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S.Aebischer Perone
H. van Beerendonk
J.Avril
G. Bise
L. Loutan
INTRODUCTION
Le fait de résider dans un pays loin de chez soi est une expé-
rience enrichissante, qui demande une grande capacité d’adap-
tation. Dans un nouvel environnement avec une possible perte
des repères, loin des proches, les expatriés font face à des con-
ditions de vie et de travail exigeantes avec un risque d’épui-
sement lié aux difficultés d’adaptation, à la surcharge de travail et aux éventuels
problèmes de sécurité. Par ailleurs, il est fréquent que des situations de stress
mènent à des prises de risque, comme la conduite automobile dangereuse, l’oubli
de prise d’antipaludéens, l’abus de substances (alcool, somnifères, drogues) et
des rapports sexuels non protégés. Ces comportements à risque peuvent mettre
la personne, le travail et l’équipe en danger et nécessiter un rapatriement. Il est
donc essentiel d’anticiper d’éventuelles difficultés, d’informer et préparer les
expatriés avant leur départ, de les soutenir durant le séjour à l’étranger et au
retour.
Voici deux exemples de situations d’expatriés confrontés à des défis mettant
leur santé mentale en danger.
SITUATION 1
Un couple part pour la première fois à l’étranger. L’épouse qui travaillait jus-
qu’alors comme enseignante, quitte son emploi pour suivreson mari qui a
obtenu un poste d’ingénieur dans une ville d’Afrique. L’ingénieur est très vite
pris par ses nouvelles activités professionnelles et ne rentre que tard le soir
àla maison. Il n’a plus l’énergie pour écouter son épouse. L’environnement
tropical avec sa chaleur humide, ses bruits
étranges
et ses odeurs fortes
impressionnent dès le début la femme restée au foyer. Ne parlant pas la
langue locale, elle ne trouve personne avec qui partager ses difficultés. Elle
perd rapidement l’appétit et le sommeil. Fatiguée, toute activité lui pèse et
elle ne sort plus. Ses proches alertés par téléphone prennent contact avec son
médecin de famille qui connaît la jeune femme depuis son enfance. Grâce à
des entretiens avec son médecin et le soutien de ses proches, elle arrive à
reprendre confiance et à trouver des moyens pour faire face à ses difficultés.
Mental health in expatriates
To be a n expa tri ate ca n be a ve ry re ward ing
experience. Nevertheless, it requires a great
ability of adaptation to a new environment.
The living and professional conditions may be
very demanding. They can have an influence
on the physical and mental health. The basic
and cumulative stress should be prevented
by a good preparation beforedeparture, a
thorough follow-up during the expatriation
and upon return. The expatriate, the family
doctor and the employer play an important
role during the whole period of expatriation.
Their close collaboration permits an ideal
management of possible stress related pro-
blems.
Rev Med Suisse 2008 ; 4: 1206-11
Le fait d’être expatrié est une expérience enrichissante de-
mandant une grande capacité d'adaptation due à la confron-
tation à un nouvel environnement. Les conditions de vie et pro-
fessionnelles peuvent être exigeantes avec une répercussion
sur la santé physique et mentale. Le stress de base et le stress
cumulatif peuvent en grande partie être prévenus par une
bonne préparation avant le départ, un suivi attentif pendant
l’expatriation et une prise en charge au retour. L’expatrié, le
médecin de famille et l’employeur jouent un rôle important
durant toute la période de l’expatriation. L’interaction étroite
entre ces différents acteurs permet une gestion idéale de pos-
sibles problèmes liés au stress.
Stress et santé mentale
chez les expatriés
le point sur…
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Elle se rend à l’école locale où elle rencontre la direc-
trice. Celle-ci l’informe de la présence d’un cercle d’ex-
patriés et lui propose d’assister à ses cours afin d’ap-
prendre la langue locale.
SITUATION 2
Un homme de 35 ans effectue sa première mission. Il a
atteint un poste élevé dans une grande entreprise et a
des projets de mariage. Cependant, il veut réaliser un
vieux rêve et travailler dans le domaine humanitaire. Il
suit un cours de formation avant son départ en mission
en Asie. A son arrivée, il passe d’abord quelques jours en
capitale avant d’être affecté dans une ville à plusieurs
heures de route du premier grand centre. Son travail
est prenant, il est quotidiennement en contact avec les
bénéficiaires et leur détresse. Lors de ses déplacements
fréquents, il saute souvent un repas. Partageant un loge-
ment avec des collègues plus jeunes, il n’arrive pas à se
reposer. Il commence à être irritable et présente une
hyperactivité non productive. Son supérieur hiérarchi-
que lui fait remarquer son changement de comporte-
ment, mais il ne veut rien entendre. Lors d’un séjour en
capitale, il contacte un médecin qui décide un retour en
Suisse. Epuisé, amaigri il ne dort plus et a de la peine à
se concentrer.Les symptômes ne s’améliorant pas après
un repos de quelques semaines, son médecin le réfère
àun spécialiste.
DIFFÉRENTS TYPES DE PROBLÈMES DE
SANTÉ MENTALE CHEZ LES EXPATRIÉS
Stress de base – de l’expatriation
C’est le stress sous-jacent, indépendant du travail hu-
manitaire en zone de conflit. Il se manifeste surtout au
début et à la fin de la mission. En principe, il diminue avec
l’adaptation. Beaucoup d’expatriés trouvent que de tra-
vailler à l’étranger est passionnant. Cependant, ils ressen-
tent tous un certain degré de désorientation, confusion et
anxiété dû à l’adaptation au nouvel environnement.1On
observe souvent
quatre phases d’adaptation
2qui sont en re-
lation avec le changement de la perception de la nouvelle
cultureet qui s’expriment par des émotions. La première
phase est celle d’une lune de miel (stimulante et excitante),
suivi de la désillusion (la nouvelle cultureest perçue com-
me intrusive, peu familière et problématique). Pendant
cette phase, l’expatrié peut se sentir désillusionné, sub-
mergé, irrité, isolé, anxieux, fatigué ou déprimé. Ensuite, il
yal’adaptation partielle où tout devient plus facile à com-
prendre et plus prévisible. L’expatrié commence à se sentir
chez soi. Par la suite, l’expatrié perçoit le nouvel environ-
nement meilleur que celui d’origine (sur certains points,
pas sur tous). Il se sent confortable, accepte les coutumes
locales et se sent à la maison.3Si l’expatrié n’arrive pas
s’adapter, ou résoudre des difficultés (personnelles, pro-
fessionnelles ou liées à l’environnement), il peut être né-
cessairequ’il quitte le pays prématurément pour éviter de
tomber malade.
Stress cumulatif – stress de l’expatrié
Le stress cumulatif est associé au travail humanitaire et
au travail de l’expatrié en général. Il est fréquent, sournois
et envahissant. Ses causes sont l’accumulation de plusieurs
facteurs de stress (personnel, travail et environnement cau-
sant des frustrations) avec exposition prolongée à ces fac-
teurs. Une lourde charge de travail est souvent associée à
un manque de reconnaissance du travail accompli et à des
difficultés de communication. S’y ajoutent la nécessité de
faireface à des situations devant lesquelles on se sent
désarmé (souffrance des bénéficiaires, guerre, environne-
ment de conflit) ou au contraire des situations d’attente avec
impossibilité d’agir pour des raisons de sécurité.4Souvent,
onobserve une
compassion fatigue
,l’épuisement émotionnel
d’avoir trop vécu dans la souffrance. Si le stress cumulatif
n’est pas identifié, il peut conduireau surmenage et à l’épui-
sement professionnel.5
Stress traumatique
Ce stress est secondaire à un événement violent impré-
visible. L’intégrité physique et psychique de la personne, ou
celle de l’un de ses proches immédiats, est brutalement
agressée ou menacée. Durant cet événement violent, la per-
sonne est confrontée à la réalité de la mort. Ceci provoque
l’effroi et un sentiment d’impuissance. Le risque d’exposition
au stress traumatique est plus élevé dans les situations de
guerre, d’insécurité ou de catastrophe naturelle. Cependant,
des actes de criminalité existent partout.6Si les symptô-
mes du stress traumatique (tableau 1) persistent plus d’un
mois, on parle d’un syndrome de stress post-traumatique
qui nécessite une prise en charge spécialisée.7-9
Décompensation psychique
La décompensation psychique, qui arrive heureusement
très rarement, nécessite une prise en charge immédiate
dans le pays d’expatriation avec stabilisation, suivie d’un
rapatriement. Dans les cas aigus, le rapatriement médical
doit se faireavec l’accorddes compagnies aériennes et la
personne souffrante doit être accompagnée par un profes-
sionnel de la santé. Il est donc essentiel de tenir compte
des antécédents psychologiques des personnes avant de
leur proposer une mission à l’étranger.10
Réponses au stress
Les réactions des personnes exposées à une situation
de stress sont des réactions normales à des situations né-
cessitant une adaptation accrue ou à des situations anorma-
les vécues par la personne. Les réactions sont individuelles
et liées à la personne, car toutes les personnes ne sont pas
affectées et ne réagissent pas de la même façon aux évé-
nements.
PRINCIPES DE BASE DE LA GESTION ET
PRÉVENTION DU STRESS ET DES PROBLÈMES
MENTAUX
Les problèmes psychologiques dus à des situations de
stress auxquelles les expatriés sont exposés peuvent en
majorité êtreprévenus. En effet, une bonne préparation
avec information, évaluation et prise en compte des carac-
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téristiques de la personne, suivie d’une écoute active et
d’un soutien continu, permet de diminuer les risques. Une
collaboration étroite entre l’expatrié lui-même, ses pro-
ches, son médecin, ses collègues et l’employeur est es-
sentielle.
Avant le départ
Expatrié
Il est essentiel de s’informer sur le pays de destination, sa
culture et le travail à effectuer. En cas de départ en famille,
prévoir un, voire les premiers, mois seul pour préparer
l’accueil de celle-ci (logement, école, garde de l’enfant).
Un cours de langue débuté avant le départ peut faciliter
les premiers contacts sur place. En cas de besoin, des
compétences professionnelles additionnelles doivent être
acquises avant de débuter le travail sur place. Par ailleurs,
il est important d’anticiper et prévenir l’isolement par des
contacts, un accès à l’information (journaux, radio, télévi-
sion, ordinateur avec consultation en ligne)11 et d’emporter
de quoi pratiquer des activités de détente (par exemple:
articles de sport, peinture, lecture, musique, films DVD). Il
est utile de prendre les coordonnées de son ambassade
dans le pays de destination et de s’informer sur les ser-
vices médicaux disponibles (par exemple : en consultant
le site du Département fédéral des affaires étrangères).12
L’assurance maladie et accidents avec possibilité de rapa-
triement doit couvrir le pays de destination.
Employeur
Une politique d’entreprise quant à la santé des colla-
borateurs est importante pour assurer le bien-être de ses
employés.13 L’ e mp l o y e u r a l e d e v o ir d e d o n n er d e l ’ i n fo r -
mation pertinente sur la destination (environnement, santé,
travail) et de confronter le collaborateur avec ses attentes.
Il est essentiel d’avoir une description claire des tâches et
d’en discuter avant le départpour éviter les sources de
stress mentionnées plus haut. Il peut être nécessaire de
former l’expatrié avant qu’il parte. La formation peut être
spécifique quant au travail sur le terrain ou s’adresser à la
gestion du stress par le collaborateur lui-même. Par ailleurs,
l’employeur devrait former les cadres à la prise en charge
des personnes présentant des difficultés. L’évaluation du
collaborateur avant de l’envoyer à l’étranger est importante.
En effet, le choix du lieu et du poste proposés se fait en
fonction des capacités d’adaptation et de l’expérience an-
térieure. Afin d’assurer la meilleure couverture médicale
pendant le séjour à l’étranger, l’employeur identifie des
structures de santé de référence et contracte des assuran-
ces médicales couvrant aussi le rapatriement.
Pendant le séjour
Expatrié
Il faut toujours garder en tête que l’expatrié reste un
invité dans le pays hôte. Il est important de rester ouvert
et tolérant, d’observer sans juger et d’adapter son compor-
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Tableau 1. Différents types de stress chez les expatriés : causes, signes et symptômes, prise en charge
Causes Signes et symptômes Prise en charge
a) Stress de base – de l’expatriation
• L’inquiétude des proches et de la famille • Désillusion • Offrir un espace d’écoute
• Problèmes non résolus avant le départ • Anxiété • Changer le regard de la personne
• Environnement externe • Fatigue • Changer d’environnement
• Environnement professionnel • Troubles du sommeil
• Conflits avec hiérarchie ou collègues • Troubles de l’appétit
•Difficultés de la gestion de la fin de mission • Modifications de caractère
• Perte de confiance en ses capacités
• Questionnement douloureux sur l’expatriation
b) Stress cumulatif – de l’expatrié
• Lourde charge de travail ou immobilité • Fatigue • Il est important de veiller à se nourrir
et inactivité • Troubles digestifs correctement et régulièrement, de prendre un
•Non validation du travail accompli • Troubles de sommeil temps suffisant de repos et de partager ses
• Frustration quant à la capacité de répondre • Céphalées émotions et son vécu (3 x R : repas, repos,
aux besoins des bénéficiaires • Irritabilité exagérée relations)
• Faire face à des situations devant lesquelles • Hyperactivité non productive • Les discussions avec ses collègues et supérieurs
on se sent désarmé (souffrance des victimes, Signes d’alarme hiérarchiques sur place permettent un soutien
guerre, environnement de conflit) • Accoutumance au danger efficace par les «pairs» qui vivent dans le même
• Impossibilité de prendre de la distance • Comportement à risque environnement et comprennent parfois mieux
• Abus de substances les difficultés que des personnes restées dans le
• Difficultés à prendre des décisions pays d’origine
• Insensibilité, apathie
c) Stress traumatique
Implication directe ou témoin de : • Culpabilité ou colère • Un «defusing» immédiat avec partage des
• Menace violente sur la personne ou proche • Sentiment de toute-puissance émotions est effectué sur place par des
• Accident • Désorientation et confusion passagère collègues dans un lieu sécurisé (3xT time,
• Massacre • Troubles de la concentration tears, talk). Si nécessaire un débriefing
• Catastrophe naturelle • Changement de caractère psychologique est effectué plus tard
• Acte de guerre • Cauchemars et troubles du sommeil • Normalement les symptômes régressent après
•Acte criminel • Flash-back 6-8 semaines. En cas de persistance, une prise
• Evitement en charge spécialisée est envisagée
• Reviviscence
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tement de façon respectueuse (vêtements et attitudes non
provocantes). Un contact personnalisé avec la population
en s’intéressant aux conditions de vie et à la culture locale
est enrichissant et permet de s’adapter plus facilement.
Des contacts rapprochés avec les collègues de travail ou
les employées de maison facilitent l’accès au pays. Si la
situation le permet, la personne peut partir en famille ou
faire venir ses proches pour un court séjour et ainsi partager
son vécu. Un lien avec le pays d’origine peut être maintenu
en se tenant au courant des nouvelles. Il est essentiel qu’à
l’étranger comme à la maison, les personnes restent atten-
tives aux signes de fatigue et de stress, et s’aménagent des
périodes de repos et de récupération pour se ressourcer
(par exemple en effectuant des activités sportives, artisti-
ques ou musicales). Des cercles d’expatriés, des sorties avec
des collègues d’autres organisations, des amitiés avec des
gens du pays et voyages dans le pays permettent de chan-
ger le regard sur le pays et sur soi-même.
Employeur
Le supérieur hiérarchique, qui devrait être un exemple
pour ses collaborateurs, s’assure par un contact régulier,
que tout va bien, reconnaît le travail effectué et apporte un
soutien spécifique si nécessaire. L’amélioration des condi-
tions de vie (mise à disposition du logement, facilitation de
l’accès aux communications et moyens de transport), joue
un rôle important dans la capacité à gérer le stress lié à
l’expatriation (stress de base). De même, en fonction des
difficultés du travail et des conditions de vie et sécuri-
taires, des périodes de récupération sont aménagées pour
éviter un stress cumulatif. En cas de problèmes majeurs de
santé mentale, ou d’un stress traumatique, l’employeur se
charge de la prise en charge de son collaborateur sur place
avant un possible rapatriement.
Au retour
Expatrié
Avant le retour au pays d’origine, la suite de la vie privée
et professionnelle devrait être envisagée. A nouveau chez
soi, la personne doit se réadapter à sa propre culture, à ses
proches et à son environnement, ce qui peut provoquer
un stress équivalent à celui du stress de base. Souvent,
l’entourage a de la peine à comprendre les difficultés ne
pouvant pas partager le vécu de l’expatrié. Un retour pro-
longé par un voyage ou des vacances sans course contrele
temps facilitent l’adaptation. Au retour, la personne devrait
pour se ressourcer et se reposer, prévoir du temps avec
ses proches et recréer un programme d’activités. C’est
aussi le moment pour lui de faire le bilan de son séjour à
l’étranger,d’identifier les facteurs stressants rencontrés et
comment il les a gérés et de redéfinir ses priorités et
besoins en fonction desquels il envisagera un nouveau
départ ou pas.
Employeur
Durant le débriefing du collaborateur,l’employeur s’in-
téressera non seulement au travail effectué, mais aussi au
vécu. La durée des vacances avant une nouvelle expatria-
tion sera établie en fonction de l’état physique et psycho-
logique de la personne au retour. Un minimum de cinq à
six semaines est nécessaire pour qu’elle puisse se res-
sourcer et partir en forme. Une nouvelle destination doit
tenir compte du vécu de la dernière expatriation, de l’ex-
périence gagnée et des exigences professionnelles. Au
besoin, l’employeur devrait préparer et faciliter le recyclage
professionnel des collaborateurs désirant reprendre le tra-
vail dans leur pays d’origine.
Rôle du médecin
Un bilan médical complet avant le départàl’étranger
permet au médecin d’évaluer l’état de santé mentale de
son patient. Une information personnalisée sera alors don-
née quant aux risques pour la santé physique et mentale
(par exemple: choix adapté des antipaludéens) et com-
ment faire face aux possibles difficultés liées à un séjour à
l’étranger (stress de base et cumulatif). En cas de maladie
psychiatrique sévère ou non compensée, le médecin dé-
conseillera le départ. Le patient peut le contacter durant
son séjour à l’étranger. Au retour, l’état de santé mentale du
patient est réévalué, avec si nécessaire un suivi ou une
référence à un spécialiste. L’avis favorable du médecin sur
une prochaine expatriation permet d’éviter que des per-
sonnes partent sans avoir résolu des problèmes psycholo-
giques.
CONCLUSIONS
Une bonne préparation avec information pertinente sur
le pays de destination contribue au bien-êtrede la person-
ne partant à l’étranger.Le médecin joue un rôle primordial
quant à la santé physique et mentale de son patient. Par
sa connaissance de la personne et de son entourage, il peut
identifier d’éventuels problèmes et l’assister à y faireface.
Par ailleurs, il donnera son avis par rapport à l’adéquation
de la destination choisie. Durant le séjour à l’étranger, les
personnes restent responsables de prendre soin d’elles-
mêmes, de rester à l’écoute d’éventuels changements de
comportement et ne pas hésiter en cas de besoin d’expri-
mer leurs difficultés. L’expatrié, l’employeur et le médecin
doivent collaborer avant, pendant et au retour du séjour à
l’étranger afin d’assurer le bien-êtrede l’expatrié et de ses
proches.
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Implications pratiques
Les personnes partant travailler à l’étranger sont respon-
sables de leur santé et doivent rester à l’écoute d’éventuels
changements de comportement
Une évaluation, avec si nécessaire un soutien psychologique
par le médecin, est importante avant, pendant et après le
retour d’un séjour à l’étranger
Une politique d’entreprise quant à la santé de collaborateurs
inclut une préparation adéquate,un soutien durant le séjour
et au retour de ses employés
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11 Informations nationales suisses et internationales :
www.swissinfo.org
12 Département fédéral des affaires étrangères
www.eda.admin.ch
13Filot A. Psychological support to MSF Belgium staff,
2006. annick.filot@brussels.msf.org
*àlire
**à lire absolument
Bibliographie
Drs Sigiriya Aebischer Perone, Hendrica van Beerendonk,
Jacqueline Avril et Gérard Bise
Unité santé des collaborateurs
CICR, 19,avenue de la Paix,1202 Genève
saebischerperone@icrc.org
hvanbeerendonk@icrc.org
javril@icrc.org
gbise@icrc.org
Pr Louis Loutan
Unité de médicine des voyages et migrations
Département de médecine de premier recours
HUG, 1211 Geneve 14
louis.loutan@hcuge.ch
Adresses
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