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Les Séquelles des Dénis de Grossesse

Authors:
  • association Mnemoart psychanalyse art science

Abstract

Les excès de jouissance et d’angoisse sont à la source des dénis de grossesse. Lorsque le désir et l’orgasme du rapport sexuel fécondant sont trop intenses, ils déclenchent des douleurs et des angoisses de mort tellement fortes qu’elles sont violemment rejetées du système perception-conscience. Lorsque le lien fusionnel d’attachement que je nomme Lien Placentaire Primitif (LPP), est excessif, il réveille les fantasmes maternels originaires, selon lesquels les femmes ne peuvent pas se détacher de ce lien sans mourir. Les brusques variations hormonales liées à la fécondation et à la grossesse stimulent des comportements qui renvoient à des réflexes d’autoconservation et de reproduction, lesquels sont liés à des Stress Post Traumatiques (SPT) endogènes d’origine phylogénétique. Ces angoisses doivent être représentées psychiquement, surtout dans les rêves, afin d’être perçues inconsciemment et devenir vivables. Sinon elles peuvent provoquer un « déni total » de toutes les représentations psychiques et perceptives dès la fécondation ou une succession de « dénis partiels » des perceptions et des émotions ressenties au cours de la gestation. Les dénis de grossesse pourraient être à l’origine de malformations dès le début de l’embryogenèse. Ils pourraient être à l’origine des addictions et des troubles de la perception et reconnaissance de soi (agnosies, synesthésies, négligences spatiales). Ces agnosies pourraient être suivies de troubles neurologiques (épilepsie, narcolepsie), de pathologies somatiques (maladies de peau, Cushing, diabète, cancer) et de pathologies psychiques plus ou moins graves (autisme, schizophrénie, psychose, perversion et névroses).
Les grossesses déniées
Tamara Landau
Je suis très honorée d’être ici parmi vous et je remercie M. Eric Fiat et le comité scientique
du Département de Recherche en Bioéthique du Collège des Bernardins1 de m’avoir invitée en
tant que psychanalyste à parler des « grossesses déniées » devant un public médical intéressé à
rééchir sur les questions bioéthiques, suite aux développements des nouvelles biotechnologies
appliquées à la procréation médicale assistée.
Mon propos aujourd’hui est d’aborder ces questions en vous exposant mes hypothèses,
selon lesquelles les dénis de grossesse seraient des processus présents au cours des grossesses
naturelles depuis toujours et ils seraient causés par l’excès d’angoisse de mort éprouvée par les
couples avant d’engendrer et au cours de toute la gestation. Les dénis de grossesse sont devenus
de plus en plus fréquents suite aux stress liés aux profondes modications que nous connaissons
dans nos relations sociales, économiques, dans le monde du travail et dans les familles qui
poussent les couples, les femmes en particulier, à engendrer de plus en plus tard.
On peut penser que les nouveaux moyens de communication virtuels et le télétravail
contribuent à leur forte progression en brisant la temporalité et les rythmes circadiens en
entraînant une addiction aux écrans et aux téléphones portables chez les adultes et les enfants. Il
en résulte une diminution de l’échange de paroles, de regards, comme de la capacité des parents
à s’écouter et à écouter leurs enfants même lorsqu’ils sont à la maison et surtout quand ils sont
encore dans le ventre !
Selon la phase de la grossesse et la durée de ces moments d’inattention, ces défauts d’écoute
et de regard seraient à l’origine d’un déni de grossesse total ou partiel et seraient, selon moi, la
cause psychique de la non inscription symbolique du sexe et de l’ordre de la liation. Ces non
inscriptions pourront par la suite se traduire en pathologies diverses : mentales plus ou moins
graves (autisme, schizophrénie, névroses et perversions), neurologiques (épilepsie, narcolepsie)
et somatiques (maladies de peau, asthme, diabètes, cancers du sein et de l’appareil génital). Ces
dernières années, l’autisme dans la population générale est estimé à 1 cas sur 160 (World Health
Organization, 2023).
1. Site web du Département de Recherche en Bioéthique du Collège des Bernardins :
https://www.collegedesbernardins.fr/seminaires/engendrer-ou-creer-vers-lhomme-fabrique
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J’aimerais vous transmettre aujourd’hui comment entendre ces processus de dénis
inconscients à l’œuvre durant la grossesse et comment les soignants peuvent les prévenir ou les
atténuer grâce à quelques entretiens avant d’effectuer des procréations médicales assistées et /ou
durant toutes les grossesses, avec la future mère et aussi le futur père. Ces entretiens viseraient
à interpréter l’intensité de l’angoisse d’engendrer fondée sur des fantasmes inconscients de
mort et de disparition transmis par les femmes depuis la nuit des temps au cours de la gestation,
que j’appelle fantasmes maternels originaires.
J’ai développé à cet égard un protocole préparatoire à la PMA expérimenté pour le moment
seulement sur trente couples et qui a donné d’excellents résultats. Par ailleurs, des séances de
groupe de femmes primipares au début des trois trimestres dans un centre de naissance, suivies
si nécessaire par des entretiens du couple, ont suf à éviter des menaces d’accouchement
prématuré et à résoudre des problèmes somatiques liés à la gestation (pré-éclampsie, diabètes
incipiens, etc.).
Avant de commencer, je vous dirai quelques mots sur mon parcours de psychanalyste et de
chercheuse indépendante : j’ai pu forger mes hypothèses sur les dénis de grossesse à partir d’une
recherche clinique sur l’addiction avec des femmes adultes hystériques souffrant de troubles
du comportement alimentaire et, comme aurait dit Freud, j’ai réalisé qu’elles souffraient de
réminiscences fœtales. Ainsi, en écoutant avec attention leur comportement alimentaire au cours
de la journée, j’ai pu déceler des analogies avec le comportement de l’embryon et du fœtus
dans la qualité, la quantité, la consistance, le rythme, et la succession de goûts, des couleurs
et de température du liquide amniotique (LA) produit, ingurgité et expulsé durant les trois
trimestres de vie fœtale. Au premier trimestre, l’embryon produit des gouttes de LA en continu
par transsudation épidermique et n’avale rien ; au deuxième le fœtus commence à produire,
avaler, cracher et expulser avec l’urine de plus en plus de LA ; au troisième trimestre il produit
et avale de plus en plus de LA secrété par les alvéoles pulmonaires qu’il expulse avec l’urine,
il grossit énormément et il commence à produire du méconium qu’il retient dans l’intestin. Les
anorexiques seraient xées psychiquement au premier trimestre, les anorexiques-boulimiques
au deuxième et les boulimiques au troisième.
Par la suite, j’ai réalisé qu’elles ne pouvaient pas se sentir vivantes en étant seules à la maison
si elles n’entendaient pas tous les jours la voix de leurs parents, de leur mère en particulier, de
leur compagnon ou mari, de leurs grand-mères, des frères et sœurs ou des enfants par téléphone
et si elles n’allaient pas les voir assez régulièrement pour sentir le goût de la peau de leur
visage, du front, des cheveux, de la bouche, de la salive, des lèvres, du cou, des épaules, de
la transpiration axillaire et de l’entre-jambes... ou le goût et l’odeur des aliments et boissons
préférés qu’elles ingèrent en continu au cours de la journée !
Ainsi, je me trouve aujourd’hui paradoxalement en tant que psychanalyste à avoir
développé une théorie sur la permanence de l’empreinte olfactive placentaire, que je nomme
Lien Placentaire Primitif (LPP), chez l’être humain. Je désigne par ce terme un lien fusionnel
d’attachement hormonal, de nature neurobiologique et biophysique, qui pourrait être à l’origine
d’une passion indestructible « à la vie à la mort » entre les parents et les enfants dès le début de
la grossesse. En effet, mes observations cliniques m’ont permis d’avancer l’hypothèse, d’une
part, que ce LPP perdurerait toute la vie et se transmettrait sur au moins trois générations et,
d’autre part, qu’il serait spécique des humains car il serait déjà organisé comme un langage
durant la vie fœtale.
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L’importance pour le nouveau-né de sentir l’odeur du sein, des aréoles du mamelon et de
la peau de la mère dès la naissance, et surtout pendant la première heure, odeur qui suscite le
besoin de téter et permet de s’adapter à la vie extra-utérine a été prouvée depuis des années.
Selon moi, l’intensité de ce LPP est la question clé. S’il est excessif, il rend inconsciemment
toute séparation impossible car vécue comme mortelle par les parents, et donc pour l’enfant.
Vous comprenez la difculté d’accepter moi-même cette trouvaille contraire à toutes les
hypothèses forgées par tous les psychanalystes à partir de Freud et jusqu’à Lacan et après
lui, qui considèrent que l’homme, en tant que parlêtre (Lacan, 1987), étant donnée sa place
dans l’évolution, ne connaîtrait pas vraiment la prégnance des perceptions olfactives propres à
l’animal.
Selon moi, la relation d’amour avec les enfants n’est pas innée mais elle s’acquiert
progressivement durant la gestation et après la naissance lorsque la mère, et le père s’il est
présent, peuvent anticiper inconsciemment et accepter des fortes diminutions d’intensité de
ce LPP au cours de son développement sans craindre de mourir. Ainsi les femmes peuvent-
elles franchir et se représenter inconsciemment les différentes étapes de séparation durant la
grossesse. Si l’angoisse de mort n’est pas excessive, et donc pas déniée, les parents peuvent
passer d’une passion « à la vie à la mort » à une relation d’amour avec l’enfant. Je rappelle que
dans sa recherche, Michèle Benhaïm (Benhaïm, 1992) n’a trouvé comme infanticides que des
mères biologiques et aucune mère adoptive. Une de ces mères qui avait tué sa lle de six ans,
a déclaré aux Assises : « Ma lle avait perdu son odeur de bébé, comment voulez-vous qu’un
enfant vive sans sa mère ? ». À ce propos, on peut voir le lm d’Alice Diop « Saint Omer », qui
décrit parfaitement le déni total de grossesse d’une mère infanticide.
Aujourd’hui, donc, je me propose de vous présenter mes hypothèses sur l’origine et la
formation de ce Lien Placentaire Primitif à partir de ma recherche clinique sur les addictions
à travers ce que mes patientes anorexiques et/ou boulimiques m’ont permis d’appréhender. Je
décrirai d’abord la fonction de l’angoisse et son rôle dans les dénis de grossesse. Ensuite, je
décrirai la formation des fantasmes maternels originaires de mort et d’effondrement suscités par
la présence de traumatismes endogènes forgés à partir de la mémoire implicite d’une succession
de Stress Post Traumatiques (STP) d’origine phylogénétique. Le stress, la frayeur et l’angoisse
de mort liés aux STP se réactiveraient au cours de certains passages critiques de métamorphoses
corporelles et de brusques transformations hormonales durant la gestation, ils seraient à l’origine
des différents dénis de grossesse.
MES HYPOTHÈSES GÉNÉRALES
J’avance l’idée que c’est l’angoisse de mort et le désir de survivre pour l’éternité qui poussent
les hommes et les femmes à engendrer et à créer sans cesse, comme les artistes et les poètes,
an de pouvoir se sentir vivants et avoir le sentiment continu d’exister.
Le fantasme sous-jacent est celui d’une autofécondation par ssiparité, à savoir celui
d’engendrer et créer à chaque instant et chaque jour un enfant-clone, un double originaire comme
disait Freud, an de renaître et retrouver avec lui le lien fusionnel d’attachement passionnel et le
sentiment continu d’exister hors-temps déjà éprouvés avec la mère durant la vie fœtale.
Cependant, dans Sodome et Gomorrhe, Marcel Proust nous prévient des dangers de
l’autofécondation : « Si la visite d’un insecte, c’est-à-dire l’apport de la semence d’une autre
eur, est habituellement nécessaire pour féconder une eur, c’est que l’autofécondation, la
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fécondation de la eur par elle-même, comme les mariages répétés dans une même famille,
amènerait la dégénérescence et la stérilité, tandis que le croisement opéré par les insectes
donne aux générations suivantes de la même espèce une vigueur inconnue de leurs aînées.
Cependant cet essor peut être excessif, l’espèce se développer démesurément ; alors, comme
une antitoxine » (Proust, 1922, p. 603).
L’intensité de l’angoisse de mort pousserait les êtres humains à engendrer pour retrouver
la même intensité du LPP créé avec leurs propres parents. Mais lorsque l’angoisse de mort
est excessive, l’attraction sexuelle et le désir deviennent trop intenses lors du rapport sexuel
fécondant et ils pourraient causer un orgasme si fort qu’il produirait une douleur exquise
totalement inconsciente et une chute très brusque du tonus musculaire suivie d’une absence et
d’une amnésie comparables à celle éprouvée durant une crise comitiale.
Intensité d’angoisse de mort, d’excitation, de jouissance et de douleur qui se réactivent à
l’accouchement, dans la phase d’expulsion, comme au début et à la n d’une œuvre pour un
artiste ou un écrivain. Alors, l’intensité de l’orgasme et de la douleur s’accompagne d’un rejet
et d’une haine vis-à-vis de l’enfant à l’origine de la violence ressentie dans l’acte d’accoucher.
Cette violence et cette pulsion de destruction sont nécessaires pour accoucher et pour se séparer
d’un enfant auquel la mère est totalement identiée et qui a été source de plaisirs et d’orgasmes
très intenses, souvent inconscients, durant toute la grossesse. Ce qui va provoquer une
dépression plus ou moins importante après l’accouchement, d’autant plus forte si la grossesse
et l’accouchement ont mis en danger sa propre vie. Alors, la violence destructrice et la haine
ressenties pour l’enfant laissera une trace indélébile dans la mémoire de la mère, du père et
de l’enfant. Haine qui peut se traduire en suicide après l’accouchement. En France tous les
quatre jours une femme meurt durant la grossesse, à l’accouchement et 13% par suicide après
l’accouchement (Saint-Maurice : Santé publique France, 2021).
Tandis que, normalement, quand l’intensité de l’angoisse, du plaisir et de l’orgasme
ressentis durant le rapport sexuel fécondant ne sont pas excessifs, à l’accouchement ceux-ci
sont recouverts par la douleur, au niveau conscient cette fois-ci. La haine et le rejet ressentis
vis-à-vis de l’enfant ainsi que la douleur sont vite oubliés et refoulés par les femmes et un
baby blues, qui peut passer inaperçu, va scander pour elles la première perte de l’enfant-clone
fusionnel après la naissance, marquant ainsi la première brusque diminution du LPP lors du
troisième jour après l’accouchement.
Cependant, lorsque l’intensité du plaisir, de la jouissance, de l’angoisse de mort et de la
douleur sont excessives, en raison aussi de l’interdit de l’inceste sur lequel nous reviendrons,
celles-ci peuvent provoquer une négation (Verwerfung) comme disait Freud (Freud, 1894) une
forclusion symbolique, comme disait Lacan (Lacan, 1956), que je traduis comme un « déni
total » de toutes les représentations psychiques et perceptives violentes de la fécondation ou/et
une succession de « dénis partiels » des perceptions et des émotions contradictoires ressenties
au cours de toute la gestation.
FONCTION DE L’ANGOISSE ET DIFFÉRENTS DÉNIS DE GROSSESSE
J’avance l’idée qu’un excès d’angoisse de mort éprouvée inconsciemment par les femmes
et les hommes avant d’engendrer peut produire un déni total ou un déni partiel des perceptions
propres à la gestation dès la fécondation ainsi qu’une succession de dénis partiels durant les
phases critiques liées aux plus brusques transformations hormonales à la n des trois trimestres
et au cours de l’accouchement.
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Je traduis « déni total » par ce que Freud dénit comme processus de négation (Verwerfung)
à savoir que « […] le Moi rejette [verwift] la représentation insupportable en même temps que
son affect et se comporte comme si la représentation n’était jamais parvenue » (Freud, 1894,
p. 12) et je traduis comme « déni partiel » sa dernière dénition du déni (Freud, 1925) à savoir
le refus par le sujet de constater et de voir ce qu’il regarde ou, plus exactement, le refus de
reconnaître la perception et la vision d’un réel traumatisant, comme par exemple la différence
des sexes.
Freud a décelé très tôt l’ancrage biologique et phylogénétique de l’angoisse, de la sexualité,
de l’excitation et de l’énergie libidinale. Avec lui, nous savons que toute modication corporelle
et transformation d’énergie libidinale, lorsqu’elle est trop intense et pas représentable
psychiquement, peut être traumatique et produire des symptômes. Il dénit d’abord l’angoisse
« automatique » comme un afux brutal, et non attendu, d’excitation sexuelle endogène ou
exogène que le sujet n’arrive pas à maîtriser. Il distingue par la suite l’angoisse « automatique »
de l’angoisse comme « signal ». En effet, toute angoisse, lorsqu’elle est ressentie physiquement,
est un signal d’alarme nécessaire qui permet d’anticiper une transformation corporelle et une
excitation sexuelle très intense qui vont se produire. « L’angoisse a avec l’attente, dit Freud,
une relation non méconnaissable : elle est angoisse devant quelque chose » (Freud, 1926).
Ces deux angoisses pour Freud coexistent chez l’humain, dès la naissance avec la détresse
originaire (Hilosigkeit) (Freud, 1895) d’origine biologique, phylogénétique et ontogénétique
qui inconsciemment perdure toute la vie au moins en tant que trace mnésique.
Selon mes hypothèses, l’intensité de l’angoisse automatique d’origine phylogénétique
chez l’être humain dépendrait du taux d’augmentation de l’intensité du LPP et du lien
d’attachement fusionnel reliant le couple entrainant une très forte attraction et un désir sexuel
qui réactiveraient la frayeur devant les prédateurs éprouvée avant la phase ovulatoire avec une
mémoire implicite des réexes les plus archaïques d’auto-conservation et de reproduction dans
la phylogenèse éprouvée par les femelles avant et durant la copulation en fonction de l’intensité
de l’excitation sexuelle, de l’énergie psychomotrice, de l’orgasme et de la douleur ressentis
au cours de la fécondation. Au niveau phylogénétique, l’orgasme et la douleur chez certains
mammifères étaient nécessaires pour déclencher l’ovulation (Pavlicev & Wagner, 2016) et pour
le mâle le surpassement d’une aversion de la femelle durant l’œstrus augmentait la motricité
et l’excitation sexuelle. Ainsi, le LPP serait composé des hormones d’attachement (surtout
l’ocytocine, la vasopressine et la prolactine très proche de l’hormone de croissance – growth
hormon GH), des hormones sexuelles, des hormones stéroïdiennes et des hormones de stress –
en particulier le cortisol qui, en interaction avec la mélatonine, traduirait l’effroi et l’angoisse de
mort ontogénétique et épigénétique. Et ceci selon une succession de Stress Post Traumatiques
(SPT) donnant lieu, comme réponses immédiates, à un comportement qui correspondrait à des
réexes d’autoconservation et de reproduction très archaïques dans l’arbre phylogénétique.
Ainsi, l’intensité de l’angoisse de mort réactivée par ces Stress Post Traumatiques
endogène, propres à l’état de gestation, doivent être représentés psychiquement par les femmes
pour acquérir le statut de traumatismes endogènes perçus inconsciemment et vivables. C’est
un point très important car le déni de l’angoisse, lorsque celle-ci est excessive, peut se traduire
par des fausses couches, des malformations et des pathologies somatiques et mentales dès
le début et au cours de toute la gestation ou après la naissance pour les mères et/ou « leur
fœtus ». Ce déni se produit au cours des phases critiques de métamorphose et de transformation
hormonale durant le cycle hormonal circadien, menstruel et gestationnel au début et à la n des
trois trimestres de grossesse.
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Selon mes hypothèses, l’excès d’angoisse de mort des femmes enceintes provoquerait, durant
les trois trimestres de gestation, des dénis qui seraient à l’origine des défauts de perceptions et
des désynchronisations du rythme des cycles ultradiens, circadiens et infradiens du fœtus. Ces
désynchronisations se réactiveraient après la naissance selon le cycle circadien et nycthéméral
veille-sommeil de l’horloge biologique de la mélatonine au début et à la n du troisième,
sixième et neuvième mois et ensuite à trois ans, six ans, neuf ans, douze/treize ans, dix-sept/
dix-huit ans, vingt ans et ensuite tous les dix ans avec une acrophase à 40 ans pour les femmes
et à 50 ans pour les hommes, elles se transmettraient sur trois générations.
Freud évoquait déjà que les métamorphoses hormonales liées aux menstruations et à la vue
du sang à la puberté, lorsqu’elles n’ont pas été attendues par la jeune lle, faute d’avoir été
annoncées, décrites et parlées par quelqu’un, peuvent provoquer un excès d’angoisse de mort
et un traumatisme très intense qui renvoie à celui de la naissance (Freud, 1905).
Un traumatisme de la naissance qu’on pourrait aujourd’hui associer à la succession de SPT
suite à la découverte de la fonction très importante de la Kisspeptine sur le système GnRH
(Gonadotropin-releasing hormone) pour la reproduction chez l’animal et chez l’homme. Ce
système est déjà actif au cours de l’ovulation et stimule et organise de la même façon, les
gonadotrophines chez les garçons et les lles durant la vie fœtale. Il se réactive à la naissance
pendant une semaine avant de tomber en dormance, puis s’éveillerait d’un coup à neuf ans, à la
puberté, en stimulant les gonades (testicules et ovaires) dans la production des spermatozoïdes
ou ovules. Certaines de mes patientes, à l’arrivée des règles étaient tellement choquées
inconsciemment par la vue et l’odeur du sang, qu’elles « étaient aménorrhées immédiatement »
selon leur expression, sans aucune conscience de leur transformation corporelle. Par ailleurs, à
l’arrivée de la puberté de leur enfant, des patients, hommes comme femmes, développent des
symptômes somatiques (allergies, eczéma, hématies urinaires, bromes ou cancers du sein, de
l’utérus, tératomes ovariens ou testiculaires, etc.).
Freud distingue l’angoisse de mort de l’effroi qui surgit face à un danger réel intervenant
à un moment imprévu (Freud, 1920). Selon moi, certains cauchemars récurrents présents
chez les femmes lorsqu’elles tombent enceintes et au cours de la grossesse, mettent en scène
la frayeur, les Stress Post Traumatiques d’origine phylogénétique et l’angoisse de mort et
d’effondrement éprouvées durant les transformations hormonales, neurophysiologiques,
biophysiques et somato-sensorielles non attendues au cours de la gestation en interaction avec
le développement du fœtus et l’involution placentaire.
Freud souligne le caractère d’anticipation temporelle de l’angoisse car chez l’humain, le
« touché » du regard et de la parole sont nécessaires pour attendre et par la suite pour prendre
conscience des transformations en cours car, dans l’inconscient, l’espace et le temps coïncident.
Freud a introduit le concept d’énergie libidinale (Freud, 1895) qui articule, à travers des liens
psychiques, la dimension psychomotrice et quantitative de l’excitation sexuelle du système
neuronal aux affects et aux sensations de plaisir, déplaisir, angoisse et douleur. Et il suggère
que la trop brusque et trop intense excitation et jouissance sexuelle, en désintriquant les liaisons
psychiques nécessaires à maintenir l’homéostasie psychosomatique, provoquerait un excès
d’angoisse qui serait la cause de symptômes. Ainsi, lorsque le désir, l’excitation sexuelle et
l’orgasme sont excessifs, ils déclenchent des douleurs et des angoisses de mort trop intenses
qui sont violemment rejetées du système perception-conscience, ainsi que la perception des
transformations corporelles en cours.
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Le mécanisme de déni total provoquerait donc un décit de perceptions olfactives,
gustatives, auditives, visuelles (rétiniennes et proprioceptives), kinesthésiques, pallesthésiques,
nociceptives, sensorielles, émotionnelles, psychosexuelles, psychomotrices qui chez le fœtus
pourraient être à l’origine de malformations et de troubles plus ou moins graves de la perception
du corps propre, de la reconnaissance de soi et de son propre visage. Mon hypothèse sur la
prédominance des images olfactives (Landau, 2010) pour le nouveau-né dans la perception et
la reconnaissance des visages et en particulier celui de la mère à la naissance a été validée par
la recherche (Rekow et al., 2021).
COMMENT PERCEVOIR LES DÉNIS DE GROSSESSE
La future mère dès le début de la grossesse doit arriver à se représenter consciemment la
présence de l’enfant à travers les signes sympathiques (terme qui signie « souffrir ensemble »)
qu’elle doit savoir ressentir, percevoir de l’intérieur et, de même, voir dans l’espace-temps
extérieur les métamorphoses corporelles et ressentir les douleurs et tous les symptômes
spéciques de chaque trimestre selon le développement du fœtus : changements de goût,
d’appétit, troubles du sommeil, fatigue, migraines, douleurs musculaires, douleurs intestinales,
respiratoires, de circulation sanguine, de constipation ou diarrhée, hémorroïdes et nécessité
d’uriner très souvent; ainsi que tous les problèmes liés au poids et à la place occupée par le fœtus.
Il m’est arrivé parfois de recevoir pour la première fois des jolies femmes style mannequin qui
venaient me voir pour des problèmes divers (phobie du métro, problèmes conjugaux, etc.) et
qui, vers la n de la séance, me disaient incidemment qu’elles étaient enceintes de six ou sept
mois !
Il a suf que je leur dise que normalement à cette étape de la grossesse on devrait avoir un
ventre bien visible, avoir un peu de mal à monter les escaliers, etc., pour que la semaine d’après
elles soient déjà bien enceintes, très visiblement !
La perception consciente des mouvements du fœtus commence seulement au quatrième mois
avec le hoquet, que beaucoup de mères imaginent être des mouvements de jambes. La mère doit
porter une attention au cours de la journée à tous les changements corporels et progressivement
aux mouvements actifs du fœtus comme à ses pauses, surtout durant le dernier trimestre, car
n’ayant plus de place et en développant ses poumons, il peut rester sans bouger pendant plus
qu’une heure. Ceci est un point très important à souligner : si la femme enceinte ne porte pas
souvent attention à ce qu’il se passe dans son ventre car très concentrée ailleurs, ou bien si elle
se sent trop identiée à l’enfant en pensant qu’il ressent tout ce qu’elle ressent (« il a envie de
manger du chocolat en ce moment ! » déclare-t-elle), cela peut être source, dans les deux cas,
d’un déni partiel. En effet, l’angoisse de perdre l’enfant et de chercher des traces de sang dans
ses slips ou dans les toilettes, surtout au premier trimestre, permet à la mère de se représenter sa
présence - une présence reconnue qui permettra à celui-ci de se sentir exister par la suite.
Ensuite il est essentiel de l’imaginer, de projeter sur lui ou elle le plus tôt possible un avenir
heureux, mais là aussi on retrouve le « trop » ou le « pas assez », car j’ai eu déjà des patients
polytechniciens qui avaient eu des bavoirs portant brodé le mot « Polytechnique » à la naissance,
ce qu’ils ont ressenti comme un destin funeste.
Pour la mère, le passage plus difcile pour percevoir la présence de l’enfant est celui du
premier trimestre car il n’est pas perceptible dans son système perception-conscience. Les
seuls signes sympathiques seront : une diminution de l’appétit, des nausées, une fatigue, une
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modication du sommeil, un reux gastrique, des dégoûts de certains aliments qu’elle appréciait
et une préférence pour d’autres aliments. Je voudrais ajouter à cette liste certains signes qui ne
sont pas souvent répertoriés, à savoir tous les changements reliés aux variations hormonales de
la gestation en interaction avec l’hormone mélanotrope dite MSH ou melanocyte-stimulating
hormone (Heffner & Schust, 2010) qui, en synthétisant la mélanine, transforme le goût, l’odeur
et la couleur de la peau. On observe souvent une hyperpigmentation sur le visage, sur le front,
autour des yeux, sur les joues (masque de grossesse), autour des seins, des mamelons, des
organes génitaux et, sur le ventre, une ligne brune (linea nigra) allant du nombril au pubis
(Estève et al., 1994) qui s’accentue au deuxième et troisième trimestre. Apparaissent également
des transformations de la couleur, de l’odeur et de la consistance des pertes vaginales, du
sébum des cheveux, des poils axillaires, des poils pubiens et une forte augmentation de l’odeur
musquée du vagin et de la peau. Mais l’apparition d’éternuements et de rhinites allergiques
chez 20% des femmes enceintes (Murer et al., 2020), parfois de ptyalisme gravidique dès le
premier trimestre empêchent de percevoir et sentir tous ces changements ! Les transformations
hormonales provoquent aussi des difcultés respiratoires, des bâillements, des ronements et des
apnées du sommeil chez environ 40% des femmes (Paulovic, 2016). Ces signes sympathiques
se présentent généralement au cours du deuxième trimestre, mais ils peuvent se produire durant
le premier. De plus, elles peuvent ressentir des douleurs au dos et au ventre, développer une
cystite « de la jeune mariée », se sentir très lourdes et sans soufe au début de grossesse avec
des signes sympathiques spéciques du dernier trimestre, voire de l’accouchement, comme
certaines femmes au cours d’une grossesse hystérique ou d’une crise hystérique typique du
siècle dernier. Ou au contraire, elles peuvent se sentir en pleine forme et en plein dynamisme
jusqu’à l’accouchement, comme si elles n’étaient pas enceintes. Vous voyez toutes les formes
très contradictoires que peuvent prendre les dénis partiels de grossesse !
Depuis Hippocrate qui a forgé le terme d’hystérique, du grec hustera matrice, utérus, qui
attribua aux mouvements de l’utérus « qui se balade » l’origine des maladies des femmes ou,
par la suite, Charcot liant les crises convulsives des hystériques au modèle de l’épilepsie, les
mouvements utérins ont été pris en considération. Comme je l’ai dit, Freud a introduit dès
1895 le concept d’énergie libidinale et psychique pour souligner l’aspect psychomoteur et
quantitatif du plaisir, de l’excitation sexuelle, de l’angoisse et de la douleur qui doivent être
intégrés à travers des liens psychiques. Et il suggère que la trop brusque libération d’excitation
sexuelle, qui délie la fonction des liaisons psychiques du Moi nécessaire pour l’homéostasie
psychosomatique, serait la cause des symptômes, comme je vous ai déjà annoncé.
Ainsi je souligne l’extrême difculté pour toutes les femmes enceintes de prendre conscience
des processus inconscients à l’œuvre dès la fécondation. Se représenter la présence de l’enfant au
cours de la grossesse est donc d’une extrême complexité car celui-ci est perçu inconsciemment
comme « appartenant » entièrement au corps de la mère durant toute la grossesse, comme un
membre fantôme en neurologie. Ce qui est encore une façon de dénier sa présence en tant
qu’autre.
Le traité Sanhédrin, qui reprend dans le Talmud les lois pour les juifs, décrète que le fœtus
est comme une jambe de la mère et qu’il n’est pas un être vivant avant l’apparition de son front
au cours de l’accouchement et que s’il met en danger la vie de la mère « on doit le découper
dans ses entrailles et on doit le sortir morceau par morceau car la vie de la mère prime sur la
vie de l’enfant ». Ce qui correspond à un cauchemar récurrent très sanguinaire chez certaines
femmes avant l’accouchement qui, dans certaines maternités, conduit les médecins à effectuer
une césarienne.
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 39
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Nous voyons ici exprimées très clairement une grande violence et l’existence de
représentations incestueuses totalement refoulées par tout le monde, à savoir la présence d’une
jouissance extrême partagée entre la mère et son fœtus au cours de toute la grossesse d’une part,
et l’angoisse et la pulsion de destruction totalement inconsciente éprouvée par les deux parents
vis-à-vis du fœtus qui peut mettre la vie de sa mère en danger au cours de toute la grossesse
et surtout à l’accouchement. Deux représentations qui restent encore de nos jours totalement
refoulées, voire carrément déniées. Sabina Spielrein et Margarete Hilferding qui furent parmi
les premières psychanalystes dans le cercle de Freud, toutes deux déportées pendant la guerre,
furent les seules à évoquer ces deux questions. Sabina Spielrein dans son article de 1911 « La
Destruction comme cause du devenir », introduisit l’hypothèse, aujourd’hui conrmée par la
biologie, que la destruction cellulaire s’avère nécessaire pour créer du vivant. À ce propos, elle
a créé le concept de « pulsion de destruction » repris par Freud. Mais le point le plus original
de sa théorie est d’envisager la pulsion de destruction en lien avec la reproduction d’origine
phylogénétique. En effet, pour éclairer cette idée, elle évoque le destin des éphémères, ces
insectes qui meurent et disparaissent après l’accouplement. Par ailleurs Margarete Hilferding,
dans la conférence « Sur les fondements de l’amour maternel » du 11 janvier 1911, suggère
que les mouvements de l’enfant suscitent certaines sensations de plaisir qui pourraient être une
ébauche de relations d’ordre sexuel. Pour elle, l’enfant provoque l’amour maternel en fonction
des sensations sexuelles éprouvées par la mère pendant la grossesse et dans la période qui suit
l’accouchement, notamment pendant l’allaitement.
Françoise Dolto a été la première psychanalyste dans les années 40 à avoir détecté
intuitivement le LPP, ce qui lui a permis de suggérer de donner une écharpe imprégnée de
l’odeur de sa mère à un nouveau-né qui refusait de boire le lait du biberon. Et surtout à avoir
l’intuition que l’angoisse a une odeur dont le sujet peut devenir dépendant. Elle disait « […]
je me demande si les enfants qui ont une mère angoissée ne sont pas beaucoup plus amoureux
de l’angoisse, sans savoir que c’est l’angoisse, parce que c’est l’odeur d’angoisse qui leur est
nécessaire. L’odeur d’angoisse est, dans l’inconscient, liée à la sécurité d’exister » (Dolto,
1976), mais elle rappelle aussitôt qu’être trop attaché à l’odeur de la mère, c’est l’inceste. Mais
comme tous les psychanalystes, elle a abordé cette addiction et ce désir incestueux seulement
du côté de l’enfant et de son complexe d’Œdipe et pas du côté des parents. Cependant, elle a
été la première psychanalyste à dénir l’image inconsciente du corps et le fantasme inconscient
comme « une organisation et une mémorisation olfactive, auditive, gustative, visuelle, tactile,
baresthésique et cénesthésique de perceptions subtiles, faibles et intenses, ressenties comme
langage de désir du sujet en relation à un autre » (Dolto, 1984).
Il est important de souligner l’aspect interactif de cette organisation car l’attention, la pensée
et les mouvements de la mère modient les mouvements du fœtus et vice-versa, et suscitent de
la jouissance et de la douleur, des émotions, des fantasmes érotiques et des affects qui remanient
et renforcent, à chaque instant, leur lien d’attachement fusionnel. D’où l’importance de choisir
un prénom le plus vite possible après l’échographie, car cela permet de diriger l’attention, la
pensée et les paroles adressées à l’enfant comme à un autre, d’écouter tous ses mouvements.
Et surtout il est important de ne pas changer ce prénom par la suite, ce qui permet de l’inscrire
symboliquement dans son sexe et dans son temps. « Angèle sera danseuse » ou bien « Serge sera
un athlète ». Dolto écrit « La prégnance des phonèmes les plus archaïques, dont le prénom est
l’exemple type, montre que l’image du corps est la trace structurale de l’histoire émotionnelle
d’un être humain » (Dolto, 1984).
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 310
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Marie-Claire Busnel a été parmi les premiers chercheurs dans les années 80 à croire à
l’existence de l’audition chez le fœtus (Busnel & Granier-Deferre, 1983) et fut la première
à démontrer au niveau expérimental comment la mère pourrait transmettre très précocement
toutes ses émotions à son fœtus à travers des paroles pensées ou prononcées à haute voix,
adressées ou pas (Busnel, 1998). Durant des grossesses à risque nécessitant une intervention
chirurgicale à la naissance, elle a mesuré les battements cardiaques de la mère et du fœtus
lorsqu’elle parle de l’intervention chirurgicale à venir après la naissance au technicien et elle
a remarqué que le fœtus jusqu’à six mois réagit aux émotions fortes et à l’angoisse éprouvées
par sa mère avec la même variation du rythme des battements cardiaques. Par contre, après
la 24ème semaine de gestation, lorsque la mère est habituée à l’idée d’une intervention à la
naissance et n’a plus des variations des battements cardiaques, le fœtus augmente les siens.
Les mères transmettraient ainsi avec leur voix (Abitbol, 2019) toutes leurs émotions (angoisse,
haine, amour, enthousiasme, tristesse, peur, etc.) et leurs états (bien-être, fatigue, somnolence,
agitation), plaisirs et dégoûts alimentaires et sexuels (excitation, répulsion, jouissance, orgasme
et douleurs) à leurs fœtus. Certaines études commencent à démontrer ce que j’ai pu supposer
en échangeant avec Marie-Claire Busnel, à savoir que les mots d’amour adressés par la mère
à son fœtus de six mois pourraient réactiver une augmentation des mouvements de succion et
d’ingestion du liquide amniotique comme lorsque la mère avale ses aliments préférés (Ustun et
al., 2022) et provoquer également une anesthésie de la douleur ressentie (Flours, A., 2022). Des
chercheurs avaient déjà trouvé cette correspondance lorsque la mère ingère du sucre (Steiner &
Weiffenbach, 1977) lequel produit à la fois un effet anesthésique et hédoniste pour le fœtus ou
l’enfant prématuré de six mois (Smith & Blass, 1996).
COMMENT LES PATIENTES ANOREXIQUES ET/OU BOULIMIQUES
M’ONT PERMIS DE COMPRENDRE L’ORIGINE DE L’EXCÈS D’ANGOISSE
ET DES TRAUMATISMES ENDOGÈNES PROPRES À LA GESTATION
QUI FONDENT LES FANTASMES MATERNELS ORIGINAIRES.
Durant la cure psychanalytique de ces femmes, j’ai entendu la récurrence de la même
succession de gestes compulsifs au cours d’analyse, d’une gestuelle en miroir, d’un mimétisme
avec l’environnement, des mêmes lapsus confondant les trois générations comme « quand
j’étais enceinte de ma mère » ou bien « je vais naître dans trois mois » pour celles qui étaient
enceintes, et la répétition des mêmes propos poétiques décrivant un vécu mélancolique comme
« je suis née sans corps », « je me sens errer dans les airs comme un oiseau ». Toutes ces femmes
expriment la douleur et l’extrême angoisse ressenties à cause de l’impression « d’être sans
corps », « d’être invisibles » et « impalpables » ayant été « oubliées mortes ou agonisantes »
dans le ventre de leurs mères et de leurs grand-mères enceintes. Elles ont l’impression d’avoir
été oubliées et d’avoir disparu dans « le trou noir du vide sidéral avant de naître ».
Angoisses, sensations forgées sur l’impression d’appartenir au corps fusionnel de leur
mère et de leurs grand-mères enceintes et être « leur » fœtus qui forment la succession des
trois fantasmes maternels originaires : « Une vie pour deux, si l’un vit l’autre meurt » au
premier trimestre, « Un corps pour deux » au deuxième trimestre, « Accoucher et naître
c’est mourir, tuer la mère et la grand-mère » au troisième trimestre. Dans tous les cas, toute
séparation est imaginée comme impossible et leurs lapsus indiquent qu’ils se transmettent aux
fœtus sur trois générations.
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 311
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En leur posant des questions, j’ai réalisé que les sensations d’être invisibles, de otter dans
les airs, « de ne pas avoir de corps leur appartenant » ou bien « d’avoir perdu à jamais le
corps leur appartenant » s’accompagnent souvent pour les patientes anorexiques-boulimiques
de la difculté de reconnaître leur propre voix sur le répondeur, leur propre visage dans le
miroir. Elles ont besoin de se toucher, de s’arranger les cheveux, de les arracher, de les goûter,
de manger les ongles ou la peau autour, et de se regarder souvent dans le miroir lorsqu’elles
sont seules. Elles ont besoin d’être en présence de quelqu’un pour se sentir exister et avoir
l’impression d’avoir un corps et un visage. Elles n’ont pas la sensation d’appartenance de leurs
doigts, surtout du pouce et de l’index, de leur main et de leur bras gauche et du bas de leur
corps à partir de la taille car elles ne perçoivent pas leur poids, ni l’effort musculaire effectué
en marchant et en dansant ni le taux d’élasticité de la peau qui enveloppe leur ventre, tout en
ayant l’impression d’être « très grosses ». Sensations que les patientes boulimiques expriment
clairement en disant que « leur voix, leur visage, leur ventre et leurs jambes avec la graisse sur
le ventre, de « leur bouée de sauvetage » et autour des cuisses ainsi que leur main droite qui les
gavent ne leur appartiennent pas mais « appartiennent à leurs mères ». Le symptôme de ne pas
reconnaître la propriété et l’appartenance de ses membres a été étudié par Alain Berthoz chez
des patients somato-paraphrènes (Berthoz, 1997).
J’ai pu appréhender que ces patientes souffraient de différents types d’agnosies : d’agnosies
digitales, de prosopamnésies, de somatoagnosies, d’allotopoagnosies et hétéropoagnosies
(Bachoud-Levi & Degos, 2022) et de certaines synesthésies (graphèmes, musique-couleur,
numérique, lexicale et gustative) dont elles n’étaient pas conscientes. Toutes ces formes
d’agnosies décrivent le corps fusionnel dont je parle, à savoir l’impossibilité pour le sujet de se
reconnaître et de désigner autrui, en ayant l’impression de ne pas avoir un corps et un visage bien
à soi. Sensations proches des négligences spatiales décrites par Berthoz chez les astronautes qui
ne perçoivent pas leur bas du corps.
J’ai pu ainsi entendre qu’elles se percevaient encore collées et coincées comme un fœtus
en apesanteur dans le corps et le ventre de leurs mères et des grand-mères enceintes selon
différents schèmes sensori-moteurs et schèmes fonctionnels archaïques, elles étaient prises
dans la représentation du schéma corporel fusionnel appartenant à leur mère et à leur grand-
mères enceintes, comme les astronautes dans la navette spatiale. Ainsi, on peut supposer que
la mémoire de l’expérience vécue par le fœtus et la perception de « son » propre corps se
construisent dans l’espace-temps et le modèle interne inverse de la mère et de la grand-mère
maternelle. Ce processus serait réactivé par un mécanisme de rétroaction fonctionnelle de la
perception (feed-forward) suite au « Big Bang » causé par la forte augmentation hormonale
durant la fusion primitive. Mais toute brusque augmentation ou diminution d’énergie
psychomotrice, psychosensorielle, mécanique et cinétique de la vitesse des mouvements
musculaires provoque une inversion de la perception et une sensation de chute, dit Berthoz.
Et au niveau de la physique quantique, toute grande métamorphose corporelle, comme le Big
Bang, provoque une explosion, un silence et un vide avant l’effondrement de la protoétoile
« dans le trou noir du vide sidéral ». Ainsi, la future mère à chaque brusque transformation
hormonale durant les phases critiques de la grossesse et selon l’intensité de son angoisse de
mort, pourrait transmettre au fœtus des sensations hypnagogiques terriantes de chuter dans
le vide. Sensations et « mouvements anormaux » qui se produisent souvent au moment de
l’endormissement (myoclonies hypniques) et, parfois, durant les passages entre deux cycles
de sommeil ou au cours du sommeil profond et du sommeil paradoxal (parasomnies) (José
HabaRubio et al., 2018).
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Certaines femmes sans enfants au cours d’analyse expriment un même vécu mélancolique
que celui éprouvé par les femmes enceintes au début de la gestation et à la n des trois trimestres
lors de leurs cauchemars récurrents : elles décrivent des terreurs archaïques faisant état de
traumatismes endogènes vécus durant la vie fœtale. Nous pouvons les retrouver aussi chez
certains futurs pères, chez des nombreux patients nés avant terme, chez les petits enfants à
certaines étapes précises de leur développement comme on a vu, mais surtout chez des artistes,
compositeurs et écrivains au début et à la n d’une œuvre.
SUCCESSION DES CAUCHEMARS RÉCURRENTS LES PLUS FRÉQUENTS
1. Au début de gestation, les femmes rêvent souvent qu’elles ou « un enfant » est dévoré par
un crocodile. Certaines rêvent d’être grignotées à l’intérieur par une petite souris qui devient
brusquement un rat gigantesque, ou un crapaud, un énorme lézard ou un serpent qui les dévorent
et certaines de leurs mères ont avoué avoir fait ces cauchemars durant la grossesse.
Freud a également entendu chez Emmy von N., la première patiente évoquée dans ses
Études sur l’hystérie (1895), laquelle était anorexique, l’émergence de ces frayeurs et angoisses
ou de « terreurs primaires » des animaux sous forme « d’hallucinations, mauvaises perceptions,
délires ou rêves de bêtes sauvages ». La terreur d’Emmy de retrouver des souris ou des rats dans
son lit, ou « crevés » dans une boîte ou « les visions, hallucinations ou délires » qu’ils allaient
devenir immenses et l’agresser, pouvant se transformer en gigantesques crapauds, lézards ou
bêtes sauvages, la poursuivaient régulièrement.
À la n du premier trimestre, les cauchemars plus fréquents sont que la rêveuse, ou un
enfant, est dévoré par un requin ou bien que la rêveuse perd toutes ses dents.
2. Au cours du deuxième trimestre, la rêveuse entend un grand coup de feu et assiste de loin
au meurtre d’un enfant dont le corps disparaît, ainsi que l’assassin, sans laisser d’empreintes.
Vers la n du trimestre, la rêveuse s’envole, monte au ciel et « brusquement tombe dans un
trou noir du vide sidéral ». Souvent les patientes font ce cauchemar également à l’arrivée des
menstruations.
À la n du trimestre, certaines rêvent que, dans leur maison natale, leur chambre d’enfant a
pris feu durant la nuit. Et souvent leurs mères les réveillent le lendemain matin en leur racontant
ce même cauchemar ! Ainsi, il n’y a plus de trace de l’espace de l’enfant dans la maison familiale.
Nous retrouvons ce rêve proche de celui de Dora, une autre patiente de Freud (1905) dans Cinq
Psychanalyses. Mais dans le rêve de Dora il y a un incendie dans la maison et la mère veut
chercher sa boîte de bijoux avant de fuir et c’est le père qui réveille Dora et la sauve en disant à
sa femme « Je ne veux pas que mes deux enfants et moi soyons carbonisés à cause de ta boîte à
bijoux ! » Nous voyons à nouveau la pulsion de destruction maternelle à l’œuvre, tout le monde
doit mourir carbonisé ! En effet, à la n du deuxième trimestre il se produit une métamorphose
et une diminution très importante du LPP, l’involution placentaire débute, le fœtus devient plus
autonome dans ses mouvements volontaires.
3. Au début du troisième trimestre, la rêveuse retrouve en se réveillant une souris, ou un
hamster, ou un rat ou un crapaud mort ou encore agonisant oublié dans la cave. Par la suite,
au cours du trimestre, la rêveuse se met à voler joyeusement lorsque soudainement un très fort
coup de vent la fait tomber du mât du navire auquel elle s’était accrochée et elle se noie dans
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 313
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des vagues « scélérates d’un océan ». À la n du trimestre, la rêveuse ou/et son enfant sont
emportés par un tsunami. Et souvent le cauchemar du début de grossesse d’être avalé par un
crocodile apparaît avant l’accouchement.
Trois jours avant l’accouchement, selon l’intensité des contractions utérines, de la jouissance,
de l’angoisse, de l’orgasme et de la douleur ressentis par la mère, se produit une sensation
terriante de chute et d’effondrement qui se traduit par un cauchemar dans lequel l’enfant ou/et
la rêveuse tombe du lit, d’une fenêtre, d’une tour ou d’une très haute falaise soit sur du rocher
soit dans un trou noir sans fond d’une mer agitée. Sensations de chute et d’effondrement qui
sont ressentis par la mère lors du baby-blues, trois jours après l’accouchement.
Nous pouvons voir comment ces traumatismes endogènes et ces métamorphoses apparaissent
dans les dessins des rêves de crocodiles de Federico Fellini.
Premier rêve avec un crocodile
Federico Fellini, Le livre de mes rêves
Fellini fait le premier cauchemar au début du tournage de « Juliette des esprits » et dans son
commentaire il écrit qu’il désire montrer Giulietta très méchante voulant tuer un petit chien en
le plongeant dans la gueule d’un crocodile endormi. Ensuite, il ajoute que le petit chien dévoré
disparaît et se métamorphose en crapaud, qui meurt et disparaît à son tour. Mais un nouveau
crapaud surgit et dévore le premier, celui qui avait disparu, avant de s’auto-dévorer. La grande
bouche béante de ce second crapaud nit également par disparaître.
Nous voyons la violence du premier fantasme maternel originaire d’autofécondation fondé
sur la pulsion orale-cannibalique d’autoconservation, comme la dénissait Freud, qui se
forgerait, selon moi, dès la fécondation dans la succession des perceptions et des métamorphoses
les plus archaïques dans la phylogenèse. Certains chercheurs (Thévenet et al., 2023) viennent
de prouver que les crocodiles du Nil peuvent détecter à travers les cris la détresse des bébés
humains mieux que les parents !
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 314
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Deuxième rêve avec un crocodile
Federico Fellini, Le livre de mes rêves
Fellini fait le deuxième cauchemar à la n de son lm « La cité des femmes » il est
dévoré par le crocodile juste avant de tomber dans le trou noir. Ce rêve n’est pas commenté. La
disparition du rêveur s’effectue en silence. Fellini plonge dans une longue dépression après la
n du lm, qu’il compare à une dépression post-partum dans son livre.
LES CROCODILES APPARAISSENT DANS DES SCULPTURES
ET PEINTURES RÉALISÉES PAR DES ARTISTES.
La première photo représente une sculpture réalisée par Auguste Forestier, artiste de l’Art
Brut, intitulée « La bête du Gévaudan »; elle montre un crocodile-alligator préhistorique avec
la mémoire de plusieurs métamorphoses. Tableau exécuté pendant la guerre au cours de son
internement à l’hôpital psychiatrique de St. Alban. Hôpital qui a caché beaucoup de résistants,
intellectuels, artistes et poètes et qui fut le premier lieu de Psychothérapie institutionnelle, à
savoir un lieu humain d’écoute des patients psychiatriques abandonnés jusque-là dans des asiles
sordides.
Auguste Forestier, La Bête du Gévaudan, 1935-45
Bois, caoutchouc de pneu, cuir, métal, dent animale, bille de verre et bre tressée
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 315
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La deuxième photo représente une peinture de Yassine Balbzioui intitulée « Adjugé »
datant de 2020. C’est une peinture effectuée durant le connement. On y voit la vente aux
enchères d’un tableau représentant un crocodile en train de se noyer dans une vague de jouissance
océanique avant la naissance. On voit les juges assis derrière une table avec leur tête couverte
totalement par un masque rouge laissant entrevoir plusieurs visages informes collés, avec des
yeux de partout. Sous la table se cache le crocodile modèle du tableau. Il hésite à se montrer en
chair et os et bien vivant craignant de mourir et d’être tué à la naissance. Angoisse ressentie en
sortant de la maison durant le connement.
Adjugé, 2020, Yassine Balbzioui
Acrylique sur toile, 180 / 200 cm
La troisième photo représente une sculpture de Yassine Balbzioui, Sans titre, de 2020,
réalisée à la n du connement. Nous voyons le nouveau-né crocodile, vert à cause de la
souffrance fœtale endurée durant l’accouchement, s’ériger content mais épuisé à la naissance
près à se lancer dans la vie avec la marche automatique.
Sans titre, 2020, Yassine Balbzioui
Sculpture en résine
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 316
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La quatrième photo représente l’« Autoportrait » de Léa avec une tête de crocodile, une
analysante cantatrice, qui dans les premiers temps de la thérapie analytique m’avait amené
spontanément ce dessin. Elle décrit un crocodile en train de se métamorphoser en oiseau : « Au-
dessus, en violet, j’ai dessiné des plumes ou des écailles, je n’ai jamais pu décider ! Et à droite
une larme coule sur sa bouche bien fermée, voire trop... Elle commence à tomber et dessous
c’est une autre bouche, une normale, qui pousse... ou bien un bec ! C’est une sorte de monstre
préhistorique, plutôt triste ».
Dessin de Léa : Autoportrait en crocodile
Avec le crocodile-oiseau, nous retrouvons aussi l’hypothèse émise par Lou Andreas-Salomé,
psychanalyste et romancière, que les femmes vivent inconsciemment leur appareil génital
comme une partie empruntée au cloaque des oiseaux femelles (Andréas-Salomé, 1915). Elle
fut la première femme psychanalyste dans le cercle de Freud à rééchir sur l’érotisme féminin.
Freud nomme fantasmes originaires (Urphantasien) des fantasmes typiques que l’on
retrouve chez tous (Freud, 1915). Ils apparaissent sous forme de scénarios qui restent inconscients
et que le thérapeute reconstruit à partir des rêves et des symptômes du patient. Ces cauchemars
conrment ses hypothèses à savoir qu’ils découlent d’un héritage préhistorique, qu’ils sont par
là liés à une mémoire phylogénétique, mais qu’ils s’étayent sur un enracinement personnel et
psychobiologique d’une constitution historique, proprement ontogénétique. Il ajoute (Freud,
1920) que le séjour et les événements vécus dans le ventre de la mère peuvent constituer le
roman familial dans les fantasmes originaires.
Freud avait repris les intuitions d’Ernst Haeckel (Haeckel, 1877), médecin anatomiste,
d’une rapide récapitulation de la phylogenèse durant l’ontogenèse.
En effet, pour ce qui concerne l’origine phylogénétique de l’image du crocodile dans les
cauchemars, c’est Julie Baker (Knox & Baker, 2008) qui conrme cette hypothèse en trouvant
que les gènes actifs dans les cellules placentaires jusqu’à environ la moitié de la gestation
et du développement fœtal étaient des gènes que les reptiles et les oiseaux de la famille des
Archosaures ont en commun avec l’homme.
Tamara La ndau, Les grossesses déniées 27/ 09 /2 02 317
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À propos des rêves des souris et des rats au tout début de l’embryogenèse, certains chercheurs
(Dupressoir et al., 2016) ont pu constater que certains gènes (les syncytines) impliqués dans la
création du placenta sont presque identiques à ceux de la souris et du rat. De même, concernant
le cauchemar du requin qui dévore l’enfant, fréquent à la n du premier trimestre, le cerveau du
fœtus correspond selon le généticien Jacques-Michel Robert (Jacques-Michel Robert, 1994) à
celui d’un poisson sans circonvolutions ni sillons avec une mâchoire avec beaucoup de dents,
comme celui d’un brochet. Nous savons que la mâchoire et le système d’auto-conservation du
requin est parmi le plus vieux et efcace dans la phylogenèse avec ses dents qui se remplacent
en continu. L’enfant dévoré au début de grossesse et à la n de l’embryogenèse indique
qu’il y aurait un passage traumatique très angoissant vécu par les mères suite à des brusques
transformations hormonales qui entraînent la perte de l’image inconsciente du corps fusionnel et
la brusque diminution du LPP créé avec l’enfant. Cette perte est perçue comme une destruction
et une dissolution silencieuse, suivie d’une amnésie des images plus archaïques de reproduction
et d’autoconservation de la phylogenèse.
Les cauchemars du deuxième trimestre nous indiquent que la représentation inconsciente
du traumatisme et de la perte et diminution du LPP est déjà perçue dans le système perception-
conscience de la mère à la n du trimestre et se manifeste par des hallucinations hypnagogiques
et somato-sensorielles gurant « une explosion et une chute dans le trou noir du vide sidéral »
analogues à celles ressenties vers le matin dans les parasomnies qui marquent le passage entre
le sommeil lent léger et le sommeil paradoxal.
Nous pouvons imaginer l’angoisse et la terreur ressenties par le fœtus, ou l’enfant prématuré
du même âge, son système vestibulaire n’étant pas achevé, lorsqu’il passe pour la première fois
dans un cycle de sommeil calme à la n du sixième mois et par la suite au cours du septième
mois au cycle de sommeil agité. Sensations terriantes qui ont été repérées par les pédiatres
lorsqu’ils bougent un peu brusquement des enfants prématurés.
À la n du deuxième trimestre l’interaction entre les mouvements de la mère et ceux du
fœtus est à son acmé, l’intensité de la jouissance, de la douleur et de l’angoisse sont extrêmes
et la chute et la diminution du LPP se fait ressentir très fortement.
En effet, les cauchemars apparaissant trois/quatre jours avant la n des deux premiers
trimestres sont parfois précédés par des rêves mettant en scène un rapport sexuel incestueux des
deux parents avec un enfant sans visage. À la n du premier trimestre, la rêveuse participe au
rapport sexuel de sa propre conception, ce qui correspond au fantasme originaire, décrit par
Freud, de participer à « la scène primitive » (Freud, 1918) imaginée comme un acte très agressif
du père envers la mère. Et trois/quatre jours avant la n du deuxième trimestre, la rêveuse a
un rapport sexuel avec sa mère, son père, sa lle ou avec un frère et/ou une sœur, un oncle ou
une tante mettant en scène le lien fusionnel incestueux ressenti dans l’interaction mère-fœtus et
l’intensité du LPP transmis depuis trois générations.
Ainsi, la représentation psychique du meurtre de l’enfant incestueux trop fusionnel dans
les cauchemars de la n du sixième mois, début de l’involution placentaire, est très important
car il permet d’intégrer psychiquement la perte de l’intensité du lien placentaire très fusionnel
et incestueux entre la mère et l’enfant et d’opérer la phase plus importante du refoulement
originaire. Le signe pathognomonique qui témoigne que ce passage n’est pas dénié est que le
matin au réveil, pour quelques minutes, la femme oublie d’être enceinte et puis soudainement
ne sentant plus comme avant les mouvements de l’enfant, elle pense l’avoir tué dans la nuit
et elle va le chercher pour écouter tous ses mouvements. Cependant, pour les femmes trop
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angoissées, le fantasme « j’ai tué mon bébé » perdure inconsciemment et peut se manifester
après l’accouchement sous la forme d’un délire puerpéral, en présence du nouveau-né bien
vivant. Le délire est une façon d’exprimer le déni de l’existence de l’enfant vivant après la forte
diminution du LPP et du lien fusionnel incestueux qui se produit à la n du deuxième trimestre
marquant ainsi un défaut d’une étape très importante du refoulement originaire.
Au cours du troisième trimestre, la femme peut percevoir assez clairement les mouvements
actifs du fœtus et ses pauses et plus particulièrement le soir entre 21 et 24 heures (Challamel
& Thirion, 1988). Toute la chorégraphie de la danse mère-fœtus est parfaitement organisée,
mais aux dépens du fœtus. En effet, si la mère est trop angoissée, le fœtus va bouger de plus en
plus vite et peut se faire une circulaire du cordon ombilical ! Il est très important de diminuer
l’angoisse de la mère avec l’énonciation du fantasme maternel originaire du troisième trimestre
« Accoucher et naître c’est mourir, tuer la mère et la grand-mère » (Landau, 2019).
Les cauchemars de la n du troisième trimestre indiquent l’extrême jouissance océanique et
l’angoisse ressenties avant de perdre les eaux et durant l’accouchement. Ces cauchemars sont
essentiels pour intégrer inconsciemment les différents passages critiques d’épigenèse sélective
et effectuer toutes les étapes du refoulement originaire. Mais si l’angoisse est trop forte, ils
seront rejetés, déniés. Et après l’accouchement, si le LPP, la jouissance et la douleur ont été
trop intenses, la femme pourrait déclencher un délire de négation ou syndrome de Cotard. Ce
délire est présent chez des patients autistes ou schizophrènes mais aussi chez des femmes après
un accouchement difcile. Dans ce délire, le patient n’a pas de corps qui lui « appartient », ne
reconnaît plus les êtres familiers, afrme « ne pas exister et être déjà mort », il se sent poursuivi
par un double qui lui a volé son image et son identité et tente sans cesse de le violer ou de
l’assassiner, de tout lui dérober pendant la nuit, en particulier ses bijoux pour les femmes,
comme on a vu dans le rêve de Dora, la patiente de Freud. Nous voyons comment les fantasmes
maternels originaires, les cauchemars et les propos tenus dans des accès de psychose puerpérale
et dans le délire de négation se fondent sur des perceptions olfactives, visuelles, auditives et
des émotions, hallucinations et images hypnagogiques réellement ressenties durant la gestation
et la vie fœtale, lesquelles se réactivent durant et après l’accouchement et à la naissance pour
l’enfant et la mère. Depuis l’épidémie de la Covid, comme suite à l’anosmie et l’agueusie, des
cas de délire de négations ont été répertoriés (Yesilkaya, et al., 2022).
SCHÈME DE L’ARBRE RENVERSÉ
Certaines patientes anorexiques et/ou boulimiques expriment ces fantasmes maternels
originaires et sensations par un dessin apporté spontanément qui gure un arbre renversé
(Landau, 2004) ayant les branches pleines de feuilles dirigées sous terre en guise de racines et
les vrais racines nues comme des mains tendues vers le ciel, comme chez Christelle.
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Soit carrément avec les mêmes branches pleines de feuilles dirigées sous terre « en miroir »,
comme chez Maeva.
Le troisième dessin, l’arbre renversé de Corinne sans racines au ciel, dans un espace-temps
inni, avec à l’intérieur deux vrais jumeaux « collés » (Stuck Twins) du coté ventral avec des
jambes mais sans bras, sans mains et avec des visages sans bouche, nez, oreilles mais dotés
d’un troisième œil sur le front reliant leur œil droit et gauche. Le dessin était accompagné d’une
légende « plus je vis, plus je m’enterre ». Ce troisième œil correspond à la glande pinéale, ou
épiphyse, une petite glande endocrine de l’hypothalamus qui sécrète la mélatonine, hormone
qui a un rôle central dans la régulation des rythmes biologiques (veille/sommeil et saisonniers).
Dessin de Corinne de l’arbre renversé :
Plus je vis plus je m’enterre
Ces patientes expriment de cette façon une expérience traumatique analogue à celle vécue
par le jumeau collé « évanescent » atteint du Syndrome Transfuseur-Transfusé (STT) mort,
disparu, avalé par le jumeau survivant ou/et absorbé par le placenta ou/et oublié dans les
viscères de la mère au cours des phases critiques de transformation hormonale qui ont lieu au
cours de la gestation, à savoir à la fécondation et vers la n du deuxième trimestre, sans laisser
d’empreinte dans le liquide amniotique (LA) à l’accouchement. Ce qui m’a permis de penser
que c’est à la n du sixième mois de grossesse qu’a lieu la métamorphose du système olfactif
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primitif chez l’être humain, par épigenèse sélective, suite à laquelle on observe une diminution
de 50% des photorécepteurs olfactifs des glomérules primitifs du LPP qui se transforment en
photorécepteurs visuels et auditifs.
Le fait que tous ces dessins n’ont été réalisés que par des femmes, boulimiques et/ou
anorexiques en particulier, qui ne désiraient pas encore avoir un enfant ou bien qui ne pouvaient
pas en avoir (infertiles), m’a donné à penser qu’elles étaient toutes restées xées au processus
de l’arbre renversé. Avec ce dessin, ces patientes expriment le fantasme de se sentir comme
« des mortes vivantes » coincées dans le passé. Aucun patient homme ne m’a apporté ce dessin.
Dans cette inversion de la èche du temps, elles occupent l’espace d’un tronc d’arbre
généalogique « fusionnel » qui représente à la fois leur propre corps, celui de leur mère et celui
de leur grand-mère dans un rapport de « jumelles-collées ». Les branches « en pleine lumière »
(conscientes) de la grand-mère deviennent leurs racines (inconscientes) qui, plongées sous terre
« dans les ténèbres », alimentent la sève et le sentiment d’exister de leur mère, comme si leur
fonction fondamentale était de la soigner et de la maintenir vivante. Selon Françoise Dolto,
l’arbre représente l’image viscérale de l’enfant (Dolto, 1984).
On peut trouver une autre analogie entre ces fantasmes inconscients d’appartenir au corps
fusionnel de la grand-mère et de la mère encore fœtus et le processus de microchimérisme qui a
lieu durant la gestation, selon lequel la femme enceinte transmet ses cellules et des cellules de sa
propre mère et des enfants ainés au fœtus, ce dernier transmettant ses propres cellules à sa mère
via le placenta (Boddy et al., 2015). De plus, une des fonctions de ces cellules « jumelles »,
quand cela fonctionne, c’est justement d’augmenter les défenses immunitaires de la mère !
Ainsi, mes patientes boulimiques et/ou anorexiques tenaillées par l’angoisse de mort, pour
survivre devaient se maintenir dans l’espace-temps fusionnel et le temps de la grand-mère, an
d’éviter de mourir et de tuer leur grand-mère, leur mère et « leur jumeau collé » en naissant, en
arrachant d’un coup les branches-racines pour les redresser vers le ciel et la lumière. Elles sont
toutes restées xées aux fantasmes maternels originaires selon lesquels se détacher du LPP et
du corps fusionnel de la grand-mère et de la mère pour naître implique mourir et tuer la mère
et la grand-mère.
Nous retrouvons l’image de l’arbre renversé avec les racines allant vers le ciel, l’espace-
temps inni et éternel du passé devenant le futur dans les théories les plus anciennes de la
création de l’univers et de l’être humain, par exemple dans la Bhagavad Gitâ, texte sacré de
l’hindouisme, l’arbre renversé, comme le soufe primordial et le temps, n’a ni commencement
ni n. Dans la tradition chinoise, l’arbre renversé (le Kien-mou) relie les neuf sources (séjour
des morts) aux neuf cieux. Dans le Timée de Platon nous sommes un arbre du ciel et non de la
terre, car Dieu a suspendu notre tête et notre racine à l’endroit où notre daîmon, notre âme, fut
primitivement engendrée. Dans la Kabale l’arbre de vie est guré à l’envers car la création ne
peut être que descendante et dans la Be’er Hagolah, de Rabbi Loew ben Bezalel, le Maharal de
Prague, l’arbre renversé et la création de l’univers et de l’homme étaient déjà conçus dans des
dimensions physiques de l’espace.
Toutes ces femmes m’ont permis d’avancer l’hypothèse que nous serions tous des jumeaux-
collés survivants rescapés plusieurs fois à une mort et une disparition programmée, par épigenèse
sélective, dès la n de l’embryogenèse. D’après leurs propos, leurs gestes, leurs dessins et
leurs cauchemars, nous pourrions en conserver une mémoire perceptive implicite (procédurale
et émotive) et explicite (épisodique et sémantique) à long terme, déjà structurée comme un
langage, qui nous inscrirait inconsciemment dans l’espace-temps fusionnel et la temporalité de
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toutes les actions et les mouvements musculaires, émotionnels, affectifs et somato-sensoriels
des schèmes fonctionnels neurovégétatifs des mères et des grand-mères enceintes.
Ainsi j’ai pu avancer l’hypothèse que les femmes pourraient transmettre pendant la grossesse
leurs fantasmes inconscients à leurs fœtus sur trois générations à travers une pensée primordiale
proche du rêve traduisant toutes les images olfactives, gustatives, auditives, visuelles et sonores
du Lien Placentaire Primitif en actions, en mots et en lettres de toutes les couleurs au rythme de
leurs battements du cœur et de leur respiration.
Ces images transmettraient l’intensité de toutes les sensations, émotions, affects contra-
dictoires d’amour et de haine reliés aux brusques augmentations de l’angoisse de mort et des
frayeurs réactivés par les stress post traumatiques endogènes au cours de la gestation selon l’in-
tensité du plaisir, du désir, de l’excitation sexuelle, des orgasmes et des douleurs ressentis dans
l’interaction avec « leur fœtus ». De cette façon, les femmes enceintes pourraient transmettre
l’expérience vécue et les traumatismes endogènes et exogènes (accidents, deuils, génocides,
etc.) vécus sur au moins trois générations. Et ceci donc au niveau psychique (via les fantasmes
maternels originaires, les rêves et les cauchemars), comme au niveau neurobiologique, bio-
physique, neurophysiologique et épigénétique, selon des schèmes sensori-moteurs archaïques,
d’origine phylogénétique, pré-organisés et déjà traduits en actions (Landau, 2004).
Ainsi, les premiers modèles de perception du fœtus seraient structurés par les relations
topologiques mémorisées de la vitesse de toutes les actions intriquées à l’odeur, le goût, la
couleur, la température et la saveur quantique (quantum avor) de la voix de la mère pensant
ou prononçant les paroles adressées au fœtus selon le rythme, la prosodie, le timbre et la couleur
des paroles pensées, prononcées, inhalées, ingurgitées, digérées, vues, entendues et éprouvées
avec sa propre mère durant sa propre vie fœtale (Landau, 2014).
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CONCLUSION
J’espère vous avoir communiqué les éléments permettant de comprendre combien, à cause
d’une angoisse de mort excessive liée à des stress post-traumatiques endogènes d’origine
phylogénétique propres à la gestation, il est difcile pour les femmes de prendre conscience de
la présence de l’enfant durant la grossesse. Dans notre société, le déni total et les dénis partiels
deviennent de plus en plus fréquents et ils provoquent chez l’enfant des troubles plus ou moins
graves de la perception et de la représentation de soi.
J’ai essayé de vous montrer combien il est important pour les femmes de saisir toutes les
transformations corporelles et tous les changements de goût, d’odeurs, d’appétit selon la phase
de la grossesse ; de faire attention aux mouvements actifs du fœtus comme à ses moments
de repos ; de lui donner un prénom le plus tôt possible, de lui parler en pouvant également
l’oublier par moment pour mieux le retrouver. En effet, si elles dénient le début de grossesse en
raison d’un excès d’angoisse ou « oublient », pour un certain temps, qu’elles sont enceintes, ce
manque d’attention, de pensées et de paroles adressées au fœtus pourrait mettre sa vie en danger
et être à l’origine de fausses couches, d’accouchements prématurés, du petit poids de certains
nouveau-nés à terme et, parfois, de malformations ainsi que de nombreux troubles psychiques,
somatiques et comportementaux plus ou moins graves après la naissance et jusqu’à l’âge adulte.
On a vu, par ailleurs, que des femmes névrosées peuvent présenter des signes du spectre
autistique et des agnosies que les chercheurs détectent seulement, habituellement, chez des
patients schizophrènes et somato-paraphrènes. Ce qui me fait avancer l’idée que nous sommes
tous un peu autistes car notre système de perception est réellement structuré sur le mode
autistique avec les neurones miroirs (Rizzolati & Fogassi, 2014) !
Et, pour conclure, nous avons vu comment le fait de nommer et se représenter la succession
des trois fantasmes maternels originaires au cours de la grossesse, à savoir « Une vie pour
deux, si l’un vit l’autre meurt » au premier trimestre, « Un corps pour deux » au deuxième,
« Accoucher et naître c’est mourir, tuer la mère et la grand-mère » au troisième, pourrait
atténuer l’excès d’angoisse ressentie par les femmes durant les passages critiques traversés au
début de grossesse et à la n des trois trimestres et pourrait permettre d’éviter un déni total ou
des dénis partiels.
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During my analytic practice, I have noted that certain nightmares (of death, being devoured by animals, child murder or natural catastrophe), marking moments of transition in the analysis, also appeared in pregnant women signalling the transition from one trimester to another and announcing the imminence of childbirth. So, I am going to try and show you how these dreams, which sometimes precede the first session, can reappear with intensity during the analysis to indicate the approaching end of analysis and not, as one might think, a resistance and a relapse into symptoms.
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In the short story, “The Bear Came Over the Mountain” (2014), Canadian author, Alice Munro, the Nobel laureate of literature, audaciously touches upon themes that are generally repressed and are intolerable as they refer to ageing, the sexuality of senior citizens, and Alzheimer’s disease. Monro adopts a lucid approach to the precarious condition of the human being who can only maintain a sense of existing with the aid of the memory of lived experience. However, Munro manages to surprise us further by casting a look, with great finesse and humour, at the tragic and omnipotent dimension of jouissance connected with the desire for love and survival that is lurking in the depths of the unconscious of each one of us.
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The diet of pregnant women exposes fetuses to a variety of flavors consisting of compound sensations involving smell, taste, and chemesthesis. The effects of such prenatal flavor exposure on chemosensory development have so far been measured only postnatally in human infants. Here, we report the first direct evidence of human fetal responsiveness to flavors transferred via maternal consumption of a single-dose capsule by measuring frame-by-frame fetal facial movements. Pregnant women and their fetuses based in the northeast of England were involved in this study from 32 to 36 weeks’ gestation. Fetuses exposed to carrot flavor ( n = 35) showed “lip-corner puller” and “laughter-face gestalt” more frequently, whereas fetuses exposed to kale flavor ( n = 34) showed more “upper-lip raiser,” “lower-lip depressor,” “lip stretch,” “lip presser,” and “cry-face gestalt” in comparison with the carrot group and a control group not exposed to any flavors ( n = 30). The complexity of facial gestalts increased from 32 to 36 weeks in the kale condition, but not in the carrot condition. Findings of this study have important implications for understanding the earliest evidence for fetal abilities to sense and discriminate different flavors.
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Significance The adult human brain is organized in unimodal regions responding selectively to categories of environmental sensory stimuli. Here, we document the origin of category-selective visual brain responses in infancy, demonstrating the key contribution of other senses. Visual categorization is recorded neurally in 4-mo-old infants presented with rapid trains of natural images of nonface objects. A concurrent maternal odor initiates the neural response to periodically presented face-like objects categorized as faces in the specialized right hemisphere. This observation provides invaluable clues to understand how the developing visual system builds upon multisensory experience to start categorizing ambiguous and complex unimodal sensory inputs.
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Sleep is characterized, from a behavioral point of view, by a physical quiescence. However, sleep can be disrupted by movements which can occur before falling asleep, during the sleep-wake transition, or during sleep. Some of these movements may be considered quasi-physiological because they are very common in the general population and have little or no clinical impact. However, others may have an impact on sleep quality, or be associated with other neurological conditions. Patients’ symptoms and complaints, the movements’ description by witnesses, home video and video-poly-somnographic recordings in the sleep laboratory allow to establish the diagnosis. The instauration of a treatment should be guided by clinical repercussions.