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Une médecine inadaptée aux femmes
car négligeant leur différence biologique ?
Retour aux sources et analyse critique
d’un discours propagé en France
depuis les années 2010
Odile FILLOD
Depuis les années 2010, l’idée s’est répandue en France que le traitement des
maladies communes aux deux sexes n’est pas adapté aux femmes, voire les met en
danger, car il est majoritairement basé sur l’étude du sexe masculin et néglige les
e ets des di érences biologiques constitutives découlant du sexe génétique.
Une couverture de Science & Vie [2014] illustrée par des médicaments for-
mant un brin d’ADN annonce ainsi qu’ils « soignent mieux les hommes que les
femmes » : « Les biologistes révèlent l’injustice ». Le sexe d’un individu « peut tout
changer » à l’e cacité des médicaments et aux symptômes des maladies, c’est une
« découverte cruciale des biologistes » suggérant « l’avènement d’une nouvelle mé-
decine, di érente pour les hommes et pour les femmes » [ibid.] En fait, fondée
« majoritairement sur des mâles (humains et non-humains), […], la médecine est
mieux adaptée aux hommes qu’aux femmes, et cela en partie à cause du présuppo-
sé faux d’une parfaite identité » : « Ce mythe de l’indi érenciation est sans doute
en partie la cause de la quinzaine d’années de retard que la France accuse […] eu
égard au développement d’une médecine (dont la psychiatrie) adaptée à chacun »
[collectif, 2016].
Cette idée s’avère prendre sa source dans un discours construit aux États-Unis
au nom de la santé des femmes, mais indépendamment du mouvement social fé-
ministe, pour soutenir le projet d’intégrer systématiquement le sexe en tant que va-
riable biologique dans la recherche biomédicale. Des chercheur·e·s travaillant sur le
cerveau en tant que substrat de dispositions naturellement sexuées ont notablement
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participé à son développement, trouvant dans l’argument de la santé des femmes
une légitimation de leurs travaux (Partie 1).
Dans le prolongement de cette dynamique, ce sont surtout des personnes en-
gagées dans la défense de l’existence d’une sexuation naturelle du psychisme qui
en ont assuré la di usion en France. Ce discours dont les fondements s’avèrent
plus que fragiles a pris in ne la forme d’une propagande trompeuse. Ses argu-
ments comme le projet qu’il soutient méritent l’attention de la critique féministe
des sciences (Partie 2).
Construction états-unienne
En 1985, le groupe de travail « Santé des femmes » du département de la
Santé états-unien rend un rapport dont trois recommandations ciblent les agences
qui nancent la recherche : consacrer plus d’e orts aux maladies spéci ques aux
femmes ou plus fréquentes chez elles et au développement de meilleures méthodes
contraceptives masculines et féminines ; lancer des études longitudinales pour éva-
luer l’impact sur la santé des femmes des facteurs comportementaux et sociaux in-
teragissant avec les facteurs biologiques ; explorer davantage les facteurs culturels et
les pratiques de socialisation qui a ectent la santé des femmes di éremment de celle
des hommes [Women’s health, 1985]. En 1986, le NIH, l’agence fédérale de re-
cherche biomédicale, modi e son guide sur le nancement des études en invoquant
ce rapport. Ignorant les deux dernières recommandations et disant s’aligner sur un
aspect de la première, le NIH ajoute une clause d’inclusion qui a pourtant peu à
voir : sauf exception à justi er, les échantillons d’étude devront inclure des femmes
et il faudra rapporter les di érences trouvées entre les sexes [US DHHS, 1986].
Dès lors et pour trente ans, la politique du NIH sur la santé des femmes va être
largement focalisée sur le projet d’inclusion systématique de sujets des deux sexes
dans les études et d’examen de leurs di érences, un projet fondé sur la réi cation du
sexe en tant que variable biologique constitutive, binaire et trans-espèces in uant
fortement sur les maladies et leur traitement indépendamment des facteurs envi-
ronnementaux. Des femmes d’in uence ont joué un rôle majeur dans l’orientation
de cette politique, en premier lieu Florence Haseltine [Epstein, 2004, 2007 ; Boulis
et Jacob, 2008, p. 209-210 ; Richardson, 2013 ; Marts et Keitt, 2004 ; SWHR].
Gynécologue spécialisée en endocrinologie de la reproduction, directrice d’un
centre de recherche du NIH de 1985 à 2012, Haseltine date son engagement du
début des années 1980. Elle prétend avoir été alors écartée d’une étude évaluant
l’aspirine pour prévenir les accidents cardiovasculaires, menée sur 22 000 méde-
cins hommes, au motif que les femmes étaient « trop compliquées » [Al Jazeera,
2014]. À la n des années 1980, elle recrute sur ses fonds propres une entreprise de
Genre et sciences : approches épistémologiques
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lobbying et réunit un groupe de femmes qui donnera naissance à la Society for the
Avancement of Women’s Health Research en 1990 (SWHR, Society for Women’s Health
Research depuis 1993). Elle la dote d’un conseil consultatif fait de rmes pharma-
ceutiques dont fera partie Human Genome Sciences, pionnière de la pharmacogéné-
tique un temps dirigée par son frère.
La SWHR se présente comme « le leader d’opinion national en matière de pro-
motion de la recherche sur les di érences biologiques dans les maladies » [SWHR].
À travers elle, Haseltine défend l’avènement de ce qu’elle appelle indi éremment
gender-speci c biology ou sex-based biology, à savoir « le champ de la recherche
scienti que visant à identi er les di érences biologiques et physiologiques entre
hommes et femmes » [Epstein, 2004, p. 194]. Endossant les slogans « les hommes
viennent de Mars, les femmes de Vénus » et « vive la di érence ! », la SWHR clame
en 1998 qu’hommes et femmes ont « peut-être été créés égaux » mais pas pareils :
« nos cerveaux, nos cœurs, nos systèmes immunitaires et même nos foies marchent
di éremment » [Epstein, 2007, p. 243]. Selon Haseltine, la clé pour améliorer la
santé des femmes est d’étudier les « di érences énormes qui découlent de la posses-
sion de deux chromosomes X » [BusinessWire, 2013] via les hormones gonadiques
ainsi que par des e ets génétiques directs que la SWHR met en avant à partir de
1996 [Greenberger et Marts, 2000].
Le plan d’action décidé par ce groupe d’in uence passera par le Caucus for
Wome n’s Is su es du Congrès, groupe bipartisan dédié à la cause des femmes alors
présidé par Patricia Schroeder et Olympia Snowe. L’idée est d’instrumentaliser
le Government Accountability O ce (GAO), la Cour des comptes états-unienne.
Schroeder et Snowe demandent au GAO de véri er l’application de la clause d’in-
clusion de 1986. En 1990, la conclusion de l’audit est présentée lors d’une réunion
au retentissement médiatique orchestré : les femmes sont sous-représentées dans
les essais cliniques nancés par le NIH, Schroeder déclarant sur cette seule base
que « les femmes américaines sont mises en danger » [Epstein, 2007, p. 77], citant
comme emblématique l’étude sur 22 000 médecins. Snowe évoque quant à elle
une étude sur le cancer du sein et de l’utérus menée sur des hommes (dénoncée
dans un plaidoyer pour la prise en compte des di érences femmes-hommes dans
la recherche, y compris celles d’« inclinations », par une journaliste non spécialisée
[Flynn, 1986], ironisant sur l’idée que la communauté médicale dominée par les
hommes n’aurait pas toléré qu’on mène sur des femmes une étude sur le cancer de
la prostate. Dans la foulée de cette réunion, le NIH crée en son sein un o ce de
recherche sur la santé des femmes, l’O ce of Research on Women’s Health (ORWH)
et une femme est nommée à sa tête pour la première fois en 1991, Bernadine Healy.
Cardiologue, conseillère à la Maison Blanche de Reagan puis des Bush père et
ls, Healy pense que le fait que les maladies cardiaques sont étudiées sur moins de
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femmes que d’hommes a de graves conséquences. Combattant ce qu’elle nomme
l’« orthodoxy of sameness », elle voit l’analyse systématique des di érences entre les
sexes dans la santé comme une incarnation de la troisième vague du féminisme,
celle où les femmes assument leur di érence [Epstein, 2007, p. 1 et p. 245].
Dans un éditorial célèbre, s’appuyant sur le constat que certaines procédures
coronariennes invasives sont moins souvent utilisées chez les femmes sauf si elles
présentent une coronaropathie sévère ou ont fait un infarctus, Healy [1991] forge
l’expression « syndrome de Yentl », en référence à un lm dont l’héroïne doit se
déguiser en homme pour étudier dans une yeshiva, pour exprimer l’idée qu’une
femme doit être « comme un homme » pour être aussi bien soignée. Elle fustige
des « décennies de recherche excluant les femmes » (citant aussi l’étude sur 22 000
médecins) ayant selon elle façonné des normes de prise en charge ne tenant pas
compte des spéci cités féminines. À ce titre, elle avance comme seul exemple l’idée
qu’on ne s’est pas intéressé aux œstrogènes alors qu’en donner aux femmes pourrait
être salutaire. Pour elle, il est temps de réaliser que nombre de maladies doivent être
traitées di éremment chez les femmes. Elle conclut par l’annonce que la Women’s
Health Initiative (WHI), dont elle vient de décider le nancement par le NIH,
visera notamment à étudier le « traitement » hormonal substitutif de la ménopause
comme moyen de maintenir les femmes en bonne santé, en particulier en les proté-
geant des maladies cardiovasculaires, des cancers et de l’ostéoporose.
De leur côté, arguant qu’à cause des di érences physiologiques entre les sexes
et des interactions des médicaments avec « les hormones des femmes », il faut in-
clure assez de femmes dans les essais pour analyser les di érences entre les sexes et
examiner les interactions avec « l’état hormonal variable des femmes » [US GAO,
1992], Schroeder et Snowe demandent au GAO un audit concernant les essais
menés sur les médicaments dont la FDA (agence états-unienne du médicament)
a autorisé la mise sur le marché depuis 1988. Sur la base des réponses reçues à un
questionnaire envoyé aux fabricants, le GAO annonce n 1992 que les femmes ont
été sous-représentées dans leurs essais, surtout dans le domaine cardiovasculaire.
Fin 2000, le GAO est cette fois prié d’indiquer quels médicaments ont causé plus
de risques pour les femmes que pour les hommes parmi ceux récemment retirés du
marché états-unien. Après une enquête rapide, le GAO émet une courte note dont
la rédaction trompeuse laisse croire que huit des dix médicaments retirés étaient
plus dangereux pour les femmes [US GAO, 2001].
En 2001, l’Institut de médecine de l’Académie des sciences états-unienne émet
un rapport centré sur l’idée que « le sexe compte » en tant que facteur biologique
de la santé humaine [Wizemann et Pardue, 2001]. Fruit du travail d’un comité
monté par la SWHR, qui s’est chargée d’obtenir son nancement, il en reprend les
éléments de langage et les lignes directrices pour la recherche, qui se trouvent ainsi
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légitimées [Marts et Keitt, 2004 ; Epstein, 2007 ; SWHR]. Parmi ses messages clés
gure l’idée que de la conception à la mort, « chaque cellule a un sexe ». Ses deux
premières recommandations sont de développer les études sur l’in uence directe
des gènes des chromosomes X et Y sur tous les niveaux d’organisation biologique et
d’inclure le sexe en tant que variable de base dans la recherche médicale, y compris
dans les études animales et celles in vitro de cellules ou tissus.
Véritable plaidoyer pour les programmes de recherche de plusieurs membres du
comité, le rapport pose aussi que les di érences génétiques et physiologiques entre
les sexes créent des di érences psychologiques – un « dimorphisme sexuel compor-
temental et cognitif » selon la note de synthèse – et recommande de développer
l’étude des di érences entre les sexes dans l’organisation et le fonctionnement du
cerveau, les comportements sexo-typiques, les capacités cognitives et l’identité dite
tantôt « de genre », tantôt « sexuelle ». Un tiers de sa partie consacrée à ce qu’on sait
du sexe biologique porte sur les di érences cognitivo-comportementales et la seule
étude scienti que citée dans les quelques pages de sa note de synthèse, occupant
une large place, est l’étude célèbre de 1995 de Sally Shaywitz (membre du comité)
présentée comme ayant montré que pour le traitement du langage, les femmes uti-
lisent leurs deux hémisphères cérébraux et les hommes seulement le gauche.
Au cours des années 2000, la SWHR poursuit son action en lien avec l’ORWH,
organisant des colloques et le nancement de recherches. De nouvelles étapes sont
franchies dans l’institutionnalisation du projet qu’elle promeut et la place de choix
de la thématique du sexe du cerveau se con rme. Elle fonde en 2006 une société
savante dédiée à la sex-based biology, l’Organization for the Study of Sex Di erences
(OSSD), dont treize des dix-neuf membres fondateurs (en excluant les dirigeantes
de la SWHR Haseltine et Marts) mènent des recherches sur les di érences céré-
brales ou psycho-comportementales entre les sexes et dont plusieurs membres neu-
roscienti ques intégreront successivement le comité consultatif de l’ORWH. En
2010, la SWHR crée le journal o ciel de l’OSSD, Biology of Sex Di erences. Son
rédacteur en chef sera jusqu’en mai 2018 Arthur Arnold, qui étudie la sexuation du
cerveau sur des modèles rongeurs depuis les années 1970. Il est passé dans les années
2000 à l’étude de souris génétiquement modi ées pour mettre au jour les e ets
directs (non médiés par les gonades) des gènes des chromosomes X et Y, un système
d’étude recommandé par le rapport de l’Institut de médecine. Une autre gure de
premier plan de l’OSSD est Margaret McCarthy, neurobiologiste dont l’« objectif
de recherche personnel est de découvrir les mécanismes cellulaires et moléculaires
fondamentaux par lesquels les di érences cérébrales entre les sexes sont établies par
les hormones au tout début du développement » [Joel et McCarthy, 2017, p. 381].
Étudiant à cet e et depuis trente ans un modèle rat choisi pour ses di érences entre
les sexes « plus robustes que chez la souris » [ORWH, 2014], elle décrit désormais
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ses travaux comme portant sur les mécanismes épigénétiques de « féminisation du
cerveau » par la répression de son « programme de masculinisation » (sa page sur
www.medschool.umaryland.edu, 01/2020).
Le 14 mai 2014, lors de la semaine pour la santé des femmes qu’il organise de-
puis 2000 autour de la fête des mères, l’OWRH lance l’ultime phase du projet de
la SWHR, Sex As a Biological Variable (SABV). Sa directrice et le directeur du NIH
l’annoncent via un éditorial dans Nature [Clayton et Colins, 2014] et le même
jour, la conférence de lancement du projet SABV est consacrée aux di érences entre
les sexes en neurosciences, avec citation d’études emblématiques de ce courant de
recherche et intervention de Margaret McCarthy [ORWH, 2014]. Déplorant que
la recherche préclinique utilise surtout des cellules et animaux de sexe masculin,
l’ORWH pose que considérer le sexe en tant que variable biologique est un élément
de base de toute recherche préclinique rigoureuse, au même titre que la randomisa-
tion par exemple [NIH, 2014] : sauf exception à justi er, les études d’animaux, de
tissus ou de cellules nancées par le NIH devraient en inclure assez des deux sexes
pour analyser les di érences entre eux.
Parallèlement à la SWHR, Marianne Legato mène le « second front » de ce
mouvement pour la santé des femmes [Epstein, 2007, p. 242], défendant elle aussi
l’idée qu’hommes et femmes doivent faire l’objet de médecines distinctes en raison
de leur constitution biologique. Cardiologue, elle est membre du conseil d’orien-
tation de l’ORWH de 1995 à 1998 et co-préside le groupe de travail qui en xe
l’agenda en 2000. Outre e female heart en 1992, livre grand public sur les mala-
dies cardiovasculaires au féminin, elle a publié Why men never remember and women
never forget [2005, trad. fr. 2006]. Elle prétend y décrire les di érences cérébrales
chimiques et structurelles rendant si dissemblables les ressentis et façons d’être des
hommes et des femmes. Selon elle, ce physiological gap pourrait expliquer le peu
de femmes en sciences dures et mathématiques de haut niveau et le faire connaître
permettra d’améliorer les relations entre les sexes.
Legato crée en 1997 le premier partenariat entre entreprises et médecine aca-
démique axé sur ce qu’elle nomme la gender-speci c medicine, la « science des di é-
rences biologiques normales entre hommes et femmes et des di érences entre eux
dans le diagnostic et le traitement des maladies ». Elle en publie en 2004 le premier
manuel et fonde trois revues dédiées, dont Gender and the Genome en 2017. À par-
tir de 2006, elle œuvre au développement à l’international de cette approche dont
la che e de le en Europe est Vera Regitz-Zagrosek, cardiologue à l’Hôpital de la
Charité de Berlin. C’est d’abord par ce biais que le discours de l’inadaptation de la
médecine à la biologie féminine perce dans l’espace public français.
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Une propagande trompeuse di usée en France
Di usé sur Arte la semaine du 8 mars 2007, Féminité, santé, inégalité, documen-
taire allemand sur les deux centres européens de gender-speci c medicine (à l’Hôpital
de la Charité et à l’Institut Karolinska), prétend notamment que les médicaments
sont souvent peu adaptés aux femmes car conçus pour les hommes et qu’elles ont
des symptômes d’infarctus spéci ques méconnus, ce qui retarde en moyenne de
deux heures leur prise en charge. La di usion de l’idée d’une médecine inadaptée
à la constitution féminine ne décolle toutefois en France qu’après la publication
dans Nature de trois éditoriaux dénonçant la surreprésentation des mâles dans la
recherche biomédicale en 2010 puis de celui de l’OWRH/NIH de 2014, à l’origine
du dossier de Science & Vie cité plus haut, dans lequel Arthur Arnold et d’autres
membres de l’OSSD non présentés comme tels sont interviewés. Elle est pour l’es-
sentiel opérée par Peggy Sastre et Claudine Junien.
Essayiste et chroniqueuse, autrice de Ex utero. Pour en nir avec le féminisme
[2009] et La domination masculine n’existe pas [2015], Peggy Sastre est la gure de
proue française de la défense des théories sociobiologiques et psycho-évolution-
nistes du genre psychologique, censées re éter l’état des connaissances en biologie
admis dans le monde anglo-saxon mais rejeté voire censuré en France. Elle traduit
un article de presse états-unien inspiré par le dossier de Nature [Wenner Moyer,
2010] et publie un livre qui le développe, Le sexe des maladies [2014]. Dès lors, elle
est régulièrement citée en référence ou interviewée sur ce sujet auquel elle consacre
d’autres articles. Selon elle, « le top trois des organes les plus sexués […] c’est un le
cerveau, deux le cœur, trois les poumons, et donc tant qu’on aura cette diabolisation
des études sur les di érences cérébrales […] on impactera très gravement la santé de
femmes » [Europe 1, 2017].
Chercheuse en génétique menant depuis 2002 à l’INRA des travaux sur des
modèles rongeurs, dont sur les liens entre le sexe et certains processus épigénétiques,
Claudine Junien est membre de l’OSSD, du projet européen gender medicine
co-dirigé par l’Hôpital de la Charité de Berlin et de Cœur de Femmes, projet de la
Fondation Recherche Cardio-vasculaire entendant pallier « l’inexistence en France
d’une recherche spéci que aux femmes ». Estimant que l’étude des di érences
d’origine génétique entre les sexes permettra de mieux utiliser les dispositions na-
turelles de chacun et de trouver de « nouvelles bases pour la parité », elle s’engage à
partir de 2011 dans la défense de la « cause du sexe biologique », au sein de l’Acadé-
mie de médecine et via des conférences, interviews et articles reprenant notamment
l’argumentaire de Margaret McCarthy, son action aboutissant à l’émission début
2016 d’une note de l’Académie de médecine appelant à passer d’une médecine
indi érenciée à une médecine sexuée [Fillod, 2017].
Le genre des sciences
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Porté activement par ces deux promotrices – parfois secondées par des per-
sonnes ayant en commun la défense de l’idée qu’une sexuation naturelle consé-
quente du psychisme humain est avérée et la critique des propos de la neurobio-
logiste Catherine Vidal à ce sujet (Nicolas Gauvrit, Jacques Balthazart, Franck
Ramus, Michel Raymond) –, le discours de l’inadaptation de la médecine aux
femmes par négligence de leur di érence constitutive s’est banalisé dans les mé-
dias. Des chercheur·e·s en études de genre et militantes féministes peu au fait des
sciences biomédicales contemporaines, et prompt·e·s à adhérer au récit produit
par l’ORWH d’une injustice faite aux femmes combattue par lui avec vigueur,
ont également contribué à en di user certains éléments. Une forme de contre-
point a été développée par Catherine Vidal depuis 2014 via le groupe « Genre
et Recherche en Santé » du comité d’éthique de l’INSERM, des interviews ainsi
qu’un livre grand public, mais mettant l’accent sur les facteurs socio-culturels
des inégalités de santé entre les sexes plutôt que traitant frontalement la question
du « sexe des maladies » et reprenant parfois des éléments du récit précité. Les
arguments et exemples emblématiques forgés aux États-Unis pour certains il y a
trente ans, décontextualisés et déformés, se di usent ainsi sans être critiqués, or
leur examen révèle leur inconsistance.
Un chi re omniprésent dans ce discours est celui que « 80 % des médica-
ments retirés du commerce le sont à cause des e ets secondaires qu’ils provoquent
chez les femmes » [Calenda, 2019], e ets censément non vus avant mise sur le
marché par manque de femmes dans les essais. Sa source ultime est la note de 2001
du GAO portant sur les dix médicaments retirés du marché états-unien entre 1997
et 2000. En fait, seuls deux (sur douze à n 2001) présentaient une fréquence clai-
rement plus élevée d’e ets graves chez les femmes [Huang et al., 2004]. Les autres
leur étaient seulement plus prescrits, dont deux coupe-faim de type Mediator abi-
mant les valves cardiaques et un médicament réservé aux femmes en outre remis sur
le marché peu après. Aucun de ces médicaments n’a été retiré du marché à cause
d’e ets spéci ques ou plus fréquents chez les femmes. En fait, cela n’arrive jamais :
un médicament ne s’avérant trop dangereux que pour un type de patients se voit
ajouter une contre-indication et non retirer.
Un autre argument récurrent est celui que les femmes sou rent d’une et demie
à deux fois plus d’e ets secondaires médicamenteux, voire d’accidents secondaires
comme martelé par C. Junien. Or ce ratio femmes/hommes des nombres d’e ets
déclarés, en moyenne proche de 1,5 [Watson et al., 2019], ne représente pas une
di érence de fréquence des e ets indésirables dans les mêmes conditions. Des biais
de déclaration et des di érences de comorbidités ou d’état général interviennent et
des facteurs tirant ce ratio vers le haut ont été mis en évidence : déclarations liées
Genre et sciences : approches épistémologiques
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aux grossesses, plus forte consommation de médicaments par les femmes, polyphar-
macie plus fréquente (risque d’interactions), plus grande exposition aux surdosages
du fait de prescriptions à dose xe quand il faudrait tenir compte du poids. En
l’absence d’études ayant contrôlé tous ces facteurs et biais, la di érence moyenne
de risque d’e ets indésirables dans les mêmes conditions d’usage des mêmes médi-
caments est inconnue et rien ne permet a fortiori de dire qu’elle est en défaveur des
femmes parce que les médicaments sont moins adaptés à leur biologie. L’idée qu’ils
causent plus d’accidents quand ils sont pris par des femmes n’est soutenue que par
des exemples choisis pour indiquer une di érence dans ce sens.
L’exemple sans cesse cité de médicament rendu dangereux pour les femmes par
une di érence constitutive est le Zolpidem (Stilnox) : des femmes auraient causé
des accidents de la circulation sous l’e et de ce somnifère. Dans la version la plus
courante de ce récit, la di érence est pharmacocinétique : il resterait deux fois plus
longtemps dans le sang des femmes car elles le métaboliseraient di éremment ou
l’élimineraient moins vite. Dans une autre version, elle est pharmacodynamique :
elles y seraient deux fois plus sensibles, voire sou riraient d’e ets « absolument dra-
matiques » n’apparaissant que chez elles [J. Balthazart dans France Inter, 2019]. On
souligne pour preuve qu’en 2013, la FDA a recommandé de donner une demi-dose
aux femmes.
La FDA est pourtant la seule agence du médicament à avoir fait cette recom-
mandation, après la publication d’un article co-écrit gracieusement par Purdue
Pharma – membre du conseil consultatif de la SWHR. En fait, cette étude n’indi-
quant pas de di érence pharmacodynamique montrait qu’à taux dans le sang égal
les femmes éliminaient le Zolpidem à la même vitesse, et on devinait que la di é-
rence de volume de dilution dépendant surtout du poids corporel pouvait expli-
quer ses résultats [Fillod, 2018]. Après réanalyse des données hors con it d’intérêts
[Greenblatt et al., 2019], le premier auteur de cette étude a conclu que la di érence
pharmacocinétique était largement expliquée par le poids inférieur des femmes,
qu’elles n’étaient pas plus sensibles au Zolpidem, qu’il existait une grande variabilité
intra-sexe et qu’un dosage basé sur le sexe n’était pas justi é, conseillant d’annuler la
recommandation de la FDA et soulignant le risque de sous-dosage chez les femmes,
ce que des féministes états-uniennes avaient fait à l’annonce de la FDA. Utilisé
pour dénigrer « [l]es féministes, qui considéraient que c’était de la discrimination »
[C. Junien dans RTL, 2014] et quali é d’« exemple le plus agrant » justi ant une
présentation des médicaments di érente par sexe [C. Junien dans UniverScience,
2019], le Zolpidem exempli e surtout la facilité avec laquelle on peut instrumenta-
liser une étude à mauvais escient.
Un autre élément récurrent est l’idée que la plupart des études animales ne
portent que sur des mâles et que « tester les molécules uniquement sur les mâles ne
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permet pas d’évaluer les éventuels e ets secondaires spéci ques chez les femmes »
[A.-M. Devreux dans La Croix, 2014], or aucun exemple de lien entre sur-représen-
tation des mâles dans la recherche préclinique et manque d’anticipation des e ets
indésirables chez les femmes n’est jamais donné. De fait, outre qu’un e et « du
sexe » chez un rongeur peut être absent ou opposé chez l’humain, les e ets indési-
rables sont toujours étudiés sur des humains à l’aide d’essais cliniques.
On dit justement que les femmes « ne représentent que 30 % des partici-
pants des essais cliniques » [Ça m’intéresse, 2019], voire que « malgré le coup de
poing du NIH, seules 30 % des études cliniques environ représentent les femmes »
[Junien et Sastre, 2017] ou encore que « pour la plupart des grandes maladies, les
femmes sont exclues des essais cliniques » [France 5, 2017]. En fait, l’exclusion des
femmes est un mythe bâti sur des bribes d’information états-uniennes périmées et
déformées.
La FDA a seulement recommandé entre 1977 et 1993 de ne pas enrôler de
femmes en âge de procréer (pour protéger un éventuel fœtus et non à cause du cycle
ovarien) dans les essais de phase I véri ant la sécurité des médicaments et de début
de phase II pré-estimant la dose e cace. Outre que des exceptions ont été faites,
cela n’a jamais concerné les essais étudiant l’e cacité et les e ets indésirables sur de
gros échantillons de malades. Les deux exemples canoniques d’exclusion sont des
trompe-l’œil : l’étude sur 22 000 médecins lancée en 1981 (dont les femmes n’ont
pas été exclues parce qu’elles étaient trop compliquées) s’inscrivait dans un réseau
d’études menées aussi sur des femmes, dont l’une lancée en 1976 sur 120 000 in-
rmières ; l’étude en rapport avec le cancer du sein et de l’utérus menée en 1986
sur des hommes faisait sens dans son contexte, associée à d’autres menées sur des
femmes et portant sur un mécanisme commun aux hommes et aux femmes méno-
pausées, la population visée.
La FDA a estimé de manière répétée dès 1983 que la part des femmes dans les
essais de phase III des médicaments ayant été mis sur le marché était correcte au sens
où elle re était en gros leur part des malades du groupe d’âge inclus dans les essais.
Leur participation aux essais a de même été jugée adéquate en Europe et au Japon
au début des années 2000 [EMEA, 2005] et hormis une légère exception en 2017,
de 1995 à 2019 au moins, il y a eu chaque année plus de 50 % de femmes parmi les
millions de participants aux essais nancés par le NIH (nettement plus dans ceux
de Phase III) et bien plus d’essais sans hommes que d’essais sans femmes [NIH,
2008 et 2019]. Le chi re de 30 % donné comme part des femmes ou comme part
d’essais en incluant vient d’une étude instrumentalisée par l’OSSD, ne portant que
sur certains essais de prévention cardiovasculaire menés entre 1970 et 2006 et ob-
servant que la part des femmes était passée de 9 à 41 %.
Genre et sciences : approches épistémologiques
81
Si les femmes sont parfois relativement peu nombreuses dans certains do-
maines (les hommes dans d’autres), les écarts à la parité résultent avant tout de
di érences de prévalence des maladies et les écarts à la part des malades sont sur-
tout présents dans les essais les plus anciens, dus à la faible inclusion de personnes
âgées ou à des contingences pratiques plutôt qu’à un quelconque androcentrisme.
Ainsi, une étude citée en France en 2020 dans une newsletter féministe pour
dénoncer le manque de femmes dans le domaine cardiovasculaire conclut en ré-
alité qu’elles ne sont plus sous-représentées et que le biais apparent restant pour
un type d’infarctus est a priori dû au fait qu’il les touche moins [Vitale et al.,
2017]. De même, la part minoritaire des femmes dans les essais sur le cancer du
poumon s’explique par leur moindre exposition à cette maladie et l’écart entre
leur part des malades et celle des participants a peu à peu disparu parallèlement à
l’augmentation de ce cancer chez elles [Pang et al., 2016]. Surtout, aucune consé-
quence de ces écarts historiques n’est avérée. Du reste, une sous-représentation en
pourcentage n’a pas d’importance si l’on veut détecter une di érence d’e cacité
ou d’e ets secondaires entre deux types de patient·e·s : pour avoir la puissance
statistique nécessaire pour ce faire, il faut xer l’ampleur minimale des di érences
recherchées et inclure un nombre su sant de chacun (en « sur-représentant » l’un
d’eux au besoin).
En dé nitive, la dénonciation de l’inadaptation à la constitution féminine de
la prise en charge des maladies communes aux deux sexes s’avère infondée. Outre
la fausseté de ses éléments saillants concernant les médicaments et leurs essais, si-
gnalons que les infarctus n’ont pas de présentation spéci que aux femmes, que les
symptômes thoraciques typiques ne sont pas « les plus courants chez les hommes,
pas chez les femmes » [Londa Schiebinger dans Foucart, 2017] et que ceux sans ces
symptômes sont juste un peu plus fréquents chez elles, augmentant surtout avec
l’âge [Canto et al., 2014]. Soulignons aussi le manque de pertinence des résultats
phares de la recherche sur le sexe du cerveau cités dans le rapport de 2001 de l’Ins-
titut de médecine et lors de la conférence de lancement du projet SABV : un faux
positif désormais enterré [Shaywitz et al., 1995], une étude exploratoire mal faite
jamais répliquée [Connellan et al., 2000], une autre aussi mal faite et contredite par
des études ultérieures [Ruigrok et al., 2014] et une étude ayant mis en évidence une
petite di érence moyenne (sans impact connu) liée au volume du cerveau et non au
sexe lui-même [Ingalhalikar et al., 2014]. Cette dernière est pourtant citée comme
preuve que le sexe génétique, en s’exprimant « dans toutes nos cellules », forge un
dimorphisme qu’il faudrait étudier pour améliorer la médecine [Junien et Gauvrit,
2017].
Le genre des sciences
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Le projet au service duquel ce discours a été développé est ancré dans une vision
des femmes comme profondément « di érentes » et du sexe comme variable binaire
et trans-espèce présumée structurante. Ce projet d’intégration systématique du sexe
en tant que variable biologique dans la recherche biomédicale y compris précli-
nique a vu ses fausses promesses et ses dangers soulignés par la critique féministe
des sciences contemporaines [Richardson et al., 2015 ; Eliot et Richardson, 2016 ;
Maney, 2016 ; Rippon et al., 2017]. Outre qu’il contribue à légitimer scienti que-
ment une vision sexiste du réel, sa pertinence scienti que est douteuse. En particu-
lier, les modèles animaux ou cellulaires utilisés sont de piètre utilité pour explorer
les di érences femmes-hommes dès lors qu’ils modélisent mal le sexe biologique
humain et ses e ets éventuels sur le phénomène étudié. Or ce qui caractérise le
sexe biologique (y compris les di érences génétiques) et ses e ets sur un phéno-
mène donné et les interactions avec des facteurs environnementaux spéci ques (tels
que des conditions d’élevage et de manipulation des animaux aux e ets di érents
selon le sexe) peut varier beaucoup d’une espèce (voire lignée de rats) à l’autre ;
quant au sexe des cellules, outre qu’il n’est que génétique, de nombreuses lignées
cellulaires utilisées dans la recherche sont porteuses de mutations telles qu’elles ne
sont représentatives d’aucun des deux sexes.
Du reste, on peine à trouver des retombées concrètes de ce projet dont la mise
en œuvre a débuté il y a près de trente ans, appuyée par la plus grosse source mon-
diale de nancement de la recherche biomédicale et intéressant l’industrie phar-
maceutique : la WHI n’a pas fait des œstrogènes un traitement préventif générali-
sé pour les femmes ménopausées (bien au contraire), le projet de développement
d’une pharmacopée sexo-spéci que a fait long feu, de même que la création de do-
sages basés sur le sexe (les di érences pharmacologiques moyennes indépendantes
du poids sont trop subtiles pour l’avoir justi é), et la pertinence d’une médecine
sexo-spéci que ne s’est pas imposée. L’exploration des causes proximales de di é-
rences moyennes entre femmes et hommes dans les maladies et leur prise en charge,
qu’elles soient psycho-sociales ou matérielles et découlant d’un contexte culturel-
lement genré ou directement liées au sexe biologique, ainsi que l’étude pluridis-
ciplinaire et longitudinale des interactions entre ces facteurs, est à l’évidence plus
prometteuse.
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