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Abstract

Les résultats présentés dans ce numéro d'Innovations Agronomiques sont issus du travail réalisé au cours du Programme PSDR4 (Pour et Sur le Développement Régional), entre 2015 et 2020, voire au-delà pour les productions faisant suite aux projets de recherche. Le Programme PSDR a réuni plus de 1100 chercheurs et acteurs partenaires, qui ont travaillé ensemble au sein de 33 projets de recherche participatifs et pluridisciplinaires, répartis au sein de 10 Régions françaises. Il a donné lieu à de nombreuses productions scientifiques et partenariales, dont certaines ont été présentées lors du Symposium final, en octobre 2020. Dans ce numéro sont exposés les principaux résultats obtenus dans chacun des projets. L'accent est mis également sur la participation des acteurs, ainsi que sur les contributions au développement des territoires. Abstract: The territorial dimension of agroecological transitions: main outputs of the PSDR4 programme. This issue of Innovations Agronomiques presents the work carried out during the PSDR4 Programme (For and On Regional Development) from 2015 to 2020, including productions released beyond the end of the programme. PSDR4 involved more than 1,100 researchers and partner actors working together in 33 participatory and multidisciplinary research projects located in 10 French administrative regions. These projects have resulted in numerous scientific and practical products, some of which were presented at the Final Symposium of PSDR4 in October 2020. This issue presents the main results obtained in each of the projects. The focus is on actors' participation, as well as contributions to territorial development.
Innovations Agronomiques 86 (2022), 1-7
La dimension territoriale des transitions agroécologiques : les acquis du
programme PSDR4
Torre A.1, Wallet F.2, Huang J.1, Detang-Dessendre C.3, Huyghe C.4
1 UMR SADAPT, INRAE, Université Paris-Saclay, AgroParisTech, F-75231 Paris Cedex 05
2 UMR AGIR, INRAE, F-31326 Castanet Tolosan Cedex
3 UMR CESAER, INRAE, Institut Agro Dijon, F-21079 Dijon Cedex
4 INRAE, Codir (Collège de Direction), 147 rue de l’Université, F-75338, Paris Cedex 07
Correspondance : andre.torre.2@inrae.fr
Résumé
Les résultats présentés dans ce numéro d’Innovations Agronomiques sont issus du travail réalisé au
cours du Programme PSDR4 (Pour et Sur le Développement Régional), entre 2015 et 2020, voire au-
delà pour les productions faisant suite aux projets de recherche. Le Programme PSDR a réuni plus de
1100 chercheurs et acteurs partenaires, qui ont travaillé ensemble au sein de 33 projets de recherche
participatifs et pluridisciplinaires, répartis au sein de 10 Régions françaises. Il a donné lieu à de
nombreuses productions scientifiques et partenariales, dont certaines ont été présentées lors du
Symposium final, en octobre 2020. Dans ce numéro sont exposés les principaux résultats obtenus dans
chacun des projets. L’accent est mis également sur la participation des acteurs, ainsi que sur les
contributions au développement des territoires.
Mots-clés : Transition agroécologique, Partenariat, Pluridisciplinarité, Développement territorial
Abstract: The territorial dimension of agroecological transitions: main outputs of the PSDR4
programme.
This issue of Innovations Agronomiques presents the work carried out during the PSDR4 Programme
(For and On Regional Development) from 2015 to 2020, including productions released beyond the end
of the programme. PSDR4 involved more than 1,100 researchers and partner actors working together in
33 participatory and multidisciplinary research projects located in 10 French administrative regions. These
projects have resulted in numerous scientific and practical products, some of which were presented at the
Final Symposium of PSDR4 in October 2020. This issue presents the main results obtained in each of
the projects. The focus is on actors participation, as well as contributions to territorial development.
Keywords: Agroecological transition, Collaborative research partnership, Multidisciplinarity, Territorial
development
1. Contexte
Le programme PSDR a présenté l’originalité d'être conçu et construit au cœur des territoires, en lien direct
avec les acteurs, et en s’appuyant sur un co-financement entre régions et organismes de recherche. Les
recherches, partenariales et pluridisciplinaires, visaient àcrire et analyser les processus de
développement régional, à fournir des outils aux acteurs du développement, qu’il s’agisse de partenaires
de nature privée (exploitations agricoles, entreprises, coopératives, organismes consulaires, ONG...) ou
publique (collectivités locales et territoriales, services déconcentrés de l’Etat, territoires de projets,
instituts techniques, établissements de formation), ainsi qu’à contribuer à l’élaboration de savoirs
enseignables, transférables ou mobilisables par les acteurs.
Torre A., et al.
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Les projets portaient sur l’analyse approfondie du rôle et de la place occupés par l’agriculture et les
industries agroalimentaires dans les territoires ruraux et périurbains. Ils visaient à favoriser la
compréhension des grands enjeux de société associés aux changements globaux et environnementaux
et concouraient à une meilleure connaissance et efficacité des dynamiques de développement à l’œuvre
sur les territoires. Pluridisciplinaires, et favorisant en particulier la combinaison entre sciences
biotechniques et sciences sociales, ces projets apportent des connaissances inédites pour penser les
processus de développement et produisent des résultats articulant les lectures disciplinaires. La diversité
des approches sur une même thématique, dans différentes régions, permet une compréhension plus
large des enjeux de développement et de la diversité des territoires.
Dans les projets PSDR, la co-construction et l’implication des acteurs se sont trouvé placés au cœur des
travaux engagés ; et les avancées en matière de connaissance scientifique ont trouvé leur prolongement
dans la définition de démarches de valorisation opérationnelle au service des stratégies et de l’action
portée par les décideurs et les acteurs du développement des territoires.
Lors de cette 4ème génération, les thématiques principales du programme PSDR ont évolué pour tenir
compte des préoccupations des acteurs économiques, sociaux et publics sur les territoires, tout en
intégrant les grandes orientations structurantes de la politique régionale européenne (notamment les
enjeux de la bioéconomie dans le cadre d’Horizon 2020) et de la PAC. Elles ont également pris en
considération les nouveaux moteurs de création de richesse et d’emploi sur les territoires comme
l’économie résidentielle, l’écologie industrielle et l’économie sociale et solidaire.
Dans cette perspective, l’appel à projet abordait différentes thématiques, telles que les usages des sols
et la pression foncière en zones rurales et périurbaines, l’écologisation de l’agriculture, l’autonomie
territoriale, les différents types d’innovation au service des hommes, des filières et des territoires, les
relations ville/campagne, les stratégies d’attractivité des territoires, ainsi que le renouvellement des
enjeux et des modalités d’intervention publique pour le développement régional et territorial. Les projets
sélectionnés ont été marqués par l’émergence des réflexions sur la nécessité d’engager les initiatives
collectives et les trajectoires territoriales dans une perspective de transition face au changement
climatique et à la baisse de la biodiversité. Chemin faisant, les préoccupations des équipes de recherche
et des partenaires se sont donc infléchies et enrichies d’une prise en considération des conditions de
cette transition ainsi que des capacités de résilience des systèmes.
2. Résultats
Les résultats issus des travaux menés dans ce cadre ont permis la production de plus de 1000 outils
techniques et ressources pédagogiques pour agir et décider sur les territoires, ainsi que de plus de 1000
supports de valorisation scientifique (articles dans les revues académiques, ouvrages et chapitres
d’ouvrages…). Les articles ont été publiés dans des supports variés, spécialisés en agronomie, sciences
animales, sciences de l’environnement, économie, sociologie ou encore géographie. Ces travaux ont
donné lieu à de nombreuses publications et communications à colloques, qu’il est impossible de
reprendre ici (pour un aperçu, voir le site PSDR : https://www.psdr.fr/ et tout particulièrement l’onglet
Productions).
2.1 Documents de synthèse pour l’action
Citons, pour de premières synthèses, plusieurs ouvrages collectifs, qui regroupent des contributions
publiées à différents niveaux d’avancement du programme, comme :
Bourdin S., Galliano G., Gonçalves A., 2021. Circularities in territories: opportunities &
challenges, European Planning Studies. Special issue.
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Melot M., Bourdeau-Lepage L., Bonnefond M., 2021. Réinterroger les liens entre urbain et rural:
interconnexions et coordinations des territoires. Géographie, économie, société, Numéro spécial,
4, 23.
Torre A., Wallet F., Nguyen Ba S., 2022. Produire ensemble des connaissances pour l’avenir des
territoires. Ouvrage numérique. INRAE, PSDR, 10.17180/1BAH-BZ35.
Torre A., Wallet F., Nguyen Ba S., 2021. Outils et ressources pour agir et décider sur les territoires.
Le Cahier Technique PSDR4, PSDR4 et Réseau rural national, 62 p.
Torre A., Wallet F., Nguyen Ba S., 2017, Territoires en transitions - Construire des partenariats
pour des connaissances et des pratiques innovantes. La librairie des territoires, 131 p.
2.2 Principales avancées thématiques
Si l’on s’attache aux résultats à proprement parler de ces études, on constate qu’ils ont permis de réaliser
des avancées dans un certain nombre de domaines, que nous présentons maintenant :
- Gouvernances foncières agricoles et alimentaires. Du côté de la gouvernance du foncier
agricole, à l’interface du rural et de l’urbain, les travaux ont permis d’identifier des pratiques en
matière de portage foncier ou de diversification du bâti pour des projets agricoles innovants, et
de montrer ainsi la forte implication des collectivités et du tissu associatif local. De nouvelles
coalitions d’acteurs se structurent, facilitant une gouvernance territoriale plus inclusive des
systèmes alimentaires. Aux agriculteurs viennent s’adjoindre les collectivités locales, qui
s’emparent de plus en plus des enjeux agricoles et alimentaires, ainsi que les résidents ou les
acteurs de l’aide sociale, à travers des configurations variées, généralement portées par des
associations dédiées sur ces territoires.
- Biodiversité, services écosystémiques et usages du sol. Le développement périurbain
provoque des impacts sur la biodiversité et sur les services fournis aux humains. Les recherches
ont cherché à mesurer ces impacts, afin de mieux les caractériser et les localiser. Elles ont
également examiné les implications socio-spatiales et économiques des politiques publiques
d’environnement sur les pratiques et le foncier agricole, ainsi que l’émergence de nouveaux
systèmes agroécologiques répondant aux enjeux environnementaux et dont l’inscription
territoriale génère un ensemble de services (production alimentaire localisée, préservation de
l’environnement, développement de l’emploi). Les résultats nuancent l’idée selon laquelle la
biodiversité serait toujours impactée négativement par la proximité de la ville. En effet, les
espaces situés aux franges de la ville, comme les espaces périurbains pavillonnaires peuvent
avoir des effets positifs sur la biodiversité.
- Bien-être et attractivité des territoires. La nécessité de repenser les politiques publiques
d’attractivité et de bien-être, désormais au centre des stratégies de développement dans les
territoires, interroge les outils et indicateurs de mesure de l’attractivité mais aussi la place du
bien-être. La recherche analyse les fondements et l’articulation des dimensions individuelles et
collectives du bien-être sur un territoire, ainsi que ses déterminants spatiaux. Pour répondre à
ces défis les projets PSDR ont élaboré différentes méthodes. Les réflexions sur les indicateurs
de bien-être, les enquêtes auprès des populations sur la perception de leur cadre de vie,
constituent de bons instruments d’observation. Ils permettent de mettre en évidence des
situations d’inégalité spatiale propres aux territoires ruraux, mais aussi les atouts dont disposent
ces derniers, en particulier en termes d’aménités.
- Transition par la prise en compte de la biodiversité, des services écosystémiques et des
ressources naturelles. Les travaux menés dans ces domaines s’intéressent avant tout à la
Torre A., et al.
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manière dont le paysage se construit en lien avec l’agriculture, les services écosystémiques et
les spécificités biophysiques locales. Ils montrent en particulier que la prise en compte du
potentiel des services écosystémiques constitue un levier majeur de la transition agroécologique
(préservation de la biodiversité, qualité de l’eau…), quelle que soit l’échelle considérée :
régionale, territoriale, ou de l’exploitation agricole.
- Transition par des pratiques agricoles vertueuses (systèmes de culture et systèmes
d’élevage). Ces recherches se posent la question de l’autonomie des systèmes de culture et
d’élevage et de leur recomposition, et cherchent à concilier le bien-être des animaux et la santé
à l’échelle de l’exploitation et des territoires, tout en réduisant la dépendance aux intrants de
synthèse. Elles soulignent l’importance du développement de la polyculture-élevage pour
atteindre les objectifs de qualités environnementale, économique et sociale, ainsi que la
nécessité de se tourner vers de nouvelles pratiques comme l’utilisation de légumineuses ou de
produits résiduaires organiques pour limiter l’utilisation des intrants de synthèse.
- Transition par la coopération entre acteurs : connaissances, apprentissage et
accompagnement. Les projets s’interrogent sur la manière, pour les acteurs et tout
particulièrement les agriculteurs, de rassembler et de s’approprier les connaissances nouvelles
en agroécologie, qu’il s’agisse de nouveautés institutionnelles ou d’innovations de terrain. Ils se
posent également la question des dispositifs d’accompagnement des collectifs agricoles, de leurs
caractéristiques et de leur mise en œuvre. Les résultats prônent en particulier une remise en
question du rôle des conseillers, l’accompagnement technique d’un changement systémique de
cette ampleur nécessitant non seulement de s’adapter à la singularité des projets et des
situations, mais également de développer des connaissances avec les acteurs locaux.
- Systèmes alimentaires territoriaux. Les recherches s’intéressent aux dynamiques alimentaires
en cours dans les territoires, en particulier dans les modes de production et la manière de se
nourrir, aux avantages, inconvénients et performance des circuits courts et longs, aux leviers
d’action pour une gouvernance alimentaire locale adaptée aux enjeux des territoires, et plus
généralement à l’accompagnement des acteurs du changement. Les résultats montrent qu’il
n’existe pas de modèle plus efficient que les autres mais plutôt une hybridation des circuits courts
et longs, que les politiques et acteurs publics sont essentiels, et que la mobilisation de la société
civile est cruciale pour favoriser les dynamiques et éviter les tensions. Un enjeu fort est celui de
l’instrumentation de l’accompagnement des acteurs, par le biais d’outils tels que des jeux sérieux,
guides de bonnes pratiques…
- Bioéconomie territorialisée. Les travaux sur l’économie circulaire s’interrogent sur son rôle
dans les activités agricoles, par exemple dans le cadre des processus de méthanisation, sur les
modalités d’adaptation par les entreprises et coopératives, sur les formes d’acceptabilité des
populations et des autres acteurs des territoires, ainsi que sur les dynamiques des projets éco
innovants dans le rural. Les résultats montrent que la dimension locale constitue un argument
récurrent des projets, dans une optique d’approvisionnement et de recyclage mais aussi de
collaboration avec les autres parties prenantes des territoires, et que les dimensions de
gouvernance territoriale s’avèrent ainsi essentielles. Par ailleurs, les innovations se situent non
seulement au niveau technologique, mais prennent également des formes organisationnelles,
institutionnelles et sociales.
- Systèmes forestiers durables. Les projets questionnent les démarches d’adaptation au sein de
la filière forêt-bois, en particulier dans une perspective de production durable et de mobilisation
de la ressource. Où et comment récolter le bois énergie tout en préservant la fertilité des sols et
Introduction - Les acquis du programme PSDR4
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la biodiversité, comment évaluer la ressource forestière et les services écosystémiques rendus
par la forêt ? Les résultats mettent en évidence certaines sources d’évolution communes des
processus de circularité avec celles des systèmes agricoles et alimentaires. Ils conduisent à
recommander une prise en compte de la biodiversité et des cycles de fertilisation des sols dans
les pratiques de gestion et d’exploitation du bois, afin d’augmenter la durabilité et la résilience
des systèmes forestiers face au changement climatique et à réinscrire les filières bois locales
dans les projets de territoire.
L’ensemble de ces projets s’est intéressé aux problématiques de développement territorial, en s’appuyant
sur des contributions pluridisciplinaires, et construites en partenariat, issues aussi bien des sciences
sociales que des sciences biotechniques. L’objectif était de réfléchir aux processus de développement
territorial mais avant tout de contribuer à leur mise en œuvre, en apportant des éléments de
compréhension des dynamiques en cours, mais aussi en construisant, avec les acteurs des territoires,
des thodes et outils pour l’action. Il s’agissait également de fournir des outils de réflexion pour les
partenaires privés et pour les décideurs, afin de les aider à formuler des recommandations et aider à
l’élaboration et à la mise en place des politiques publiques.
3. Présentation du plan du numéro
Ce numéro d’Innovations Agronomiques est structuré en trois sections reprenant le découpage en trois
axes du programme sous la forme de Groupes Transversaux (GT), rassemblant chacun une dizaine de
projets autour de grandes thématiques communes et brièvement introduits par les animateurs des axes:
- GT1 Lien rural-urbain : foncier, attractivité et bien-être.
- GT2 Transition agroécologique et territoires.
- GT3 Systèmes alimentaires et forestiers, circuits et circularités.
Le GT1 « Lien rural-urbain » a créé un espace d’échange inter-projets sur la gouvernance territoriale
aux interfaces entre urbain et rural. Bien loin de l’idée d’une opposition ou d’un continuum indifférencié,
les projets dans ce groupe ont pour objectif de comprendre comment les territoires urbains et ruraux sont
interconnectés et quelles sont les nouvelles formes de coordination entre acteurs. Le but est également
d’identifier les initiatives innovantes associant territoires urbains et ruraux, et ainsi d’explorer le potentiel
de ces espaces de transition dans l’amélioration de l’attractivité des espaces ruraux et du bien-être
territorial. Les thématiques communes portent sur trois pistes importantes : gouvernance du foncier
agricole, renouveau de la production alimentaire aux franges de la ville, et évaluation de l’attractivité des
territoires et mesure du bien-être. Les recherches ont permis de réinterroger le lien entre rural et urbain
en apportant des enseignements sur la relocalisation de la production agricole et la mise en œuvre de
politiques environnementales dans la gouvernance des territoires agri-urbains.
Le GT2 « Transition agroécologique » a regroupé des projets qui ont porté sur la transformation des
exploitations agricoles vers de nouveaux systèmes respectueux de l’environnement et de la santé globale
des territoires. Les projets sont basés sur des études d’une grande diversité d’échelles : parcelle,
exploitation ou bien encore territoire. Ils abordent quatre leviers essentiels à la réussite de cette transition
agroécologique : les questions d’aménagement du paysage et de gestion de l’eau entraînées par les
interrogations sur la fonctionnalité des écosystèmes ; la recomposition des systèmes de culture,
notamment en intégrant les protéines végétales ; la diversification des exploitations élevage vers
polyculture-élevage ; l’accompagnement des agriculteurs et des collectifs d’agriculteurs. Les services
écosystémiques ont un rôle fondamental dans ces recherches qui visent à les promouvoir pour remplacer
des intrants exogènes aux systèmes agricoles ou pour contribuer à la protection des ressources
naturelles.
Torre A., et al.
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Le GT3 « Circuits et circularités » rassemble des connaissances au sujet de l’évolution des modes de
coordination des acteurs dans la structuration de nouveaux systèmes territorialisés autour de
l’alimentation, de l’énergie et de l’usage des bio-ressources. Les travaux apportent des regards croisés
sur les différentes formes de circularité, les freins et leviers à leur développement, les ressources
territoriales et les innovations nécessaires à la construction de ces systèmes et circularités. Parmi les
résultats sont soulignés le rôle clé joué par les acteurs intermédiaires, l’importance de combiner les
innovations techniques avec des innovations organisationnelles, institutionnelles et sociales, ainsi que
l’hybridation et la coexistence de modèles sur les territoires. Ces connaissances transversales ou
contextuelles fournissent une aide importante pour la redynamisation des territoires ruraux.
Ces groupes transversaux ont contribué non seulement à la production de connaissances génériques sur
la thématique de chaque groupe, mais aussi à la conception d’une approche systémique du
développement territorial à travers leur complémentarité. Sur des questions communes, comme par
exemple la relocalisation de l’alimentation ou la transition agroécologique, l’approche systémique
combinant les trois GT permet de prendre en compte la gestion du foncier, la fonctionnalité des
écosystèmes, les techniques et pratiques, la coordination des acteurs, l’organisation institutionnelle et les
politiques publiques. Elle fait appel à des compétences pluridisciplinaires pour observer des changements
aux différentes échelles. Ce croisement est aussi crucial pour le développement d’outils en matière
d’action environnementale et de résilience territoriale face au changement climatique. Chacune des trois
sections comporte une introduction et plusieurs articles par projet. Certains projets relevant de plusieurs
axes ont été inscrits dans l’axe ayant généré le plus de résultats.
Conclusion (Vers TETRAE)
Fort de l’expérience de quatre générations de programmes PSDR, INRAE a souhaité prolonger son
investissement dans la mise en œuvre de dispositifs de recherche interdisciplinaires et partenariaux
intégrant l’importance du fait régional, tout en repensant ceux-ci à l’aune des changements intervenus au
cours de la dernière décennie. Une interrogation initiale a ainsi porté sur ce qui pouvait justifier la poursuite
de l’aventure PSDR, et sur ce qui pourrait fonder l’originalité d’un tel dispositif tant par les pratiques que
par la manière d’aborder les problématiques contemporaines auxquelles sont confrontés les acteurs
ruraux et territoires inscrits dans des entités régionales désormais de très grande taille. En prenant appui
sur les acquis de PSDR, qui a structuré les relations entre INRAE et les Régions, l’objectif est de
renouveler nos ambitions de production de connaissances afin de favoriser des transitions vers des
modèles de développement territorial plus durables.
Pour marquer ce tournant, le programme a été doté d’une nouvelle identité et devient TETRAE, pour
“Transition en Territoires de l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement”. Ce changement de titre n’est
pas uniquement cosmétique. Il définit une triple motivation qui habitera l’ensemble des projets qui seront
sélectionnés pour la période 2022-2027.
Réaffirmer la place centrale des territoires. Il s’agit de répondre aux enjeux régionaux en positionnant
la dimension territoriale au cœur des questions de recherche. L’objectif est d’analyser en quoi cette
dimension territoriale peut s’avérer pertinente pour élaborer des dispositifs de recherche de type Agro
Living Labs conçus comme des espaces privilégiés pour produire des connaissances répondant aux
enjeux régionaux vers une transition des systèmes agricoles et alimentaires intégrant trois dimensions
complémentaires : les interdépendances systémiques du nexus Agriculture Alimentation
Environnement, qui rendent l’échelle territoriale privilégiée pour la conception de systèmes durables;
l’organisation des acteurs (privés, collectivités, associations) impliqués dans les initiatives en faveur de
la transition à l’échelle des territoires; et la co-construction de projets avec les parties prenantes,
notamment les citoyens dans une logique de science ouverte, qui s’ancre aussi sur une forte proximité
territoriale.
Introduction - Les acquis du programme PSDR4
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Décloisonner. Ce nouveau programme de recherche participative ambitionne de développer des projets
favorisant l’expérimentation et l’innovation ouverte grâce à une participation large du monde socio-
économique et de la société civile dès l’élaboration de la problématique, avec une volonté forte de co-
construction de l’objet de recherche. Si la production de connaissances scientifiques reste l’objectif central
du programme TETRAE, il s’agit bien de conduire cette ambition selon une démarche méthodologique
qui renforce l’implication des acteurs des territoires dans les dispositifs de recherche et l’attention
apportée aux impacts des projets constitutifs du nouveau programme.
Penser les transitions. Chacune des composantes du nexus Agriculture Alimentation Environnement
est traversée par de profonds changements et interrogations visant à renforcer la durabilité de l’ensemble
et de chaque domaine : évolution des régimes alimentaires, mutations des modes de production agricole
et de l’organisation des filières, préservation de l’environnement et de la biodiversité, dessinent une
pluralité de chemins qu’il convient d’explorer à la lumière des connaissances nouvelles et des
expérimentations de terrain, tout en s’interrogeant sur les nouveaux métiers et les politiques publiques à
mettre en œuvre pour soutenir ces transitions.
Cet article est publié sous la licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0)
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