Cette thèse porte sur l’accueil des demandeurs d’asile dans les espaces non-métropolitains. À partir d’une géographie sociale qui interroge le triptyque acteurs-espaces-temps, cette thèse montre comment le territoire, par ses supports matériels et idéels et par le vécu de ses acteurs, produit un accueil pluriel. En retour, l’accueil, en tant que processus de création de places dans et par l’espace, participe de la reconfiguration territoriale des espaces non-métropolitains, notamment par l’émergence de nouvelles spatialités et solidarités. Par ailleurs, l’analyse du vécu du parcours migratoire des demandeurs d’asile montre que l’accueil commence bien avant l’arrivée dans les espaces non-métropolitains ; il débute dès le moment où leur pas quitte le seuil du chez-soi. La construction fragmentée de l’accueil, dans et par le vécu du parcours migratoire, se fait dans la confrontation des frontières, de la violence et de la difficulté à trouver un point d’ancrage. En considérant l’attente comme une forme productive, cette thèse met en lumière l’émergence d’un processus d’intégration temporaire durant la phase de demande d’asile. Le sens commun des engagements locaux pour l’accueil des demandeurs d’asile dans les espaces non-métropolitains réside dans l’émergence d’un chantier de construction d’une justice locale à la fois spatiale et migratoire. Cette thèse se base sur une approche qualitative, combinant des outils méthodologiques classiques (entretiens semi-directifs, cartes mentales) et quasi-expérimentaux (cartographie participative et sensible). La méthodologie de travail de cette thèse s’inscrit dans une triple réflexion éthique (ne pas reproduire des violences symboliques à l’encontre des personnes enquêtées par des méthodes propres aux administrations de l’asile en France, telles que le face-à-face discursif et les injonctions à se raconter), politique (ne pas atomiser la parole des demandeurs d’asile pour comprendre leurs aspirations spatiales et sociales), épistémologique (repenser le mode de production cartographique). Les enquêtes de terrain ont été conduites dans trois territoires non métropolitains de la région Auvergne-Rhône-Alpes, incluant des espaces ruraux et des petites villes