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« L’universel lave-t-il plus blanc ? » : « Race », racisme et système de privilèges

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Abstract

La question, déjà ancienne, de l’articulation des rapports sociaux de sexe, de classe et de « race » fait actuellement l’objet d’un intérêt re-nouvelé en France. Cet intérêt est salutaire : avec l’avancée du sys-tème néolibéral, la société française a connu de profondes transforma-tions qu’il est urgent d’analyser avec des outils solides permettant de ré-évaluer et d’actualiser les savoirs constitués.
La confusion politique croissante qui semble prévaloir aujourd’hui, l’insuffisance cruelle d’outils adaptés pour penser et combattre les inégalités sociales, économiques et politiques actuelles, sont dialecti-quement liées à un retour en force du naturalisme et de l’essentialisme, que le féminisme et la sociologie des relations interethniques et du racisme avaient identifiés depuis longtemps déjà parmi leurs principaux ennemis.

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... In our view, three aspects could be investigated in greater depth in the future. First, Scrinzi's interpretation of the whiteness of the social actors studied could be expanded by an intersectional analysis in terms of generation and age, gender and social class, which is necessary for understanding the structure of domination in racialized social relations (Kebabza 2006). While the otherness process that operates in the racialization of sexism is examined, an empirical approach to racial boundaries in these political and media spaces would have been welcome, in line with research developed in France (e.g. ...
... Trois dernières dimensions restent à notre avis ouvertes pour des élargissements futurs. Tout d'abord, l'analyse intersectionnelle en termes de génération et d'âge, de sexe et de classe sociale gagnerait à renforcer l'analyse de la blanchité des acteurs·trices sociaux·ales étudié·e·s, « nécessaire, si l'on veut comprendre la structure de la domination dans les rapports sociaux racialisés » (Kebabza 2006 ...
... La « blanchité », au même titre que d'autres catégories racialisées, est entendue comme une « catégorie fictive » ne reposant sur aucune réalité biologique. Elle est « un fait social qui comporte des conséquences réelles en termes de distribution de richesses, de pouvoir et de prestige » et vise à renverser l'idée d'une norme blanche représentative de l'« universel »(Kebabza, 2006). ...
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Dans les agglomérations frontalières lilloise et genevoise, l’obtention de la nationalité du pays voisin est un phénomène courant qui se reproduit de génération en génération sans attirer d’attention politique ou scientifique particulière. Comment expliquer ces processus d’acquisition et de transmission d’une double nationalité qui n’offre que de faibles avantages comparatifs au sein de l’espace international ? À partir de quels arbitrages conjugaux et parentaux la double nationalité est-elle obtenue et dans quelle mesure fait-elle l’objet d’usages stratégiques au sein des populations frontalières ? En partant de situations où les processus d’acquisition se font quasiment « à nationalité égale », il s'agit d’étudier les conditions de transmission et les formes d’appropriation « subsidiaire » de la double nationalité, en les rapportant aux positions de classe, de « race » et à la génération des individus. Au carrefour de la sociologie urbaine et de la sociologie des migrations, l’article montre que la binationalité ne favorise pas seulement l’accumulation d’un capital international mais constitue également une ressource localisée, mobilisée en appoint d’autres ressources pour soutenir des stratégies résidentielles, scolaires ou fiscales.
... 46 Horia Kebabza proposed that we rethink the universalist republican ideal as White, all the while conceptualizing Whiteness as a global power relation resting on capitalism. 47 A few years later, Bastien Bosa voiced his concerns about importing Whiteness, "a racial concept, especially considering that it does not exist in the common sense in France," in that it would contribute to reifying and naturalizing race, further racializing the world. 48 By contrast, journalist, writer, and activist Rokhaya Diallo deplored that Whiteness remained unquestioned in French culture and society, highlighting that the "Black question" and "visible minorities" anchored race talk rather than the "White question" and the "invisible majority." ...
Article
France is an overwhelmingly majority-White nation. Yet the French majority is reluctant to identify as White, and French social science has tended to eschew Whiteness as an object of inquiry. Inspired by critical race theory and critical Whiteness studies, this interdisciplinary special issue offers a new look at White identities in France. It does so not to recenter Whiteness by giving it prominence, but to expose and critique White dominance. This introduction examines the global and local dimensions of Whiteness, before identifying three salient dimensions of its French version: the ideology of the race-blind universalist republic; the past and present practice of French colonialism, slavery, and rule across overseas territories; and the racialization of people of Muslim or North African backgrounds as non-White.
... Il ne s'agit pas de son nom réel, mais plutôt d'un pseudonyme faisant référence à sa grand-mère, ancienne esclave. Elle l'écrit volontairement sans majuscule (Kebabza, 2006). 19 Patricia Hill Collins (1990) Black Feminist Thought, elle se sert du concept d'intersectionnalité pour illustrer l'entrecroisement des concepts de la race, la classe, le genre et la sexualité pour représenter les oppressions. ...
Thesis
Ce présent mémoire de maîtrise en travail social vise à comprendre l'expérience de femmes sénégalaises de la région de Kaolack suite au dévoilement de la violence conjugale. De façon plus précise, cette recherche exploratoire et de type qualitatif vise à documenter les réponses des services, tant communautaires qu'institutionnels, et le soutien social formel ou informel que reçoivent les femmes violentées dévoilant un acte de violence conjugale. Cette recherche s'appuie sur une collecte de données de nature ethnographique. Elle vise à laisser la place au vécu des femmes et à leur parole, et à prendre en considération les particularités propres au groupe : leur culture, leurs croyances, leur façon de vivre. L'observation participante, et les entretiens semi-dirigés contribuent à mettre en lumière l'expérience de douze femmes. En outre, le discours d'autres informateurs-clés du milieu vient enrichir notre compréhension du phénomène à l'étude. Le cadre d'analyse du féminisme postcolonial a été privilégié pour l'analyse des propos recueillis. Le présent mémoire met en exergue le discours des femmes ayant partagé leur expérience de dévoilement, combiné à l'observation des mécanismes socioculturels entourant la violence faite aux femmes de Kaolack. Les principaux résultats démontrent que le phénomène de la violence conjugale demeure complexe et est influencé par plusieurs facteurs tant sociaux, politiques, culturels que religieux. De plus, des barrières au dévoilement, qu'elles soient personnelles ou structurelles, ont été identifiées. De même, il apparait que peu de moyens sont disponibles pour assurer aux femmes l'amélioration de leur situation et éviter la recrudescence des actes de violence pendant le processus de dévoilement. Enfin, l'auteure propose des pistes de réflexion quant au devenir de la pratique du dévoilement chez ces femmes afin d'initier une réflexion vers un changement social qui permettrait éventuellement de mieux répondre à cette problématique. iii Abstract This master's thesis in social work aims to understand the experience of Senegalese women in
... Cette pseudo-évidence est le propre de la domination blanche (white supremacy), mais elle constitue aussi un héritage d'une mentalité impériale propre aux sociétés coloniales. Parmi les avantages immérités dont j'ai pu bénéficier dans le milieu universitaire, je pense d'abord à la « présomption de compétence » dont parle Horia Kebabza (2006), le revers pour les personnes racisées étant la prétendue incompétence. En contexte universitaire, cela signifie que je suis d'emblée considérée comme qualifiée pour mener à bien des tâches en milieu académique (pour des fonctions de représentante pour les étudiantEs ou de chargée de cours par exemple), même si cela est parfois diminué par le sexisme ambiant [12]. ...
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http://raisons-sociales.com/articles/dossier-blanc-he-s-neige/anthropologie-et-blanchite/
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Cet article repose sur les matériaux récoltés pendant une observation participante, conduite entre 2016 et 2019, dans une association féministe. Pendant la durée de l’observation, la race et la classe ont joué un rôle important non seulement dans l’intégration de nouveaux et nouvelles membres, mais aussi dans la division du travail associatif. Ces dynamiques, largement impensées, ont cependant commencé à faire l’objet de discussions collectives au fur et à mesure de l’appropriation d’un ethos militant, qualifié par les enquêtées elles-mêmes d’« intersectionnel ». Cette prise de conscience, et l’amorçage d’un travail collectif de « déconstruction » des normes de blanchité, ont pris la forme d’une journée de formation antiraciste. Mais ce processus, comme tous les processus de dénaturalisation, n’est pas allé sans tensions, car la conscience de l’oppression, l’acquisition de concepts universitaires ou l’intégration d’un habitus réflexif peuvent aussi être utilisées comme des outils de résistance au changement.
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Plusieurs travaux récents sur la « parole raciste » expliquent que, dans l’effort de préserver l’image de soi et d’éviter les blâmes, les acteurs emploieraient aujourd’hui des stratégies discursives de dissimulation. En France en particulier, où les catégories ethno-raciales relèveraient d’un tabou, les acteurs privilégieraient les formulations colorblind, surtout en public, afin de ne pas paraître raciste. Notre enquête ethnographique dans la ville de Béziers, en Occitanie, laisse pourtant apparaître des situations d’interaction où les participants se reprochent tant l’emploi des catégorisations ethno-raciales (telles que « Gitan », « Maghrébin » ou « Arabe ») que leur remplacement par des catégories colorblind. Loin de pouvoir réduire ces débats à des efforts individuels d’évitement du blâme, les acteurs se rappellent mutuellement de faire preuve de réflexivité en prêtant attention aux effets néfastes dont est porteur le recours à ces catégories, mais également à ce qui est perdu en les évitant. English: Several recent studies on racist speech observe that, in an effort to save face and avoid blame, actors today employ discursive strategies of dissimulation. In France in particular, where ethno-racial categories are said to be taboo, actors supposedly prefer to use colourblind formulations, especially in public, so as not to appear racist. However, ethnographic fieldwork in the town of Béziers, in the south of France, has revealed interactional situations in which participants may reproach themselves both for employing ethno-racial categories (such as “Gypsy”, “North African (Maghrébin)” or “Arab”) and for replacing them with colourblind categories. These debates cannot be reduced to individual blame-avoidance efforts: rather, the actors remind one another to be reflexive by paying attention not only to the harmful effects of resorting to these categories, but also to what is lost by avoiding them.
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Cet article vise à étudier la notion de politisation depuis une perspective anthropologique, en considérant l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) comme une société d’individus en soi, avec ses institutions, ses règles, ses normes, ses modes de fonctionnement, et en cherchant à comprendre qui, en son sein, est légitime pour s’exprimer, qui est écouté, et qui participe effectivement au dessin de ses orientations stratégiques. Basé sur cinquante-cinq entretiens et une observation participante, ce travail révèle une pyramide de politisation formée de trois niveaux – impolitisation, politisation traditionaliste et politisation critique –, dont le dernier niveau n’est l’apanage que d’un petit nombre, ceux qui, aux yeux de leurs collègues, sont à la fois légitimes et novateurs.
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Cet article déconstruit les catégories nationales pour rendre compte de leur imbrication dans les rapports sociaux de classe et de race, dans le contexte des migrations à Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis. Il analyse la racialisation des groupes nationaux et des positions de classe dans la hiérarchie migratoire, en appréhendant celle-ci à la fois comme un cadre géopolitique informant les discours et pratiques de distinction et comme système local de division du travail. L’article explore d’abord les significations raciales qui sous-tendent les inégalités entre nations, traduites globalement dans les hiérarchies et les routes migratoires, répercutées localement dans la société abudhabienne. Il montre ensuite comment ces hiérarchies migratoires se traduisent dans une division du travail entre groupes nationaux et analyse alors les significations raciales attachées aux positions de classe et au management des nationalités dans les mondes professionnels. La naturalisation de la relation de classe entre dirigeant·e et exécutant·e associe la compétence et l’autorité professionnelle à la blanchité, légitimant les avantages structurels de celle-ci dans les mondes professionnels, alors que les nationalités subalternes sont assignées à des positions exécutantes et associées à des « qualités » professionnelles dépréciatives.
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Cet article examine l’histoire de vie de sept immigrants ou immigrantes LGBTQ, originaires du Nord et du Sud global, qui habitent à Montréal. Les recherches sur l’immigration ont longtemps été réalisées selon un cadrage hétéronormatif, ce qui met à l’écart toute une série de questions relatives à l’impact de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre non normative sur l’expérience migratoire. Les sociétés imposent des contraintes distinctes vis-à-vis des personnes LGBTQ. Une fois installées dans la société d’accueil, ces sujets peuvent expérimenter plus de possibilités sur le plan sexuel ; néanmoins leur origine peut devenir un marqueur qui les place à l’intérieur d’un rapport de pouvoir avec le groupe majoritaire. Notre article vise à mettre en lumière la manière dont les immigrants LGBTQ construisent leurs histoires de vie dans un contexte où leur vécu est traversé par l’imbrication de plusieurs aspects identitaires comme l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’ethnicité et la religion, pour n’en nommer que quelques-uns. L’approche intersectionnelle rend possible l’identification des systèmes de pouvoirs contraignants auxquels les participants font face quotidiennement. L’analyse thématique nous a permis d’être à l’écoute des individus afin de connaître les catégories de pouvoir et les systèmes d’oppression dont ils parlent — le but étant de positionner les répondants comme des sujets connaissants, et non de simples objets d’étude. L’analyse des entrevues montre que les individus LGBTQ qui expriment une combinaison variée d’identités affrontent des défis spécifiques liés au parcours migratoire.
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This article raises the question of whiteness in research in humanities and social sciences, and more particularly in discourse analysis, at two levels: that of the object of whiteness, developed in English-speaking whiteness studies but little dealt with in France, where the field of race studies is still in its infancy; and that of the white condition of researchers working on this question, which is little questioned but nevertheless rich in epistemological and methodological issues. The article first defines the category of whiteness as a relationship of power and a relationship to knowledge and then describes the scientific and political problems it poses in research practice. Finally, it presents proposals for a research position that integrates the researcher's whiteness and develops the linguistic hypothesis of a white enunciation based on data from folk linguistics.
Article
Through the ethnography of two trials—of rapper Jo le Phéno, under investigation for his track “Bavure”, and of Nick Conrad for “PLB”—this article analyses the role of the law in the social construction of the rap genre. While recent commentary by legal experts emphasizes the idea of a “legal shield” for rap, both artists were sentenced in the court of first instance. The article aims to shed light on the paradox of apparently protective case law yet still-frequent convictions. Comparative analysis of the two cases identifies the position taken by the legal institution by which it defines incriminated tracks’ access to the status of work of art and to legitimate and legal politically engaged speech, drawing from interactions, categories, and cross-representations of social relations of power (age, class, sex, and race). The hearings, perceived as a space of symbolic violence, document a dynamic common to both trials: the court’s reversal of the artists’ use of a confessional style and an anchoring in reality as artistic choices made to illegitimise the work and the defendants. The latter are then categorized via the assignment of marginalizing labels which devalue and distance them from the status of artist as it is nevertheless recognized in case law. Through these two cases, we see how the law constructs the “paradoxical (il)legitimacy” of rap, as identified by Karim Hammou in the 2010s (2012, 2016): a genre that is neither fully legitimized nor fully illegitimate, but which is singled out as a minority-group art form—an ambivalence that explains the coexistence of protective case law and convictions.
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Par l’ethnographie de deux procès, celui du rappeur Jo le Phéno, mis en examen pour son titre « Bavure », et celui de Nick Conrad pour « PLB », cet article analyse le rôle de l’institution judiciaire dans la construction sociale du genre rap. Alors que les commentaires récents de spécialistes du droit insistent sur l’idée d’un « bouclier juridique » octroyé au rap, les deux artistes sont condamnés en première instance. L’article propose donc d’élucider le paradoxe d’une jurisprudence apparemment protectrice et de condamnations encore fréquentes. L’analyse comparée des deux affaires permet d’identifier des « prises » par lesquelles l’institution judiciaire définit l’accès des titres incriminés au statut d’œuvre d’art et à la parole engagée légitime et légale en s’appuyant sur des interactions, catégories et représentations traversées de rapports sociaux de pouvoir (âge, classe, sexe, race). Les audiences, envisagées comme espaces de violence symbolique, permettent de documenter une dynamique commune aux deux procès : le retournement – par le tribunal – de la revendication – par les artistes – de la frontalité et l’ancrage dans un vécu réel comme choix artistiques en tant que prises pour l’illégitimation des œuvres et des prévenus. Ces derniers sont alors catégorisés via des assignations minorisantes qui les éloignent du statut d’artiste pourtant reconnu dans les jurisprudences. À travers ces deux cas, on voit comment l’institution judiciaire construit l’« (il)légitimité paradoxale » du rap, identifiée par Karim Hammou à l’orée des années 2010 (2012, 2016) : genre artistique qui n’est ni complètement légitimé, ni complètement illégitime, mais qui est particularisé comme minoritaire, ambivalence expliquant la coexistence de jurisprudences protectrices et de condamnations.
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This paper examines the way Get Out (2017), Jordan Peele’s directorial debut, considers white femininity through the Rose and Missy Armitage characters. This paper provides an intersectional approach to the way Peele develops the two characters on the assumption of an “invisible” norm of whiteness. This paper suggests that Peele challenges the invisibility of white femininity and explicitly discusses its privileges compared to Chris’ black masculinity. It also does so in the horror film genre, using it as a means to develop a larger discourse on female whiteness in American film, in terms of representation and expectations. Finally, this paper analyses the directorial choices made by Peele when rethinking the film’s end in the new political context of Donald Trump’s inauguration in January 2017.
Article
À partir d’une enquête sur la construction et les négociations des frontières raciales au sein de la cellule familiale, cet article propose une réflexion au sujet des implications d’une recherche qualitative sur les questions raciales aujourd’hui en France. La difficulté à laquelle celle-ci est confrontée intervient tôt dans la formulation de l’enquête, dès lors qu’il s’agit de poser des mots sur un objet particulièrement mouvant et délicat, et de fixer des catégories d’analyse. L’enquête révèle que la dicibilité de la race est une dicibilité à la fois complexe, soumise à conditions et hétérogène, selon qu’il s’agit de nommer les groupes minoritaires ou le groupe majoritaire.
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French migrants in Abu Dhabi (United Arab Emirates – UAE) are often portrayed as money-driven and greedy, notably by their compatriots. Common representations of the Gulf area as extraordinarily affluent reinforce these suspicions and prompt migrants to justify their expatriation. This moral effort takes on the form of a cosmopolitan ethos. French residents in Abu Dhabi generally express a strong desire to get out of the ‘expatriate bubble’, to meet the ‘locals’, and to experience ‘difference’ and ‘diversity’. They perform migration as an opportunity for cultural enrichment and continuously search for otherness. Abu Dhabi’s unusual demographics and singular coloniality generate complex tensions around these cosmopolitan desires. French delineations of (valuable) otherness conflate ‘local’ and ‘national’, largely replicating orientalist structures of perception. These perceptive schemes homogenize the UAE and erase its ‘diversity’ within the cosmopolitan rationale. French delineations of localness also draw on national narratives constructing the country as ‘Arab’, while casting the foreign resident population (89% of the total UAE population) as non-local and temporary. Drawing on ethnographic field research, the article analyses expatriate cosmopolitan desires for difference as the encounter of Western orientalism and Emirati national narratives of Arabness.
Article
Cet article rend compte des conditions éthiques et épistémologiques auxquelles s’est confrontée l’ethnographie des migrations françaises à Abu Dhabi (Émirats arabes unis), en particulier dans l’analyse de leur position dans les rapports sociaux de race, appréhendée par le concept de blanchité. L’article explore les avantages et les tensions méthodologiques associés à l’usage de l’entretien biographique et de l’observation non-déclarée, en prenant au sérieux leur spécificité et leur plus-value épistémologique respectives, mais également en nuançant leur opposition terme à terme. L’article soutient que les choix épistémologiques et éthiques sont indissociables, en ce qu’il n’est pas de parti pris éthique qui n’ait de conséquence épistémologique, et inversement.
Article
Cet article propose d’étudier la rencontre entre un objet cinématographique ( Bande de filles , de Céline Sciamma) et un groupe de journalistes spécialisés englobés sous le nom de « critiques de cinéma ». En revenant sur la manière dont ces critiques ont reçu et traité ce film, qui met en scène « des garçons et des filles noirs » résidant en banlieue parisienne, on y questionnera davantage que les conditions professionnelles du jugement critique. On recherchera plutôt, dans l’analyse croisée des écrits et des positions journalistiques, les ressorts professionnels, sociologiques et idéologiques d’une « bonne » réception critique. Pour cela, on fera l’hypothèse que, dans la réception de Bande de filles , la « race » a eu un rôle à jouer. Autant les modes de désignation des personnages, le cadrage de l’intrigue que les polarisations critiques nous renseignent sur la place de ce rapport social dans l’élaboration du consensus critique.
Article
Cet article propose une analyse de trois films (La Squale, La Journée de la jupe, Sheitan), où apparaît la figure des « tournantes », terme apparu au début des années 2000 et désignant des viols collectifs commis en banlieue. Il examine l’intrication d’un discours de sexualité et d’un discours racial dans la constitution des « tournantes » comme problème. Il identifie trois axes de problématisation : documentaire, morale et politique, oppositionnelle. Il en ressort que les « tournantes », objets d’une conflictualité politique, problématisent le racial par le sexuel. Cette problématisation suppose altérisation et stigmatisation raciales, mais aussi une production de la blanchité. Ces représentations adoptent en particulier des rapports concurrents à la « vérité » du sexe et de la race, suggérant que la racialisation peut être appréhendée comme lutte de véridiction.
Article
J’examine ici la pertinence de la catégorie de « blanchité » pour l’analyse du racisme en Occident. Cette catégorie, travaillée par les Whiteness Studies , a l’avantage de rendre visibles les mécanismes systémiques garantissant aux « BlancHEs » un accès privilégié au pouvoir et aux ressources. Je ferai valoir notamment que les vives résistances suscitées au Québec par la notion de racisme systémique fut un révélateur d’une certaine « fragilité blanche » qui se manifeste, typiquement, lorsque le rôle et les intérêts des « racisantEs » dans la reproduction des rapports sociaux de « race » sont nommés et rendus visibles. Toutefois, aussi utile soit-il pour l’étude du racisme, l’usage sociologique de la notion de blanchité commande certaines précautions, afin de la complexifier et de la dégager des cadres essentialisants à travers lesquels elle est encore trop souvent appréhendée au sein des Whiteness Studies . Je soutiendrai en outre qu’on ne peut penser la blanchité sans réfléchir conjointement au processus de construction de la nation et de ses étrangers intérieurs. Par ailleurs, l’expérience de la blanchité varie en fonction des rapports mutuellement structurants entre la « race » et d’autres facteurs de différenciation sociale (ex. : genre, classe).
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Cet article vise à réfléchir aux processus d’altérisation et de stigmatisation visant les communautés haïtiennes dans plusieurs sociétés nord-américaines et caribéennes. Partant d’une recherche doctorale dans la société Saint-Lucienne, cette étude vise à comprendre la perpétuation de stéréotypes dans d’autres sociétés caribéennes ainsi qu’en Amérique du Nord – notamment au Québec. Comment comprendre et étudier la perpétuation des préjugés et des stéréotypes racistes à l’égard d’Haïti et des HaïtienNEs dans ces contextes ? Comment concevoir les discours racistes à l’égard des membres de la communauté haïtienne en Haïti et dans les diasporas ? Il s’agit ici de procéder à une analyse de différents types de discours (littéraires, quotidiens et humanitaires) sélectionnés pour leur caractère illustratif et de les contextualiser au plan historique et sociopolitique. Afin de saisir la stigmatisation de façon dynamique, comme un processus historiquement constitué et socialement ancré, cet article s’appuie sur plusieurs notions : altérisation (othering), imaginaire colonial et hégémonie blanche (white supremacy). Ces quatre notions permettent de saisir la perpétuation des représentations négatives à l’égard des HaïtienNEs à l’heure actuelle. Plusieurs approches de penseurs, artistes et militants HaïtienNEs sont amenées en fin de texte pour contrebalancer les perspectives altérisantes décrites dans le texte. http://www.revue-rita.com/thema/penser-la-perpetuation-des-prejuges-a-propos-d-haiti-et-des-haitiennes-alterisation-racisme-imaginaire-colonial-et-hegemonie-blanche.html
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Article disponible en ligne intégralement à l'adresse suivante : http://journals.openedition.org/traces/6397
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Cet article vise à réfléchir aux processus d’altérisation et de stigmatisation visant les communautés haïtiennes dans plusieurs sociétés nord-américaines et caribéennes. Partant d’une recherche doctorale dans la société Saint-Lucienne, cette étude vise à comprendre la perpétuation de stéréotypes dans d’autres sociétés caribéennes ainsi qu’en Amérique du Nord – notamment au Québec. Comment comprendre et étudier la perpétuation des préjugés et des stéréotypes racistes à l’égard d’Haïti et des HaïtienNEs dans ces contextes ? Comment concevoir les discours racistes à l’égard des membres de la communauté haïtienne en Haïti et dans les diasporas ? Il s’agit ici de procéder à une analyse de différents types de discours (littéraires, quotidiens et humanitaires) sélectionnés pour leur caractère illustratif et de les contextualiser au plan historique et sociopolitique. Afin de saisir la stigmatisation de façon dynamique, comme un processus historiquement constitué et socialement ancré, cet article s’appuie sur plusieurs notions : altérisation (othering), imaginaire colonial et hégémonie blanche (white supremacy). Ces quatre notions permettent de saisir la perpétuation des représentations négatives à l’égard des HaïtienNEs à l’heure actuelle. Plusieurs approches de penseurs, artistes et militants HaïtienNEs sont amenées en fin de texte pour contrebalancer les perspectives altérisantes décrites dans le texte. http://www.revue-rita.com/thema/penser-la-perpetuation-des-prejuges-a-propos-d-haiti-et-des-haitiennes-alterisation-racisme-imaginaire-colonial-et-hegemonie-blanche.html
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This reflection is centered on the qualitative analysis of the discursive production of whiteness in Vogue fashion magazine, supported by the gender and post-colonial studies. The images from two fashion editorials dated of 2008 - « Ça, c'est Paris » from Vogue Paris and « Folia de Rainha » from Vogue Brasil - reveal complex phenomena of racial legitimation crossed by other reports of social domination (class and gender/sex). « Revolutionary » or « conservative », the perceived whiteness is the luxury product of a « place of privilege », particularly associated to the [white] body summoned by the inter(national) « discursive matrix » of Vogue.
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Este artigo pretende dar visibilidade ao corpo [branco] feminino convocado pelo discurso de moda na revista Vogue, por meio de uma análise documental e qualitativa de edições francesas e brasileiras publicadas entre os anos de 2006 e 2010, a partir de uma breve reflexão sobre a produção contemporânea e midiática da “branquidade” nesse periódico de alta moda e prêt-à-porter de luxo.
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Ce texte s’intéresse aux travaux féministes récents qui ont porté sur les questions de différence, notamment aux courants de l’analyse intersectionnelle et du féminisme postcolonial. La première partie du texte propose une synthèse des textes canoniques de ces deux courants et fait état des résistances présentes au sein des féminismes de la francophonie à l’endroit d’une analyse décentrée d’un sujet-femme universel. La deuxième partie aborde le projet politique du féminisme postcolonial et montre comment ce genre d’analyse permet de rendre compte de l’influence des legs coloniaux sur les rapports de pouvoir présents au sein des féminismes de la francophonie.
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Cet article vise à apporter une perspective américaine à l’analyse de la Seine-Saint-Denis, un territoire qui nourrit de nombreuses représentations et que l’on compare souvent aux ghettos américains. Comme de nombreux chercheurs américains, nous utilisons le concept de « race » (entendu comme une construction sociale) comme un prisme clé pour comprendre la géographie et la géopolitique. Mais la pertinence de cette approche est traditionnellement rejetée en France. La race, en tant qu’outil d’analyse, et la Seine-Saint-Denis font l’objet de représentations déformantes qui nous empêchent de saisir toute leur complexité. Dès lors, et dans une perspective comparative, nous reviendrons sur trois facettes du prisme racial (la « racial politics », le stigmate racial, et les représentations) pour démontrer, d’une part, la complexité et l’utilité de la race en tant que concept et, d’autre part, la diversité et la complexité de la Seine-Saint-Denis en tant que territoire. Nous insisterons sur la nécessité de développer une pensée spécifiquement française sur la race afin de déconstruire un certain nombre de fantasmes et de stéréotypes, de lutter contre l’essentialisation de territoires racisés (dont la Seine-Saint-Denis est le symbole ultime), et de parvenir à une meilleure compréhension des processus de domination à l’œuvre dans la société française.
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This article aims at offering an American perspective on the study of Seine-Saint-Denis, a territory that has been the subject of numerous negative representations and that has often been compared to American ghettos. Like many American scholars, we use the concept of race (understood as a social construct) as a key lens for understanding geography and geopolitics. But France famously denies the validity of this lens. Both race as a critical analytical tool and Seine-Saint-Denis are the subject of distorting representations which prevent us from understanding their complexity. Consequently and in a comparative perspective, we will focus on three facets of this racial lens (racial politics, racialized stigma and questions of representation) to show both the complexity and utility of race as a concept, and the diversity and complexity of Seine-Saint-Denis as a place. We will insist on the necessity to develop a French way of understanding race in order to deconstruct fantasies and stereotypes, to struggle against the essentialization of racialized territories such as Seine-Saint-Denis, and to better comprehend the processes of domination at work in French society.
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Les théories de l’intersectionnalité semblent trouver une certaine actualité et pertinence en France, dans les sphères militantes, autour des débats sur l’affaire dite du voile islamique (N. Dot-Pouillard 2007).
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https://traces.revues.org/6400 This article focuses on white converts to Islam in France and the United States as a fruitful case to explore the specificities of the minority experience. Using in-depth interviews with Muslim converts on the two sides of the Atlantic, it offers a dynamic and biographic understanding of minoritizing processes. The data reveals that, when donning the visible attributes of Islam, converts find themselves suddenly exposed to racial exclusion and discrimination – a process of otherization that was previously unknown to them by virtue of their belonging to the majority group. In national contexts where Islam as a religion has been « racialized », the minority experience stemming from religious conversion is therefore akin to a form of subalternization. In light of the often undesirable identities that people assign to them, converts resort to various strategies to maneuver their new minority selves, thereby revealing the diversity of the minority experience.
Article
The dominant consciousness. Race relations and subjectivization Starting from British and American studies on the social and historical construction of white identities and their articulation with systemic racism since the end of the 1980s, this article proposes to explore some of the theoretical venues that the concept of “whiteness” open for research. In particular, it proposes to focus on the forms and modalities of the consciousness of the dominant groups, in order to unravel the processes of racial subjectivization. Indeed, in spite of the scientific evidence contradicting racialist theories, race continues to play an important role in shaping subjectivities. Racism can thus be explored as “field for positive action”, that is actively shaping and generating subjects. The challenge thus is to determine which practices of the self contribute to shape a white subject, in order to capture the forms of tacit assent to domination shown by those who benefit from it.
Article
Ce texte propose d’utiliser le feminisme postcolonial comme point d’appui pour explorer les discours identitaires a l’oeuvre dans le feminisme quebecois. La premiere partie du texte aborde la genese du feminisme postcolonial a partir des ecrits de Gayatri Spivak, Chandra Talpade Mohanty et Uma Narayan. Dans la seconde partie, l’auteure discute de la figure centrale a l’oeuvre dans le feminisme quebecois, marque au cours des annees 60 par le recit politique de l’oppression nationale. Selon son analyse, cet heritage a permis au feminisme quebecois d’occulter le difficile exercice d’identifier les rapports de pouvoir entre les femmes de la majorite et les autres femmes.
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Ce texte s’intéresse aux travaux féministes récents qui ont porté sur les questions de différence, notamment aux courants de l’analyse intersectionnelle et du féminisme postcolonial. La première partie du texte propose une synthèse des textes canoniques de ces deux courants et fait état des résistances présentes au sein des féminismes de la francophonie à l’endroit d’une analyse décentrée d’un sujet-femme universel. La deuxième partie aborde le projet politique du féminisme postcolonial et montre comment ce genre d’analyse permet de rendre compte de l’influence des legs coloniaux sur les rapports de pouvoir présents au sein des féminismes de la francophonie.
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Résumé L'irruption du discours des minoritaires en sociologie fait éclater le discours des majoritaires en provoquant la remise en question de leurs explications à tendance naturaliste, culturaliste et psychologisante. Affichant le caractère partiel et partial de leurs visions, les femmes et les "ethniques" favorisent l'éclosion de synthèses provisoires, susceptibles de rendre compte des formes multiples de l'oppression.
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Over the last two decades, women have organized against the almost routine violence that shapes their lives. Drawing from the strength of shared experience, women have recognized that the political demands of millions speak more powerfully than the pleas of a few isolated voices. This politicization in turn has transformed the way we understand violence against women. For example, battering and rape, once seen as private (family matters) and aberrational (errant sexual aggression), are now largely recognized as part of a broad-scale system of domination that affects women as a class. This process of recognizing as social and systemic what was formerly perceived as isolated and individual has also characterized the identity politics of people of color and gays and lesbians, among others. For all these groups, identity-based politics has been a source of strength, community, and intellectual development. The embrace of identity politics, however, has been in tension with dominant conceptions of social justice. Race, gender, and other identity categories are most often treated in mainstream liberal discourse as vestiges of bias or domination-that is, as intrinsically negative frameworks in which social power works to exclude or marginalize those who are different. According to this understanding, our liberatory objective should be to empty such categories of any social significance. Yet implicit in certain strands of feminist and racial liberation movements, for example, is the view that the social power in delineating difference need not be the power of domination; it can instead be the source of political empowerment and social reconstruction. The problem with identity politics is not that it fails to transcend difference, as some critics charge, but rather the opposite- that it frequently conflates or ignores intra group differences. In the context of violence against women, this elision of difference is problematic, fundamentally because the violence that many women experience is often shaped by other dimensions of their identities, such as race and class. Moreover, ignoring differences within groups frequently contributes to tension among groups, another problem of identity politics that frustrates efforts to politicize violence against women. Feminist efforts to politicize experiences of women and antiracist efforts to politicize experiences of people of color' have frequently proceeded as though the issues and experiences they each detail occur on mutually exclusive terrains. Al-though racism and sexism readily intersect in the lives of real people, they seldom do in feminist and antiracist practices. And so, when the practices expound identity as "woman" or "person of color" as an either/or proposition, they relegate the identity of women of color to a location that resists telling. My objective here is to advance the telling of that location by exploring the race and gender dimensions of violence against women of color. Contemporary feminist and antiracist discourses have failed to consider the intersections of racism and patriarchy. Focusing on two dimensions of male violence against women-battering and rape-I consider how the experiences of women of color are frequently the product of intersecting patterns of racism and sexism, and how these experiences tend not to be represented within the discourse of either feminism or antiracism... Language: en
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Balibar Etienne. Le mot race n'est pas « de trop » dans la Constitution francaise. In: Mots, n°33, decembre 1992. «Sans distinction de ... race», sous la direction de Simone Bonnafous, Bernard Herszberg et Jean-Jacques Israel. pp. 241-256.
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