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GOUVERNANCE DU SECTEUR DE L’ASSAINISSEMENT À ZIGUINCHOR (SÉNÉGAL) : UN PROCESSUS PARTICIPATIF IMPLIQUANT UN JEU D’ACTEURS MULTIPLES, POUR LA PRISE EN CHARGE DES BESOINS LOCAUX

Authors:
  • université assane seck de Ziguinchor

Abstract and Figures

Résumé : Confrontée à une problématique d’aménagement du territoire et de planification d’une part et dépourvue d’une stratégie efficace d’assainissement (gestion des ordures ménagères, des eaux usées et des eaux pluviales) d’autre part, la ville de Ziguinchor au Sénégal a toutefois opté pour une gouvernance et une gestion urbaine inclusive. Dans le cadre de la décentralisation, cette politique publique mobilise l’Etat, les collectivités territoriales, les Organisations non gouvernementale (ONG), la société civile, pour mieux aborder cette problématique de la gouvernance du secteur de l’assainissement, à travers la mise en place de stratégies concertées ou non, permettant de prendre en charge les préoccupations des populations. Dès lors, il est opportun de s’interroger sur la manière dont les acteurs individuellement ou en réseau se coordonnent pour la prise en charge des besoins des populations notamment les plus démunies ? Cet article vise à analyser le rôle et l’implication des acteurs dans la prise en charge des besoins locaux notamment en termes d’assainissement de la ville de Ziguinchor. Le jeu d’acteurs intervenant dans le secteur de l’assainissement est mis en évidence grâce à des enquêtes qualitatives et quantitatives effectuées auprès des habitants, des services déconcentrés et les ONG. Parallèlement, une analyse approfondie du jeu des acteurs intervenant dans le secteur de l’assainissement a été effectuée à l’aide de la démarche MACTOR (Méthode Acteurs Objectifs et Rapport de forces). Les résultats montrent que l’État est l’acteur principal dans la mise en œuvre des orientations stratégiques en matière d’assainissement ; d’où la nécessité d’une politique inclusive de gestion urbaine à l’échelle de la commune de Ziguinchor. En outre, l’installation de l’Unité de Coordination de la Gestion solide (UCG) constitue un nouveau départ pour la mise en œuvre de circuits de collecte, de balayage et de désensablement dans la gestion des déchets solide. Enfin, la gestion de l’assainissement est marquée par une évaluation des rapports de force relevant d’un jeu d’acteurs parfois concertés ou non
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FACULTE DES SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIETE
A N Y A S Ã
Numéro spécial
Revue des Lettres et Sciences Humaines
Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés
Université de Lomé
Numéro 16
Décembre 2021
ISSN : 2312-7031
ANYASA NUMERO SPECIAL-Décembre 2021
ADMINISTRATION ET REDACTION DE ANYASÃ
Revue des Lettres et Sciences Humaines
Laboratoire de Recherches sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés
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consultées occasionnellement en fonction des articles à évaluer
ANYASA NUMERO SPECIAL-Décembre 2021
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Numéro spécial
ANALYSE CRITIQUE DES OBJECTIFS DE
DEVELOPPEMENT EN TANT QUE DISCOURS DES
NATIONS AUX NATIONS……………………………………..
Abdoulaye HAKIBOU
pp. 2-16
RESTAURATION POPULAIRE DANS LES ESPACES
TRANSFRONTALIERS OUEST AFRICAINS ET SON
IMPACT SUR LA SANTE PUBLIQUE : CAS DE
HILLACONDJI-ANEHO………………………………………..
Calice Sédodé TOFFOHOSSOU, Sotondji Benjamin
ALLAGBE
pp. 17-29
VARIABILITE CLIMATIQUE A DEDOUGOU, EN
DOMAINE SOUDANO-SAHELIEN, AU BURKINA FASO….
Sabine Amenan TONAN, Talaridia Fulgence IDANI, Jacques
KONKOBO, Dapola Evariste Constant DA
pp. 30-41
GOUVERNANCE DU SECTEUR DE L’ASSAINISSEMENT
À ZIGUINCHOR (SÉNÉGAL) : UN PROCESSUS
PARTICIPATIF IMPLIQUANT UN JEU D’ACTEURS
MULTIPLES, POUR LA PRISE EN CHARGE DES BESOINS
LOCAUX………………………………………………………...
Sécou Omar DIEDHIOU, Ibrahima BADJI, Issa FAYE,
Gomis Joseph SAMBA
pp. 42-59
GOUVERNANCE LOCALE ET COHABITATION DES
LEGITIMITES AU NIGER : ATOUTS ET LIMITES AU
DEVELOPPEMENT LOCAL…………………………………...
Mouhamadou ABOUBACAR ABDOU pp. 60-71
DECHETS SOLIDES ET LIQUI
DES DANS LES LYCEES ET
COLLEGES DE LA VILLE DE SOKODE ET LEURS
INCIDENCES SUR LA SANTE DES ACTEURS DE
L’EDUCATION ET SUR L’ENVIRONNEMENT.......................
Eyanah ATCHOLE
pp. 72-82
IMPACTS DES PRESSIONS HUMAINES ET DES
ACTIVITES AGRICOLES SUR LA VEGETATION DE LA
REGION DE TONKPI (OUEST DE LA COTE D’IVOIRE).......
Kané Vassouleymane CISSE, Zamblé Armand TRA BI pp. 83-98
IMPACT DE LA DYNAMIQUE CLIMATIQUE SUR LA
PRODUCTION DE L’IGNAME DANS LA PREFECTURE DE
L’ANIE………………………………………………………......
Koko Zébéto HOUEDAKOR pp. 99-117
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2. Notes et références
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- Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms et Nom de l’auteur, année de publication, pages
citées (B. A. Sy. 2008, p. 18) ;
- Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms et Nom de l’Auteur (année de publication, pages
citées).
ANYASA NUMERO SPECIAL-Décembre 2021
Exemples :
- En effet, le but poursuivi par M. Ascher (1998, p. 223), est « d’élargir l’histoire des
mathématiques de telle sorte qu’elle acquière une perspective multiculturelle et globale
(…) »
- Pour dire plus amplement ce qu’est cette capacité de la société civile, qui dans son
déploiement effectif, atteste qu’elle peut porter le développement et l’histoire, S. B.
Diagne (1991, p. 2) écrit
Qu’on ne s’y trompe pas : de toute manière, les populations ont toujours su opposer à la
philosophie de l’encadrement et à son volontarisme leurs propres stratégies de contournements.
Celles-là, par exemple, sont lisibles dans le dynamisme, ou à tout le moins, dans la créativité
dont sait preuve ce que l’on désigne sous le nom de secteur informel et à qui il faudra donner
l’appellation positive d’économie populaire. - Le philosophe ivoirien a raison, dans une certaine
mesure, de lire, dans ce choc déstabilisateur, le processus du sous-développement.
Ainsi qu’il le dit : Le processus du sous-développement résultant de ce choc est vécu
concrètement par les populations concernées comme une crise globale : crise socio-économique
(exploitation brutale, chômage permanent, exode accéléré et douloureux), mais aussi crise
socioculturelle et de civilisation traduisant une impréparation socio-historique et une
inadaptation des cultures et des comportements humains aux formes de vie imposées par les
technologies étrangères. (S. Diakité, 1985, p. 105).
2.3. Les sources historiques, les références d’informations orales et les notes explicatives sont
numérotées en continue et présentées en bas de page.
2.4. Les divers éléments d’une référence bibliographique sont présentés comme suit : Nom et
Prénom (s) de l’auteur, Année de publication, Titre, Lieu de publication, Editeur, pages (p.) pour
les articles et les chapitres d’ouvrage. Le titre d’un article est présenté entre guillemets, celui
d’un ouvrage, d’un mémoire ou d’une thèse, d’un rapport, d’une revue ou d’un journal est
présenté en italique. Dans la zone Editeur, on indique la Maison d’édition (pour un ouvrage), le
Nom et le numéro/volume de la revue (pour un article). Au cas où un ouvrage est une traduction
et/ou une réédition, il faut préciser après le titre le nom du traducteur et/ou l’édition (ex : 2nde
éd.).
2.5. Les références bibliographiques sont présentées par ordre alphabétique des noms d’auteur.
Par exemple :
Références bibliographiques
AMIN Samir, 1996, Les défis de la mondialisation, Paris, L’Harmattan, société, Paris,
Gallimard.
BERGER Gaston, 1967, L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF. DIAGNE Souleymane
Bachir, 2003, « Islam et philosophie. Leçons d’une rencontre », Diogène, 202, p. 145-151.
DIAKITE Sidiki, 1985, Violence technologique et développement. La question africaine du
développement, Paris, L’Harmattan
3. Le Tiré à part : les auteurs d’articles recevront gratuitement 1 (un) tiré à part en version
électronique. Pour cela, les adresses électroniques des auteurs sont indispensables. La revue
pourra leur être fournie à titre onéreux.
N. D. L. R.
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GOUVERNANCE DU SECTEUR DE L’ASSAINISSEMENT À ZIGUINCHOR
(SÉNÉGAL) : UN PROCESSUS PARTICIPATIF IMPLIQUANT
UN JEU D’ACTEURS MULTIPLES, POUR LA PRISE
EN CHARGE DES BESOINS LOCAUX
Sécou Omar DIEDHIOU, Ibrahima BADJI, Issa FAYE et Gomis Joseph SAMBA
Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal
Résumé : Confrontée à une problématique d’aménagement du territoire et de planification d’une
part et dépourvue d’une stratégie efficace d’assainissement (gestion des ordures ménagères, des eaux
usées et des eaux pluviales) d’autre part, la ville de Ziguinchor au Sénégal a toutefois opté pour une
gouvernance et une gestion urbaine inclusive. Dans le cadre de la décentralisation, cette politique
publique mobilise l’Etat, les collectivités territoriales, les Organisations non gouvernementale
(ONG), la société civile, pour mieux aborder cette problématique de la gouvernance du secteur de
l’assainissement, à travers la mise en place de stratégies concertées ou non, permettant de prendre
en charge les préoccupations des populations. Dès lors, il est opportun de s’interroger sur la manière
dont les acteurs individuellement ou en réseau se coordonnent pour la prise en charge des besoins
des populations notamment les plus démunies ? Cet article vise à analyser le rôle et l’implication
des acteurs dans la prise en charge des besoins locaux notamment en termes d’assainissement de la
ville de Ziguinchor. Le jeu d’acteurs intervenant dans le secteur de l’assainissement est mis en
évidence grâce à des enquêtes qualitatives et quantitatives effectuées auprès des habitants, des
services déconcentrés et les ONG. Parallèlement, une analyse approfondie du jeu des acteurs
intervenant dans le secteur de l’assainissement a été effectuée à l’aide de la démarche MACTOR
(Méthode Acteurs Objectifs et Rapport de forces). Les résultats montrent que l’État est l’acteur
principal dans la mise en œuvre des orientations stratégiques en matière d’assainissement ; d’où la
nécessité d’une politique inclusive de gestion urbaine à l’échelle de la commune de Ziguinchor. En
outre, l’installation de l’Unité de Coordination de la Gestion solide (UCG) constitue un nouveau
départ pour la mise en œuvre de circuits de collecte, de balayage et de désensablement dans la
gestion des déchets solide. Enfin, la gestion de l’assainissement est marquée par une évaluation des
rapports de force relevant d’un jeu d’acteurs parfois concertés ou non.
Mots-clés : Assainissement, gouvernance urbaine, décentralisation, aménagement du territoire,
Ziguinchor (Sénégal)
Abstract: Faced with a problem of land use planning and planning on the one hand and lacking an
effective sanitation strategy (management of household waste, wastewater and rainwater) on the
other hand, the city of Ziguinchor in Senegal has however opted for inclusive urban governance and
management. In the context of decentralization, this public policy mobilizes the State, local
authorities, NGOs, civil society, to better address this issue of governance of the sanitation sector,
through the establishment of concerted strategies. or not, making it possible to address the concerns
of the populations. Therefore, is it appropriate to question the way in which the actors individually
or in a network coordinate to meet the needs of populations, especially the most deprived? This
article aims to analyze the role and involvement of actors in addressing local needs, particularly in
terms of sanitation in the city of Ziguinchor. The players involved in the sanitation sector are
highlighted through qualitative and quantitative surveys carried out among residents, decentralized
services and NGOs. At the same time, an in-depth analysis of the play of the actors involved in the
sanitation sector was carried out using the MACTOR approach (Actors, Objectives and Balance of
Power Method). The results show that the state is the main actor in the implementation of strategic
directions in sanitation; hence the need for an inclusive urban management policy at the level of the
municipality of Ziguinchor. In addition, the installation of the UCG constitutes a new start for the
implementation of collection, sweeping and sand removal circuits in solid waste management.
Finally, sanitation management is marked by an assessment of the balance of power arising from a
game of actors that may or may not be concerted.
Keywords: Sanitation, urban governance, decentralization/decentralisation, spatial planning,
Ziguinchor (Sénégal)
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Introduction
Parmi les nombreux problèmes auxquels font face les villes en Afrique, la gouvernance
particulièrement celle de l’assainissement représente un enjeu majeur (Förster et Ammann,
2018). En effet, les mutations observées pendant ces quatre dernières décennies et les
nombreux défis face auxquels sont confrontées les villes africaines (croissance
démographique, urbanisation rapide, problèmes d’assainissement, gestion des ordures
ménagères, changement climatique, pression immobilière et élévation du coût des
logements, prolifération de l’habitat informel et de l’économie informelle et plus
globalement une dégradation de la qualité de vie des habitants) ont placé la gestion
urbaine1, la décentralisation2 et la gouvernance participative au cœur des préoccupations
des décideurs publics, de la société civile et de la population (ONU HABITAT, 2020 ;
JICA, 2019 ; Sow et al., 2019 ; Louki et Rouached, 2018 ; Bangoura, 2017). Ce constat
vaut au Sénégal (Gomis et Thior, 2020 ; Sow et al., 2019 ; Sané, 2016). À cet effet, le Plan
Sénégal Émergent (PSE) est le référentiel politique pour répondre à ces défis à l’horizon
2035 à travers les axes gouvernance et sécurité ; protection sociale et développement
durable (République du Sénégal, 2021). De fait, plusieurs engagements politiques
(Programme d’Assainissement et de Gestion des Eaux pluviales, Projet de Gestion Durable
des Déchets Solides Urbains) sont pris par le gouvernement sénégalais pour assurer la
gestion des déchets solides et liquides. On peut citer les Objectifs de Développement
Durable (ODD), depuis 2015, qui visent à « garantir l'accès de tous à l'eau et à
l'assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau » et pour lesquels le
Sénégal s'est engagé (Tounkara et Sène, 2020).
Plus précisément, s’agissant de la gestion du secteur de l’assainissement dans la commune
de Ziguinchor, il est important de noter qu’elle est confrontée à des difficultés d’évacuation
des déchets solides ménagères, des eaux de ruissellement pluvial du fait du mauvais
entretien du réseau (Sy et al., 2012 ; Sané et al., 2019). En effet, l’urbanisation rapide à
laquelle s’ajoute le mauvais comportement de certains citoyens fait que la gestion des
déchets solides et liquides devient de plus en plus une urgence pour l’ensemble des acteurs
impliqués dans ce secteur (Sall et Sy, 2011). D’ailleurs, la gestion des ordures ménagères
constitue également un problème pour la commune qui ne dispose pas de zone de transit et
de décharge finale (PDC, 2018 ; Badji, 2014). Tous ces facteurs, ont entrainé une situation
de vulnérabilité chez certaines populations, notamment celles résidantes les quartiers
périphériques (Diabir, Kandialang, Kenya, Lyndiane, Coboda, Néma). Dès lors se posent
des problèmes de gestion urbaine qui se manifestent par une insalubrité notoire dans
certains quartiers, un étalement incontrôlé du tissu urbain et des difficultés de raccordement
aux réseaux existants.
À cet effet, il est important de comprendre le jeu des acteurs locaux dans le développement
des stratégies pour améliorer le système de l’assainissement urbain à Ziguinchor. Ceci
passe avant tout par une identification des différents acteurs qui interviennent dans la
1 La gouvernance urbaine correspond « à l’environnement favorable nécessitant des cadres juridiques adéquats, des
processus politiques, d’administration et de gestion efficaces pour permettre aux gouvernements locaux de répondre aux
besoins des citoyens. Elle renvoie aux différentes façons dont les institutions et les individus assurent la gestion quotidienne
de la ville ainsi qu’aux processus mis en œuvre pour réaliser efficacement les objectifs à court et à long terme du
développement urbain » (ONU-Habitat). https://fr.unhabitat.org/gouvernance / consulté le 25 juin 2017.
2 Pour le Sénégal, la décentralisation consiste à un transfert de compétence spécifique par l’État aux collectivités territoriales
et des ressources financières appropriées. À titre illustratif, le Sénégal a placé l’acte III de la décentralisation au cœur des
préoccupations nationales et locales, pour faire face à l’urbanisation rapide et à ses externalités négatives. Ainsi, le point
d’ancrage de la politique de décentralisation à savoir la communalisation intégrale, pose débat. Ainsi, les communes et les
départements rassemblent désormais, dans le cadre de l’Acte 3 de la décentralisation ou Schéma de cohérence territoriale des
documents tels que le Plan de développement communal, le Plan de Développement départemental, qui s’élaborent à partir
du plan national d’aménagement et de développement territorial, qui définit les politiques d’aménagement du territoire. Cette
ingénierie ou intelligence territoriale (Sow et al., 2019 ; Di Méo, 2014) renforce l’implication des acteurs de la ville
(collectivité territoriale, élus, ONG, citoyen, etc.) sur de larges portions de territoires.
NUMÉRO SPÉCIAL ANYASA-Décembre 2021
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gouvernance et le développement urbain à Ziguinchor. La combinaison de l’ensemble des
éléments soulignés au sein de la ville de Ziguinchor (urbanisation rapide, problèmes
d’assainissement, gestion de déchets ménagers, etc.) renvoie à la problématique des enjeux
liés à la gouvernance urbaine. Ce travail postule que des individus individuellement ou en
réseau coordonnent dans la prise en charge des besoins des populations, notamment les
plus démunies dans la commune de Ziguinchor. Le présent article a pour objet d’analyser
le rôle et l’implication des acteurs dans la prise en charge des besoins locaux notamment
en termes d’assainissement de la commune de Ziguinchor. Les résultats montrent que
l’État est l’acteur principal dans la mise en œuvre des orientations stratégiques en matière
d’assainissement ; d’où la nécessité d’une politique inclusive de gestion urbaine à l’échelle
de la commune. En outre, l’installation de l’UCG constitue un nouveau départ pour la mise
en œuvre de circuits de collecte, de balayage et de désensablement dans la gestion des
déchets solide. Enfin, la gestion de l’assainissement est marquée par une évaluation des
rapports de force relevant d’un jeu d’acteurs parfois concertés ou non.
1. Méthodologie basée sur une approche qualitative, quantitative combinée à la
démarche MACTOR pour examiner la gestion de l’assainissement à Ziguinchor
Dans les lignes suivantes, seront présentées la zone d’étude et la méthodologie utilisée pour
analyser le rôle et l’implication des acteurs dans la prise en charge des besoins locaux
notamment en termes d’assainissement de la ville de Ziguinchor.
1.1. Ziguinchor, une ville marquée par une urbanisation rapide, mal maîtrisée et une
croissance démographique qui engendre des problématiques d’assainissement
Située au sud-ouest du Sénégal à 450 km de la capitale Dakar, la ville de Ziguinchor est
localisée entre les méridiens 16° et 17° et les parallèles 12° et 13° avec une élévation
moyenne de 19,30 m. Elle est limitée au nord par le fleuve Casamance, à l'est par le marigot
de Boutoute et à l'ouest par le marigot de Djibélor et au sud par la commune rurbaine de
Niaguis (carte n°1).
Carte n°1 : Situation géographique de la commune de Ziguinchor au Sénégal
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Elle est marquée depuis plus de deux décennies par une croissance urbaine d’une forte
intensité qui engendre des problèmes d’assainissement. Sa population est désormais
estimée à 289 904 habitants en 2018 contre 124 283 en 1988 (ANSD, 2018), soit 165 621
habitants de plus en 30 ans.
Cette croissance démographique crée des besoins inédits, notamment en termes d’emploi,
d’accès aux soins, de logements décents, de parcelles constructibles, de mobilité,
d’alimentation, de gestion des déchets ménagère, des eaux pluviales, etc. (Diédhiou et al.,
2019 ; Gomis, 2021).
1.2. Usage des enquêtes qualitatives, quantitatives combiné à la démarche MACTOR
pour analyser le jeu d’acteurs intervenant dans la gouvernance du système
d’assainissement urbain
Le présent travail privilégie les enquêtes qualitatives (entretiens) et quantitatives
(questionnaires) et l’observation in fine pour appréhender les enjeux de la gouvernance
urbaine à travers la problématique de l’assainissement. Les différents acteurs ciblés sont
les ménages, le maire et le conseil municipal ; l’Etat à travers ses Services déconcentrés,
les ONG et la population à travers les conseils de quartier et les Organisations
communautaires de Bases (OCB). Le choix des quartiers à enquêter n’est pas fortuit, car
durant les visites et lors des phases d'observation de terrain nous avions pu identifier les
quartiers les plus exposés à la problématique de l’assainissement et la gestion des ordures
ménagères. De ce fait, cinq quartiers ont été choisis selon leur poids démographique. Pour
la constitution de l'échantillon nous avons utilisé la formule suivante : l'échantillon obtenu
à partir de la technique d'échantillonnage par quotas est donc constitué de 95 enquêtés sur
la base d’un pas de sondage de 2 (tableau n°1). Le questionnaire est adressé aux chefs de
ménages et a porté sur les problèmes d’assainissement, la gouvernance urbaine et
participation populaire, etc.
 (  é)    ()

Tableau n°1 : Échantillonnage des enquêtes dans les cinq quartiers
Quartiers
Nombre de ménages
Effectifs enquêtés
P
as de sondage
Coboda
1
000
20
2
Diabir
350
7
2
Kandialang
1
500
30
2
Kenya
300
6
2
Néma
1
600
32
2
Source : ANSD, 2014 ; ANSD, 2018.
Le guide d’entretien est adressé aux personnes ressources telles que des membres du
conseil municipal de Ziguinchor, les chefs des services déconcentrés de l’État (Cadastre,
Urbanisme, Service départemental de l’action social, etc.), les représentants d’ONG, les
présidents des Associations sportives et culturelles (ASC) et des conseils de quartier. Au
sortir de ces entretiens, on est en mesure d’évaluer le rôle de chaque acteur dans la prise de
décisions concernant la mise en œuvre de stratégies de gestion des déchets au niveau de la
ville de Ziguinchor, mais surtout dans les quartiers périphériques défavorisés. Finalement,
15 personnes ressources ont été interrogées.
En complément, la démarche MACTOR a été utilisée pour analyser le jeu d’acteurs
intervenant dans la gouvernance urbaine notamment dans le cadre de la mise en œuvre du
système d’assainissement urbain. La démarche vise à définir une matrice des alliances entre
acteurs d’un domaine. C’est une méthode qui permet de modéliser les interactions entre les
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46
différents acteurs intervenant dans un secteur de politique publique. Chaque acteur3 a une
identité, un projet et des moyens d’action propres, organisés dans une stratégie pour
atteindre les buts et les objectifs qu’il s’est fixé pour les faire aboutir (Lavigne Delville,
2000). L’objectif de la méthode est d’estimer les rapports de force entre les acteurs et
d’étudier leur convergence et divergence, sur des objectifs relatifs à des enjeux donnés
(Godet et Durance, 2011, Godet, 1991).
Cette analyse est essentielle pour mettre en évidence les enjeux stratégiques et les questions
qui pourraient être décisives pour l’avenir de l’assainissement dans la ville. C’est dans ce
sens que Badji (2014) a utilisé la méthode MACTOR pour comprendre le jeu des acteurs
qui intervient dans le secteur de l’assainissement dans la ville de Ziguinchor. L’utilisation
de la méthode exige un consensus de la part des différents acteurs. Ce qui permet
d’harmoniser les interventions au niveau local, régional, national voire sous régional. C’est
dans cette optique qu’a été organisé des réunions et des focus groups avec les différents
acteurs (agents des collectivités territoriales, urbanismes, cadastres, services de
l’assainissement, du domaine, de la planification, ONG, société civile) impliqués dans la
gestion de la gouvernance et l’assainissement. Ceci dans le but de recueillir le maximum
de données afin de faire une analyse exhaustive des convergences et divergences des
acteurs. Ce processus permet de poser le futur de l’assainissement en lien avec
l’aménagement du territoire.
Figure n°1 : Résumé des étapes de la démarche MACTOR
Source : Sarr, 2016.
Cette démarche permet de déceler l’attitude des acteurs devant un enjeu de longue date.
Avant d’en arriver à ce stade, il est important d’identifier localement les principaux acteurs
qui concourent à définir les politiques d’assainissement et d’aménagement du territoire.
3 Un acteur est un groupe homogène ayant des objectifs et des moyens d’action communs et mettant en œuvre une même
stratégie et affichant un rapport de force face aux autres acteurs ».
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Notre analyse oblige à étudier les acteurs les plus visibles dans le système. Il s’agit
notamment des acteurs institutionnels (Service régional de l’assainissement, Service de
l’urbanisme et de la Planification, Service du cadastre et du domaine), des acteurs
décentralisés/municipaux (Maires, élus du conseil municipal), les ONG, les ménages, etc.
La méthode MACTOR présente l’avantage d’avoir un caractère très opérationnel pour une
grande diversité de jeux impliquant de nombreux acteurs vis-à-vis d’une série d’enjeux et
d’objectifs associés. Cependant, la méthode comporte un certain nombre de limites,
notamment concernant le recueil de l’information nécessaire (Sarr, 2016). On observe
une réticence des acteurs à révéler leurs projets stratégiques et leurs moyens d’action
externes. Il existe une part irréductible de confidentialité (on peut néanmoins procéder à
d’utiles recoupements).
Par ailleurs, la représentation d’un jeu d’acteurs sur la base de cette méthode présuppose
un comportement cohérent de chaque acteur par rapport à ses finalités, ce que dément
parfois la réalité. La démarche cherche à visualiser, les objectifs, les alliances et conflits
entre acteurs, tout en considérant leurs rapports de force. Cette démarche a pour but de
fournir à un acteur (aux décideurs par exemple) une aide à la décision pour la mise en place
de sa politique d’alliances et de conflits. La figure n°1 montre que la démarche MACTOR
comprend sept phases essentielles :
Phase 1 : Construire le tableau « stratégies des acteurs »,
Phase 2 : Identifier les enjeux stratégiques et les objectifs associés,
Phase 3 : Positionner les acteurs sur les objectifs, Repérer les
convergences/divergences (positions simples),
Phase 4 : Hiérarchiser pour chaque acteur ses priorités d’objectifs (positions
valuées),
Phase 5 : Évaluer les rapports de force des acteurs,
Phase 6 : Intégrer les rapports de force dans l'analyse des convergences/
divergences entre acteurs,
Phase 7 : Formuler les recommandations stratégiques et les questions-clés de
l'avenir.
2. Résultats : Rôle de l’État et de la Commune dans la gestion urbaine à Ziguinchor
Dans les lignes suivantes, seront abordées les orientations stratégiques de l’État, le rôle et
les actions du conseil municipal en matière d’assainissement.
2.1. L’omniprésence de l’État dans les orientations stratégiques en matière
d’assainissement
L’urbanisation rapide dans la commune engendre des problèmes d’ordres sociaux,
environnementaux et économiques. La résolution de ces problèmes passe par une gestion
urbaine qui inclue des acteurs à différents échelons : État, collectivités territoriales, socié
civile, etc. Dès lors, cette gouvernance urbaine constitue un chemin à un développement à
la base, puisqu'elle s'inscrit dans un contexte marqué par la décentralisation voire la
territorialisation des politiques publiques. Ainsi, la gestion urbaine est une pratique qui
consiste à organiser l’espace urbain. Elle traite d’une manière générale des questions telles
que les politiques sociales et environnementales, l’équipement et les transports publics, les
politiques foncières, les finances et l'administration municipale. Les conséquences de
l’urbanisation sont à l’origine de nombreuses défaillances constatées dans l’organisation
des services publics, notamment celle de l’assainissement à Ziguinchor. Dans cette ville, le
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phénomène d’urbanisation pose sans cesse des problèmes aux responsables administratifs
communaux et surtout aux populations. Comme l’indique un chef de ménage rencontré en
2019 à Kandialang :
« Je réside dans la ville de Ziguinchor depuis plus de 50 ans. Malheureusement, je constate
que l’État est le principal acteur dans la gestion de l’assainissement. Par exemple, le
PROMOVILLE un programme du gouvernement sénégalais pour les villes a mis en place
un réseau d’assainissement collectif à Ziguinchor. Pour moi, bien que des compétences
soient transférées aux collectivités territoriales, L’État central contrôle la gestion de
l’environnement urbain. À mon avis, bien que des efforts considérables restent toujours à
faire dans le domaine de la gestion des déchets solides et des eaux pluviales, des actions
significatives ont été effectuées dans le but d’atténuer les problèmes des populations. Par
contre, je suis persuadé que l’implication des populations organisées en ASC, OCB et en
conseils de quartier permettrait aux quartiers les plus défavorisés (Diabir, Kandialang,
Lyndiane, etc.) d’accéder aux services sociaux de base, notamment en ce qui concerne
l’accès à l’assainissement ».
Un autre chef de ménages rencontré en 2019 à Lyndiane affirme que :
« Je pense que l’intervention des projets et programmes de l’Etat et ses Services
déconcentrés plombe la visibilité de la municipalité de Ziguinchor dans la gestion de
l’assainissement. En effet, l’État doit confier le budget des programmes à la municipalité
pour une gestion participative et efficace de l’assainissement dans la ville. À mon avis, la
municipalité est l’instance la plus légitime pour exercer une telle gestion de proximité ».
En synthèse, à Ziguinchor, dans le domaine de la gouvernance urbaine nous pouvons entre
autres distinguer les Services déconcentrés de l’État telles l’action de l’urbanisme et l’Uni
de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG) dans le domaine de
l’assainissement (tableau n°2).
Tableau n°2 : Intervention de l’État et de ses services déconcentrés dans la
commune de Ziguinchor
Acteurs
D
omaines
d’intervention Politiques/Programmes Objectifs
État Tous les domaines
-
Étendre sur tout le territoire national les
différentes politiques de réduction de la pauvreté
et d’harmonisation du développement (DSRP,
SCA, PNAT, PDU, PSE, ACTE 3 et
Assainissement) ;
- Accompagner le développement à la base par la
mise en place du PNDL ;
-Financement de la décentralisation (fonds de
dotation).
Atteindre les ODD
en matière
d’éducation, de
santé, de gestion des
ressources naturelles,
d’assainissement et
d’habitat.
Urbanisme
Urbanisme,
construction,
lotissement,
restructuration.
-
Révision du Plan directeur d’Urbanisme,
- Terminer le lotissement du quartier de Djibock
- Arrêter l’avancée sauvage des constructions
surtout dans les quartiers périphériques.
Conduire la politique
étatique en matière
d’urbanisme dans CL
UCG
Gestion des déchets
solides ménagers et
amélioration du
cadre de vie
- À travers le PNGD, l’UCG appuie la
commune à la maîtrise de la gestion des déchets
Améliorer la cadre de
vie dans la commune
et mettre en place un
système de gestion
pour la maîtrise des
déchets
Source : Données de l’enquête, S.O. Diédhiou 2021.
De manière générale, l’État, acteur principal de la production et de la gestion des espaces
urbains est le seul qui ordonne les exécutions en matière de l’assainissement notamment
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des déchets solides. En revanche, la municipalité et certains Services déconcentrés jouent
le rôle d’acteurs relais dans la gestion des ordures ménagères. De ce fait, l’organisation de
la gestion des ordures ménagères doit constituer une des priorités des problèmes à résoudre
par les municipalités.
2.2 Rôle et actions de la municipalité face aux multiples menaces qui pèsent sur
l’environnement
La réforme de 1996 en matière de décentralisation au Sénégal a donné aux collectivités
locales deux principes fondamentaux : la libre administration et l’autonomie de gestion. De
plus, l’État a procédé au transfert de compétences à ces collectivités. Désormais avec ces
pouvoirs, les collectivités locales vont conduire leur propre destinée, dans la mesure où
elles président les différents travaux qui concernent la mise en œuvre des plans de
développement de leurs localités. Dans la commune de Ziguinchor, la mairie a commandité
des travaux qui ont abouti à la mise en œuvre du plan de développement communal (PDC),
achevé en 2018. Ce document fait une monographie et un diagnostic territorial de la
commune en précisant les différents secteurs d’activités et déroule les différentes options
stratégiques en vue d’une harmonisation du développement. Un agent municipal rencontré
en 2019 indique que :
« Des initiatives sont entreprises par l’équipe municipale avec l’appui de ses partenaires
et des Services déconcentrés de l’État, pour pallier les déficits constatés dans le secteur de
l’assainissement. Dans ce sens, un réseau de récupération et de traitements des eaux usées
est en cours de réalisation avec l’Office Nationale de l’Assainissement du Sénégal (ONAS).
Aussi, une station de traitement et de valorisation des boues de vidanges et un système
d’amélioration des latrines dans les ménages sont en cours de mise en œuvre. À noter que
les programmes PROMOVILLE et PACASEN dont la ville est bénéficiaire intègrent dans
leurs plans d’aménagements routiers le facteur Assainissement ».
Le secrétaire municipal rencontré en 2019 indique que la municipalité commence à réaliser
des actions prioritaires pour améliorer l’environnement urbain :
« Depuis 2018, la mairie de Ziguinchor en collaboration avec PACASEN est en train
de mettre en place des équipements de collecte des ordures ménagères dans toute la
commune avec un coût financier de 200 000 000 F CFA. Aussi, la mairie déroule en
partenariat avec l’État, l’ONUDI et le PRODEMUD un projet de Gestion des déchets
municipaux solides et des déchets dangereux. Il est à noter que ce programme s’élever
à 9 515 093 000 de F CFA. En parallèlement, le conseil municipal a acté un programme
de sensibilisation et de formation des populations dans gestion des ordures ménagères
et la mise en place d’une unité de traitement des déchets dans tous les quartiers de la
commune. Ce programme ambitieux et novateur est porpar le Service Canadien
d’Appui aux Organisations (SACO /CESO) et le PRODEMUD. En outre, la
municipalité a entrepris la construction de canaux d’évacuation des eaux pluviales dans
les quartiers Kénia, Kandé, Kandialan, Djibock et Diéfaye. Le PACASEN est le maitre
d’ouvrage de ces infrastructures de gestion urbaine ».
Ainsi, depuis 2018, la mairie a effectué des travaux dans le domaine de l’assainissement
(tableau n°3).
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Tableau n°3 : Actions et réalisation du Conseil Municipal en matière d’eau,
d’assainissement et gestion des ordures ménagères (2018-2020)
A
ctions
Q
uartiers
Collecte des ordures (hebdomadaires)
Boucotte Centre, B
Dotation en matériel (UCG/Mairie)
Tous les quartiers
Collecte des ordures (seulement Boudody Escale)
Boudody Escale
Évacuation des ordures ménagères du marché Tiléne Tiléne
Construction de trois canaux d’eaux usées et pluviales
Boucotte Sud
Opération d’assainissement
Djiringho
Raccordement au réseau hydraulique
Boucotte Sud
Adduction en eau
Kansahoudy
Source : Mairie de Ziguinchor, PDC 2018-2024.
Face aux multiples menaces qui pèsent sur son environnement, le conseil municipal de
Ziguinchor se lance dans la mise en œuvre d’un Plan directeur d’Assainissement (PDAZ)
pour la commune. Financé par la Banque africaine de Développement (BAD), ce plan vient
appuyer l’État du Sénégal dans la lutte contre la pauvreté et aussi dans l’atteinte des
Objectifs de développement durable (ODD) en matière d’eau potable et d’assainissement.
Dans ce plan, les autorités se sont fixé plusieurs objectifs. Dans un premier registre, il s’agit
d’atteindre d’ici 2021 un taux allant de 45 à 72 % pour la gestion des excréta, et 15 à 72 %
pour la gestion des eaux grises. Dans un second registre, diminuer de moitié entre 2018 et
2025 le taux de ménages non couvert, ce qui signifie passer d’une couverture de 72 à 86 %
pour la gestion des eaux usées et excréta.
3. De la nécessité de la mise en place d’une politique inclusive de gestion urbaine dans
la commune de Ziguinchor
La commune est marquée depuis plus de deux décennies par une augmentation rapide de
la population. Cette croissance démographique crée des besoins inédits, notamment en
termes d’emploi, de gestion des déchets ménagère, des eaux pluviales, d’habitat, de
mobilité, et d’alimentation, etc. La commune accueille 82,13 % des citadins de la région
(Sy et Mballo, 2020). Ce taux élevé de citadins implique une mise en place d’une politique
participative de gestion urbaine notamment dans le domaine de l’assainissement, ce qui va
favoriser une recomposition de l’espace urbain.
3.1. La dissolution de l’APROSEN accentue les difficultés dans la gestion des déchets
solides
Les autorités étatiques et municipales ne sont pas parvenues à mettre en place une politique
pouvant atténuer les conséquences négatives liées à ce phénomène d’urbanisation. Au fil
des années, les difficultés liées à cette problématique s’accumulent, entrainant par la suite
de réels problèmes de gestion urbaine dans la ville de Ziguinchor. L’augmentation du taux
de pauvreté et la perturbation de l’environnement physique urbain sont entre autres les
conséquences de cette crise urbaine. La mise en œuvre du budget participatif de la
commune de Ziguinchor a permis aux autorités de s’imprégner de la réalité qui prévaut au
niveau des quartiers. Les représentants des délégués de quartiers ont en effet exprimé aux
membres du conseil municipal, ainsi que les partenaires au développement, les besoins de
leurs quartiers. Les différentes requêtes posées par les représentants des populations à la
base ont été étudiées et mises ensuite par ordre de priorité. Ces besoins prioritaires tournent
autour des secteurs suivants : assainissement et désenclavement.
La situation environnementale de la ville de Ziguinchor est contraignante. L’état de
l’écosystème urbain se manifeste par une dégradation continue. Malgré la création de
l’Agence de la propreté du Sénégal (APROSEN) depuis 2006 pour soulager les populations
sénégalaises, la gestion des déchets a toujours été un problème dans la ville. Avec la
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dissolution de cette agence par le Décret n° 2011-1920 du 30 novembre 2011, les
populations étaient laissées à elles-mêmes. Il était alors perceptible de voir des tas
d’immondices, des dépôts sauvages, des caniveaux bouchés d’ordures, sans oublier les
incinérations dans les quartiers de Belfort, Diabir, Kandianlang, Kenia, Tiléne, Santhiaba,
Lyndiane, etc. La gestion des déchets étant une compétence transférée par le Code des
Collectivités locales, les autorités municipales n’ont pas pu assurer un cadre de vie saine
dans la commune. Les résultats des enquêtes de terrain démontrent parfaitement les besoins
prioritaires exprimés par la population (figure n°2).
Figure n°2 : Les besoins prioritaires exprimés par les chefs de ménages (%)
Source : Enquête de terrain, 2021.
Il convient de préciser que l’assainissement regroupe ici les déchets solides et liquides.
Dans l’entendement des populations, ils sont liés. Mais dans le cadre de la gestion, l’État
et les collectivités territoriales font le discernement. L’analyse de la figure révèle que la
principale préoccupation des populations était liée à un manque d’installation d’un système
d’assainissement dans presque la totalité des quartiers. À titre illustratif, ce secteur était
marqué par une absence d’infrastructures et d’équipements pour l’évacuation et le
traitement des déchets solides et liquides. Le système de canalisation existant se trouvait
dans un état défectueux (96 % des cas). Ainsi, ce système ne permettait pas d’évacuer de
manière efficace les eaux usées et pluviales. La gestion des ordures était confiée à
l’APROSEN alors que l’Office National de l’Assainissement au Sénégal (ONAS) s’occupe
des eaux usées. Cependant, pour résoudre ces difficultés, l’installation en 2014 de l’Unité
de coordination de la gestion des déchets solides marque un nouveau départ.
3.2. L’installation de l’UCG un nouveau départ pour la mise en œuvre de circuits de
collecte, de balayage et de désensablement dans la gestion des déchets solide
Depuis 2011, la gestion des déchets solides est confiée à l’Unité de Coordination de la
gestion des déchets solides (UCG). Elle s’est installée à Ziguinchor en 2014. Depuis lors,
le système est pérennisé avec enlèvement des dépôts sauvages, collecte domiciliaire sur les
grands axes, balayage et désensablement des artères principales (carte n°2).
45
28
16
11
0 10 20 30 40 50
assainissement
enclavement
emploi
éclairage
Pourcentage de citatition
Besoins de la population
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Carte n°2 : Circuits de collecte, de balayage et de désensablement des équipes de
l’UCG de la Mairie et du FERA dans la commune de Ziguinchor, validité
décembre 2020
La gestion des ordures ménagères constitue un sérieux problème dans la commune de
Ziguinchor. Mais le système actuel, qui tend à se renforcer, couvre +150 Tonnes de déchets
produits par jour, dont environ 57 Tonnes sont mises en décharge par jour, soit environ 38
% de la production journalière dans la ville. À l’échelle spatiale, seuls les quartiers
Kandialang Est et Ouest, Djibock et Diabir ne bénéficient pas de la collecte. Néanmoins,
la couverture est encore faible (inférieure à 40 % du territoire communal). En revanche,
dans les zones non bénéficiaires de la collecte, les populations s’adonnent aux dépôts
sauvages. L’UCG dispose d’un dispositif pour éradiquer ces dépôts. Ainsi, 27 des 28
quartiers de la ville bénéficient des opérations d’enlèvement des dépôts. Seul le quartier
Diabir n’est pas couvert en raison de son inaccessibilité. Au-delà de la collecte de l’UCG,
des privés sillonnent la profondeur des quartiers pour collecter les déchets, moyennant 300
à 500 F CFA le sac. De ce fait, sur les 4 500 Tonnes de déchets produits chaque mois dans
la ville, seule la moitié est mise en décharge. Une partie des déchets produits est déversée
dans les caniveaux et une autre est incinérée (figure n°3).
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Figure n°3 : Mode de traitement des ordures ménagères
Source : Enquête de terrain, 2021.
Le problème d’accès dans quelques quartiers est un frein à la gestion des déchets. D’après
les autorités, le principal problème de ces quartiers est leur inaccessibilité. Le manque de
voiries carrossables rend difficile la tâche aux différents services qui s’occupent de la
collecte des ordures ménagères. Pendant la saison des pluies, ces services n’effectuent pas
correctement les travaux de collecte et de traitement des ordures au niveau même des
quartiers qui étaient jadis couverts comme Belfort et Santhiaba. Le ramassage n’étant pas
assuré, les populations utilisent d’autres méthodes de traitement pour se débarrasser des
déchets. La figure n°4 présente le nombre de passages des agents chargés de la collecte des
ordures ménagères.
Figure n°4 : Nombre de passage des agents chargés de la collecte des ordures
ménagères dans les quartiers couverts.
Source : Enquête de terrain, 2021.
Parmi les 95 ménages enquêtés, 60 % affirmaient que les services de nettoiement de la
commune ne viennent pas dans leur quartier. Ils sont obligés pour la plupart de créer des
dépôts un peu partout dans les rues des quartiers pour se débarrasser des déchets
encombrants. Du fait de la rareté du dispositif de collecte des ordures dans les quartiers
périphériques, des dépôts sauvages se multiplient dans la commune où 52 % des ménages
y évacuent leurs déchets.
La présence des dépôts sauvages provoque l’émergence et le développement de vecteurs
de maladies tels que les insectes et les moustiques (Planche n°1).
52%
35%
11% 2%
mise en décharge incinération enfouissement recyclage
33%
5% 2%
60%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
1 à 2 fois 3 à 4 fois plus de 4 fois pas de ramassage
Pourcentage de citation
Nombre de passage
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Planche n°1 : Dépotoirs sauvages dans un quartier de la commune de Ziguinchor
Source : I. Badji, vue prise en 2019.
En définitive, l’État n’est pas le seul partenaire des collectivités territoriales en matière de
développement et de gouvernance de l’assainissement. Il est appuyé par un nombre
important d’acteurs qui à leur tour contribuent à l’amélioration des conditions de vie des
populations, surtout celles des plus vulnérables. Parmi ces acteurs nous avons les services
déconcentrés de l’Etat, les ONG, les ASC et les OCB.
4. Une évaluation des rapports de force à partir de la démarche MACTOR révèle un
jeu d’acteurs parfois concertés ou non
L’analyse du jeu des acteurs permet aussi de connaitre les rapports de force qui existent
entre les différentes composantes du système. La figure n°5 construite à partir de la matrice
des influences directes entre acteurs classe les acteurs en quatre catégories (dominant,
dominé, relais et autonome).
Figure n°5 : Schéma influences et dépendances entre acteurs intervenant dans
l’assainissement
Source : Entretiens auteurs, 2020.
A
B
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55
Les acteurs dominants sont ceux qui exercent une influence très forte sur les autres et ne
sont pas fortement influencés. C’est le cas du MHA et de la BAD. Le premier définit la
politique nationale en matière d’assainissement et le second est le principal bailleur du
PDAZ. Le Conseil Municipal de Ziguinchor, le Service régional de l’Assainissement et
l’Office Nationale d’Assainissement du Sénégal sont les acteurs relais du système. Ils sont
à la fois fortement influents et fortement dépendants des autres acteurs. C'est-à-dire ils
disposent des moyens d’action pour bien mener leurs projets, mais restent également sous
l’influence des actions que déploient sur eux les autres acteurs (État et BAD par exemple).
Finalement, les acteurs dominés sont les Conseils de Quartier et la Sénégalaise des eaux
(SDE). Ils subissent une forte influence de la part des autres acteurs dans le cadre de la
mise en œuvre du PDAZ et disposent de peu de pouvoir surtout dans la prise de décisions.
Au total, l’analyse des rapports de force dans les convergences et divergences entre acteurs
révèle une complexité dans la relation des acteurs (figure n°6).
Figure n°6 : Schéma des convergences entre acteurs (CAA) intervenant dans
l’assainissement
Source : Entretiens auteurs, 2020.
La figure n°6 représente l’intensité de la convergence entre les acteurs, sur l’ensemble des
objectifs fixés. Il faut noter ici la forte convergence entre l’État, c'est-à-dire le MHA, le
Service régional de l’Assainissement, le Conseil municipal de Ziguinchor et l’Office
National de l’Assainissement (ONAS). Cela signifie qu’ils ont un objectif commun dans
le cadre de la mise en œuvre du PDAZ. Les autres acteurs ont aussi donné, par rapport à
certains objectifs, des positions affirmatives, tout en étant neutres sur d’autres. Cependant ?
il n’y a pas de divergences entre les acteurs, surtout en ce qui concerne les objectifs fixés
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pour le PDAZ. En définitive, les acteurs sont favorables aux objectifs fixés dans le cadre
de la mise en œuvre du PDAZ (figure n°7).
Figure n°7 : Schéma des Correspondances entre acteurs et les Objectifs
Source : Entretiens auteurs, 2020.
La figure n°7 regroupe les acteurs autour des objectifs sur lesquels ils font l’objet d’un
positionnement relativement similaire. Par exemple le MHA, le SRA, le CMZIG et
l’ONAS sont relativement proches, notamment en ce qui concerne les quatre objectifs
suivants : (1) contribuer à l'amélioration de l'environnement aquatique de la ville ; (2)
supprimer la sévérité et la durée des inondations provoquées par la stagnation ou le
ruissellement anarchique des eaux pluviales ; (3) gestion des déchets solides et (4)
améliorer la Santé des populations. De son côté, la BAD se positionne pour atteindre les
objectifs fixés dans le cadre du PDAZ qui tournent autour de l’amélioration de
l’assainissement dans les différents quartiers de la ville, de l’élimination des disparités
genrées dans l'assainissement, de la réduction de la pauvreté et de la promotion du
développement durable.
5. Discussion
Dans cet article, il s’agit d’analyser le rôle et l’implication des acteurs dans la prise en
charge des besoins locaux notamment en termes d’assainissement de la ville de Ziguinchor.
Les résultats montrent que l’État est au cœur de la prise de décision dans les orientations
stratégiques en matière d’assainissement. Néanmoins, avec l’avènement de la
décentralisation qui promeut une politique inclusive de gestion urbaine, la commune de
Ziguinchor devient un acteur primordial dans la gestion de l’environnement notamment de
l’assainissement. À titre illustratif, face aux multiples menaces qui pèsent sur son
environnement, le conseil municipal de Ziguinchor se lance dans la mise en œuvre d’un
Plan directeur d’Assainissement (PDAZ) pour une gestion efficace des déchets solides et
liquides. Aussi, les investigations prouvent que les autorités étatiques et la municipalité
n’ont pas réussi à trouver des solutions durables à la problématique l’assainissement. Par
exemple, en 2012 la dissolution de l’APROSEN accentue les difficultés dans la gestion des
déchets solides. Toutefois, l’installation de l’UCG en 2014 dans la commune marque un
nouveau départ pour la mise en œuvre de circuits de collecte, de balayage et de
désensablement dans la gestion des déchets solide. En outre, la coordination entre acteurs
(Etat, municipalité, société civile, etc.) est parfois non concertée.
Dès lors, l’intérêt croissant pour l’assainissement se concentre essentiellement sur la
gestion des déchets solides, liquides et des eaux pluviales (Sall et Sy, 2011 ; Sy et al., 2012 ;
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57
Badji, 2014 ; Sow et al., 2019, Sané et al., 2019). Dans la continuité des travaux de Sow
et al., (op.cit) on peut affirmer que le rapport entre la durée de stockage et la fréquence de
remplissage des poubelles justifie en grande partie le caractère insalubre de la commune ;
dans la mesure où les ordures sont stockées à 61.2 % plus de 24h alors que les poubelles
sont remplies à près de 66.7 % (Diédhiou, 2015).
Les résultats corroborent les travaux de Sy et al., (2012), la négligence et le laxisme des
politiques urbaines de gestion de l’environnement et le comportement des populations
contribuent largement à l’insalubrité et la vulnérabilité de la ville face à la gestion des
déchets solides et aux inondations liées aux ruissellements des eaux pluviales (Sall et Sy,
2011). Par contre, depuis la mise en place du Plan directeur d’assainissement (PDA) et
l’installation de l’UCG en 2014 dans la commune, on note une amélioration dans la mise
en œuvre de circuits de collecte, de balayage et de désensablement dans la gestion des
déchets solide. En effet, à travers le Plan national de gestion des déchets (PNGD), l’UCG
appuie la commune à la maîtrise de la gestion des déchets et l’amélioration du cadre de vie
des populations. La même dynamique est observable dans la ville de Saint-Louis avec le
projet collecte, évacuation et traitement des ordures ménagères (CETOM). Ces mutations
coïncident avec l’intégration de dynamiques associatives par la Municipalité sous
l’impulsion de la coopération décentralisée (Rouyat et al., 2006 ; Sow, 2005).
Tounkara (2020) apporte des éléments d'éclairage sur la problématique de la gestion des
déchets solides à Dakar et ailleurs dans le monde pour anticiper la traduction de l'initiative
politique affichée de la gestion des déchets en programmes d'actions. Or, Ndiaye et Niang
(2018) soulignent les difficultés de la gestion des ordures accentuées par la faible
appropriation de l’espace urbain due au déficit d’infrastructures et d’implication sociale
des populations. Pour autant, les résultats d’enquêtes de terrain sont similaires avec les
travaux de Diawara (2009), à Dakar où la densification urbaine favorise la multiplication
et la diversification des déchets solides, facteurs de pollution des différents milieux de
l’agglomération. L’auteur poursuit en affirmant que les dégradations dues aux rejets
résiduaires solides sont particulièrement mesurables à l’aune des déchets ménagers, qui
constituent l’une des composantes les plus perceptibles de ce paradoxe dakarois d’une ville
encore hygiénistement gérée, mais continument et durablement sale. Et cela, malgré
l’augmentation constante des fonds alloués au service de nettoiement public.
Par ailleurs, la gouvernance des déchets solides, liquides et des eaux pluviales n’est pas
caractéristique dans la ville de Ziguinchor au Sénégal, elle s’observe dans d’autres villes
africaines (Ngambi, 2015 ; Ngikam et Tanawa, 2006). Par exemple, au Benin la
décentralisation octroie au niveau local des responsabilités très larges en matière de
développement, d’aménagement du territoire et de gestion de l’environnement. Dans cette
ville, l’analyse des pratiques de gouvernance urbaine et de gestion de l’environnement met
en évidence différents éléments pour expliquer la problématique des inondations. Cette
situation est identique à celle observée à Ziguinchor. Alors qu’à Cotonou, les causes des
inondations se résument par le point de l’insalubrité grandissante de l'espace urbain et les
sérieux problèmes de pauvreté et d'inégalités spatiales.
Conclusion
La commune de Ziguinchor est marquée par une diversité d’acteurs intervenant dans la
gestion des déchets solides et des eaux pluviales. Cette situation est due en partie à
l’évolution des politiques de décentralisation et de gouvernance territoriales. La forte
présence d’acteurs a fait naître des relations concertées ou parfois non, à travers les actions
qu’ils mènent sur le terrain permet d’apprécier les forces et faiblesse de chacun.
Au demeurant, la collecte des ordures ménagères est l'une des plus grandes difficultés que
rencontrent les autorités urbaines. Ces problèmes se traduisent par une accumulation des
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déchets solides ménagère et la création de nombreux dépôts sauvages dans certains
quartiers de Ziguinchor. En perspective, la co-construction des acteurs dans la mise en
place les projets urbains, dans l’élaboration des politiques et de la gouvernance de
l’assainissement serait important afin d’assurer un meilleur cadre de vie pour les habitants
de la ville. Aussi, il faudrait étudier l’évaluation du système de traitement des déchets
solides dans la ville de Ziguinchor.
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Article
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L’amplification démographique de la ville de Ziguinchor suscite l’extension spatiale qui s’accompagne de divers problèmes : dysfonctionnement dans l’aménagement urbain, développement de l'informalité économique et spatiale. Ces problèmes mettent en péril la viabilité économique en créant des déséquilibres entre les besoins croissants en services urbains de la population et les moyens faibles ou limités de la municipalité pour réaliser les investissements nécessaires. Cette situation rend plus alambiquée la gouvernance urbaine. Cet article, adopte un procédé de diagnostic du territoire urbain fondé sur l’analyse spatiale et celle de la territorialité des acteurs, extériorisé sous forme de prototypes spatiaux à travers les mécanismes de la géomatique. Les résultats ont permis d'abord, de faire le diagnostic territorial de la ville de Ziguinchor ; ensuite, d'exposer l'essor de l'emploi et l'importance de la géomatique dans la gestion urbaine et enfin, de faire des propositions innovantes permettant l’articulation des pratiques des différents acteurs pour une gouvernance urbaine efficiente. Mots clefs : diagnostic-territorial, gouvernance urbaine, géomatique
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Ziguinchor à l'instar des villes sénégalaises ne cesse de croître et de s'étendre. Sa population augmente de façon assez dynamique, ce qui entraîne un étalement urbain rapide et mal maîtrisé vers le sud et une densification des quartiers précaires et informels. Ainsi, les pouvoirs publics démontrent de plus en plus leurs insuffisances à répondre aux besoins des populations. Cette inertie des pouvoirs publics couplée à l’extrême pauvreté des populations a entraîné une difficulté d’accessibilité à l’eau potable. Ainsi, plusieurs ménages s’approvisionnent en eau de puits qui ne répond pas à la qualité d’une eau potable selon les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) causant de réels problèmes de santé publique. Cet article, s’appuyant sur l’observation, les enquêtes de terrain et l’analyse de données socio-économiques, vise à mettre en évidence les problèmes liés à l’accès à l’eau potable et à l'assainissement des excrétas tout en tenant compte des moyens locaux et du contexte social des quartiers de Néma 2 et de Coboda. Les résultats ont permis d'abord de faire une caractérisation de la situation socio-économique des ménages et des infrastructures sanitaires de base ; ensuite, d'évaluer le niveau d’approvisionnement et de consommation en eau potable par les ménages etenfin, de monter les moyens palliatifs mis en place par les populations pour l'évacuation des eaux usées.
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L’Afrique s’urbanise plus vite que tout autre continent. Le rythme effréné de son urbanisation contredit l’image habituelle d’un continent rural. La complexité profonde des villes africaines interroge les conceptions traditionnelles de l’urbain et des politiques classiques de développement. Suspendues entre chaos et créativité, les images occidentales des villes africaines semblent incapables de servir de base aux politiques de développement. La diversité des villes africaines est difficile à conceptualiser. Néanmoins, résoudre le casse-tête du développement urbain exige avant tout de forger des visions impartiales de l’urbain. La coopération internationale au développement devrait non seulement faire des villes africaines l’une des priorités de sa mission, mais devrait également veiller à ne pas construire ses interventions sur des concepts hérités de l’histoire occidentale, tels que la dichotomie entre le formel et l’informel. Nous soutenons l’idée qu’il est plus approprié d’appréhender les villes africaines comme des zones grises urbaines qui ne prennent forme et vie qu’à travers la capacité d’agir et les pratiques des acteurs. Les articles de ce numéro spécial proposent un nouveau regard sur les villes africaines, et exposent les nombreuses perspectives et limites qui se font jour pour les citadins africains selon leur propre point de vue, qu’il s’agisse de représentants de l’État, de spécialistes de la planification, d’entrepreneurs, d’organismes de développement ou encore de gens ordinaires : où, pour qui et pourquoi de telles limites et perspectives émergent, comment évoluent-elles avec le temps et comment les habitants urbains africains animent-ils et façonnent-ils activement leurs villes, telles sont les questions posées par leurs auteures.
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Decentralization in Senegal is a very hectic process. It has its ups and downs and very ambitious laws are enacted but reality is far more complex. Although it is strongly supported by the law and official guidelines, it is fraught with many difficulties. The central government grants some of its powers to local authorities, while trying to keep a grip on them. The political-administrative division is also worrying. The proliferation of municipalities without territorial or economic viability is more and more common. Overall, local authorities are struggling to find resources to finance their investments. State allowances are not sufficient, neither are municipal taxes, and partnerships with communities from the North are disorganized and risky. Nevertheless, the State is trying to reform without questioning the territorial division which is regarded as one of the reasons for failure and the lack of resources of local communities.
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Dakar connaît un déficit important en équipements et services publics urbains de base. Parmi les secteurs touchés par cette carence, celui de la prise en charge des déchets solides. A sa mise en place au début du 20° siècle, les autorités coloniales ont limité le service de collecte et de nettoiement, aux seuls quartiers européens de la ville. Depuis l'indépendance, la densification urbaine rapide et non maîtrisée, a poussé les organismes de collecte à appliquer une gestion socio-différenciée, entre zones centrales équipées, et marges périphériques peu urbanisées. L'hygiène domestique n'est pas très affectée par ce fonctionnement. Mais, la faiblesse de l'offre officielle, pousse les populations à adopter des mécanismes alternatifs peu convenables pour l'élimination des ordures : rejets anarchiques, enfouissement ou brûlage artisanaux. Avec la décharge municipale brute de Mbeubeuss qui reçoit l'ensemble des déchets de l'agglomération, ces pratiques causent la pollution des milieux. Elles dégradent aussi le cadre de vie des populations, et mettent en péril leur santé. Une politique globale de gestion des déchets est nécessaire à Dakar. Intervenant sur l'ensemble de la chaîne, elle devra intégrer la production banale, mais aussi celle dite dangereuse : déchets médicaux et industriels.
Rapport définitif Recensement Général de la Population, de l'Habitat, de l'Agriculture et de l'Élevage (RGPHAE) 2013, ministère de l'Économie, des finances et du plan
ANSD, 2014, Rapport définitif Recensement Général de la Population, de l'Habitat, de l'Agriculture et de l'Élevage (RGPHAE) 2013, ministère de l'Économie, des finances et du plan, 417 p.
La population du Sénégal en 2017, Agence nationale de la statistique et de la démographie
ANSD, 2018, La population du Sénégal en 2017, Agence nationale de la statistique et de la démographie, 17 p.
Gouvernance locale et lutte contre la pauvreté dans la commune de Ziguinchor : Rôle et implication des acteurs dans la prise en charge des besoins locaux
  • Badji Ibrahima
BADJI Ibrahima, 2014, Gouvernance locale et lutte contre la pauvreté dans la commune de Ziguinchor : Rôle et implication des acteurs dans la prise en charge des besoins locaux, Mémoire de Master en Géographie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 117 p.
Introduction à la géographie sociale
  • Guy Di Méo
Di Méo Guy, (2014), Introduction à la géographie sociale, Armand Colin.
Agriculture et sécurité alimentaire urbaine à Ziguinchor (Sénégal)
  • Omar Diédhiou Sécou
Diédhiou Sécou Omar, 2020, Agriculture et sécurité alimentaire urbaine à Ziguinchor (Sénégal), Thèse de doctorat de Géographie, Université de Nantes et Université Assane SECK de Ziguinchor, 396 p.