ArticlePDF Available

Disponibilité et valorisation des épluchures de manioc en alimentation animale en Côte d’Ivoire : cas de la commune de Yamoussoukro: Availability and valorization of cassava peelings in animal feed in Côte d'Ivoire: case of the commune of Yamoussoukro

Authors:

Abstract

En Côte d’Ivoire, la transformation agro-alimentaire du manioc engendre des épluchures dont la valorisation semble insatisfaisante dans plusieurs villes du pays tel que Yamoussoukro. Afin d’estimer les quantités d’épluchures collectées et d’identifier ses différents modes de valorisation dans la commune de Yamoussoukro, une enquête socio-économique a été réalisée auprès des transformateurs du manioc, des collecteurs et des utilisateurs d’épluchures. Il en ressort que les 46 transformateurs enquêtés dégagent une quantité estimée à 1 154,95 tonnes d’épluchures par an. Quant aux 5 collecteurs rencontrés, ils commercialisent 2 344 tonnes par an. Les épluchures sont valorisées chez les porcs, les bovins et ovins/caprins après avoir subies ou non des méthodes de traitement comme le séchage au soleil, la découpe et ou l’ajout de sel ou associées à d’autres sous-produits agricoles tels que : le son de maïs et de riz, la farine basse de riz, les épluchures de banane, d’igname, la papaye, la drêche de brasserie et le remoulage d'anacarde. Compte tenu des quantités d’épluchures et des besoins importants en alimentation animale, la mise au point d’un meilleur traitement de ces épluchures devrait améliorer significativement les revenus des transformateurs et la productivité des animaux. In Côte d'Ivoire, the agro-food processing of cassava generates peelings whose valorization seems unsatisfactory in several cities of the country including Yamoussoukro. In order to estimate the quantities of peelings collected and to identify the different ways in which they are used in the commune of Yamoussoukro, a socio-economic survey was conducted among cassava processors, collectors and users of peelings. The 46 processors surveyed produce an estimated 1,154.95 tons of peelings per year. As for the 5 collectors interviewed, they market 2,344 tons per year. The peelings are valorized in pigs, cattle and sheep/goats after having undergone or not treatment methods such as sun-drying, cutting and/or addition of salt or combined with other agricultural by-products such as: maize and rice bran, rice flour, banana peelings, yam peelings, papaya peelings, brewer's grains and cashew nut milling. Given the large quantities of peelings and the high feed requirements, the development of better processing of these peelings should significantly improve the income of the processors and the productivity of the animals.
Available online at http://www.ifgdg.org
Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, February 2023
ISSN 1997-342X (Online), ISSN 1991-8631 (Print)
© 2023 International Formulae Group. All rights reserved. 9205-IJBCS
DOI : https://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v17i2.20
Original Paper http://ajol.info/index.php/ijbcs http://indexmedicus.afro.who.int
Disponibilité et valorisation des épluchures de manioc en alimentation animale
en Côte d’Ivoire : cas de la commune de Yamoussoukro
Kouakou N’Guessan Stanislas KOBENAN1,2, Cho Euphrasie Monique ANGBO-KOUAKOU3,4,
Kouassi Arsène SAORÉ5 et N’Goran David Vincent KOUAKOU1*
1Unité Mixte de Recherche et d’Innovation Sciences Agronomiques et Génie Rural, Institut National
Polytechnique Félix Houphouët-Boigny, B.P. 1093 Yamoussoukro, Côte d’Ivoire.
2Ecole Doctorale Polytechnique, Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny, B.P. 1313
Yamoussoukro, Côte d’Ivoire.
3Unité Mixte de Recherche et d’Innovation Laboratoire Droit, Economie et Gestion, Institut National
Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB), B.P. 1093 Yamoussoukro, Côte d’Ivoire.
4UMR Innovation, CIRAD Montpellier, B15, 73 rue JF Breton 34398 Montpellier Cedex 5 France.
5Ecole Formation Continue et de perfectionnement des Cadres, Institut National Polytechnique Félix
Houphouët-Boigny, B.P. 1313 Yamoussoukro, Côte d’Ivoire.
*Auteur correspondant ; E-mail : david.kouakou@inphb.ci ; Tél : +225 07 08 393 363.
Received: 02-09-2022
Accepted: 02-02-2023
Published: 28-02-2023
RESUME
En Côte d’Ivoire, la transformation agro-alimentaire du manioc engendre des épluchures dont
la valorisation semble insatisfaisante dans plusieurs villes du pays tel que Yamoussoukro. Afin
d’estimer les quantités d’épluchures collectées et d’identifier ses différents modes de valorisation dans
la commune de Yamoussoukro, une enquête socio-économique a été réalisée auprès des
transformateurs du manioc, des collecteurs et des utilisateurs d’épluchures. Il en ressort que les 46
transformateurs enquêtés dégagent une quantité estimée à 1 154,95 tonnes d’épluchures par an. Quant
aux 5 collecteurs rencontrés, ils commercialisent 2 344 tonnes par an. Les épluchures sont valorisées
chez les porcs, les bovins et ovins/caprins après avoir subies ou non des méthodes de traitement
comme le séchage au soleil, la découpe et ou l’ajout de sel ou associées à d’autres sous-produits
agricoles tels que : le son de maïs et de riz, la farine basse de riz, les épluchures de banane, d’igname,
la papaye, la drêche de brasserie et le remoulage d'anacarde. Compte tenu des quantités d’épluchures
et des besoins importants en alimentation animale, la mise au point d’un meilleur traitement de ces
épluchures devrait améliorer significativement les revenus des transformateurs et la productivité des
animaux.
© 2023 International Formulae Group. All rights reserved.
Mot clés : Epluchures, Manihot esculenta, utilisation, élevage, nutrition.
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
540
Availability and valorization of cassava peelings in animal feed in Côte
d'Ivoire: case of the commune of Yamoussoukro
ABSTRACT
In Côte d'Ivoire, the agro-food processing of cassava generates peelings whose valorization
seems unsatisfactory in several cities of the country including Yamoussoukro. In order to estimate the
quantities of peelings collected and to identify the different ways in which they are used in the
commune of Yamoussoukro, a socio-economic survey was conducted among cassava processors,
collectors and users of peelings. The 46 processors surveyed produce an estimated 1,154.95 tons of
peelings per year. As for the 5 collectors interviewed, they market 2,344 tons per year. The peelings
are valorized in pigs, cattle and sheep/goats after having undergone or not treatment methods such as
sun-drying, cutting and/or addition of salt or combined with other agricultural by-products such as:
maize and rice bran, rice flour, banana peelings, yam peelings, papaya peelings, brewer's grains and
cashew nut milling. Given the large quantities of peelings and the high feed requirements, the
development of better processing of these peelings should significantly improve the income of the
processors and the productivity of the animals.
© 2023 International Formulae Group. All rights reserved.
Keywords: Peelings, Manihot esculenta, use, breeding, nutrition.
INTRODUCTION
Le manioc (Manihot esculenta,
CRANTZ), plante pluriannuelle cultivée dans
les régions tropicales de la plupart des pays
d’Afrique (Elian et al., 2021), est la quatrième
production végétale au monde et contribue à
l’alimentation de la population mondiale après
le riz, le blé et le maïs (Moreno-Cadena et al.,
2021). Sa production mondiale est estimée à
303,6 millions de tonnes dont 192 millions de
tonnes produites en Afrique (Cruz et al., 2021).
En Côte d’Ivoire, le manioc est l’une des
principales cultures vivrières consommées
dans toutes les régions (Yao et al., 2015 ;
Mendez Del Villar et al., 2017). Cette culture a
connu un essor important au cours des dix
dernières années, avec une production qui a
progressé à un rythme annuel de 8,5% par an
entre 2005 et 2015 (FAOSTAT, 2017), faisant
passer la production nationale de 2,2 à 5,3
millions de tonnes (Barussaud et Adou, 2019).
Aussi, la consommation de manioc se place-t-
elle au deuxième rang, après l’igname et devant
le riz (Mendez Del Villar et al., 2017). En
raison de sa forte demande intérieure, le
manioc occupe une place importante dans la
politique ivoirienne de sécurité alimentaire
(Perrin et al., 2015). En effet, les produits à
base du manioc comme l’attiéké (semoule de
manioc), sont beaucoup consommés dans les
principaux centres urbains. C’est le cas de la
capitale économique (Abidjan) et son
agglomération, qui constituent la plus forte
zone de consommation de l’attiéké en Côte
d’Ivoire. Dans cette ville, un plat à base
d’attiéké appelé Garba accompagné de
morceaux de poisson (faux thon) marinés dans
la farine de boulangerie déclassée et frit à très
haute température dans de l’huile de palme
dénaturée et réutilisée est très prisé. Ce plat
permet à environ 80% de la population des
villes (élèves, étudiants, salariés, chômeurs,
enfants de la rue et commerçants) de
s'alimenter aisément en dehors du foyer et à
faible coût (Koffi et al., 2019 ; Soula et al.,
2020). Yamoussoukro, capitale politique de la
Côte d’Ivoire, n’en demeure pas en reste du
phénomène du Garba. Du fait de son
ralliement avec Abidjan par l’autoroute (230
km), la commune de Yamoussoukro fait partie
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
541
des principales villes qui ravitaillent Abidjan
en produits dérivés du manioc (attiéké, placali,
gari, farine de manioc, etc.) (Nitidae, 2019).
Cependant, la transformation du manioc
en ses divers produits dérivés dégage des sous-
produits solides (épluchures et fibre central) et
liquides (eau de lavage et de pressage)
(Guembo et al., 2021). Les épluchures qui
représentent jusqu'à 20 à 35% du poids total de
la racine transformée sont les sous-produits
solides de manioc les plus abondants et les plus
nuisibles à l'environnement (Oghenejoboh et
al., 2021). Pour tenter de réduire l’impact
négatif de ce sous-produit sur l’environnement,
des voies de valorisation (utilisation des
épluchures de manioc dans l’alimentation
animale, production du biogaz, production des
champignons, production de charbon actif,
etc.) ont été mises en œuvre par certains auteurs
(Odediran et Ojebiyi, 2017 ; Kouadio et al.,
2020 ; Cruz et al., 2021 ; Kayiwa et al., 2021).
Malgré les contributions importantes de
la commune de Yamoussoukro dans
l’approvisionnement en produits dérivés de
manioc de la ville d’Abidjan, il s’avère qu’il
existe très peu d’informations sur les
disponibilités des épluchures de manioc, leurs
modes de valorisation dans la commune. Ainsi,
afin d’y remédier, une équipe pluridisciplinaire
d’Enseignants - Chercheurs en Innovation,
Elevage, Nutrition et Environnement, a initié
un programme de recherche sur la thématique
de la valorisation des épluchures de manioc,
avec le financement du Centre d’Excellence
Africain en Valorisation de Produits (CEA-
VALOPRO) de l’Institut National
Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-
HB). L’objectif de cette étude était d’estimer
les quantités d’épluchures collectées chez les
transformatrices d’attiéké et d’identifier les
différents modes de valorisation de ses
épluchures en élevage dans la commune de
Yamoussoukro.
MATERIEL ET METHODES
Zone d’étude et population mère
L’étude s’est déroulée à
Yamoussoukro, la capitale politique de Côte
d’Ivoire. Le choix de cette commune se justifie
par le fait qu’elle fait partie des grandes zones
de production et de transformation du manioc.
Aussi, la ville est-elle un lieu d’intense activité
de production de l’attiéké. Elle est reliée à
Abidjan (la capitale économique) par une
autoroute. La population mère était les
transformateurs de manioc, les collecteurs et
les utilisateurs d’épluchures ayant au moins un
an d’expérience.
Méthode d’enquête et technique
d’échantillonnage
La détermination de la population mère
a été faite à partir d’une enquête censitaire
effectuée au préalable dans la commune de
Yamoussoukro auprès de l’Agence Nationale
d’Appui au Développement Rural (ANADER),
du Ministère de l’Agriculture et du
Développement Rural (MINADER) et du
Ministère des Ressources Animales et
Halieutiques (MIRAH). Ces enquêtes
censitaires avaient pour objectif d’obtenir des
bases de sondages actualisées des organisations
des acteurs. Ainsi, 78 transformatrices, 5
collecteurs et 289 utilisateurs ont été identifiés.
La méthode d’échantillonnage retenue dans la
présente étude est l’échantillonnage par
stratification à choix raisonné en fonction des
trois types d’acteurs. Au total, une sous-
population de 152 acteurs a été enquêtée,
repartie par strate avec 46 transformatrices, 5
collecteurs et 101 utilisateurs.
Méthode de collecte de données
La collecte des données primaires a
été réalisée lors d’enquêtes qualitatives et
quantitatives qui avaient été précédées par
l’élaboration d’un questionnaire et la
réalisation d’une pré-enquête pour tester le
questionnaire. Les données collectées étaient
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
542
relatives aux caractéristiques socio-
économiques de la transformation du manioc,
de la collecte et de l’utilisation des épluchures
issues de cette transformation. Les différentes
thématiques du questionnaire sont résumées
dans le Tableau 1. L’estimation globale des
disponibilités en épluchures chez les acteurs a
été réalisée, entre autres, sur la base des
fréquences hebdomadaires de production et des
quantités produites, collectées ou valorisées
par saison (sèche ou pluvieuse). A
Yamoussoukro, la saison sèche qui couvre les
mois de décembre, janvier, février et mars a
duré 17 semaines. Quant à la saison pluvieuse,
elle a duré 35 semaines, du mois d’avril à
novembre.
Analyses statistiques
Les différentes données collectées ont
fait l’objet d’une codification avant d’être
saisis à l’aide du tableur Microsoft Excel
(2016). Le logiciel XLSTAT a été utilisé pour
l’analyse statistique descriptive et la typologie
des transformatrices. L’analyse typologique a
été réalisée grâce à une analyse à composante
principale (ACP) sur les données brutes
(fréquence de production, durée de la
production, l’expérience, la main d’œuvre et le
nombre d’enfant à charge), suivies d’une
classification ascendante hiérarchique (CAH)
avec un paramétrage standard (distance
euclidienne, méthode de Ward, troncature
automatique). Les données d’entrées de la
CAH ont été les coordonnées des individus
pondérées par les pourcentages d'inerties sur
les axes, non centrés réduites (Salem et Lebart,
1994) comme l’ont fait Kouakou et al. (2011).
et Faihun et al. (2017).
Tableau 1: Présentation des thématiques du questionnaire destiné aux acteurs.
Informations recherchées
Transformation
Collecte d’épluchures
Utilisation
d’épluchures
Nom, sexe, âge, niveau d’instruction, taille du ménage, etc.
Type, fréquence,
quantité, etc.
Site, disponibilité, quantité,
prix d’achat, fournisseur, etc.
Système d’élevage,
espèce animale,
effectif du cheptel,
etc.
Main d’œuvre utilisée, mode opérationnel de chaque activités, coûts afférents,
outils utilisés, etc.
Quantité commercialisée, type d’acheteurs, lieu de vente, type de transaction, etc.
Risques liés au financement, aux conflits de cohabitation, etc.
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
543
RESULTATS
Transformatrices de manioc
Données socio-démographiques
Les transformateurs de manioc sont en
majeure partie des femmes qui produisent de
l’attiéké à partir du manioc frais. Celles-ci
représentent 97,9% des transformateurs du
manioc. Elles ont un âge compris entre 35 et 60
ans. Une proportion de 58,7% des
transformateurs enquêtés n’a pas été scolarisée.
Seulement 41,3% d’entre elles sont instruites
dont 26,1% ont un niveau primaire et
seulement 15,2% ont le niveau secondaire. Ces
femmes ont une expérience moyenne de 15
ans. La majorité d’entre elles épluche leur
manioc manuellement à l’aide d’un couteau ou
d’une machette. Par ailleurs, elles mènent leurs
activités de manière traditionnelle (97,8%) ou
semi-moderne (2,2%), un à six fois par semaine
durant toute l’année.
Typologie des transformateurs de manioc
Les deux axes factoriels obtenus à partir
de l’analyse des composantes principales
(ACP) ont permis d’avoir un pourcentage
cumulé de variance expliquée de 63,94%. La
classification ascendante hiérarchique a révélé
trois classes (Figure 1) :
La classe 1 présente des transformateurs qui
produisent en général deux fois par semaine.
Les chefs de ces unités sont moins âgés et ont
moins d’enfants.
La classe 2 présente les transformateurs dont
la fréquence de production varie de 3 à 4 fois
par semaine. Les chefs de ces unités de
transformations sont plus âgés avec plus
d’enfants dans les familles.
La classe 3 met en relief des transformateurs
dont la fréquence de production varie de 5 à 6
fois par semaine avec bien sûr, une durée de
transformation plus réduite. Ceux-ci ont plus
d’expérience dans l’activité.
Quantité d’épluchures de manioc produite
En saison pluvieuse, les classes de
transformateurs (1, 2 et 3) produisent 257,25,
de 197,75 et de 460,25 tonnes quantités
moyennes d’épluchures de manioc
respectivement contre 62,9, de 61,2 et de 115,6
tonnes en saison sèche. La quantité annuelle
d’épluchures de manioc produite par les
transformateurs rencontrés est de 1154,95
tonnes. Les épluchures sont conditionnées dans
des sacs de polypropylène tissé de 50 kg et
vendues aux collecteurs à hauteur d’environ
252 et 402 F CFA respectivement en saison
pluvieuse et en saison sèche (Tableau 2).
Quantité d’épluchures de manioc perdue
Le tiers des transformateurs (34,8%)
révèle qu’environ 135,2 tonnes d’épluchures
produites sont invendus. Ces épluchures se
retrouvent soit dans la nature, soit dans les
poubelles. La quantité annuelle d’épluchures
de manioc valorisée dans l’alimentation
animale par les 46 personnes enquêtées est de
986 tonnes soit 87,7% de la production totale.
Collecteurs d’épluchures de manioc
Les collecteurs d’épluchures rencontrés
sont composés uniquement d’hommes
allogènes (maliens) dont l’âge est compris
entre 20 et 35 ans. Non scolarisés, ils ont une
expérience moyenne de 6 ans. Les épluchures
sont conditionnées dans des sacs de
polypropylène tissé de 50 kg puis sont
transportées à l’aide de moto-tricycle vers les
utilisateurs situés sur les marchés à bétail et sur
les fermes. Selon nos estimations, les
collecteurs rencontrés revendent environ 2 344
tonnes d’épluchures par an. Le prix de vente
des sacs de 50 kg d’épluchures varie de 710 à
1000 F CFA selon les saisons. Cette activité est
relativement lucrative avec un revenu net
mensuel de 241 643 F CFA par collecteur.
Utilisateurs d’épluchures de manioc
Les utilisateurs sont des éleveurs
composés d’adultes hommes (89,5%) et de
femmes (10,5%) dont l’âge varie entre 35 et 45
ans majoritairement. Ils ont pour la plupart
(70,5%) un niveau d’instruction et une
expérience moyenne de 8 ans. Ces derniers
sont composés de 38,9% d’autochtones, 35,8%
d’allochtones et 25,3% d’allogènes. Les
systèmes d’élevage sont semi-modernes (80%)
et traditionnels (20%). Ce sont environ 621,9 et
1 474,2 tonnes d’épluchures qui ont été
distribuées aux animaux respectivement en
saison pluvieuse et en saison sèche.
L’enquête révèle que les épluchures
sont valorisées en l’alimentation animale par
les éleveurs de bovins, de petits ruminants
(ovins/caprins) et de porcs avec des taux
d’utilisations respectifs de 100%, de 92,3% et
de 68%. La majorité (78,2%) des éleveurs
soutiennent que les épluchures de manioc sont
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
544
bénéfiques pour leurs animaux tandis que
21,8% les utilisent parce que les autres éleveurs
le font. Près de la moitié des éleveurs (40%) qui
achètent les épluchures, les sèchent sur une
bâche pendant environ 4 à 7 jours avant de les
distribuer aux bovins et petits ruminants.
D’autres éleveurs (14,6%), les distribuent à
l’état frais aux porcs. Ce faisant, ces derniers
enregistrent généralement des retards de
croissance et des mortalités dans leur élevage.
Une autre catégorie (23,6%) des éleveurs
préfèrent découper les épluchures fraîches en
petit morceau à l’aide d’un couteau ou d’une
marchette, puis, ils les assaisonnent avec du sel
avant de les distribuer aux petits ruminants.
D’autres utilisateurs (21,8%) associent les
épluchures fraîches avec des sous-produits
agricoles comme : le son de maïs et de riz, la
farine basse de riz, les épluchures de banane,
d’igname, la papaye, la drêche de brasserie et
le remoulage d'anacarde avant de les distribuer
aux porcs et petits ruminants.
Les éleveurs de lapins, de volailles et de
poissons n’utilisent pas les épluchures. Parmi
les non-utilisateurs, 42,5% déclarent utiliser
l’aliment industriel et 37,5% ne savent pas que
c’est utilisable chez les animaux. Les autres
estiment que les épluchures retardent la
croissance et entrainent quelquefois la
mortalité de leurs animaux.
Figure 1: Evaluation des classes de transformateurs.
Tableau 2: Production et prix moyen d’épluchures de manioc.
Fréquence de production
hebdomadaire
Saison pluvieuse
Saison Sèche
Quantité (T)
Prix (F CFA)
Quantité (T)
Prix (F CFA)
Deux productions
257,25
254
62,9
423
Trois à quatre productions
197,75
288
61,2
363
Cinq à six productions
460,25
215
115,6
421
Classe 3 : Fréquence de
transformation élevée (5 à 6
fois)
14 individus, soit 30,4%
92,85% « Plus de 8 ans
d’expérience »
64,28% « 5 à 9 enfants »
50% « âge compris entre 25 et
40 ans »
92,85% « deux jours de
transformation »
Classe 1 : Fréquence de
transformation faible
(2 fois)
16 individus, soit 34,9%
59,25% « Plus de 9 ans
d’expérience »
87,5% « moins de 5 enfants »
75% « âge compris entre 25 et
40 ans »
68,75% « deux jours de
transformation »
Classe 2 : Fréquence de
transformation moyenne (3
à 4 fois)
16 individus, soit 34,9%
43,75% « Plus de 8 ans
d’expérience »
81,25% « plus de 6 enfants »
93,75 « âgé de plus de 40
ans »
50% « deux jours de
transformation »
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
545
DISCUSSION
L’étude a rassemblé les caractéristiques
des transformateurs, des collecteurs et des
utilisateurs d’épluchures de manioc dans la
commune de Yamoussoukro. Elle a mis en
évidence les différentes quantités d’épluchures
produites, collectées et utilisées par ses acteurs.
Le pourcentage élevé de femmes
transformatrices du manioc est dû au fait que la
transformation du manioc frais est une activité
familiale traditionnelle dévolue aux femmes
qui manquent de moyens financiers pour
l’achat de matériel adéquat (Barussaud et
Adou, 2019 ; Mendez Del Villar et al., 2017).
A ce sujet, Ehinmowo et Fatuase (2016) ont
montré, dans le cas de l'adoption de
technologies améliorées de transformation du
manioc par des femmes entrepreneures dans le
sud-ouest du Nigéria, que le coût élevé des
équipements, la non-disponibilité de
l'équipement, la difficulté à faire fonctionner
les machines et le manque de connaissances,
ont été les principaux défis affectant l'adoption
des technologies améliorées de transformation
du manioc. L’achat de matériel pour la
transformation pourrait être effectif si ces
femmes s’organisaient en coopérative afin de
bénéficier d’une subvention commune.
L’activité de collecte d’épluchures est
très physique, elle nécessite assez de
déplacement et utilisation d’un engin de
collecte qui est mieux manipulable par les
hommes. Cette activité relativement lucrative
pourrait permettre de contribuer à la réduction
du taux de chômage des jeunes dans la
commune de Yamoussoukro. A cet effet, selon
Kouakou et Koba (2015) le chômage est
essentiellement urbain, surtout de longue
durée, et il affecte davantage les jeunes
diplômés. Quant à la forte quantité
d’épluchures collectée, elle serait due au fait
que les collecteurs collectaient souvent dans
des villages situés aux alentours de la
commune de Yamoussoukro.
L’utilisation importante des épluchures
pendant la saison sèche pourrait s’expliquer par
le fait que pendant cette saison, les éleveurs
font face à une absence de fourrages pour
l’alimentation de leurs animaux. Ainsi, ils
considèrent les sous-produits agro-industriels
comme une ressource alimentaire importante
pour faire face aux difficultés d’alimentation
du cheptel causée par le changement
climatique avec le déficit fourrager (Montcho
et al., 2017).
Les techniques de traitement adoptées
par les éleveurs permettent d’améliorer la
qualité nutritionnelle des épluchures de manioc
avant leurs distributions aux animaux. En effet,
les épluchures contiennent des teneurs
importantes d’une substance toxique (acide
cyanhydrique) qui réduit fortement les
performances des animaux et conduit souvent
à leurs morts (Ikpesu et al., 2016). La libération
de cette toxine (acide cyanhydrique) peut se
produire par hydrolyse enzymatique par la
linamarase, enzyme hydrolysant les glycosides
cyanogénétiques, à la suite d’une macération
ou d’une blessure de la plante. Le glycoside est
transformé par voie enzymatique en
cyanhydrine correspondante, qui se décompose
ensuite rapidement pour former du cyanure
d’hydrogène (HCN) et une cétone (Cressey et
Reeve, 2019). Pour tenter d’éliminer l’acide
cyanhydrique, Kouadio et al. (2020) ont séché
les épluchures sur claie pendant 5 jours, ce qui
a fait passer la teneur en acide cyanhydrique de
112 mg/kg à 23 mg/kg. La méthode du
rouissage des épluchures s’est avérée meilleure
dans la réduction du cyanure par rapport à
l'ensilage ou le séchage au soleil (Olafadehan
et al., 2012). La méthode de fermentation
permet l’amélioration de la composante
nutritionnelle et la réduction de la teneur en
cyanure des épluchures de manioc (Adeleke et
al., 2017).
Hormis les méthodes de traitement des
épluchures pour l’alimentation animale,
d’autres voies de valorisation des épluchures
sont développées par certains auteurs. En effet,
les épluchures de manioc peuvent être utilisées
pour la production de biogaz (Cruz et al.,
2021), de champignon (Sonnenberg et al.,
2015) et du charbon actif (Kayiwa et al., 2021).
Conclusion
Cette étude a permis d’évaluer la
disponibilité des épluchures de manioc, de
déterminer les modes de valorisation effectuée
dans la commune de Yamoussoukro. Ainsi, les
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
546
résultats de l’enquête montrent que les
épluchures ne sont valorisées que par les
éleveurs dans l’alimentation des bovins,
caprins/ovins et porcins. Par ailleurs, les
quantités disponibles montrent que les
épluchures pourraient constituer une véritable
source d’aliment non négligeable à moindre
coût pour les animaux, une fois les facteurs
antinutritionnels réduits et la digestibilité
améliorée par des méthodes alternatives de
traitement. Aussi, importe-t-il que d’autres
travaux scientifiques soient menés à cet effet.
CONFLITS D’INTERETS
Les auteurs déclarent qu'ils n'ont aucun
conflit d'intérêts.
CONTRIBUTIONS DES AUTEURS
Les auteurs KN’SK, CEMA-K, KAS et
N’DVK ont contribué de manière significative
à la conception et à la mise en place du plan de
travail et à la collecte des données. KN’SK,
CEMA-K, KAS et N’DVK ont contribué de
manière significative à la collecte des données,
à l’analyse et interprétation des résultats. Tous
les auteurs suscités ont participé à
l’organisation des idées, à la révision du
contenu intellectuel du document et sont à
mesure d’en défendre individuellement le
contenu.
REMERCIEMENTS
Les coauteurs tiennent à remercier le
Centre d’Excellence Africain en Valorisation
de Produits (CEA-VALOPRO) de l’Institut
National Polytechnique Félix Houphouët-
Boigny (INP-HB) et toutes les personnes
physiques ou morales qui ont contribué de près
ou de loin à l'obtention des présents résultats.
REFERENCES
Adeleke BS, Akinyele BJ, Olaniyi OO, Jeff-
Agboola YA. 2017. Effect of
fermentation on chemical composition of
cassava peels. Asian Journal of Plant
Science and Research, 7(1): 31-38
Barussaud S, Adou KV. 2019. Emploi et
Revenu dans la Chaîne de Valeur du
Manioc en Côte d’Ivoire (Document de
travail No 9; Organisation Internationale
du Travail, p. 3064).
Cressey P, Reeve J. 2019. Metabolism of
cyanogenic glycosides: A review. Food
and Chemical Toxicology, 125: 225232.
DOI:
https://doi.org/10.1016/j.fct.2019.01.002
Cruz IA, Santos ALR, Bharagava RN, Nadda
AK, Bilal M, Figueiredo RT, Romanholo
FLF. 2021. Valorization of cassava
residues for biogas production in Brazil
based on the circular economy: An
updated and comprehensive review.
Cleaner Engineering and Technology, 4:
100196. DOI:
https://doi.org/10.1016/j.clet.2021.10019
6
Ehinmowo OO, Fatuase AI. 2016. Adoption of
Improved Cassava Processing
Technologies by Women Entrepreneur in
South West, Nigeria. World Journal of
Agricultural Research, 4(4): 109-113.
DOI: https://doi.org/10.12691/wjar-4-4-2
Elian HD, Fotso, Djeuani AC, Djamndo DM,
Omokolo ND. 2021. Evaluation des
activités polyphénoloxydases,
peroxydases et l’accumulation des
composés phénoliques dans la résistance
du manioc stimulé au Benzo (1,2,3)
thiadiazol-7-carbothionic acid-s-méthyl
ester vis-à-vis de Colletotrichum
gloeosporioides Penz. International
Journal of Biological and Chemical
Sciences, 15(3): 950-965. DOI:
https://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v15i3.9
Faihun AML, Akouedegni CG, Olounlade PA,
Adenile DA, Hounzangbe-Adote SM.
2017. Typologie des élevages de cobayes
(Cavia porcellus) au Bénin. International
Journal of Biological and Chemical
Sciences, 11(2): 556-570. DOI:
https://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v11i2.3
FAOSTAT, FAO. 2017. Food and Agriculture
Organization of the United Nations
(FAO), FAO Statistic Database.
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
547
Guembo JR, Adzona PP, Bati JB, Saboukoulou
AJ, Ntsoumou VM, Mabanza - Mbanza
BB, Pepah PE, Ndinga FA, Hornick JL,
Banga-Mboko H. 2021. Effet de
l’alimentation séparée à base des feuilles
de manioc post- récolte sur les
performances des poulets de chair en
finition. International Journal of
Biological and Chemical Sciences, 15(5):
1937-1949. DOI:
https://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v15i5.20
Ikpesu T, Ariyo A, Ogbomida E. 2016.
Optimization of Crude Protein Production
and Reduction in Cyanide Content of
Cassava Peels by Pretreatment with
Aspergillus Niger Anl301. Journal of
Industrial Pollution Control, 32(2): 633-
637.
Kayiwa R, Kasedde H, Lubwama M, Kirabira
JB. 2021. The potential for commercial
scale production and application of
activated carbon from cassava peels in
Africa: A review. Bioresource
Technology Reports, 15: 100772. DOI:
https://doi.org/10.1016/j.biteb.2021.1007
72
Koffi KF, Monin AJ, N’Cho AJ, Amoikon KE.
2019. Evaluation de la composition
nutritive du garba: Aliment de rue prisé à
Abidjan. International Journal of
Innovation and Applied Studies, 26(3):
802811. URL: http://www.ijias.issr-
journals.org/
Kouadio K, Kouadja G, Bamba K, Kreman K.
2020. Effet de la farine d’épluchures de
manioc sur les performances
zootechniques et économiques du poulet
de chair en finition. Journal of Animal &
Plant Sciences, 42(2): 7237-7244. DOI:
https://doi.org/10.35759/JAnmPlSci.v42-
2.5
Kouakou CK, Koba AT. 2015. L’emplois des
jeunes en Côte d’Ivoire.
Kouakou NDV, Speybroeck N, Assidjo NE,
Grongnet JF, Thys E. 2011. Typifying
guinea pig (Cavia porcellus) farmers in
urban and peri-urban areas in central and
southern Côte d’Ivoire. Outlook on
Agriculture, 40(4): 323-328. DOI:
https://doi.org/10.5367/oa.2011.0066
Mendez Del Villar P, Tran T, Adayé A, Bancal
V, Allagba K. 2017. Analyse de la chaîne
de valeur Manioc en Côte d’Ivoire.
Rapport final novembre 2017. Rapport
pour l’Union Européenne, DG-DEVCO.
Montcho M, Babatounde S, Aboh BA,
Bougouma-Yameogo V, Chrysostome A,
Mensah GA. 2017. Utilisation des sous-
l’alimentation des ovins Djallonké au
Bénin : Perception des éleveurs,
préférences et performances de
croissance. Afrique Science, 13(5):
174187. URL:
http://www.afriquescience.net/PDF/13/5/
13.pdf
Moreno-Cadena P, Hoogenboom G, Cock JH,
Ramirez-Villegas J, Pypers P, Kreye C,
Tariku M, Ezui KS, Becerra Lopez-
Lavalle LA, Asseng S. 2021. Modeling
growth, development and yield of
cassava: A review. Field Crops Research,
267: 108140. DOI:
https://doi.org/10.1016/j.fcr.2021.108140
Nitidae. 2019. Appui au développement de la
filière manioc dans la région du Bélier :
Phase de diagnostic et de test qualité.
Odediran OF, Ojebiyi W. 2017. Cassava
processors willingness to use cassava peel
for mushroom production in Southwest,
Nigeria. International Journal of
Agricultural Policy and Research, 5:
8693. DOI:
https://doi.org/10.15739/IJAPR.17.010
Oghenejoboh KM, Orugba HO, Oghenejoboh
UM, Agarry SE. 2021. Value added
cassava waste management and
environmental sustainability in Nigeria:
A review. Environmental Challenges, 4:
100127. DOI:
https://doi.org/10.1016/j.envc.2021.1001
27
K. N. S. KOBENAN et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 17(2): 539-548, 2023
548
Olafadehan OA, Olafadehan OO, Obun CO,
Yusuf AM, Adewumi MK, Omotugba
SK, Daniel NE. 2012. Influence of
processing cassava peels on the hydrogen
cyanide concentration, nutritive value and
performance of growing rabbits. Tropical
Animal Health and Production, 44(2):
285291. DOI:
https://doi.org/10.1007/s11250-011-
0016-x
Perrin A, Ricau P, Rabany C. 2015. Étude de la
filière Manioc en Côte d’Ivoire. Projet «
Promotion Et Commercialisation De La
Banane Plantain Et Du Manioc En Côte
d’Ivoire » Financé Par Le Comité
Français Pour La Solidarité Internationale
(Cfsi). France, p. 87.
Salem A, Lebart L. 1994. L’analyse des
correspondances des tableaux lexicaux’,
In Statistique textuelle, Dunod (ed). Paris;
79111.
Sonnenberg ASM, Baars JJP, Obodai M,
Asagbra A. 2015. Cultivation of oyster
mushrooms on cassavdxa waste. Food
Chain, 5(12): 105115. DOI:
https://doi.org/10.3362/2046-
1887.2015.007
Soula A, Yount-André C, Lepiller O, Bricas N.
2020. Manger en ville. Regards socio-
anthropologiques d’Afrique, d’Amérique
latine et d’Asie. Éditions Quae, p. 172.
DOI : https://doi.org/10.35690/978-2-
7592-3091-4
Yao AK, Koffi DM, Blei SH, Irié ZB, Niamke
SL. 2015. Propriétés biochimiques et
organoleptiques de trois mets
traditionnels ivoiriens (attiéké, placali,
attoukpou) à base de granulés de manioc
natifs. International Journal of Biological
and Chemical Sciences, 9(3): 1341-1353.
DOI:
http://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v9i3.19
ResearchGate has not been able to resolve any citations for this publication.
Article
Full-text available
Le manioc (Manihot esculenta Crantz) est une plante pluriannuelle cultivée dans les régions tropicales de la plupart des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Il contribue fortement à la sécurité alimentaire. L’objectif de cette étude est d’analyser le comportement des polyphénoloxydases (PPO), de la peroxydase (POX) et des composés phénoliques chez trois variétés de manioc au cours de leur induction au Benzo (1,2,3) thiadiazol-7-carbothionic acid-s-methyl ester (BTH) vis-à-vis de C. gloeosporioides. L’induction de résistance a été évaluée par des PPO , de la POX et de la teneur en composés phénoliques totaux solubles accumulés avant et après l’inoculation (I) par C. gloeosporioides, la stimulation (St) par BTH et de la stimulation suivie de l’inoculation (St+I). Avec les différents traitements, on note une augmentation progressive et significative (p<0,05) de l’activité de ces enzymes et des teneurs en phénols dans les feuilles et les tiges chez les trois variétés. Ces résultats montrent bien que le BTH stimule les mécanismes de défenses des plantes de manioc, bien que ces mécanismes diffèrent en fonction des variétés. English title: Evaluation of polyphenoloxidase and peroxidase activities and accumulation of phenolic compounds in the resistance of stimulated cassava to Benzo (1,2,3) thiadiazol-7-carbothionic acid-s-methyl ester against Colletotrichum gloeosporioides Penz. Cassava (Manihot esculenta Crantz) is a perennia plant cultivated in the tropical regions of most countries in Africa, Asia and Latin America. It contributes strongly to food security. The aim of this study was to analyze the behavior of polyphenoloxidases (PPO), peroxidase (POX) and phenolic compounds in three cassava varieties during their induction to Benzo (1,2,3) thiadiazol-7-carbothionic acid-s-methyl ester (BTH) against C. gloeosporioides. Resistance induction was evaluated by PPO, POX and total soluble phenolic compounds content accumulated before and after inoculation (I) with C. gloeosporioides, stimulation (St) with BTH and stimulation followed by inoculation (St+I). With the different treatments, there was a progressive and significant (p<0.05) increase in the activity of these enzymes and in the phenol contents in the leaves and stems of the three varieties. These results show that BTH stimulates the defense mechanisms of cassava plants, although these mechanisms differ according to the varieties.
Book
Full-text available
Cet ouvrage expose les changements des habitudes alimentaires dans des villes d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. À travers l’étude des pratiques et des représentations alimentaires de citadins, il montre l’insuffisance d’une analyse de ces changements en termes d’occidentalisation, d’uniformisation, de « transition » ou de convergence vers un modèle qui se généraliserait. Menées dans les villes des Suds, les enquêtes révèlent que les citadins inventent de nouvelles formes d’alimentation à partir d’une multiplicité de références locales et/ou exogènes. Le garba abidjanais ou le bâbenda ouagalais sont autant d’exemples de l’invention de cuisines urbaines. Les auteurs des chapitres sont chercheurs en sciences humaines et sociales, originaires d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie où ils travaillent. Ils invitent le lecteur à porter un regard sur l’alimentation citadine des Suds, loin des idées reçues sur la pauvreté, la santé ou encore la responsabilité individuelle des mangeurs. Ce livre intéressera un public scientifique d’enseignants et de professionnels des systèmes alimentaires, et un lectorat s’intéressant aux dynamiques sociales et culturelles urbaines et à l’élaboration de théories sociologiques et anthropologiques venant des Suds.
Article
Full-text available
Une étude a été réalisée pour évaluer l’effet de la farine d’épluchures de manioc incorporée dans l’aliment sur les performances zootechniques et économiques du poulet de chair en phase démarrage. Elle a porté sur 240 poussins chair, de souche "Cobb 500" d’un jour d’âge, répartis dans 12 unités expérimentales suivant un dispositif complètement randomisé comportant 4 traitements et 3 répétitions chacun. Il s’agit d’un aliment témoin commercial (T) représentant l’aliment de référence et trois aliments expérimentaux comportant respectivement 0 % (A0), 15 % (A15) et 30 % (A30) de la farine d’épluchures de manioc. Après 21 jours d’élevage, il a été observé qu’aucune différence significative n’a été observée pour les performances de croissance (le poids vif, le gain de poids et le GMQ) entre les poulets du lot témoin (T) et ceux soumis aux traitements A0 et A15. A 30 % de taux d’inclusion de la farine d’épluchures de manioc, une régression des performances de croissance des poussins a été constatée. La consommation alimentaire et l’indice de consommation sont statistiquement identiques pour les traitements T, A0 et A15 respectivement. Par contre, ils augmentent avec 30 % d’inclusion. Les aliments A0 et A15 ont eu les coûts de production du kilogramme de poids vifs les plus bas avec respectivement une différence de 130,94 FCFA/kgPv et de 129,09 FCFA/kgPv comparés à l’aliment de référence (T). Dans les conditions de la présente étude, il a été conclu qu’en phase démarrage, un taux d’inclusion de 15 % de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment permet de produire des poussins de performances zootechniques comparables aux rations A0 et T. ABSTRACT Effect of cassava peels flour on the economic and zootechnical performance of broiler chicken at startup in Côte d'Ivoire A study was carried out to evaluate the effect of cassava peels flour in the feed on the zootechnical and economic performance of the broiler at startup. It related to 240 chicks, of the "Cobb 500" strain of one day of age, distributed in 12 experimental units according to a completely randomized device comprising 4 treatments and 3 repetitions each. It is a commercial control feed (T) representing the reference feed and three experimental feeds respectively comprising 0 (A0), 15 (A15) and 30 % (A30) of the cassava peels flour. After 21 days of breeding, no significant difference in growth performance (body weight, weight gain and GMQ) was observed between the chickens in the control group (T) and those subjected to the treatments A0 and A15. At 30 % inclusion rate of peelings a growth performance depression of the chicks was noted. Feed consumption and consumption index were statistically identical for treatments T, A0 and A15. On the other hand, they increase with 30% inclusion. The treatment A0 and A15 had the lowest production costs per kilogram of live weight with a difference of 130.94 FCFA / kgPv and 129.09 FCFA / kgPv, respectively, relative to the reference feed (T). Under the conditions of the present study, it was concluded that in the start-up phase, an inclusion rate of 15 % of the cassava peel flour in the feed makes it possible to produce chicks of zootechnical performances comparable to the A0 and T rations.
Article
Full-text available
The bioconversion of some agro-wastes resulting from microbial activities in biotechnological relatedness has greatly enhanced the nutritional composition and reduction in its anti-nutritional content for useful end-products formation. In this present study, cassava peels were fermented for 96 h at room temperature 28 ± 2oC. Seven species of bacterial (Lactobacillus plantarum, Bacillus subtilis, B. megatarum, L. fermentum, L. bulgaricus, L. casei, L. delbrueckii) and five species of fungi (Aspergillus flavus, Mucor mucedo, Penicillium citricum, A. flavus, Rhizopus racemosus) were identified. The pulverized samples were pretreated with lactic acid before pasteurization, and then inoculated with a loopful bacterial isolate prior fermentation. The proximate composition and total cyanide content of the fermented cassava peels were determined. The result of the proximate analysis revealed that there was an increase in the protein content of the natural and pretreated fermented cassava peels from 4.80 to 6.59 and 6.24 to 10.46. There was no considerable difference in the ash content while there was a decrease in fibre content from 16.91 to 11.20 and 13.34 to 10.21. Anti-nutrient such as cyanide decreased in the natural and pretreated fermented sample from 10.0 to 5.59 and 0.02 to 0.01. However, the improvement in the nutritional component and reduction in cyanide content of cassava peels occurred with increase in fermentation time.
Article
Full-text available
Typology of guinea pigs stock farming (Cavia porcellus) in Benin ABSTRACT In Benin, caviaculture is not widely known. It is ignored by the researchers and the policymakers. The aim of this study is to identify growing areas of guinea pigs, describe the different farming techniques and to do the typology of stock framing. For this purpose, a survey conducted following the snowball method was used. It appears from this study that guinea pigs’ breeding is found in both urban and rural areas in parts of the South and North. Four classes of breeding were identified with farmings techniques very rudimentary. Guinea pigs were bred for human consumption and marketing. The Men are mainly involved in this farming (75% of the total); all ages are found but those older than 40 years are the most represented (35%). A number of livestock varying from 1 to 10 guinea pigs is often found in stock farming. A rise of caviaculture in Benin will go through the development of participatory strategies with breeders for the effective adoption of the guinea pigs in eating habits and its use in training and research centers.
Article
Full-text available
Aspergillus niger ANL301 B-1 β-glucosidase was investigated on its effectiveness in optimizing protein contents and reduction in cyanide content of cassava peels. Freshly harvested cassava tubers peels were dried in oven at 70°C for 36 hours and milled into fine particles using micro millers. Two sterilized conical flasks (250 ml), each containing 50 g of the cassava peel flour in triplicates were prepared. Thirty (30) ml of sterile basal medium was added into each flask and thoroughly mixed. The flasks and their contents were sterilized by placing in boiling water at 100°C in a GFL brand water bath for 5 minutes and in the autoclave at 121°C for 15 min. After cooling, 1 ml of spore suspension of A. niger was aseptically introduced into the first set of the flasks plugged with cotton wool and dried in the oven at 600°C for 24 hrs. The second set of flasks had no inoculums, were plugged with cotton wool and dried at room temperature. Results showed that fermentation of cassava peels by solid state fermentation using the A. niger significantly (P<0.05) enriches the protein content of the waste and drastically lowering the cyanide concentration. The significant changes in crude protein and cyanide contents after fermentation suggests it could be used as a good source of protein in compounding animal feeds. These findings will facilitate the development of an improved method for enhancing the nutritional value of cassava peels and other waste products.
Article
Full-text available
Des granulés de manioc natif ont été produits et conservés pendant 24 mois en vu de les utiliser après reconstitution pour préparer les mets traditionnels. Trois mets traditionnels ivoiriens (attiéké, attoukpou, placali) ont été confectionnés avec les granulés de manioc natif produits à partir trois cultivars de manioc: Bonoua, Soglo et Yacé. Les propriétés biochimiques et organoleptiques de ces mets ont été déterminées selon les méthodes d’analyse standard. Les résultats ont montré que l’attiéké de manioc frais contenait 45,17% d’amidon et 0,49% de sucres, tandis que celui obtenu avec les granulés avait une teneur en amidon de 31,45 et 8,4 % de sucres. En ce qui concerne l’attoukpou, les teneurs en amidon et en sucres étaient respectivement de 47,93 et 0,8% lorsque le manioc frais est utilisé pour la préparation alors que les teneurs obtenues pour l’attoukpou préparé avec les granulés étaient de 35,5% pour l’amidon et 8,4% pour les sucres, comme dans le cas de l’attiéké des granulés. L’acidité titrable du placali est de 20 méq.g/100 g avec le manioc frais contre 5 méq. g/100g, pour le produit obtenu avec les granulés. Le placali de manioc frais contient 0,9 mg HCN/100 g et celui obtenu à partir des granulés n’en contient que des traces. Les teneurs en amidon, en sucres totaux et en sucres réducteurs sont respectivement de 8,37, 12, 3, et 3,03% pour le placali de manioc frais contre 6, 13,2 et 3,55% pour celui fait à partir des granulés. L’évaluation des propriétés organoleptiques des produits a révélé qu’il n’y aucune différence significative entre les produits issus du manioc frais et ceux obtenus avec les granulés de manioc natif conservés pendant deux ans, s’agissant de la couleur, l’arôme et de la texture. Par contre, en ce qui concerne le goût et l’aigreur, les mets confectionnés avec les granulés de manioc natifs ont été jugés meilleurs par rapport à ceux issus du manioc frais.Mots clés : Granulés de manioc natifs, propriétés biochimiques et organoleptiques, mets traditionnels ivoiriens, attiéké, placali, attoukpou.
Article
Les feuilles de manioc abandonnées sur les champs après la récolte des racines constituent une source locale en éléments nutritifs chez les animaux domestiques. Des technologies innovantes comme l’alimentation séparée à base de feuilles de manioc peuvent améliorer les performances des poulets de chair. L’alimentation séparée est une technique qui consiste à dissocier le régime alimentaire en deux fractions pour permettre à la volaille d’ajuster elle-même l’ingéré alimentaire en fonction de ses besoins journaliers. L’objectif de ce travail était de comparer l’alimentation mélangée et séparée à base de feuilles de manioc sur les performances des poulets de chair. Pour atteindre cet objectif, un échantillon de 100 poulets de chair de souche COBB 500 âgés de 3 semaines a été réparti en deux lots (témoin et traité). Chaque lot était subdivisé en 5 répétions de 10 poulets chacun. Les sujets du lot témoin ont été nourris avec un aliment contenant 5% de farine de feuilles de manioc servie dans une seule mangeoire tandis que ceux du lot traité ont reçu un aliment de base distribué dans une première mangeoire et de la farine de feuilles de manioc servie dans une seconde mangeoire. Les résultats ont montré que l’alimentation séparée des feuilles de manioc a amélioré significativement ((p < 0. 05) le poids vif final à 6 semaines (1692 g contre 1900 g), la consommation de l’aliment de base (120,5 g contre 153,94), le GMQ (43,2 g/jour contre 62,9 g/jour, l’indice de consommation (2,3 contre 2, 0). Par ailleurs, la consommation de la farine de manioc a été modulée en alimentation séparée et constante en alimentation mélangée (p < 0. 05) (5 g par jour contre 1,3 g). De même, le traitement a réduit le coût de production du poulet de chair. L’incorporation des feuilles de manioc en mode séparé ouvre des perspectives intéressantes en aviculture fermière tropicale. Leave of cassava left on the fields after the harvest of the roots constitute a local source of nutritive elements for farm animals. By using a separated feeding, we hypothesized that performances of chicken may be improved. Therefore, the objective of the study was to evaluate the effect of a separated feeding on chicken in finishing stage. To check this assumption, a sample of one hundred COBB 500 chicken 3 week- old was randomized and divided into two groups (control and treated.) Each group was subdivided into 5 repeated groups of 10 chickens each one. The first group received a mixture of feed containing 5% of waste of leave given in a single throughout whereas the second group received a basic feeding without waste of leaves distributed in a first throughout and leaves of cassava served in the second throughout. Results showed that the separate feed significantly (p < 0. 05) improved the final live weight at 6 weeks (1692 g versus 1900 g), the consumption of basic food (120. 5 g versus 153. 94), the BGW (43.2 g/day versus 62.9 g/day), the index of consumption (2, 3 versus 2, 0). In addition, the consumption of the flour of manioc was modulated in separate food and constant in mixed food (5 g per day against 1. 3). In the same way, the treatment reduced the production costs of chicken. The incorporation of the wastes of cassava as a local energy and protein sources by using separate feeding opens interesting prospects in tropical poultry farming.
Article
Innovative value addition to agricultural products and their bi-products is being sought towards achieving prosperity in Africa. This review compiles the work conducted by various researchers over the last few decades on the use of cassava peels to produce activated carbon, while conditions for optimal production and salient economic considerations are discussed. In this review, the value chain of cassava peel AC has been elucidated starting from the cassava tuber, the source of the raw material, to the disposal of spent cassava peel activated carbon. It focuses more on the process quality, economic, and environmental aspects at each stage. The paper also presents a techno-economic analysis of a cassava peel based AC manufacturing plant of 1 t/day capacity with a 35% return on investment, net present value of $ 648,331 over 16 years investment, and a pay-back period of approximately 2 years.
Article
Potential toxicity of cyanogenic glycosides arises from enzymatic degradation to produce hydrogen cyanide. Information on the metabolism of cyanogenic glycosides is available from in vitro, animal and human studies. In the absence of β-glucosidase enzymes from the source plant material, two processes appear to contribute to the production of cyanide from cyanogenic glycosides; the proportion of the glycoside dose that reaches the large intestine, where most of the bacterial hydrolysis occurs, and the rate of hydrolysis of cyanogenic glycosides to cyanohydrin and cyanide. Some cyanogenic glycosides, such as prunasin, are actively absorbed in the jejunum by utilising the epithelial sodium-dependent monosaccharide transporter (SGLT1). The rate of cyanide production from cyanogenic glycosides due to bacterial β-glycosidase activity depends on; the sugar moiety in the molecule and the stability of the intermediate cyanohydrin following hydrolysis by bacterial β-glucosidase. Cyanogenic glycosides with a gentiobiose sugar, amygdalin, linustatin, and neolinustatin, undergo a two stage hydrolysis, with gentiobiose initially being hydrolysed to glucose to form prunasin, linamarin and lotaustralin, respectively. While the overall impact of these metabolic factors is difficult to predict, the toxicity of cyanogenic glycosides will be less than the toxicity suggested by their theoretical hydrocyanic acid equivalents.