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Alphonse de Prémorel (1799-1888)
propriétaire à Differdange, homme de lettres, amateur d’archéologie et
de sciences, pionnier de l’exploitation des schistes bitumineux
Jos. A. Massard
Article publié en ligne en 2012 (revu et augmenté en 2022)
Alexis Louis Alphonse Durand de Prémorel (Alphonse de Prémorel) est né le 24 mai
1
1799 à Brunswick (Braunschweig) où son père, le capitaine de cavalerie, français et
royaliste, Pierre Louis Raoul Edmé Durand de Prémorel s’était exilé. Sa mère était
Catherine Antoinette Wilhelmine Homann, originaire de Brunswick. La famille changeait
souvent de domicile, ce dont témoignent les lieux de naissance des onze enfants du
couple : Brunswick (Alphonse, l’aîné), Celle près d’Hannovre, Charleville-Mézières,
Château-Regnault (Ardennes), Beaurepaire (Vouziers, Ardennes), Echternach (Olimpe,
une fille née le 27 novembre 1806), Bertrix (deux naissances successives), Tournay (près
de Neufchâteau) et de nouveau Bertrix.
2
Alphonse de Prémorel passait son enfance à
Château-Regnault chez ses grands-parents
paternels, et à Membre-sur-Semois, au château de
ses grands-oncles de La Chevardière, « hobereaux
ardennais dont la vie était plus proche de celle du
paysan que celle du seigneur », où la chasse, la
tenderie, la pêche étaient pour l’adolescent des
activités quotidiennes
3
.
En janvier 1815, le père et le fils se firent inscrire
parmi les gardes du corps de Louis XVIII.
Alphonse fut nommé lieutenant et placé à l’École
militaire de Senlis. Au moment du retour
éphémère de Napoléon durant les Cent-Jours, il
suivit le roi en fuite. En 1820 il fut nommé
lieutenant de première classe ; il passa capitaine
en 1823.
1
Taufregister Braunschweig, Pfarrei St. Nicolai - St. Aegidien, baptême du 24 mai (Alexius Ludovicus
Alphonsus, filius legitimus Petri Ludovici Durand de Premorel et Wilhelminae Homann). Cf. Nothomb
1934: 93. — La date du 14 mai 1799 qui se rencontre parfois dans la littérature (dont Logelin-Simon 1997:
536), n’est pas correcte.
2
Sauf indication contraire, les données biographiques concernant Alphonse de Prémorel ont été puisées
dans l’article de Logelin-Simon (1997) qui indique parmi ses sources: Bergé 1958 et Durand de Prémorel
1990. À compléter par Mertens 1986 et Mertens 2006.
3
Mertens 1997: 583.
Alphonse de Prémorel
(source: Logelin-Simon 1997: 507)
2
Page du registre de baptême de la paroisse St Nicolas – St Égide de la ville de Brunswick (Braunschweig), dernier
acte : baptême du 24 mai 1799, « baptizatus est in Ecclesia nostra Alexius Ludovicus Alphonsus, filius legitimus Petri
Ludovici Durand de Premorel et Wilhelminae Homann ».
En 1824, Alphonse de Prémorel quitta la garde du roi pour rejoindre le régiment du 7e de
ligne à Strasbourg, où il passa quatre ans. Ses stations suivantes étaient Longwy, Saint-
Omer et Dunkerque. En août 1831, il participa à la campagne des dix jours au cours de
laquelle l’intervention de l’armée française, venant à la rescousse du jeune royaume
belge, mit fin à la tentative du roi Guillaume Ier des Pays-Bas de reconquérir la Belgique.
Après cette campagne, de Prémorel quitta l’armée française.
3
Alphonse de Prémorel à Differdange
Le 22 février 1830, il avait épousé, à Longwy
4
, Catherine Joséphine (de) Nothomb, née à
Septfontaines
5
le 9 novembre 1809, la fille de Jean Antoine (de) Nothomb, demeurant à
Differdange, propriétaire de la faïencerie de Longwy, et de Catherine Boch.
Acte de naissance de Catherine Joséphine Nothomb (ANLux CT-03-02-0309)
À la mort de son père, en mars 1835, l’épouse d’Alphonse de Prémorel hérita le vaste
domaine avec l’ancien couvent des Dames nobles de l’ordre de Cîteaux
6
et les bois que
de Nothomb possédait à Differdange, et où de Prémorel s’installa encore la même année.
Dès 1836, il s’attachait à exploiter au mieux ses nouvelles possessions. Au fil des années,
il y installa, entre autres, un four de tuilerie, un four à chaux et un lavoir de minerai de fer
d’alluvion. Près de Soleuvre, où lui et sa femme possédaient un bois auquel s’étaient
ajoutés des terres et des prés nouvellement acquis, de Prémorel constitua, après
défrichement du bois, « la grande et belle ferme de Gaderscheuer »
7
(Gad[d]erscheuerhof
ou Gadderscheierhaff).
4
Commune de Longwy, registre d’état civil de 1830, acte n° 30 du 22 février 1830. Voir aussi : Nothomb
1934: 93. — L’acte de mariage comporte une fausse date de naissance de l’épouse (9 septembre au lieu de
9 novembre). Logelin-Simon (1997: 536) indique Longlaville comme lieu du mariage.
5
Registre des naissances de la commune d’Eich, acte du 9 novembre 1809, naissance du même jour, « née
à la faïencerie de Septfontaines Commune de rollingergrund [sic] mairie d’Eich dans la maison du Sieur
pierre joseph Boch » (ANLux, CT-03-02-0309, naissances Eich 1805-1815). — Logelin-Simon (1997:
536) indique Differdange comme lieu de naissance et le 9 septembre 1809 comme date de naissance.
6
Durand de Prémorel 1997: 570.
7
Durand de Prémorel 1997: 572. — La ferme a dû passer plus tard dans la possession de la famille de
4
En 1841, Alphonse de Prémorel fut naturalisé Luxembourgeois. En janvier 1844, il entra
comme premier échevin au conseil communal de Differdange, où il siégeait jusqu’aux
élections de janvier 1849. En juin 1851, de Prémorel, qui ne parlait et ne comprenait pas
le luxembourgeois
8
, fut candidat aux élections législatives pour le canton d’Esch ; sur
huit candidats et cinq postes à pourvoir, il se classa dernier.
9
Est-ce que ce fut cette
défaite ou plutôt, comme il l’écrivait lui-même, la nécessité d’assurer un avenir à ses
enfants qui l’incita à récupérer sa nationalité française en 1852 ?
Devenu citoyen étranger, le conseil communal de Differdange, où il n’avait plus guère
d’amis, en profita pour exclure de Prémorel de la distribution du bois d’affouage dont il
avait pourtant besoin pour chauffer sa vaste demeure. D’autres déboires s’y ajoutant, de
Prémorel préféra s’installer dans son domaine de Conques, l’ancien prieuré « placé
modestement sur le bord de la Semois »
10
, près d’Herbeumont en Belgique ; au cours des
années 1857 à 1862 il ne revint qu’occasionnellement à Differdange. Il finit cependant
par vendre le domaine de Conques pour investir à Differdange où, au cours des années
suivantes, il cherchait sans succès à obtenir des concessions pour l’extraction de la
minette par galeries souterraines.
En 1873, de Prémorel acquit une maison à Carignan dans les Ardennes françaises et fit
apport de tous ses immeubles differdangeois à la Société industrielle du Grand-Duché de
Luxembourg nouvellement fondée. Il garda cependant le bois de Lasauvage qui fut vendu
en 1886 à la Société des Hauts Fourneaux de Longwy et de Lasauvage, Ferdinand de
Saintignon et Compagnie.
Alphonse de Prémorel est décédé le 24 avril 1888 à Carignan.
11
Il s’intéressait à
l’archéologie
12
et aux sciences naturelles, notamment à la géologie. En 1846, la Société
pour la recherche et la conservation des monuments historiques fondée en 1845,
communément appelée Société archéologique (future Section historique de l’Institut
grand-ducal fondé en 1868) avait admis Alphonse de Prémorel comme membre
correspondant.
Tornaco et a été vendue aux enchères en 1949, ce dont atteste la notice suivante insérée dans le
Luxemburger Wort du 7 octobre 1949 (N° 280, p. 4): Niedercorn. — Gestern ließen hier die Erben des
Herrn Baron Charles de Tornaco das bedeutende Hofgut, bekannt unter dem Namen Gaderscheuerhof,
wozu 50,17 ha Land gehören, in öffentlicher Versteigerung ausbieten. Es wurde zum Preise von 1 710 000
Fr. Hrn. Cerf Israel, Immobilienhändler aus Luxemburg, für Rechnung eines dritten zugeschlagen.
8
Durand de Prémorel 1997: 574.
9
Courrier du Grand-Duché de Luxembourg 1851-06-11, N° 47: 1 (Résultats des élections).
10
Prémorel 1851: 111 ; Logelin-Simon 1997: 524.
11
État civil de la commune de Carignan, registre de l’année 1888, feuille n° 17, acte n° 43. — Chez
Nothomb (1934), page 93, on lit la fausse date de décès du 24 avril 1889.
12
Voir: Logelin-Simon 1997: 538ss. Voir aussi: Goedert 1987: 212s.
5
Acte de décès d’Alphonse de Prémorel
(État civil de la commune de Carignan, année 1888, acte numéro 43 du 24 avril 1888)
6
Membre agrégé et donateur de la Société des sciences naturelles
En 1851, de Prémorel avait été parmi les premiers « membres agrégés » admis à la
Société des sciences naturelles du Grand-Duché de Luxembourg nouvellement créée. Il
avait réuni dans son cabinet de nombreux fossiles provenant de la région de Differdange
qu’il montra avec fierté au Chevalier L’Évêque de la Basse Moûturie
13
lors de son
passage à Differdange dans les années 1840. Dans son Itinéraire du Luxembourg
germanique, ce dernier relate sa visite chez de Prémorel de la manière suivante : « On
trouve chez lui une jolie collection de minéraux et d’antiquités qu’il se fait un plaisir de
montrer aux amateurs. J’y ai vu une magnifique corne d’Ammon
14
et une dent de
Mammouth, trouvée en 1840 [en fait, en 1839 (voir plus loin)], entre Soleuvre et
Differdange. Celle-ci n’a pas moins de 2 pieds de circonférence et 9 pieds de longueur
circulaire, quoiqu’elle soit privée de ses extrémités, qu’on peut évaluer à un mètre. Cette
dent détériorée par la calcination, suffit pour donner une idée de l’énormité de l’animal
auquel elle a appartenu. »
15
Jean-Jules Durand de Prémorel, fils d’Alphonse de Prémorel, né en 1833 à Longwy-Bas,
décédé à Rochefort en 1906,
16
se rappelait que la défense avait été installée sur une table
circulaire construite à cet effet, dans une salle de la maison de Differdange, « où elle fut
visitée par de nombreux archéologues venus de tous les pays. Malheureusement il [son
père] ne sut prendre les mesures efficaces pour préserver cette magnifique pièce, qui,
sous l’influence de l’air, ne tarda pas à s’effriter et tomber en morceaux dont les
principaux ont été recueillis par les musées les plus proches. »
17
Et c’est ainsi qu’en 1854 de Prémorel a fait don d’une partie importante de la défense au
cabinet d’histoire naturelle de la Société des sciences naturelles qui la décrivit en ces
termes :
18
« une partie de défense de Mammouth, longue d’un mètre, découverte par lui-
même en 1839, dans le penchant d’une des vallées avoisinant Differdange », avant de
préciser les circonstances de sa découverte :
Lorsqu’elle fut déterrée, cette défense avait 3 mètres 30 centimètres dans l’entier développement de
sa courbe ; il est à présumer qu’en tombant de son alvéole elle avait encore plus de longueur. Elle
paraît avoir été abandonnée dans le versant par l’animal qui la portait. Ce magnifique fragment
antédiluvien reposait sur un gisement de roche oolythique [sic] ferrugineuse ; une couche d’argile de
quelques pouces d’épaisseur l’entourait de tout[e]s parts, deux pieds et demi de rocaille la
recouvraient.
La partie détériorée de cette défense avait une forme légèrement aplatie. Il est bien à regretter que le
contact de l’air ait successivement réduit cet échantillon à ses proportions actuelles.
19
13
Louis L'Évêque de la Basse-Moûturie, auteur français aux origines belges, né le 18 avril 1784 en France
à Sin-le-Noble, mort du choléra asiatique le 21 juillet 1849 à Treslon (Wikipedia, Louis L'Évêque de la
Basse-Moûturie, consulté le 04.11.2022). Voir aussi : Moniteur de l’Enseignement, Journal de
l’Association professorale de Belgique, tome 1, Tournai 1849-1850 (N° 6, août 1849), p. 156 (Nécrologie
étrangère).
14
Une ammonite.
15
L’Évêque de la Basse-Moûturie 1844: 112. Voir aussi: Logelin-Simon 1997: 524.
16
Logelin-Simon 1997: 536.
17
Durand de Prémorel 1997: 572.
18
Anonyme 1854: 21.
19
Notons que de Prémorel avait trouvé dans la même couche une dent de rhinocéros qu’il a probablement
gardée dans sa propre collection (Prémorel 1855: 196).
7
Ce don fut même mentionné dans le Mémorial du Grand-Duché de Luxembourg, le
journal officiel du pays :
20
Le cabinet que la Société des sciences naturelles forme près de l’Athénée, vient de recevoir de la
part de M. de Prémorel à Differdange, membre de la société, un des plus remarquables restes du
monde animal antédiluvien, qui aient jusqu’à présent été découverts dans le Grand-Duché.
La défense de Mammouth dont il s’agit, avait au moment de la découverte par M. de Prémorel trois
mètres trente centimètres de longueur dans l’entier développement de sa courbe ; elle gisait dans le
penchant d’une vallée d’érosion près de Differdange, sur une roche oolithique ferrugineuse, entourée
de toutes parts d’une couche d’argile de quelques pouces d’épaisseur et recouverte de deux pieds et
demi de terre et de pierraille.
On peut supposer que cette énorme défense a été abandonnée par le Mammouth sur place, ou qu’elle
a été charriée jusqu’à Differdange ; car jusqu’à ce jour aucun autre débris d’ossements de cet animal
colossal n’a été trouvé dans les environs.
La découverte de cette dent de mammouth fut rappelée en 1865 dans un article publié par
le journal luxembourgeois L’Union.
21
Ce n’était ni la première ni la dernière fois que nom d’Alphonse de Prémorel figurait sur
la liste des donateurs de la Société des sciences naturelles, mais alors avec des dons
nettement moins spectaculaires : plusieurs minéraux et roches
22
; un fragment de lave
poreuse de Niedermennig et une masse de scories provenant d’un toit incendié chez lui,
pour servir de comparaison
23
; deux coprolithes et une térébratule (brachiopode) fossile.
24
De Prémorel fera encore don à la bibliothèque de la société
25
d’un exemplaire de son livre
Un peu de tout à propos de la Semois paru en 1851 à Arlon et orné de douze dessins
d’après nature faits par l’auteur lui-même.
26
Avec cet ouvrage, qui rend un « vibrant
hommage » à la nature ardennaise
27
, Alphonse de Prémorel a été en quelque sorte l’auteur
du premier guide touristique de la vallée de la Semois. Une réimpression anastatique de
cet ouvrage est parue en 1981 à Bruxelles. Les souvenirs de Membre qu’Alphonse de
Prémorel a rédigés vers 1877
28
ont dû attendre jusqu’en 1986 avant d’être publiés par
Claude Mertens.
29
20
Mémorial du Grand-Duché de Luxembourg 1854, seconde partie, N° 9 (17 juin 1854): 59 (Note fournie
par la Société des sciences naturelles). — Dans la même note, on apprend que « la tête de Plesiosaurus
trouvée dans les environs de Grevenmacher et heureusement préservée par les soins de M. Gust.
Munchen » a également été déposée au cabinet de la Société des sciences naturelles et qu’elle en forme
« un des plus précieux ornements ». — Voir aussi: Logelin-Simon 1997: 544. — Gustave Munchen (1821-
1856), ingénieur civil, conducteur des Travaux publics, a été membre fondateur de la Société des sciences
naturelles fondée en 1850 (Massard 2000, Wirion 1949: 395s.)
21
L’Union 1865-03-23, N° 69: 2-3 (Archéologie du Grand-Duché de Luxembourg : Renseignements
historiques sur le pays de Luxembourg et de ses habitants, depuis les temps les plus reculés, fournis par la
littérature grecque et romaine, l’archéologie et la paléontologie).
22
Anonyme 1853: 57.
23
Anonyme 1854: 18s.
24
Anonyme 1855: 33. Voir aussi: Logelin-Simon 1997: 549.
25
Anonyme 1857: 31.
26
Logelin-Simon 1997: 524s. Des extraits du livre ont été publiés dans le périodique luxembourgeois
Galerie (Prémorel 1997).
27
Mertens 1997.
28
Logelin-Simon 1997: 538.
29
Mertens 1986 ; voir aussi: Mertens 1998, Prémorel 1999.
8
Ces deux écrits d’Alphonse de Prémorel annoncent l’œuvre littéraire plus solide de son
arrière-petit-fils Adrien de Prémorel (1889-1968)
30
, écrivain belge d’expression française,
chantre des bois et campagnes de l’Ardenne et du Luxembourg belge, fils de Gaston de
Durand de Prémorel (1857-1936)
31
qui, lui, était le fils de Jean Jules de Durand de
Prémorel
32
, fils d’Alphonse de Prémorel.
Un naturaliste pragmatique
À l’instar de ce qu’il a coutume de faire pour la Société archéologique, de Prémorel
envoie de temps en temps des notes à la Société des sciences naturelles qui en publie un
résumé ou des extraits.
Ainsi, il attire l’attention de la Société sur la Centaurée des montagnes (Centaurea
montana), une plante qui lui semble susceptible de rendre de bons services aux
agriculteurs. Il s’agit d’une espèce qui croît naturellement dans les bois montueux et dans
les rochers ombragés de l’Ardenne
33
. À l’époque, elle est fréquemment plantée comme
plante ornementale dans les plates-bandes des jardins, mais, de l’avis d’Alphonse de
Prémorel elle est en plus appelée à être cultivée comme plante fourragère. Plus hâtif que
le trèfle, explique-t-il, ce végétal fournit deux coupes abondantes et les bestiaux la
mangent avec avidité. De plus ses belles fleurs bleues attirent les abeilles. « Mes bestiaux
s’en sont repus, » affirme-t-il, « et cette nourriture paraît leur convenir parfaitement ».
34
On sait que de Prémorel est le propriétaire de vastes terrains dont l’exploitation agricole
lui tient à coeur. Lorsqu’en octobre 1846 se constitue la Société agricole du Grand-
Duché de Luxembourg, il accepte en toute logique d’y occuper un poste d’administrateur
au sein de la commission d’administration.
35
30
Wikipedia : Adrien de Prémorel, consulté le 07.11.2022.
31
Gaston Alphonse (de) Durand de Prémorel est né le 7 octobre 1857 à Differdange (Commune de
Differdange, registre des naissances 1857, acte n° 51 du 8 octobre 1857, naissance du 7 octobre ; ANLux
CT-03-02-0224, naissances 1844-1859). Son père, Jean Jules de Prémorel, propriétaire, demeurant à
Differdange, était alors âgé de 24 ans, et sa mère, Marie Thérèse Hortense Paquin (1837-1918), sans
profession, était âgée de 23 ans. L’acte de naissance comporte la note marginale suivante : Suivant
jugement inscrit littéralement dans les registres de mariage de cette commune de l’année mil huit cent
nonante quatre numéro quatorze l’acte de naissance ci contre est rectifié en ce sens que le nom
patronymique sera précédé de la particule „de” en sorte que les prénoms et noms seront „Gaston
Alphonse de Durand de Premorel”. Voir: Commune de Differdange, registre des mariages 1894, acte n° 14
(jugement du Tribunal d’arrondissement de Luxembourg); ANLux CT-03-02-0241, Mariages 1880-1895).
Le jugement s’applique au fils et au père dont le nom rectifié est donc: „Jean Jules de Durand de Premorel“.
Le jugement comporte d’ailleurs une fausse date de l’acte de naissance de Gaston Alphonse, à savoir le
premier octobre 1857 au lieu du huit octobre.
32
Jean Jules de Prémorel, né le 23 septembre 1833 à Longwy-Bas, décédé le 17 mars 1906 à Rochefort
(Logelin-Simon 1997 : 536).
33
Cette formulation a été empruntée à la Flore luxembourgeoise de Fr. A. Tinant parue à Luxembourg en
1836 (p. 434). Des précisions sur la distribution de la Centaurée dans les Ardennes luxembourgeoises
seront fournies par la Flore du Grand-Duché de Luxembourg de J.H.G. Krombach qui paraîtra à
Luxembourg en 1875: l’espèce y est signalée entre Wiltz et Kautenbach, près de Kautenbach et près de
Stolzembourg (p. 327).
34
Dutreux 1855b.
35
Anonyme 1846. Voir aussi : Logelin-Simon 2022, p. 40 : « Le 1er juillet 1847, Alphonse de Prémorel, le
baron de Tornaco de Sanem et le Dr Wacquant de Foetz composèrent la commission spéciale du canton
d’Esch-sur-Alzette de la Société Agricole du Grand-Duché. Ces commissions cantonales avaient pour
mission d’entendre les cultivateurs et de les encourager à augmenter leurs productions. Elles enquêtaient
sur la qualité des terres, prairies, étables, bêtes, instruments agraires, jardins, etc., et dressaient des procès-
verbaux trimestriels de се qu'elles avaient vu et entendu. »
9
Loin de ces considérations matérielles se situe une autre note à la Société des sciences
naturelles dans laquelle de Prémorel rend compte d’une observation singulière qu’il a
faite dans les Ardennes. Auguste Dutreux
36
l’a résumée et commentée :
37
Sous les pierres d’une carrière exposée au midi, [de Prémorel] a découvert plusieurs salamandres
frayant et déposant leurs oeufs sur le dos d’un crapaud vivant.
Les œufs étaient déjà au nombre d’une trentaine, alignés et si bien fixés qu’on ne pouvait les
détacher facilement.
Le crapaud était d’une espèce particulière, ayant sur l’échine une raie jaune et le dessous du ventre
tacheté de noir.
38
M. de Premorel [sic] suppose que le crapaud devait servir de pâture aux jeunes salamandres après
leur sortie de l’œuf ; il ne se dissimule du reste pas qu’il est en contradiction avec les auteurs qui ont
étudié les mœurs de la salamandre, et qui l’ont reconnue être ovovivipare.
À l’appui de son observation, M. de Premorel [sic] nous a transmis l’animal qu’il a vu frayant ; c’est
bien la salamandre maculée ou terrestre ou vulgaire.
En, présence d’une contradiction aussi frappante, nous devons laisser à notre collègue toute la
responsabilité de son observation. Pourrait-on, pour concilier les deux opinions, admettre
qu’exceptionnellement la salamandre se débarrasserait de ses œufs avant le terme de sa gestion ?
Dans sa Bibliographie luxembourgeoise, Martin Blum
39
a attribué à de Prémorel une
troisième note, insérée dans le même bulletin de 1855, et qu’il a intitulée Nouvel appareil
pour la chasse des microlépidoptères ; en fait, elle n’a rien à voir avec de Prémorel ; elle
émanait de la plume d’Auguste Dutreux, lépidoptériste chevronné.
40
Il en va autrement du Rapport sur le terrain minier de Differdange
41
publié dans le même
tome et qui est bien signé par de Prémorel.
42
« Ce territoire », écrit-il, « contient 1° du
schiste bitumineux, 2° du minerai de fer oolithique, 3° du minerai de fer d’alluvion, 4° de
la pierre de taille (calcaire oolithique coquillier), 5° des bancs de calcaire
polypier », l’exploitation du schiste bitumineux, du minerai de fer oolithique et de la
pierre de taille remontant à une époque fort reculée, alors que celle du minerai d’alluvion
et de calcaire polypier serait beaucoup plus récente.
36
Auguste Dutreux (1808–1890), juriste et lépidoptériste luxembourgeois, receveur général de l’État,
membre fondateur (1850), trésorier (1851), secrétaire (1852-1857) et président (1858) de la Société des
sciences naturelles (Wikipedia, Auguste Dutreux, consulté le 04.11.2022).
37
Dutreux 1855b.
38
Il doit s’agir du Crapaud calamite (Kreuzkröte, Epidalea calamita = Bufo calamita).
39
Martin Blum (1845-1924), prêtre catholique luxembourgeois, historien et bibliographe (Wikipedia,
Martin Blum, consulté le 07.11.2022).
40
Blum 1981: 281.
41
Dans son rapport sur les travaux de la Société des sciences naturelles depuis le 1er juillet 1854 au 1er juin
1855, le secrétaire Auguste Dutreux a relevé la remise de cet essai de M. de Prémorel, « qui a profité avec
bonheur du siège de son habitation au milieu des terrains oolithiques, pour consigner les résultats de ses
observations sur les précieux gisements qui entourent Differdange » (Dutreux 1855a: 7). Dans le même
rapport, il cite parmi les collections appartenant aux membres de la Société celle d’Alphonse de Prémorel
qui « a eu le bonheur de réunir dans son cabinet grand nombre de fossiles des plus intéressants, provenant
des environs de sa campagne » (Dutreux 1855a: 11).
42
Prémorel 1855.
10
Début des recherches sur l’utilisation des schistes bitumineux
On imagine bien l’intérêt qu’Alphonse de Prémorel porte aux gisements de minerai de fer
d’alluvion puisqu’il exploite ce minerai dans son lavoir.
43
Mais, il accorde aussi, depuis
des années, une attention toute spéciale au schiste bitumineux.
Alors qu’à Aubange, village belge situé à une bonne dizaine de kilomètres de
Differdange, un dénommé Orianne s’évertuait au début des années 1840
44
à distiller du
schiste bitumineux pour obtenir de l’huile minérale, qu’il n’arrivait pas à commercialiser
à cause de son odeur pénétrante
45
, de Prémorel, lui, préférait développer de nouvelles
méthodes pour valoriser le schiste bitumineux dans d’autres domaines.
46
Une nouvelle manière de brûler les schistes et de les broyer
Dans une lettre adressée le 2 janvier 1845 au Gouverneur Théodore de la Fontaine
47
, de
Prémorel explique l’avantage qu’il y aurait pour l’agriculteur à l’employer comme
engrais ou amendement le schiste bitumineux qui se montre à la surface du sol, dans
plusieurs localités du Grand-Duché. Et il suggère de charger une commission de
l’examen du moyen d’amendement qu’il propose. Cette commission ne sera pas créée,
mais on encourage néanmoins de Prémorel dans ses expériences.
Entre-temps, celui-ci a appris que dans plusieurs communes du département des
Ardennes, l’on exploitait le schiste bitumineux sous le nom de « cendres » et que cette
matière y est employée avec succès comme amendement (lettre au Gouverneur du 30 mai
1845). Après avoir reçu l’avis de la Commission agricole qui reste plutôt réticente, le
43
Voir Logelin-Simon 1997: 518ss.
44
Massard (1985). — On lit chez G. de Grand Ry (1950 : 607) : « En Belgique, le gisement de schiste à
Posidonies [schistes bitumineux] se rencontre à Athus, Aubange et Ruette. En 1844, une usine fut
construite pour la distillation du schiste de la région. Elle fut arrêtée en 1849, car on ne parvenait pas, par
les méthodes imparfaites de raffinage employées à cette époque, à enlever aux huiles leur odeur pénétrante.
La distillation du schiste durait 18 heures ; une tonne de schiste produisait 12,5 l d’huile brute. » À l’origine
de cette usine se trouvait Jean-Pierre-Joseph Orianne, propriétaire-cultivateur à Aubange, auquel le sieur S.
J. Denis, professeur domicilié à Bruxelles, avait fait cession de la partie des droits qui résultaient pour lui
du brevet de perfectionnement de 15 années qu’il avait obtenu en commun avec le sieur Reboul d’Amalet,
le 23 novembre 1842, pour des appareils servant à distiller du schiste bitumineux et pour des procédés
servant à utiliser les produits de cette distillation et à obtenir du noir animal, des huiles essentielles et fixes,
etc. Cette cession fut approuvée par l’arrêté royal du 22 janvier 1844 (Bulletin officiel des lois et arrêts
royaux de la Belgique. Deuxième partie. Exercice 1844. Bruxelles 1844: 83-84 ; cf. Bulletin officiel des
lois et arrêts royaux de la Belgique. 2e semestre 1842, tome XXVI, Bruxelles 1842 : 2362, arrêté royal du
23 novembre 1842). Jean Pierre Joseph Orianne a été, par ailleurs, à plusieurs reprises, bourgmestre de la
commune d’Aubange. — Une reprise de l’exploitation des schistes bitumineux de la région d’Aubange fut
envisagée en 1870 où une demande en concession des schistes bitumineux fut présentée à l’Administration
des Mines de Belgique (de Grand Ry 1950: 607). Le quotidien grand-ducal L’Indépendance
luxembourgoise du 16 février 1872 a consacré un article pas trop enthousiaste à ce projet qui finalement n’a
pas abouti.
45
Wies 1877: 96 ; cf. Faber 1915: 158s.
46
Sauf indication contraire, l’historique qui suit se base sur les documents publiés par Weyland (2020),
chapitre 29.
47
Théodore de la Fontaine (1787-1871), gouverneur du Grand-Duché de 1841 à 1848 (Wikipedia, Gaspard,
Théodore, Ignace de la Fontaine, consulté le 04.11.2022).
11
Gouverneur demande encore l’avis de l’ingénieur en chef des Travaux publics
48
qui
répond qu’il serait utile de charger le professeur van Kerckhoff
49
d’une analyse chimique
quantitative de ce schiste. Parallèlement, de Prémorel s’enquiert de la procédure à suivre
pour obtenir un brevet en vue de la transformation du schiste en engrais (lettre du 15 août
1845 au Gouverneur). Dans son rapport du 21 août 1845 van Kerckhoff présente le
résultat de ses analyses. D’après lui, il n’y a aucun doute que le schiste de Differdange,
qui doit être rangé parmi les marnes argileuses, ne puisse être employé avec avantage
comme amendement soit à l’état naturel, soit à l’état calciné.
Le 30 août 1845, de Prémorel introduit une demande tendant à obtenir un brevet qui le
mettrait en position de tirer avantage de ses travaux. Informé que la durée du brevet ne
peut pas dépasser les 15 ans et qu’il y aura des droits à payer, de Prémorel veux connaître
l’importance de ces droits et il aimerait « savoir si Sa Majesté accorde quelques fois la
remise de tout ou partie des droits à ceux qui, comme moi, agissent dans l’espoir de
concourir à l’amélioration de l’agriculture, cette branche importante de notre industrie
nationale, si peu lucrative pour ceux qui s’y adonnent » (lettre du 13 novembre 1845). Le
3 décembre 1845, de Prémorel précise que le but de sa demande est d’obtenir un brevet
exclusif l’autorisant à calciner les schistes dans un four dont il joint le dessin et à les
broyer ensuite au moyen de meules horizontales ou verticales mues par les chevaux ou à
l’aide d’une roue hydraulique. Finalement, la demande est acceptée, comme en témoigne
l’arrêté du 10 février 1846, № 304, par lequel « Sa Majesté le Roi Grand-Duc a daigné
accorder au sieur de Prémorel, de Differdange, un brevet d’invention de quinze années
pour une nouvelle manière de brûler les schistes et de les broyer. »
50
En novembre 1861, alors que son brevet est expiré depuis le 19 février 1861, de Prémorel
demande un renouvellement de celui-ci. L’objet de son brevet étant devenu du domaine
public d’après la loi, la demande est restée sans suite.
51
Emploi du schiste bitumineux en remplacement de la houille et du charbon de bois
pour la production du fer et de la fonte dans les forges et les hauts-fourneaux
En plus de l’utilisation du schiste bitumineux comme engrais, Alphonse de Prémorel
envisage de l’utiliser comme combustible, une idée qui intéresse aussi l’oncle de son
épouse, le faïencier Jean François Boch (1782-1848), le fils de Pierre Joseph Boch (1737-
1818) et de Marie Antoinette Nothomb (1752-1805).
Le 3 juillet 1846, Jean François Boch et Alphonse de Prémorel remettent à Jurion
52
,
secrétaire général des États et du Conseil de gouvernement, la demande suivante adressée
au Roi-Grand-Duc Guillaume II qui sera transmise le lendemain par le gouverneur de la
48
Il s’agit de François Joseph Wirz (1802-1863). Voir Wikipedia, François Joseph Wirz, consulté et
modifié le 04.11.2022.
49
Petrus-Johannes-Jacobus van Kerckhoff (1813-1876), Hollandais, professeur de chimie à l’Athénée de
Luxembourg, directeur de l’École industrielle de Maastricht, professeur à l’université de Groningue, puis
d’Utrecht (Massard 1989: 423, Gloden 1954).
50
Mémorial législatif et administratif du Grand-Duché de Luxembourg 1846, N° 31, p. 304 (Avis
concernant la délivrance d'un brevet d'invention).
51
Weyland 2020, chapitre 029.
52
Vendelin Jurion (1806-1892), juriste, secrétaire général des États et du Conseil de gouvernement à partir
de 1843, administrateur général de l’Intérieur en 1848 et de 1853 à 1856 (Spedener 1937: 40 ; Arendt 1972:
135 ; Wikipedia, Vendelin Jurion, consulté le 06.11.2022.
12
Fontaine à de Blochausen
53
, chancelier d’État pour les affaires luxembourgeoises à La
Haye :
Les soussignés Alexis Louis Alphonse Durand de Prémorel, propriétaire, domicilié à Differdange, et
Jean François Boch, propriétaire manufacturier, demeurant à Septfontaines, près Luxembourg, ont
l’honneur de vous exposer qu’ayant découvert dans les schistes bitumineux qui se montrent sur
plusieurs points du Grand-Duché une matière combustible capable de remplacer le charbon de bois
et la houille dans leurs divers usages, viennent solliciter de Votre Majesté de leur accorder un brevet
de 15 ans de durée pour le Grand-Duché de Luxembourg.
Ce brevet aurait pour motif de mettre les soussignés à même de profiter des frais considérables
qu’ils seront obligés de faire pour trouver le moyen d’utiliser en grand ce nouveau combustible, sans
qu’ils soient exposés à se voir enlever le fruit de leurs travaux et de leurs dépenses au moment où ils
pourraient leur être productifs.
D’après les expériences faites sur une petite échelle, les soussignés ne doutent pas qu’il leur sera
possible d’arriver à fondre le minerai de fer et à travailler la fonte au moyen des schistes bitumineux.
Il est évident que le pays doit tirer un grand avantage de cette découverte attendu que le schiste et le
minerai de fer se trouvent réunis en grande abondance sur plusieurs points du Grand-Duché et que la
cherté croissante du combustible végétal est déjà un sujet de souffrance pour les classes pauvres de
la société.
54
Dans son avis, le conseiller Lipkens (La Haye) fait observer que la demande ne peut pas
être accordée ne « tombant point […] dans les termes des choses brevetables, qui […]
consistent en inventions ou perfectionnements essentiels dans quelque branche des arts ou
de l’industrie ». Il lui semble toutefois que le droit exclusif d’exploitation est nécessaire,
pour que l’industrie dont il est ici question puisse être profitable à ceux qui veulent
l’exercer. Il propose de ce fait d’appliquer la législation des mines et de « fournir à ces
Messieurs droit à l’obtention d’une concession ». Le 12 août 1846 le Conseil de
gouvernement informe Boch du rejet de la demande de brevet, mais qu’il est loisible aux
demandeurs de solliciter une concession d’un terrain hébergeant le schiste bitumineux.
55
Le rapport d’Alphonse de Prémorel destiné à la Société agricole
De Prémorel devait présenter à l’assemblée générale de la Société agricole du Grand-
Duché qui eut lieu le 9 janvier 1848 à Ettelbruck, un rapport sur l’utilisation agricole du
schiste bitumineux, mais l’évacuation de l’ordre du jour de l’assemblée se tirait en
longueur et il fallait renoncer à l’intervention de de Prémorel. Il fut décidé de publier son
rapport dans la presse : « Ein ausgedehnter und sorgfältiger Bericht des Hrn. Premorel
von Differdingen über die Anwendung des bituminösen Schiefers als Dünger, konnte
wegen Mangel an Zeit der Versammlung nicht vorgelesen werden, und das Bureau
beschloß dessen Veröffentlichung durch die Zeitungen. »
56
Finalement, il fallait patienter jusqu’en 1852 pour voir la publication du rapport rédigé en
1848 qui parut en deux parties dans le Courrier du Grand-Duché de Luxembourg, en
53
Baron Frédéric Georges de Blochausen (1802-1886), chancelier d’État pour les affaires
luxembourgeoises à La Haye de 1841 à 1848, membre de l’Assemblée des États du grand-duché de
Luxembourg 1842-1848, membre de la Chambre des députés 1848-1854, 1856 ; président de la Société
agricole (Spedener 1937: 11 ; Arendt 1972: 126 ; Wikipedia, Friedrich Georg Prosper von Blochausen,
consulté le 06.11.2022).
54
Weyland 2020, chapitre 030 et documents d’archives y relatifs dont l’auteur a reçu des copies de la part
de Monsieur Pierre Weyland.
55
Weyland 2020, chapitre 030.
56
Diekircher Wochenblatt 1848-02-19: 1-2 (Versamml. des Vereins in Ettelbrück).
13
mars et avril 1852. De Prémorel y annonce qu’il croit être sur la voie d’un « puissant
moyen d’amélioration employé jadis et oublié ou négligé depuis des siècles ». Et il
s’explique :
À une époque reculée et à laquelle il est impossible d’assigner une date il s’est fait dans notre pays
une grande consommation d’engrais minéral. La preuve en est dans les nombreuses et considérables
excavations que l’on reconnaît sur une infinité de points du territoire du Grand-Duché. Plusieurs de
ces excavations sont si anciennes, qu’il faut mettre une grande attention pour les reconnaître : tout
leur pourtour est abaissé par l’effet du temps et des cultures successives.
Vous prévoyez, Messieurs, qu’il est ici question de l’emploi des marnes en général ; mais parmi ces
marnes il en est une, qui par sa composition exceptionnelle, mérite particulièrement de fixer votre
attention.
Je veux parler de la marne bitumineuse, à laquelle nous donnerons son nom véritable de schiste
bitumineux.
Les qualités de cet engrais ont été appréciées par nos devanciers, puisqu’en plusieurs endroits il a été
exploité en grande quantité. Je ne dirai rien ici des marnes, dont le principal mérite est de contenir
du calcaire […].
Le schiste bitumineux se trouve sur certains points du Grand-Duché en quantité incalculable, et je
n’hésite pas à vous affirmer, Messieurs, que nous possédons en ce minéral un engrais précieux.
D’après M. Van Kerkhoff ce minéral contient :
57
a. de la chaux,
b. du sulfate de chaux,
c. du carbonate de chaux,
d. du carbonate ferreux,
e. de la magnésie,
f. du bitume, du carbone et de l’azote.
Je ne fais pas mention ici des quantités, car elles varient selon le lieu d’où l’on retire le minéral.
Toutes les substances que je viens d’énumérer et qui entrent pour moitié environ dans la
composition du schiste, proviennent de la décomposition de poissons et de coquillages marins, ainsi
que des débris animaux et végétaux que les eaux entraînent dans le fond des mers.
Les schistes se calcinent facilement par leur propre carbone, sans emploi d’autre combustible ; ils
acquièrent alors une quantité notable de plâtre, par la combinaison qui se fait entre l’acide sulfurique
et la chaux.
Les schistes bitumineux se trouvent dans la partie supérieure du terrain liasique ; je suis certain
qu’au moyen de sondages superficiels, on le trouverait encore en beaucoup d’endroits à la
profondeur de quelques pieds seulement.
58
De Prémorel s’efforce ensuite de rendre compte du résultat des expériences auxquelles il
s’est livré :
Les schistes [bitumineux] ont […] sur les marnes l’avantage de perdre leur cohésion par la
calcination et de pouvoir alors s’employer à l’amendement des terres fortes, tandis que dans leur état
57
D’autres analyses seront publiées au cours des années suivantes ; de Prémorel lui-même a publié en 1855
le résultat de l’analyse d’un échantillon de schiste bitumineux pris à Differdange, au lieu dit « Fuusbann »
(il écrit: Fousband), analyse faite, selon sa formulation, à « l’école impériale des mines » de Paris (Prémorel
1855: 197): 1° Quartz et argile inattaquable aux acides 0,484
2° Argile attaquable 0,106
3° Protoxide de fer 0,106
4° Chaux 0,074
5° Eau, acide carbonique, bitume 0,230
Total 1,000
Des analyses encore plus poussées ont été réalisées par P.J. van Kerckhoff (Kerckhoff 1855: 103-107).
58
Prémorel 1852a.
14
naturel cette cohésion est une qualité, lorsqu’il est question de fertiliser par leur moyen les terres
légères sablonneuses.
Lorsqu’ils sont brûlés et moulus ils fournissent un produit semblable à de la cendre. Cette poussière
très-fine convient alors [pour] les plantes fourragères. Semée au printemps sur les jeunes feuilles,
elle s’y attache et s’y dissout facilement ; dans ce cas elle remplace avantageusement le plâtre et a
encore le mérite de coûter moins cher. Je me suis assuré de ce fait par plusieurs années d’expérience.
Un excellent moyen de féconder les terres par l’addition du schiste est de le répandre sur les jeunes
plantes fourragères avant les gelées. Je me suis parfaitement trouvé de le mettre sur les jeunes trèfles
de l’année. — Six voitures suffisent par journal. Après la récolte du trèfle, qui est alors à peu près
assurée, la terre reste couverte d’une partie du schiste non-divisé, et par ce moyen les grains
reçoivent un engrais, en même temps qu’ils profitent de la bonne préparation que leur donne
toujours un trèfle bien réussi.
Depuis plusieurs années je poursuis une expérience qui sera décisive ; mon but serait de parvenir à
remplacer les engrais animaux par le schiste ; à cet effet je ne donne pour tout engrais que ce minéral
à l’un de mes champs, soit en le répandant sur les jeunes trèfles, soit en le donnant à la terre lors des
jachères. Les récoltes de ce champ se soutiennent bien comparativement à ceux qui sont traités de la
manière ordinaire.
J’ai fait répandre du schiste sur les prairies naturelles et j’ai acquis la conviction, que ce minéral leur
convient en les améliorant sensiblement, surtout aux prairies sèches ; cela est d’autant plus
intéressant qu’en général ces prairies sont d’un faible rapport, attendu qu’elles ne reçoivent jamais
aucun engrais ; il n’en est pas de même de celles qui sont trop humides, car au moyen de travaux
d’assainissement on peut presque toujours les améliorer.
Le schiste agit sur les prairies en détruisant la mousse et en favorisant la croissance des trèfles et des
plantes qui donnent un foin de bonne qualité. Il faut toutefois se garder de répandre une trop grande
quantité de ce minéral sur les prairies, il détruirait passagèrement la végétation ; quinze mètres cubes
suffisent pour amender un hectare de prairie.
Le schiste paraît avoir des propriétés qui ne se révéleront qu’avec le temps. Monsieur Wellenstein
59
de Dreiborn, auquel j’en ai procuré, en a fait déposer au pied de quelques ceps de vigne et il paraît
que cet engrais leur a communiqué une grande force de végétation. Notre digne vice-président
60
pourra appuyer cette assertion par son témoignage.
J’ai aussi la conviction que placé au pied des arbres fruitiers, il leur sera aussi efficace qu’il l’a été
pour les vignes.
Les propriétés fécondantes de la matière qui nous occupe sont appréciées depuis plus de 50 ans dans
les environs de Stenay ; le bon effet de ce minéral y a été révélé d’une manière assez singulière et
qui prouve que nous ne sommes pas les seuls à reconnaître ses qualités.
C’est dans les communes de Flize, d’Amblimont et autres circonvoisines que ce minéral est
abordable. Les habitants de ces communes disent hautement qu’ils lui doivent leur fortune ; les
cultivateurs viennent de plusieurs lieues à la ronde chercher du schiste calciné et naturel et
l’emportent par centaines de voitures.
Par ce qui précède, je me crois donc fondé de […] recommander […] un produit de notre pays si
longtemps employé et oublié depuis tant d’années.
À la fin de son rapport, de Prémorel note que le produit connu dans le département des
Ardennes sous le nom de « cendres de Flize » n’est rien d’autre que des schistes
[bitumineux] brûlés et broyés, comme il a pu le constater lui-même après s’être rendu sur
place.
61
59
Jean Mathias Wellenstein (* Ehnen 24.3.1795, † Dreiborn 1.12.1870), jurisconsulte, magistrat, homme
d’Etat ; après sa retraite de la législature, il s’est retiré dans sa propriété de Dreiborn pour s’y occuper
d’agriculture et de viticulture ; frère de Nicolas Wellenstein (voir ci-dessous). — Dans une lettre insérée
dans le 39e bulletin de la Société agricole, Wellenstein a témoigné de l’excellent effet produit par le schiste
sur la végétation de la vigne (Anonyme / de Prémorel 1853).
60
Nicolas Wellenstein, vice-président de la Société agricole (Anonyme 1846), né à Ehnen, le 5 mars 1783,
et y décédé le 5 août 1858 (Mersch 1965: 162ss).
61
Prémorel 1852b.
15
L’exploitation antique des schistes bitumineux
Les recherches archéologiques
62
qu’Alphonse de Prémorel mène parallèlement à ses
préoccupations agronomiques et autres l’amèneront à penser que les Celtes se sont déjà
servi du schiste bitumineux comme combustible dans leurs forges catalanes, dont la
présence dans la région de Differdange était trahie par les morceaux de scories anciennes
y trouvées. Ces forges, écrit-il, dans sa lettre du 5 février 1850 au président
63
de la Société
archéologique, méritent de fixer l’attention par l’emploi qu’elles paraissent avoir fait du
schiste bitumineux comme combustible. Il y relate qu’en parcourant le territoire de
communes du Sud il aurait été surpris de trouver de nombreuses excavations du sol où le
schiste se montrait presque à fleur de terre, et que sur le pourtour il aurait découvert des
scories de forges et des parcelles de minerai de fer qui seraient à mettre en rapport avec
des installation métallurgiques remontant probablement à l’époque des Celtes.
64
Alphonse de Prémorel avait remis à la Société archéologique un rapport détaillé sur ses
recherches « sur les débris de forges catalanes, découverts dans les environs de
Differdange ». Il y a relevé notamment qu’il n’a trouvé que peu ou point de charbon
végétal empâté dans les scories ou mêlé au terrain sur lequel elles étaient déposées, tandis
que beaucoup de ces scories contenaient des fragments de schiste plus ou moins altérés
par l’effet du feu.
65
Ce rapport n’a pas été publié par la Société archéologique ; des
extraits en ont été cités par Gustave München dans son Rapport sur un diverticulum
romain passant de Kaap par Gasperich vers le Titelberg, découvert en 1849.
66
Dans une lettre adressée en 1865 au professeur Antoine Namur
67
, secrétaire de la Société
archéologique, de Prémorel se montre toujours convaincu que les excavations dans les
couches schisteuses étaient dues aux Celtes. Mais, puisqu’on a découvert des excavations
près desquelles il ne se trouve aucune scorie, il n’exclut pas que les Celtes auraient utilisé
les schistes bitumineux aussi pour l’amendement des terres.
68
À la tribune de la Société géologique de France
Dans le résumé de l’activité de la Société des sciences naturelles publié dans le bulletin
paru en 1854, le secrétaire Auguste Dutreux mentionne trois notices sur l’emploi du
schiste bitumineux que la société a reçues de la part d’Alphonse de Prémorel, sans
préciser quand cela s’est passé.
69
Il est à supposer que ces notices correspondent aux
62
Voir à ce sujet: Logelin-Simon 1997: 538-545.
63
Il s’agit de François-Xavier Wurth-Paquet (1801-1885), juriste, historien, homme politique ; président de
la Société archéologique de 1845 à 1853 (Wikipedia, François-Xavier Wurth-Paquet, consulté le
07.11.2022).
64
Goedert 1987: 212-213.
65
Cité d’après Logelin-Simon 1997: 540.
66
G. München, Rapport sur un diverticulum romain passant de Kaap par Gasperich vers le Titelberg,
découvert en 1849 (Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments
historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, 5, année 1849, p. 91, cité par Logelin-Simon 1997: 540,
538).
67
Antoine Namur (1812-1869), historien luxembourgeois, professeur à l’Athénée de Luxembourg,
conservateur-secrétaire de la Société archéologique de 1845 à 1868 (Goedert 1987: 500 ; Wikipedia,
Antoine Namur, consulté le 05.11.2022).
68
Lettre du 28 février 1865.Voir: Goedert 1987: 213.
69
Anonyme 1854: 13
16
« communications » qui ont déjà été résumées (probablement par le secrétaire) dans le
bulletin paru en 1853 sous le titre Note sur l’emploi du schiste comme combustible :
70
Après une suite d’expériences dont M. de Prémorel rend compte dans plusieurs communications à la
société, il est parvenu à brûler, dans un fourneau de dimension ordinaire, le schiste bitumineux de
Differdange. La température de l’appartement, dans lequel a eu lieu l’épreuve, a subi une élévation
sensible après une heure de chauffage, et de l’eau, exposée à l’action du foyer, est entrée en
ébullition. Ces résultats portent M. de Prémorel à manifester l’espoir que l’on pourra utiliser le
schiste au chauffage des appartements et à la cuisson des légumes ; il pense aussi que l’industrie
pourra s’emparer de ce nouveau combustible dont le prix est presque nul, attendu la quantité
incalculable qui en existe, et le peu de frais que demande son extraction.
71
M. de Prémorel engage la société à rechercher si du schiste, pris ailleurs et à différentes profondeurs,
ne contiendrait pas plus de principes combustibles que celui extrait à Differdange. Il pense aussi que
l’on pourrait utiliser les gaz qui s’échappent pendant la combustion du schiste.
M. de Prémorel avait déjà étudié le schiste sous le rapport de ses qualités fertilisantes ; il a fait à ce
sujet une communication à la société d’agriculture du Grand-Duché. M. Wellenstein
72
de Dreiborn a
fait connaître, par une lettre insérée dans le 39e bulletin de cette société
73
, l’excellent effet que
produit le schiste sur la végétation de la vigne.
Dans les environs de Sedan, l’usage du schiste naturel et brûlé est apprécié depuis plus de 40 ans ;
brûlé, il fait, sous le nom de cendres de Flize, l’objet d’un commerce assez étendu.
Toutes les communes qui avoisinent les endroits d’où l’on extrait le schiste, lui doivent un
accroissement considérable de leurs produits agricoles.
Cette note faisait un peu figure de moutarde après dîner étant donné la publication du
rapport de 1848 de Prémorel en 1852 et que, la même année, de Prémorel a eu l’occasion
d’exposer devant un public de scientifiques ses idées sur les possibilités d’utilisation du
schiste bitumineux. Cela s’est passé lors de l’assemblée extraordinaire de la Société
géologique de France qui s’est déroulée à Metz du 5 au 17 septembre 1852, où, le
premier jour, sa note Sur l’emploi comme combustible des schistes bitumineux du lias de
Differdange a été lue à la tribune de l’assemblée où elle avait donné lieu à une brève
discussion.
74
70
Anonyme / de Prémorel 1853.
71
On pourra compléter ce texte par le communiqué suivant publié dans le Courrier du Grand-Duché de
Luxembourg du 7 février 1852, page 2 : « Messieurs Ulrich, N. Metz, Aug. Dutreux et Wirtz [sic], se sont
transportés la semaine dernière à Differdange, pour examiner un appareil de chauffage, inventé par
Monsieur de Prémorel et destiné à la combustion du schiste bitumineux, qui se trouve en grande abondance
dans diverses localités du Grand-Duché et dont, jusqu’à présent, on n’a su tirer que peu ou point de parti. //
Le fourneau en question, bien que susceptible de quelques améliorations, renfermait une masse de schiste
brûlant au rouge vif, et répandait une agréable chaleur. Il est construit de façon à laisser dans son intérieur
un espace destiné à la cuisson, et les résidus de la combustion peuvent avec beaucoup d’avantage être
répandus sur les champs et servir d’amendement. // Nous avons appris avec plaisir que Monsieur de
Prémorel se propose de monter son fourneau à Luxembourg, afin de permettre au public d’assister à ces
intéressantes expériences, et qu’il n’est pas improbable que l’administration supérieure voulant encourager
ces essais, accordera une prime de récompense à nos constructeurs de fourneaux pour les améliorations
qu’ils apporteront à cet appareil. » — Mathias Ulrich (1801-1863) et Norbert Metz (1811-1885) étaient
membres du gouvernement luxembourgeois de décembre 1848 à septembre 1853, le premier comme
administrateur général de l’Intérieur, le second comme administrateur général des Finances. Auguste
Dutreux (1808-1890) était receveur général de l’État et François Joseph Wirz (1802-1863) ingénieur en
chef des Travaux publics ; ils étaient tous les deux membres fondateurs de la Société des sciences
naturelles.
72
Jean-Mathias Wellenstein (voir plus haut).
73
Bulletin des Ackerbauvereins des Großherzogthums Luxemburg, 3. Jhg. (1850/51).
74
Prémorel 1852c.
17
En voici le texte intégral (qui a été publié encore vers la fin de la même année dans le
bulletin de la Société géologique de France paru à Paris en 1852) :
J’ai cherché, en plusieurs circonstances, à utiliser les schistes ou marnes bitumineuses, qui viennent
affleurer notre sol et qui possèdent une assez grande puissance en étendue, et par conséquent
présentent une facile extraction ; riches en principes carbonés, elles avaient été exploitées à Aubange
pour l’extraction du pétrole qu’elles renferment. Mes recherches et mes nombreuses expériences
m’ont démontré que ces marnes peuvent, avec avantage, être exploitées dans trois circonstances :
1° Comme engrais, les marnes conviennent dans les terrains sablonneux et qui renferment peu de
calcaire ; lorsqu’elles ont été brulées, elles activent la végétation d’une manière très énergique et
elles trouvent leur emploi sur tous les terrains.
2° Pour les vignes et les arbres fruitiers, je les ai employées et en ai obtenu des succès remarquables,
succès qui ont été l’objet d’un rapport spécial au sein de la Société d’encouragement de
Luxembourg
75
, et qui ont été mentionnés dans le journal du grand-duché
76
; les marnes, dans cette
circonstance, agissent en absorbant les rayons calorifiques, de manière à élever autour des ceps une
température presque double de celle ambiante.
3° Comme combustible, les marnes trouvent leur emploi pour l’usage domestique et pour quelques
industries ; brûlées avec le bois, elles activent la combustion et produisent beaucoup de chaleur ;
sans autre intermède, elles peuvent servir à la préparation de la chaux, à la cuisson des briques, et
pour les hauts-fourneaux.
La lecture de la note de de Prémorel a été suivie par une Note sur le terrain liasique du
Luxembourg dont l’auteur était J.-B. Poncelet
77
, ingénieur ordinaire des mines dans la
province de Luxembourg. Au sujet des schistes bitumineux, il y a relevé leur richesse en
matières bitumineuses et sulfureuses et que de ce fait on les exploite beaucoup pour
amender les terres après les avoir brûlés. Puis il continue : « Ayant été chargé par le
gouvernement belge de faire des expériences pour les transformer en engrais minéral
fertilisant, je suis parvenu à en développer la puissance calorifique jusqu’au point de faire
servir la marne bitumineuse comme combustible pour la fabrication en grand de la
chaux. »
78
Le rapport d’une commission belge
A. de Prémorel n’a donc pas été seul dans la lutte pour l’utilisation du schiste bitumineux.
Le public luxembourgeois avait d’ailleurs déjà pu prendre connaissance des travaux de
Poncelet grâce à l’article sur l’Emploi de la cendre de marne bitumineuse dans le
Luxembourg belge paru en 1852 dans le Courrier du Grand-Duché de Luxembourg :
79
L’attention du gouvernement [belge] ayant été attirée sur l’utilité qu’il pourrait y avoir de favoriser,
dans la province du Luxembourg, l’emploi de la cendre de marne bitumineuse, le ministre de
l’intérieur a chargé M. Poncelet, ingénieur des mines dans cette province, de se livrer à des
expériences sur le meilleur mode à suivre pour préparer cette cendre et sur les effets qu’elle produit
sur ce sol. Une commission composée d’agronomes a constaté les résultats obtenus par l’usage de
cet engrais.
75
S’agit-il de la Société agricole que de Prémorel nomme ainsi pour mieux se faire comprendre par son
auditoire français ?
76
S’agit-il du Courrier du Grand-Duché de Luxembourg, successeur en juillet 1844 du Journal de la Ville
et du Grand-Duché de Luxembourg ?
77
Jean-Baptiste Poncelet, qui a terminé sa carrière comme ingénieur principal des mines, est né à Haut-
Fays (province de Luxembourg) le 8 août 1805 (Blum 1981: 277)
78
Poncelet 1852.
79
Courrier 1852.
18
Le Moniteur
80
contient un rapport de M. Poncelet et un rapport de la commission ; de ces deux
rapports ressortent les avantages qu’aurait pour la culture l’emploi de cette cendre, et constatent
qu’en ajoutant les frais d’extraction, de préparation et de transport, cet engrais reviendrait, au dépôt
de Neufchâteau à 11 fr. 50 c. le mètre cube.
La commission engage donc le gouvernement à accorder le crédit nécessaire pour l’exploitation, et
elle demande indépendamment l’allocation d’une somme de 500 fr., afin de faire des essais pour
brûler la marne qui se trouve dans les environs de Chiny et de Rossignol ; ces deux localités sont
assez rapprochées de l’Ardenne, pour croire que, si l’expérience était couronnée de succès, l’usage
de la cendre de marne se propagerait immédiatement, à raison du prix peu élevé auquel elle pourrait
être livrée : l’intervention du gouvernement ne serait alors nécessaire que pour l’établissement et la
direction des travaux d’exploitation.
Du côté luxembourgeois, l’avis de la commission belge ne sera pas contredit par le
professeur van Kerckhoff qui, en conclusion de son analyse chimique du schiste
bitumineux de Differdange publiée en 1855, estimait « qu’il n’y a aucun doute que cette
substance ne puisse être employée avec avantage comme amendement soit à l’état
naturel, soit à l’état calciné, et qu’elle n’offre sous le premier état un engrais naturel, mais
il est tout aussi évident que l’emploi qu’on pourra en faire, sera subordonné à la nature du
terrain qu’on désire améliorer. »
81
Le pharmacien Frédéric Fischer fils et le schiste bitumineux
Dans un article sur les richesses minérales du Grand-Duché publié en 1857, le
pharmacien Frédéric Fischer fils (1810-1871)
82
, le propriétaire de la Pharmacie du Cygne
à Luxembourg-Ville, a fait, dans une orthographe irritante, un plaidoyer engagé en faveur
du schiste bitumineux :
Andere Länder wuszten aus diesem Rohstoff Nutzen zu ziehen, zum Bessern der Aecker, zur
Produktion von Brennoelen, Schmieroelen, Asphalt, Paraphin.
Bisher wurden bei uns noch keine ernste[n] Versuche zu ihrer Anwendung gemacht ; bedenkt man
aber, dasz diese Schiefer oft bis zu 25% Brennstoff enthalten, dasz sie am Licht angezündet
fortbrennen, dasz selbe sich in anhaltenden Schichten von mehreren Fusz Dicke, welche viele
Quadratstunden bedecken, vorfinden, so verdient dieser Gegenstand gewisz die gröszte
Aufmerksamkeit. Wüszte man diesen Brennstoff wohlfeil zu trennen, seine Heizkraft in den
Industrien anzuwenden, so wäre unser Land reich, und es hätte keines fremden Brennmaterials, der
Steinkohlen, nöthig.
83
80
Voir: Jacquelart (1852). – Grégoire Constant Jacquelart, né le 24 juillet 1792 à Noville (Belgique), marié
le 6 octobre 1819 à Hosingen (Luxembourg) avec Marie Marguerite Antoinette Lejeune, décédé le 10 mars
1862 à Gérimont (commune de Longlier, Belgique) (Luxroots.org) ; directeur des contributions directes,
douanes et accises à Arlon; conseiller provincial et président de la commission d’agriculture du
Luxembourg, nommé officier de l’Ordre de Léopold en décembre 1859 (Le Moniteur belge, journal
officiel, 29e année, N° 357, 23 décembre 1859: 5081-5082). Il avait été nommé chevalier de l’Ordre de
Léopold en janvier 1845 (Diekircher Wochenblatt 1845-01-11: 2
81
Kerckhoff 1855: 107. Cet auteur range les matières les plus actives par rapport à leur influence sur le sol
dans l’ordre suivant : pour le schiste naturel: 1° carbonate de chaux, 2° argile, 3° sulfate de chaux, 4° azote,
5° bitume ; pour le schiste calciné: 1° sulfate de chaux, 2° argile, 3° carbonate de chaux en quantité
variable.
82
Frédéric (Fritz) Fischer, né en 1810 à Trèves, décédé en 1871 à Luxembourg ; reçu pharmacien à
Luxembourg en 1833, propriétaire de la pharmacie du Cygne ; directeur, puis propriétaire de l’usine à gaz
de la ville de Luxembourg ; membre fondateur de la Société des sciences naturelles et de la Société des
sciences médicales. Il a été surnommé Fischer junior pour le distinguer de son frère aîné Mathias Fischer
(1799-1874), Fischer senior, lui aussiobre pharmacien dans la ville de Luxembourg. Voir : Massard 2012 ;
Wikipedia, Frédéric Fischer junior, consulté le 06.11.2022.
83
Fischer 1857: 112s.
19
En juillet 1858, Fischer fils introduit une demande pour l’obtention d’un brevet en vue de
l’« application des schistes, marnes et argiles bitumineux à la fabrication des briques et de
pierres artificielles ». Ce brevet lui est accordé pour une durée de quinze ans par l’arrêté
royal grand-ducal du 2 décembre 1858.
84
Dans une note additionnelle remise en octobre 1858, Fischer avait fourni les précisions
suivantes au sujet du brevet demandé :
Pendant que je calcine par l’air atmosphérique dans des foyers à forme cylindrique ou autre, les
matières désignées dans ma demande aux dépens d’une partie ou de la totalité de la matière
combustible y contenue, sans admission d’autres combustibles que pour la première mise à feu, il se
dégage par la chaleur produite par cette combustion une certaine quantité de matière volatile, comme
sels ammoniacaux, huiles bitumineuses etc., que je recueille dans des appareils placés entre le foyer
de la combustion et la cheminée ou autre sortie des gaz brûlés. Ces appareils de condensation seront
identiques ou ressemblants à ceux qu’on emploie dans les fabriques de gaz, de noir animal, de sels
ammoniacaux et autres, pour les utiliser à la fabrication de préparations et sels ammoniacaux, ou
sous forme liquide ou solide, comme engrais artificiel. Enfin j’emploie les résidus obtenus par cette
opération de combustion et de distillation à la confection de briques, ciment
85
, pierres artificielles
etc.
86
C’est notamment la confection de ciment qui semble intéressante à la Chambre de
commerce. C’est ainsi qu’elle écrit son Rapport général du 28 octobre 1862 sur la
situation du commerce et de l’industrie dans le Grand-Duché de Luxembourg : « Sur
beaucoup de points du pays on trouve des dépôts de schistes bitumineux. Certains de ces
dépôts donnent par la calcination dans des fours spéciaux un excellent ciment, ce qui fait
la base d’une industrie nouvelle. Le ciment fabriqué aux environs de Luxembourg a été
employé, à l’exclusion de toute autre espèce, pour la construction de nos viaducs et s’est
trouvé de qualités au moins égales à celles d’autres ciments dont les prix sont
considérablement plus élevés ; il a ainsi fait ses preuves et nul doute que cette industrie
n’ait de l’avenir. »
87
La question des schistes bitumineux un siècle après de Prémorel à la lumière des
travaux de Gustave Faber
La question des schistes bitumineux a continué à occuper les géologues et les chimistes
du 20e siècle, parmi eux le professeur de chimie Gustave Faber
88
, plus tard directeur de
l’École industrielle de Luxembourg (actuel Lycée de garçons), dont les recherches se sont
étendues sur plusieurs décennies. Une de ses premières publications a été l’article
Recherches sur le schiste bitumineux du Liasique supérieur publié en 1915 par la Société
des naturalistes luxembourgeois.
89
La publication, en 1947, de son ouvrage de 170 pages
Recherches en vue de la possibilité d’une exploitation industrielle du schiste bitumineux
du Toarcien dans le Grand-Duché de Luxembourg édité par le Service géologique de
84
Pour le détail de cette demande, voir : Weyland 2020, chapitre 62.
85
Le rapport du 10 novembre 1858 des experts désignés pour l’examen de la demande, Charles Frédéric
Mersch et François Eydt, fait état d’essais entrepris par les employés du chemin-de-fer de la section
Bettembourg–Dudelange pour obtenir du ciment par calcination des schistes bitumineux (Weylandt 2020,
chapitre 062).
86
Weyland 2020, chapitre 62.
87
Annexe au Mémorial 1862, IIe partie, p. 16. Voir aussi: Courrier du Grand-Duché de Luxembourg 1862-
11-29, N° 281: 3 (Schistes bitumineux).
88
Gustave Faber (1880-1972), professeur luxembourgeois, chimiste. Voir : Wikipedia, Gustave Faber,
consulté le 07.11.2022.
89
Faber 1915.
20
Luxembourg
90
, a donné lieu à des commentaires très flatteurs dans la presse, notamment
dans les Cahiers luxembourgeois
91
et le Tageblatt
92
.
L’article du Tageblatt, paru en janvier 1948, sous le titre Eine wissenschaftliche
Neuerscheinung über unsere Oelschiefer et signé M.L. (Michel Lucius), résume d’une
manière claire et concise la question des schistes bitumineux ; il peut encore être lu de
nos jours avec fruit :
Jedem Beobachter fallen in dem tiefen Eisenbahneinschnitt östlich Niederkerschen die
dünngeschieferten, tonigen Gesteine von grauer oder braungrauer Farbe auf, die an Haufen
von aufgeblätterten, grauen Pappdeckeln erinnern. Man trifft sie übrigens in den Kantonen
Esch und Kapellen in vielen Bodenanschnitten und Gruben, wovon die ausgedehntesten zu
der Ziegelfabrik Bettemburg gehören. Nach der Tiefe hin, wo der Verwitterungseinfluß
aufhört, ist das Gestein dunkelgrau bis schwarz, dicht gelagert, und von solch feinem und
weichen Korn, daß es sich wie Holz schneiden läßt. Die Brennbarkeit des Gesteines ist seit
langem bekannt. Papierdünne, aufgespaltete, trockene Stücke des Gesteines brennen bereits
an einem Zündholz mit gelber, russiger Flamme und mit charakteristischem Oelgeruch,
wobei sehr grauer oder rötlicher, gesteinsfester, erdiger Aschenbestand zurückbleibt.
Die in diesem Gestein äußerst fein verteilte, brennbare Substanz wird generell als
“Bitumen”, das Gestein daher als “bituminöser Schiefer”, weniger zutreffend auch als
“Oelschiefer” bezeichnet. Das Bitumen ist eine organische Substanz, deren Ursprung auf
lebendes Protoplasma niederster Organismen zurückgeht, welche einst die Meere, in denen
der Schiefer ursprünglich, als toniger Schlamm zur Ablagerung kam, bevölkerten und in
welchen sie bei ihrem Absterben eingebettet wurden.
Solche wesensgleiche Gesteine wie unsere Oelschiefer bilden das Muttergestein der
Erdöllagerstätten. Gelangt dieses Gestein nämlich in tiefere Lagen der Erdrinde, wo es
hohem Druck und gesteigerter Temperatur ausgesetzt wird, so verwandelt sich die
eingeschlossene organische Substanz in flüssige und gasförmige Kohlenwasserstoffe um,
die wir als Erdöl bzw. als Erdgas bezeichnen. Bis zu diesem Stadium sind die bituminösen
Schiefer unseres Gebietes noch nicht gelangt, sondern befinden sich in einem
Zwischenstadium. Bitumen bildet also ein Zwischenprodukt auf dem Wege zum
wertvolleren Erdöl. Hier kann der Mensch nun eingreifen und künstlich den
Umwandlungsprozeß zu Ende führen, den die Natur noch nicht vollendet hat, indem er
durch die „destruktive Destillation“ oder das „Schwelen“ bei Temperaturen von 200 bis
700 Grad das halbfertige Bitumen in fertige Kohlenwasserstoffe umwandelt, die dem
natürlichen Erdöl gleich sind.
Solche Versuche reichen dann auch bei uns bis in die erste Hälfte des vorigen Jahrhunderts
zurück, und sind mehrfach wiederholt worden, haben aber zu keinem wirtschaftlich
tragbaren Ergebnis geführt. Bei der stetig sich entwickelnden Technik ist es aber
keineswegs von vorneherein ausgeschlossen, daß eine wirtschaftlich lohnende Ausbeute
nicht möglich wird. Grundlage aller weiterer Versuche bildet prinzipiell die
wissenschaftliche Erforschung unserer Oelschiefer und ihrer Oelprodukte. Hiermit befaßt
sich nun eine Studie von Gustave Faber, Recherches en vue de la possibilité d’une
exploitation industrielle du schiste bitumineux du Toarcien dans le Grand-Duché de
Luxembourg, die als 7. Band der „Veröffentlichungen des geologischen
Landesaufnahmedienstes von Luxemburg“ erschienen ist.
Das Buch bringt die Ergebnisse zwanzigjähriger Erforschung unserer
Oelschieferformation. Es ist also keine vom Zaune gebrochene Gelegenheitsschrift,
90
Faber 1947.
91
Stumper 1948.
92
Lucius 1948.
21
sondern eine Frucht zielbewußter, stiller Arbeit auf dem Terrain und im Laboratorium,
getragen von dem selbstlosen Gedanken in dem heimatlichen Boden ein Ausgangsmaterial
für die Gewinnung von Rohöl und ihrer Derivate nachzuweisen.
Leuchtöl, Dieselöl, Benzin, Schmieröl werden einstweilen in jeder benötigten Menge aus
dem Ausland eingeführt. Und doch erstrecken sich die bituminösen Schiefer in unserm
Lande bei 8 Meter mittlerer Mächtigkeit über ein Gebiet von ca. 90 qkm, wovon 35 qkm
im Tagebau abgebaut werden könnten und enthalten 45 Millionen Tonnen Rohöl. Daraus
könnten, neben andern Derivaten, 2,1 Millionen Tonnen Benzin gewonnen werden, was
dem Hundertfachen unseres Jahresverbrauches von 1936 entspricht. Würde das Rohöl dem
„cracking“ unterworfen, könnte die Benzinmenge noch erheblich gesteigert werden.
Aus diesem weiten Gebiete unserer Oelschieferformation hat der Verfasser mehrere
hunderte von Proben entnommen, welche die ganze bitumenführende Schichtenreihe in
ihrer horizontalen und vertikalen Ausdehnung erfassen und den prozentualen Gehalt an
Rohöl festlegen. In einem Profil durch die senkrechte Mächtigkeit kann der Gehalt
zwischen 1,5 und 8,5 Prozent schwanken, das Mittel der verschiedenen Profile, wovon
jedes durch 17 bis 27, in etwa gleichen Abständen entnommenen Proben, untersucht
wurde, liegt bei 4 und 5 Prozent Rohöl. Das Mittel aus 12 verschiedenen Profilen mit 197
Proben ergibt 4,12 Prozent Oel. Der Gehalt an Rohöl für das ganze Gebiet liegt auch
zwischen 4 und 4,5 Gewichtsprozenten.
Durch fraktionierte Destillation wurde dieses Rohöl in eine Reihe wertvoller Derivate,
Leichtöle (Benzine), Mittelöle u. Schweröle, zerlegt. Außerdem konnte pro Tonne
Schiefer, je nach dem angewandten Verfahren, 35 bis 70 cbm Gas von ca. 5200 Kalorien
Heizwert gewonnen werden.
Es ist nicht möglich hier auf das reiche Tatsachen- und Ziffernmaterial des Buches
ausführlich einzugehen; es kann nur gesagt werden, daß der Gegenstand vom geologischen,
chemischen, physikalischen und wirtschaftlichen Gesichtspunkt ausführlich betrachtet
wird, wobei als Vergleichsobjekt stets die benachbarten Gebiete, Belgien, Frankreich,
Deutschland, herangezogen werden.
Ob die Schiefer in industriellem Umfang wirtschaftlich ausgebeutet werden können? Bei
den heutigen Verhältnissen, wo das Benzin bei relativ niedrigem Gestehungspreise hohe
Zolleinnahmen einbringt, muß das einstweilen verneint werden. Aber einmal könnten die
Verhältnisse sich auch so gestalten, daß wir auf unsere eigenen Hilfsquellen angewiesen
sind. Dazu bleibt bei den Fortschritten der Industrie zur Ausbeutung der Oelschiefer, die in
andern Ländern angestrebt werden, für uns auch die Möglichkeit verbilligter
Ausbeutungsverfahren offen. Das letzte Wort ist hierin gewiß noch nicht gesprochen. Eine
wissenschaftliche Arbeit ist wohl kaum je umsonst gemacht worden und der Fortschritt
beruht nicht auf dem Zufall oder, dem glücklichen Einfall, sondern auf der gründlichen
Forschung.
Die vorliegende Arbeit verdient jedenfalls alle Anerkennung. In einer Zeit, wo so viele
oberflächliche Druckerzeugnisse unsere geistige Armut offenbaren, ist eine solche Studie,
in welcher ein selbstloser Forscher sein Wissen und seine Zeit in den Dienst der
Erforschung des heimatlichen Bodens stellt, eine wirkliche Leistung. M.L.
Mais, là aussi, on sait que les travaux de Gustave Faber n’ont pas abouti à une
exploitation des schistes bitumineux du Grand-Duché. Ce qui n’empêche pas que des
projets en vue de cette exploitation refont surface avec une régularité quelque peu
déconcertante, tantôt en vue de la production de pétrole
93
, tantôt pour en extraire du gaz
de schiste
94
.
93
Massard 1985.
94
Wikipedia, Uelegschifer, consulté le 05.11.2022.
22
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447. PDF
Echternach
version du 19 octobre 2012, modifiée le 21 octobre 2012,
corrigée le 19 mars 2015
revue et corrigée en octobre-novembre 2022