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Co-intervenir à travers le filtre de la littératie physique : le «pouvoir rouler régulièrement à vélo» - Revue Enseigner l'EPS n°287

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Soucieux de proposer une EPS de qualité (UNESCO, 2015) qui éduque les élèves à un engagement durable dans l’activité physique, l’équipe pédagogique du collège René Descartes du Blanc-Mesnil expérimente une séquence d’enseignement centrée sur l’éducation au vélo. Guidé par le concept de littératie physique et ouvert sur l’environnement grâce à une co-intervention, ce projet a pour objectif de valoriser les transports actifs, véritables opportunités d’activités physiques saines et durables. Au même titre que les objectifs «lire, écrire, compter » ou que le « savoir nager », le Gouver- nement envisage le « savoir rouler » comme un apprentissage prioritaire, mais il ne précise pas sur son processus d’enseignement. Cet article présente les étapes de construction du projet dans lequel l’enseignant d’EPS endosse le rôle d’un maitre d’œuvre de la vie physique de ses élèves, concepteur des grandes étapes de transformation permettant aux élèves de devenir actifs physiquement et pilote des coordinations entre les différents acteurs du projet. Le déroulement de la séquence, construit selon le filtre de la littératie physique, ainsi que ses effets sur les élèves, seront décrit dans un prochain numéro de la revue.
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Introduction
Soucieux de proposer une EPS de qualité
(UNESCO, 2015) qui éduque les élèves à un
engagement durable dans l’activité physique,
l’équipe pédagogique du collège René Descartes
du Blanc-Mesnil expérimente une séquence
d’enseignement centrée sur l’éducation au vélo.
Guidé par le concept de littératie physique et
ouvert sur l’environnement grâce à une co-inter-
vention, ce projet a pour objectif de valoriser les
transports actifs, véritables opportunités d’acti-
vités physiques saines et durables.
Au même titre que les objectifs
« lire, écrire,
compter »
ou que le
« savoir nager »
, le Gouver-
nement envisage le
« savoir rouler »
comme un
apprentissage prioritaire, mais il ne précise pas
sur son processus d’enseignement. Cet article
présente les étapes de construction du projet
dans lequel l’enseignant d’EPS endosse le rôle
d’un maitre d’œuvre de la vie physique de ses
élèves, concepteur des grandes étapes de trans-
formation permettant aux élèves de devenir
actifs physiquement et pilote des coordinations
entre les différents acteurs du projet. Le dérou-
lement de la séquence, construit selon le filtre
de la littératie physique, ainsi que ses effets sur
les élèves, sera décrit dans un prochain numéro
de la revue.
Mots clés : vélo - missions de l’enseignant - littératie physique
Thibaut DERIGNY, enseignant d’EPS, collège René Descartes Le Blanc-Mesnil ; doctorant laboratoire URePSSS, Université de Lille.
thibaut.derigny@univ-lille.fr
Joseph GANDRIEAU, enseignant agrégé d’EPS ; ATER Faculté des Sciences du Sport et de l’Éducation Physique de l’Université de Lille ;
doctorant laboratoire URePSSS, Université de Lille - joseph.gandrieau@univ-lille.fr
Julien GOUT, directeur du Service Jeunesse et Sport de la ville du Blanc-Mesnil - jgout@blanc-mesnil.fr
Christophe SCHNITZLER, maître de conférences, laboratoire E3S, Université de Strasbourg - cschnitzler@unistra.fr
François POTDEVIN, maître de conférences HDR, laboratoire URePSSS, Université de Lille - Francois.potdevin@univ-lille.fr
Co-intervenir à travers le filtre
de la littératie physique :
le
« pouvoir rouler régulièrement à vélo »
Ce projet est né d’une conviction commune entre trois acteurs aux statuts différents :
une EPS de qualité a pour ambition d’éduquer à l’activité physique par une étroite
collaboration entre le milieu scolaire et extra-scolaire. Enseignant d’EPS, collectivités
territoriales et enseignants-chercheurs ont pensé collectivement ce dispositif.
Les auteurs
Genèse de la littératie physique
Plusieurs définitions de la littératie physique cohabitent (Shearer, 2018), mais un consensus
Européen a émergé récemment :
« la littératie physique est l’ensemble des compétences et des
attributs que les individus démontrent par l’activité physique et le mouvement tout au long de
leur vie. Elle peut être comprise comme un processus et un résultat que les individus poursuivent
par une interaction de leurs apprentissages physique, émotionnel, social et cognitif. Quatre
domaines interdépendants soutiennent le développement holistique du savoir-faire physique
afin d’aider toutes les générations à mener un mode de vie actif, sain et épanouissant »
(PL4L,
2021). Cette définition souligne l’importance d’une formation holistique (c’est-à-dire prenant en
compte l’individu dans sa totalité) autour de quatre dimensions de manière interdépendante :
physique, émotionnelle, sociale et cognitive. Si le domaine moteur est prépondérant, la littératie
physique ne peut être réduite à ce seul aspect (Figure 1).
L’UNESCO (2004) définit la littératie comme
« la capacité à identifier, comprendre, interpréter,
créer, communiquer et calculer dans des contextes variés. La littératie implique un continuum
d’apprentissage permettant aux individus d’atteindre leurs objectifs, de développer leurs
connaissances et leurs potentiels, et de participer pleinement à leur communauté et à la société
au sens large »
. Autrement dit, la littératie représente l’habileté à interagir et à s’engager effica-
cement et durablement dans le monde qui nous entoure.
La littératie physique a été conceptualisée philosophiquement en 1993 par Margareth Whitehead
(auteure britannique), mais la première utilisation du terme date de 1927. Les 16 références
identifiées entre 1927 et 1993 évoquent les bienfaits de l’activité physique sur la santé (Kiez
et Kriellaars, 2015), mais les ancrages philosophiques de Whitehead marquent une rupture. Ils
cadrent le concept selon les fondements du monisme (le corps et l’esprit sont indivisibles), de
l’existentialisme (l’individu se définit par ses interactions avec le monde) et de la phénoméno-
logie (chaque personne construit le monde qui l’entoure à travers une perception singulière).
De nombreuses équipes de recherche internationales se sont depuis emparées de ce concept
afin d’identifier comment éduquer les populations à mener une vie active et saine physiquement
(Cairney, 2019).
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Enseignement scolaire
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L’éducation au vélo : un levier dans la lutte
contre l’inactivité physique
Les récents bilans internationaux sur l’activité
physique (AP) des jeunes sont alarmants et
démontrent que malgré les politiques de promo-
tion de la santé menées depuis une vingtaine
d’années, le taux d’adolescents inactifs reste élevé
(entre 80 et 90 %, Guthold et al., 2019). Face à cet
enjeu sanitaire et social majeur, le projet
« pouvoir
rouler régulièrement »
se construit et s’expé-
rimente au collège René Descartes du Blanc-
Mesnil (93) auprès de cinq classes de 6ème. Situé
dans un quartier prioritaire de la ville et classé
réseau d’éducation prioritaire, de nombreux élèves
sont en situation d’inactivité physique. Ce projet
éducatif ambitionne de faire évoluer les modalités
d’intervention de l’équipe EPS du collège afin de
tenter d’augmenter la portée des actions d’éduca-
tion à l’AP saine et durable.
La pratique du vélo possède les caractéristiques
idéales pour répondre aux attentes du citoyen
physiquement actif du XXIème siècle. Il représente
une opportunité permettant d’allier le manque de
temps avec la nécessité d’une AP quotidienne
pour construire et maintenir un capital de santé
optimal. Ses caractéristiques convergent avec les
appétences des pratiquants qui recherchent une
AP autonome et peu contraignante (Baromètre
national des pratiques sportives, 2019).
L’enseignement du vélo est reconnu par le
Gouvernement à travers le
« Plan vélo et
mobilités actives »
dont l’objectif est de tripler
les déplacements du quotidien à vélo d’ici
2024, en passant de 3 à 9 % :
« l’objectif est
de permettre aux élèves de circuler à vélo en
réelle autonomie à l’entrée au collège, tout en
les incitant à des mobilités actives, en toute
sécurité »
(education.gouv.fr :
« Plus de sport
à l’école, une grande priorité pour le Sport »
).
Pourtant, les élèves de notre établissement se
déplacent majoritairement avec les transports
collectifs urbains (bus) malgré la proximité entre
le collège et leurs domiciles (500 m de la cité des
Tilleuls ou encore 800 m de celle du Pont Yblon).
S’appuyer sur l’EPS pour promouvoir les trans-
ports actifs à vélo nécessite de mettre au point
une stratégie capable de générer des change-
ments comportementaux durables, en termes
d’engagement dans un mode de vie actif Le cadre
théorique socio-écologique (Bronfenbrenner,
1979), adapté à l’AP (Bauman, 2012), défend
le postulat que l’engagement durable dans l’AP
dépend de cinq corrélats interconnectés à l’image
des poupées russes (individuel, interpersonnel,
environnement, national et global). Promouvoir
une AP utilitaire et quotidienne du vélo, comme
vecteur de santé, nécessite une EPS de qualité
(UNESCO, 2015), qui se situe au carrefour des
facteurs individuels (la littératie physique) et
environnementaux (la co-intervention). Par cette
double ambition, le
« pouvoir rouler réguliè-
rement »
représente une opportunité pour les
enseignants d’EPS de jouer un rôle majeur dans
la promotion des modes de vie physiquement
actifs dans un objectif d’éducation à la santé.
Cibler les facteurs individuels de la littératie physique :
passer du
« savoir rouler »
au
« pouvoir rouler régulièrement »
L’architecture en co-intervention est pensée à
partir du concept de littératie physique. Notre
proposition s’inscrit dans l’objectif du « pouvoir
rouler régulièrement » (Gandrieau et al., 2020),
envisagé comme la capacité à identifier, puis
saisir voire provoquer, des opportunités de
pratique du vélo tout au long de la vie et en toute
sécurité. S’inscrivant dans le cycle 3 afin de
favoriser la liaison école-collège où l’enseigne-
ment du vélo est déjà présent, cinq classes de
sixième ont été sélectionnées pour participer à
cette expérimentation. La séquence d’enseigne-
ment est construite en six leçons de deux heures
et est encadrée par un enseignant d’EPS et deux
animateurs jeunesse de la ville.
La littératie physique est l’un des piliers d’une
EPS de qualité telle que la définit l’UNESCO
(2015). Penser l’intervention sous l’angle de
la littératie physique, c’est chercher simulta-
nément à développer des habiletés motrices
(pédaler, maintenir une direction, tourner,
freiner) ; chercher à inscrire ces habiletés dans
un milieu complexe en développant des compé-
Figure 1 - Modélisation de la littératie physique
selon la conception européenne (PL4L, 2021)
Photo 1 - Illustration d’une classe de 6ème expérimentant
le « pouvoir rouler régulièrement » sur le plateau sportif du collège,
en expérimentant un sens giratoire.
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Tableau 1 - Quatre dimensions de la littératie physique adaptées au
« pouvoir rouler régulièrement »
Co-intervenir pour mieux agir avec l’environnement :
le dispositif IRCA
La co-intervention :
rassembler l’équipe EPS et
les partenaires autour de la
littératie physique
Afin d’assurer une continuité pédagogique,
scolaire et extra-scolaire, la co-intervention
s’envisage par un travail conjoint autour du
concept de littératie physique entre les ensei-
gnants d’EPS, les animateurs jeunesse (BAFA
et BAFD) et la direction jeunesse de la ville
du Blanc-Mesnil. Pour ce public, la continui
s’envisage dans les structures jeunesse avec
les animateurs. Pour assurer le bon déroulement
de la séquence
« pouvoir rouler régulièrement »
,
la co-intervention favorise la coordination
matérielle (prêt de vélo) et humaine (dédouble-
ment des enseignements avec un enseignant
et deux animateurs) entre les enseignants et
le service jeunesse. Quatre étapes sont identi-
fiées afin de permettre à l’enseignant de piloter
ce projet collectif et d’assurer la pérennité de la
co-intervention : identifier, rencontrer, coordonner
et alimenter (IRCA).
Identifier des besoins
humains et matériels (I)
Peu d’élèves possèdent un vélo et le collège n’en
a aucun à disposition. Le budget alloué au collège
et à l’EPS a permis d’identifier les moyens en
termes d’équipement et les emplois du temps
ont renseigné sur les disponibilités des classes.
Lors d’un conseil pédagogique, les enseignants
d’EPS ont identifié les classes de 6ème pouvant
expérimenter une séquence d’enseignement
sur le vélo en fonction des contraintes horaires
(emploi du temps), des équipements néces-
saires (nombre de vélos) et des disponibilités des
infrastructures sportives (nombre de classe sur le
plateau sportif). Il est identifié que peu d’élèves
possèdent un vélo et que le collège n’en a aucun
à disposition. Un partenariat avec la direction de
la jeunesse du Blanc-Mesnil permet d’optimiser
les moyens matériels.
tences ; et enfin chercher à développer chez
tous l’envie de pratiquer tout au long de la vie.
Cette capacité à s’adapter amène à passer
d’un développement d’habiletés motrices à
une construction de compétences (Delignières,
2014). Toutefois, des études démontrent que le
domaine physique (« le savoir-faire ») est néces-
saire mais non suffisant pour éduquer à un
mode de vie physique durable. De Meester et al.
(2018) exposent que seuls 40 % des adolescents
ayant atteint un haut niveau de compétences
motrices atteignent les 60 minutes d’AP modérée
à intense par jour recommandées par l’OMS en
2020 pour être en bonne santé et par con-
quent que 60 % des élèves pourtant qualifiés
de
« compétents physiquement »
ne s’engagent
pas suffisamment dans l’AP. En dépassant les
compétences, la littératie physique propose une
approche holistique de l’éducation à l’AP durable
au travers de quatre domaines interconnectés :
physique, émotionnel, social et cognitif.
L’objectif de la séquence d’enseignement est de
développer les quatre domaines de la littératie
physique à travers la pratique du vélo de façon
harmonieuse : (1) développer habiletés motrices
et compétences (domaine physique), (2) favoriser
des affects positifs dans la pratique (domaine
émotionnel), (3) sensibiliser à un environnement
routier collectif et à une culture vélo (domaine
social) et (4) acquérir des connaissances
techniques sur la géographie de son environne-
ment et l’entretien de son vélo (domaine cognitif).
Enseigner l’EPS N 287 // Avril 2022
Enseignement scolaire
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Rencontrer des
partenaires (R)
À la suite de la validation du projet par la
cheffe d’établissement, nous avons proposé
une rencontre avec le directeur de la jeunesse
du Blanc-Mesnil afin d’échanger sur la mise
en place d’une co-intervention. Deux réunions
ont été organisées et ont permis d’identifier
les ressources humaines (deux animateurs
jeunesse) et matérielles (15 vélos) permettant
la réalisation du projet. Une convention forma-
lise l’ensemble des aspects administratifs et la
dimension pédagogique est construite collec-
tivement, chapeautée par l’enseignant d’EPS.
Les contenus à transmettre, les expériences
à vivre et les activités supports à déployer ont
été construits collectivement lors d’une réunion
thématique. L’enseignant d’EPS, en tant qu’expert
pédagogique et didactique des APSA, a été pilote
de la réunion.
Coordonner des équipes (C)
L’enseignant d’EPS intervient auprès des
élèves tout en endossant le rôle d’une personne
ressource qui coordonne et partage ses compé-
tences professionnelles afin d’optimiser la
complémentarité des acteurs de cette co-in-
tervention. Ce rôle de coordonnateur lui permet
d’être force de propositions et accentue ses
missions au sein de la communauté éducative,
tel un architecte de la vie physique des élèves.
Sans se réduire à une simple décision sur les
choix pédagogiques en amont de la leçon,
il coordonne aussi la gestion temporelle de la
leçon, l’adaptation des variables pédagogique
in situ
et les aménagements environnementaux.
Concevoir et (inter)agir collectivement auprès
des élèves permet de proposer un enseigne-
ment en co-intervention qui s’inscrit pleinement
dans l’objectif d’une EPS de qualité définie par
l’UNESCO (2015), c’est à dire ouverte sur son
environnement et qui vise à développer simulta-
nément l’ensemble des dimensions de la littératie
physique (domaines physique, émotionnel, social
et cognitif).
Cependant, en tant que concepteur du projet de
formation et pilote des actions à mener entre les
différents acteurs, l’enseignant d’EPS doit être
lucide sur les complexités de mises en œuvre :
des négociations sur les places et rôles de
chacun en fonction des compétences et territoires
d’intervention doivent être menés. La probléma-
tique du rejet, de substitution de l’un à l’autre
ou de concurrence de territoires doivent être des
points de vigilance afin d’éviter un partenariat
contre-productif. Mais avant tout, l’enjeu est
pédagogique et il ne faut pas perdre de vue les
bénéfices de la co-intervention pour l’élève.
Alimenter (A)
Afin de continuer à œuvrer pour une transition
vers des déplacements plus durables, cette
coordination aboutit à des réflexions sur des
aménagements territoriaux de sorte à actionner
simultanément les cinq corrélats socio-écolo-
giques pouvant favoriser l’engagement dans
l’AP (individuel, interpersonnel, environnemental,
national et global). L’implication de l’enseignant
d’EPS dans les instances décisionnaires sur des
thématiques relatives à l’éducation à la santé
favoriserait la promotion d’un environnement
construit autour du vélo avec par exemple des
pistes cyclables sécurisées et éclairées ou encore
la mise en place de parcs à vélo aux abords du
collège et vers les quartiers majoritaires dans
lesquels vivent les élèves.
En perspective, la co-intervention pourrait
permettre d’entrer davantage au contact des
parents puisque la pratique du vélo est fortement
dépendante de l’influence parentale. D’autres
leviers sont identifiés, mais n’ont pas encore été
exploités, comme un partenariat avec un club
de vélo pouvant constituer un soutien humain
et matériel et / ou demander une subvention
auprès du département. Sur le plan territorial,
il existe des conseillers sports et cultures qui
agissent bien souvent de manière isolée. L’ensei-
gnant d’EPS, en tant que
« force de conception »
pourrait s’investir dans une commission parte-
nariale entre enseignants, intervenants, élus et
cadres de l’Éducation Nationale (chef d’établis-
sement, IEN, IA IPR) visant à investir l’opération-
nalisation d’une coéducation à l’échelle locale.
Perspectives et conclusion
Cette expérimentation pédagogique illustre,
à une échelle locale, l’aune de la mutation des
missions de l’enseignant d’EPS en montrant dans
quelle mesure il est possible, pour une équipe
d’enseignants d’EPS, d’aborder concrètement
la question de la promotion des modes de vie
physiquement actifs. D’une part, le concept de
littératie physique permet de cibler les facteurs
individuels nécessaires à une éducation de
qualité en EPS. D’autre part, la co-intervention
renforce la place et le rôle de l’enseignant d’EPS
en le plaçant au-devant de la scène des promo-
teurs d’éducation à l’AP. Il endosse le rôle d’archi-
tecte de la vie physique des élèves, qui gagnerait
encore à être pensé dès la formation initiale des
enseignants d’EPS où chacun pourrait apprendre
à concevoir et mener des projets collaboratifs.
Alors que le débat sur la place de l’EPS au sein
du ministère de l’Éducation Nationale n’est plus
d’actualité, la méfiance historique des acteurs de
l’EPS sur la concurrence des compétences semble
pouvoir être dépassée, notamment si l’enseignant
d’EPS endosse ce rôle de maitre d’œuvre. Les
enjeux éducatifs et politiques semblent décisifs.
Retrouver la bibliographie complète sur notre site
Croutte P, Muller J. (2019).
Baromètre national des pratiques sportives
, CREDOC.
Delignières D. (2014). Vers une pédagogie des compétences : apprendre à gérer la complexité. In M. Quidu (Ed.),
Innovations théoriques en STAPS et implications pratiques en EPS
. pp. 478-489. L’Harmattan.
Education.gouv.fr :
« Plus de sport à l’école, une grande priorité pour le Sport »
.
https://www.education.gouv.fr/plus-de-sport-l-ecole-une-grande-priorite-pour-le-sport-306483
Gandrieau J, Derigny T, Schnitzler C, Potdevin F. (2020).
« Envisager la littératie physique pour éduquer à une vie active »
, in Revue EP&S n° 388.
UNESCO (2015). Promouvoir des politiques d’Éducation Physique de Qualité.
https://fr.unesco.org/themes/sport-antidopage/sport-education/qpe
BIBLIOGRAPHIE & SITOGRAPHIE
Documents
complémentaires
sur le site.
... Le projet « pouvoir rouler régulièrement (Derigny et al. 2022) promeut la pratique durable du cyclisme à des fins de santé, en développant le goût pour les transports actifs. Dans les programmes actuels (education.gouv ...
... L'une des principales difficultés dans l'enseignement du vélo réside dans la gestion du niveau de risque objectif lors du passage d'un milieu fermé et aménagé (cour de récréation) à un environnement ouvert et incertain (route et pistes cyclables). Afin de mieux préparer les élèves à ce niveau de complexité, un parcours à vélo leur est proposé (le Bike Challenge, Gandrieau et al., 2022), certifiant un « permis de pédaler » nécessaire aux déplacements à vélo en dehors de l'école tout en valorisant les progrès. La séquence d'enseignement est construite en six leçons de deux heures. ...
Article
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Cet article fait suite à la présentation du dispositif IRCA relatif au projet « pouvoir rouler régulièrement » dans le numéro 287 d’avril 2022. En tant que véritable opportunité d’activité physique, le vélo permet d’illustrer la mission d’éducation à la santé par l’activité physique en invitant les enseignants d’EPS à endosser un rôle d’“architecte” de la vie physique des élèves. Les principaux résultats sont encourageants : apprendre à l’élève à faire du vélo permet de développer les compétences nécessaires à un engagement durable. Ce second volet présente les résultats d’une étude sur la séquence d’enseignement « pouvoir rouler régulièrement ».
... Une perspective d'étude interventionnelle serait de faire interagir et collaborer les différents acteurs clés de ces déterminants interpersonnels et environnementaux afin de concrétiser ces interactions. Ces pistes de mise en synergie du cercle des enseignants, des parents, des amis, des éducateurs sportifs, et des acteurs politique et sociaux ont déjà fait l'objet de proposition pédagogiques dans des revues professionnelles (Derigny et al., 2022c ;Derigny et al., 2022d) et scientifiques (Berrigan et al., 2022) et seront l'objet de projet de recherche futurs. ...
Thesis
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Ce travail de thèse a pour objectif d’explorer le phénomène de résilience à l’activité physique (AP). Cadré théoriquement par les modèles bioécologiques appliqués à l’AP, l’enjeu est de mesurer la manière dont les adolescents font évoluer leur AP lors de deux transitions de vie (vers l’âge adulte et liée au confinement). Des suivis longitudinaux et des mesures par accélérométrie, questionnaires, carnets de bord et entretiens d’auto-confrontation ont permis une analyse des données selon une méthode mixte de recherche qui croise des données quantitatives (intensités d’AP lors des différentes opportunités) et qualitatives (exploration des processus conscients et inconscients liés à l’engagement dans l’AP). D’une part, nos résultats montrent que les transitions de vie amènent à des évolutions complexes de l’AP pour lesquelles des caractéristiques bioécologiques et éducatives différencient les individus résilients des non-résilients à l’AP. Les résultats mettent en avant l’importance d’une éducation adaptée à cet enjeu de santé, en identifiant les opportunités propices à l’AP et en investissant un travail collaboratif entre les acteurs. Ils supposent qu’une éducation ouverte sur les caractéristiques bioécologiques favorise la construction de la résilience à l’AP. D’autre part, nos résultats montrent que toutes les opportunités n’ont pas la même importance dans l’éducation à un comportement résilient à l’AP. Elles sont tributaires des réorganisations des modes de vie. Certaines sont essentielles pour favoriser la résilience à l’AP : leçons d’éducation physique et sportive, récréation, domicile et transports. Des réflexions sont proposées quant à l’éducation à la résilience à l’AP chez les jeunes notamment en axant les interventions sur les opportunités à identifier, saisir et provoquer.
Article
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Des preuves scientifiques solides existent quant à l’importance de la condition physique pour réduire les taux de mortalité dûs aux maladies non-transmissibles et améliorer la santé (Lang et al., 2023). Toutefois, lorsqu’il s’agit de « former à un citoyen lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué, dans le souci du vivre ensemble » (BO EPS du cycle 4, 2020), focaliser la réponse pédagogique sur la condition physique pose question. En effet, si développer la condition physique des élèves améliore leur santé immédiate, ce développement participe-t-il à un processus d’éducation à long terme pour des comportements physiquement actifs durables ?
Baromètre national des pratiques sportives
  • P Croutte
  • J Muller
Croutte P, Muller J. (2019). Baromètre national des pratiques sportives, CREDOC.
L'Harmattan. Education.gouv.fr : « Plus de sport à l'école, une grande priorité pour le Sport
  • D Delignières
Delignières D. (2014). Vers une pédagogie des compétences : apprendre à gérer la complexité. In M. Quidu (Ed.), Innovations théoriques en STAPS et implications pratiques en EPS. pp. 478-489. L'Harmattan. Education.gouv.fr : « Plus de sport à l'école, une grande priorité pour le Sport ». https://www.education.gouv.fr/plus-de-sport-l-ecole-une-grande-priorite-pour-le-sport-306483
Promouvoir des politiques d'Éducation Physique de Qualité
UNESCO (2015). Promouvoir des politiques d'Éducation Physique de Qualité. https://fr.unesco.org/themes/sport-antidopage/sport-education/qpe