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ETABLISSEMENT HOSPITALIER ET UNIVERSITAIRE D’ORAN
SERVICE DE PHARMACOVIGILANCE
Pr. TOUMI
Etablissement Hospitalier et
Universitaire D’Oran
SERVICE DE
PHARMACOVIGILANCE
Plateau technique
1er étage
CHEF DE SERVICE
Pr.H. TOUMI
Maitre-Assistant
Dr. A .BELHACHEM
Chirurgien Urologue
Dr. M. MEHDID
Analyste :
AMIAR Amina
Note d’information :
GESTION DES CALCULS URINAIRES
ASSOCIES A L’URETEROCELE :
MECANISMES, TRAITEMENTS ET
PREVENTION
1
I. INTRODUCTION :
Une urétérocèle est une anomalie congénitale située dans l'uretère, où l'extrémité
distale de l'uretère forme une poche en ballon en s'ouvrant dans la vessie. Elle est le plus
souvent associée à un système collecteur double, où deux uretères drainent leur rein respectif
au lieu d'un seul. Les urétérocèles se produisent chez environ 1 bébé sur 4 000 et sont 10 fois
plus fréquentes chez les filles que chez les garçons, avec une prédominance du côté gauche,
car un système collecteur double (deux uretères pour un rein) est plus fréquent chez les filles.
Cette anomalie peut obstruer le flux urinaire, entraînant des symptômes tels que des infections
urinaires récurrentes, des calculs rénaux, ou, dans les cas graves, des dommages aux reins.
Chez certains patients atteints d'uretéracèle, des calculs urinaires ont été observés,
l'infection des voies urinaires constituant le principal facteur étiologique dans la formation des
calculs de struvite chez ces patients. Par ailleurs, des calculs de cystine ou d'acide urique ont
été signalés chez des patients atteints d'uretéracèle, aucun d'entre eux ne présentant
d'hypercalciurie ou d'hyperuricosurie [1].
II. MECANISME DE FORMATION DES CALCULS D'OXALATE DE
CALCIUM SUITE A UNE URETEROCELE : [2], [3], [4]
1. Stase Urinaire et Rétention :
Une urétérocèle peut provoquer une obstruction partielle ou complète de l'uretère, ce
qui entraîne une stase urinaire. Cette rétention d'urine dans l'uretère ou dans le rein augmente
la concentration des substances cristallisables dans l'urine, comme le calcium et l'oxalate,
favorisant ainsi la formation de cristaux.
2. Augmentation de la Concentration d'Oxalate et de Calcium :
En raison de l'obstruction et de la rétention urinaire, il y a une augmentation de la
concentration de calcium et d'oxalate dans l'urine. Le calcium se combine facilement avec
l'oxalate pour former des cristaux d'oxalate de calcium, qui sont les principaux composants
des calculs rénaux.
2
3. Altération du pH Urinaire :
L'urétérocèle peut également affecter l'écoulement normal de l'urine, modifiant
potentiellement le pH urinaire. Les cristaux d'oxalate de calcium urinaire se forment
généralement dans un milieu urinaire ayant un pH légèrement acide, typiquement entre 5,5 et
6,5. Un pH acide favorise la solubilité des sels de calcium, mais lorsqu'il y a une sursaturation
de l'oxalate de calcium, cela peut entraîner la formation de cristaux. Toutefois, ces cristaux
peuvent également se former dans un pH proche de la neutralité, mais ils sont moins
susceptibles de se former dans un environnement alcalin (pH basique).
4. Dommages à l'Épithélium Urinaire :
La stase urinaire prolongée et les pressions anormales dans l'uretère peuvent
endommager l'épithélium urinaire, créant des sites de nucléation où les cristaux peuvent
commencer à se former et s'agréger.
5. Facteurs Métaboliques :
Certaines études suggèrent que les patients présentant des anomalies urinaires telles
que l'urétérocèle peuvent avoir une excrétion urinaire anormale de certains métabolites
comme l'oxalate ou une absorption excessive de l'oxalate dans l'intestin, contribuant à la
formation de calculs.
III. GESTION SPECIFIQUE DES CALCULS URETERAUX : [5]
Selon les recommandations et les lignes directrices de l'European Association of
Urology, différents types de prises en charge des calculs rénaux sont proposés :
1. Traitement conservateur/observation :
Les données sur le passage spontané des calculs en fonction de leur taille sont limitées.
On estime que 95 % des calculs de moins de 4 mm passent spontanément en 40 jours. Selon
une analyse des preuves disponibles, il n'est pas possible de fournir une taille exacte de calcul
en dessous de laquelle le passage spontané est probable. Le passage spontané des calculs a été
rapporté pour 49 % des calculs situés dans l'urètre supérieur, 58 % des calculs de l'urètre
moyen et 68 % des calculs de l'urètre distal. En tenant compte de la taille des calculs, environ
75 % des calculs de moins de 5 mm et 62 % des calculs de plus de 5 mm passent
3
spontanément, avec un délai moyen d'expulsion des calculs d'environ 17 jours (entre 6 et 29
jours). Selon plusieurs méta-analyses basées sur des essais contrôlés randomisés, il a été
rapporté que les rapports sexuels sont bénéfiques pour faciliter l'expulsion des calculs chez les
hommes avec des calculs de l'urètre distal, et que cela est comparable à la thérapie expulsive
médicale (TEM).
Tableau 01 : Recommandations [5]
Recommandations
Degré de force
Si l'élimination active n'est pas indiquée chez les patients ayant de petits* calculs urétéraux
nouvellement diagnostiqués, observer initialement le patient avec une évaluation périodique
Forte
Proposer des α-bloquants comme thérapie expulsive médicale en tant qu'une des options de
traitement pour les calculs urétéraux (distaux) > 5 mm.
Forte
Informer les patients que l'urétéroscopie (URS) a une meilleure chance de parvenir à l'absence
de calculs en une seule intervention
Forte
Informer les patients que l'URS présente des taux de complications plus élevés par rapport à la
lithotripsie par ondes de choc.
Forte
Utiliser l'URS comme thérapie de première intention pour les calculs urétéraux (et rénaux) en
cas d'obésité sévère.
Forte
Figure 01 : Algorithme de traitement pour les calculs urétéraux (si l'élimination active des
calculs est indiquée)
SWL = lithotripsie par ondes de choc; URS = Urétéroscopie.
Calcul urétéral proximal
Calcul urétéral distal
≤ 10mm
≥ 10mm
SWL ou
URS
1. URS (antérograde ou
rétrograde)
2. SWL
≤ 10mm
≥ 10mm
SWL ou
URS
1. URS
2. SWL
4
2. Considérations générales pour la prévention des récidives : [5]
Toutes les personnes ayant des calculs, indépendamment de leur risque individuel,
devraient suivre les mesures préventives du Tableau 4.5. L'objectif principal est la
normalisation des habitudes alimentaires et des risques liés au mode de vie. Les personnes à
risque élevé de récidive nécessitent une prophylaxie spécifique, généralement un traitement
pharmacologique basé sur l'analyse des calculs et le profil de risque urinaire.
Tableau 02 : Mesures préventives générales
Consommation de liquides (conseils de
consommation)
Quantité de liquide
2,5-3,0 L/jour
L'eau est le liquide préféré
Diurèse
2,0-2,5 L/jour
Densité spécifique de l'urine
< 1.010 g/jour
Conseils nutritionnels pour une alimentation
équilibrée
Éviter la consommation excessive de
compléments vitaminiques
Riche en légumes et en fibres
Apport en calcium recommandé 1-1,2 g/jour
Restriction de l'apport en NaCl (sel)
Limitation de l'apport en protéines animales :
0,8-1,0 g/kg/jour
Conseils de mode de vie pour normaliser les
facteurs de risque généraux
IMC : Maintenir un niveau normal d'IMC
Activité physique adéquate
Équilibrer les pertes excessives de liquides
Réduire la consommation de boissons
alcoolisées
Réduire la consommation de sodas et de
boissons contenant des calories
3. Évaluation métabolique spécifique aux calculs et prévention pharmacologique
des récidives
Le Tableau suivant met en évidence les caractéristiques les plus importantes des
médicaments couramment utilisés.
5
Tableau 03 : Caractéristiques, spécificités et posologies des molécules pharmacologiques
utilisées pour la prévention des calculs : [5]
MOLECULE
EFFET /
INDICATION
POSOLOGIE
SPECIFICITES
ET EFFETS
INDESIRABLES
TYPE DE
CALCUL
Citrates alcalins
• Alcalinisation
Hypocitraturie
• Inhibition de la
cristallisation de
l'oxalate de calcium
5-12 g/jour (14-36
mmol/jour) Enfants :
0,1-0,15 g/kg/jour
La dose quotidienne pour
l'alcalinisation dépend du
pH urinaire.
Oxalate de
calcium
Acide urique
Cystine
Allopurinol
• Hyperuricosurie
• Hyperuricémie
100-300 mg/jour
Enfants : 1-3
mg/kg/jour
100 mg en cas
d'hyperuricosurie isolée.
Insuffisance rénale nécessite
un ajustement de la dose.
Contre-indiqué en cas de
goutte aiguë, de grossesse et
d'allaitement. Allergies
allant de formes bénignes à
très sévères, formation de
calculs de xanthine.
Oxalate de
calcium Acide
urique
Urate d'ammonium
2,8-
Dihydroxyadénine
Calcium
• Hyperoxalurie entérique
Jusqu'à 2 000 mg/jour
selon l'excrétion
d'oxalate
Prise 30 minutes avant les
repas.
Oxalate de
calcium
Captopril
• Cystinurie Diminution
active des niveaux de
cystine urinaires
75-150 mg
Option de deuxième ligne en
cas d'effets secondaires
significatifs du tiopronine.
Cystine
Febuxostat
• Hyperuricosurie
Hyperuricémie
80-120 mg/jour
Contre-indiqué en cas de
goutte aiguë, de grossesse et
d'allaitement. Formation de
calculs de xanthine.
Oxalate de
calcium Acide
urique
L-Méthionine
• Acidification
600-1 500 mg/jour
Hypercalciurie,
déminéralisation osseuse,
acidose systémique. Pas de
traitement à long terme.
Calculs infectieux
Urate d'ammonium
Phosphate de
calcium
Magnésium
• Hypomagnésiurie isolée
• Hyperoxalurie entérique
200-400 mg/jour
Enfants : 6 mg/kg/jour
L'insuffisance rénale
nécessite un ajustement de
la dose. Diarrhée, pertes
chroniques d'alcalins,
hypocitraturie.
Oxalate de
calcium
Bicarbonate de sodium
• Alcalinisation
Hypocitraturie
4,5 g/jour
N/A
Oxalate de
calcium Acide
urique, Cystine
Pyridoxine
• Hyperoxalurie primaire
Dose initiale 5
mg/kg/jour Max. 20
mg/kg/jour
Neuropathie périphérique
sensorielle.
Oxalate de
calcium
6
Thiazide
(Hydrochlorothiazide)*
• Hypercalciurie
25-50 mg/jour Enfants
: 0,5-1 mg/kg/jour
Risque d'hypotension, de
diabète, d'hyperuricémie,
d'hypokaliémie, suivi
d'acidose intracellulaire et
d'hypocitraturie.
Oxalate de
calcium Phosphate
de calcium
Tiopronine
• Cystinurie Diminution
active des niveaux de
cystine urinaires
Dose initiale 800
mg/jour Moyenne 2
000 mg/jour** Enfants
: Dose initiale chez les
patients > 20 kg est de
15 mg/kg/jour. Éviter
des dosages > 50
mg/kg/jour
Risque de tachyphylaxie et
de protéinurie.
Cystine
IV. CONCLUSION :
La gestion des calculs liés à l'uretérocèle nécessite une approche globale qui vise à
soulager les symptômes, prévenir les récidives de calculs et préserver la fonction rénale. Le
traitement implique souvent une intervention endoscopique pour améliorer le drainage
urinaire et réduire le risque de formation de nouveaux calculs, ainsi que l'élimination des
calculs par des techniques minimales invasives selon leur taille et localisation. Un suivi
régulier avec des études d'imagerie, une évaluation métabolique, et des modifications du
mode de vie sont essentiels pour minimiser les récidives. Une approche multidisciplinaire
est cruciale pour optimiser les résultats.
V. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
1. Mishra KG, Garg A, Kumar S, Bharti PK, Goel K. Right Sided Ureterocele Presented with Multiple
Calculi: A Rare Case Report. Journal of Nephrology and Urology Research. 2017;5(1):1-3.
2. Khan SR. Reactive oxygen species, inflammation and calcium oxalate nephrolithiasis. Translational
andrology and urology. 2014;3(3):256.
3. Evan AP. Physiopathology and etiology of stone formation in the kidney and the urinary tract. Pediatric
nephrology. 2010;25:831-41.
4. De Coninck V, Keller EX, Rodríguez-Monsalve M, Doizi S, Audouin M, Haymann J-P, et al. Evaluation
of a portable urinary pH meter and reagent strips. Journal of Endourology. 2018;32(7):647-52.
5. Skolarikos A, Neisius A, Petřík A, Somani B, Thomas K, Gambaro G, et al., editors. Urolithiasis. EAU
Guidelines Edn presented at the EAU Annual Congress Amsterdam; 2022.