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La construction sociale du soin au Québec révélée par la pandémie : quatre réflexions critiques et anthropologiques sur les inégalités, les vulnérabilités et les souffrances multidimensionnelles exacerbées par la COVID-19 / [The Social Construction of Care in Quebec Revealed by the Pandemic: Four Critical Anthropological Reflections on the Multidimensional Inequalities, Vulnerabilities and Sufferings Exacerbated by COVID-19]

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Abstract

[FR] Cette réflexion critique anthropologique met en lumière la construction sociale du soin au Québec que la pandémie de COVID-19 a révélée. Au travers de l’analyse de symboles ayant circulé dans l’espace public québécois, nous tenterons de réfléchir à la manière dont la crise sanitaire a pu justifier et exacerber les inégalités, les vulnérabilités et les souffrances multidimensionnelles vécues par certains groupes de la population. Plus précisément, nous examinerons comment les vies et leur protection ont été traitées différemment selon les valeurs sociales accordées à la santé mentale, au corps biologique, au statut social et à l’âge des individus. Nous utiliserons le cadre conceptuel du soin comme socle commun à ces quatre réflexions. | Mots-clés : anthropologie de la santé, pandémie de COVID-19, construction sociale du soin, vulnérabilités, inégalités, souffrances multidimensionnelles. ____________________________________________________________________________________ [EN] This critical anthropological reflection sheds light on the social construction of care in Quebec revealed by the COVID-19 pandemic. Through the analysis of symbols that circulated in Quebec’s public space, we reflect on how the health crisis may have justified and exacerbated the inequalities, vulnerabilities and multidimensional suffering experienced by certain groups of the population. Specifically, we examine how lives and their protection have been treated differently depending on the social values placed on the mental health, biological bodies, social status and age of individuals. We use the conceptual framework of care as a common base for these four reflections. | Keywords: medical anthropology, COVID-19 pandemic, social construction of health care, vulnerabilities, inequalities, multidimensional suffering.
Proches aidants jusqu’au bout. Soins de fin de vie et deuils, 33(1) 2022
Tous droits rservs © Universit du Qubec Montral, 2022
https://doi.org/10.7202/1089345ar 1
La construction sociale du soin au Québec révélée par la pandémie : quatre réflexions
critiques et anthropologiques sur les inégalités, les vulnérabilités et les souffrances
multidimensionnelles exacerbées par la COVID-19
Alizée Lajeunesse, doctorante, B. Sc., Dpartement d’anthropologie, Universit de Montral
alizee.lajeunesse@umontreal.ca
ORCiD : 0000-0002-4839-151X
Annie Liv, doctorante, M. Sc., Dpartement d’thique clinique, Universit de Montral
annie.liv@umontreal.ca
ORCiD : 0000-0003-1588-2467
Lauréanne Dussault-Desrochers, médecin résidente, M.D., Département de médecine, Université
de Montréal
laureanne.dussault-desrochers@umontreal.ca
ORCiD : 0000-0001-7225-9482
Sara Isabel Gomez Garcia, étudiante à la maîtrise, B. Sc., Département de psychologie,
Université de Montréal
sara.isabel.gomez.garcia@umontreal.ca
ORCiD : 0000-0001-9647-0688
Résumé
Cette réflexion critique anthropologique met en lumière la construction sociale du soin au Québec
que la pandémie de COVID-19 a révélée. Au travers de l’analyse de symboles ayant circul dans
l’espace public qubcois, nous tenterons de rflchir  la manière dont la crise sanitaire a pu
justifier et exacerber les inégalités, les vulnérabilités et les souffrances multidimensionnelles
vécues par certains groupes de la population. Plus précisément, nous examinerons comment les
vies et leur protection ont été traitées différemment selon les valeurs sociales accordées à la santé
mentale, au corps biologique, au statut social et  l’âge des individus. Nous utiliserons le cadre
conceptuel du soin comme socle commun à ces quatre réflexions.
Mots-clés : anthropologie de la santé, pandémie de COVID-19, construction sociale du soin,
vulnérabilités, inégalités, souffrances multidimensionnelles
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The Social Construction of Care in Quebec Revealed by the Pandemic: Four Critical
Anthropological Reflections on the Multidimensional Inequalities, Vulnerabilities and
Sufferings Exacerbated by COVID-19
Abstract
This critical anthropological reflection sheds light on the social construction of care in Quebec
revealed by the COVID-19 pandemic. Through the analysis of symbols that circulated in
Quebec’s public space, we will reflect on how the health crisis may have justified and
exacerbated the inequalities, vulnerabilities and multidimensional suffering experienced by
certain groups of the population. Specifically, we will examine how lives and their protection
have been treated differently depending on the social values placed on the mental health,
biological bodies, social status and age of individuals. We will use the conceptual framework of
care as a common base for these four reflections.
Keywords: medical anthropology, COVID-19 pandemic, social construction of health care,
vulnerabilities, inequalities, multidimensional suffering
La construcción social del cuidado en Quebec revelada por la pandemia: cuatro reflexiones
antropológicas críticas sobre las desigualdades, las vulnerabilidades y los sufrimientos
multidimensionales exacerbados por el COVID-19
Resumen
Esta reflexión antropológica crítica arroja luz sobre la construcción social de los cuidados en
Quebec que la pandemia de COVID-19 ha puesto de manifiesto. A través del análisis de los
símbolos que circularon en el espacio público quebequense, intentaremos reflexionar sobre cómo
la crisis sanitaria pudo justificar y exacerbar las desigualdades, las vulnerabilidades y los
sufrimientos multidimensionales experimentados por ciertos grupos de la población. En concreto,
examinaremos cómo las vidas y su protección han sido tratadas de forma diferente según los
valores sociales que se otorgan a la salud mental, al cuerpo biológico, al estatus social y a la edad.
Utilizaremos el marco conceptual del cuidado como base común para estas cuatro reflexiones.
Palabras clave: antropología de la salud, pandemia COVID-19, construcción social del cuidado,
vulnerabilidades, desigualdades, sufrimientos multidimensionales
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Les bouleversements induits par la pandémie de COVID-19  l’chelle mondiale ont marqu
notre imaginaire collectif. Cet imaginaire est empli d’images populaires, d’un visuel symbolique
et de métaphores que nous déployons socialement pour tenter de mieux dégager un sens de cette
épreuve sans précédent. Dans cette optique, les auteures exploreront quatre imageries porteuses
de sens et témoignant de conceptions sociales du soin en temps de pandémie. Chacune de ces
images conceptuelles a été employée dans le contexte québécois populaire et médiatique, afin de
rendre compte de la crise sanitaire et de la mort : l’icône de l’arc-en-ciel associée au slogan « ça
va bien aller » a été affichée avec espoir aux vitrines de nos boutiques, aux fenêtres de nos
maisons et aux lieux emblématiques; les images glaçantes du personnel soignant à bout de
souffle, ainsi que de patients  l’agonie, déshumanisés, ont fait leur apparition dans les médias;
dans la sphère publique, le personnel soignant et les travailleurs essentiels ont été élevés au statut
« d’anges gardiens » d’une manière nettement diffrencie; l’allgorie du navire collectif, du
slogan « on est tous dans le même bateau », a été utilisée par nos dirigeants lors des « grands-
messes » que sont devenus les points de presse politiques. Ces images racontent chacune, à leur
manière, une facette de la pandmie et offrent des points de dpart intressants afin d’animer les
réflexions sur la construction sociale du soin au Qubec  l’ère de la COVID-19.
Tel un témoignage soutenu par les perspectives des quatre auteures qui s’appuient sur la
littérature, ce texte prsente nos voix d’tudiantes en contexte montralais dans une rflexion
critique du quotidien, au travers de nos différents champs disciplinaires des domaines de la santé
et de l’anthropologie. Ensemble, nous tenterons d’explorer un questionnement commun : quels
enjeux sociaux la pandémie révèle-t-elle dans le soin? Nous poserons un regard multifacette sur
la pandmie comme rvlatrice d’enjeux socitaux touchant le Qubec, tout en positionnant le
soin comme point central de notre réflexion, par les divisions qui le martèlent et les
vulnérabilités, inégalités et souffrances qui l’accompagnent. Notre cadre conceptuel s’appuie
donc sur une approche du care, dans ses dimensions sociales, médicales, éthiques et politiques.
Par les questionnements que nous posons et auxquels nous tentons de répondre face aux enjeux
que la pandémie révèle sur le soin et son futur au Québec, ce texte a pour but de contribuer à la
discussion, au savoir et à la recherche sur les inégalités, vulnérabilités et souffrances
multidimensionnelles exacerbées par la crise. Pour penser le soin en contexte de pandémie, nous
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introduirons une réflexion sur les impacts de la situation covidienne sur la santé mentale au
Québec. Celle-ci nous permettra de plonger dans la rupture entre cure et care, entre biologique et
relationnel, ainsi qu’entre vie et mort, au sein de notre conception du soin mise en évidence par la
pandémie. Ces constats nous mèneront à interroger cette dimension relationnelle du soin en lien
avec la hiérarchisation du rôle occupé par les travailleurs essentiels dans le contexte québécois, et
les vulnérabilités qui en découlent. Finalement, nous nous pencherons sur ce que la pandémie
révèle sur le soin et sur la place réservée à un groupe qui a été localement présenté comme étant
particulièrement vulnérable dans cette crise : les aînés.
Mise en contexte: la situation québécoise et son système de santé
Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la Sant qualifiait officiellement l’pidmie de la
COVID-19 de pandémie. Deux jours après, l’application de restrictions sanitaires telles que le
confinement de tous les Québécois a été justifiée par la nécessité de protéger le réseau public
mdicohospitalier du risque d’effondrement. C’est ainsi que chaque Québécois était devenu à
l’chelle individuelle responsable du stress support par le système de sant et son personnel.
Deux ans plus tard, les tudes qui s’intressent  la souffrance morale chez ce dernier,
particulièrement chez les infirmières, révèlent que les tensions que subissait le réseau de la santé
étaient autant, sinon davantage, liées à des failles systémiques préexistantes dans le réseau de la
sant qubcois qu’ la virulence du SRAS-CoV 2 (Côet al., 2022). C’est prcisment le
délabrement causé par ces failles qui a constitué le terreau fertile de la crise que nous traversons,
dont les retentissements sanitaires proviennent de la convergence de crises écologiques, sociales
et conomiques amorces depuis l’infiltration du modèle nolibral jusque dans nos
gouvernances (Brazil, 2022).
C’est justement pour souligner l’ide d’un terrain prexistant favorable  l’apparition de la crise
sanitaire que Richard Horton déclarait que la « COVID-19 n’est pas une pandmie (...) c’est une
syndémie
1
» dans son éditorial du Lancet de décembre 2020 (Horton, 2020, traduction libre). Le
concept de syndémie est sans doute ce qui explique le mieux ce qui anime les quatre sections de
ce texte. En effet, ce concept labor par l’anthropologue amricaine Merrill Singer dans les
années 1990 tient compte à la fois des paramètres biologiques de la maladie, mais également du
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terreau social dans lequel elle sévit, ce dernier étant un facteur plus ou moins aggravant du
potentiel dangereux de l’agent infectieux (ibid.). C’est ainsi que, pour Horton, nous ne traversons
pas une pandémie telle que l’imaginaire du terme le suggère,  savoir une maladie qui, comme la
peste, mettrait en danger imminent de mort chaque individu qu’elle croise, tant l’environnement
social est décisif dans son mode opératoire mortifère. Toutefois, cela ne néglige pas le fait qu’il y
a un risque pour certaines personnes de contracter la maladie de la COVID-19, et qu’il s’agit
d’une vritable pidmie problmatique et difficile  maîtriser. Contrairement  la notion de
pandémie qui crée un état de sidération face à un agent infectieux d’une virulence incontrôlable,
celle de syndmie est pourvoyeuse d’espoir, car elle prsage des solutions politiques ralisables
orientes vers la gurison de l’État social et tenant compte sérieusement des enjeux
environnementaux. La plus-value conceptuelle à définir la COVID-19 comme une syndémie est
de rappeler qui sont ses principales victimes. Il s’agit des aîns, des personnes racises noires et
asiatiques, des membres de communautés ethniques minoritaires, des travailleurs pauvres (Carde,
2020). Ce sont ces personnes qu’il est primordial de soutenir. Ce sont pourtant ces mêmes
populations qui sont inlassablement délaissées. Comme le souligne très justement Richard
Horton, quelle que soit l’efficacit du vaccin, une rponse purement biomdicale serait un chec
(ibid.).
Au Québec, la COVID-19 a mis en évidence certains des endroits les plus fragiles du réseau de la
santé. Ce système en est un principalement public (hôpitaux, groupes de médecine familiale,
notamment), mais comporte un certain volet privé. Après la mise en place d’un État-providence
dans les années 1960, c’est dans les annes 1980 que rapparaît l’ide d’une certaine privatisation
des soins face à une crise économique,  une monte de l’idologie nolibrale et  des rductions
budgétaires (Bédard, 2010). Depuis, une privatisation graduelle de certaines parties des soins et
services de santé est observée, notamment dans la gestion et la provision de soins, ainsi que par
une « désassurance » de divers soins complémentaires (Bédard, 2010). Au moment de la
pandémie, une vaste réforme centralisatrice achevait d’être mise en place au sein du réseau public
de la santé et des services sociaux. Avec le projet de loi 10, le ministre de la Santé Gaétan
Barrette procédait en 2015 à des fusions importantes : le Québec passe de 182 à 34 grands
établissements de santé (Benoît, 2015). Cette année et les suivantes se sont également déroulées
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sous le signe de la réduction des dépenses en santé. Parallèlement, le Québec vit, depuis le début
des années 2000, une montée du courant managérial dans la gestion des services publics.
L’efficience « devient une fin en soi » (Fortier, 2010) et on assiste à plus de standardisation dans
la prestation des soins et services.
La série de réformes des dernières décennies a mené à de multiples fusions institutionnelles, ainsi
qu’ une diminution du ratio de places disponibles en centres d’hbergement et de soins de
longue durée (CHSLD). Au Qubec, les CHSLD sont ns dans l’État-providence des années
1970 en tant que « centres d’accueil » pour personnes en perte d’autonomie. Cependant, ils ont
subi de profonds changements dès les années 1990 : la volonté politique de désinstitutionnaliser
les personnes âgées, en priorisant le maintien à domicile et le recours aux services
communautaires et privs, s’est accompagnée de restrictions budgétaires, ainsi que du
resserrement des critères d’admission en CHSLD (Soulières, 2019). Actuellement, la
marginalisation de ces établissements sous-tend un contexte de pénurie de soignants, de
surcharge et de mauvaises conditions de travail, de listes d’attente pour l’admission, ainsi que
d’accroissement du rôle du secteur priv (Bland et Marier, 2020; Lpine, 2018; Lowndes et
Struthers, 2016). Le Qubec a ainsi pu voir une augmentation rcente, d’une part, du recours aux
soins et services de soutien privs pour les aîns (Boivin, 2020), et d’autre part, de la location par
le gouvernement de chambres en CHSLD privés non conventionnés. Or, ceux-ci posséderaient
une grande autonomie par comparaison avec les établissements privés conventionnés qui opèrent
selon les mêmes normes que les établissements publics. Selon le rapport du Protecteur du citoyen
de 2017-2018, ce contexte affecterait ngativement le suivi de l’tat de sant des rsidents
(Béland et Marier, 2020). La déshumanisation des conditions de vie et de soins au sein de ces
milieux a mené à des enquêtes de négligence grave, notamment dans le cas de situations révélées
par la pandémie.
Les déclarations hebdomadaires de François Legault, notamment son intervention du 17 avril
2020 qualifiée de mea culpa par les médias, confessent la reconnaissance de ce délabrement du
système de sant qubcois amorc bien avant l’apparition du SRAS-CoV 2 : « Aujourd'hui, je
l'avoue puis je prends la pleine responsabilité, je pense que si c'était à refaire, il y aurait fallu que
j'augmente plus vite les salaires des préposés aux bénéficiaires. » (Bossé, 2020; Larin, 2020)
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Cette déclaration faisait notamment écho à deux constats aggravants de la gestion de la crise au
sein des établissements de santé. Le premier était le manque criant de personnel hospitalier à
temps plein, particulièrement des préposés aux bénéficiaires. Le deuxième était la circulation
virale d’un tablissement de soins  l’autre – particulièrement entre CHSLD liée au cumul de
contrats à temps partiel, ces deux constats étant des symptômes directs des asphyxies budgétaires
imposées au système de santé. La question des bas salaires, particulièrement pour le personnel
largement genré et racialisé de ces établissements, en contexte canadien (Lowndes et Struthers,
2016), a ainsi été réaffirmée au grand public par la pandémie.
La COVID-19 et la santé mentale : est-ce que « ça va bien aller »?
Depuis le début de la pandémie, l’expression « ça va bien aller » a été diffusée à travers différents
médias publics : les bulletins de nouvelles, les publicités, les points de presse du gouvernement
du Québec, et même par le biais de monuments au sein même de nos espaces de vie.
L’illumination aux couleurs de l’arc-en-ciel de lieux emblématiques comme les ponts Champlain
et Jacques-Cartier, et la Biosphère de l’Île-Sainte-Hlène n’a cess de rappeler « ça va bien
aller » à chaque tombée de la nuit. Néanmoins, en cette sortie de deux ans de pandémie, peut-on
croire que tout ira bien pour l’ensemble des Qubcoises et des Qubcois? Dans cette section,
nous verrons que, du point de vue de la santé mentale, certaines trajectoires de vie ont été
davantage endommages que d’autres.
Selon Carde (2020), il existerait des disparités entre les groupes sociaux au Québec non
seulement dans le risque de contracter la COVID-19 ainsi que d’en mourir, mais galement dans
le risque d’en vivre les consquences sans ncessairement contracter la maladie. Les
conséquences de la COVID-19 seraient médiées à travers certains déterminants sociaux de la
sant, c’est-à-dire des « facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux qui
dterminent l’tat de sant des individus ou des populations » (Émond, Gosselin et Dunnigan,
2010, p. 6), tels que le revenu, le rseau social ainsi que l’accès aux soins de sant et de services
sociaux (Carde, 2020). Dans ce contexte de crise, plusieurs soignants sur le terrain ont trouvé
important de se prononcer plus ou moins formellement sur les enjeux de santé mentale côtoyés au
quotidien. En date du 2 avril 2020, la psychologue Roxanne Robitaille tmoignait d’ailleurs que
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le slogan « ça va bien aller » tait parfaitement adquat pour des enfants, mais qu’il manquait
grandement de nuances pour des adultes (Robitaille, 2020). Elle rappelait que : « quand tu as
perdu ton emploi, que tu vis de l’anxit, une dpression, ou qu’un de tes proches est  l’hôpital
[le « ça va bien aller »], ce n’est pas toujours un message qui fait du bien » (Robitaille, 2020).
Tout d’abord, en raison du virage technologique dans nos sphères professionnelles, nos
environnements semblent se transformer, petit à petit, en sources de stress nous empêchant
souvent de décrocher et fragilisant notre santé mentale (Gruet, 2020). Les technologies au sein de
nos foyers et de nos vies personnelles nous rendraient plus sujets à vivre de la fatigue mentale et,
par consquent, de l’anxit (ibid.). Certains foyers doivent apprendre à jongler avec la
scolarisation à domicile de leurs enfants ainsi que le télétravail, ce qui brouille les frontières entre
les diverses facettes de notre vie. En effet, selon Gruet (2020), « le travail au domicile se
matrialise par l’absence de plages horaires clairement dfinies et tend donc  effacer les
frontières entre vie professionnelle et vie privée » (Gruet, 2020, p. 1). Nous observons un
paradoxe entre les conséquences de la pandémie sur la charge mentale, et les exigences sociétales
et économiques envers la productivité. Sur le marché du travail, des employeurs mettent par
exemple à disposition des travailleurs des conseils sur la façon de demeurer « productifs » en
temps de pandémie (Jones, 2020). En ces temps incertains, au lieu de mettre en place des actions
collectives pour la santé mentale, le gouvernement mise sur les efforts individuels : on encourage
les individus à « chercher de l’aide », s’ils en sentent le besoin, ou de « ne pas rester isolés ». Il
convient de se questionner si le modèle économique présent favorisait une culture de la
productivité au détriment de la santé mentale. Des études seront certainement nécessaires pour
répondre à cette question au fil de la période postpandémique.
Puis, les études sur les expériences de confinement passées (EBOLA, H1N1, SRAS, etc.) ont
relev les consquences psychologiques ngatives les plus habituelles (l’anxit, la peur et la
culpabilité) ainsi que les moins habituelles et les plus graves comme le suicide (Brooks et al.,
2020). Bref, le confinement et le bouleversement à grande échelle de nos façons de travailler
ainsi que de nos routines quotidiennes peuvent avoir des incidences sur notre bien-être mental.
Cela dit, le confinement mène également à un effritement du soutien émotionnel et affectif des
individus, ce qui engendre une augmentation des sentiments d'isolement et de solitude (Pinto et
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al., 2020). Dans le même ordre d’ides, malgré lère technologique dans laquelle nous vivons,
durant les périodes imposées de confinement, il a été prouvé que les substituts artificiels de
connexion sociale tels que la vidéoconférence ou bien les événements sociaux en ligne
semblent exacerber des sentiments prexistants d’alination (ibid.). Comme évoqué
précédemment, la pandémie de la COVID-19 a généré de nombreux agents stresseurs
économiques et sociaux auxquels s’ajoutent des facteurs dstabilisants tels que le contrôle
faible, l’imprvisibilit, la nouveaut, ainsi que l’go menac (CESH, 2019), fragilisant la sant
mentale de certains individus (Pinto et al., 2020). Le rapport sur les tendances en matière de
mdicaments d’ordonnance de 2021 montre une augmentation de 10 % dans la réclamation
d’antidpresseurs auprès d’entreprises prives comparativement  l’anne prcdente (Express
Scripts Canada, 2021). Les agents stresseurs voqus peuvent galement favoriser l’apparition
d’ides suicidaires et, dans certains cas, des tentatives de suicide ainsi que des suicides complts
(Lévesque et Perron, 2021; Pinto et al., 2020). Selon une revue de la littérature menée par
l’Institut National de Sant publique (Lvesque et Perron, 2021) durant la première anne de la
pandémie, les facteurs de risque reconnus pour le suicide la consommation d’alcool, la violence
conjugale, l’isolement puis l’exposition rpte aux nouvelles fatalistes se sont intensifiés en
raison de la crise sanitaire (Lévesque et Perron, 2021). De plus, selon une revue de la presse
francophone sur la sant mentale en contexte de pandmie, l’on rpertorie, entre autres, une
augmentation des deuils compliqués et des idées suicidaires (Talbot et Lessard, 2020). Bien avant
la COVID-19, le suicide était considéré comme un problème global de santé publique (Pinto et
al., 2020). Toutefois, tout au long de cette pandémie, la santé psychologique semble avoir été
réduite à un slogan optimiste. Le gouvernement a misé sur les efforts individuels de la population
pour prendre soin de ses citoyens et a omis d’aborder les facteurs macrosociaux tels que les soins
de santé accessibles à la population québécoise et pouvant avoir un effet sur son bien-être.
Enfin, les problèmes de santé mentale existaient bien avant la COVID-19 : dans les pays
développés, une personne sur deux ayant eu besoin de soins en santé mentale prépandémie a
éprouvé des difficultés à y accéder (Pinto et al., 2020). Même si cette situation mondiale s’avère
« passagère », l’impact qu’elle aura sur les psychs demeure incertain. Certains auteurs anticipent
une crise de la santé mentale : les systèmes de santé devront inclure ces soins psychologiques
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dans leur première ligne (Arora, 2021). En somme, déjà avant la COVID-19, les systèmes de
sant n’taient pas aptes  rpondre aux besoins en sant mentale de leur population : nous nous
attendons donc à vivre une « vague de la santé mentale » (Arora, 2021; Pinto et al., 2020)
postpandémique.
Derrière la crise de la COVID-19, une crise du care
Les soignants représentent le quart de tous les cas de COVID subis au Québec en première vague
(De Serres et al., 2020). Pour eux, et surtout pour elles, le « ça va bien aller » ne s’est ainsi pas
toujours avéré persuasif. Ce mal-être s’est d’ailleurs reflt dans la quantit d’arrêts de travail
pour maladie et de démissions observés dans le réseau de santé au cours de la pandémie
(Duchaine et al., 2021). Que peut nous enseigner la crise de la COVID-19 à propos de nos
perceptions de l’être malade et du soin? La pandmie met en relief plusieurs points de rupture
présents depuis plusieurs années dans nos pratiques cliniques. Explorons comment une
conception mécaniste du corps, entraînant entre autres une séparation du care et du cure, pose les
risques d’une dvalorisation des aspects relationnels du soin, produit une double contrainte et
précipite une éventuelle perte de sens pour les professionnels de la santé.
Une conception mécaniste du corps
L’une des ides fondatrices de la biomdecine est la notion d’une sparation, d’un dualisme entre
le corps et l’esprit, introduite par Descartes dans un contexte d’mancipation de la science face au
religieux (Ripoll, 2018). Cette rupture, qui induit une conception mécaniste du corps, est mise en
évidence dans le contexte actuel de pandémie de COVID-19.
L’article « Je vous cris d’un CHSLD de brousse », publié sur le site de Radio-Canada lors de la
première vague de COVID-19, illustre,  l’aide d’un exemple  la fois banal et vocateur, une
priorisation du corps par la biomédecine. On y raconte notamment que « sur les portes des deux
rsidentes dcdes, jusqu’ ce que leurs corps soient rcuprs, il y avait des affiches où l’on
avait inscrit “chambre libre” » (Dubreuil, 2020, p. 7). À partir du moment où le corps biologique
ne fonctionne plus, la personne n’est plus; la chambre est considre comme vide. On combattait
une maladie; lorsqu’elle a gagn, les patientes n’existent plus.
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Fassin, voquant le concept de biolgitimit, explique qu’« une reconnaissance plus grande est
accorde  l’intgrit du corps qu’ l’intgrit de la personne ou, pour le dire autrement, que la
reconnaissance de la personne passe par la reconnaissance du corps altéré ou souffrant » (2000,
p. 105). Dans cette situation rapporte en CHSLD, l’intgrit du corps n’est plus, le corps
souffrant ne fonctionne plus; on s’est donc permis d’tiqueter la chambre comme vide, au risque
de brusquer les proches, ou même les personnes soignantes, qui accorderaient encore une
importance autre que biologique (relationnelle, spirituelle, symbolique) au corps non fonctionnel
des défuntes. Nuançons toutefois en rappelant que cette situation est survenue en tout début de
pandmie, dans le contexte d’urgence et d’extrême manque de ressources, composant avec le
caractère inédit de cette période.
Mallet voque un autre exemple de sparation du corps et de l’âme en dcrivant les normes
entourant la prestation de soins en établissements d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes (EHPAD) l’quivalent français des rsidences pour personnes âges et des
CHSLD qubcois. Il crit qu’« en valorisant de manière exclusive la vie biologique des
citoyens, on a occulté les besoins relationnels des personnes âgées, engendrant chez certains
d’entre eux une lassitude de vie ou de la dsesprance » et évoque une « tension éthique entre
préserver la vie biologique et soutenir la vie relationnelle » (Mallet, 2021, p. 5). Encore une fois,
on souligne une fracture entre biologique et relationnel, entre corps et âme.
Dévalorisation du care et effacement du relationnel dans la prestation de soin
Kleinman décrit le care giving comme étant « une pratique relationnelle profondément
interpersonnelle, qui rsonne avec les proccupations les plus troublantes de l’être souffrant
comme du soignant à propos de la vie, du soi et de la dignité », où « ce qui est échangé est la
responsabilité morale, la sensibilité émotionnelle et le capital social de la relation » (2012,
p. 1551, notre traduction).
La pandémie a pourtant mis en évidence un système de santé québécois où le soin est essentialisé
et biologis  l’extrême. Les mdecins y sont pour la plupart rmunrs  l’acte mdical;
l’empathie, l’coute, le relationnel ne font pas ncessairement partie de ce qui est considr
comme étant du temps de travail efficace et méritant rémunération. Gestion top-down,
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standardisation informatisée des protocoles de soins, incitatifs à la compétition entre soignants,
valuation de la productivit et redditions de compte quotidiennes par des statistiques… La
nouvelle gestion publique et les principes managériaux de type industriel auxquels le personnel
soignant québécois a dû se résigner au cours de la dernière décennie ont déjà fragilisé la part de
l’humain, de l’exceptionnel, du particulier dans la prestation de soin (Goudreau et Soares, 2019).
Le relationnel fait rarement partie des calculs. Ici, et davantage en temps de crise, le travail
valoris comme tel est mcanique, biologique; il n’est ni empreint de sollicitude ni motionnel.
Jean-Christophe Mino souligne d’ailleurs que le climat d’urgence li  la pandmie a engendr un
« climat curatif (hyper)technique » (2021, p. 3).
L’interdiction des visites en CHSLD et en résidences pour personnes âgées imposée en première
vague par le gouvernement qubcois aux personnes proches aidantes s’appuie sur des
conceptions similaires. La personne proche aidante apporte écoute, empathie, sollicitude, soutien
moral; elle ne contribue toutefois pas aux aspects biomédicaux des soins (prises de sang,
médication, processus diagnostique, etc.). En situation extrême de pandémie et dans un contexte
où le personnel soignant est surchargé, la reconnaissance de la compétence, des expertises et du
travail (émotionnel, notamment) des proches est absente. On juge leur apport inutile au point de
choisir de leur interdire l’accès aux lieux de soins (Bland, 2020)
2
.
Les multiples cas d’aîns dcds seuls en temps de pandmie (Gelper, 2020) s’inscrivent dans
cette même situation de dévalorisation du relationnel dans le soin. Le respirateur, la médication
ou le monitorage du corps font partie des actes fournis et prioriss; l’accompagnement humain du
décès, non. « Quelle visée du soin priorisons-nous? », écrit Mallet. « La rançon de vivre plus a
été de mourir seul; en voulant protéger nos aînés, nous recevons en héritage la dette de les avoir
mal accompagnés », complète-t-il (2021, p. 8).
Double contrainte et perte de sens chez le personnel soignant
D’un côt, de nombreuses situations, normes et hirarchies demandent qu’on vacue l’humain de
la tâche des soignants. Mallet crit ainsi qu’« un système reposant sur des injonctions
hiérarchiques […] n’est pas porteur en lui-même de sens pour le soignant. Bien au contraire, cela
strilise la recherche d’un sens en donnant l’illusion de limiter le soin  l’application d’une
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norme. » (2021, p. 4). De l’autre côté, pour créer un sens et justifier les heures supplémentaires,
la précarité, les salaires dérisoires, la dureté du travail et la posture nouvelle de vulnérabilité face
au virus (Napier, 2020), le gouvernement québécois a fait appel ad nauseam  l’image des anges
gardiens et anges gardiennes pour dcrire le personnel de soin. Qui impose l’imaginaire de l’ange
gardien exige aussi, implicitement, du dvouement, de l’abngation et de la sollicitude, c’est-à-
dire des attitudes pourtant autrement dévalorisées au profit de l’application de normes et de
savoirs biologiques et techniques.
Les soignants sont ainsi soumis  deux conceptions, deux ensembles d’exigences contradictoires
et difficilement réalisables lorsque soumis à des contraintes temporelles et organisationnelles.
Sans surprise, on risque le « désengagement du professionnel de la santé, heureusement tempéré
par la rencontre avec une personne vulnérable », tel que le souligne Mallet (2021, p. 4).
Tous anges gardiens?
Dans l’imaginaire collectif, l’utilisation du qualificatif d’ange gardien vise d’abord  valoriser les
soignants, à leur témoigner toute la reconnaissance des efforts fournis depuis le début de la
pandmie. Comme cela a t soulign prcdemment, il s’agit davantage d’une rhtorique de la
différence qui a permis de justifier l’altrisation des soignants en tant qu’êtres clestes
naturellement braves face  la mort (Guillaumin, 1978). La diffusion de l’ide d’une nature
héroïque accolée aux soignants a non seulement pour effet de dissimuler leurs souffrances et les
difficultés accumulées par le système de santé depuis des années, mais également de véhiculer la
perception errone d’un fardeau purement sanitaire, alors même qu’il s’agit d’une preuve
collective aux dimensions sociale, organisationnelle et politique.
Le care : un cadre analytique de notre société
Comme mentionné dans la section précédente, le care, dans une approche relationnelle,
correspond au souci des autres,  la sollicitude et  l’ide de soutien, de maintenance, de prsence
bienveillante (Ibos, 2019). Dans une approche éthique et politique, celle de Joan Tronto, le care
est également une perspective analytique qui vise à valoriser les gestes implicites du care, ceux
noyés dans la vie ordinaire, car socialement peu valorisés ou pratiqués par des voix morales
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habituellement absentes (Molinier, 2011). Les études de care révèlent la hiérarchisation sociale et
morale du travail comme alibi justifiant la dévalorisation des personnes exécutant les tâches
définies comme inférieures (Tronto, 2012, 2009 [1993]). L’absence de reconnaissance
symbolique des travailleurs des établissements de santé qui ne sont pas soignants, mais qui
pourtant ont également fourni des efforts considérables au cours de la pandémie de COVID-19,
est l’un des exemples de cette hirarchisation.
Il s’agit notamment des gardiens de scurit ou des prposs  l’entretien mnager sans qui les
professionnels de sant et les patients n’auraient pas bnfici d’un environnement propre et
sécuritaire. Malgr cela, ces derniers n’ont jamais bnfici de surnom valorisant tel que celui
d’ange gardien dans l’espace public et mdiatique. Sur le plan politique, cette dvalorisation s’est
particulièrement manifeste par le Programme d’immigration destin aux demandeurs d’asile
ayant prodigué des soins de santé pendant la pandémie de COVID-19 (PSDAPC) que le
gouvernement québécois a décidé de ne rserver qu’aux professionnels de la santé alors même
que le gouvernement fdral souhaitait initialement rgulariser tout demandeur d’asile ayant
travaillé dans un établissement de santé (gouvernement du Québec, 2020). Alors que ce manque
de reconnaissance est flagrant dans les établissements de santé, véritables symboles du front de
bataille contre la COVID-19, il l’est moins dans les autres sphères de l’organisation sociale. Et
pourtant, qu’en est-il du reste des travailleurs des services dits « essentiels »?
Comme le dmontre l’tude de l’Institut universitaire SHERPA, les travailleurs migrants sont
nombreux à être des soignants, des agents de sécurité, des livreurs, des vendeurs et des
responsables de l’entretien mnager (Cleveland et al., 2020). Ils prennent soin de notre société, la
protègent et la soutiennent en excutant les tâches lui permettant notamment d’affronter les
restrictions sanitaires. En outre, ces derniers sont surexposs au risque d’infection du fait de leurs
conditions de vie souvent précaires (logements exigus et surpeuplés) et de leurs activités
professionnelles dans les secteurs essentiels (ibid.). Ce que les éthiques du care mettent en
lumière, c’est que la non-attribution du surnom symbolique d’ange gardien à ces individus aux
professions socialement peu valorises n’est ni fortuite ni maladroite. Elle est le fruit d’une
construction sociale néolibérale ayant pour tradition de fuir le risque et de négliger ce qui incarne
une forme établie de la vulnrabilit sociale, conomique et politique. C’est prcisment le cas
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des groupes d’individus dont la prcarit a t exacerbe par la pandmie de la COVID-19 : les
migrants à statut précaire issus de minorités racialisées, les victimes de violences conjugales, les
aînés, les travailleurs du sexe, les usagers de drogues par injection, les personnes atteintes de
souffrance psychique, etc.
Le care : vers une responsabilité collective
La gestion politique sanitaire de la COVID-19 a érigé la valeur de bien commun au rang de
valeur sociale absolue. Le bien commun ne peut être soutenu sans la reconnaissance de deux
paramètres : la vulnérabilité comme socle commun humain et les interdépendances humaine,
animale et environnementale (Laugier, 2015). Ces deux paramètres constituent le coeur des
éthiques du care qui s’oppose au mythe de l’individu totalement indpendant et autonome qui
n’aurait besoin de care que ponctuellement (enfance, vieillesse, maladie). L’opportunit dans
cette pandémie de COVID-19 serait d’admettre que, de façon perpétuelle, ce qui nous lie en tant
qu’humain est prcisment notre vulnrabilit et nos interdpendances. En effet, cette pandmie
en est un puissant révélateur puisque, de la chauve-souris à un hôte intermédiaire encore inconnu,
nous avons basculé dans un état de sidération mondialisé (Worms, 2021). Elle est sans conteste
un contre-argument des thiques librales qui promeuvent l’ide d’un individu totalement dtach
de son environnement et seul maître de son destin. Ainsi, il serait trompeur de limiter la
reconnaissance de la vulnrabilit et de l’interdpendance  la situation sanitaire actuelle. Cette
dernière serait un symptôme des premières, et non l’inverse.
À cet égard, le slogan de la philosophe Sandra Laugier « tous vulnérables, tous responsables »
(2015) souligne l’incohrence de cette tradition politique de catgoriser les individus entre les
services essentiels et les autres sous-entendus « non essentiels » parmi lesquels la culture,
autre dénominateur commun de ce qui nous rend profondément humains. La pandémie de
COVID-19 rassemble bien plus que n’importe quel grand vnement sportif; c’est en cela qu’il
s’agit d’un moment minemment collectif face auquel nous sommes tous responsables. C’est
ainsi qu’ l’hroïsation des soignants, les thiques du care préféreraient la valorisation et la
reconnaissance d’une responsabilit commune, partage quitablement en tenant compte des
fragilités préexistantes à chaque situation. En effet, bien que nous traversions collectivement la
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même preuve sanitaire, nous n’avons pas tous les mêmes armes. Le souci des autres prescrit par
les éthiques du care rappelle qu’il existe des modes d’existence incompatibles avec les mesures
de confinement et de distanciation sociale. Il s’agit notamment du groupe des aînés qui fait
l’objet de la prochaine section, ainsi que des groupes voqus plus haut dans ce texte. La
responsabilité collective, celle allant au-delà du seul champ sanitaire, celle animée par un care
fédérateur, est le moteur éthique et politique indispensable pour traverser cette épreuve.
Le troisième âge : passager de troisième classe?
Replongeons maintenant en 2020 et retournons aux points de presse du premier ministre Legault,
plus précisément à celui du 28 septembre 2020. M. Legault annonçait alors les restrictions que le
Québec devrait suivre pour les 28 prochains jours afin de briser la deuxième vague, un 28 jours
d’efforts collectifs : « Ce n’est pas juste l’affaire du gouvernement, c’est l’affaire de chaque
personne. Évidemment, on est tous dans le même bateau et si on veut arriver à bon port, il faut
tous travailler ensemble » (Legault, 2020). Cette déclaration fait écho à une phrase prononcée
dans les médias américains à la fin mars 2020 et qui, à ce moment, semblait plutôt légitime :
« the virus doesn’t discriminate ». Nous sommes tous touchés et affectés à notre manière par
cette pandémie, nous avons tous notre rôle à jouer, nous sommes en effet tous dans le même
bateau. Mais certains avaient-ils un billet de première classe, dans leurs quartiers fermés aux
vitres teintes, alors que d’autres devaient s’entasser sur le pont, les yeux rivs sur les vagues? Et
alors que notre bateau pens comme insubmersible frappait l’iceberg, que l’on entendait « les
jeunes, et les enfants d’abord! », s’est-on permis d’oublier, de laisser derrière le troisième âge,
passager de troisième classe confiné aux cales?
Ainsi, qu’est-ce que la COVID-19 révèle sur la place de nos aînés dans notre société québécoise
et sur le soin qui leur est réservé? Quatre-vingt-un pour cent des décès dus à la première vague de
COVID-19 au pays ont été liés aux établissements de soins de longue durée (Doucet, 2020), sans
compter les décès collatéraux en CHSLD, ou ce que représenteraient les effets de potentielles
nouvelles éclosions. Ces morts étaient prématurées, non naturelles et en grande partie évitables,
amenant certains à évoquer le géronticide (Lynk, 2021). La pandémie peut être considérée
comme un vnement focalisant, dirigeant l’attention sur les questions de politiques encadrant le
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contexte des CHSLD (Miller et al., 2021; Béland et Marier, 2020). Mais  quel prix? L’chec
rapporté de la protection des aînés a causé des niveaux élevés de souffrance physique, mentale et
émotionnelle (Lowrie, 2020). En établissements de soin de longue durée, des personnes âgées
livrées à elles-mêmes sont trop souvent décédées dans des conditions inhumaines, affamées,
déshydratées, désorientées, presque toujours seules, sans voir leur famille, et sans pouvoir obtenir
de soins médicaux, ni de soins palliatifs et de confort (Picard, 2021).
La pandmie a ainsi mis en lumière le symbolisme de l’espace des CHSLD et l’attitude de notre
société face à la vieillesse. Sur le plan de la territorialisation de la culture, c’est-à-dire la manière
dont la socit projette ses croyances et valeurs sur l’espace (Bonnemaison, 2000), le centre
d’hbergement pour aîns a vcu un passage oppos en termes de scurit et de visibilit.
L’espace se prsentant comme hypersécuritaire et hypovisible, souvent loin des yeux et des
proccupations publiques avant la pandmie, s’est transform avec la COVID-19 en un espace
d’hypervulnrabilit, l’un des points chauds les plus importants et hypervisibles au sein de notre
société. On voit donc apparaître un paradoxe : l’injonction de ces centres d’hbergement et de
leurs occupants  la marge socitale, en même temps qu’au centre viral. Ces espaces de soin 
l’cart, marginaux, opèrent ainsi une performativit sur le social. Le contraire est aussi vrai; ils
sont le reflet du regard porté sur le processus de vieillesse dans notre société, projeté sur ceux qui
l’incarnent : les aînés. Les déficiences du système et du soin aux aînés ainsi exposées par la
pandémie semblent donc prendre racine dans les attitudes implicites, systémiques et
profondment institutionnalises face  l’âge (Lowrie, 2020). Quand la vieillesse est
culturellement perçue comme un processus de déclin indésirable, un fardeau sociétal, la valeur de
la vie des aînés et de leur soin en est affecte, parfois même explicitement. L’avis du 45e
président américain et de certains de ses compatriotes conservateurs selon lequel il convenait de
sacrifier les 70 ans et plus afin de protger l’conomie en tmoigne (Sadruddin et Inhorn, 2020).
Cette ide s’oppose  celle de la « dette de la vie » des plus jeunes envers leurs aînés, valeur
prpondrante notamment dans le contexte thaïlandais rapport par l’ethnographie de Stonington
(2013) et promouvant les sacrifices à faire pour repayer le don de notre propre existence. Nous
pouvons ainsi nous interroger sur la place que notre propre société a donnée au déploiement de
ces deux valeurs culturelles dans la composition du soin, afin de faire face à la crise.
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Dans un même ordre d’idées, la pandémie met en relief la dichotomie CHSLD-Hôpital : la place
de la vieillesse des aînés au sein des CHSLD, où un soutien à plus long terme est nécessaire, face
 la mission contemporaine de gurison de l’hôpital, où se sont concentres les directives de
préparation face à la crise (Doucet, 2020). Ce regard teinté sur la vieillesse a pu jouer un rôle
dans le délaissement des CHSLD par les politiques gouvernementales et dans la construction du
contexte sur lequel a reposé la crise : rforme de la gouvernance et bouleversement de l’autorit
responsable de concerter les actions et les directives; privatisation croissante des services;
diminution de la capacit d’accueil, du ratio soignant/soign, et de l’accès aux services et aux
soins complets; travailleurs non réglementés aux faibles conditions de travail; manque de
ressources et de mesures de contrôles des infections (Béland et Marier, 2020; Doucet, 2020;
Lowrie, 2020).
Cette situation illustre galement l’impact de l’hyperbiomdicalisation de notre système de sant,
ainsi que l’importance de la considération de la place du soin social au sein du soin médical. En
s’inspirant de la perspective releve en Italie du Nord et du Sud par Pandolfi (2020), on peut
penser qu’une approche mdicale centre sur la famille et le cercle social du rsident, ainsi que
sur la sociabilité et la relation soignant/patient individualisée peut être grandement bénéfique en
matière de gestion de la crise, mais aussi pour le traitement réservé à nos aînés dans la
communaut. Au Qubec, cette approche a potentiellement t nglige dans le soin d’urgence
vital au sein d’une organisation orientée sur le colmatage de ses déficits structuraux à mesure
qu’ils s’accumulent, et qui a ainsi interdit la prsence de visiteurs et la tenue des activits
régulières pour les résidents. Pourtant, la présence encadrée de ces visiteurs, membres de la
famille ou proches aidants, n’aurait-elle pas t bnfique quant  leur capacit d’être des acteurs
importants du soin social auprès de leurs proches, source de rconfort, d’humanit, de vie, une
aide d’urgence qui a t dsesprment demande et ncessaire en complément au soin médical?
Or, plusieurs études montraient déjà le rôle pivot de ces personnes avant la crise sanitaire
(Puurveen, Baumbusch et Gandhi, 2018; Legault et Ducharme, 2009; Davies et Nolan, 2006).
Un dilemme éthique s’est donc prsent  nous : protéger quelle vie, dans quelles conditions, par
quel type d’exercice du pouvoir sur la vie? Nous avons prioris dans le soin la protection de la
vie biologique à tout prix, en isolant, en excluant et en restreignant les contacts extérieurs des
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personnes âges, et en tentant ainsi d’empêcher le virus de pntrer les centres d’hbergement par
le biais des fissures prsentes. Cet objectif de protection de la vie biologique semble s’être mis en
place au détriment de la protection du bien-être, de la dignité, du lien de vie et de l’autonomie, au
détriment de la « bonne mort ». Pour reprendre les mots de George Orwell : « Mais si le but
poursuivi était, non de rester vivant, mais de rester humain [...]? » (1950, p. 223) La pandémie a
révélé que la manière dont nous croyions pouvoir réparer nos erreurs structurelles et protéger les
aînés impliquait nécessairement la déconsidération de leur personne, de leur identité, de leur
agentivité. Les restrictions posées à leur égard exacerbent la problématique existante de
l’isolement social qui prsente en effet un rel risque de sant pour les personnes âges,
contribuant  l’accroissement du risque de dclin physiologique, psychologique et cognitif, ainsi
que le risque de mortalité résultant de cette détresse (Fraser et al., 2020; Van der Roest et al.,
2020). D’une manière complmentaire, l’importance du maintien des relations sociales pour le
dveloppement des jeunes fut maintes fois pese par les autorits et les mdias, et l’importance
de la conservation des activités des travailleurs fut également revendiquée, puis soutenue de
prestations d’urgence. Mais qu’en fut-il de la reconnaissance de l’importance des relations
sociales et du maintien des activités quotidiennes pour les personnes âgées, pour les personnes
seules, au cœur de la deuxième vague? La COVID-19 semble avoir justifi l’adoption d’une
attitude culpabilisante et stigmatisante  l’gard des personnes âges de 70 ans et plus qui
devaient demeurer confinées à leur domicile, à partir du mois de mars 2020. Dans notre soin,
nous nous sommes focalisés sur une réponse individuelle plutôt que sociale, faisant fi de la
capacit physique, du capital social, des ressources matrielles, ainsi que de l’accès 
l’information de tous, y compris des personnes âges potentiellement seules, dans une situation
de précarité, et ne pouvant pas nécessairement se permettre de rester confinées.
En somme, la pandémie a apposé et imposé les étiquettes de la vulnérabilité, du risque, des
restrictions, de la peur, ainsi que de la perte de soi pour certains, redéfinissant ce que signifie
« prendre soin », mais aussi ce que signifie être une personne âgée au Québec. Margaret
Morganroth Gullette s’est prononce sur la manière dont l'âgisme, « préjudice socialement
acceptable au point d’être meurtrier » (Lynk, 2021), s'est aggravé à travers la pandémie, notant
qu’« une société devient moralement malade lorsqu'elle considère certains de ses membres
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comme condamnés » (Morganroth Gullette, 2020). Ajoutons que la manière avec laquelle nous
traverserons notre deuil sociétal et nous nous en relèverons révélera la place que nous désirons
dorénavant dédier à nos passagers du troisième âge.
Finalement, voguant sur des flots sans grand tumulte, nous ne croyions pas avoir besoin de nous
préparer à une telle ventualit. Nous posions un œil aveugle sur les fissures qui s’accumulaient
pourtant sur la coque de notre bateau depuis des années, sans leur procurer le soin nécessaire.
Nous savions qu’elles taient prsentes, mais nous tions convaincus qu’aucun iceberg ne
pouvait nous frapper. Nul besoin de vestes ni d’embarcations de sauvetage. Tout en mettant en
lumière des enjeux politico-économiques et socioculturels, la pandémie force la discussion, la
rflexion, et nous confère une leçon d’humilit. Elle soulève la responsabilité des autorités, du
système de santé, mais aussi de la collectivité, d’couter la voix des rsidents et des soignants,
afin de prendre en compte les disparités, les besoins et les réalités du milieu, et de s’engager dans
un projet commun du soin  notre image,  leur image et en s’quipant mieux pour la prochaine
traversée.
Nous nous sommes ainsi penchées sur le paradoxe de l’arc-en-ciel en lien avec la santé mentale,
et nous avons exploré l’approche mécaniste du corps au sein du système de santé québécois et
des pratiques de soin qui y prévalent. Nous avons critiqué l’attribution exclusive de l’image
d’ange gardien aux soignants, ngligeant la contribution des travailleurs essentiels migrants 
statut prcaire  l’effort collectif. Finalement, nous nous sommes questionnées sur les impacts
sociétaux et individuels du traitement politique de la crise, spécifiquement sur ce que la mort
disproportionne d’aîns rvèle sur le soin et la place qui leur sont réservés dans notre société. La
pandémie provoque un lot dévénements stressants répartis de manière différentielle dans la
société, au sein de laquelle des logiques managriales s’opposent aux logiques humanistes. Elle
exacerbe donc les vulnérabilités déjà présentes, tout en en créant de nouvelles. Du slogan
naïvement optimiste, en passant par l’hroïsation des soignants – ayant pour conséquence la
dépréciation sociale des autres champs professionnels pour finir par l’abandon politique et
social des aînés, il a été question d’interroger le bien-fondé de la hiérarchisation sociale dans un
moment aussi collectif que la pandémie de COVID-19. Le traitement politique de cette crise
sanitaire transforme paradoxalement cet événement sociétal global en une expérience
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collectivement individualise, isole. À l’origine de ces catgorisations objectivantes se pose une
approche sociétale mcaniste, dont l’usage a prfr la mise en silo plutôt que l’laboration d’un
système d’engrenages de solidarits. Ainsi, dans des termes mcanistes, il s’agirait de
revendiquer l’ide d’une machine sociale dont le fonctionnement ncessite la prsence et
l’entretien de chaque pièce. A contrario, ce que les quatre perspectives présentées constatent et
dplorent, ce sont des manifestations varies d’rosion du corps social rendant la traverse
COVID-19 bien tumultueuse. La situation pandémique aura révélé la valeur différentielle
accordée aux vécus, aux vies et à la mort, ainsi que la manière différenciée par laquelle les
personnes auront été plus ou moins meurtries par la pandémie. Face aux lacunes du filet social, le
point de convergence des quatre sections se situe dans les éthiques du care politique capables de
réparer les incohérences structurelles. À l’instar de Tronto (2012, 2009 [1993]), nous sommes
d’avis que ce care constitue la somme de tous les gestes individuels orients vers le tissage d’un
rseau d’entraide fcond qui inclut les animaux, la biodiversit, les femmes et les hommes.
1
« COVID-19 is not a pandemic. It is a syndemic ».
2
La prsence de certaines personnes proches aidantes a finalement t permise  partir du mois d’avril 2020.
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Article
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Cadre de la recherche : Dans la grande maladie, la prolifération des possibilités thérapeutiques retarde souvent le moment où la mort est envisagée et où les soins palliatifs, trop souvent associés à la fin de vie et à la mort, sont introduits dans les trajectoires des malades. Dans ce contexte, les soins palliatifs pédiatriques tentent de jouer un rôle actif dans la relation de soins, au-delà de l’idée de traitements pour la guérison. Objectifs : Notre article cherche à mieux comprendre le moment où les soins palliatifs deviennent une possibilité dans la trajectoire de la grande maladie, et comment ils sont représentés. Nous nous intéressons à la place que ces soins occupent dans le vécu des parents, ainsi que la manière dont s’exprime leur expérience de la grande maladie, et plus précisément la dimension relationnelle de la fin de vie. Méthodologie : Nous nous appuyons sur les témoignages de parents dont les enfants ont souffert de maladies graves et de décès. Par le biais d’entretiens individuels semi-dirigés entre 2017 et 2019, nous avons recueilli les histoires de 16 enfants et adolescents montréalais d’origine migrante ou non-migrante (10 garçons et 6 filles âgés de quelques semaines à 19 ans), atteints d’une maladie génétique ou rare, d’un cancer ou de plusieurs maladies chroniques. Résultats : Non seulement le type de maladie est une composante importante dans le parcours des soins palliatifs, mais le care et le profil des familles sont également déterminants dans la perception d’une expérience (néanmoins) positive de la fin de vie de leur enfant. Conclusions : Les perspectives thérapeutiques curatives/palliatives ont peu d’influence sur la satisfaction de nos participants quant aux soins de fin de vie, tant qu’un lien de confiance thérapeutique est présent entre la famille et l’équipe soignante. Que ce soit positif ou négatif, ce lien de confiance influence les relations de soins pédiatriques et les trajectoires de maladies graves, ainsi que les expériences de fin de vie vécues par les proches. Contribution : À travers les expériences d’enfants en fin de vie telles que partagées (principalement) par les mères, cet article aborde les perspectives curatives et palliatives telles que choisies par les parents d’enfants confrontés à un sombre pronostic. Au-delà des différentes philosophies qui habitent ces approches, la qualité (et la continuité) des relations établies avec les soignants est un facteur déterminant dans la qualité des expériences documentées par notre étude.
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[FR] Cadre de la recherche : Dans la grande maladie, la prolifération des possibilités thérapeutiques retarde souvent le moment où la mort est envisagée et où les soins palliatifs, trop souvent associés à la fin de vie et à la mort, sont introduits dans les trajectoires des malades. Dans ce contexte, les soins palliatifs pédiatriques tentent de jouer un rôle actif dans la relation de soins, au-delà de l’idée de traitements pour la guérison. Objectifs : Notre article cherche à mieux comprendre le moment où les soins palliatifs deviennent une possibilité dans la trajectoire de la grande maladie, et comment ils sont représentés. Nous nous intéressons à la place que ces soins occupent dans le vécu des parents, ainsi que la manière dont s’exprime leur expérience de la grande maladie, et plus précisément la dimension relationnelle de la fin de vie. Méthodologie : Nous nous appuyons sur les témoignages de parents dont les enfants ont souffert de maladies graves et de décès. Par le biais d’entretiens individuels semi-dirigés entre 2017 et 2019, nous avons recueilli les histoires de 16 enfants et adolescents montréalais d’origine migrante ou non-migrante (10 garçons et 6 filles âgés de quelques semaines à 19 ans), atteints d’une maladie génétique ou rare, d’un cancer ou de plusieurs maladies chroniques. Résultats : Non seulement le type de maladie est une composante importante dans le parcours des soins palliatifs, mais le care et le profil des familles sont également déterminants dans la perception d’une expérience (néanmoins) positive de la fin de vie de leur enfant. Conclusions : Les perspectives thérapeutiques curatives/palliatives ont peu d’influence sur la satisfaction de nos participants quant aux soins de fin de vie, tant qu’un lien de confiance thérapeutique est présent entre la famille et l’équipe soignante. Que ce soit positif ou négatif, ce lien de confiance influence les relations de soins pédiatriques et les trajectoires de maladies graves, ainsi que les expériences de fin de vie vécues par les proches. Contribution : À travers les expériences d’enfants en fin de vie telles que partagées (principalement) par les mères, cet article aborde les perspectives curatives et palliatives telles que choisies par les parents d’enfants confrontés à un sombre pronostic. Au-delà des différentes philosophies qui habitent ces approches, la qualité (et la continuité) des relations établies avec les soignants est un facteur déterminant dans la qualité des expériences documentées par notre étude. __________________________________________________________________________________ [EN] Research Framework: In serious illness, the proliferation of therapeutic possibilities often delays the moment when death is foreseen and when palliative care, too often associated with the end of life and death, is introduced into patients’ care paths. In this context, pediatric palliative care tries to play an active role in the care relationship, beyond the idea of treatments for recovery. Objectives: Our aim is to better understand the moment when palliative care becomes a possibility in the trajectory of serious illness, and how it is represented. We examine how palliative care fits into the parents’ experience, as well as the way in which their experience of serious illness, and more so the relational dimension of the end of life, is expressed. Methodology: We draw on the testimonies of parents whose children suffered major illness and death. Through individual semi-structured interviews between 2017 and 2019, we collected the stories of 16 Montreal children and adolescents (10 boys and 6 girls aged between a few weeks to 19 years) with a genetic or rare disease, cancer or multiple chronic conditions of migrant and non-migrant background. Results: Not only is the type of illness an important figure in the palliative care trajectory, care and the families’ profiles also shape their perception of a (nonetheless) positive experience of their child’s end of life. Conclusions: Curative/palliative therapeutic perspectives have little bearing on our participants’ satisfaction with care at the end of life, as long as a therapeutic trust bond is present between the family and the health care team. Both positively and negatively, this bond of trust influences the pediatric care relationships and major illness trajectories, as well as the end-of-life experiences of loved ones. Contribution: Through the experiences of children at the end of life as shared (mostly) by mothers, this paper discusses both curative and palliative perspectives as chosen by the parents of children facing a poor prognosis. Beyond the different philosophies that inhabit these approaches, the quality (and continuity) of the relationships established with care providers is a determining factor in the quality of the experiences documented through our study.
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The goal of this commentary is to highlight the ageism that has emerged during the COVID-19 pandemic. Over 20 international researchers in the field of ageing have contributed to this document. This commentary discusses how older people are misrepresented and undervalued in the current public discourse surrounding the pandemic. It points to issues in documenting the deaths of older adults, the lack of preparation for such a crisis in long-term care homes, how some ‘protective’ policies can be considered patronising and how the initial perception of the public was that the virus was really an older adult problem. This commentary also calls attention to important intergenerational solidarity that has occurred during this crisis to ensure support and social-inclusion of older adults, even at a distance. Our hope is that with this commentary we can contribute to the discourse on older adults during this pandemic and diminish the ageist attitudes that have circulated.
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Aim: To describe the state of health of Quebec nursing staff during the pandemic according to their exposure to COVID-19, work-related characteristics and sociodemographic factors (gender, generational age group). State of health was captured essentially by assessing psychological distress, depression symptoms and fatigue. Design and methods: A large-scale cross-sectional study was conducted with 1,708 nurses and licenced practical nurses in Quebec (87% women, mean age of 41 ± 11 years). The survey included several questionnaires and validated health-related scales (psychological distress, depression symptoms and fatigue). The STROBE guidelines were followed in reporting the study's findings. Results: Results showed that the prevalence of psychological distress and depression symptoms was moderate to severe. Women, generation Xers and Yers, nurses who cared for COVID-19 patients and those with a colleague who was infected with COVID-19 at work scored higher for fatigue, psychological distress and depression.
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Cet article propose de préciser le concept d’inégalité sociale de santé : théoriquement d’abord, puis en le mobilisant sur un terrain particulier, la pandémie de Covid-19 qu’a connue le Québec au printemps 2020. Il commence par une discussion de diverses définitions des inégalités sociales de santé, puis en retient la suivante : ce sont des différences de santé observées entre plusieurs groupes sociaux et qui résultent du ou des rapport(s) de pouvoir entre ces groupes. L’application de cette définition à la pandémie de Covid-19 se fait en deux temps. Dans le premier, sont identifiés des rapports de pouvoir qui différencient l’exposition aux différents risques engendrés par la pandémie : être infecté, en mourir, mais aussi voir sa santé affectée par la pandémie sans être nécessairement infecté par le nouveau coronavirus. L’étude de ce dernier risque requiert de suivre l’exposition à des déterminants sociaux de la santé dont l’équilibre est bouleversé par le contexte de la pandémie : revenus, réseau social, soins et services sociaux, éducation, stigmatisation. Ce premier temps de l’analyse considère les rapports de pouvoir pris isolément les uns des autres. Le second explore leur articulation, en prenant comme fil conducteur le rapport ethno-racial, dont est examinée l’articulation avec le rapport socio-économique. Est finalement dessinée une perspective systémique des inégalités, indispensable au repérage des actions à mener pour lutter contre les ISS.
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Present time has been dominated by the COVID-19 pandemic. People are grieving several non-death related situations: the loss of a job, of a status, of a role, of their life. Restrictive measures and uncertainty about the future makes individuals vulnerable to feelings of hopelessness and helplessness. Mental health support has been hindered and teams are reinventing themselves to reach people in need. Nevertheless, decompensation of previous psychiatric disorders, increasing levels of depression and anxiety, economical handicaps and fear of the infection, are prompting several cases of COVID-19 related suicides worldwide. Every suicide affects between 5 and 80 individuals, which are known as suicide survivors. Suicide grief is particularly challenging, with rates of complicated grief as high as 40%. Suicide survivors are at increased risk of developing depression, anxiety disorders and of suicidal behaviors. Moreover, feelings of guilt and shame, as well as social stigma, are major obstacles for them to reach form help. This article aims to review the existing literature on COVID-19 related suicides, complicated grief in suicide survivors and highlight modifiable risk factors for both conditions, as well as propose some public health measures to reduce the impact of the pandemic context on self-inflicted harm and its consequences on families, friends and the community. Obstacles to access to mental health support need to be overcome through the use of technology. Technicians should actively approach populations more vulnerable to develop suicidal ideation. Social media have the obligation to provide accurate an non-sensationalistic information. Families and friends should maintain social proximity, despite the need for physical distancing. When a suicide death occurs, police forces and health staff should be prepared to share the news with the family using an empathic and humane approach and providing psychological support. Funerals, memorials and other services should be held as much as possible. Closer contacts should be signalized and closely followed in order to detect the need for specific interventions. Help seeking behaviors should be promoted. Additionally, people should be educated on suicide and its impacts, in order to reduce stigma.
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The COVID‐19 pandemic has brought to light tremendous gaps and issues faced by health systems globally. Commendable effort has been made to retain continuity of care for non‐COVID‐19 patients amidst the pandemic, particularly using technology‐enhanced models of care. However, these efforts are not sufficient to tackle the impending challenges that health systems around the world will face next: (1) vaccine uptake and hesitancy; (2) a mental health crisis; and (3) post‐COVID‐19 migration. In this letter to the editor, explanation of why each of these issues is concerning and how each subsequent issue grows in severity is provided. Particular focus on the issue of post‐COVID‐19 migration is made, as this challenge is quite pressing to health systems but has yet to be explored thoroughly in the literature. Possible strategies for health system planners to consider are provided in this letter. Strategies include involving stakeholders such as patients and clinicians in deliberations and deployment of interventions, focussing efforts on adapting primary health systems, and building on technology‐enhanced models of care where possible. By adhering to the recommendations made in this letter, health systems may be able to proactively deal with the identified challenges before they become crises of their own, post COVID‐19.
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A diverse set of research has examined the ways in which population-level health and its ecological risk factors are embedded within self-reinforcing structures. Syndemic theory, for example, focuses on the co-occurrence of multiple diseases, whereas the spatial diffusion literature highlights the concentration of poor health among communities sharing geographic boundaries. This study combines these related but disciplinarily-isolated perspectives to examine the clustering of population-level health and its determinants across four dimensions: co-occurrence, spatial, temporal, and social network. Using data on U.S. county-level health outcomes and health factors from the Robert Wood Johnson Foundation’s County Health Rankings, this study estimates associations between health outcomes within communities and the co-occurrence of community-level factors theorized to influence ecological health. Not only do health outcomes and their ecological risk factors cluster within counties, but also between geographically adjacent counties and counties connected via migration network pathways. Moreover, the self-reinforcing structures uncovered across the co-occurrence, spatial and network dimensions persist over time, and this clustering has consequences on county health and well-being. Rather than adopting the perspective that either health and its community-level factors should be broadly targeted and detached from local context or communities are different, have unique needs and thus should be treated in isolation, the approach advanced in this study identifies shared vulnerabilities in a way that allows for the development of knowledge networks between communities with similar issues.
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A survey conducted among 193 residents, 1609 relatives, and 811 carers in 38 Dutch long-term care facilities during the visitor-ban, showed high levels of loneliness and 39 increased frequency and severity of mood and behavior problems.
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Objective: This study sheds light on the agenda setting role of the media during the COVID-19 crisis by examining trends in nursing home (NH) coverage in four leading national newspapers-The New York Times, Washington Post, USA Today, and Los Angeles Times. Methods: Keyword searches of the Nexis Uni database identified 2,039 NH-related articles published from September 2018 to June 2020. Trends in the frequency of NH coverage and its tone (negative) and prominence (average words, daily article count, opinion piece) were examined. Results: Findings indicate a dramatic rise in the number of NH articles published in the months following the first COVID-19 case, far exceeding previous levels. NH coverage became considerably more prominent, as the average number of words and daily articles on NHs increased. The proportion of negative articles largely remained consistent, though volume rose dramatically. Weekly analysis revealed acceleration in observed trends within the post-COVID-19 period itself. These trends, visible in all papers, were especially dramatic in The New York Times. Discussion: Overall, findings reveal marked growth in the frequency and number of prominent and negative NH articles during the COVID-19 crisis. The increased volume of coverage has implications for the relative saliency of NHs to other issues during the pandemic. The increased prominence of coverage has implications for the perceived importance of addressing pre-existing deficits and the devastating consequences of the pandemic for NHs.