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Territoires multiples, accueil pluriel : géographie sociale de l’accueil des demandeurs d’asile dans les espaces non-métropolitains

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Abstract

Cette thèse porte sur l’accueil des demandeurs d’asile dans les espaces non-métropolitains. À partir d’une géographie sociale qui interroge le triptyque acteurs-espaces-temps, cette thèse montre comment le territoire, par ses supports matériels et idéels et par le vécu de ses acteurs, produit un accueil pluriel. En retour, l’accueil, en tant que processus de création de places dans et par l’espace, participe de la reconfiguration territoriale des espaces non-métropolitains, notamment par l’émergence de nouvelles spatialités et solidarités. Par ailleurs, l’analyse du vécu du parcours migratoire des demandeurs d’asile montre que l’accueil commence bien avant l’arrivée dans les espaces non-métropolitains ; il débute dès le moment où leur pas quitte le seuil du chez-soi. La construction fragmentée de l’accueil, dans et par le vécu du parcours migratoire, se fait dans la confrontation des frontières, de la violence et de la difficulté à trouver un point d’ancrage. En considérant l’attente comme une forme productive, cette thèse met en lumière l’émergence d’un processus d’intégration temporaire durant la phase de demande d’asile. Le sens commun des engagements locaux pour l’accueil des demandeurs d’asile dans les espaces non-métropolitains réside dans l’émergence d’un chantier de construction d’une justice locale à la fois spatiale et migratoire. Cette thèse se base sur une approche qualitative, combinant des outils méthodologiques classiques (entretiens semi-directifs, cartes mentales) et quasi-expérimentaux (cartographie participative et sensible). La méthodologie de travail de cette thèse s’inscrit dans une triple réflexion éthique (ne pas reproduire des violences symboliques à l’encontre des personnes enquêtées par des méthodes propres aux administrations de l’asile en France, telles que le face-à-face discursif et les injonctions à se raconter), politique (ne pas atomiser la parole des demandeurs d’asile pour comprendre leurs aspirations spatiales et sociales), épistémologique (repenser le mode de production cartographique). Les enquêtes de terrain ont été conduites dans trois territoires non métropolitains de la région Auvergne-Rhône-Alpes, incluant des espaces ruraux et des petites villes

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Article
Cet article porte sur l’hébergement des demandeurs d’asile dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et questionne la part des espaces en déprise dans l’accueil de ces personnes. Il analyse la répartition du parc d’hébergement qui leur est dédié dans le cadre du dispositif national français Asile et intégration, à l’aide d’une base de données inédite fournie par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités Auvergne-Rhône-Alpes en 2023. Cette étude est complétée par des entretiens semi-directifs avec des responsables de centre d’accueil. L’analyse à l’échelon fin de la commune permet de faire ressortir plusieurs points. D’une part, la dynamique de dispersion du parc Asile et intégration se poursuit entre 2017 et 2022, mais tend désormais à privilégier les agglomérations urbaines au détriment des espaces ruraux et les petites villes. D’autre part, on observe une tendance à un rééquilibrage territorial du parc d’hébergement des communes en déprise vers des communes plus dynamiques.
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Incontestablement, la majorité des populations exilées réside en ville. Assurément, les petits centres urbains et les territoires ruraux sont plus souvent associés à l’émigration qu’à l’immigration. Et pourtant… La crise migratoire de 2015 a mis en lumière l’essor de formes multiples et contrastées de l’accueil des populations exilées, contraintes de s’installer dans des territoires peu coutumiers à leur présence. Qu’il soit marqué par des mobilisations anti-migrants ou au contraire animé par la solidarité des habitants, initié par les acteurs locaux ou imposé par l’État central, l’accueil des exilés en dehors des grands centres urbains est longtemps resté largement invisible aux sciences sociales du fait du prisme urbain des études migratoires. Les articles réuni de ce dossier thématique de la REMI visent à pallier ce manque. Qui accueille les exilés hors des grandes villes ? Comment ces populations sont-elles accueillies ? Quels sont les défis, les contraintes et les opportunités spécifiques à l’accueil dans ces territoires ? À partir de ces questionnements initiaux, nous avons construit, avec les auteurs de ce dossier, une réflexion sur l’accueil en dehors des espaces métropolitains. Le dossier thématique réunit dix contributions qui adoptent des approches méthodologiques diverses (quantitative, qualitative, ethnographique), émanent de traditions disciplinaires variées (géographie, sociologie, science politique, anthropologie, économie) et traitent de localités en France, Québec/Canada, Italie et Royaume-Uni. Au-delà d’une meilleure compréhension des contours nationaux de l’asile et de la réinstallation des réfugiés et de leur appropriation (ou non) par les acteurs locaux, ce dossier thématique contribue à alimenter les réflexions sur les spécificités de l’accueil et de l’intégration dans les petits milieux d’immigration. Les articles renseignent en premier lieu sur le profil de celles et ceux qui accueillent. D’une part, ils proposent une analyse renouvelée du militantisme local pro-migrant alors que celui-ci est généralement compris comme urbain. D’autre part, ces contributions soulignent la proximité inédite entre des acteurs aux parcours militants et professionnels souvent très éloignés. Cet accueil ne se fait pas sans rivalités. En plus des conflits entre les différents échelons de gouvernements engendrés par les politiques de peuplement, les articles mettent bien en exergue des concurrences moins connues qui opposent bénévoles et « professionnel·le·s » de l’accueil. Enfin, les articles réunis ici offrent un regard renouvelé sur l’expérience des multiples temporalités qui se rencontrent (et se confrontent) pour celles et ceux qui accueillent, mais aussi pour les exilé·e·s. Last but not least, plusieurs articles offrent un espace pour entendre les voix de ces populations exilées raconter de l’intérieur ces politiques de dispersion. Trop souvent réduites à silence, ces voix permettent d’appréhender les effets de ces pratiques de contrôle, mais donnent aussi à voir les mécanismes de résilience et de résistance développés par les exilés.
Article
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The schooling of asylum seeking children: new practices, new procedures, new “trades” in times of uncertainty The present paper examines how the schooling of asylum children in Switzerland challenges the educational system in a time where asylum policies collide more and more with the right to education. Semi-structured interviews were conducted with various school actors : authorities in charge of immigration issues, school directors, teachers working with newly arrived pupils and regular teachers, youth workers, social workers and members of non-profit organizations. The results show that school cannot remain impervious to the often dramatic social issues raised by asylum seeking children and document how these actors attempt to answer these pupil’s specific educational needs within and without the school realm.
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L’article vise a appliquer au cas des grandes villes sud-africaines, et plus specifiquement a celles de la Province du Gauteng, une approche en termes de justice spatiale pour l’exemplifier. Ce positionnement enrichit l’approche des inegalites spatiales qu’il ne s’agit pas seulement de mesurer et localiser mais d’analyser en termes de justice et d’injustice. Cette analyse est conduite de maniere non normative, c’est-a-dire qu’est prise en compte la diversite des definitions de la justice sociale, a la fois les definitions theoriques et les representations du juste des acteurs locaux. Ces definitions sont croisees avec un autre champ theorique, celui des theories de l’espace et c’est ce croisement qui est une avancee proposee par rapport aux travaux existants sur la justice spatiale. Pour analyser les consequences de l’organisation de l’espace en termes de justice et d’injustices sociales, en meme temps que les consequences des injustices sociales sur l’organisation de l’espace, sont revisites successivement les politiques d’apartheid, les politiques post-apartheid et le cas d’un conflit local contemporain dans un quartier peripherique de l’aire metropolitaine d’Ekurhuleni.
Article
Résumé RÉSUMÉ: Depuis le milieu des années soixante-dix, la notion d’intégration est devenue, dans les pays européens, le terme dominant du discours sur les enjeux liés à la présence des populations immigrées. La plupart des travaux scientifiques qui comparent la logique des décisions et des mesures politiques des différents pays visant à «intégrer les immigrés» considèrent les traditions et cultures politiques nationales comme les variables centrales d’une explication. À travers l’étude de l’émergence de la présence des immigrés comme enjeu politique dans quatre pays européens, cet article montre qu’il s’agit d’une vue trop simpliste: si les institutions et les cadres normatifs des différents pays ont imprégné à maints égards les politiques destinées aux immigrés, celles-ci vont également souvent à l’encontre des traditions nationales. L’explication de ce phénomène doit être cherchée dans l’ambiguïté même de «l’enjeu d’intégration», interprété dans certains cas comme une question de cohabitation interethnique, dans d’autres comme un problème socio-économique ou un enjeu urbain. Le choix d’une interprétation dépend dès lors aussi bien d’événements concrets que de la perception et des intérêts des acteurs participant à la mise sur agenda de l’enjeu. Derrière les différentes interprétations, apparaît cependant une constante: dans la plupart des cas ce n’est qu’exceptionnellement que les immigrés apparaissent sur l’agenda politique, quand les problèmes liés à leur présence sont considérés comme une menace pour la cohésion de la société toute entière.
Article
L'intégration, terme que l'auteur préfère à celui d'assimilation et d'insertion, désigne les divers processus par lesquels les immigrés, comme l’ensemble de la population réunie dans une entité nationale, participent à la vie sociale. L'intégration des immigrés est un cas particulier de l'intégration nationale. Ce processus d'intégration, par lequel se constitue la nation, est, quelle que soit l'idéologie dominante, un processus continu. La différence la plus frappante avec l’intégration aux États-Unis est que la politique nationale française continue à ne pas admettre la représentation politique des groupes nationaux en tant que tels. Ce texte est extrait de l’ouvrage la France de l'intégration. Sociologie de la nation en 1990, publié récemment par l'auteur aux éditions Gallimard (1).
Article
De 1945 à 2015, la France a essayé de définir une politique d’immigration, mais a rencontré de nombreuses difficultés pour y parvenir. Pendant les années 1955‑1974, les institutions politiques ne parvinrent pas à suivre la demande du marché du travail. Puis il y eut la crise économique de 1973. Dans les années 1980, la politique de rapprochement familial se conjugua à la montée du chômage. Les années 1990 furent un tournant avec l’européanisation des politiques nationales d’immigration et une approche de la migration de plus en plus sécuritaire. Au début des années 2000, ce furent les attaques terroristes, et en 2015 l’afflux de réfugiés et nouveaux arrivants venant travailler en France. La France, qui est le plus ancien pays d’immigration en Europe, reconnaît à peine cette réalité. Son modèle d’assimilation a viré vers l’intégration et le vivre ensemble. L’Europe influence de plus en plus le contenu de la citoyenneté. C’est en prenant en compte tous ces changements que la politique l’immigration en France doit être redéfinie.
Thesis
La thèse propose d'aborder un phénomène encore méconnu et néanmoins répandu : la présence d'habitats non-ordinaires dans les campagnes françaises. Les habitats ainsi dénommés concernent des habitats caractérisés par un écart aux normes de confort habituelles et/ou une irrégularité juridique de leur statut d'occupation (habitats sans permis). Les habitats légers (yourtes, tipis), mobiles (camions, caravanes) sont concernés ainsi que des formes en dur (granges en montagne) ou « intermédiaires » que sont les cabanes. Le parti pris de la thèse consiste à se pencher plus spécifiquement sur les espaces ruraux de faible densité afin de questionner un cas « limite » de ruralité, a priori voué au déclin, qui rencontre néanmoins une attractivité paradoxale. Le propos de la thèse conduit en effet à questionner la nature d'habitats habituellement abordés sous les thématiques de la précarité et de la marginalité, qui semblent trouver des avantages certains à l'installation dans des espaces de faible densité. Il s'agit alors ici de travailler sur les représentations et les pratiques des habitants en habitats non-ordinaires et de dépasser ainsi les stigmates qui peuvent être accolés à ce type d'habitat.La thèse s'appuie pour cela sur trois terrains situés dans la partie ouest de la France : quatre zones d'étude en Ariège, le lieu collectif Copeaux Cabana situé en Dordogne, et le hameau du Grand Pic en Haute-Vienne. Influencés par l'approche ethnographique, ils ont été effectués en immersion auprès d'une quinzaine de lieux, concernant autant des personnes habitant seules, qu'en couple, qu'en famille ou en communauté. A chaque fois les motivations, les trajectoires et les quotidiens ont été relevés afin de documenter les manières d'habiter présentes sur place. La thèse consiste dès lors en un recueil d'une diversité de manières d‘habiter relatives aux terrains étudiés, destiné, dans un second temps, à pouvoir alimenter la réflexion de l'évolution des territoires ruraux de faible densité face à des situations qui les mettent à l'épreuve, et de l'encadrement possible des habitats en situation d'irrégularité administrative.
Book
This topical book outlines the expressed rationale for dispersal policies, reviews how such policies have been implemented in the UK, Netherlands and Sweden, identifies good practice and challenges the need for dispersal. Related titles include Doing Research with Refugees (Policy Press, 2006) and Refugee Community Organisations and Dispersal (Policy Press, 2005).
Article
À partir des années 1960, suivant les mouvements contre-culturels partis des États-Unis avant de gagner l’Europe, des vagues successives de populations fuient les villes pour retourner à la terre dans les espaces désertifiés du territoire français disqualifiés par la société capitaliste, industrielle et urbaine, afin d’y vivre totalement ou partiellement d’une activité agricole. Ces « néoruraux », venus contrecarrer un exode rural plus que séculaire, sont les initiateurs d’un mouvement migratoire continu de la ville vers la campagne, qui connaît aujourd’hui, sous un double visage (« pirate » et « citoyen »), une ampleur numérique et géographique renouvelée. En stimulant l’arrivée d’autres catégories de populations néorurales au sens large, ils entraînent un « retournement » du territoire qui rend attractifs des espaces isolés et éloignés jadis répulsifs, réduisant ainsi la « diagonale du vide ». Depuis les années 1990, au terme d’un long et difficile processus d’intégration au sein de la population locale, ils ont accompli, avec les éléments les plus actifs de celle-ci, une véritable « révolution silencieuse » multidimensionnelle en matière de développement local, donnant naissance à de nouvelles campagnes, innovantes, socialement et culturellement recomposées.
Article
Comment rendre compte de l’expérience de la violence ? Dans le cadre d’une recherche doctorale, des enquêtes menées auprès de migrantes d’Afrique subsaharienne vivant avec le VIH-sida ont conduit à l’élaboration d’une définition opératoire, construite sur une base empirique distinguant violence généralisée, institutionnelle et interpersonnelle. Sans prétendre donner la bonne définition de la violence, ces distinctions permettent de révéler des processus sociaux qui structurent les trajectoires sociales et migratoires de ces femmes. Trois cas sont présentés qui illustrent la manière dont les violences pèsent sur la vie de ces femmes dans le pays d’origine, sur les routes migratoires et dans le pays d’immigration. Cette restitution permet d’en montrer les effets sur leur projet migratoire et leur état de santé.
Thesis
En France, comme dans de nombreux pays, les dernières décennies ont été fortement marquées par le dynamisme et l’étalement des métropoles, qui concentrent à la fois des fonctions décisionnelles, des fonctions productives à haute valeur ajoutée, ainsi que des populations qualifiées, et bénéficient, dès lors, d’économies d’agglomération. Si la contribution de ces métropoles à la richesse nationale est majeure, le phénomène de métropolisation tend à accentuer les inégalités territoriales. Encouragés par les récentes réformes territoriales, et notamment les lois NOTRe et MAPTAM, le renforcement du rôle des régions, leur élargissement, et l’affirmation des métropoles, posent avec encore plus d’acuité les questions du développement territorial, des territoires d’action pertinents et de la répartition des richesses au sein de l’espace régional.La région Midi-Pyrénées ne fait pas exception à ce phénomène de métropolisation tant le dynamisme, le rayonnement et la croissance urbaine de Toulouse sont notables. De plus, son hétérogénéité infrarégionale en fait un terrain d’étude favorable pour saisir les nouveaux enjeux territoriaux qu’impose ce phénomène de métropolisation : une polarisation croissante des activités, une démographie différenciée, une croissance économique freinée par la « tyrannie de la distance », une répartition spatiale inégale des qualifications et des productivités, ou encore une structure urbaine polycentrique.Aussi, aujourd’hui, réussir à combiner un dynamisme métropolitain entraînant, avec des dynamismes territoriaux différenciés, ainsi qu’une politique territoriale pertinente et coopérative, semble être le défi à relever pour tendre vers davantage d’équité territoriale.
Thesis
Cette thèse, qui vise la formalisation d’une géographie psycho-sociale, aborde le rôle de la psyché et de l’espace dans l’individuation et le rapport à l’autre, à travers l’habiter à Cadaqués, commune semi-rurale touristique de la Costa Brava espagnole, située au sein de la région catalane de l’Empordà, sur la côte méditerranéenne sud-européenne. Participant de la diversité immigrée locale, des non-nationaux extra/européens, souvent réduits au statut de travailleurs étrangers saisonniers et précaires, habitent aussi ce village, pour certains depuis longtemps. Dans cet espace partagé, traversé et riche de lignes de vies complexes, le vivre-ensemble avec autrui connaît pour autant divers compartimentages, liés à des positions sociales différenciées, et au marketing d’une prétendue authenticité autochtone. Une lecture trans-scalaire des évolutions spatiales et une approche biographique des expériences humaines permettent alors d’apprécier les transformations contemporaines du village dans la mondialisation, et les formes du co-habiter qui en résultent. Elles donnent à voir un lieu constitué de l’enchevêtrement séculaire de multiples mouvements matériels et idéels. Mais aussi des écarts, qui sont négociés entre les hommes selon des logiques communautaires mues par des intérêts variés, malgré des infortunes et des aspirations existentielles communes. L’analyse, qui s’appuie sur une enquête qualitative mobilisant un terrain ethnographique avec différents résidents interviewés, des données statistiques, de la presse locale, et l’outil cartographique, montre ainsi un quotidien animé par une pluralité d’univers. Les ferments géo-historiques d’une notoriété et d’une globalité villageoises et les enjeux actuels d’une coprésence héritée, sont mis en exergue par les migrations inter/nationales. Cette étude de cas étendue interroge donc de manière distanciée, située et ordinarisée, une participation des migrants à la localité plus souvent saisie en milieu urbain sous les angles de l’ethnicisme et de l’intégrationnisme méthodologiques. Face à une augmentation du racisme, un court-termisme politique, et une démocraticité discutable des droits à habiter et à se mouvoir en Europe et en Occident, cette thèse suggère la nécessité d’une pensée prospective et utopique renouvelée, sur une socialité respectueuse et promotrice d’altérité, et sur une citoyenneté associant ancrage et mobilité.
Thesis
Cette thèse porte sur la place dans la ville des acteurs quotidiens de la sécurité à Nairobi, au Kenya. Ces acteurs, appelés génériquement « les veilleurs » afin de signifier du même coup leur tâche professionnelle (surveiller la ville) et leur condition incertaine (« être en veille », vivre dans une forme de suspens), sont entrevus au prisme de deux groupes particuliers : les gardiens de sécurité privée aux portes des résidences de la ville planifiée et les jeunes recrues des youthgroups dans les quartiers de bidonvilles. Privilégiant une approche par les individus et le quotidien, je m’inscris dans le champ renouvelé de la sécurité, sensible depuis une dizaine d’années aux effets « micro » produits par les dispositifs sécuritaires, notamment sur les subjectivités particulières, les affects, les corps et les pratiques routinières. La capitale kenyane présente un double caractère me permettant de mettre en lumière l’acuité de la condition des veilleurs dans la ville : une fragmentation urbaine iconique, voire « cliché » en termes d’imaginaire et une atmosphère générale d’inquiétude, relative au contexte traumatique des violences politiques récentes et à l’émergence de la menace terroriste. Cette recherche s’appuie sur une méthode qualitative de type ethnographique, combinée à l’expérimentation d’une méthodologie de création poétique, afin de lever l’inhibition de la parole. Elle appréhende la condition des veilleurs à trois niveaux de lecture : la condition politique d’individus maintenus dans un registre d’ambiguïté vis-à-vis des communautés qu’ils protègent, la vie quotidienne dérivant de cette condition, enfin le sens que ces individus s’efforcent d’en extraire. Ces trois niveaux me permettent de développer une approche spatiale des concepts d’abandon, désignant cette puissance sécuritaire ambiguë qui assigne les veilleurs dans un « ni dedans, ni dehors » (sur la ligne de démarcation entre le Familier et l’Étranger) ; de vies en attente, pour souligner le poids de l’incertitude au sein de leur quotidien ; enfin de place complexe afin de signifier la puissance des imaginaires spatiaux et temporels par lesquels les veilleurs s’approprient leur condition.
Article
Si l’unique alternative au régime de fermeture des frontières actuel semble être un régime fondé sur la liberté de se mouvoir des migrants, cet horizon politique rencontre de nombreuses difficultés. Pour tenter de répondre à celles-ci, nous partons des multiples frontières étatiques et sociales dont les migrants font l’expérience à travers leurs trajectoires et indiquons autant de dimensions de luttes nécessaires à une politique de la liberté de mouvement.
Article
L’expression “tradition d’accueil” fait partie des lieux communs du vocabulaire des responsables politiques et des commentateurs de tous bords lorsqu’il s’agit de parler de l’histoire migratoire française. Or, on peine à trouver trace, au cours des décennies écoulées, d’efforts des politiques publiques ayant un réel rapport avec ce lénifiant univers sémantique de l’hospitalité.
Article
L’arrivée massive de réfugiés en Allemagne est autant perçue comme un défi que comme une chance par les décideurs publics à toutes les échelles. Il en est ainsi à l’échelle locale de Dessau-Rosslau, ville en décroissance de Saxe-Anhalt, où, dans le cadre d’une politique d’insertion par le logement, un certain nombre de logements vacants ont été mis à disposition des demandeurs d’asile. Cet article propose d’analyser, dans ce contexte local, les interactions entre les nouveaux arrivants et la société d’accueil à travers les lieux qui marquent leur itinéraire, en questionnant les deux concepts d’insertion et d’intégration. Comment ces phénomènes sociaux peuvent-ils se traduire et se mesurer dans l’espace ? Peut-on identifier des lieux qui seraient révélateurs d’un processus d’intégration pour les réfugiés ? L’étude des lieux semble finalement remettre profondément en cause le projet politique et social d’intégration socioculturelle.
Article
Refugees or migrants? The political stakes of a juridical distinction The refugee definitions that have followed one another over time are often presented as necessities, solutions developed to address the objective problems of the groups and individuals targeted by these definitions. From an analysis of the historical transformations of the category of refugee anchored in the theoretical current of the construction of the public problems and the exploitation of the sources preserved in the archives of the Ofpra , this article shows the refugee definitions that have followed one another since the construction of the international category in the interwar period, are politically located. It shows that the category is changing according to political priorities, changes in international power relations, ways of formulating problems, finding them solutions, and ideological issues specific to a period. To better understand these issues, this article proposes to examine the variations of the groups included in the refugee definition while putting them into perspective with those who are excluded, at several moments in the 20th and 21st centuries. Lastly, he proposes to focus as much on the transformations of refugee definitions over time as on the different interpretations to which the same definition has given rise, in this case that of the Geneva Convention since 1952 in France. In so doing, it shows that the refugee’s definitions speak much more about the societies that develop and implement them than about the individuals they are meant to refer to.
Article
Tout ce qui touche à l'intégration relève avant tout de la croyance, même si les discours qui la concernent se parent le plus souvent de vertus scientifiques. La mythologie qui touche au champ social de l'immigration se reflète d'ailleurs dans le vocabulaire, avec l'utilisation des termes «adaptation», «assimilation», «insertion», «intégration», chaque fois chargés de sens, de connotations parasitaires. Cependant l'intégration, dont on suspecte toujours qu'elle n'est pas totale, pas définitive, est un processus inconscient, quasi invisible de socialisation, qui ne peut être uniquement le produit d'un volontarisme politique de la société.
Article
Pays d’émigration jusqu’au début des années 1990, la Grèce est devenue un pays d’immigration avec l’arrivée des migrants albanais après la chute du mur de Berlin. L’arsenal législatif mis en place alors, basé sur l’expulsion et le contrôle aux frontières, ne peut répondre au phénomène migratoire qui émerge dans les années 2000, à savoir une migration de transit. Répression et détention deviennent des modes de gestion des flux migratoires, sous couvert d’une situation d’urgence… qui dure.
Article
Depuis le début des années 2000, la « mémoire » est devenue un outil des politiques de développement des Droits de l’homme, dans des pays en sortie conflit comme dans des démocraties anciennes, à l’échelle transnationale comme au sein de cadres nationaux. Cette évolution est régulièrement interprétée comme le signe d’une mémoire globalisée, cette « cosmopolitan memory » – portée d’abord et avant tout par le souvenir de l’Holocauste – et vecteur de diffusion des droits de l’homme. La globalisation de la mémoire des « Justes parmi les Nations » et de leur constitution en figures humanitaires exemplaires fournit l’occasion de questionner, empiriquement, ce lien apparent entre mémoire et droits de l’homme pour cerner, en amont comme en aval, ce qui est susceptible de se jouer d’autres que le «global» et «l’humanitaire» dans ces politiques dites de «la mémoire». Ce faisant, cet article croise approche néo-institutionnaliste et approche discursive des politiques publiques pour revisiter l’articulation entre dimensions stratégique, cognitive et institutionnelle au cœur des processus mémoriels.
Book
Humanisant la mondialisation et contribuant au « rapprochement du monde dans le monde », les migrations, facteur essentiel du développement humain, font aussi partie des globalisations contradictoires qui voient s'opposer objectifs politiques et impératifs économiques, sociaux, culturels et éthiques.Un monde plus fluide : élites, migrants économiques, réfugiés, apatrides, les catégories se brouillent, plaidant pour un droit à la mobilité qui remet en question les notions de frontières, de souveraineté, de citoyenneté. De nombreux pays sont aujourd'hui pays d’accueil et de départ. De nouvelles situations apparaissent : déplacés environnementaux, migrants intérieurs et pendulaires, mineurs non accompagnés, touristes, séniors au soleil, soulignant l’interdépendance d’un monde en mouvement.Réel enjeu planétaire, les migrations transforment les relations internationales, redéfinissent la souveraineté des États d’accueil, mettent en scène les États de départ, font surgir un individu acteur de sa vie, et demandent une diplomatie nouvelle faisant appel à une gouvernance mondiale et régionale des migrations.
Book
En quatre parties: La "Montagne" avant la guerre; La résistance civile; La résistance spirituelle; D'autres résistances, d'autres regards, et 25 chapitres, dus notamment, outre les 4 directeurs, à Olivier Abel, Sarah Gensburger, Serge Klarsfeld, Pierre Laborie, Perrine Simon-Nahum, etc., l'ouvrage s'efforce de proposer une multiplicité d'éclairages pour comprendre la dimension exceptionnelle, sur les plans quantitatif et qualitatif, qu'ont revêtue l'accueil et le sauvetage de juifs au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) et sur tout ce plateau marqué par le protestantisme.
Article
La réflexion sur la structure des espaces régionaux conduit à mettre en cause les notions de réseau urbain et de zone d'influence. L'analyse permet d'opposer d'une part un espace étroitement lié aux très grandes villes — l'espace métropolisé — et d'autre part l'espace intermédiaire, non-métropolisé : celui-ci est habité par la moitié de la population française. L'espace non-métropolisé est extrêmement hétérogène, généralement peu densément occupé mais révélant de multiples combinaisons rurales-urbaines héritées de l'histoire. Son destin dépend du dynamisme de ses villes : or celles-ci, après un indéniable essor, ne vont-elles pas connaître la stagnation ? Le problème, essentiel pour l'aménagement du territoire et qui intéresse l'évolution de la localisation des activités économiques, devrait être l'objet d'études prospectives approfondies.