Content uploaded by Philippe Dumas
Author content
All content in this area was uploaded by Philippe Dumas on Oct 07, 2015
Content may be subject to copyright.
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 1 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
LES RELATIONS INTERNATIONALES PEUVENT-ELLES PROFITER DES
TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES?
Philippe Dumas,
Professeur en Sciences de l’information - communication
dumas@univ-tln.fr , + 33 4 94 14 22 36
Adresse professionnelle
Université de Toulon-Var Ì BP 132 Ì F-83957 La Garde Cedex
Thème :
Nouvelles technologies, information, communication et intégration régionale
Mots clés :
Ntic, territoire, frontière, mobilité, culture, local, global
Résumé :
Quand on aborde l’aspect sociopolitique et stratégique de la diffusion des technologies
numériques, deux attitudes ressortent immédiatement. Soit on vante les bénéfices que l’on
peut espérer d’un accès plus rapide et plus général à une information mondialisée, soit on
constate le fossé qui se creuse entre ceux qui ont les moyens d’accéder à cette information et
ceux qui ne les ont pas, et l’on parle de « fracture numérique ». La vision de la société de
l’information comme un « cyberspace » au sens de P. Lévy n’est cependant qu’un aspect,
important certes, mais partiel de la problématique de diffusion des technologies de
l’information-communication (Tic).
Délaissant les voies de l’économie et de la production de matériels numériques, l’objet de
cette communication est de réfléchir sur le rôle symbolique de ces technologies dans la
relation de l’Europe avec le continent africain. La thèse défendue est que les frontières sont
contingentes et poreuses ; ce sont les cultures, les idées et les connaissances qui diffusent à
travers ces pores ; le vecteur privilégié de cette diffusion est le dispositif de communication
qui s’est construit sur les Tic plus que les voyages qui ont marqué la première époque de la
relation intercontinentale. Plutôt que de frontières, on parlera de croisements, de foyers
culturels et d’identités mouvantes et vivantes qui communiquent par le biais de la
« traduction » dans l’acception de P. Ricœur.
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 2 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
LES RELATIONS INTERNATIONALES PEUVENT-ELLES PROFITER DES
TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES?
INTRODUCTION
Quand on aborde l’aspect sociopolitique et stratégique de la diffusion des technologies
numériques, deux attitudes ressortent immédiatement. Soit on vante les bénéfices que l’on
peut espérer d’un accès plus rapide et plus général à une information mondialisée, soit on
constate le fossé qui se creuse entre ceux qui ont les moyens d’accéder à cette information et
ceux qui ne les ont pas, et l’on parle de « fracture numérique ».
Les technologies de l’information et de la communication (Tic), qui ne sont plus toujours
nouvelles, mais sont toujours renouvelées, sont censées permettre à la majeure partie des
activités humaines de se dissocier de leur attache matérielle ; c’est ce qu’on entend par la
délocalisation au sens large, la virtualité, la mobilité des travailleurs « branchés », et les
déclinaisons de tous les e-quelquechose : e-learning, e-business, e-finance, e-marketing, etc.
Ce mouvement nous emmènerait dans un « cyberespace » dématérialisé, comme le dit P.
Lévy. Dans le même temps, on constate que les êtres humains sont toujours farouchement
attachés à leurs racines territoriales : les migrants se considèrent comme des déracinés, les
peuples se battent toujours aussi farouchement pour leurs frontières, les pays, les régions, les
communes défendent âprement leurs avantages concurrentiels pour attirer l’industrie ou le
tourisme. Dans ce contexte l’Europe vient de transformer son périmètre (de façon pacifique,
pour une fois) et la nouvelle Europe intrigue et fait naître des espoirs, tout comme elle
inquiète. De l’autre côté de la Méditerranée, l’Afrique est un continent multiple. Si des
régions sont lisibles sur la carte politique, elles ne se sont pas constituées comme celles
d’Europe et les problèmes qu’elle affronte sont d’une nature différente. La pauvreté, la
malnutrition, le sida, les conflits ethniques paralysent le développement. Pour les Africains, le
mirage de l’Europe est un mélange d’amour – haine difficilement analysable, plongeant
quelques unes de ses racines dans le passé colonial.
Délaissant les voies de l’économie et de la production de matériels d’information-
communication, l’objet de cette communication est de réfléchir sur le rôle symbolique des Tic
dans les relations internationales, et en particulier dans celles de l’Europe avec le continent
africain. La thèse défendue est que les frontières sont contingentes et poreuses ; ce sont les
cultures, les idées et les connaissances qui diffusent à travers ces pores ; le vecteur privilégié
de cette diffusion est le dispositif de communication qui s’est construit sur les Tic plus que les
voyages qui ont marqué la première époque de la relation intercontinentale. Entre un centre
émetteur et localisé et des environnements globalisés les Tic sont le support de la dialectique
« local-global ».
LA TERRITORIALITÉ À L’ÂGE DU NUMÉRIQUE
L’EUROPE
Face aux incertitudes du monde contemporain dont les principaux facteurs sont la
mondialisation et l’insécurité, une des premières réactions de l’animal social est le repli sur le
groupe qui est censé le protéger le mieux. La question est de savoir quel est le meilleur
échelon pour le citoyen français du XXI° siècle : la communauté, le voisinage, ou, pour
reprendre les divisions héritées du XIX° siècle, la commune, le canton, le département, la
région, l’Etat, l’Europe ? Cette question pose indirectement la question de notre rapport à
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 3 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
l’espace. Rappelons qu’en France, commune, canton, département avaient explicitement été
définis en fonction des temps de déplacement pour atteindre les chefs-lieux avec les
technologies de l’époque (la marche, le cheval, le télégraphe). Avec les performances
actuelles des technologies de communication (citons l’internet, le Tgv, l’avion à prix réduit et
la généralisation des réseaux de toutes sortes), nos rapports à l’espace sont bouleversés. Ils
sont surtout mouvants, instables, reconfigurables en fonction des besoins et de
l’environnement. Il s’ensuit que la notion de territoire sur laquelle s’appuient bien des
argumentations devient à la fois cruciale (pour l’enracinement) et floue (pour son contour).
Nous proposons avec le concept d’intelligence territoriale un saut qualitatif vers une notion
identitaire qui affirme son caractère flou, mouvant, rétif à toute définition positiviste, mais qui
permette en revanche de penser et de communiquer par rapport à la complexité à l’incertitude
du monde socio-économique contemporain. Par référence à « l’intelligence économique »
comprise comme une démarche organisée au service du management de l’entreprise,
l’intelligence territoriale joue sur le rapprochement de l’intelligence comme processus
cognitif et d’organisation de l’information, et le territoire comme espace de relations
signifiantes. Si l’on part de cette approche pour chercher à définir un optimum de la division
administrative de notre pays, on va trouver plusieurs arguments nouveaux pour prôner une
décentralisation qui soit une régionalisation, et esquisser des lignes d’enrichissement de notre
pensée et de notre action.
Sur notre planète, que nous sommes maintenant capables d’appréhender d’un regard de
cosmonaute, comme d’une communication instantanée par l’internet ou d’un voyage express
en jet, des ensembles régionaux ont émergé de toutes parts depuis les dernières décennies :
Union européenne, Alena (Amérique latine), Asean (Asie du sud-est), etc. Ces « régions
planétaires » sont des associations d’états au sens traditionnel du terme, fondées sur des
motivations principalement économiques. Ces états se retrouvent aussi dans les grandes
fédérations telles que les Etats-Unis, le Brésil ou la Russie. Ces états, nations ou pas, n’ont
pas de subdivisions politiques majeures qui ressemblent aux « régions européennes ». Même
si nous simplifions un peu trop, nous pouvons dire que la région européenne est une
spécificité mondiale. Elle ne correspond à une histoire et à une configuration culturelle à
nulles autres pareilles. Elle doit répondre à une ambition elle-même unique, celle qui émerge
des nouveaux rapports mondiaux depuis le 11 septembre, illustrée par le dernier conflit
irakien, celle de promouvoir une culture multiple, complexe et hégélienne dans le sens où une
instance supérieure naît de la confrontation de la diversité. La région européenne s’appuyant
sur le principe de subsidiarité est l’échelon qui procure la meilleure visibilité aux cultures et
aux richesses permettant à l’Europe, donc à chacun de ses citoyens, de s’affirmer autrement
sur la scène mondiale ; par exemple en pratiquant la recherche de la paix par le consensus
plutôt que par la force, le « shock and awe » de MM. Bush et Rumsfeld. On a pu constater
combien la vision américaine de la politique mondiale a été refusée par l’opinion publique
européenne, allant parfois à contre courant des positions prises par certains gouvernements
européens. Le conflit irakien a plus fait pour la naissance d’une conscience européenne que
les années de négociations à Bruxelles.
Bien qu’elle ait une signification au niveau mondial, la région européenne n’obéit pas à un
modèle unique. Les régions des pays que nous avons cités (Allemagne, Italie, Espagne,
Royaume Uni) ont des histoires différentes qui les ont amenées à se constituer quasiment
comme des régions-nations. La région française qui se fait devant nous depuis cinquante ans
va être une nouvelle « exception française ». Le nationalisme régional n’est pas sa dimension
majeure et ne devrait pas le devenir. Le catalan français ne se sentira pas « catalan » de la
même façon que le catalan espagnol. D’un certain point de vue la régionalisation française est
plus rationnelle ; elle vient du sentiment que les transformations de nos rapports à l’espace
sous l’impact des technologies, à l’autorité sous l’influence des modes de vie, à l’efficacité de
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 4 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
l’action publique, nous poussent vers une autre organisation de la nation à laquelle nous
gardons un attachement maintenant séculaire.
Le développement de l’idée européenne moderne suit le chemin chaotique d’une hésitation
permanente1 entre le sentiment d’une identité nationale héritée des théoriciens et des
politiciens du XIX° siècle et celui d’une appartenance à une culture et une géographie
communes bien plus ancienne et plus moderne en même temps. Cet attachement physique et
mythique à la terre, la territorialité, se manifeste dans le renouveau du sentiment régional et
nous permet de conclure que les deux sentiments sont à la fois vivants et complémentaires.
Notre pronostic est qu’ils vont continuer à agir dans les années qui viennent et dans la
nouvelle Europe qui se construit institutionnellement pour atteindre vingt cinq états
aujourd’hui et plus de trente, demain. L’idée centrale de cette construction doit rester celle des
précurseurs, tels J. Monnet qui avait posé en son temps que le projet d’Union européenne
n’est pas d’unir les états mais d’unir les peuples.
L’AFRIQUE
Face à cette entité nouvelle et mouvante qu’est l’Union européenne, comment voir notre
planète que tout un chacun peut maintenant appréhender comme on le faisait d’un village ou
d’un canton il y a quelques siècles ? La vision, optimiste, sur laquelle nous nous fondons, est
celle d’une « union » -les Nations Unies ?- de régions mondiales fondées pareillement sur la
géographie, l’histoire et la culture. Notre propos ici étant de nous concentrer sur la partie
euro-africaine du monde, les quatre régions qui nous paraissent nécessaires de reconnaître et
d’impliquer sont l’Union européenne, l’Afrique du nord, l’Afrique subsaharienne ou médiane
et l’Afrique australe.
Les frontières africaines actuelles sont bien souvent le résultat de tractations politiques
internationales, notamment des puissances coloniales du XIX° siècle plus que des volontés
populaires. Il est intéressant de noter que ces frontières ont fini par s’imposer malgré leur
caractère a priori artificiel. La subdivision que nous adoptons de l’Afrique en trois régions
relève de la géographie et de l’économie politique plutôt que d’une tradition populaire. Mais
ces considérations sont un indice important pour la suite de notre exposé consacré à la
relativisation de la notion même de frontière.
Le Nepad, Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique « est un engagement pris
par les dirigeants africains, fondé sur une vision commune et la conviction ferme et partagée
qu’il est de leur devoir d’éradiquer de toute urgence la pauvreté sur le continent et de mettre
leur pays, tant individuellement que collectivement, sur la voie de la croissance et du
développement durables tout en participant activement à l’économie et à la vie politique
mondiales. Cette nouvelle initiative a été conçue et adoptée comme cadre principal de
développement du continent, par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de
l’unité africaine (qui est devenue l’Union africaine) lors du Sommet de Lusaka (Zambie) en
juillet 2001. Elle est fondée sur une évaluation réaliste de la situation politique et socio-
économique en Afrique aujourd’hui et sur la conviction que le développement du continent
est, en fin de compte, entre les mains des Africains eux-mêmes. »2 Ainsi après des siècles de
divisions artificiellement entretenues, on voit les représentants des peuples africains penser et
mettre en œuvre une nouvelle entité géopolitique à vision planétaire et résolument
progressiste.
1 Hésitation majeure de nos jours, la ratification du traité constitutionnel nouveau par les peuples européens.
2 http://www.itu.int/itunews/issue/2003/02/partnership-fr.html
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 5 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
Il n’en reste pas moins que les indicateurs économiques sur l’ensemble de l’Afrique sont
alarmants. O. Hammam(2004) synthétise dans un tableau statistique saisissant les disparités
entre régions du monde. Nous en avons extrait le Tableau 1 suivant dont l’interprétation de la
colonne Progression de la population et celle de la dernière colonne (Pib/habitant) se passent
de commentaires. On remarque aussi la disparité entre Afriques du Nord et Australe d’une
part et Afrique médiane d’autre part.
Données INED 1996-2001 pour la progression de population (fécondité), 1995 pour l'espérance de vie,
1999 pour le PNB/h, 2001 pour la population et la superficie, données Banque mondiale 1998 pour
l'énergie (équiv. kg-pétrole).
Sources: Bilan du Monde, 2002
Regroupement par continents, régions (sous-continents) et parties (sous-régions).
Continent
Région
Partie
Nbe
de
pa
y
s
Superf.
milliers
de km²
Population
milliers
d'habitants
Progr
popul. A
g
e
Énergie en
kg/équiv.
pétrole
PIB en
milliers de $ Densité PIB/h
Afrique 53 30.075,5 816.700,0 5,2 53,6 531.572.390,0 566.097.818,0 $ 27,2 693,2 $
Afr. du
Nord 9 10.582,0 177.700,0 4,0 63,9 119.862.200,0 241.835.000,0 $ 16,8 1.360,9
$
Afr.
Médiane 32 12.913,5 507.700,0 5,8 50,7 142.281.663,8 147.666.818,0 $ 39,3 290,9 $
Centre-
Est 14 9.190,5 271.000,0 5,9 49,9 101.287.700,0 60.674.033,5 $ 29,5 223,9 $
Cte-
Ouest 18 3.723,0 236.700,0 5,7 51,6 142.281.290,0 86.992.784,5 $ 63,6 367,5 $
Afr.
Australe 12 6.580,0 131.300,0 4,7 50,9 168.141.200,0 176.596.000,0 $ 20,0 1.345,0
$
Amériques
29 40.107,4 834.848,5 2,5 72,9 3.113.796.932,4 11.458.919.754,9
$ 20,8 13.725,7
$
Asie 44 30.919,0 3.636.000,0 2,7 66,5 3.349.184.500,0 7.560.952.367,4 $ 117,6 2.079,5
$
Europe 41 23.867,4 799.277,9 1,5 73,0 2.608.122.469,3 9.891.165.039,4 $ 33,5 12.375,1
$
Océanie 4 8.502,0 29.100,0 2,3 74,5 131.071.500,0 466.889.000,0 $ 3,4 16.044,3
$
Totaux 171 133.471,4 6.115.926,4 2,8 66,5 9.733.747.791,6 29.944.023.979,6
$ 45,8 4.391,0
$
Tableau 1: les disparités entre continents et entre régions africaines
Les économistes aussi nous renvoient des chiffres alarmants : les échanges commerciaux
concernant l’Afrique la placent quasiment à l’écart de ce que la mondialisation a apporté de
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 6 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
plus positif : le développement par l’échange commercial. « La participation du continent
africain à l'économie mondiale a diminué au cours des 50 dernières années dans des
proportions inquiétantes, aussi bien du point de vue de son PIB, de ses exportations que des
investissements internationaux. » (Ocde, 20023). Ce sentiment est renforcé par le dernier
élargissement de l’Union européenne, car les pays les plus riches d’Europe vont détourner
leurs investissements africains vers les nouveaux venus européens en raison de la proximité et
de la facilité des relations. Il en ressort que la fracture numérique n’est qu’un aspect de la
fracture sociale intra africaine qui parait sans issue.
Néanmoins si l’on regarde de près la situation de l’Afrique au plan du développement
numérique, la situation semble moins désespérante que pour d’autres indicateurs. Le Tableau
2 en fournit un exemple en matière de connectivité et d’usage de l’internet.
Pays PIB par
Habitant Rang Nb internautes pour
10000 hab. Rang Nb ordinateurs pour
100 hab. Rang
France 29 267 4 3 656,00 4 34,00 4
GB 30 278 3 4 230,98 2 40,57 3
USA 37 388 2 5 513,00 1 65,89 1
Lux 58 545 1 3 765,00 3 59,42 2
Burkina 210 13 39,16 13 0,21 13
Côte
d’Ivoire 816 10 144,30 11 0,93 11
Sénégal 646 11 217,20 10 2,12 10
Afrique du
Sud 3 530 5 682,01 6 7,26 6
Tunisie 2 454 7 637,01 8 4,05 7
Egypte 1 220 8 393,31 9 2,19 9
Brésil 2 788 6 822,41 5 7,48 5
Pakistan 464 12 102,77 12 0,42 12
Chine 1 094 9 662,48 7 2,76 8
min 210 39,16 0,21
max 58 545 5 513,00 65,89
rapp.
Max/min 279 141 314 |
Tableau 2: Connectivité et revenu par habitant en 2003 (source : Union internationale
des télécommunication et Banque mondiale)
3 http://www.african-geopolitics.org/show.aspx?articleid=3390
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 7 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
Notre point de vue est que ces considérations bien réelles ne doivent pas occulter les ressorts
profonds de transformation fondés sur d’autres critères que ceux de la sphère marchande. La
culture, l’histoire et la géographie sont aussi des mobiles de l’action des peuples. A preuve le
sentiment largement répandu d’amour -haine qui caractérise la relation entre l’Europe et
l’Afrique. La crise que vit la Côte d’Ivoire depuis 10 ans en est une illustration dramatique.
Sans entrer dans l’analyse de cette crise, son existence même est la source des réflexions
suivantes.
Pourquoi le contexte de comportements post coloniaux entre l’Europe et l’Afrique ne
pourrait-il pas changer de nature ? L’Afrique du Sud, la Tunisie, comme le Brésil, le Chili, le
Mexique, l’Inde entre autres nous montrent que d’autres relations peuvent émerger, fondées
sur un mélange curieux et improbable de besoin de diversification, d’autonomie et de dignité.
Quelques leviers peuvent être identifiés et font l’objet des lignes qui suivent. Les technologies
numériques sont un de ces leviers.
QUE SIGNIFIE « FRONTIÈRE » ?
Paul Ricœur (2004) a magnifiquement exprimé comment la notion de frontière physique était
justifiée dans les sphères géopolitique et économique, mais pernicieuse dans le domaine de la
culture. Il lui oppose la notion de « rayonnement à partir de foyers culturels ». Ainsi la carte
culturelle du monde devient un « entrecroisement de rayonnements à partir de centres, de
foyers, qui ne sont pas définis par la souveraineté de l’Etat-nation mais par leur créativité et
par leur capacité d’influencer et de générer dans les autres foyers des réponses. » Dans ce
contexte d’illuminations réciproques, les identités ne sont pas des caractéristiques immuables,
mais des identités narratives, vivantes, évolutives qui plongent leurs racines dans l’histoire, se
vivent dans le récit et se projettent dans une promesse, elle-même attachée à un horizon.
Comme tout horizon, celui-ci n’est jamais atteint ; de plus, il se découpe en différents plans –
le rapproché qui bouge vite et puis le lointain qui est plus stable.
Figure 1: d'un modèle à l'autre
Notre propos est d’appliquer ce modèle à notre relation quadri partite Europe- Afriques.
Intervient alors la nécessité d’une traduction, non seulement linguistique, mais aussi
culturelle. La traduction possède cette propriété tout à fait systémique de n’être jamais
• Des frontières… • Au rayonnement
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 8 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
complète tout en étant possible. Elle est la base de l’échange qui produit de l’équivalence sans
produire de l’identique, donc de laisser vivants et autonomes les foyers qui émettent les uns
vers les autres. Ainsi, confronté au mythe de Babel de la dispersion et de la confusion, « la
traduction crée de la ressemblance là où il ne semblait y avoir que de la pluralité. » Une des
conditions du fonctionnement de ce modèle de communication interculturelle est l’acceptation
d’une perte dans toute relation à l’autre : comprendre l’autre, accepter son regard implique
l’abandon d’une parcelle de ce que l’on était avant l’échange. « Se laisser raconter par les
autres dans leur propre culture, c’est faire le deuil du caractère absolu de notre propre
tradition. »
Face à une telle approche de la relation entre nos régions du monde, on peut mesurer la
distance entre les discours et actes politiques de nos dirigeants et l’idée d’une union des
peuples à la Jean Monnet. Curieusement l’univers de la technologie de l’information qui peut
paraître comme le support des comportements les plus agressifs actuels est aussi celui qui
réalise dès maintenant, sur le terrain, une partie du programme de P. Ricœur. Nous allons
rappeler quelques raisons d’être optimistes dans le rôle des technologies de l’information
communication, les Tic.
LES TIC COMME VECTEURS DE LA TRADUCTION
Nous ne nous plaçons pas dans une problématique explicative où nous chercherions à savoir
si les Tic font le monde actuel, ou si c’est le monde qui fait les Tic comme de savoir si c’est
l’œuf qui fait la poule ou la poule qui fait l’œuf. Nous admettons que le processus est
dialectique, l’un réagit sur l’autre et réciproquement. Mais à partir de quelques faits, nous
voulons montrer que les jeunes générations qui sont nées avec ces objets technologiques en
font des usages qui permettent d’espérer une traduction possible entre les cultures au sens de
Ricœur, dans l’Europe large comme dans le continent africain. Par Tic, concrètement, nous
entendons évidemment l’internet, mais aussi les technologies numériques : téléphone (mobile
surtout), télévision, jeux vidéos, photo numérique, etc.
LA FRACTURE NUMÉRIQUE
Par exemple, la fracture numérique a été une expression mise à la mode dans les années 90
pour démontrer que les Tic augmentaient la fracture sociale entre les riches et les pauvres,
entre le Nord et le Sud, entre les urbains et les campagnards. C’est en partie vrai (voir le
Tableau 2: Connectivité et revenu par habitant en 2003 (source : Union internationale des
télécommunication et Banque mondiale). Mais les Tic ont aussi mis à la disposition de tous
des images, des connaissances, des contacts illimités, pour autant que les gouvernants aient
accepté le principe d’une certaine « liberté culturelle dans un monde diversifié », comme le
dit un récent rapport du Pnud. Sans ces technologies, le monde stalinien se serait-il écroulé si
pacifiquement ? Les excès du gouvernement américain en Irak auraient-ils été si rapidement
mis au jour ? Les militants du Chiapas auraient-ils pu se faire entendre ? Prenons donc
l’apport des Tic à la possibilité de communication entre les peuples comme un des facteurs du
nouveau monde. Et souvenons-nous qu’avec toutes ces machines chaque individu peut être
créateur d’images, de récits, de promesses accessibles à tout le monde. Cet espace numérique
infini est ce qu’avec P. Lévy, nous appellerons le « cyberspace ». Pour continuer notre
exemple, regardons le conditionnement des jeunes par la culture du cyberspace et leur rapport
à la culture héritée du passé.
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 9 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
LE RAPPORT AU CYBERSPACE
L’impact visuel
La télévision fut, dans les années 70-90, le média qui a massivement conditionné l’ouverture
au monde des jeunes avec des expositions de plusieurs heures par jour. Par exemple selon
Media awareness4, 79 % des jeunes Canadiens âgés de 9 à 17 ans regardent la télévision au
moins 1 heure par jour. Selon Eurostat5, en Europe, 40% du temps libre de la famille est
passé quotidiennement devant la télévision. Cela fut un saut qualitatif considérable par
rapport aux générations précédentes qui avaient uniquement le contact direct avec la nature ou
la ville pour environnement visuel quotidien. Depuis l’époque du tout télévision, la
prolifération des jeux vidéo a partiellement remplacé et amplifié la part de perception visuelle
médiatisée par les Tic dans le capital d’images du jeune des années 2000.
Une enquête européenne publiée par Newsweek (2003) donne une idée de l’importance de
l’exposition : la moyenne nationale journalière du temps passé dans les jeux vidéos par les
jeunes de 9 à 16 ans s’étend de 65 min/jour pour les israéliens et 57 min/jour pour les danois à
28 min/jour pour les hollandais. La source ne donne pas l’écart type, mais par inférence, on
peut estimer que le temps passé par la partie de la population la plus branchée doit atteindre
plusieurs heures. 37% des joueurs sont en ligne en 2002. Le phénomène touche les filles de
façon significative car elles sont 28% pour 72 % de garçons ; il se poursuit après
l’adolescence car la tranche 18-35 représente 40% des joueurs et les plus de 35 ans encore
23%.
De tels chiffres ne sont pas disponibles pour l’Afrique, mais tout regard quelque peu
ethnosociologique sur le comportement des jeunes de ce continent nous indique une grande
similarité avec leurs voisins du Nord.
Le rôle du ludique
Les jeux, qui vont du puzzle aux simulations les plus intenses et parfois violentes, ont
plusieurs caractéristiques influençant le développement personnel et cognitif. Avant tout ils
forment à une lecture de l’information non linéaire et graphique, le graphisme ayant
d’ailleurs évolué considérablement depuis les pauvres pictogrammes des premiers Atari dans
les années 70 jusqu’aux images de synthèse non distinguables des photos réelles sur les
consoles actuelles GameCube ou Xbox, largement répandus eh Europe autant qu’en Afrique.
Ces graphismes imposent une esthétique sui generis. Ensuite ils conduisent le joueur solitaire
soit vers un certain autisme, soit vers une connectivité tous azimuts qui sont peu régulés par
des processus traditionnels de socialisation. Enfin ils sont fondés sur une logique de
compétition, certainement en cohérence avec la logique libérale, mais dont les effets à long
terme n’ont pas encore été évalués.
Ce monde du jeu vidéo vient s’appuyer sur les jeux à la télévision qui envahissent les
programmes de leurs mosaïques de questions-réponses sans signification globale. Et cette
logique du découpage trouve son achèvement dans le « zapping » « effondrement des grands
récits, de l’argumentation et de la syntaxe : le petit écran, celui qu’on regarde de haut,
encourage une attention picoreuse et velléitaire. Le tactile s’y mêle au visuel, on ne contemple
pas l’image, on la tient au bout de ses doigts. » (Bougnoux, 1998).
Ce besoin d’action sur l’objet et sur l’environnement se manifeste aussi dans une culture de
l’expérimentation. Le monde des nouvelles technologies est expérimental, puisque tout le
monde le découvre comme le fait un enfant de son univers. Il suffit d’observer le mépris qu’a
4 http://www.media-awareness.ca/francais/parents/television/index.cfm
5 http://eleuthera.free.fr/pdf/104.pdf
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 10 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
tout jeune devant la brochure explicative du nouveau produit qu’il vient acheter. Il se précipite
sur l’appareil et essaie toutes les fonctions. Certains l’attribuent à la perte du goût –et même
de la compétence- pour la lecture ; nous pensons qu’il y a aussi le plaisir de jouer en
expérimentant.
Un monde de zapping
Ce monde tactile et visuel devient aussi dans le zapping celui de l’instabilité ; un monde où
l’on a le droit –est-ce de la démocratie ?- de faire taire quelqu’un, ou au moins d’ignorer la
suite de ce qu’il voulait dire. D’ailleurs voulait-il dire quelque chose ? On peut se le demander
car le zapping, ou la crainte du zapping, pousse le locuteur à hacher son discours et même à le
transformer en rythme effréné d’images, en clip, en un « pur brassage d’étincelles » selon
Bougnoux.
« L’existence de petits groupes de jeunes âgés de 13 à 18 ans hyperactifs et instables constitue
un symptôme de notre société » dit Cyrulnik (2003, p179). Les jeunes enfants qui abordent tôt
l’hyper navigation, propre de la démarche en cyberculture, perdent la pratique de la pensée
linéaire et du raisonnement. Il semble que ce soit un appauvrissement et une nouvelle forme
de « pensée unique ». Nous formons des zappeurs systématiques. De plus, le caractère
essentiellement binaire de la logique informatique qui est associée à la cyberculture, conduit à
favoriser démesurément une forme de raisonnement dichotomisé. Or la complexité à laquelle
nous avons à faire face demande des compétences pour acquérir une vision globale des
problèmes.
L’impact cognitif
La raison pour laquelle nous insistons sur cette problématique de l’environnement du jeune
par les images repose sur l’idée maintenant largement admise (de Piaget, 1962 à Restak, 2001
et Cyrulnik, 2003) que le cerveau à la naissance est un vaste champ de potentialités qui
s’actualisent par sollicitation de l’environnement. Ce processus est dialectique : le cerveau
potentiel est stimulé par l’environnement ; puis, ainsi stimulé il cherche un environnement
plus riche en stimulation, qui va lui apporter des plaisirs encore plus intenses selon un schéma
d’addiction similaire à celui bien connu pour les drogues (Dickens & Flynn, 2001). Si cette
théorie a quelque validité, il faut bien en tirer les conséquences sur les aptitudes qui auront été
privilégiées et sur les attentes du public d’adolescents qui pose problème : la classe
traditionnelle ne peut satisfaire leur demande cognitive. Il nous faut chercher une autre
approche à la pédagogie.
Le nouveau texte
Comme pour l’impact des images, le rapport au texte a évolué sous l’influence des
technologies numériques. Le Sms, couramment appelé « texto » en France en est un exemple.
Il faut citer quelques chiffres pour se rendre compte de l’importance du phénomène : entre
mars et juin 2003, 1,88 milliard de messages ont été expédiés sur les réseaux mobiles français.
Chaque abonné a envoyé en moyenne 16,8 textos par mois. Compte tenu de l’inégale
répartition entre moins de 25 ans et plus de 25 ans, on peut avancer le chiffre de plusieurs
textos par jour pour la majorité des adolescents.
Encore une fois ces produits numériques nous amènent à des constatations contradictoires et
remettent en cause le statut de l’écrit, de la rédaction et de l’orthographe. Première
constatation, avec le texto les jeunes se remettent à écrire alors qu’on prédisait il y a quelques
années la disparition de l’écriture. Le genre pousse jusqu’à l’apparition de romans en style
texto dont l’émergence pourrait se comparer à l’apparition de la Princesse de Clèves à l’aube
du roman européen. Ainsi Pa Sage a Taba, de Ph. Marso (2004) se veut-il « un roman policier
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 11 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
accessible aux 12-15 ans, qui risque d'agacer les défenseurs de la langue française ».6 En effet,
la contrepartie de ce retour à l’écrit est la débâcle de l’orthographe. Le Sms est une langue
phonétique, au style très imagé, comme on peut s’y attendre quand on se souvient du
conditionnement cérébral du petit enfant par l’image et le son. L’étape suivante est celle du
courriel qui s’affranchit lui aussi de nombre de règles de l’orthographe ou de l’étiquette
traditionnelle du courrier. Pourtant il incarne une renaissance de l’écrit dans la mesure où il
remplace de nombreuses communications téléphoniques. Il soutient le plurilinguisme qui
caractérise la plupart des sociétés africaines.
Enfin la caractéristique fondamentale de tout ces textes numériques (courriel, document
informatisé) est de permettre un accès universel et illimité à toute l’information qu’ils
contiennent : le document numérique est cherchable, indexable, manipulable à un point tel
qu’on n’arrive plus à le définir, ni dans son état matériel ni dans son statut juridique7.
Le « piratage » ou la culture du gratuit
L’expression, empruntée à B. Le Gendre (2003) caractérise principalement les jeunes qui
refusent d’entrer dans le jeu de l’internet marchand. Quand il suffit d’un clic pour entendre
son morceau de musique préféré, puis l’échanger, le copier, le modifier, et que l’on pratique
cela depuis l’enfance, on ne comprend pas pourquoi il faudrait se compliquer la vie et se
priver pour le payer lorsqu’on atteint « l’âge de raison ». Et la même attitude se diffuse vers
tous les autres produits numériques disponibles sur l’internet : les images, dessins, photos,
films, programmes, jeux, etc. Pour illustrer la force de cette compulsion à copier, je citerai le
cas de ces étudiants en programmation internet à qui on explique que ce sont leurs anciens qui
fabriquent ces programmes, en font leur gagne-pain comme eux-mêmes le feront dans les
années qui suivent, et qui continuent de pirater. Ils considèrent que leurs « petites » entorses à
la loi ou même à la morale ne portent pas le germe d’un désastre économique pour la
profession. Ce phénomène lié à la culture de la jeunesse techno-branchée se double de
l’industrie du piratage dans des pays peu regardants, qui tend à créer des « disques
génériques » comme les « médicaments génériques » et à développer un marché parallèle à
prix cassés. Si piratage et gratuit ne sont pas complètement équivalents, ils relèvent d’une
même remise en cause des lois du marché capitaliste, notamment dans ses dimensions de
propriété et de profit. Curieusement, cette remise en cause pourrait être qualifiée de
« décalée » dans la mesure où cette génération joue par ailleurs à fond le jeu de la
consommation, du vedettariat et des marques. Là encore le monde de l’internet dérange nos
catégories mentales et sociales. Les entreprises et les juristes tentent d’y répondre avec leurs
approches classiques et cela ne semble pas apporter les solutions qu’ils souhaitent.
La globalisation des comportements
La conclusion que nous tirons de ces quelques exemples est que les Tic modifient
profondément les comportements face à l’information et à la communication ; que cette
modification est très forte chez les moins de 20 ans ; qu’elle est mondiale ; qu’elle génère à la
fois des uniformisations et des différentiations ; donc que les perspectives d’avenir d’un
monde d’entrecroisements de rayonnements sont beaucoup plus tangibles que certains ne le
prédisent.
6 Paris (Afp) : Premier livre en style Sms...« Pa Sage a Taba », pRemié livre écrit en langage Sms
7 http://www.textually.org/fr/archives/001606.htm
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 12 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
LA MACHINE TECHNOLOGIQUE
Si tant de choses paraissent possibles, on peut aussi être inquiet d’un certain emballement de
la « machine technologique » dont le rythme d’évolution dépasse la capacité d’absorption des
populations. Là encore c’est oublier le formidable potentiel des jeunes économies a entrer
dans le cyberspace. Et toutes les composantes de la mosaïque africaine sont des moteurs qui
influenceront l’Europe.
La « machine technologique » au sens de Morin, inclut les composants physiques (réseaux,
ordinateurs, téléphones, etc.) mais aussi les conditions de leur mise en œuvre. La culture de
l’information peut être une forme de néocolonialisme si elle se conçoit dans un esprit de
domination, ou au contraire une illumination si elle se conçoit dans l’échange. Les normes, les
standards, les brevets jouent un rôle important dans les processus d’échange. Il est nécessaire
de contrer toute velléité de « shock and awe » en ces domaines.
Remarquons au passage que les horizons technologiques sont, comme le prévoit Ricœur, sur
plusieurs plans. Les gadgets technologiques défilent à une vitesse étonnante, si ce n’est
effrayante ; mais les impacts sociétaux sont lents. On considère que les Etats-Unis ont mis
plus de trente ans avant d’assimiler et exploiter la technologie informatique. C’est une des
raisons pour lesquelles nous fondons notre raisonnement sur le comportement des jeunes
générations car ce sont elles qui exploiteront les Tic.
CONCLUSION
Parmi les conditions que fixe Ricœur à l’émergence de nouvelles valeurs universelles, il y a
l’acceptation du deuil d’une partie de ce que nous sommes aujourd’hui. C’est peut-être le
point le plus difficile de son programme. Nous avons montré que la pluralité dans l’existence
de foyers autonomes qui s’illuminent les uns les autres est une des potentialités du
cyberspace. Mais nous avons constaté aussi combien nous devions faire le deuil de beaucoup
de nos préjugés, de nos idéologies actuelles. L’observation du comportement des jeunes de la
planète est ce qui doit nous permettre d’imaginer des promesses et de reconnaître des
horizons. La nouvelle « vieille Europe » avec encore plus de richesses culturelles et de
diversité et la jeune Afrique de la créativité artistique, musicale, confraternelle sont une
chance pour l’avenir de notre espace transméditerranéen.
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 13 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
ELÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
Breton, Ph. (2000), Le culte de l’internet, La Découverte, Paris
Bulinge, F. (2002), Pour une culture de l’information : un modèle incrémental d’intelligence économique, Thèse
non publiée, Université de Toulon.
Comte-Sponville, A. (2001), Dictionnaire philosophique, Puf, Paris.
Cyrulnik, B. (2003), Le murmure des fantômes, O. Jacob, Paris.
Dickens, W. & Flynn J.R. (2001), "Heritability Estimates vs. Large Environmental Effects: The IQ Paradox
Resolved." Psychological Review 108, 2 (April): pp. 346-369.
Debray, R. (1998), « La médiologie de A à Z », Cahiers de la médiologie, Paris, N° 6, 2° sem.
Flynn, J.R. (1987). “Massive gains in 14 nations: What IQ tests really measure.” Psychological Bulletin, 101, pp
171-191.
Goleman, D. (1995) Emotional Intelligence, Bantam Books, N.Y.
Illich, I. (1973), La convivialité, Seuil, Paris.
Latour, B. (1989), La science en action, La découverte, Paris.
Le Gendre, B. (2003), « La culture du gratuit », Le Monde, 25 octobre, p 1-16.
Levy, P. (2000), World Philosophy, O. Jacob, Paris.
Mattelart, A. (1999), La communication monde, La Découverte Poche, Paris.
Piaget, J. (1962), « Le temps et le développement intellectuel de l'enfant » In: La vie et le temps : les générations
dans le monde actuel : textes des conférences et des entretiens organisés par les Rencontres
internationales de Genève 1962
Quéau, Ph. (2000), « La fracture numérique est un slogan politique », Le Monde Interactif, 13 sept.
Ricoeur, P. (2004), « Cultures, du deuil à la traduction », Conférence aux Entretiens du XXI° siècle, Unesco, in
Le Monde, 25 mai, p1,19)
SITES CONSULTÉS
Hammam, O. M. (2004) « De quelques disparités en matière économique et démographique » in
http://olivier.hammam.free.fr/index.htm 28/02/05
http://www.apc.org/francais/rights/africa/ 20/02/05 Observatoire des politiques des Tic en Afrique
http://www.crdi.ca/books/focus/941/04-chp03.html 20/02/05 L’inégalité des sexes et la révolution de
l’information en Afrique
http://www.africanti.org/www.africanti.org/projet.htm 20/02/05 Observatoire des Nti en Afrique (U.
Bordeaux)
http://www.uneca.org/aisi/ 20/02/05 African information society initiative
http://www.itu.int/itunews/issue/2003/02/partnership-fr.html 20/02/05 Nepad
http://www.nepadforum.com/v2/index.php 20/02/05 Nepad
http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=29 20/02/05 Internet Nord Sud, fossé ou passerelle
http://ntbf.net/article.php3?id_article=5 20/02/05 Bibliographie de l’internet africain
http://www.itu.int/ITU-D/ict/publications/wtdr_03/material/WTDR03Sum_f.pdf 20/02/05 Rapport sur le
développement des télécommunications dans le monde, indicateurs d’accès, 2003
http://smsi.francophonie.org/IMG/pdf/zook_connect-fr.pdf 20/02/05 Etre connecté est une affaire de
géographie
Les technologies numériques et les relations Europe Afrique Page 14 sur 14
Ph. Dumas Ref : A_Tunis_Relations_inter_050229
http://smsi.francophonie.org/aff_srub.php3?id_rubrique=9 20/02/05 Francophonie au Smsi
http://www1.oecd.org/media/econsurv/4102012Elight.pdf 28/02/05 Perspectives économiques en Afrique