessaire un débriefing
Catastrophe naturelle Changement de caractère psychologique est effectué plus tard
Acte de guerre Cauchemars et troubles du sommeil • Normalement les symptômes régressent après
Acte criminel Flash-back 6-8 semaines. En cas de persistance, une prise
Evitement en charge spécialisée est envisagée
• Reviviscence
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tement de façon respectueuse (vêtements et attitudes non
provocantes). Un contact personnalisé avec la population
en s’intéressant aux conditions de vie et à la culture locale
est enrichissant et permet de s’adapter plus facilement.
Des contacts rapprochés avec les collègues de travail ou
les employées de maison facilitent l’accès au pays. Si la
situation le permet, la personne peut partir en famille ou
faire venir ses proches pour un court séjour et ainsi partager
son vécu. Un lien avec le pays d’origine peut être maintenu
en se tenant au courant des nouvelles. Il est essentiel qu’à
l’étranger comme à la maison, les personnes restent atten-
tives aux signes de fatigue et de stress, et s’aménagent des
périodes de repos et de récupération pour se ressourcer
(par exemple en effectuant des activités sportives, artisti-
ques ou musicales). Des cercles d’expatriés, des sorties avec
des collègues d’autres organisations, des amitiés avec des
gens du pays et voyages dans le pays permettent de chan-
ger le regard sur le pays et sur soi-même.
Employeur
Le supérieur hiérarchique, qui devrait être un exemple
pour ses collaborateurs, s’assure par un contact régulier,
que tout va bien, reconnaît le travail effectué et apporte un
soutien spécifique si nécessaire. L’amélioration des condi-
tions de vie (mise à disposition du logement, facilitation de
l’accès aux communications et moyens de transport), joue
un rôle important dans la capacité à gérer le stress lié à
l’expatriation (stress de base). De même, en fonction des
difficultés du travail et des conditions de vie et sécuri-
taires, des périodes de récupération sont aménagées pour
éviter un stress cumulatif. En cas de problèmes majeurs de
santé mentale, ou d’un stress traumatique, l’employeur se
charge de la prise en charge de son collaborateur sur place
avant un possible rapatriement.
Au retour
Expatrié
Avant le retour au pays d’origine, la suite de la vie privée
et professionnelle devrait être envisagée. A nouveau chez
soi, la personne doit se réadapter à sa propre culture, à ses
proches et à son environnement, ce qui peut provoquer
un stress équivalent à celui du stress de base. Souvent,
l’entourage a de la peine à comprendre les difficultés ne
pouvant pas partager le vécu de l’expatrié. Un retour pro-
longé par un voyage ou des vacances sans course contrele
temps facilitent l’adaptation. Au retour, la personne devrait
pour se ressourcer et se reposer, prévoir du temps avec
ses proches et recréer un programme d’activités. C’est
aussi le moment pour lui de faire le bilan de son séjour à
l’étranger,d’identifier les facteurs stressants rencontrés et
comment il les a gérés et de redéfinir ses priorités et
besoins en fonction desquels il envisagera un nouveau
départ ou pas.
Employeur
Durant le débriefing du collaborateur,l’employeur s’in-
téressera non seulement au travail effectué, mais aussi au
vécu. La durée des vacances avant une nouvelle expatria-
tion sera établie en fonction de l’état physique et psycho-
logique de la personne au retour. Un minimum de cinq à
six semaines est nécessaire pour qu’elle puisse se res-
sourcer et partir en forme. Une nouvelle destination doit
tenir compte du vécu de la dernière expatriation, de l’ex-
périence gagnée et des exigences professionnelles. Au
besoin, l’employeur devrait préparer et faciliter le recyclage
professionnel des collaborateurs désirant reprendre le tra-
vail dans leur pays d’origine.
Rôle du médecin
Un bilan médical complet avant le déparl’étranger
permet au médecin d’évaluer l’état de santé mentale de
son patient. Une information personnalisée sera alors don-
née quant aux risques pour la santé physique et mentale
(par exemple: choix adapté des antipaludéens) et com-
ment faire face aux possibles difficultés liées à un séjour à
l’étranger (stress de base et cumulatif). En cas de maladie
psychiatrique sévère ou non compensée, le médecin dé-
conseillera le départ. Le patient peut le contacter durant
son séjour à l’étranger. Au retour, l’état de santé mentale du
patient est réévalué, avec si nécessaire un suivi ou une
référence à un spécialiste. L’avis favorable du médecin sur
une prochaine expatriation permet d’éviter que des per-
sonnes partent sans avoir résolu des problèmes psycholo-
giques.
CONCLUSIONS
Une bonne préparation avec information pertinente sur
le pays de destination contribue au bien-êtrede la person-
ne partant à l’étranger.Le médecin joue un rôle primordial
quant à la santé physique et mentale de son patient. Par
sa connaissance de la personne et de son entourage, il peut
identifier d’éventuels problèmes et l’assister à y faireface.
Par ailleurs, il donnera son avis par rapport à l’adéquation
de la destination choisie. Durant le séjour à l’étranger, les
personnes restent responsables de prendre soin d’elles-
mêmes, de rester à l’écoute d’éventuels changements de
comportement et ne pas hésiter en cas de besoin d’expri-
mer leurs difficultés. L’expatrié, l’employeur et le médecin
doivent collaborer avant, pendant et au retour du séjour à
l’étranger afin d’assurer le bien-êtrede l’expatrié et de ses
proches.
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Implications pratiques
Les personnes partant travailler à l’étranger sont respon-
sables de leur santé et doivent rester à l’écoute d’éventuels
changements de comportement
Une évaluation, avec si nécessaire un soutien psychologique
par le médecin, est importante avant, pendant et après le
retour d’un séjour à l’étranger
Une politique d’entreprise quant à la santé de collaborateurs
inclut une préparation adéquate,un soutien durant le séjour
et au retour de ses employés
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study.Ann Gen Psychiatry 2005;4:4.
11 Informations nationales suisses et internationales :
www.swissinfo.org
12 Département fédéral des affaires étrangères
www.eda.admin.ch
13Filot A. Psychological support to MSF Belgium staff,
2006. annick.filot@brussels.msf.org
*àlire
* lire absolument
Bibliographie
Drs Sigiriya Aebischer Perone, Hendrica van Beerendonk,
Jacqueline Avril et Gérard Bise
Unité santé des collaborateurs
CICR, 19,avenue de la Paix,1202 Genève
saebischerperone@icrc.org
hvanbeerendonk@icrc.org
javril@icrc.org
gbise@icrc.org
Pr Louis Loutan
Unité de médicine des voyages et migrations
Département de médecine de premier recours
HUG, 1211 Geneve 14
louis.loutan@hcuge.ch
Adresses
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... However, adaptation/adjustment may be defined as the comfort degree (or the stress absence) associated with the role of the expatriate (Bhaskar-Shrinivas et al., 2005); expatriates who fail to face the demands of a job and do not properly adapt to a new environment may experience high levels of stress (Perone et al., 2008). ...
... In our model, fear of expatriation is particularly associated with mental health problems. This result is in line with the field literature (i.e., Perone et al., 2008;Andresen et al., 2014;Aracı, 2015). In addition, an expatriate might go through several personal and professional problems. ...
... Similarly, fear of expatriation may significantly lead to perceiving a priori all foreign working conditions as being more dangerous. These findings support our assumption and the literature (Perone et al., 2008;Andresen et al., 2014). The impact of working and living conditions -resulting, for instance, in perceived risks of harms -might be higher if expatriates are scared by the impeded living conditions or by the threat of violence. ...
Article
Full-text available
Companies’ internationalization appears to be fundamental in the current globalized and competitive environment and seems important not only for organizational success, but also for societal development and sustainability. On one hand, global business increases the demand for managers for international assignment. On the other hand, emergent fears, such as terrorism, seem to be developing around the world, enhancing the risk of expatriates’ potential health problems. The purpose of this paper is to examine the relationships between the emergent concept of fear of expatriation with further workplace fears (economic crisis and dangerous working conditions) and with mental health problems. The study uses a quantitative design. Self-reported data were collected from 265 Italian expatriate workers assigned to both Italian and worldwide projects. Structural equation model analyses showed that fear of expatriation mediates the relationship of mental health with fear of economic crisis and with perceived dangerous working conditions. As expected, in addition to fear, worries of expatriation are also related to further fears. Although, the study is based on self-reports and the cross-sectional study design limits the possibility of making causal inferences, the new constructs introduced add to previous research.
... There are studies focusing on risks prevention during expatriation (Hamer et al. 2008, Dow 2000, Murrison 2000, Bunn 1999, Moore 1994and Karpilow 1991 in accordance with the objectives of the occupational health services. Perone et al. (2008) wrote an article dedicated to expatriates' mental health risk prevention. They identified three entities as more frequent: i) basic stress, which occurs in the beginning of expatriation: characterized by irritability, anxiety and fatigue; ii) cumulative stress, which is associated with the expatriate in general. ...
... The relations between mental health and expatriation are medically established based on the detection of the physiological response to stress (Anderzén 1998), and on the high incidence of affective and adjustment disorders (Foyle et al. 1998) during international assignments. These results are reinforced by studies in management area about expatriates' psychological adjustment, sociocultural adjustment and repatriation difficulties (Perone et al. 2008, Selmer 2004, Selmer and Leung 2003-I, Shaffer and Harrison 2001, Feldman and Tompson 1993, Nicholson and Imaizumi 1993, Briody & Chrisman 1991, Harvey 1989, Black 1988, Adler 1986, Harvey 1985, Brett 1982and Adler 1981. ...
... Expatriation is a stressful life event (Perone et al. 2008, Eytan and Loutan 2006, Dow 2000and Anderzén 1998. Perone et al. (2008) presented basic stress as inherent to expatriation. ...
Chapter
Etwa 25–30 % der Menschheit leidet im Laufe ihres Lebens an einer psychischen Störung, und Expatriates bilden hierbei keine Ausnahme. Ganz im Gegenteil, es gibt einige Hinweise auf höhere Prävalenzen von psychischen Störungen bei Expatriates. Dieses Kapitel versucht, einen Überblick über den Wissensstand zu psychischen Störungen bei Expatriates zu geben, und erste Erklärungsversuche für die erhöhten Fallzahlen werden formuliert. Es werden sowohl Maßnahmen zur Prävention als auch zur Behandlung von psychischen Störungen eingeführt, und es wird die Frage diskutiert, ob Onlinepsychotherapie das Mittel der Wahl für Expatriates mit psychischen Störungen ist. Schließlich werden konkrete Tipps für das Finden von passenden Therapeut*innen gegeben.
Article
During a stay abroad, travelers are exposed to dangers and threats. This is nothing new, and most of the risks (e.g. traffic accidents) remain the same for many years. Large territories have nonetheless become inaccessible due to political instability, national or international conflicts, terrorist threat, or kidnapping risk. It is thus necessary to consider the problematic of security, whether at the time of preparation or at the destination. Beyond the usual pre-departure health counseling, the primary care physician may have a role to accompany the traveller in the management of his or her security. The aim should be to make travelers conscious of hazards and direct him or her towards available resources for planning, decision making support, and implementation of risk mitigation measures.
Article
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Frequently, expatriates and humanitarian workers change their lifestyle during expatriation and take more risks. Exposure to sun and heat, alcohol abuse, unprotected sexual relationships, stress, accidents and security incidents are the main non infectious health risks. It is important to prevent them, as the consequences are more serious abroad. Their prevention lies on the responsibility of every individual to adapt their behaviour and lifestyle to the environment, as well as on institutional guidelines concerning risky behaviour.
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Evaluation of the referral, admission, treatment, and outcome of overseas patients admitted to a psychiatric hospital in central London. Ethical, legal and economic implications, and the involvement of consulates in the admission process, are discussed. Assessment and review of overseas patients admitted between 1 January 1999 and 31 December 1999. Non-parametric statistical tests were used, and relevant outcomes described. 19% of admissions were overseas patients. Mean age was 38 years. 90% were unattached; 84% were white, 71% from European countries. 45% spoke fluent English. Differences in socio-economic status between home country and England were found. 74% were unwell on arrival; 65% travelled to England as tourists. 65% of admissions came via the police. 32% had been ill for more than one year before admission; 68% had psychiatric history. 77% were admitted and 48% discharged under section of the Mental Health Act. 74% had psychotic disorders, all of them with positive symptoms. 55% showed little to moderate improvement in mental state; 10% were on Enhanced Care Programme Approach. Relatives of 48% of patients were contacted. The Hospital repatriated 52% of patients; the Mental Health Team followed up 13% of those discharged. The average length of admission was 43.4 days (range 1–365). Total cost of admissions was GBP350, 600 ($577, 490); average individual cost was GBP11, 116 (range GBP200-81, 000). Mentally ill overseas individuals are a vulnerable group that need recognition by health organisations to adapt current practice to better serve their needs. The involvement of consulates needs further evaluation.
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As travel has become easier and more affordable, the number of people traveling has risen sharply. People travel for many and varied reasons, from the business person on an overseas assignment to backpackers seeking new and exotic destinations. Others may take up residence in different regions, states or countries for family, business or political reasons. Other people are fleeing religious or political persecution. Wherever they go and for whatever reason they go, people take their culture with them. Culture, like language, is acquired innately in early childhood and is then reinforced through formal and complex informal social education into adulthood. Culture provides a framework for interpersonal and social interactions. Therefore, the contact with a new culture is often not the exciting or pleasurable experience anticipated. When immersed in a different culture, people no longer know how to act when faced with disparate value systems. Contact with the unfamiliar culture can lead to anxiety, stress, mental illness and, in extreme cases, physical illness and suicide. "Culture shock" is a term coined by the anthropologist Oberg. It is the shock of the new. It implies that the experience of the new culture is an unpleasant surprise or shock, partly because it is unexpected and partly because it can lead to a negative evaluation of one's own culture. It is also known as cross-cultural adjustment, being that period of anxiety and confusion experienced when entering a new culture. It affects people intellectually, emotionally, behaviorally and physically and is characterized by symptoms of psychological distress. Culture shock affects both adults and children. In travelers or workers who have prolonged sojourns in foreign countries, culture shock may occur not only as they enter the new culture, but also may occur on their return to their original culture. Children may also experience readjustment problems after returning from leading sheltered lives in expatriate compounds. This readjustment back to their own culture after a period of time abroad has been termed "reverse culture shock, a condition which has been studied in both corporate managers and Peace Corps volunteers. With culture shock and many other processes of psychological adjustment, people tend to suffer alone, thinking that they are the only ones not coping well with their new circumstance. The objective of this paper was to bring the phenomenon of culture shock to the awareness of travel health advisors, who can in turn advise travelers, especially longer term travelers, about having realistic expectations of their travel and life in new cultures.
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The mental health consequences of exposure to traumatic events and the risk factors for psychological morbidity among expatriate and Kosovar Albanian humanitarian aid workers have not been well studied. In June 2000, we used standardised screening tools to survey 285 (69.5%) of 410 expatriate aid workers and 325 (75.8%) of 429 Kosovar Albanian aid workers from 22 humanitarian organizations that were implementing health programmes in Kosovo. The mean number of trauma events experienced by expatriates was 2.8 (standard deviation: 2.7) and by Kosovar staff 3.2 (standard deviation: 2.8). Although only 1.1% of expatriate and 6.2% of Kosovar aid workers reported symptoms consistent with the diagnosis for post-traumatic stress disorder, 17.2% and 16.9%, respectively, reported symptoms satisfying the definition of depression. Regression analysis demonstrated that the number of trauma events experienced was significantly associated with depression for the two sets of workers. Organisational support services may be an important mediating factor and should be targeted at both groups.
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Employers' duties of care under both common and statute law include the need to take reasonable care of the health and safety of the workforce. This includes both the moral and legal duties to consider the psychological needs of personnel following exposure to traumatic events related to the workplace. While this has been recognized within many high-risk occupations such the police, fire and rescue services and the military, there is also evidence that post-trauma support in the workplace is increasingly commonly provided not only among health and social services agencies, but within many private sector organizations. Over the past decade, however, there has been considerable controversy over the provision of early psychological support to personnel in the form of critical incident stress management (CISM) processes. In particular, one aspect of CISM, the use of psychological debriefing (PD) has come under scrutiny and criticism as two studies indicated that PD was ineffective and had the potential to do harm. Inevitably, this has provoked much uncertainty and confusion among some organizations as what should be the most appropriate support. It has also led to misconceptions and misunderstandings as to the aims and purpose of PD, together with inaccuracies of terminology, for example describing PD as 'counselling'. Despite the controversy, both CISM and PD continue to be provided on a widespread basis, often utilizing a framework of voluntary peer group support. This paper intends to (i) present a review of the current status of CISM practices, including the use of PD within various organizations in the UK and (ii) provide a clear framework and understanding of the main issues and to clarify conceptual misunderstandings. The history, principles and background of the use of post-trauma support in the workplace, charting trends over the past two decades, previous research, problems with the evidence base and current thinking and practice in the field are reviewed. The relevance and implications of the National Institute for Clinical Excellence Guidelines on the Assessment and Management of Post Traumatic Stress Disorder, which make recommendations for early interventions for post-traumatic stress disorder are discussed. Reference is made to the use of CISM and PD within both statutory and voluntary organizations in an international context.
Anticipate the psychologic effects of expatriate life
  • F Gillingham
Gillingham F. Anticipate the psychologic effects of expatriate life. www.hthtravelinsurance.com/travel_cen-ter/expats/004.cfm
Le programme de soutien psychologique aux intervenants humanitaires du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Rev Fr Psychiatr 5 UNHCR. Managing the stress of humanitarian emergencies. Staff welfare unit, career and staff support service
  • B Bierens De Haan
  • Van Beerendonk
  • H Michel
  • N Mulli
Bierens de Haan B,Van Beerendonk H, Michel N, Mulli JC. Le programme de soutien psychologique aux intervenants humanitaires du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Rev Fr Psychiatr Psychol Med 2002;5. 5 UNHCR. Managing the stress of humanitarian emergencies. Staff welfare unit, career and staff support service. Genève : UNHC HQ, 2001. 6 Bierens de Haan B. Engagement humanitaire et conflits armés. Le facteur stress. CICR 1997. 7 Gersons BPR, Olff M. Coping with the aftermath of trauma. BMJ 2005;330;1038-9.
Engagement humanitaire et conflits armés. Le facteur stress
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Bierens de Haan B. Engagement humanitaire et conflits armés. Le facteur stress. CICR 1997.
Psychological support to MSF Belgium staff
  • A Filot
Filot A. Psychological support to MSF Belgium staff, 2006. annick.filot@brussels.msf.org