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Cahiers « Mondes anciens »
Histoire et anthropologie des mondes anciens
15 | 2022
Lesparuresdivines
Membra disjecta?Réflexionssurlamatérialitédes
coiffesdivinesdeMésopotamiearchaïque
Membradisjecta? Some Remarks on the Materiality on the Divine Headresses
of Early Mesopotamia
CatherineBreniquet
Éditionélectronique
URL : https://journals.openedition.org/mondesanciens/3808
DOI : 10.4000/mondesanciens.3808
ISSN : 2107-0199
Éditeur
UMR 8210 Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques
Référenceélectronique
Catherine Breniquet, « Membra disjecta ? Réflexions sur la matérialité des coiffes divines de
Mésopotamie archaïque », Cahiers « Mondes anciens » [En ligne], 15 | 2022, mis en ligne le 18 janvier
2022, consulté le 21 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/mondesanciens/3808 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/mondesanciens.3808
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Membra disjecta?Réflexionssurla
matérialitédescoiffesdivinesde
Mésopotamiearchaïque
Membradisjecta? Some Remarks on the Materiality on the Divine Headresses
of Early Mesopotamia
Catherine Breniquet
Introduction
1 Parce qu’elle porte le regard, la tête est sans doute le premier élément (avec la
silhouette)parlequelonappréhendeunindividu(Coquet1994). Regard, cheveux,
sourire,maquillageparticipentainsi àl’alchimie souventmystérieusedesrelations
humainesqu’ellessoientdedomination,acceptéesousubies,oudeséduction.Tousles
peuples,sansdoute depuisdesoriginesbienlointaines,enont faitl’expérience(Le
Breton1992).Enoutre,latêteestsusceptiblededevenirlesupportd’attributsdiversou
deparures:bijoux,bandeaux,tiares,etc.quimatérialisentcettefoisspécifiquement,
commetouslesautresélémentsd’ornementationcorporelle,l’identitésociale,humaine
oudivine,decelui qui lesporte,ainsiqu’uneprotection dont l’efficacitéesttoute
magique et sans lien avec la nature des parures elles-mêmes. La Mésopotamie
n’échappepasàcetterègleetl’onrappelleraàcetteoccasioncombienIshtar,se
dépouillantdetoussesbijouxetattributsentre,vulnérable,auxEnfers,aveclerisque
denepasenrevenir(Contenau1952,p.214).
2 Pourquicroyait auxvertusdel’introduction d’uneperspectiveanthropologiqueen
archéologie,uneexpositiontrèsspectaculaireorganiséeau musée de la Fondation
DapperàParisavaitalertéla communauté des scientifiques etdesamateursd’art
premiersurl’extraordinaireinventivitédespeuplesafricainsenmatièredecoiffures,
termeentenduicidans une acception large (Falgayrettes-Leveau 2003). Recherche
esthétique,symboliquedesarrangements,complexitédescoiffesetsimplement(mais
rienn’estsimpleencedomaine)matérialitédesélémentsrapportéssurlatêtehumaine
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démontraientlecaractèrepolysémiquedecesornements.Laperspectiveoffertepartait
del’Égypteanciennepours’acheversurlesgrandescivilisationsducentreetouestde
l’Afrique.Ethnographique,historiqueetsocialetoutàlafois,cetteexpositionoffrait
aussil’intérêtdeconfronterlaoulesréalitésàleursreprésentationssculptéesetdonc,
d’alimenteruneréflexiontransversale.
3 Latablerondeorganiséeparl’UMR8210ANHIMAetlelaboratoired’excellenceHastec
sousl’égidedeFlorenceGherchanocetLouiseQuillien1aoffertl’opportunitédetraiter
laquestion,nonpastantdupointde vuedesmortels quedecelui desdieux.Dans
l’Orient ancien, on sait combien nos sources sont paradoxalement foisonnantes
lorsqu’il s’agit des textes évoquant les dieux, et maigres, lorsqu’on en vient à
rechercherladimensionmatérielledes parures divinesàtraversl’archéologie.Les
incessantspillagesetrecyclagesdesmatériauxnousobligentàcontournerladifficulté
liéeàleurabsenceententantdetrouverdansl’iconographiel’imageduréel.L’exercice
estdoublementdélicat.L’identificationdecequiestmontréest souventdifficileen
raisondesdimensionsdes objets, de leurétatdeconservationou des conventions
artistiques.Quantàlaquestiondurapportentresignifiantetsignifié,elleseheurteaux
limitesdenotre connaissance,notammentpourles périodesoùles textessontpeu
informatifs,aumomentoù l’écriture estintroduiteparexemple.En effet, nousne
connaissonsquasimentaucunestatuedivineavéréeetcomplètepourtoutel’histoirede
l’Orientancien(Spycket1968).Lesmatériauxconstitutifsdecesstatues,notammentdu
boisrecouvertdeplacagesenmétalprécieux,ysontsansdoutepourbeaucoup:lebois
disparaît, le métal est recyclé, les incrustations en pierres semi-précieuses sont
récupérées,etc. Seule,lastatueakkadienneen pierredeNarundi(ca.2100 av.J.-C.),
découverteàSuseetpartiellementconservée,faitexception(Amiet1976,p.38-39).Les
parures,quantàelles,généralementdissociéesdeleursupport,serésumentàquelques
fragmentsépars,n’offrantqu’unpâlerefletdeleursplendeurpassée…Lesdifficultés
culminentpourlespériodeshistoriqueslesplusanciennesdeMésopotamie,commeles
époques d’Uruk (ca. 3900-3100/3000) et protodynastique (ca. 2900-2340), encore
documentéesdefaçoninsuffisante.
4 L’histoiredel’Orientanciencouvretreizemillénaires,desdébutsdelasédentarisation
quiouvrentleNéolithique,jusqu’àlaconquêtedel’OrientparAlexandreen333av.J.-C.
Ladémesuregéographiqueestégalementdemise,d’IstanbulàKabuletdelamerNoire
auYémen!Sil’onréduitàlaMésopotamie(IraketSyrie)lepropos,lapermanenced’un
certainnombredetraitsculturels,commelapolaritétemples/palais,aétépointéede
longuedate(Oppenhein1970).Cemondeestinterconnectétantdansl’espacequedans
le temps. Mais une telle situation autorise-t-elle pour autant les interprétations
rétrospectivesàpartirde faitset de textesplusrécents,gommantainsi toutes les
phasesformativesettousleschangementsdesens?Onpeutendouter.Unpointfinal
radicalestmisaufonctionnementinitialdecescivilisationsdebasseMésopotamieavec
laconquêteetl’unificationparSargond’Akkadvers2340av.J.-C.auseind’unpremier
empire territorial d’envergure abolissant les liens de dépendance entre individus
remontant àla «préhistoire»récente de la Mésopotamie (Huot 2005). L’époque
d’Akkad voit par ailleurs la réorganisation et la rationalisation du répertoire
iconographiquedivin,avecdesattributsplusclairementfixés (Amiet1977).Ce sont
donclacohérenceoriginelle du mondemésopotamienpréetprotodynastique,une
approchedel’iconographiequin’estpasqu’illustrative,etsurlanécessitéd’explorer
«l’agency»divine(Gell1998)quifondentleprésenttravail.
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Premières représentations de divinités
5 Decette longuehistoiredel’Orientancien,latraditionacadémiquearetenuqueles
divinités portaient des coiffures cornues, des diadèmes, des caches-cheveux, des
casques,destiaresàunouplusieursrangsdecornes(BlacketGreen1992,p.93et
102-103).Toutefois,ladiversitéestgrandeenfonctiondesépoques.Laformuleaété
déclinéeenmultiplesvariantesdonttémoignelaclassificationlargementdiachronique
deBoehmer(1967et1971,p.416).Neconnaissantguèrelacontrepartiematériellede
cesreprésentations,il estdifficiledesavoir dansquellemesureil s’agitderéalités
tangibles, prises dans une véritable évolution chronologique ou de simples jeux
iconographiquesarchaïsants.Laquestionn’estpasanodinecarsil’ons’accordesurle
fait que l’apparition des premières divinités est solidaire de celle de la ville, de
l’écriture, de la royauté et d’une forme d’état territorial (Forest 1996), il n’existe
pourtantaucunereprésentation clairedespremièresdivinités poliadesquipourrait
inaugurerlasérie.Lessanctuaires,eux,sontbienévoquésdanslestextesarchaïques
d’Uruk(Englund1998,p.102),demêmequelenomdeladéesseInanna(Collins1994;
Asher-GreveetWestenholz2013,p.39),maisl’absence demonumentsinscritsetles
découvertes,quisonttoujours en contexte secondaire,nepermettentpasde lever
l’ambiguïtévenantdesobjetseux-mêmes2.Lecasleplusemblématiquedemeurecelui
dela«Damed’Uruk»(NöldeckeetLenzen1940,pl.1;Becker1993,pl.65à68)(fig.1).
Fig. 1 : Masque en pierre grandeur nature dit “Dame d’Uruk”.
Hauteur:20cm.Uruk,ca.3000av.J.-C.MuséedeBagdad.
D’aprèsNöldekeetLenzen1940,pl.1.
6 Masquepleinsculptéenhautreliefdanslemarbre,datantdesenvironsde3000av.J.-
C.,l’objetévoqueunvisagefémininaustylesévère,grandeurnature,quipourraitbien
êtreceluidelapremière statuedivinejamaisréalisée(ForestetGallois2006,p.23).
Plusieurscaractéristiquesenconforteraientcettelecture:lematériaud’exception,la
dimensionhumaine duvisagequitrancheavec toutcequiestconnu enmatièrede
statuairedel’époqued’Uruk,l’idéalisationduvisage,lefaitquecettedemi-têteaitété
initialementrapportéesuruneforme-supportaujourd’huidisparue,peut-êtreenbois,
commeentémoignentlesmortaisesvisiblessurl’envers,lesincrustationssansdoute
enpierresemi-précieusedesyeuxetdessourcils,lesornementsmétalliquesrapportés
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disparuségalementsurlatêteetlescheveux,etauxoreilles.Latêteappartenaitdoncà
un ensemble composite qui pourrait parfaitement correspondre aux descriptions
textuelles des statues divines ultérieures (Spycket 1968). Toutefois, les éléments
déterminantsontdisparu,qu’ilsaientétérefondus,recyclésouréutilisés.Lecontexte
secondairededécouverte,unefavissa,n’autoriseguèreuneextrapolationassurée.Le
caractère unique de cet objet exceptionnel par sa qualité interdit, de fait, toute
comparaison.Nousn’avonsainsiqu’unfaisceaud’indicesconvergents.
7 Iln’envapasdemêmeauProtodynastiqueIIetIII(ca.2800-2340av.J.-C.).Vasesen
pierre,stèles,plaquesperforées,auxquelsilfautajouterlessceaux-cylindressontles
supportsd’uneiconographieofficielleraisonnablementhomogènesurl’ensembledela
sphèred’influencesumérienne(MésopotamieetSyrie),impliquantlesreprésentantsdu
pouvoiretlesdieuxdansdesscènesdelibation,debanquet,decombat,etc.Parmiles
exemplaireslesplusremarquables,onciteralefragmentdereliefAO48dumuséedu
Louvre,lefragmentduvasereprésentantladéesseNisabaconservéaumuséePergame
deBerlin,ouencorelastèledesVautoursduLouvreetlesplaquesperforées.Sansêtre
uniformes,cesreprésentationsmontrentuneébauchedestandardisationabsentedes
époquesantérieures(fig.2).Onrepère les divinités àleur position,àleurcoiffure
cornueetàleursattributs.
Fig. 2a : Bas-relief protodynastique fragmentaire.
Tello,ca.2600av.J.-C.MuséeduLouvre,Paris,AO48.H:18,5cm.
Photo:Rama,WikimediaCommons,CCBY-SA-2.0FR.
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Fig. 2b : Vase en chlorite fragmentaire représentant Nisaba (?)
Lagash,ca.2430av.J.-C.VorderasiatischesMuseum,Berlin.H:25cm.
Photo:WolfgangSauber,WikimediaCommons,CCBY-SA3.0.
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Fig. 2c : Fragment de plaque perforée protodynastique représentant une déesse tenant des
fuseaux.
Nippur,premièremoitiéduIIIemillénaireav.J.-C.H:5cm.
D’aprèsBoese1971,no10.
8 Nombre de ces divinités semblent féminines mais cette observation ne peut être
généralisée (Boese 1971, nos8et 9;Asher-Greve et Westenholz 2013, p.39). Elles
apparaissentenpositionassise,associéesàdiversattributs,variablesenfonctiondes
scènesreprésentées,gobelet,rameau,massesd’armes(?),etc.Lecaractèrestatiquedes
imagessuggèrequenoussommesfaceàdesstatuesplusqu’àdesêtresanimés,maisla
questionfaitencoredébat(BachelotetJoannès2001,p.787).Eneffet,iln’existepasde
termepour désigner «l’art»au sens actuel du terme dans les langues orientales
anciennes,seulesdes«images»investiesd’uneformedevieparlerituelsontattestées
(Winter1992,p.13et15;Benzel2015).Celanouspermetd’envisagerplusendétail
leursparuresdetête.
Premières coiffures divines : des ensembles
composites
9 Cespremièresdivinitésprésententunetêtequiestsouventmontréedeface,surmontée
d’unecoiffurecornuespectaculaireagencéedefaçoncomplexe,dotéed’uneabondante
cheveluretombantsurlesépaules,surlapoitrineetdansledos,tandisquedessortes
decransréguliersmatérialisentune «frange»sur le front. Descheveuxenfibres
pouvaientêtreintégrésauxcoiffeselles-mêmes.Letraitementdescheveux,lui,estplus
difficileàcernerenraisondevariationsiconographiques (ondulations,hachures,ligne
médiane)pouvantrenvoyer àuneouplusieurs réalités:cheveuxdéfaitsséparésen
deuxoutroismèches, cheveux tressés,cheveuxemballésdans des bandes,boucles
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terminales,etc.Toutes cesoptionssont possibles.Danscertains cas,unepartiedes
cheveuxsembleramenéeenchignonàl’arrièredelatête(Boese1971,nos8et11),le
chignonétantmaintenuparunserre-têtecommesurlecasqueduroiMeskamlamdug
(ca.2600av.J.-C.).Cettevarianteestpeut-êtrelaplusattestéeoudumoins,cellequia
connulapostéritélapluslongue.Quelacheveluresoitvraieouposticheestunpoint
quine trouvepasderéponse(Huot1989,p.194).Onconviendraquelesartistesont
cherchéàcontournerunedifficultémajeurequiestcelledelareprésentationd’unêtre
quin’existepasetqui,desurcroît,doitporterdescornessortantleplusnaturellement
possibled’uncrânequin’enestpasnaturellementpourvu!
10 Depuisl’époqued’UrukIV,lestextesarchaïquesfontétatd’unsigneMENquidésigne
quelquechosequiestposésurlatêteetquel’ontraduitparcouronne.Cesignesemble
toujoursassociéàlasphèredivine.UnautresigneAGAsembledésignerundiadèmeou
serre-têteassociécette fois audomaineroyal(Asher-Greve 1995-1996, p.183).D’un
pointdevuelexical,l’oppositionestnette,ellesembleclairementmiseenimagesurle
reliefAO48duLouvre(fig.2a).Maisc’estbienleseulexemplepourlequelcettelecture
fonctionne.Essayonsd’endéterminerlesdifférentsélémentscarcescouronnessont
clairementcomposites(Furlong1987,pourunessaiassezinaboutideclassification).
11 Faisant abstractionde lataillesouvent réduite des représentations (de l’ordre de
quelquescentimètres)etd’unecertainevariabilitédesdessins(fig.3b),onpeutisoler:
12 -unpremiersupportposéàmêmelachevelure,cerclagecompletousimpleserre-tête,
servantàmaintenirlescheveuxenplacecommeàsupporterlesélémentssupérieurs;
-unepairedecornes quisembled’unseultenant,présentantparfoisunrenflement
central;
-desélémentsobliquesassujettissantlescornesausupport;
-deséléments végétaux(?)stylisésdisposésdepartetd’autred’un élémentcentral
trapézoïdal;
-cequel’on identifieraàun«cimier»,parfois lui-mêmesurmontéd’unepaire de
cornesoud’uncroissant(fig.3a).
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Fig. 3a : Schéma montrant l’agencement des différents éléments des coiffes divines
protodynastiques.
Dessin:CatherineBreniquet.
Fig. 3b : Détail des coiffures divines sur les sceaux-cylindres et vases en pierre protodynastiques.
Échellesdiversesenfonctiondesobjetsoriginaux(dequelquesmmàquelquescm).
D’aprèsAsher-Greve1995-1996,pl.1,p.189.
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Fig. 3c : Têtes de lion protodynastiques.
Échellesdiverses(quelquescm).
D’aprèsAsher-Greve1995-1996,pl.1,p.189.
Fig. 3d : Stèle en gypse de Ninhursag.
Mari,découvertedanslaVilleII(2500-2250av.J.-C.).H.:35,7cm.
D’aprèsMargueron2007,fig.2,p.126.
13 Cecimierestpresquetoujoursdotéd’yeuxsurdimensionnésetd’unnezbienmarqué
(fig.3c).JuliaAsher-Greve(1995-1996)aproposédel’identifieraumasquestyliséd’un
lion3(parailleursattestédansl’iconographiecontemporaine,souventassociéàl’oiseau
AnzucommesurlastèledesVautoursoulevased’Enmetena),partantd’uneanalogie
formellesimple. Enpremièreapproche,l’assimilationestd’autantplusconvaincante
quelestextesl’appuient.Ainsilescornesévoqueraientlapuissancedeladivinitépar
analogie avec la force du taureau.Le lion, quant àlui,renverrait àla splendeur
terrifiantedel’animal,et donc,àcelledeladivinité. Dans lesdeuxcas,cornes et
masqueléoninfileraientlamétaphoreanimale.Toutefois,l’iconographieresteplusou
moinspréciseenfonctiondessupportsetdesobjetsetlesdétailssontparfoispeuclairs
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ou très stylisés, de sorte que l’identification d’un masque léonin demeure très
discutable.Le cimierprendparfoislaformeschématiqued’une«tour»crénelée,ou
simplementtriangulaire,dotéd’unseulœilcyclopéen,assezéloignédanslesdeuxcas
delamorphologieféline (fig.2a). Lescornessontparfoisassimilées àuncroissant
disposéhorizontalement.Onpeutpenserquecenesontquedesdétailsliésàl’absence
deconventionsartistiquesfermementétablies,maisilnoussemblequel’onforceicila
démonstration en s’appuyant sur les textes, au mépris du motif. L’exercice de
descriptionmérited’êtrepousséplusenavant.
14 Aucune de ces coiffures n’étant connue directement par l’archéologie, le
questionnementporte surdeuxpoints:latailleréelledel’ensemblecompositeet la
naturedesélémentsqui le composent.Enpremièreapproche et ensupposantque
l’iconographie est bien réaliste et ne fait pas varier les échelles sur une même
composition,neserait-cequepourdesraisonsdelisibilitésurlesobjetsminusculesque
sontlessceaux-cylindres,lacoiffuresembleaumoinségaleàlahauteurdelatête,soit
unebonnevingtainedecentimètres.
15 Les cornes apparaissent toujours de dimensions «normales»et en position
anatomique.Àcetégard,onpeutsuggérerqu’ils’agitdevraiescornes.Toutefois,rien
n’obligeàimaginerqu’ils’agitd’uneencornureextravagantequiévoqueraitlescornes
del’aurochnéolithiquemisenscènesurlesmursdeÇatalHöyükparexemple,oucelles
dubœufàbosseouencoredubuffleoudubison.Cescornessemblentplutôtêtrecelles
d’un animal domestiqué, plutôt femelle d’ailleurs que mâle, en raison de leurs
dimensionsrelatives.Onpenseraàunevache.Uneobservationplusattentiveencore
attirel’attentionsurledômequilesreliedefaçonsystématiqueetquisuggèrequece
nesontpasuniquementlescornesquiontétérapportées,maislapartiesupérieurede
l’osfrontalquiadûêtredécoupéepourconfectionnerlacoiffe.Dèslors,oncomprend
mieuxlaprésencedes«liens»,cordesoucuir,quilesmaintiennentàleursupport,àla
jonctionducrâneetdelachevilleosseuse.Quecescornesaientétérecouvertesd’un
placageenmétalprécieux,orouargent,estfortementplausible.
16 Lesélémentsstylisés,installésdansl’espacelibreentrelescornes,noussemblent
davantagecorrespondreàdesplumes,sil’onenjugeparlecaractèreréalistede
certainesreprésentations(fig.3b).Toutefois,aucunecodificationsystématiquedeces
élémentsn’existeàcetteépoque.Unealternativepourraitêtrel’identificationcomme
rameauxvégétaux,maisellen’apportepasdavantagedecertitude.
17 Lecimier,enfin,s’écartedumasqueléoninparsonallurenettementtrapézoïdale,son
aspectanthropomorpheetsescornesqu’onnesauraitréduireàdesoreilles.Ànotre
connaissance,aucunlioncornun’estattestédansl’iconographiedecetteépoque.On
connaîtquelquestêtesdelionenreliefouronde-bosse(lionsenbronzedutemple«aux
lions»deMari,têtesdelion du temple de NinhursagàTellel’Obeid,placagesdu
traineaudePu-abiàUr),maisaucuned’entreellesneparaîtcorrespondreàunetelle
fonctiondecimier.Toutessontbienrondeset jouffluesetleurdestinationneprésente
aucuneambiguïté.Onenarriveainsiàremettreenquestionl’interprétationproposée
parJ.Asher-Greeve.
Le cimier
18 Quellepeutêtrealorslanaturedel’élémentcentraldescoiffuresdivines?D’aprèsles
caractéristiquesrécapituléesci-dessus,leseulobjetarchéologiqueconnuquipourrait
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êtreenadéquationavec celles-ci,estla«stèlede Ninhursag»découvertedansles
niveauxprotodynastiquesdeMari(Margueron2007)(fig.3d).Cettedernières’intègre
dansunepetite sériequicomprendplusieursfragmentssimilairestrouvéssurcemême
site.Jeproposequecesobjetssoientdescimiersdecoiffuresdivinesprotodynastiques.
LastèledeNinhursag offriraitl’exemplairecompletle plusspectaculaire.Plusieurs
argumentsappuientl’hypothèse:laforme générale,trapézoïdale,l’accentmissurle
hautduvisageetplusparticulièrementlesyeux,lacoiffuretresséeménageantdeux
«cornes»,labasedontlesanglesontétécoupéspourêtreinsérésdansunsupport,le
contexteenfin,àsavoirundépôtdansunepetitefossedutempleditdeNinhursagà
Mari, dont la complexité stratigraphique avait été repérée dès les premières
investigationssurleterrain(Parrot1940;BeyeretJean-Marie2007).L’objetyavaitété
déposé(etnonjeté)avecd’autres,casséetréparédansl’Antiquité(Margueron2007,
p.123).Découvertdans laVilleII,il pourraitêtreplusancien etdaterdela VilleI.
Aucundoutenepeutexistersurlecaractèreexceptionneldel’objet.
19 L’interprétationcommestèledoitresterdescriptive(ausensdedallegravéeetdressée)
car l’objet aété découvert en contexte secondaire, sans aucun autre élément
permettantdepréciserunedestinationvotive.Or,ilpourraitêtreunélémentd’untout
composite,enl’occurrenceune coiffe divinespectaculaire,dontla taille imposante
(36cmdehauteur)suggèreunestatuemonumentale,double de la taille humaine.
Rapportéeauxdimensionsd’uncrânedevache,l’hypothèseestcohérenteetplausible,
etestenoutre confortéeparcequemontre l’iconographieoùlesdieux assis sont
environdeuxfoisplusgrandsquelesmortels.
20 Récapitulons.Cespremièresparuresdetêtesdesdivinitésmésopotamiennessontdonc
bienétrangesetéchappentàtoutelectureillustrativeimmédiate.Ilestimpossibleau
premiercoupd’œildesavoiràquoionaaffaireetplusencore,defairel’adéquation
avecunmot.Dépassonsunconstataussiaffligeant.Pourautantqu’onpuisseenjuger,
cesparures detêtesontcompositesetassocientdesélémentsnaturels(osdebovin,
liensencuiroucordes, plumesouvégétaux)quiontdisparudufait deleurnature
périssableourecyclable,etd’autres,manufacturéscommelecimier,seulélément
potentiellementattestéparl’archéologie.Lemasqueanthropomorphequileconstitue
échappeaussiàtouteclassificationsimpliste.Ons’accordeàdirequ’ilévoqueun
visage, mais cette description est notoirement insuffisante. On rappellera que les
représentationsdontondisposesurlaglyptiquesonttroppetitesettropstyliséespour
permettre une identification satisfaisante et systématique des détails (fig.3b). Ce
«masque»esttoutàlafoisvisageetcorps(lesyeuxpouvantévoquerlapoitrine,etla
bouche,le sexeféminin)etn’auraitpasétédésavouéparlesartistescontemporains
commeMagritte,maisilestaussimasculinetfémininaveclaprésenced’unepossible
barbe.Ilassocieenoutrelemondeanimalaveclescervidés(?),lesoiseauxetlemonde
végétal(aveclesrameauxstylisés),etesthumainetdivin(enraisondelaprésencede
possiblescornesdanslescheveuxtressés).
21 PlusieursauteursinsistentsurlaparentédelastèledeNinhursagavecd’autresobjets
trouvésdansdesrégionséloignées,Levantetmondeibérique,dansdescontextesplus
anciens,VIeetVemillénaires(Milevskiet al.2016,Schuhmacher2013,Uehlinger2014).
Lesobjetsenquestion sontdenaturediverse:plaquesgravées enpierre,oslongs
gravés,vases,etc.Lemotifdesyeuxgrandsouvertsenestl’ornementationprincipale.
Uneobservationattentivepermetdeconstaterqu’iln’estassociéaurested’unvisage
ou àdes animaux et des végétaux que dans certains cas seulement. Les auteurs
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mentionnés insistent sur les interactions culturelles entre les régions concernées
susceptiblesd’êtremise en lumièreparladiffusion decemotifanthropomorpheà
partir du Levant (Milevski et al.2016, p.146). La chronologie de l’ensemble du
mouvementestencoreimprécisemaiss’effectueraitsurla«longuedurée»(Uehlinger
2014).Ilestpeut-êtrepérilleuxdetirertrop de conclusions diffusionnistes de ces
parallèles,saufàconclurecommeThomasSchuhmacher(2013,p.17)quel’émergence
dumotifpourraitêtreliéeàl’implantation–en Espagne–d’unatelierdetravailde
l’ivoireenprovenancedeMéditerranée.Pourbeaucoupd’artefacts,c’estbienlemotif
desyeuxquiaétéprivilégié.Onestendroitdesedemandersicelui-cineprésentepas
uncaractèreuniversel,susceptibled’apparaîtreouderéapparaîtredefaçonautonome
enplusieurs endroits.Àcetégard,lesvasesenpierredel’époqued’Uruk(Basmachi
1975-1976,no35)ou la glyptiqued’Iranoude laDiyalamontrantdes yeuxplusou
moinsstylisés(Amiet 1980,pl.18,nos292, 295,468,480,501 et681)complètentces
sériessansêtre mentionnés danslespossiblescomparaisons. Quoiqu’ilensoit, les
sériesduLevant(Hagoshrim,NeveYametEinZipporisurtout)etd’Aššur(Milevskiet
al.2016)offrentsanscontestelesparallèleslesplusconvaincants,àundétailprès:ces
objetssontminusculespar rapportàlastèledeNinhursag.Aumieux,ilspourraient
correspondreàdelointainsprototypesélaboréspardescommunautésagrairesàlafin
duNéolithiquesurunezonegéographiquevaste,auProche-Orient.Àl’appuidecette
hypothèse,onnoteraquelesplaquettes d’Aššur semblent plus anciennesqueleur
contextededécouverte:ellessontpeut-êtrenéolithiques(Milevskiet al.2016,p.143).
22 Ledécouvreurdelastèle,Jean-ClaudeMargueron,alorsdirecteurdelamissiondeMari
(Margueron2007),ainsi qued’autrescommentateurs (Schuhmacher2013,Uehlinger
2014)ontinsisté surlefaitqu’onauraitlàune possibleévocationde Ninhursag,la
«DamedelaMontagne»,ladéesse-mèresumérienne,unedesplusanciennesdivinités
connues,créatrice,mèredetoutcequivit,mentionnéedanslestextessansdoutedès
l’époque d’Uruk (ca 3900-3000), mais de façon certaine au ProtodynastiqueI
(2900-2800).Cette constatationnefaitpaspourautantdeladivinitéquiportecette
parurede têtelareprésentationdeNinhursagelle-même(oudumoinspasdefaçon
systématique).Laprudencerestedemisecar,aujeudel’analogie,onpourraitaussi
reconnaîtreunechouette (attestéesousformede figurinedèsMureybetIII:Cauvin
1978,fig.26-2,p.122)etainsiglisser versunautreregistreinterprétatif.Ilneresterait
alorspasgrand-chosedeNinhursag…Untelcimierpeutévoquerunpouvoirsuprême
dontnousignoronstout,unesortederéférenceàunelointainedivinitéoriginelledont
celuioucellequileportetireraitavantage.
23 Les autres détails iconographiques sont également sujets àdiscussion. Les cornes
notammentpourraienttoutautantévoquer unediviniténourricièreassimiléeàune
vache,quelaforcebrutedutaureausauvage.Ledoubleargumentseraitquel’onne
s’accordepassurle sensdesbucranesnéolithiques(culte du taureau,symbolesde
prestigeouévocationdelasociété)(Testart2006;ForestetGallois2006,p.24),etque
l’idéologiedespremières sociétésagrairesmet volontiersenscènela vachecomme
animaloriginel.Àtitred’exemples,onciteralareprésentationdeladéesseégyptienne
Hathor,portantunecoiffurecornueentourantledisquesolairecarlaformepremière
decettedivinitéétaitunevache,oudans ledomainedel’ethnographie,lescoiffures
fémininesdes femmesKhalkha,enMongolie,avec deschevelurespostichesformant
deux«cornes»quirenvoientexplicitementàcellesdelavachemythiqueoriginellede
leur système de pensée (Bromberger 2010, p.11). Nous ne disposons pas de tels
éclairagespourlaMésopotamieàl’époquequinousconcerne,maisonpeutciter
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l’incantationakkadiennemettantenscèneGeme-Sîn,lavachefavoritedudieu Lune
Sîn,enceintedesesœuvres.Entendantsescrislorsdelamise-bas,Sînluienvoyadeux
créatures chargées d’accomplir un rituel facilitant la naissance. L’histoire sert de
supportàunesuppliquepour que lesfemmesdonnentlavie aussi facilementque
Geme-Sîn(Veldhuis1991). Àplus basseépoqueencore,àl’époque assyrienne, c’est
IshtardeNinivequiestcomparéeàunevache,nourriceduroid’Assyrie(Parpola1997,
p.XXXVI-XLII).Commedansl’Égypte ancienne,cettemétaphoreseraittraduitedans
l’iconographiesouslestraitsd’unevacheallaitantsonveau(Keel2013)4.L’ensemblede
cesobservationsfaitainsisensàunniveaud’abstractionquidépasselamatérialitéde
l’archéologie.
24 Enfin,lesfeuillagesouplumagesentourantlescimiersdecescoiffures,pourraientsans
peinesymboliseroumatérialiserl’unionaveclesautresmondesvivants.
Couronnes divines, coiffures des mortels
25 L’observationdelacoiffuredelastèledeNinhursagavecsesdeux(?)mèchestressées
terminéespardescornesrenvoieaussiauxautrescoiffurescontemporaines,celles des
mortels.Lesreprésentationsprotodynastiquesdefemmes,toutesissuesdel’élitedela
société,montrentqu’ellesportaientles cheveuxlongs,maisrassemblésen chignons
compliqués,d’oùsortaientune,voiredeux,longuesnattesenrouléesautourdelatête
(Frankfort1939,pl.89et90;Spycket1954et1955).Lescoiffuresmasculinesinvitentà
prolongercesobservations.Quandilsn’ontpaslecrânerasé,leshommesportentces
coiffuresàchignon,avecdeuxmèchestressées,ramenéessurledevantducrâne.Ilest
étonnantque cesdeuxtressesn’aientjamaisétévues commedepossiblescorneset
donc, comme une allusion àla sphère divine. Cette coiffure est semble-t-il aussi
associéeàl’universroyal (casquedeMeskalamdug,ca.2600, têteenbronze ditede
Sargond’AkkadtrouvéeàNinive,ca.2250,parexemple)(Basmachi1975-1976,nos84et
103).Elleapparaîtaussidanslemondedivin,commel’attestelafacemythologiquede
laStèledesVautours(ca.2450)montrantle dieu Ningirsu coiffé de la sorte. Une
malencontreusecassureatoutefoisfaitdisparaîtresacouronne,cequinepermetpas
del’identifieràcoup sûr surcetteseulebase.Ce mode d’agencementdescheveux
apparaîtendemi-teintes,glissantdurépertoiredivinaurépertoireroyaloul’inverse,
defaçonplus subtile qu’onveutbienle dire. D’unpointdevue iconographique,il
fonctionnecommeunemiseenabîme.
Perspectives
26 L’ensembledeces observationsnousrenvoie semble-t-ilàdesconceptions dudivin
sanslienaveccequiexisteauxépoquesultérieuresenMésopotamie.Cequiestenjeu
estlanature«formative»,primaire,originelle,despériodessurlesquelleslepropos
estfocalisé.Ellesconstituentunmomentquenouspeinonsàsaisiràtraversnos
sources,celuidelamiseenplacedespremièresdivinitésdeMésopotamie,évoquéesau
moyend’attributsoriginels.LastèledeNinhursagrenvoiepeut-êtreàcettepuissance
desorigines.Onpourraitendiredemêmedetouslesattributs«créateurs», attestésen
d’autresendroitsdumonde,commelesobjets liésautravaildufil,quenouilleetfuseau
parexemple(Boese1971, no10;ScheidetSvenbro2003;Breniquet2008,p.373-380)
(fig.2c).Leurforme,simpleetprêtantàconfusiondansl’iconographie,nenouspermet
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pastoujoursdelesidentifieraveccertitude,onyvoitplusvolontiersdesmasses
d’armes,conformément àl’iconographie mésopotamienneplusrécente ainsiqu’au
paradigmede lecturesous-jacent.Nossourcessont encause,maisnostraditionsde
recherche aussi. Sans vouloir prôner une démarche a-historique faite de grandes
généralités,unrapprochementavecd’autresbranchesdesscienceshumainess’impose:
ethnographie,anthropologieculturelle,sciencescognitives,etc.(Pongratz-Leistenet
Sonik2015).
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NOTES
1.Jetiens àremerciertrèschaleureusementFlorenceGherchanocetLouiseQuillien
pourleurinvitationetleuraide,ainsiqueBéatriceMulleretJean-ClaudeMargueron
pourleséchangesscientifiquesautourdelastèledeNinhursagdeMari.Naturellement,
l’interprétationproposéen’engagequemoi.
2.Je laisse volontairement de côté le cas du Vase d’Uruk, maintes fois réparé,
précisémentau mauvaisendroit,celuidelacoiffuredupersonnagefémininduregistre
supérieur(LindemeyeretMartin1993,Taf.21).
3.Onnotera quelacrinièren’estpasclairementreprésentée,cequi tendàfairede
l’animalunelionne.
4.JeremercieCécileMicheletPierreVillardpourm’avoirsignalécesréférences.
RÉSUMÉS
Toutaulongdel’histoiredel’Orient ancien, les divinités ont porté descoiffurescornues,
diadèmes,caches-cheveux, casques,tiaresàun ouplusieursrangsdecornes. Onétudierales
représentations des parures de tête des premières divinités connues en Mésopotamie, aux
époquespré- etprotodynastiques(IVemillénaire-premièremoitiéduIIIemillénaire av.J.-C.).À
traversl’iconographie,ilestpossibled’avoiruneidéeconcrètedel’aspectmatérieldescoiffesde
ces premières divinités. Elles formaient des ensembles composites originaux associant des
éléments naturels et manufacturés, dont un masque anthropomorphe àla symbolique
énigmatique.L’und’euxpourraitcorrespondreàlaprétendue«stèledeNinhursag»deMari.
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InthelonghistoryoftheAncientNearEast,deitiesworehornedheadgear,diadems,haircuts,
helmets,tiaraswith one ormorerowsof horns. Thepurposeofthis paper istostudy the
headdresses of the first known images of Mesopotamian deities, during the pre and
protodynastic periods (4th millennium-first half of the 3rd millennium B.C.). Through
iconography,itispossibletohaveaconcreteideaofthematerialaspectoftheheaddressesof
these early deities. They formed unsual composite ensembles combining natural and
manufactured elements, where an anthropomorphic mask carrying an enigmatic value is
embedded.WesuggestthatthestelaofNinhursagfromMaricouldbepartofthem.
INDEX
Keywords : Mesopotamia,goddess,hairdresses,horns,Ninhursag,Mari
Mots-clés : Mésopotamie,divinités,coiffures,cornes,Ninhursag,Mari
AUTEUR
CATHERINE BRENIQUET
UniversitéClermontAuvergne
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