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Thuillard 2023 Hommages à JLLQ[6087]

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Abstract and Figures

From Etana to the World Distribution of Myth Motifs The myth of Etana, who sought the fertility plant with an eagle's help, served as the starting point for this study. The story is one of the oldest myths found in written form. The distribution of Etana-related motifs is correlated to other motifs, particularly the one of a widespread fairy tale, 'The Three Maidens'. The world's myths are divided into two large corpora. The first corpus is over-represented with motifs associated with women, men, animals, or death, while the second corpus contains many motifs related to the Sun and Moon. These corpora have very different geographical distributions with overlapping areas. Some traditions in the Amazon, outside of the Americas, have a majority of motifs in common with Papua New Guinea and East Asia traditions. The bird nester is the most frequent motif common to all these regions. We analyze the complementary geographic distribution of the bird nester motif and motifs found in the "Three Maidens". More generally, we show that several complex associations of ideas are preserved in large areas within groups of seemingly very different cultures in myths, tales, stories, or songs, contributing to their longevity. If one myth or story disappears, others survive and preserve these complex associations. We suggest that the persistence of motifs in different contexts allows certain myths or complex associations of ideas to regenerate over time.
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Introduction
L’aérologie est l’étude cartographique des aires de
répartition des traits culturels, et en particulier des
          
débouché récemment sur plusieurs résultats très
intéressants en mythologie comparée, notamment
sur l’origine de la mort (Le Quellec 2015) et sur les
principaux mythes de création. Jean-Loïc le Quellec
(2014) propose à ce sujet une chronostratigraphie des
mythes fondée sur l’étude des aires de distribution de
différentes versions. L’analyse chronostratigraphique
est basée sur des hypothèses implicites assez proches
de celles utilisées en archéologie. Prenons deux motifs
apparaissant dans des mythes, contes ou folklores
de deux régions éloignées. Les deux motifs ont pu se
répandre soit parce qu’à une certaine époque des idées,
mythes ou contes se sont diffusés au sein d’une grande
aire culturelle, soit par échanges culturels associés à
un épisode de migration ou des interactions diverses
(guerre, conquête, mariages…). Les deux motifs
peuvent aussi être apparus indépendamment. Les
principales causes d’apparition de motifs identiques
ou semblables dans des traditions différentes sont

Dater l’apparition de motifs très anciens est, sauf
exception, impossible. Par contre la datation relative de
l’apparition de deux motifs dans une région est souvent

Analyse en corrélation
Le facteur de corrélation peut être utilisé pour
déterminer quels sont les motifs ayant une distribution
géographique semblable à un motif cible. Les données
sont codées sous la forme d’une matrice avec les
colonnes et les lignes correspondant respectivement
aux différents motifs et traditions. Si un motif est
présent dans une tradition, l’entrée correspondante de
la matrice a la valeur ‘1’, tandis que dans le cas contraire
l’entrée a la valeur ‘0’. Les données sont complétées par
une localisation approximative de chaque tradition.
La similitude entre la distribution de deux motifs peut
être quantifiée en utilisant la corrélation de Pearson.
Dans la deuxième partie de l’article, une autre approche
       
chaque motif partagé par plusieurs traditions, un
compteur est incrémenté d’une unité et après avoir
analysé tous les motifs, les traditions avec le plus grand
nombre de motifs partagés sont représentées sur une
carte par un symbole dont la taille est proportionnelle
au nombre de motifs partagés.
Analyse aréologique des motifs reliés au mythe du
roi Etana
Les motifs associés à Etana et à certains autres mythes
mésopotamiens.
Nous allons traiter d’un des plus vieux mythes connus,
celui du roi Etana qui vole sur un aigle à la recherche
de la plante de fertilité qui lui permettrait d’avoir un
fils pour lui succéder. Ce mythe servira à montrer les
possibilités offertes par l’aréologie une fois combinée
avec un traitement du signal. Le mythe d’Etana nous
est connu à partir de tablettes babyloniennes ou
assyriennes datant de 1770 à 660 AEC. La présence
de sceaux plus anciens avec des motifs qui peuvent
être reliés à Etana (Amiet 1979) suggère une origine
Le Dessous des Cartes :
Mythologie Comparée
Marc Thuillard
Le Dessous des Cartes
Marc Thuillard


indépendamment (hasard).
445

antérieure du mythe. Dans sa dernière version, cité par


        
mangeant les jeunes serpents. Le serpent demande
vengeance au Dieu Shamash qui lui suggère de se

vient manger la carcasse et est saisi par le serpent,
qui le jette dans une fosse. Pendant ce temps, Etana
prie Shamash pour avoir un fils. Shamash lui dit où
trouver l’aigle, afin qu’il puisse l’aider à trouver la
plante de fertilité. Etana soigne l’aigle jusqu’à ce
qu’il puisse voler à nouveau. L’aigle avec Etana sur le
dos s’envole vers le ciel à la recherche de la plante.’
Le mythe d’Etana est peu répandu en dehors de la
Mésopotamie, même si la fable attribuée à Ésope,


similaire au début du mythe d’Etana. Quatre autres
motifs dans le motif d’Etana se retrouvent sous une
forme parfois légèrement modifiée dans de très
nombreuses traditions. Le tableau I les énumère
avec leur homologue mésopotamien.
Mythe Etana Motifs associés
1. L’aigle mange les jeunes
serpents Le serpent menace les oisillons
2. Le héros aide l’aigle Le héros aide les jeunes aigles
3. L’oiseau amène le héros à
destination
L’oiseau amène le héros à sa
destination
4. Le serpent se cache dans la
carcasse
L’homme se cache dans la
carcasse et est emporté par un
oiseau

gauche) et les motifs associés ayant une large distribution
géographique.
Distribution des motifs associés à Etana et analyse en
corrélation
Bien que l’histoire d’Etana soit presque absente du
folklore eurasien, la distribution des traditions où au
moins un motif est préservé couvre toute l’Eurasie. La

été préservés (parfois dans différents récits) englobent
la Mésopotamie mais aussi des régions ayant eu des
contacts culturels très anciens avec celle-ci (l’Asie
Centrale, l’Elam, la Bactriane, la Margiane ou Anatolie).
Nous voyons qu’un ensemble de motifs peut être
préservé durant des millénaires dans une région. Cet
exemple montre la stabilité de certaines associations
de motifs dans une tradition orale et/ou écrite.

géographique comme ci-dessus. Si l’hypothèse de continuité
(propagation par diffusion ou migration) est satisfaite, alors
le motif 1 est plus ancien dans la zone d’intersection des
deux rectangles de diffusion que le motif 2.

comptant le nombre de motifs communs à une tradition de référence.
Le gai sçavoir
446
      
de motifs ayant une distribution complémentaire. Ils
décrivent deux manières différentes de transporter un
héros à sa destination, soit comme récompense pour
avoir aidé les oisillons, soit en se cachant dans une
carcasse pour être emporté par un grand oiseau. Les
deux méthodes de transport se retrouvent notamment
dans les récits en Mésopotamie et au Caucase. Berezkin
(2014) a montré qu’en Amérique du Nord, contrairement
aux récits européens, le héros est attiré vers le nid et tue
le reptile/serpent ce qui l’amène à exclure un emprunt
post-colombien. En Amérique, l’oiseau est souvent un
oiseau-tonnerre (d’Huy 2016).

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vaste territoire couvrant presque tout l’Eurasie et une
        
2009). L’analyse automatique en corrélation va-t-elle
       
3 princesses emprisonnées dans une caverne sont
sauvées par un héros. Ce dernier est trahi par ses
compagnons qui retirent la corde qui lui permettrait
de remonter. Il est aidé par un aigle qui le ramène à la
surface. À un moment donné, le héros nourrit l’aigle
  
Berezkin est associé aux différentes versions du conte



11) qui a suggéré deux versions, une orientale avec un
serpent menaçant un aigle, et une version occidentale.
     
celui du héros aidant les oisillons au nid parmi les 2276
motifs disponibles dans la banque de données. Nous
y trouvons deux autres motifs du tableau I liés aux

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        

analysés par Annus (2009) dans le contexte de l’analyse
du folklore irakien et par Bernard Sergent (2009) dans
une grande étude comparative sur Gargantua, Jean-de-
l’Ours et le mythe du Dénicheur d’oiseaux. Un premier
objectif de cette étude semble atteint. L’analyse par
corrélation permet d’identifier la proximité de certains
mythes et contes de manière totalement automatique
en se basant sur la similitude de leur distribution parmi
les différentes traditions. Ce résultat est en fait assez
surprenant comme nous allons le montrer plus bas
en utilisant le motif de l’homme se cachant dans une
carcasse.
      


         

Le motif des hommes qui se battent pour des objets
magiques est souvent trouvé dans des histoires incluant
un épisode où le héros vole sur un animal ou un objet
volant, souvent un tapis. Nous y retrouvons donc le


plusieurs animaux (souvent un lion, un faucon ou un
aigle, une fourmi) se disputent le partage de la carcasse
d’un animal mort. Le héros résout leur différend. Les
animaux reconnaissants lui donnent la capacité de

(points verts) incluant les régions d’influence des anciennes traditions Mésopotamiennes. Deux
écotypes ont une distribution complémentaire.
447

prendre leur apparence et de posséder temporairement
leurs pouvoirs pour résoudre une tâche autrement
impossible. Comment expliquer que le motif d’un
homme qui se cache dans une carcasse et est porté par un
oiseau jusqu’à sa destination possède une distribution
géographique similaire à celle d’une histoire où un
jeune homme aide des animaux à se partager de
manière pratique et équitable une carcasse et obtient

points communs résident dans la carcasse et la relation
mutuelle entre l’homme et les animaux. Les animaux
reconnaissants transfèrent certaines de leurs capacités
à l’homme. L’oiseau transfère à l’homme caché dans
la carcasse sa capacité à voler vers sa destination,
parfois involontairement ou comme récompense dans
l’histoire d’Etana. Ce parallèle suggère que certaines
associations complexes d’idées sont réutilisées avec une
forte probabilité dans des histoires apparemment sans
rapport dans un ensemble très semblable de traditions.
Un épisode trouvé à de très nombreuses reprises dans






ligne n’a pas de signification). Les motifs des trois jeunes filles et celui de l’homme nourrissant

deux entrées différentes du catalogue de Berezkin.
Le gai sçavoir
448

corde dans une grotte et qui est abandonné par ses
compagnons ou frères. Analysons la répartition des
motifs dans lequel le héros est empêché de revenir sur
terre après qu’un compagnon ou parent malveillant
a retiré une corde ou une échelle. Ce motif est trouvé
      
Une analyse en corrélation montre que le motif est
fortement lié à la distribution combinée des motifs
du dénicheur d’oiseaux et du héros abandonné dans
le monde souterrain, ce dernier étant lui-même
fortement corrélé au motif du héros nourrissant l’aigle
ou un autre animal de sa propre chair.
Le motif du dénicheur d’oiseaux et celui du héros
abandonné dans le monde souterrain ont une
distribution complémentaire, ce qui peut indiquer
que les deux types de mythes sont effectivement
reliés et que l’un constituerait la transformation de
l’autre. L’analyse automatique en corrélation nous
ramène à une des thèses centrales du livre de Bernard


nombreux mythes et contes eurasiens.
Escapade astronomique
L’analyse comparée des mythes montre de grandes
similitudes entre de nombreux récits amérindiens
et eurasiens, ce qui a amené de nombreux auteurs à
en suggérer une origine commune (voir par exemple

partie de cet article adresse de manière statistique cette
question. Avant de passer à ce chapitre, montrons la
difficulté de l’analyse des mythes dans un temps long.
Bernard Sergent (2009) montre les parallèles
surprenants entre l’histoire de Polyctete et le
dénicheur d’oiseaux. Polyctete est abandonné sur
l’île de Lemnos par ses compagnons après une vilaine
blessure au pied causée par un serpent. Il survit en
chassant les oiseaux avant de jouer un rôle important
dans la guerre de Troie. Les Grecs ont besoin de son arc
et de ses flèches et vont le rechercher. Si Lemnos a aussi
vu le passage des Argonautes qui y prirent femmes,
l’île grecque est également reliée au mythe d‘Orion.

des Pléiades), Orion a été aveuglé en guise de punition.
C’est à Lemnos que Héphaïstos a aidé Orion a recouvré
la vue en le confiant à un guide pour voyager à l’Est
et regarder le soleil en pleine face, ce qui l’a guéri. La
constellation du Scorpion et Orion appartiennent aux
quelques constellations avec les Pléiades ayant une très
grande distribution (Chine, Australie, Afrique, Europe,
Amérique…). Dans la mythologie grecque, Orion est tué
par un scorpion qui le mord au pied. Nous avons donc
une triple association d’Orion avec le feu (Héphaïstos),
la chasse et une blessure au pied. Dans de très
nombreux mythes, Orion est un chasseur poursuivant
des jeunes femmes représentées par les Pléiades. En
Afrique, Eurasie et Amérique, un groupe de mythes


d’un compagnon qui retire une échelle ou une corde est un motif quasi-universel. Le motif du
héros abandonné dans le monde souterrain et celui du dénicheur d’oiseaux ont une distribution
géographique complémentaire avec une zone de recouvrement partiel dans le Nord et l’Est de
l’Eurasie.
449

représente des personnages ou animaux se poursuivant
dans le ciel. Les constellations ou étoiles représentées
sont souvent associées à la Grande Ourse, les Pléiades
ou Orion. Ce dernier est soit chasseur, soit proie (d’Huy
et Berezkin 2017). Orion est également souvent relié à
la pêche (Chadwick et Pavioursmith 2017), une autre
forme de chasse, avec Orion ou les Pléiades occupant
une place dans un canoé (Australie-Arnhem, Mélanésie,
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie). Orion ou une de

le pénis, la main (Grandes Plaines d’Amérique du Nord),
le pied, le mollet ou la jambe chez certains peuples
Sud-Américains (Berezkin et Duwakin 2021). Dans de
nombreux mythes d’Amérique du Sud, Orion correspond
soit à un homme (chasseur dans de nombreux cas) avec
une jambe coupée (Epp et Oliveira 2013) ou à une seule
jambe, soit à une herminette. Le mythe associe souvent
Orion, les Hyades et les Pléiades. Plusieurs mythes
associent Orion et la région de la constellation du
Scorpion. Orion ou les Pléiades sont mordues à la jambe
par un serpent offrant une illustration de l’opposition
de scorpion et d’Orion dans le ciel (Orion se couche à
l’horizon alors que la constellation du Scorpion se lève).
L’association entre un pied ou une jambe arrachée ou
mordue par un serpent est non seulement trouvée en
Grèce ancienne et en Amérique du Sud, mais également
au Japon dans un mythe où deux sœurs échappent à un
poursuivant, la première se réfugiant dans la lune et la
deuxième, associée à Orion, se voyant un pied arraché
dans sa fuite (Renshaw et Ihara 1999). Dans un mythe
toungouse, un cerf est démembré et sa patte devient
Orion (Anisimov 1963). L’association entre Orion et une
jambe coupée a été trouvée dans de nombreux mythes
chez les Caribes ou en Amazonie. Dans de nombreuses
régions, Orion est également lié au feu (Aztèques, Grèce


Chadwick et Pavioursmith 2017), Amérique Centrale et

voyons donc une triple association entre Orion et un
chasseur, une jambe ou un bras ou le feu de cuisine.
Dans une perspective diffusionniste, ces convergences
sur des continents distincts posent un problème
intéressant. En effet, positionnons-nous à la latitude de
Juneau, la capitale actuelle de l’Alaska à une latitude de
58°, autrement dit à une latitude inférieure au détroit


une partie de l’année. Deux mille ans plus tard, Orion
n’est plus que partiellement visible (Orion a perdu ses


l’archipel d’Alexandre avait déjà un riche écosystème à
cette date (Lesnek et al. 2018). À cette latitude (56.4°),
la ceinture d’Orion n’était déjà plus visible et donc le
passage du mythe d’Orion après plusieurs millénaires
de non-visibilité en Béringie ne semble pas réaliste.

dans la chasse cosmique en Amérique du Nord, une
explication simple consiste à postuler une arrivée
tardive du motif avec les Paléo-Esquimaux suivie d’une
diffusion au sud des régions arctiques au cours des
millénaires suivants (Thuillard, Le Quellec, d’Huy 2018).
L’association d‘Orion avec des mythes Amazoniens où
le personnage principal a une jambe coupée ou un pied
mordu par un serpent est plus difficile à expliquer.
Nous pouvons envisager que ces parallèles soient le
résultat de convergences ou d’une diffusion tardive.
Alternativement il se pourrait que ce soit l’association
entre la jambe et une autre constellation visible aux
temps préhistoriques en Béringie qui se soit diffusée
jusqu’en Amazonie. Un possible indice nous est fourni
par l’association fréquente en Amérique du Sud de
l’herminette et de la jambe coupée en connexion avec
Orion. Dans l’Égypte antique, la constellation de la
Grande Ourse occupe approximativement la même
place qu’une ancienne constellation représentée par la
patte avant du taureau ou parfois par une herminette
servant à ouvrir la bouche des morts (Roth 1993). Enfin,
l’analyse peut aussi suggérer que l’homme et certains
de ses mythes auraient atteint l’Amérique du Sud plus
tôt que généralement admis.
Analyse aréologique d’un corpus de motifs du
monde entier.
Dans un travail réalisé avec Jean-Loïc Le Quellec, Julien
d’Huy et Yuri Berezkin (Thuillard et al. 2018), nous avons
classifié les motifs de la banque de données de motifs
créée par Yuri Berezkin avec une nouvelle méthode
plus puissante analytiquement que les méthodes
utilisées précédemment (Korotayev et Khaltourina
et al. 2017). Nous rappellerons ici les
principaux résultats, puis poursuivrons l’analyse en
présentant des analyses complémentaires. Le chapitre
se terminera par une tentative d’interprétation plus
fine des résultats qui nous ramènera, de manière
surprenante, au dénicheur d’oiseaux discuté dans
la première partie de cet article. Un des principaux
résultats de notre étude est que les motifs se divisent en
deux corpus avec une couverture mondiale (un certain
nombre de motifs restent inclassables). Le premier
corpus contient une surreprésentation de motifs liés
à la femme, à l’homme, à l’animal ou à la mort tandis
que le second corpus contient une grande proportion
de motifs liés au Soleil et à la Lune. La grande majorité
des motifs déjà attestés dans les mythes romains,
mésopotamiens et d’Égypte antique sont contenus
dans le premier corpus. En particulier, tous les motifs
discutés ici en connexion avec les motifs reliés à Etana
appartiennent au premier corpus, tandis que la plupart


Le gai sçavoir
450
textes chinois sont principalement contenus dans le
deuxième corpus tandis que les motifs de la Grèce
antique se retrouvent dans les deux corpus.
         
corpus se groupent en grandes régions Après
       
(1) Eurasie, Afrique du Nord et de l’Est (2) Eurasie
circumpolaire (3) Asie du Sud-Est (et une partie de
l’Océanie) (4) Afrique subsaharienne (5) Amérique
du Sud (Papouasie, Nouvelle-Guinée) (6) Amérique
circumpolaire (7) Détroit de Béring (8) Nord-ouest de
l’Amérique du Nord (9) Amérique centrale et est de
l’Amérique du Nord (10) Côte Pacifique de l’ Amérique
du Sud et du Nord, Méso-Amérique (11) Océanie.
Comme de nombreux auteurs l’ont fait remarquer
         
nous observons une grande similitude entre motifs
amazoniens et ceux de certaines régions de Papouasie
et de Nouvelle-Guinée.
L’analyse des résultats de la classification globale des
motifs dans la banque de données montre qu’une
structure en réseau décrit bien les relations entre
les différents clusters correspondant aux différentes
régions, mais qu’à l’intérieur de chaque cluster,
nous observons une structure associant de manière
combinatoire de nombreux motifs. Une méthode très
innovante a été utilisée par d’Huy (2019) sur le corpus
des contes magiques pour en analyser sa structure
topologique. Le conte des ‘Trois princesses disparues’
est un des contes les plus connectés aux autres
éléments du corpus. Autrement dit à l’intérieur d’un
cluster, les liens entre motifs sont combinatoires mais
avec une distribution très biaisée. La place centrale du
   
du dénicheur d’oiseau en Amérique fait de ceux-ci des
sujets privilégiés dans l’étude comparative des mythes.
Une règle très générale en analyse des données est
qu’une classification dépend de l’algorithme choisi
et de ses propriétés. Donc, sans entrer dans les
détails qui ont été discutés ailleurs (Thuillard 2007
     
      
      
d’Huy 2018 pour une explication simple), rappelons
que l’approche en contradiction est une extension de
méthodes de classification convexes (plus précisément
d’algorithmes du type NeighborNet) adaptées aux
données binaires. Sa particularité est de permettre
une vérification fine des résultats, une exception dans
la jungle des algorithmes de classification. De façon
caractéristique, nous allons obtenir deux classifications
dans le cas d’un recouvrement des aires de distribution
  
deux clusters s’explique par la présence d’au moins
deux strates de motifs. Analysons la distribution des


de motifs appartenant au premier corpus et en rouge
        
motifs appartenant au deuxième corpus. Alors que
les traditions avec beaucoup de motifs appartenant
au premier corpus ont une distribution continue, la
distribution des traditions ayant une surproportion
de motifs appartenant au deuxième corpus est
discontinue. Nous observons que ce dernier contient
principalement des motifs présents en Mélanésie,
Papouasie, la côte Pacifique de l’Amérique du Nord et
en Amérique du Sud.

différentes régions (une couleur par groupe).
451

Analyse des correspondances entre motifs américains
avec ceux du reste du monde.

analysé le nombre de correspondances entre les motifs
de traditions nord-américaines et les traditions du

de référence du nord de l’Amérique du Nord (excluant
les populations de langue Na-Dené, Inuit et Aléoute)
ont surtout des motifs communs avec les traditions du
nord de l’Eurasie et dans une moindre mesure avec des
traditions tibétaines, papoues et d’Amérique du Sud
(Shuar, Paresi, Guaykuru, Warao). Une seule population
inuite appartient à ce groupe. Les traditions de langue
Na-Dené sont à la fois reliées aux traditions inuites
et aléoutiennes et aux traditions de référence de la

La position intermédiaire des traditions de langue
na-dené est intéressante. Il est en effet admis que

représentées par un point bleu ont une surproportion de motifs associés au premier corpus
ayant des motifs souvent liés à la femme, à l’homme, à l’animal ou à la mort tandis que les
points en rouge ont une surproportion de motifs associés au deuxième corpus contenant
beaucoup de motifs liés au soleil et à la lune.

les plus répandues en Amérique du Nord (langues algiques, iroquoises, caddoanes, siouanes,
salishennes, hokanes, pénutiennes) après avoir exclu notamment les familles de langues na-
dené, inuites et uto-aztèques. En bleu, la taille des points est proportionnelle au nombre de
motifs partagés avec les traditions de référence. Les traditions ne sont représentées que si ce

Le gai sçavoir
452
les peuples athabascans ainsi que la plupart des
traditions amérindiennes (excluant les traditions
paléoesquimaudes et inuites) sont arrivés avec les
premières grandes vagues de peuplement par la
Béringie. Les gènes des Athabascans, de langue na-dené,
contiennent de grandes traces d’interaction avec les
populations paléoesquimaudes arrivées en Amérique il
y a plus de 5000 ans (Flegontev et al. 2019).
D’une manière simplifiée, plus nous nous dirigeons
vers le sud de l’Amérique, plus les motifs sont reliés
aux traditions de l’est de l’Asie ou de la Mélanésie et
en particulier aux traditions de Papouasie/Nouvelle-
       
partir de traditions de référence principalement
situées au sud et à l’est de l’Amazonie (Wari, Surui,
Arua, Cinta Larga, Mundurucu, Kamaiura, Kalapalo,
Kuikuro, Waura, Mehinaku, Trumai, Rikbaktsa, Kayabi,
Iranxe, Nambikwara, Paresi, Bororo, Karaja, Cayapo,
Ramkokramekra, Apaniekra, Kraho, Apinaye, Guarani,
Chamacoco, Nivacle). Ces traditions sont localisées
dans une région incluant des peuples (Surui, Kariatana)
ayant une proximité génétique avec des populations
de Papouasie/Nouvelle-Guinée (Raghavan et al.
Skoglund et al.et al.
que beaucoup de motifs amazoniens sont trouvés dans
les régions voisines, mais également en grand nombre
à proximité de la côte Pacifique de l’Amérique du Nord.
Dans le reste du monde, un groupe de 9 traditions ou
régions contient de nombreux motifs partagés avec

      
      
       
plus grand nombre de motifs est trouvé en Papouasie/
Nouvelle-Guinée. Autrement dit, certains peuples
amazoniens partagent non seulement des gènes très
anciens avec certains peuples de Papouasie/Nouvelle
Guinée mais également un grand nombre de motifs.
Après avoir enlevé les motifs partagés dans le monde
        
motif), les 5 motifs les plus fréquemment partagés entre
 
plusieurs motifs liés aux oiseaux comme celui du motif
des oiseaux se peignant mutuellement, qui expliquent
la couleur de certains oiseaux. Un autre motif est celui
d’un homme ou d’une femme qui est caché sur un arbre
et dont la présence est trahie par leur ombre ou leur
réflexion à la surface de l’eau. Ce motif est associé en
Amazonie, au Tibet, au Japon, en Corée, aux Philippines
ou en Mélanésie (Papouasie/Nouvelle-Guinée) à des
mythes expliquant l’origine de l’arc et des flèches
ou l’origine du feu de cuisine. De nombreux mythes
incluent une corde qui amène des humains dans le ciel
(mythes d’origine du Soleil, de la Lune ou de certaines
étoiles). Un des personnages principaux est souvent
le tigre (ou l’ogre) ou un jaguar en Amazonie. Nous
reconnaissons ici de nombreux motifs fréquemment
associés au motif du dénicheur d’oiseaux. Il n’est dès
lors pas surprenant que le motif le plus fréquemment
partagé par les traditions de référence et les 9 traditions


Witzel (2012) a proposé que les plus anciens mythes
sont sortis d’Afrique avec la première migration de
l’Homme anatomiquement moderne vers l’Australie et
la Papouasie. Selon ce chercheur, une première strate
de mythes s’est diffusée depuis l’Afrique vers l’Australie
et la Mélanésie, puis une deuxième couche strate de
mythes s’est répandue vers l’Europe et les Amériques.
Les quelques motifs présents dans la banque de

en Amérique ainsi que dans la région entourée d’un cercle bleu.
453

données en Australie et dans les îles Andamans sont
également observés en Afrique. Les données divergent
de son modèle pour l’Amérique du Sud et la Papouasie,
qui sont reliés par de nombreux motifs. Dans une
hypothèse diffusionniste, les résultats de notre étude
suggèrent l’interprétation suivante. Un certain nombre
de motifs principalement reliés au Soleil et à la Lune
se sont diffusés jusqu’en Papouasie et en Amérique du
Sud, et probablement bien plus tard vers la Polynésie.
Dans de rares exemples, comme celui d’un ‘animal dans
la Lune’, il est possible de prouver la grande ancienneté
du motif à l’aide de documents écrits (Thuillard 2021).
L’ensemble des motifs fortement liés à la femme, aux
animaux et à la mort s’est diffusé vers l’Amérique à
une époque plus récente. L’arrivée de ces motifs a
probablement conduit à la disparition de nombreux
motifs anciens dans bien des traditions nord-
américaines.
Des liens ont été détectés entre des peuples amazoniens
et de la Papouasie/Nouvelle Guinée par plusieurs
groupes de recherche, au niveau génétique mais
également culturel (Gregor et Tuzin 2001). De récentes
études sur l’ADN ancien confirment l’hypothèse de
vagues de migrants passant de l’Eurasie à l’Amérique
après le dernier épisode glaciaire (Raghavan et al.
Posth et al. 2018, Moreno-Mayar 2018). Deux vagues de
peuplement ont principalement conduit à l’occupation
humaine de l’Amérique, la première migrant jusqu’en
Amérique du Sud. Un point de discussion est de savoir
si la différentiation entre les deux branches a eu lieu
en Amérique ou en Asie (Ning et al. 2020). La majorité
des gènes des populations sud-américaines actuelles
dérivent de vagues de migration venant d’Amérique
du Nord et/ou Centrale qui remplacèrent la première
population à partir d’environ 9600 avant l’ère commune
(Posth et al. 2018). À partir de 3800 AEC, une grande
stabilité génétique est observée en Amérique du Sud
jusqu’à l’arrivée des Européens. Un signal génétique
avec une composante associée à la Papouasie/Nouvelle-
Guinée a été identifié dans quelques populations
amazoniennes (Raghavan et al.   
2018). Très récemment, ce signal a été également trouvé
dans de nombreuses autres populations actuelles,
notamment sur la côte du Pacifique (Silva et al. 2021).
Le signal génétique semble également relié, à un plus
faible niveau (Ting et al. 2020), à la population Onge des
îles Andamans ainsi qu’à l’homme de Tianyuan (Chine,
 
que la composante trouvée en Papouasie/ Nouvelle-
Guinée pourrait être associé à l’arrivée des premières
populations en Amérique du Sud venant de l’est de
l’Asie. Si nous assimilons l’arrivée de cette population
avec celle de motifs mythologiques trouvés aujourd’hui
principalement en Amérique du Sud mais également
en Amérique du Nord, en Papouasie/Nouvelle-Guinée
et parmi certaines traditions asiatiques, alors nous
devons conclure que ces motifs sont arrivés par le
nord de l’Amérique en provenance de l’Eurasie. Leur
préservation par les populations qui arrivèrent plus
tard en Amérique du Sud peut être expliquée soit
par l’hypothèse que les nouvelles populations les
ont reprises des premiers habitants, soit parce qu’ils
faisaient également partie de leur culture. Le signal
génétique de Papouasie/ Nouvelle-Guinée n’a pas été
trouvé jusqu’ici en Amérique du Nord, alors que la

Compte tenu de la situation encore très ouverte, il
faudra probablement attendre les résultats de nouvelles
analyses d’ADN ancien pour reprendre la discussion.
Un autre dossier est également à surveiller, celui des
preuves qui commencent à s’accumuler de la présence
de l’homme en Amérique au temps de la dernière
glaciation (Ardelean et al.
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rebattre les cartes.
Conclusions et perspectives
L’aérologie est un outil puissant qui, associé à des
analyses en corrélation, permet d’identifier de
nouvelles relations qui peuvent être ainsi testées
plus en détail. Le mythe d’Etana cherchant, avec
l’aide d’un aigle, la plante de fertilité a servi de point
de départ à cette étude. Il a été choisi car il s’agissait
de l’un des plus anciens mythes trouvés sous forme
écrite. L’analyse assistée par ordinateur a permis
de retrouver automatiquement un certain nombre
de résultats obtenus par des méthodes classiques
de mythologie comparée. Elle a également conduit
à l’identification de nouvelles pistes de recherche
(assistée par ordinateur) quant à la distribution et la
grande pérennité des mythes. Nous observons qu’un
certain nombre d’associations complexes d’idées
sont préservées dans de larges aires de distribution, à
l’intérieur de groupes de cultures apparemment très
différentes. La préservation d’associations complexes
d’idées dans de nombreux mythes, contes, récits ou
chansons contribue fortement à leur grande pérennité.
Si un mythe ou une histoire disparaît, d’autres lui
survivent et préservent ces associations complexes. Se
pourrait-il que la persistance de certains motifs dans
un contexte différent puisse servir de mémoire de
sauvetage permettant à certains mythes ou associations

Comme dit précédemment, nous avions montré dans
une précédente que les mythes du monde se divisent
en deux grands corpus. Le premier corpus possède une
surproportion de motifs associés à la femme, à l’homme,
à l’animal ou à la mort tandis que le deuxième corpus
contient beaucoup de motifs liés au Soleil et à la Lune.
Nous avons montré ici que ces deux corpus présentent
Le gai sçavoir
454
une distribution géographique très différente avec des
zones de recouvrement. Notre approche algorithmique
est particulièrement efficace dans ce genre de
configurations et la méthode a effectivement identifié
les deux corpus. L’analyse montre que certaines
traditions en Amazonie possèdent, en dehors de
l’Amérique, une majorité de motifs communs avec les
traditions de Papouasie et de Nouvelle-Guinée ainsi
que de l’est de l’Asie. Dans ces régions, le motif le
plus commun dans la banque de données est celui du
dénicheur d’oiseaux analysé dans la première partie de

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Remerciements :
Grand merci à Julien d’Huy pour ses suggestions.
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Comparée/New Comparative Mythology   
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The origins of the world’s mythologies.
Oxford University Press.
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Chapter
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The spatial distribution of folklore-mythological motifs is shown to correlate rather tightly with the distribution of mitochondrial DNA (mtDNA) and Y-chromosome (NRY) haplogroups. The analysis of spatial distribution of folklore- mythological motifs confirms earlier findings of geneticists which identified South Siberia as the Old World homeland of the main wave of the peopling of the New World (the diffusion of the respective populations in the New World turns out to be associated with the spread of Clovis and para-Clovis archaeological cultures). Indeed, this is just South Siberia where the highest concentration of the Amerindian folklore-mythological motifs in Eurasia is observed. On the other hand, it turns out to be possible to connect the penetration of mtDNA HG C and NRY HG Q > Q3 to the New World with this migration wave. The spatial distribution of the ‘Circumgobi-Amerindian’ folklore-mythological motifs follows rather closely the distribution of mtDNA HG C in the New World. This makes it possible to re-construct up to a considerable detail the mythology brought to the New World from South Siberia by this migration wave. Another migration wave turns out to be associated with the distribution of mtDNA HG B and motifs of ‘Melazonian’ mythological complex whose highest concentration is observed in Melanesia, on the one hand, and Amazonia, on the other. These motifs form a few connected sets, which suggest certain possibilities for the reconstruction of some features of ‘proto-Melazonian’ mythology brought to the New World by the bearers of mtDNA HG B. MtDNA HG A frequencies in Siberian and American populations display a rather strong and statistically significant correlation with the number of the ‘Raven Cycle’ motifs in respect of folklore-mythological traditions. There are certain grounds to believe that both these motifs and the respective genetic marker (‘Arctic A’) were brought to the extreme American North-West and extreme North-East Asia (‘Transberingia’) later than both maternal lines B+C and Circumgobi-Amerindian, Melazonian and Ural-Amerindian motifs had been brought to the New World. The presence of a relatively homogenous Transberingian ‘genetic-mythological’ zone characterized by high frequencies of both mtDNA HG A and the Transberingian motifs seems to be accounted for, first of all, by the fact that they were brought to this zone relatively later with the migrations apparently corresponding to the movement to this area of Dene, Esko-Aleut and Chukotko- Kamchatkan language speakers and replaced to a considerable extent earlier genetic markers and folklore-mythological motifs. But, on the other hand, the same fact seems to be additionally accounted for by the functioning up to the Modern Age of the Transberingian communicative network, as in the Holocene the communication through the Bering straits does not appear to have ever interrupted, and led to additional homogenization of the zone. And the movement through the Bering straits definitely went in both directions, in the framework of which their way to the Old World appears to have been found by both some New World genetic markers (e.g., NRY HG Q3), and apparently some folklore-mythological motifs which were developed already in the New World (the possibility of the migration of some Transberingian motifs from the New World to the NE Asia [suggested {in a bit exaggerated way} already by the members of the Jesup Expedition] seems to be supported by a higher concentration of these motifs in the New World part of this zone). The analyzed evidence suggests that the Ural-Amerindian mythological complex was brought to the New World by a wave of migration which took place between 10,000 and 13,000, i.e. not long after the main wave of the peopling of Americas.
Article
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Different models have been proposed to elucidate the origins of the founding populations of America, along with the number of migratory waves and routes used by these first explorers. Settlements, both along the Pacific coast and on land, have been evidenced in genetic and archeological studies. However, the number of migratory waves and the origin of immigrants are still controversial topics. Here, we show the Australasian genetic signal is present in the Pacific coast region, indicating a more widespread signal distribution within South America and implicating an ancient contact between Pacific and Amazonian dwellers. We demonstrate that the Australasian population contribution was introduced in South America through the Pacific coastal route before the formation of the Amazonian branch, likely in the ancient coastal Pacific/Amazonian population. In addition, we detected a significant amount of interpopulation and intrapopulation variation in this genetic signal in South America. This study elucidates the genetic relationships of different ancestral components in the initial settlement of South America and proposes that the migratory route used by migrants who carried the Australasian ancestry led to the absence of this signal in the populations of Central and North America.
Article
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The long-debated timing of the peopling of the Americas comes into focus, thanks to some archaeological findings. What are the implications of a revised timeline for our understanding of these earliest inhabitants? Revised timeline for the initial occupation of the American continent.
Article
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The peopling of the Americas marks a major expansion of humans across the planet. However, questions regarding the timing and mechanisms of this dispersal remain, and the previously accepted model (termed ‘Clovis-first’)—suggesting that the first inhabitants of the Americas were linked with the Clovis tradition, a complex marked by distinctive fluted lithic points¹—has been effectively refuted. Here we analyse chronometric data from 42 North American and Beringian archaeological sites using a Bayesian age modelling approach, and use the resulting chronological framework to elucidate spatiotemporal patterns of human dispersal. We then integrate these patterns with the available genetic and climatic evidence. The data obtained show that humans were probably present before, during and immediately after the Last Glacial Maximum (about 26.5–19 thousand years ago)2,3 but that more widespread occupation began during a period of abrupt warming, Greenland Interstadial 1 (about 14.7–12.9 thousand years before ad 2000)⁴. We also identify the near-synchronous commencement of Beringian, Clovis and Western Stemmed cultural traditions, and an overlap of each with the last dates for the appearance of 18 now-extinct faunal genera. Our analysis suggests that the widespread expansion of humans through North America was a key factor in the extinction of large terrestrial mammals.
Article
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The initial colonization of the Americas remains a highly debated topic¹, and the exact timing of the first arrivals is unknown. The earliest archaeological record of Mexico—which holds a key geographical position in the Americas—is poorly known and understudied. Historically, the region has remained on the periphery of research focused on the first American populations². However, recent investigations provide reliable evidence of a human presence in the northwest region of Mexico3,4, the Chiapas Highlands⁵, Central Mexico⁶ and the Caribbean coast7,8,9 during the Late Pleistocene and Early Holocene epochs. Here we present results of recent excavations at Chiquihuite Cave—a high-altitude site in central-northern Mexico—that corroborate previous findings in the Americas10,11,12,13,14,15,16,17of cultural evidence that dates to the Last Glacial Maximum (26,500–19,000 years ago)¹⁸, and which push back dates for human dispersal to the region possibly as early as 33,000–31,000 years ago. The site yielded about 1,900 stone artefacts within a 3-m-deep stratified sequence, revealing a previously unknown lithic industry that underwent only minor changes over millennia. More than 50 radiocarbon and luminescence dates provide chronological control, and genetic, palaeoenvironmental and chemical data document the changing environments in which the occupants lived. Our results provide new evidence for the antiquity of humans in the Americas, illustrate the cultural diversity of the earliest dispersal groups (which predate those of the Clovis culture) and open new directions of research.
Article
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This paper is an attempt to study combinations of tale types using a networks approach and calculating the centrality index of each type (degree, betweenness, eigenvector centrality). The network of tale types seems to take the form of a 'small world' with a few types serving as bridges between highly connected sets of tale types. The centrality of each type also seems to depend more on its age than on how widespread it is.
Article
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Much of the American Arctic was first settled 5,000 years ago, by groups of people known as Palaeo-Eskimos. They were subsequently joined and largely displaced around 1,000 years ago by ancestors of the present-day Inuit and Yup’ik1–3. The genetic relationship between Palaeo-Eskimos and Native American, Inuit, Yup’ik and Aleut populations remains uncertain4–6. Here we present genomic data for 48 ancient individuals from Chukotka, East Siberia, the Aleutian Islands, Alaska, and the Canadian Arctic. We co-analyse these data with data from present-day Alaskan Iñupiat and West Siberian populations and published genomes. Using methods based on rare-allele and haplotype sharing, as well as established techniques4,7–9, we show that Palaeo-Eskimo-related ancestry is ubiquitous among people who speak Na-Dene and Eskimo–Aleut languages. We develop a comprehensive model for the Holocene peopling events of Chukotka and North America, and show that Na-Dene-speaking peoples, people of the Aleutian Islands, and Yup’ik and Inuit across the Arctic region all share ancestry from a single Palaeo-Eskimo-related Siberian source.
Article
For millennia, people have seen a man, an animal, or an object as they look at the moon. The motif of the ‘frog/toad in the Moon’ was recorded in writing in the Book of Changes (I Ching) over 2400 years ago. The ‘man in the Moon’ theme is found in old Norse literature in the Younger Edda. In Mesoamerica, the story of the ‘rabbit in the Moon’ is pre-Columbian. This study analyses the different versions by combining areal studies as well as structural and statistical analyses with information from ancient texts and archaeological artefacts. In particular, I compare the geographic distribution of the main motifs to the 2,278 motifs in Yuri Berezkin’s database. In this context, I report on the observed similarities between the geographic distribution of the ‘man or animal in the Moon’ motifs and the two of the most widespread earth creation myths.