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Guide sur les vers fil-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

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Abstract

Le présent guide vise à fournir de l’information sur la biologie des vers fil-de-fer, les dommages qu’ils causent, les méthodes de lutte, la recherche et les défis rencontrés dans les cultures pratiquées dans les Prairies canadiennes. Nous avons résumé les connaissances actuelles sur ce ravageur persistant et complexe dans les Prairies et nous discutons du cycle de vie général, des comportements et des options de lutte possibles pour contrôler les principales espèces nuisibles qui sont présentes dans la région. Nous avons identifié des lacunes au niveau des connaissances pour certains domaines dans lesquels il faudrait encore faire de la recherche. Cet ouvrage s’adresse aux agriculteurs, aux agronomes et aux techniciens agricoles, aux dépisteurs, aux vulgarisateurs et à toute autre personne qui s’intéresse aux impacts des vers fil-de-fer dans les cultures pratiquées dans les Prairies. À noter que ce guide est un résumé de la littérature scientifique. Aucun contenu de ce guide ne doit être considéré comme une approbation d’un quelconque produit.
Guide sur les vers l-de-fer
nuisibles aux cultures dans
les Prairies canadiennes
L’espèce sur la couverture : Hypnoidus bicolor a) larve, b) adulte; Selatosomus aeripennis destructor c) larve,
d) adulte; Aeolus mellillus e) larve, f) adulte; Limonius californicus g) larve, h) adulte. Photos : J. Saguez, CÉROM
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© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Agriculture et de
l’Agroalimentaire (2021)
Version électronique disponible à l’adresse www.publications.gc.ca
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No de catalogue : A42-125/2021F No de catalogue : A42-125/2021F-PDF
ISBN : 978-0-660-39116-8 ISBN : 978-0-660-39115-1
No d’AAC : 13074F No d’AAC : 13074F
Cette publication peut être citée ainsi :
Catton H, van Herk W, Saguez J and Svendsen E (2021) Guide sur les vers l-de-fer nuisibles
aux cultures dans les Prairies canadiennes. Agriculture and Agri-Food Canada, Lethbridge
(Alberta), Canada.
Also available in English under the title: Guide to pest wireworms in Canadian Prairie eld crop
production
Pour plus de renseignements, visitez le www.agr.gc.ca ou composez le numéro sans frais
1 855 773 0241.
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

Nous aimerions remercier la Commission du blé de l’Alberta, la Fondation de recherches
sur le grain de l’Ouest et Agriculture et Agroalimentaire Canada qui ont fourni une aide
nancière pour la production du présent guide (projet no 2017F080R de l’Agriculture
Funding Consortium de l’Alberta). Nous remercions également David Shack et Cheryl
Chelle pour leurs précieux commentaires et soutien technique ainsi que les nombreux
collègues qui ont fourni des photos, en particulier John Gavloski qui a participé à la
préparation de l’encadré 1. Nous sommes reconnaissants envers Ted Labun (Syngenta
Canada Inc.) pour ses années de travail qui ont montré l’importance des vers l-de-fer
dans les Prairies et pour sa contribution à l’élaboration de l’encadré C. Merci à Finch van
Baal (AAC-Halifax) pour son aide à la mise en page et à la conception du présent guide,
Finalement, nous sommes redevables à Bob Vernon pour ses conseils et le mentorat qu’il a
fournis dans le domaine des vers l-de-fer, et à tous les autres chercheurs qui ont travaillé
pendant des décennies à acquérir des données fondamentales sur les vers l-de-fer qui
sont abordés dans le présent guide.
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

Le présent guide vise à fournir de l’information sur la biologie des vers l-de-fer, les
dommages qu’ils causent, les méthodes de lutte, la recherche et les dés rencontrés
dans les cultures pratiquées dans les Prairies canadiennes. Nous avons résumé les
connaissances actuelles sur ce ravageur persistant et complexe dans les Prairies et nous
discutons du cycle de vie général, des comportements et des options de lutte possibles
pour contrôler les principales espèces nuisibles qui sont présentes dans la région. Nous
avons identié des lacunes au niveau des connaissances pour certains domaines dans
lesquels il faudrait encore faire de la recherche. Cet ouvrage s’adresse aux agriculteurs,
aux agronomes et aux techniciens agricoles, aux dépisteurs, aux vulgarisateurs et à toute
autre personne qui s’intéresse aux impacts des vers l-de-fer dans les cultures pratiquées
dans les Prairies.
À noter que ce guide est un résumé de la littérature scientique. Aucun contenu de ce
guide ne doit être considéré comme une approbation d’un quelconque produit.
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
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


Qu’est-ce que les vers l-de-fer exactement?
Quel est le problème?
Quelle est l’importance des problèmes?
En quoi consiste la recherche menée dans les Prairies canadiennes?
Historique de la recherche sur les vers l-de-fer menée dans les Prairies

Taupins adultes et œufs
Les larves nouvellement écloses (larves néonates) — un stade vulnérable
Les larves résidentes — un stade résilient et nuisible dans le cycle de vie des
vers ls-de-fer
Stade pupal et d’adulte hivernant

Hypnoidus bicolor (aucun nom commun en français et en anglais)
Selatosomus aeripennis destructor (Taupin des prairies)
Limonius californicus (sans nom commun en français, Sugarbeet wireworm en
anglais)
Aeolus mellillus (aucun nom commun en français, Flat wireworm en anglais)
Hadromorphus glaucus (aucun nom commun en français et en anglais)
Agriotes mancus (Taupin du blé)

Piégeage des vers l-de-fer
Pièges-appâts pour vers l-de-fer
Types de pièges-appâts
Piégeage des taupins adultes

Lutte culturale
Lutte biologique
Lutte chimique

Information sur la biologie des vers l-de-fer
Outils d’aide à la décision
Les méthodes de lutte intégrée et leurs eets



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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
iv
Field Guide of Pest Wireworms in Canadian Prairie Crop Production
Quatre espèces de vers l-de-fer qui ont été trouvées dans un même champ dans le sud de l’Alberta.
Dans le sens des aiguilles d’une montre, à partir de la gauche : Hypnoidus bicolor (aucun nom
commun), page 28; Selatosomus aeripennis destructor (Taupin des prairies), page 30, Hadromorphus
glaucus (aucun nom commun), page 36; Hypnoidus bicolor (aucun nom commun); Aeolus mellillus
(aucun nom commun), page 34. Photo : Haley Catton, AAC-Lethbridge
tête
1
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes


Les vers l-de-fer sont des insectes terricoles qui causent des problèmes dans les Prairies
canadiennes depuis le début de l’agriculture dans cette région (Strickland 1927, King
1928). Ils sont nuisibles aux cultures parce qu’ils se nourrissent des semences, des racines
et des tiges inférieures des plantes de quasiment toutes les cultures de champ, et ils sont
particulièrement dommageables dans les céréales. Puisque les vers l-de-fer sont souvent
l’unique raison pour laquelle les producteurs des Prairies utilisent des semences traitées
aux insecticides, une meilleure compréhension de ces ravageurs pourrait faire économiser
des coûts et réduire les traitements inutiles de pesticides.
Figure 1. Vue latérale d’un ver l-de-fer montrant les principales sections de son corps. Photo : J. Saguez, CÉROM
Qu’est-ce que les vers l-de-fer
exactement?
Les vers l-de-fer sont des larves terricoles
qui sont munies de trois paires de pattes. Ils
ont généralement un corps dur, segmenté et
jaunâtre (gure 1). Malgré leur nom commun
et leur aspect vermiforme, les vers l-de-fer ne
sont pas des « vers » véritables, mais plutôt
la forme larvaire des taupins, un groupe de
coléoptères de la famille des Élatéridés (gure
2). [Consulter l’encadré A, pages 14–17,
pour voir les organismes susceptibles d’être
confondus avec les vers l-de-fer.]
Les taupins sont reconnaissables aux deux
« pointes » (nommées « angles postérieurs
» en entomologie) qui prolongent l’extrémité
arrière de leur pronotum (genre de plaque
dure recouvrant le thorax, entre la tête et
l’abdomen, gure B1, page 19). Ils ont un
comportement défensif de « cliquètement
» lorsqu’ils sont placés sur le dos, ce qui
leur permet de rebondir et de se projeter
jusqu’à 30 centimètres (12 pouces) ou plus
en l’air pour échapper à un danger et ensuite
retomber littéralement sur leurs pattes
(Evans 1972). Ils ont deux longues antennes
Segment caudal =
9e segment abdominal
Tête Thorax Abdomen
Œil Jambes
Parties de la
bouche
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
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Figure 2. Principales espèces nuisibles de vers l-de-fer dans les Prairies canadiennes : stades larvaires (en
haut), stades adultes (taupin) (en bas). Photos : J. Saguez, CÉROM
Hypnoidus
bicolor
Selatosomus
aeripennis
destructor
Limonius
californicus
Aeolus
mellillus
Hadromorphus
glaucus
Agriotes
mancus
Aucun nom
commun en
français et en
anglais
Taupin des
prairies
Aucun nom
commun
en français,
Sugarbeet
wireworm en
anglais)
Aucun nom
commun en
français, Flat
wireworm en
anglais
Aucun nom
commun en
français et en
anglais
Taupin du blé
1 mm
1 mm
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
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Figure 3. Champ de blé d’hiver dans le sud de l’Alberta
montrant des dommages extensifs de vers l-de-fer.
Lors d’une journée de dépistage, des vers l-de-fer
ont été trouvés dans des plantes et autour d’elles. Il a
fallu réensemencer le champ. Photo : H. Catton, AAC-
Lethbridge
segmentées et
souvent un corps en forme
d’ogive. [Consulter l’encadré B, pages 18–19
pour voir les insectes susceptibles d’être
confondus avec les taupins.]
Il existe des milliers d’espèces d’Élatéridés
dans le monde et parmi celles-ci, au moins
une certaine d’espèces sont des ravageurs
d’ordre économiques dans les cultures de
certaines parties du globe (Vernon et van
Herk 2013b). Les taupins et les vers l-de-
fer appartiennent à l’écosystème naturel
des Prairies et au moins 182 espèces
connues ont été recensées dans la région
(van Herk et Vernon 2014). Onze espèces
sont considérées comme des espèces
nuisibles dans les Prairies et ce sont toutes
des espèces indigènes (van Herk et Vernon
2014). Parmi celles-ci, deux espèces
dont la présence est généralisée sont des
ravageurs majeurs : Hypnoidus bicolor
(aucun nom commun) et Selatosomus
aeripennis destructor (Taupin des prairies).
Plusieurs autres espèces sont des ravageurs
d’importance mineure ou plus régionale, dont
Limonius californicus et Aeolus mellillus.


contrairement à d’autres régions
au Canada (par ex. la Colombie-Britannique,
la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard,
Québec) où ce peut être des espèces
indigènes (généralement diérentes de celles
trouvées dans les Prairies) ou des espèces
envahissantes introduites d’Europe (par ex.
Agriotes sputator, A. obscurus, A. lineatus).



Il faut savoir que parmi
les espèces de vers l-de-fer, il existe des
diérences régionales et des diérences
de comportement. Par conséquent, pour
qu’une stratégie de lutte soit ecace contre
les ravageurs d’une région donnée, il faut
cibler les espèces nuisibles et tenir compte
des environnements dans lesquels elles se
trouvent (Vernon et van Herk 2013b).
Dans le présent guide, à moins d’indications
contraires, nous utiliserons le terme « ver l-
de-fer » pour désigner le groupe des quatre
espèces majeures de taupins qui causent des
problèmes dans les Prairies canadiennes.
Pour chaque espèce nuisible majeure, nous
ferons état des connaissances actuelles,
décrirons les caractères d’identication et
traiterons des options de lutte.

Ce sont les larves de taupins (vers l-de-
fer) qui sont nuisibles aux cultures, et non
les taupins adultes. Les larves causent des
dégâts en se nourrissant de semences, de
racines et de plantules. Elles endommagent
les cultures, soit en attaquant les plantules
qu’elles broient et tuent, ce qui entraîne une
baisse de rendement par éclaircissement
du semis, soit en attaquant des plantes
plus développées, ce qui provoque leur
rabougrissement (King 1928). Parfois les
dégâts sont si étendus qu’il est nécessaire
de ressemer des champs (gure 3).
Outre la perte directe de rendement,
l’éclaircissement des semis ou l’apparition
de plaques dégarnies dans le champ peut

Au l du temps, à mesure que les taxonomistes comprennent mieux les liens de parenté
entre les espèces, il arrive que de nouveaux noms soient attribués à des espèces connues
de longue date. Parfois, les taxonomistes classent les insectes renommés dans un
nouveau genre ou dans d’autres cas, ils les gardent dans le même genre, mais en font
une espèce diérente ou une sous espèce, ou au contraire fusionnent deux espèces en
une seule, etc. Ce fut le cas pour Selatosomus aeripennis destructor (Taupin des prairies)
et Hypnoidus bicolor. En raison de ces modications de noms, la lecture des descriptions
d’espèces et des rapports plus anciens est complexe, même si les caractéristiques
physiques, le cycle de vie et les comportements destructeurs des insectes en cause n’ont
pas changé.
Noms latins actuels et antérieurs de Taupin des prairies (Selatosomus aeripennis
destructor) et Hypnoidus bicolor
Nom commun Nom latin actuel accepté Anciens noms (synonymes)
Taupin des prairies Selatosomus aeripennis
destructor
Ludius aeripennis tinctus (LeConte)
Ludius aeripennis destructor
Ctenicera destructor
Ctenicera aeripennis destructor
Selatosomus destructor
Aucun nom commun Hypnoidus bicolor Cryptohypnus nocturnus bicolor
Cryptohypnus nocturnus (Eschscholtz)
Hypnoidus nocturnus
Hypolithus bicolor
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 5. Ver l-de-fer se nourrissant dans un grain de
féverole. Photo : C. Baan
Figure 4. Gros plan de dommages de ver l-de-fer
sur des plantules de céréale. Les tiges peuvent être
déchiquetées, coupées, percées ou déformées.
Photo : Mike Dolinski
Figure 6. Dommages de vers l-de-fer sur des
carottes. Photo : H. Catton, AAC-Lethbridge
Figure 7. Pomme de terre endommagée par des vers
l-de-fer en n de saison (à gauche) comparée à une
pomme de terre saine (à droite). Photo : W. van Herk,
AAC-Agassiz
Figure 8. Les dommages précoces de vers l-
de-fer chez les pommes de terre peuvent causer
d’importantes diormités des tubercules.
Photo : R. Vernon, AAC-Agassiz
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
6
avoir un eet d’entraînement sur d’autres
facteurs agronomiques, dont le contrôle des
mauvaises herbes.
Dans les céréales, les dommages de vers
l-de-fer se manifestent habituellement par la
présence de semences évidées ou de tiges
creuses ou broyées (gure 4). Souvent, les
jeunes plantes attaquées se étrissent ou
présentent des feuilles dont le centre est jauni
ou étri (nommé « dead heart » en anglais,
Rashed et al. 2017). Dans les légumineuses,
on peut observer un étrissement ou la
présence de tiges mâchées ou broyées par
suite de l’alimentation des larves sur les
semences ou les tiges (gure 5). Dans les
cultures de légumes-racines ou de tubercules,
comme les betteraves et les carottes et en
particulier les pommes de terre, l’activité
alimentaire des vers l-de-fer peut passer
inaperçue sur les parties aériennes des
plantes (c.-à-d. aucun signe de étrissement
ou de jaunissement) et ne pas réduire la
production de biomasse, mais elle peut
entraîner la déformation des produits et réduire
considérablement leur valeur marchande
(AAC 2017) (gures 6, 7). Les larves peuvent
forer des trous qui sont propices à l’apparition
de pourriture ou induire des diormités
si les attaques ont eu lieu au début du
développement des racines ou des tubercules
(Vernon et van Herk 2013b) (gure 8).
Les comportements alimentaires des larves
peuvent varier d’une espèce à l’autre : S.
a. destructor (Taupin des prairies) broie les
plantes (Eidt 1959) et peut endommager
10 fois plus de semences ou forer jusqu’à
20 fois plus de trous dans les tubercules de
pomme de terre par larve que Hypnoidus
bicolor (Zacharuk 1962b, Burrage 1963).
En revanche, A. mellillus (aucun nom en
français, Flat wireworm en anglais) possède
une structure diérente de pièces buccales
qui lui permettent de couper les plantes
d’un seul trait (Glen et al. 1943). Dans leurs
descriptions des activités alimentaires des
larves, King et al. (1933) mentionnent qu’un
petit ver l-de-fer peut endommager autant
une graine de semence qu’un gros ver l-
de-fer, car il se nourrit du germe de la graine
ou du centre de la tige en croissance. Il sut
de causer petits dommages aux délicates
structures des semences en germination ou
des plantules pour les tuer.
Dans les cultures de céréales, les vers l-
de-fer semblent plus nuisibles dans le blé
que dans l’orge ou l’avoine (Burrage 1964,
Rashed et al. 2017, Milosavljević et al. 2019),
bien que de graves dommages puissent
parfois être observés dans l’orge (Burrage
1964). De plus en plus de dommages sont
rapportés dans les cultures de légumineuses
(semences endommagées et plantes
broyées) (Knodel et Shrestha 2018).
Malheureusement pour les producteurs, les
vers l-de-fer peuvent préférer les pois et les
lentilles aux céréales, et d’ailleurs on utilise
des légumineuses comme cultures-pièges
pour protéger le blé de printemps au Montana
(Adhikari et al. 2017, Sharma et al. 2019).
Le canola ne serait pas aussi touché que
d’autres cultures (selon des observations
anecdotiques).
La lutte contre les vers l-de-fer comporte
des dicultés : n’importe quel champ peut
contenir plusieurs espèces de vers l-de-fer,
et chacune de ces espèces a un cycle de vie
et des comportements qui lui sont propres. De
plus, plusieurs générations se chevauchent.
Pendant de nombreuses décennies, la
lutte contre les vers l-de-fer reposait sur
l’utilisation d’insecticides, dont le Lindane,
un composé organochloré (groupe 2A).
Toutefois, ce produit n’est plus homologué
au Canada depuis 2004, et, faute de produits
chimiques de remplacement ecaces avant
tout récemment, des problèmes liés aux vers
l-de-fer sont réapparus.
Ces dernières années, le traitement des
semences aux néonicotinoïdes a été le
seul moyen de lutte chimique disponible au
Canada. Toutefois, même si ces produits
intoxiquent ou immobilisent les vers l-de-fer
pendant plusieurs semaines consécutives
et protègent les cultures durant la saison, ils
ne réduisent pas les eectifs de ravageurs
(Vernon et al. 2009, Morales-Rodriguez et
Wanner 2015, van Herk et al. 2018b).
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
En date de la rédaction du présent guide
(2021), de nouveaux produits susceptibles
d’orir un contrôle plus ecace ont été
introduits sur le marché. Toutefois, malgré
l’ecacité des produits chimiques, il est
important de continuer de faire de la
recherche sur des méthodes de lutte non
chimiques à employer en lutte intégrée an
de trouver des moyens de lutte plus durables
et plus ecaces (Knodel et Shrestha 2018).
Diverses options de lutte, dont la lutte
culturale (par ex. la rotation culturale), le
ciblage du stade adulte (taupins) et la lutte
biologique, ont fait et continuent de faire
l’objet de recherche (voir la section sur la lutte
contre les vers l-de-fer).


Nous ne connaissons pas réellement
l’importance des problèmes causés par les
vers l-de-fer dans les Prairies canadiennes.
Nous avons évidemment observé des
éclaircissements de semis et des pertes
de rendement considérables dans certains
champs, malgré l’utilisation de semences
traitées. Mais comme aucune enquête
systématique n’a été menée récemment dans
les Prairies, nous ne pouvons pas décrire les
pertes économiques attribuables aux vers
l-de-fer. Il semblerait que ce soit l’irrégularité
des dommages causés par le ver l-de-fer qui
en fait un ravageur nuisible; il ne cause pas
de problèmes dans tous les champs, mais là
où il en cause, les problèmes peuvent être
graves et persistants (King 1928).
Plusieurs raisons expliquent le manque
d’enquêtes. Les dommages peuvent être
diciles à diagnostiquer et facilement
confondus avec d’autres causes (par ex.
dommages d’herbicides, gel). Or, au moment
où l’on observe des dommages causés par
les vers l-de-fer, ces derniers sont déjà
redescendus plus bas dans le sol et ne
peuvent être associés hors de tout doute
aux dégâts constatés. De plus, les plaques
dégarnies par les larves peuvent devenir
envahies de mauvaises herbes et être plus
diciles à repérer dans les champs (King
1928).
Les seules estimations de pertes
économiques dans les Prairies canadiennes
qui sont attribuables aux vers l-de-fer
proviennent de la Saskatchewan et datent
de plus de 50 ans, alors que les pratiques
agricoles étaient diérentes d’aujourd’hui. À
cette époque-là, les producteurs pratiquaient
régulièrement le labour, la jachère estivale, le
défrichage de prairies naturelles et n’utilisaient
guère de pesticides de synthèse ou peu.
Dans son enquête sur les dommages causés
par les vers l-de-fer en Saskatchewan dans
les années 1920, King (1928) a rapporté
des pertes substantielles dans plus de
1 000 champs. Il a estimé dans un champ
gravement infesté que les eectifs de vers
l-de-fer s’élevaient à 198 larves au mètre
carré (18,4 larves/pied carré ou 1 980 000
larves/hectare = 801 619 larves/acre) dans
la majeure partie du champ (King 1928).
Les pertes de rendement attribuables à des
dommages évidents de vers l-de-fer dans
les districts agricoles de la Saskatchewan
variaient de 0,05 à 5 % pour des pertes
moyennes de 1,5 % en 1926 et de 1,9 %
en 1927 à l’échelle provinciale. Les pertes
annuelles de récolte ont été estimées à 3 M$
(46.7 M$ en dollars de 2021). Ces dommages
estimatifs à l’échelle provinciale peuvent
sembler mineurs. Néanmoins, la gravité des
dommages à l’échelle du champ peut varier
de faible ou négligeable dans certaines zones
et de modérée à importante dans d’autres.
Cela signie que de nombreuses fermes qui
avaient un problème de vers l-de-fer avaient
un problème grave. Dans certains champs,
les pertes pouvaient s’élever jusqu’à 100 %.
King (1928) a mentionné clairement que les
dommages chirés à l’échelle provinciale
étaient probablement sous-estimés, car
les dommages légers n’avaient pas été
quantiés.
Burrage (1964) a eectué une enquête
en Saskatchewan entre 1954 et 1961, au
cours de laquelle de 230 à 518 champs
de blé, d’orge ou d’avoine étaient couverts
chaque année. L’éclaircissement des
semis attribuable aux vers l-de-fer était
généralement plus important dans les
sols de texture moyenne. Le taux moyen
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
8
d’éclaircissement des semis de blé et
d’orge était plus élevé dans les champs qui
avaient préalablement été mis en jachère
estivale (4–6 %) que dans les champs qui
avaient été ensemencés directement sur du
chaume (1–4 %). Pendant les sept ans de
l’enquête, il a été observé une diminution du
pourcentage de champs de blé ensemencés
après une jachère estivale qui présentaient
un taux d’éclaircissement de 10 % ou plus,
ces pourcentages sont passés de 23 % à 9 %
.
Cette réduction s’explique probablement
par le fait qu’à cette époque, le traitement
chimique des semences venait tout juste
d’être introduit pour lutter contre les vers
l-de-fer et que cette pratique gagnait en
popularité. Toutefois, comme la proportion de
champs endommagés par les vers l-de-fer
est demeurée constante durant la période
d’échantillonnage, cela indique que les
traitements de semence n’éradiquaient pas
les ravageurs.
D’autres enquêtes ont décrit la présence de
vers l-de-fer sans traiter des dommages.
Morales-Rodriguez et al. (2014) ont
enquêté 184 champs de céréales au
Montana et ont trouvé des vers l-de-fer
dans 37 des 59 champs (63 %) qui avaient
des antécédents connus d’infestation, ainsi
que dans 46 des 125 champs (37 %) qui
n’avaient pas d’antécédents. Toutefois, les
champs sans antécédents ne contenaient
que le huitième (12,5 %) des eectifs qui
avaient été recensés dans les champs avec
antécédents.


Pour élaborer un programme de lutte ecace,
il est important de connaître la biologie du
ravageur ciblé :
De quelle espèce de ver l-de-fer s’agit-
il?
Quel est son cycle de vie?
Quand et où cette espèce est-elle
active?
Quelles conditions environnementales
(sol, climat) préfère-t-elle?
A-t-elle des stades de développement
où elle est particulièrement vulnérable?
Quels types de dommages cause-t-elle
et quelle est leur gravité?
Les antécédents culturaux inuent-
ils sur les dommages causés dans la
culture actuelle?
L’espèce a-t-elle des prédateurs?
Malheureusement, les vers l-de-fer sont
particulièrement diciles à étudier. Leur
habitat souterrain et leur capacité de se
déplacer dans le sol les rendent diciles à
trouver. Les longs cycles de vie de certaines
espèces (d’un à onze ans dans le sol) font
qu’il est presqu’impossible de les élever
en laboratoire pour les étudier (« très peu
d’entre nous réussiront à en faire l’élevage »,
Strickland 1935). Leur distribution irrégulière
d’un champ à l’autre et à l’intérieur d’un même
champ rend leur échantillonnage complexe
et laborieux. C’est pourquoi aucun seuil
économique n’a encore été établi au Canada.



Les vers l-de-fer forment un groupe
diversié. De nombreuses études à travers
le monde ont examiné la biologie et le cycle
vital des vers l-de-fer, en particulier ceux
d’espèces nuisibles. Toutefois, les conclusions
et les recommandations relatives à la
surveillance et aux moyens de lutte ne sont
pertinentes que pour les espèces, les cultures
et les environnements de croissance (par ex.
sol et climat) dans lesquels les recherches ont
été faites, et elles ne peuvent être étendues
avec abilité à d’autres régions. C’est
pourquoi il est particulièrement important
d’en apprendre plus dans ces domaines et
d’étudier le contexte spécique des Prairies
canadiennes. Malgré les dicultés inhérentes
à l’étude des vers l-de-fer, d’excellentes
études qui se sont échelonnées sur des
dizaines d’années ont été menées dans les
Prairies pour comprendre les espèces qui s’y
trouvent.
9
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
La majorité des connaissances que nous
possédons sur la biologie des vers l-
de-fer des Prairies nous proviennent des
recherches phares qui ont été faites de
1930 à 1970, à commencer par les travaux
d’Edgar Harold Strickland et de Kenneth
King. Strickland, qui a d’abord travaillé
au Laboratoire fédéral d’entomologie de
Lethbridge, puis à l’Université de l’Alberta, a
publié ses observations sur le cycle de vie de
Selatosomus aeripennis destructor (Taupin
des prairies) dans « Wireworms of Alberta »
(1927) et « The biology of Prairie inhabiting
wireworms » (1935). À cette époque, S.
a. destructor était l’espèce de ver l-de-fer
nuisible la plus abondante dans les Prairies.
Dans ses publications, Strickland discute des
sensibilités relatives des cultivars de blé aux
dommages de vers l-de-fer ainsi que des
résultats obtenus dans les études en cage
qui ont été menées en champ sur le long
terme en vue de déterminer le cycle de vie
de S. a. destructor. Il parle aussi des plants
de blé sur lesquels les larves de cette espèce
survivent. Dans ses conclusions, « les larves
nouvellement émergées meurent de faim en
quelques semaines à moins qu’elles n’aient
accès à de la végétation vivante adéquate,
alors que les vers l-de-fer matures peuvent
survivre pendant au moins trois ans dans le
sol en l’absence de végétation ». (Strickland
1939). D’où sa conclusion qu’il est « irréaliste
d’envisager de priver de nourriture les
vers l-de-fer, quel que soit l’année de leur
développement, sauf celle de leur éclosion
» et que si toutefois on souhaitait l’essayer,
il faudrait « s’assurer de détruire toute trace
de graminées avant la mi-juin » (Strickland
1939). Quant au cycle vital de cette espèce,
Strickland a observé que la durée de l’étape
larvaire de S. a. destructor variait de 4 à
au moins 11 ans (Strickland 1939, 1942)
en fonction de la disponibilité de nourriture,
et que pendant cette période, les larves
pouvaient avoir une mue régressive (c.-à-d.
une mue d’où sort une larve de taille réduite).
Entre les années 1920 et 1940, Kenneth
King a réalisé des travaux révolutionnaires
sur la biologie, l’identication et le contrôle
des vers l-de-fer des Prairies au Laboratoire
fédéral d’entomologie de Saskatoon. King a
encadré plusieurs des premiers chercheurs
qui ont étudié les vers l-de-fer de l’Ouest
canadien, dont Arni P. Arnason (a joint son
laboratoire en 1927), Robert Glen (a joint son
laboratoire en 1928), Harold A. McMahon
(1931), William B. Fox (1934) et Arthur R.
Selatosomus aeripennis
destructorSelatosomus aeripennis aeripennis
Selatosomus aeripennis destructor (Taupin des prairies) est étroitement apparentée
à une autre sous-espèce nuisible, Selatosomus aeripennis aeripennis (Taupin des
graminées) dont l’apparence est quasi identique. Toutefois, S. a. aeripennis vit dans un
sol diérent et a des comportements de vol plus actifs. S. aeripennis destructor (Taupin
des prairies) se trouve dans les chernozems bruns, brun foncé et noirs de l’écorégion
Prairies mixtes, de l’écorégion Prairie mixte humide, des parties herbagées de l’écorégion
tremblaie-parc, alors que S. a. aeripennis (Taupin des graminées) se trouve dans les
chernozems gris foncé des régions plus boisées de l’écorégion de la tremblaie-parc et
dans les sols de l’écorégion Plaines boréales (Zacharuk 1962a; Shorthouse 2010). Les
deux sous-espèces coexistent dans la région de la rivière de la Paix en Alberta/Colombie-
Britannique (Glen et al. 1943, Wilkinson 1963), mais d’après ce que l’on sait, elles ne
s’accouplent pas entre elles (Zacharuk 1962a). S. a. aeripennis est un ravageur important
en Colombie-Britannique (Wilkinson 1963). Dans de récentes études génétiques, on
s’est demandé si S. a. destructor (Taupin des prairies) et S. a. aeripennis (Taupin des
graminées) étaient des espèces diérentes ou des sous-espèces (Etzler et al. 2014).
Dans le présent guide, d’après les noms communs couramment utilisés, nous parlons
d’eux comme étant des sous-espèces.
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
10
Brooks (1946). Dès son arrivée en 1922, King
a commencé à faire une étude quantitative
des relations entre la pratique de la jachère
estivale et l’abondance des vers l-de-fer en
Saskatchewan (Glen et al. 1936, King et Glen
1933, King 1928). Il en a résulté un programme
d’échantillonnage intensif des vers l-de-fer
qui a été exécuté durant 18 ans en continu et
qui a dû cesser faute de main d’œuvre et de
fonds pendant la Seconde Guerre mondiale. Le
programme a rapidement révélé la présence de
nombreuses espèces de vers l-de-fer dans les
terres cultivées. Comme il n’existait pas de clés
d’identication, Glen en a élaboré une pour les
espèces canadiennes d’importance économique
(Glen et al. 1943). Il a ensuite publié un traité
exhaustif sur les vers l-de-fer à « corps mou
» (tribu des Lepturoidini, espèces maintenant
reclassées dans les Dendrometrinae) (Glen
1950). Les clés de Glen demeurent la principale
ressource pour l’identication des espèces
canadiennes nuisibles, et l’enquête de King
est l’une des principales sources de nos
connaissances actuelles sur la distribution
et l’importance relative des espèces de vers
l-de-fer nuisibles. Parmi les autres résultats
directs du programme de recherche de King
sur les vers l-de-fer, mentionnons les études
d’Arnason sur la morphologie de Hypnoidus
bicolor (Arnason 1931) et les travaux de Doug
Eidt sur l’anatomie et l’histologie des larves
de S. a. destructor (Taupin des prairies) (Eidt
1958). Les travaux d’Eidt ont révélé que les vers
l-de-fer produisaient des enzymes digestives
qui leur permettent de digérer la nourriture
extraoralement (hors de la cavité buccale),
puis d’ingérer la nourriture dissoute à l’aide
d’une « pompe pharyngienne à succion » (Eidt
1959). En raison d’un ltre oral, les larves
de S. a. destructor sont incapables d’ingérer
des particules > 3 micromètres (= 0,000 3
centimètres / 0,000 04 pouces), et donc des
bactéries pathogènes (par ex. Pseudomonas
aeruginosa) (Zacharuk 1973) et des nématodes
entomopathogènes (Eidt et Thurston 1995) de
plus grande taille.
Parmi les autres recherches novatrices
eectuées sur les vers l-de-fer, mentionnons
celles de Charles Lilly, G.R.F. ‘’ Dick’’ Davis
et Robert Burrage. Lilly, posté au Centre de
recherche de Lethbridge dans les années
1940 et 1950, a eectué un travail précurseur
sur les attractants sexuels des taupins, en
ciblant Limonius californicus (Sugarbeet
wireworm) et L. canus (Taupin du Pacique),
les deux plus importantes espèces nuisibles
du genre Limonius trouvées dans l’Ouest
canadien (Lilly 1959, Lilly et McGinnis 1965,
1968, Jacobson et al. 1968). Davis, posté
au Laboratoire de Saskatoon, a eectué de
nombreuses expériences sur le développement
et l’alimentation de S. a. destructor (Taupin des
prairies) et la sous-espèce proche parente S.
aeripennis aeripennis avec diérents aliments.
Il a mis au point des méthodes d’élevage et des
milieux nutritifs articiels, a étudié les réponses
de morsure, les enzymes digestives et les
phagostimulants des larves. Il a découvert que
les larves pouvaient survivre sans nourriture
pendant 60 semaines et avoir une mue
régressive (une mue d’où sort une larve de
taille plus petite) sans que la taille de la capsule
céphalique soit diminuée. Burrage, travaillant
aussi au Laboratoire de Saskatoon, a étudié les
moyens de lutte culturale et chimique contre les
vers l-de-fer et la rémanence des insecticides
dans le sol et les plantes hôtes (Burrage et
Saha 1967, Saha et al. 1974). Du travail de
Burrage, ce qui reste peut-être le plus pertinent
aujourd’hui en ce qui concerne la lutte contre
les vers l-de-fer est qu’il a reconnu l’importance
de comprendre la dynamique des populations
de vers l de-fer lors de l’élaboration de moyens
de lutte. De plus il a aussi mis en évidence
que et que les comportements alimentaires
saisonniers des principales espèces nuisibles
(S. a. destructor et H. bicolor) dépendent des
cycles d’alimentation et de mue, des conditions
d’humidité et de température du sol, de la
disponibilité de la nourriture et de l’activité
alimentaire antérieure (c.-à-d. la condition des
vers l-de-fer) et de l’espèce (Burrage 1963,
Vernon et van Herk 2013b).
La majorité de nos connaissances sur l’écologie
et les comportements de S. a. destructor (Taupin
des prairies), de H. bicolor et d’Aeolus mellillus
(Flat wireworm) dans les provinces des Prairies
proviennent des travaux de recherche exhaustifs
eectués par Russell Zacharuk et John Doane
dans les années 1960 et 1970. Zacharuk
11
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
a déterminé qu’on trouve S. a. destructor
et S. a. aeripennis (Taupin des graminées)
(deux espèces indiérenciables sur le plan
morphologique) dans diérentes terres noires
riches en humus : S. a. destructor se trouve
dans les chernozems bruns, brun foncé et noirs
tandis que S. a. aeripennis se trouve dans les
chernozems gris foncé (en Saskatchewan,
cela correspond grosso modo à l’écorégion de
tremblaie-parc). Il a aussi décrit les organes
sensoriels et la structure de la cuticule des
vers l-de-fer, et la manière dont leur cuticule
est atteinte lors d’une infection bactérienne ou
fongique (Metarhizium). Doane a eectué des
travaux précurseurs sur la réponse des larves
au dioxyde de carbone. Il a observé que les
vers l-de-fer se dirigent dans le sol en suivant
les concentrations croissantes de dioxyde de
carbone produites par la respiration des plantes
ou d’autres sources et qu’ils sont capables de
détecter des gradients de concentration aussi
faibles que 0,002 % par centimètre (0,4 po)
(Doane et al. 1975). Il a aussi élaboré diverses
méthodes de piégeage pour les larves et les
taupins adultes (par ex. Doane 1981) et étudié
la survie des œufs. Zacharuk et Doane ont
tous deux publié des articles détaillés sur les
comportements d’accouplement et de ponte, les
taux de succès de reproduction et la dispersion
de S. a. destructor (Taupin des prairies) (Doane
1961, 1963a, 1963b, 1977a; Zacharuk 1962a,
1962b). La majorité de ces travaux demeurent
pertinents de nos jours pour ce qui est de la
lutte contre les vers l-de-fer et ils ont fait l’objet
d’une revue de littérature détaillée dans van
Herk et Vernon (2014).
Récemment, Bob Vernon et Wim van Herk
(AAC-Agassiz) ont eectué une enquête sur
les espèces de vers l-de-fer présentes dans
les Prairies. Suite aux des rapports importants
de dommages aux cultures, principalement
dans le sud de l’Alberta, Vernon et van Herk ont
mené une enquête d’envergure sur la présence
des espèces de vers l de-fer nuisibles, de
2004 à 2019 (van Herk et al. 2020). Dans les
régions où les cultures étaient ravagées, des
producteurs, des agronomes, des représentants
de compagnies sur le terrain, des entomologistes
et d’autres personnes ont participé à la collecte
de larves dans les champs. Les spécimens
ont été expédiés à Vernon et van Herk dans
de petits contenants avec de la terre à des ns
d’identication, accompagnés de données sur
les champs et les lieux de collecte. L’initiative
a été grandement facilitée par Syngenta Crop
Protection Canada en 2010 et par Bayer Crop
Science en 2011, deux sociétés qui ont mis au
point des trousses de surveillance des vers l-
de-fer et qui les ont distribuées aux producteurs
et aux représentants de terrain. Les trousses
contenaient un mode d’emploi sur la manière
d’installer les pièges-appâts, les endroits où
les placer, l’adresse d’expédition des larves de
taupins et autres.
L’enquête sur les vers l-de-fer nuisibles a
ensuite évolué vers la collecte de taupins, la
forme adulte des ravageurs, au moyen du piège-
à-fosse Vernon qui a récemment été mis au
point (van Herk et al. 2018a) (gure 9), toujours
avec le concours de Syngenta. Maintenant
terminée, l’enquête a permis de collecter
environ 5 700 spécimens dans près de 600
sites d’échantillonnage indépendants (van Herk
et al. 2020). Grâce à ces eorts, nous avons
maintenant un portrait exhaustif du complexe de
vers l-de-fer nuisibles actuellement présents
dans les Prairies (gure 10). La grande majorité
des spécimens (>95 %) identiés étaient H.
bicolor, S. a. destructor (Taupin des prairies), L.
californicus (Sugarbeet wireworm) et A. mellillus
(Flat wireworm) (gure 10). À noter que malgré
le nombre relativement petit de larves récoltées
par site (environ 10), plus d’un cinquième des
sites comptait au moins deux de ces espèces
d’importance économique. Ceci est très
important, car les diverses espèces présentent
des diérences au niveau du cycle de vie, des
périodes d’activités, du potentiel de dommages
et de la sensibilité aux insecticides, ce qui
signie qu’il faut aussi que les stratégies de lutte
nécessaires pour protéger les cultures soient
diérentes. Des chercheurs d’AAC poursuivent
aujourd’hui la recherche sur les vers l-de-fer des
Prairies en Alberta et en Colombie-Britannique
en étudiant leur situation actuelle et les options
de lutte possibles. Une recherche eectuée
récemment dans le nord-ouest des États-Unis est
également pertinente pour les espèces trouvées
dans les Prairies (Morales-Rodriguez et Wanner
2015).
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
12
Figure 9. Le piège à fosse Vernon (en haut); dans le
champ (au milieu); couvercle enlevé pour montrer les
taupins des Prairies et l’antigel rose non toxique qui est
utilisé comme agent de conservation (en bas). Photos :
W. van Herk, AAC-Agassiz (en haut), Haley Catton, AAC-
Lethbridge (au milieu, en bas)
13
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 10. Sites d’échantillonnage de larves et d’adultes de taupins dans l’enquête menée
par Vernon et van Herk dans les Prairies. Carte : W. van Herk, AAC-Agassiz.
Figure 11. Mentions des espèces trouvées dans le cadre de l’enquête sur les vers l-de-fer et les taupins
adultes qui a été menée par Vernon et van Herk dans les Prairies. Carte : W. van Herk, AAC-Agassiz
Délimitation des Prairies
Points d’échantillonnage
Sols bruns et noirs
Sols gris
Sols de transition nordiques
Sols de transition
H. bicolor
S. a. destructor
L. californicus
A. mellillus


Encadré A : Identication des vers l-de-fer et des insectes susceptibles
d’être confondus avec eux
Les vers l-de-fer ont trois paires de pattes. Ils ont un corps allongé, cylindrique ou aplati,
segmenté et souvent lustré (gure 1). Selon l’espèce et le stade de développement, la
taille des espèces majeures de vers l-de-fer trouvées dans les Prairies peut varier de 2 à
23 millimètres (0,08–0,9 pouce). Leur couleur varie de blanc à brun-orangé selon l’espèce
et le stade larvaire. Le corps se divise en trois parties – la tête, le thorax et l’abdomen.
Les trois paires de pattes sont attachées aux trois segments thoraciques (prothorax,
mésothorax et métathorax). L’abdomen est composé de dix segments abdominaux. En
général, l’identication au genre ou à l’espèce repose sur des caractéristiques distinctives
du neuvième segment abdominal (segment caudal) ou de la tête. Pour certaines espèces, il
faudra peut-être faire appel à des techniques biologiques moléculaires (Benefer et al. 2013,
Vernon et van Herk 2013b).
De nombreux organismes vivent dans le sol, et la plupart sont bénéques pour la santé
du sol. Quelques organismes sont nuisibles aux cultures, mais de nombreux autres
sont d’importants prédateurs ou des décomposeurs qui contribuent au recyclage des
éléments nutritifs. La présence d’un insecte ou d’un invertébré dans le sol ne signie pas
nécessairement qu’il y a un problème de ravageurs. Lors du dépistage des vers l-de-fer au
moyen de pièges-appâts, plusieurs autres organismes pourraient être observés dans le sol et
dans les pièges et ces derniers sont parfois confondus avec les vers l-de-fer. Les vers l-de-
fer ont toujours trois paires de pattes, ni plus ni moins, et ils ne s’enroulent pas en forme de C
comme le font certaines autres larves d’insectes. On peut souvent diérencier les vers l-de-
fer d’autres invertébrés du sol par quelques caractéristiques évidentes.

Ce sont des insectes auxiliaires prédateurs, et non pas des insectes nuisibles. On trouve
de nombreuses espèces de carabes dans les champs des Prairies. Les larves se déclinent
en diverses couleurs et dimensions. Tout comme les vers l-de-fer, les larves de carabes
ont trois paires de pattes. Mais, la présence de mandibules très proéminentes et de deux
longues projections fourchues sur la queue les distingue des vers l-de-fer (Figure A1).
Figure A1. Larve de
carabe
. Photo : CÉROM
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
14

Les centipèdes possèdent beaucoup plus que trois paires de pattes. Ce sont d’importants
décomposeurs qui n’endommagent pas les cultures (Figure A2).
Figure A2. Ver l-de-fer (gauche), centipède (droit). Photo : J. Gavloski,
Manitoba Agriculture and Resource Development

Ce sont des larves corpulentes de couleur brun pâle qui n’ont pas de pattes. Les tipules
sont de grosses mouches qui ressemblent à des moustiques, mais elles ne piquent pas. Les
larves n’endommagent pas les cultures des Prairies (Figure A3).
Figure A3. Larve de tipule. Photo : J. Gavloski, Manitoba Agriculture and
Resource Development
15
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure A5. Faux vers l-de-fer. Photo : Wim van Herk, AAC-Agassiz
Figure A4. Ver-gris. Photo : J. Gavloski, Manitoba Agriculture and
Resource Development

Ce sont en fait les formes juvéniles de papillons nocturnes qui possèdent trop de paires de
pattes pour être des vers l-de-fer. Les vers-gris comptent trois paires de vraies pattes en
plus de cinq paires de fausses pattes charnues qui sont situées à l’arrière de l’abdomen.
Lorsqu’ils sont dérangés, les vers-gris s’enroulent en C contrairement aux vers l-de-fer
qui n’ont pas ce comportement. Les vers-gris sont souvent des ravageurs et pour plus
d’information sur eux, consulter l’ouvrage de Floate (2017) (Figure A4).

Ces larves qui vivent dans le sol ressemblent beaucoup à de véritables vers l-de-fer
(Élatéridés), mais sont en fait des larves d’une autre famille de coléoptères, les ténébrions
(Ténébronidés). Les faux vers l-de-fer sont des parasites importants dans certaines régions
du monde comme l’Australie. Cependant, dans les Prairies canadiennes, ils ne sont qu’un
parasite économique occasionnel et localisé, pas aussi grave ou répandu que les vrais
vers l-de-fer. Alors que plusieurs espèces de faux vers l-de-fer ont été trouvées dans les
champs de culture des Prairies, une seule espèce (Eleodes extricatus) a été signalée comme
parasite économique, en particulier dans les zones sèches au sol sablonneux comme le sud-
ouest de la Saskatchewan (King 1928). Toutefois, comme il est facile de les confondre avec
les véritables l-l-de-fer, certains dommages attribués aux vers l-de-fer pourraient en fait
provenir de faux vers l-de-fer (Strickland 1927). Les larves des vrais et des faux l-de-fer ont
toutes deux un corps segmenté dur dont la couleur peut varier du jaune au brun foncé. Elles
se distinguent par plusieurs caractéristiques subtiles qui peuvent nécessiter un œil entraîné.
La tête des faux vers l-de-fer présentent de petites diérences, comme des antennes plus
prononcées, la dernière section antennaire étant plus large à son extrémité. Le neuvième
segment abdominal des faux vers l-de-fer est relevé à son extrémité et comporte une rangée
d’épines sur ses bords (Glen et al. 1943). Leurs pattes peuvent être plus longues que celles
des vrais vers l-de-fer, en particulier la première paire. Les larves d’E. extricatus ont une
longueur de 15 à 33 millimètres et sont pour la plupart de couleur tan pâle (Smith et al. 2014).
Ils ont un cycle de vie de 2 ans dans les Prairies (Strickland 1927) (Figures A5).
Encadré A : Continué
Première paire de jambes plus grosse que les autres
Rangée d’épines le
long du bord Apex
courbé
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
16
Figure A6. Larve de thérève (Thérévidés)
Photo : J. Gavloski, Manitoba Agriculture and
Resource Development
Figure A8. Vers blanc. Photo : J. Saguez, CÉROM

Les larves des mouches thérèves ont un
corps blanchâtre, long et mince, une capsule
céphalique foncée, et n’ont pas de pattes. Ces
bestioles actives se nourrissent de vers l-
de-fer. Lorsqu’elles sont dérangées, elles se
tortillent souvent vigoureusement (Figure A6).

Les vers l-de-fer ne sont pas de véritables
vers, mais plutôt la forme larvaire d’un taupin,
un coléoptère. Le sol contient de nombreux
vers véritables et ces derniers n’ont jamais de
pattes ni de tête. Un groupe de vers véritables
qui sont faciles à confondre avec les vers
l-de-fer sont les Enchytrées, de petits vers
pâles. Ces vers sont importants pour la santé
des sols et n’endommagent pas les cultures
(Figure A7).

Ce sont des larves de scarabées qui
peuvent parfois endommager les cultures.
Tout comme les vers l-de-fer, ces larves
ont trois paires de pattes. Mais elles se
distinguent des vers l de-fer par une forme
en C, des antennes à cinq segments et
un abdomen dont l’extrémité est lustrée
(Figure A8).
17
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure A7. Vers véritables. Photo : T. Buss &
E. Bargen, Manitoba Agriculture and Resource
Development
Encadré B : Identication des taupins et des insectes susceptibles d’être
confondus avec eux
Les champs des Prairies hébergent des centaines d’espèces de coléoptères. Tandis que
quelques-unes d’entre elles sont nuisibles (comme certains taupins), de nombreuses autres
sont des insectes auxiliaires qui sont, soit des prédateurs, soit des décomposeurs. Il est
important de pouvoir distinguer les ravageurs des insectes auxiliaires et de protéger ces
derniers an de préserver la santé des agroécosystèmes.
Les taupins se trouvent à la surface du sol ou dans le sol. On les reconnaît aux deux pointes
qui prolongent l’extrémité arrière de leur pronotum (nommé « angles postérieurs » en
entomologie, gure B1) et au cliquètement qu’ils produisent lorsqu’ils sont renversés sur le
dos, un moyen de défense leur permettant de se projeter en l’air. Ils ont de longues antennes
segmentées et souvent un corps en forme d’ogive.
Les insectes les plus susceptibles d’être confondus avec les taupins dans les champs
cultivés sont les carabes (consulter la g. B2 pour voir une comparaison directe entre un
taupin et un carabe). Les carabes sont des insectes auxiliaires et d’importants prédateurs et
décomposeurs. Il en existe au moins 398 espèces dans les Prairies (Holliday et al. 2014).
Tout comme les taupins, les carabes se trouvent à la surface du sol et ont un corps dur. Ils
peuvent être foncés et avoir des lignes longitudinales sur leurs couvertures alaires (élytres).
Leur corps est plus mince et ils ont de longues antennes segmentées
Pour diérencier les carabes des taupins, rechercher la présence d’angles postérieurs. Les
taupins ont des angles postérieurs, mais pas les carabes. Les carabes ont des mandibules
proéminentes et leur corps a une forme diérente de celle des taupins. Chez les taupins, la
partie la plus large du pronotum (la partie visible du thorax en vue dorsale) est quasiment aussi
large que l’abdomen. Chez les carabes, la partie visible du thorax est plus large que la tête,
mais généralement plus étroite que l’abdomen. Les carabes se déplacent vite habituellement,
mais ils ne cliquètent pas comme les taupins
Une autre espèce qui peut être confondue avec un taupin est le ténébrion (faux taupin adulte,
Eleodes extricatus, Figure B3). Les E. extricatus adultes sont incapables de voler, mesurent de
11 à 15 mm de long (Triplehorn et al. 2009) et sont plus ronds et plus robustes que les taupins.
Contrairement à ces derniers, les E. extricatus adultes sont actifs du milieu à la n de l’été et à
l’automne (Calkins et Kirk 1975).
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
18
Figure B1. Taupin,
Selatosomus aeripennis
destructor . Photo : J. Saguez,
CÉROM
Figure B2. Carabe,
Pterostichus melanarius.
Photo : H. Goulet, AAC.
Figure B3. Ténébrion, Eleodes
extricatus. Photo : Whitney
Cranshaw, Colorado State
University, Bugwood.org
Angle
postérieurs
19
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
20
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 12. Cycle biologique général des taupins. Photo : Top Crop Magazine, reproduit avec la permission du magazine
21
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

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
Le développement des vers l-de-fer dans
les Prairies suit un cycle de vie général, mais
il existe des diérences majeures entre les
espèces. Les taupins passent la majeure
partie de leur vie (1–11 ans) à l’état larvaire
(vers l-de-fer) dans le sol, mais à peine
quelques semaines à chacun des autres
stades de développement (œuf, pupe et
adulte). Les activités des adultes et des
larves sont assez saisonnières et sont donc
observables à des moments assez prévisibles
de l’année. Cependant, les activités
saisonnières peuvent varier d’une espèce
à l’autre (King et al. 1933, Doane 1981,
Milosavljević et al. 2017). Le tableau 1 (page
69) résume les stades de développement de
trois espèces nuisibles communes dans les
Prairies.

Les adultes passent l’hiver dans le sol,
émergent au printemps, puis pondent
pendant plusieurs semaines avant de mourir
(gure 12). Sauf quelques exceptions, les
adultes n’endommagent pas directement les
cultures (Brooks 1960) et sont actifs d’avril
à la n juillet ou plus longtemps (Zacharuk
1962a). Parmi les quatre espèces d’intérêt,
S. a. destructor (Taupin des prairies) et
L. californicus (Sugarbeet wireworm)
doivent obligatoirement s’accoupler pour
se reproduire, alors que A. mellillus (Flat
wireworm) et certaines populations de H.
bicolor sont « parthénogénétiques », ce
qui signie qu’elles sont toutes ou pour la
plupart des femelles et qu’elles n’ont pas
besoin de s’accoupler. Chez les espèces qui
s’accouplent, les femelles adultes émettent
fréquemment des « phéromones » sexuelles
pour attirer les mâles (Lilly 1959, Doane
1963a).
Selon l’espèce, les taupins adultes sont
capables de voler ou non. S. a. destructor
(Taupin des prairies) en est habituellement
incapable (Strickland 1927, Doane 1963a),
tandis que les espèces H. bicolor (Doane
1963a), L. californicus (Sugarbeet wireworm)
(Lilly 1959) et A. mellillus (Flat wireworm)
(Doane 1977b) peuvent voler. Les femelles
de S. a. destructor peuvent marcher au moins
110 mètres (360 pieds) en neuf jours (Doane
1963a), ce qui signie que la plupart d’entre
elles pondront dans le même champ d’où
elles ont émergé à l’état adulte. H. bicolor
peut marcher jusqu’à 55 mètres (180 pieds)
en six jours (Doane 1963a), mais on ignore
ses distances de vol.
Dans le cadre d’une étude menée à
Saskatoon en 1959–1960 sur les activités
des adultes taupins à la surface du sol,
des pièges qui ciblaient les adultes de S.
a. destructor (Taupin des prairies) ont été
installés. D’après les résultats obtenus, le
ratio mâle:femelle est d’environ 7:1 (Doane
1961), mais ce rapport asymétrique pourrait
être un artefact de la méthode de piégeage et
de la période de temps. Au cours de la saison
2019, Catton et van Herk ont obtenu un ratio
mâle:femelle d’environ 1:1 d’adultes de S. a.
destructor dans le sud de l’Alberta (données
non publiées). À Saskatoon, les mâles sont
actifs de la mi-avril à la mi-mai; les femelles
émergent en avril ou au début de mai, puis
attirent des partenaires sexuels, mais elles ne
se déplacent pas beaucoup à la surface du
sol jusqu’à la mi-mai à n juin (Doane 1961).
22
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 13. Les larves néonates de taupin sont très
petites (èches). Photo : H. Catton, AAC-Lethbridge
En revanche, chez H. bicolor, le ratio mâle :
femelle est de 1:2 et les adultes sont actifs
de la n avril à aussi tard que la mi-août. Les
adultes évitent les températures élevées en
se cachant sous des mottes de sol, sous la
litière et en particulier dans les ssures du sol
(Doane 1967).
Une femelle adulte de S. a. destructor (Taupin
des prairies) de taille moyenne peut pondre
entre 264 et 946 œufs (Doane 1963b), surtout
avant la n de juin (Doane 1963b). Les
femelles de S. a. destructor creusent jusqu’à
une profondeur de 3 à 15 centimètres
(1–6 pouces) dans le sol pour y déposer leurs
œufs (Strickland 1927), mais n’étant pas
d’habiles creuseurs, elles protent souvent
de ssures dans le sol pour avoir accès à de
plus grandes profondeurs (Doane 1967). On
connaît mal les préférences de ponte des
espèces de vers l-de-fer présentes dans les
Prairies, sauf qu’elles préfèrent un sol humide
à un sol sec et que le taux idéal d’humidité
du sol se situe à mi-chemin entre le point de
étrissement permanent et la capacité au
champ (capacité de rétention maximale en
eau du sol ) (Doane 1967). Les œufs sont
enrobés d’un uide sur lequel la terre adhère
et qui les rend quasiment impossibles à voir.
Pour survivre, les œufs doivent absorber
l’humidité du sol avoisinant (Doane 1966).
L’éclosion a lieu après 14 jours ou plus
(Doane 1969) et les minuscules larves de
vers l-de-fer nouvellement écloses (larves
néonates) commencent à se nourrir.
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

L’éclosion des œufs de taupins a lieu en
été et les larves néonates se nourrissent
des tissus racinaires dans le sol. Les larves
néonates ne causent généralement pas de
dommages directs aux cultures dans les
champs, car elles sont aussi petites que
1,5 millimètre (0,06 pouce) (Strickland 1927)
(gure 13) et les plantes sont déjà bien
établies à ce moment de la saison. Toutefois,
les larves néonates qui s’alimentent au début
de l’automne peuvent endommager les
cultures de légumes-racines et de tubercules,
comme la pomme de terre. Les larves
trouvent leur nourriture en se dirigeant vers
le dioxyde de carbone qui est libéré par les
tissus végétaux vivants (Doane et al. 1975).
Elles sont capables de détecter une source
d’émission gazeuse à une distance d’au
moins 20 centimètres (8 po) (Doane et al.
1975).
Le stade néonate est l’un des stades les plus
vulnérables dans le cycle de vie des taupins.
À ce stade, du moins dans le cas de S. a.
destructor (Taupin des prairies), les larves
néonates sont vulnérables à la privation de
nourriture, au cannibalisme et aux mauvaises
conditions et elles doivent absolument se
nourrir pour survivre à leur première année
de vie (Strickland 1939, Davis 1958). Dans un
ensemble d’expériences menées en champ
pendant de nombreuses années avec des
larves encagées dans le sol (Strickland 1939),
plus de 90 % de larves de S. a. destructor
sont mortes dans les deux premières années
suivant l’éclosion, souvent en raison du
cannibalisme (Strickland 1939). Les larves
néonates ont besoin de plantes hôtes
23
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 15. La taille des larves résidentes peut varier
selon l’espèce. Selatosomus aeripennis destructor
gauche) et Hypnoidus bicolor (à droite). Photo : W.
van Herk, AAC-Agassiz
spéciques pour survivre (Davis 1958), et
les graminées vivaces et les céréales orent
les taux de survie les plus élevés, tandis
que le sarrasin et les mauvaises herbes
dicotylédones orent des taux de survie
faible ou nul (Strickland 1939, voir la section
Rotation culturale, page 51). À l’exception
d’A. mellillus (Flat wireworm) qui compléterait
son cycle de vie en une ou deux années, les
larves néonates hiverneront dans le sol, puis
au printemps suivant, elles viendront grossir
les rangs des eectifs de larves « résidentes ».

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
Passé le premier hiver, les larves néonates
deviennent des larves « résidentes » qui
restent en général dans ce segment de
population pendant plusieurs années,
selon l’espèce et les conditions. Les larves
résidentes sont résilientes au stress et
peuvent monter, descendre et se déplacer
latéralement dans le sol pour s’alimenter et
trouver des conditions favorables. Leur taille
varie de 2 à 23 millimètres (0,08–0,9 po),
selon leur stade de développement (gure
14)
et l’espèce (gure 15) (Strickland 1939).
L’étape de larve résidente est l’étape du
cycle de vie du taupin où la larve est la plus
nuisible, car elle est active au moment du
semis des céréales et des légumineuses au
printemps et au moment de la récolte des
cultures de légumes-racines et de tubercules
à l’automne. Une tentative d’aamer les larves
résidentes serait inecace. Par exemple,
les larves de S. a. destructor (Taupin des
prairies) peuvent survivre au moins trois ans
sans nourriture si les conditions d’humidité
sont adéquates (Strickland 1939). Elles
peuvent aussi muer pour devenir plus petites
et retarder le moment de leur pupaison si les
conditions sont défavorables (King et al. 1933,
Strickland 1939).
Le stade de larve résidente dans le cycle
de vie du taupin est assez exible. La
croissance, en particulier dans les trois
premières années, varie d’un sujet à l’autre,
même lorsque les conditions sont bonnes
(Strickland 1939, Zacharuk 1962a). Selon
l’espèce et les conditions, les larves muent et
connaissent grosso modo entre 9 et 24 stades
larvaires (séparés par des mues), voire plus
(S. a. destructor, Strickland 1939), et elles
atteignent leur développement complet au
champ en 3–11 ans, selon l’espèce et les
conditions de croissance. Strickland (1939)
a observé que certains taupins de l’espèce
S. a. destructor qui avaient mis deux ans à
parvenir à maturité étaient de la même taille
que d’autres qui avaient mis huit.
Il y a habituellement deux saisons pendant
lesquelles les larves s’alimentent activement
dans les Prairies – le printemps-début d’été
et l’automne – des temps de l’année où les
températures du sol sont intermédiaires,
mais les larves peuvent aussi s’alimenter
pendant l’été si les conditions du sol sont
adéquates (Zacharuk 1962b, Burrage
Figure 14. La taille des vers l-de-fer varie au sein
d’une même espèce selon l’âge. Photo : W. van Herk,
AAC-Agassiz




24
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
1963, Doane 1981). Les larves résidentes
de S. a. destructor (Taupin des prairies)
commencent à s’activer au printemps, dès
que les températures du sol atteignent 7 °C
(45 °F), en général à la n d’avril ou en mai
(Zacharuk 1962a). Leur pic d’alimentation se
situe aussi dans cette période, moment où la
température et l’humidité du sol sont propices
à la germination des semences (Zacharuk
1962b). Les vers l-de-fer sont attirés par le
dioxyde de carbone produit par les semences
en germination et les plantes en croissance
(Doane et al. 1975). Comme ils muent, ils
alternent entre des périodes d’une à deux
semaines d’intenses activités trophiques et de
repos (Zacharuk 1962a).
Les vers l-de-fer montrent des préférences
de températures et d’humidité du sol. Ces
préférences varient selon l’espèce, la saison,
besoins alimentaires ou l’état de l’insecte
(c.-à-d. l’état de préparation à la mue) et
la disponibilité de nourriture (Campbell
1937, Zacharuk 1962b, Burrage 1963). Ces
préférences déterminent aussi l’endroit et
le moment de l’année où l’on peut trouver
des vers l-de-fer dans le sol, ainsi que leur
degré d’activité. Par exemple, les vers l-
de-fer S. a. destructor (Taupin des prairies)
sont plus portés à tolérer des conditions de
sol défavorables en présence de nourriture
qu’en leur absence (Zacharuk 1962b).
Néanmoins, ils peuvent aussi modier
soudainement leurs activités d’alimentation,
même lorsque les conditions de sol sont
favorables, peut-être parce qu’ils se préparent
à muer (Burrage 1963). Burrage (1963) a
prélevé des carottes de sol à 30 centimètres
(12 po) de profondeur dans des champs en
jachère et des champs ensemencés de blé de
printemps. Il a trouvé que plus de 85 % des
larves de S. a. destructor et de H. bicolor se
trouvaient dans les premiers 15 centimètres
(6 po) du sol pendant la majeure partie de la
saison de végétation entre la mi-août et la n
d’août. Seulement des petits vers l-de-fer
ont été trouvés à une profondeur de 15 à 30
centimètres (6–12 po), ce qui indique qu’ils
ne tolèrent pas des conditions diciles du sol
(c’est-à-dire chaudes, sèches). Milosavjlević
et al. (2017) ont trouvé des grosses et
des petites larves de Limonius californicus
(Sugarbeet wireworm) à une profondeur
de sol de 70 à 105 centimètres (27 à 41
po) dans l’État de Washington, et les plus
grosses larves de L. californicus (Sugarbeet
wireworm) étaient capables de rester plus
près de la surface du sol pour continuer
à s’alimenter pendant toute la saison de
végétation. Les larves peuvent cesser de
s’alimenter si les températures du sol sont
trop élevées ou trop basses ou si le taux
d’humidité du sol est trop faible. Les vers l-
de-fer se déplacent alors plus profondément
dans le sol en quête de conditions plus
favorables. Les activités alimentaires plus
près de la surface du sol peuvent reprendre à
l’automne lorsque les températures baissent.
Des expériences menées en laboratoire avec
des larves matures ont démontré que les
larves de S. a. destructor (Taupin des prairies)
préféraient des températures du sol plus
élevées (médiane de 17 °C (63 °F), car 50 %
préféraient des températures entre 11–24 °C
(52–75 °F)) alors que dans le cas des larves
de H. bicolor (médiane de 14 °C (57 °F),
50 % des larves préféraient des températures
entre 9–19 °C (48–66 °F)) (Zacharuk 1962b).
Mais des collectes de S. a. destructor en
champs ont démontré que la préférence des
larves de cette espèce variait selon qu’elles
se trouvaient dans des champs de blé, des
champs mis en jachère estivale, ou encore
selon le moment de la saison de végétation et
l’année (Zacharuk 1962b). Au printemps et à
l’automne, les larves étaient plus capricieuses
pour ce qui est des températures du sol et
fuyaient les températures de 32 °C (90 °F)
ou supérieures, alors qu’en été, elles étaient
actives dans le sol jusqu’à 35 °C (95 °F).
Les larves de S. a. destructor étaient plus
tolérantes aux températures du sol élevées
lorsqu’elles avaient de la nourriture à leur
disposition que lorsqu’elles n’en avaient pas.
Les préférences des vers l-de-fer
dépendaient aussi de l’humidité du sol; autant
les larves de S. a. destructor (Taupin des
prairies) que les larves de H. bicolor évitaient
les sols trop secs. Toutefois, les larves de
25
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 16. Une pupe dans sa loge enfouie dans le sol. Noter l’exuvie de la larve.
Photo : K. Shamash, AAC-Lethbridge
S. a. destructor avaient un seuil de tolérance
à l’humidité du sol plus bas (4–23 %) que
H. bicolor (14–23 %) (Zacharuk 1962b).
Toutefois, les larves de S. a. destructor
réduisant leur alimentation lorsque l’humidité
du sol était supérieure à 20 % (Zacharuk
1962b). Les larves de Limonius californicus
(Sugarbeet wireworm) évitent aussi les sols
secs, et préfèrent une humidité du sol de 16
% et des températures entre 13–28 °C, selon
le temps de l’année (Campbell 1937).
On connaît peu de choses sur l’hivernation
des vers l-de-fer dans les Prairies,
sauf qu’on a trouvé des larves de S. a.
destructor aux alentours de Saskatoon à des
profondeurs de 1–46 centimètres (0,5–18 po).

L’année où la larve résidente mature atteint
une taille adéquate, soit entre la mi-juillet
et la n juillet, elle approche à la surface du
sol, en général à 5–8 centimètres (2–3 po),
pour entamer sa pupaison (Zacharuk 1962a)
(gure 16). Les nouveaux adultes de S. a.
destructor (Taupin des prairies) émergent
de leur loge pupale en août. La majorité des
pupes demeurent dormantes dans le sol
jusqu’au printemps suivant. Au printemps, les
adultes émergent et se mettent à la recherche
de partenaires pour se reproduire. L’adulte de
A. mellillus (Flat wireworm) hiverne dans la
litière à la surface du sol (Jewett 1940). Les
adultes émergent au printemps et entament
leurs activités de reproduction.
Pupe
“Peau” perdue
26
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 17. Schéma des 9e segments abdominaux des principaux vers l-de-fer nuisibles dans les Prairies. Noter les
diérences de forme des encoches et les deux paires de crochets autour de l’encoche. Photos J. Saguez, CÉROM
Hypnoidus
bicolor
Aucun nom commun en
français et en anglais
Selatosomus aeripennis
destructor
Taupin des prairies
Aeolus mellillus
Aucun nom commun en
français, Flat wireworm
en anglais
Limonius californicus
Aucun nom commun
en français, Sugarbeet
wireworm en anglais
Agriotes mancus
Taupin de blé
Hadromorphus glaucus
Aucun num commun en
français et en anglais
Absence d’encoche
caudale, l’extrémité du
corps se termine en
pointe
Encoche caudale en
forme d’U, semblable à
celle de S. a. destructor
Les crochets sont plus
minces que ceux de
S. a. destructor
Projections dentées
proéminentes sur le les côtés
de 9e segment abdominal,
plus pointues que celles de
S. a. destructor
L’ouverture de l’encoche
caudale est presque
fermée – en forme de
« trou de serrure »
Encoche caudale large et
peu profonde
Les projections sur les côtés de
9e segment abdominal ne sont
pas aussi proéminentes que
celles de H. glaucus
Aucun poil sur le dessus
du 9e segment abdominal
contrairement à H. bicolor
Les crochets externes
ne sont pas érigés
Encoche caudale en
forme de U
Crochet interne
Crochet externe
De petits poils sont présents
sur le dessus du 9e segment
abdominal, mais ils sont absents
sur S. a. destructor
Crochet interne
Le crochet externe est plus petit que
le crochet interne et il est érigé
Vue de dessus 
Les crochets internes et
externes sont à peu près de la
même taille, sont « charnus,
» et ne sont pas aussi elés
que ceux de H. Glaucus
Encoche caudale en
forme de V
27
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes



D’après l’enquête menée par van Herk et al.
(2020), quatre espèces de vers l-de-fer sont
prédominantes dans les Prairies et se sont
toutes des espèces indigènes : H. bicolor,
S. a. destructor (Taupin des prairies), L.
californicus (Sugarbeet wireworm), A. mellillus
(Flat wireworm) (gures 10 et 11). N’importe
quel champ peut héberger une, plusieurs ou
l’ensemble de ces espèces. Il est important
de connaître le mélange d’espèces présentes
dans son champ pour prendre des décisions
de lutte éclairées (Strickland 1935, Glen et
al. 1943), car les espèces présentent des
diérences au niveau du cycle de vie, du
potentiel de dommages, de la vulnérabilité
aux insecticides et des préférences de
températures et d’humidité du sol (Vernon et
van Herk 2013b).
On compte au moins 11 espèces de vers l-
de-fer qui ont été rapportées comme insectes
nuisibles d’importance mineure ou régionale
dans les Prairies (van Herk et Vernon
(2014). Outre les quatre espèces majeures
énumérées dans le présent guide (et Agriotes
mancus, décrit en détail dans van Herk et
Vernon 2014), la biologie de la majorité des
autres espèces nuisibles est généralement
inconnue.
Nous présentons ici Agriotes mancus (Taupin
du blé) et Hadromorphus glaucus (sans
nom commun) en raison de leur importance
régionale dans la littérature (van Herk et
Vernon 2014) et pour illustrer la variation
d’apparence des vers l-de-fer (morphologie).
La section suivante résume les principaux
attributs des quatre espèces majeures de
vers l-de-fer nuisibles et de plusieurs autres
(voir van Herk et Vernon 2014 pour plus de
détails). L’information sur les stades larvaires
et le stade adulte des quatre espèces
nuisibles majeures est résumée dans les
tableaux 2a et 2b (pages 70–71) plus loin.


À noter que les caractéristiques décrites ici servent à faire une identication préliminaire des
espèces. Pour obtenir une conrmation de votre identication, expédier des échantillons
à votre entomologiste provincial (ou aux auteurs du Guide). Ils passeront les spécimens à
travers des clés binomiales d’identication de toutes les espèces nuisibles connues dans les
Prairies et examineront des caractères microscopiques subtils comme les petits poils et la
forme d’une partie de la tête. Certaines identications peuvent même nécessiter une analyse
d’ADN. Les Élatéridés sont un groupe d’insectes complexe, et les noms des espèces changent
constamment, à mesure que nous en apprenons davantage sur leurs liations (Etzler et al.
2014, van Herk and Vernon 2014).
Une caractéristique majeure de diérenciation des espèces de vers l-de-fer au stade larvaire
est le neuvième segment abdominal. Sur ce segment se trouvent l’« encoche caudale » et les
crochets qui les entourent. L’encoche caudale et les crochets ont des formes distinctives d’une
espèce à l’autre (gure 17) (voir le tableau 2a [page 70] pour un résumé comparatif des larves
des quatre principales espèces de vers l-de-fer nuisibles)
28
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Hypnoidus bicolor

Région où cette espèce a été rapportée
comme insecte nuisible : Alberta,
Saskatchewan, Manitoba (van Herk et Vernon
2014, van Herk et al. 2021b).
Stade larvaire : Hypnoidus bicolor est l’espèce
de ver l-de-fer nuisible la plus abondante
dans les Prairies (gure 18). Les larves jaune
pâle mesurent 10–12 millimètres (0,4–0,5 po)
de long (gure 3.1). Les larves matures de
H. bicolor peuvent ressembler aux premiers
stades larvaires (instars) de S. a. destructor
(Taupin des prairies). Toutefois, H. bicolor
se distingue par une encoche caudale en
forme de U et une paire de petites pointes
recourbées vers le haut, sur le neuvième
segment abdominal (Glen et al. 1943) (Glen
et al. 1943) (Voir la photo en vue latérale)
(gures 18b et 18e).
Stade adulte : Les taupins adultes sont de
petite taille (4,5–6,0 millimètres / 0,18–0,24 po)
(Brooks 1960) et foncés. En vue dorsale, leur
pronotum (couverture du thorax) est noir, mais
les antennes, les angles postérieurs, les pattes
et les élytres (couvertures alaires) sont bruns
avec une teinte rougeâtre. Les adultes sont
recouverts d’une pubescence ne et courte.
Cycle de vie : Hypnoidus bicolor aurait, croit-
on, un stade larvaire qui durerait 2–3 ans,
mais peut-être plus en cas de conditions
défavorables (King et al. 1933). Les larves de
H. bicolor tendent à être plus actives (King
et al. 1933) et distribuées en plaques dans
un champ que S. a. destructor (Taupin des
prairies) (Doane 1977a). Les adultes de H.
bicolor deviennent généralement actifs plus
tard en saison, pondent moins d’œufs et
vivent plus longtemps que les adultes de S.
a. destructor (Doane 1977a). Les adultes se
trouvent à la surface du sol de la n avril au
début d’août en Saskatchewan. Au printemps,
les adultes sont souvent observés amassés
en groupes serrés jusqu’à 15 individus sous
des pierres, des mottes de sol ou dans des
endroits non abrités (Doane 1961, 1963c).
Reproduction : Les deux modes de
reproduction existent au Canada, soit la
parthénogénèse (mode de reproduction
sans accouplement = reproduction
clonale) et la reproduction sexuée. La
voie parthénogénétique existe chez S. a.
aeripennis (Taupin des graminées) dans les
parties nord et ouest (tremblaie-parc) de la
Saskatchewan; la voie sexuée existe chez S.
a. destructor (Taupin des prairies) (Zacharuk
1958a) au sud. Les diérences génétiques
entre les deux populations de H. bicolor
sont assez grandes pour qu’elles puissent
typiquement être considérées comme deux
espèces distinctes (Etzler et al. 2014). Des
recherches sont en cours pour déterminer
si ce groupe est plus qu’une seule espèce
(Drahun et al. 2021).
Alimentation/dommage : Ces larves ne
sont pas aussi voraces que S. a. destructor
(Taupin des prairies, voir ci-dessous). Dans
des études précédentes, par comparaison
aux dommages causés par les larves de S.
a. destructor, les larves de Hypnoidus bicolor
n’ont attaqué qu’un dixième des semences et
n’ont foré qu’un vingtième des galeries dans
les pommes de terre par larve (Zacharuk
1962b, Burrage 1963). Elles ne répondent
pas aussi bien aux pièges-appâts que S. a.
destructor (Doane 1981), et elles sont plus
agrégées spatialement (agglutinées) aux
stades larvaires matures qu’aux premiers
stades (Doane 1977a).
Dispersion des adultes au printemps : Les
femelles adultes de H. bicolor se dispersent
aussi rapidement que les mâles en marchant.
Elles volent avec aisance et on ne croit pas
que leur activité de vol soit liée au nombre
d’œufs qu’elles portent (contrairement à
[Aeolus mellillus] (Flat wireworm), puisqu’elles
commencent à voler tôt (1–5 semaines) après
leur émergence du sol au printemps (Doane
1963a, 1977a).
29
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 18. Hypnoidus bicolor. a) larve – vue de dessus b) larve – vue latérale; c)
larve – vue de dessous; d) larve – encoche caudale, vue de dessus; e) larve –
encoche caudale, vue latérale; f) adulte. Photos : J. Saguez, CÉROM
a
b
c
d e
f
Encoche caudale
en forme de U
Crochet interne
Crochet externe
De petits poils sont présents sur le
dessus du 9e segment abdominal, mais
ils sont absents sur S. a. destructor ou
H. glaucus
Angle postérieur proéminent
Crochet interne
Le crochet externe est plus
petit que le crochet interne
et il est érigé
30
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Selatosomus aeripennis destructor

Région où cette espèce a été rapportée comme
insecte nuisible : Alberta, Saskatchewan,
Manitoba (van Herk et Vernon 2014, van Herk et
al. 2021b).
Stade larvaire : Les larves de Selatosomus
aeripennis destructor sont les plus gros vers l-
de-fer nuisibles des Prairies, atteignant jusqu’à
23 millimètres (0,9 po) de long lorsque leur
développement est complété. Leur corps est
assez robuste, lustré, dur et orange-jaunâtre
(gure 19). Elles se distinguent des espèces
semblables par leur neuvième segment
abdominal; l’encoche caudale est large et peu
profonde et est entourée de crochets « charnus
» et robustes sur les urogomphes. Les crochets
externes des urogomphes ne sont pas érigés
comme ceux de H. bicolor.
Stade adulte : Les taupins adultes sont noirs,
parfois avec un lustre métallique verdâtre-
bleuâtre, glabres (dépourvus de poils) et ont
des angles postérieurs distincts. Le corps des
adultes est robuste et mesure 8–13 millimètres
(0,3–0,5 po) de long (Brooks 1960); les femelles
sont de plus grande taille 10,75–
13,25 millimètres (0,4–0,5 po) que les mâles
7,75–11,5 millimètres (0,3–0,4 po), Strickland
1927) (Figure 19).
Cycle de vie : Les vers l-de-fer de l’espèce
S. a. destructor (Taupin des prairies) passent
normalement par 9–11 stades larvaires (séparés
par des mues) dans le soi, sur une durée de 3–4
années dans le sol. Toutefois, le développement
peut durer beaucoup plus longtemps, jusqu’à 11
ans (Strickland 1939, 1942). Aussi, (1) la vitesse
de développement des vers l-de-fer est très
variable (certains vers l-de-fer deviennent deux
fois plus gros que d’autres du même âge après
deux ans de croissance; Strickland 1927); (2)
les vers l-de-fer peuvent muer régressivement
(devenir plus petits; Zacharuk 1962a); (3) les
larves de derniers stades peuvent retarder
leur pupaison d’une année ou plus (King et al.
1933). C’est la raison pour laquelle on ne peut
pas utiliser la largeur de la capsule céphalique,
la longueur du corps ou d’autres mesures pour
déterminer les stades de développement des
vers l-de-fer (Doane 1977a). Les vers l-de-fer
qui ont atteint une taille adéquate ou un autre
seuil de déclenchement interne, se dirigent
vers les premiers 10 centimètres (4 po) sous
la surface du sol à la n juillet et en août pour
entamer leur pupaison (stade précédant la
transformation en adulte) (Zacharuk 1962a;
Doane 1977a). Les nouveaux adultes resteront
en dormance dans le sol jusqu’au printemps
suivant.
Reproduction : Les adultes sortent de dormance
à la n avril et en mai, lorsque la température
du sol atteint 10 °C (Strickland 1935, 1939,
Zacharuk 1962a). Les mâles se mettent
immédiatement à la recherche d’un partenaire
sexuel après l’émergence. Aucun des deux
sexes ne s’accouple plus d’une fois. Les mâles
meurent 1–3 semaines après l’accouplement,
alors que les femelles restent dans des ssures
du sol jusqu’à ce qu’elles commencent à pondre
(oviposition) (Zacharuk 1958b, 1962a; Doane
1977a). La ponte commence 1–2 semaines
après l’accouplement, et a lieu en général de la
mi-mai à la mi-juin et elle peut durer jusqu’à trois
semaines, voire jusqu’à la n juillet (Zacharuk
1962a; Doane 1977a). L’activité des femelles
augmente après qu’elles aient pondu la majorité
de leurs œufs (Doane 1961). Les œufs, pondus
sans doute en nombres bien supérieurs à 200
par femelle (quoique les estimations varient,
voir Zacharuk 1962a; Strickland 1927, Doane
1963b), sont probablement déposés près du site
d’émergence des femelles après leur période
de dormance, car ces dernières sont rarement
observées en vol (Doane 1963a, Zacharuk
1962, Strickland 1935). Les œufs sont pondus
en groupes (de quelques-uns à plusieurs
centaines) et sont habituellement déposés
sous une motte de sol ou à d’autres endroits où
l’humidité du sol est susante, parfois jusqu’à
15 centimètres (6 po) de profondeur (Doane
1967, 1977a). L’humidité du sol est extrêmement
importante pour la survie des œufs, car ceux-ci
31
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Angle postérieur proéminent
Figure 19. Selatosomus aeripennis destructor a) larve - vue de dessus b) larve - vue latérale; c) larve - vue
de dessous; d) larve - encoche caudale, vue de dessus; e) larve - encoche caudale, vue latérale; f) adulte.
Photos : J. Saguez, CÉROM
a
b
c
de
f
Encoche caudale
large et peu profonde
Aucun poil sur le dessus du 9e
segment abdominal contrairement
à H. bicolor
Les projections sur le les côtés de 9e
segment abdominal ne sont pas aussi
proéminentes que celles de H. glaucus
Les crochets internes et
externes sont à peu près de la
même taille, sont « charnus, »
et ne sont pas aussi elés que
ceux de H. glaucus
Les crochets
externes ne sont
pas érigés
doivent absorber de l’eau du sol après avoir été
pondus (Doane 1966, 1977a). L’éclosion a lieu
au bout de 3–4 semaines.
Alimentation/dommages : Les comportements
alimentaires peuvent fournir des indications
sur le stade de développement : les larves
des premiers stades se nourrissent de poils
racinaires et de mycélium fongique tandis
que celles des stades plus avancés attaquent
les semences (Zacharuk 1962a), et l’activité
culmine pendant le dernier stade avant la
pupaison qui a lieu à la n juillet et en août.
Les larves broient des plantes (Eidt 1959) et
peuvent attaquer 10 fois plus de semences
ou forer jusqu’à 20 fois plus de galeries dans
les pommes de terre par larve que Hypnoidus
bicolor
(Zacharuk 1962b, Burrage 1963).
Sous-espèces apparentées : Voir Deux sous-
espèces à la même apparence : Selatosomus
aeripennis destructor et Selatosomus aeripennis
aeripennis, page 9.
32
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Limonius californicus


Région où cette espèce a été rapportée
comme insecte nuisible : sud de l’Alberta,
Saskatchewan, Manitoba (van Herk et Vernon
2014). Espèce présente surtout dans les
terres irriguées (Brooks 1960).
Stade larvaire : Les larves de cette
espèce sont jaunes, ont un corps dur et,
fait intéressant, sont dépourvues d’yeux
(Lanchester 1946). À maturité, elles
mesurent 17–22 millimètres (0,7–0,9 po) de
long (Glen et al. 1943). Diérant de l’autre
espèce majeure de ver l-de-fer nuisible
(S. a. destructor), l’encoche caudale de
L. californicus (Sugarbeet wireworm) est
presque fermée et ressemble à un trou
de serrure (gure 20). Les crochets des
urogomphes sont érigés et beaucoup plus
petits que ceux de H. bicolor et de S. a.
destructor (Taupin des prairies).
Stade adulte : Les taupins adultes ont une
forme allongée-mince et mesurent 8,5–
11 millimètres (0,3–0,4 po) de long. Leurs
angles postérieurs sont très courts. Leur
pronotum (couverture du thorax) est noir
et leurs élytres (ailes durcies) sont brun-
rougeâtre. Les deux sont couverts d’une
pilosité dense, blanche ou jaune (Figure 20).
Cycle biologique : La biologie de L.
californicus (Sugarbeet wireworm) dans les
Prairies n’est pas bien connue, et ce qui est
présenté ici est tiré d’études eectuées en
Californie par Stone (1941). Les larves de L.
californicus (Sugarbeet wireworm) passent
par 10–13 stades et, en Californie, elles
complètent leur développement en 2–3 ans
(Stone 1941). Il est probable que les larves
dans les Prairies auient un développement
plus long (probablement 3–4 ans) en raison
du climat plus froid. Dans les études de Stone
(1941), la pupaison a lieu l’été et l’automne, à
17–30 centimètres (7–12 po), sous la surface
du sol, et dure environ 21 jours. Les nouveaux
adultes hivernent dans le sol et émergent
au printemps. Les femelles deviennent
actives plusieurs jours après les mâles, et
s’accouplent peu après.
Reproduction : Les mâles peuvent
apparemment s’accoupler plus d’une
fois et ils meurent environ un mois après
l’accouplement. À l’instar d’autres espèces,
la durée de vie de l’adulte peut être plus
longue dans des conditions froides (Stone
1941). Dans le sud de l’Alberta, les mâles
adultes sont actifs en mai, commencent à
bouger lorsque les températures quotidiennes
moyennes sont encore basses (4 °C / 39 °F)
(van Herk et al. données non publiées).
Les femelles commencent à pondre
(oviposition) environ une semaine après
l’accouplement et ont en grande partie
terminé au bout d’une semaine, mais, selon
la température, la période de ponte peut
durer jusqu’à neuf semaines. Les femelles
pondent en moyenne 250 œufs ou plus, et
meurent au terme de cet eort. Les œufs sont
déposés dans un sol où le taux d’humidité
est de 10–20 %, généralement dans des
ssures supercielles, mais les femelles
adultes peuvent creuser à une profondeur de
10 centimètres ou plus pour trouver un taux
d’humidité adéquat pour y pondre. Le type de
végétation présent dans le champ ne semble
pas avoir d’incidences sur la ponte. Les œufs
éclosent en moyenne 30 jours après avoir été
pondus (Stone 1941).
Alimentation/dommages : D’après une
étude eectuée dans l’État de Washington
et en Idaho, l’alimentation des larves de
L. californicus (Sugarbeet wireworm), en
particulier celle des petites larves, est
énergique de mai à août (Milosavljević et al.
2017). Leur comportement dière de celui
des larves étroitement apparentées Limonius
infuscatus (Taupin de l’ouest) qui réduisent
leurs activités alimentaires à mesure que l’été
avance.
33
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 20. Limonius californicus. a) larve - vue de dessus b) larve - vue latérale; c) larve - vue de
dessous; d) larve - encoche caudale, vue de dessus; e) larve - encoche caudale, vue latérale; f) adulte.
Photos : J. Saguez, CÉROM
a
b
c
d e
f
L’ouverture de
l’encoche caudale
est presque
fermée – en forme
de « trou de
serrure »
Les angles postérieurs sont moins
proéminents que chez d’autres espèces
34
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Aeolus mellillus 

Région où cette espèce a été rapportée
comme insecte nuisible : sud de l’Alberta,
Saskatchewan, Manitoba (van Herk et Vernon
2014, van Herk et al. 2020).
Stade larvaire : Aeolus mellillus (Flat
wireworm) se diérencie des autres espèces
de vers l-de-fer nuisibles par sa tête et son
prothorax (partie du thorax la plus proche de
la tête, à laquelle est attachée la première
paire de pattes) de couleur brun ou brun-
rougeâtre, tandis que le reste du corps est
jaune pâle et mou (Glen et al. 1943) (gure
21). Les larves mesurent 15 millimètres
(0,6 po) ou moins de long et sont aplaties,
en particulier sur le neuvième segment
abdominal. L’encoche caudale a une forme
en V et les crochets des urogomphes sont
réduits. Les larves sont assez actives et
rampent si vite qu’elles peuvent être diciles
à garder dans la paume d’une main.
Stade adulte :
Les taupins adultes sont petits
et mesurent 5,5–8 millimètres (0,2–0,3 po) de
long (Brooks 1960). Ils sont jaune-rougeâtre
et ont des taches brun foncé sur le pronotum
(partie dorsale du thorax) et les élytres (ailaires
durcies), ce qui leur donne un aspect tacheté.
Les adultes ont des angles postérieurs longs
et aigus et une pilosité ne très courte (Figure
21).
Cycle biologique : Aeolus mellillus n’aurait
qu’une génération par année au Canada,
et il peut hiverner tant sous forme adulte
que larvaire (Stirrett 1936, Jewett 1942).
Les adultes s’activent à la n mai et leur pic
d’activité se situe entre la mi-juin et la mi-
juillet (Doane 1977b).
Reproduction : Seule la forme
parthénogénétique (composée uniquement
de femelles) de A. mellillus est connue
au Canada (Glen et al. 1943). Cela rend
impossibles les approches de surveillance et
de lutte au moyen de phéromones sexuelles
femelles. Les femelles pondraient en
moyenne 18–51 œufs (Jewett 1940, 1942),
nombre très inférieur à celui des autres
espèces de vers l-de-fer.
Dispersion : La dispersion se fait
principalement par la marche, mais les
femelles voleront plus tard en saison (Doane
1977b).
Alimentation/dommages : Les larves d’A.
mellillus sont plus actives que la plupart de
celles des autres espèces et elles peuvent
être prédatrices (Glen et al. 1943). Cette
tendance peut aider à réduire les populations
des autres espèces de vers l-de-fer nuisibles
(Doane 1977b). Toutefois, les larves d’A.
mellillus se nourrissent aussi de plantes : elles
attaquent les tiges de céréales à la surface
du sol en les coupant complètement. Cela
contraste avec d’autres espèces de vers l-
de-fer qui forent une galerie dans les tiges de
céréales ou les broient (Glen et al. 1943).
35
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
b
c
d
Figure 21. Aeolus mellillus. a) larve - vue de dessus b) larve - vue latérale; c) larve - vue de dessous; d) larve
- encoche caudale, vue de dessus; e) larve - encoche caudale, vue latérale; f) adulte. Photos : J. Saguez,
CÉROM
a
e
f
Tête et prothorax de couleur
brune ou brun rougeâtre
Encoche caudale
en forme de V
Angle postérieur proéminent
36
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Hadromorphus glaucus 

Région où cette espèce a été rapportée
comme insecte nuisible : sud de l’Alberta (van
Herk and Vernon 2014).
Stade larvaire : Les larves de H. glaucus
peuvent devenir assez grosses
(18,5 millimètres / 0,7 po) (Glen et al. 1943)
(gure 22). Leur corps est dur et robuste. Tout
comme S. a. destructor (Taupin des prairies),
elles ont une large encoche caudale, mais
celle-ci est généralement plus profonde, et
les urogomphes sont plus minces et longs.
Contrairement aux autres espèces nuisibles
présentes dans les Prairies qui présentent
une large encoche caudale, H. glaucus a
des projections dentées sur les côtés du
neuvième segment abdominal. Le spécimen
de ver l-de-fer H. glaucus photographié dans
le présent guide est devenu brunâtre après
un certain temps de conservation, mais il était
plus jaunâtre lors de sa capture en champ
(gure 22).
Stade adulte : Les taupins adultes de H.
glaucus mesurent 7–9 millimètres (0,3–
0,4 po) de long (Brooks 1960), sont noirs,
mais ont une pilosité dense blanche et des
angles postérieurs proéminents.
Cycle de vie : Inconnue.
Reproduction : Inconnue.
Dispersion : Inconnue.
Alimentation/dommages : Fait intéressant,
Brooks (1960) a rapporté que les adultes de
H. glaucus se nourrissaient de feuilles et a
observé qu’ils causaient des dommages «
considérables » dans les champs de haricots
et les luzernières.
REMARQUES : Le ver l-de-fer
représenté à droite a bruni durant
sa conservation. Les spécimens
vivants sont jaunes, semblables
aux autres espèces.
37
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
a
b
c
d
Figure 22. Hadromorphus glaucus. a) larve - vue de dessus b) larve - vue latérale; c) larve - vue de
dessous; d) larve - encoche caudale, vue de dessus; e) larve - encoche caudale, vue latérale; f) adulte.
Photos : J. Saguez, CÉROM
e
f
Encoche caudale en
forme d’U, semblable à
celle de S. a. destructor
Les crochets sont plus
minces que ceux de
S. a. destructor
Projections dentées proéminentes sur le
les côtés de 9e segment abdominal, plus
pointues que celles de S. a. destructor
Angle postérieur proéminent
38
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Agriotes mancus
Région où cette espèce a été rapportée comme
insecte nuisible : sud-est de la Saskatchewan,
Manitoba, Ontario, Québec et nord-est des
États-Unis, surtout dans les sols humides (van
Herk et Vernon 2014, Saguez et al. 2017).
Stade larvaire : Le cycle biologique de cette
espèce est semblable à celui des espèces
européennes envahissantes du genre Agriotes
qui ont été mieux étudiées au Canada (mais
introuvable dans les Prairies) : A. obscurus,
A. lineatus, et A. sputator. Les larves de
première année sont vulnérables à la privation
de nourriture, mais celles de deuxième et de
troisième année peuvent survivre à l’absence
de nourriture (c.-à-d. de plantes vivantes)
pendant au moins deux ans, période au
cours de laquelle la taille des larves peut ne
pas changer beaucoup (Rawlins 1940). Les
larves atteignent jusqu’à 22 millimètres (0,9
po) de long avant d’entamer leur pupaison.
Contrairement aux autres espèces décrites,
l’extrémité de l’abdomen est dépourvue
d’encoche caudale et de crochets. Elle se
termine plutôt en pointe arrondie. Les côtés du
dernier segment ont deux grosses « ocelles »
foncées, une caractéristique des espèces de ce
groupe (gure 23).
Stade adulte : Les taupins adultes mesurent
6,5–8,5 millimètres (0,26–0,33) de long et sont
généralement bruns (parfois brun-rougeâtre) et
ont des poils (pubescence) dorés (Brooks 1960)
(gure 23).
Cycle biologique : Les larves néonates
atteignent jusqu’à environ 6 millimètres
(0,2 po) de long la première année (Québec) et
demeurent dans les premiers 15 centimètres
(6 po) de sol jusqu’à ce que le sol s’assèche
au milieu de l’été, puis elles descendent plus
profondément pour trouver plus d’humidité.
Les larves remontent vers la surface du sol en
septembre pour s’alimenter, puis redescendent
lorsque le sol commence à geler (Rawlins
1940, Lafrance 1967). Au cours de la deuxième
année, où l’essentiel de la croissance a lieu,
les larves muent deux fois, une première
fois en mai-juin et une seconde fois en août-
septembre. La plupart des larves entrent en
pupaison à la mi-juillet (Québec) de la troisième
année, mais certaines ont besoin d’une ou deux
années additionnelles de croissance (Rawlins
1940, Lafrance 1967). Après la pupaison, les
adultes hivernent dans leur loge pupale à une
profondeur de 2,5–17 centimètres
(1–7 po) (sud-ouest du Québec), et émergent
au début de mai lorsque les températures du
sol avoisinent 10 °C (50 °F) (Lafrance 1967).
Reproduction : Les adultes s’accouplent peu
de temps après l’émergence, pourvu que la
température de l’air soit entre 14–27 °C
(57–81 °F). Les œufs sont pondus de la mi-
juin à la mi-juillet (Québec) (Lafrance 1967).
Les femelles peuvent pondre jusqu’à 194 œufs
dans les premiers centimètres du sol (Lafrance
1967), soit individuellement, soit par groupes
(Rawlins 1940). Les œufs éclosent au bout de
trois ou quatre semaines.
Dispersion : Les insectes se dispersent
principalement en marchant, mais les deux
sexes volent par temps chaud (Rawlins 1940,
Lafrance 1967).
Alimentation/dommages : En forant des
galeries, les larves peuvent causer des
dommages considérables dans les céréales,
le maïs, les pommes de terre, les fraises et les
légumes de champ (Rawlins 1940, van Herk et
Vernon 2014).
39
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 23. Agriotes mancus. a) larve - vue de dessus b) larve - vue latérale; c) larve - vue de dessous;
d) larve - encoche caudale, vue de dessus; e) larve - encoche caudale, vue latérale; f) adulte.
Photos : J. Saguez, CÉROM
b
c
d
a
e
f
Absence d’encoche
caudale, l’extrémité du
corps se termine en pointe
Angle postérieur proéminent
40
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 24. En cas d’éclaircissement d’une culture, on peut dépister les vers l-
de-fer en arrachant des plantes et le sol ainsi dégagé peut révéler leur présence
(en haut). Ver l-de-fer trouvé autour des racines de plantules jaunies de blé de
printemps (en bas). Photos : H. Catton, AAC-Lethbridge

41
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

La surveillance est une composante importante
d’un programme de lutte antiparasitaire. Elle
vise à identier correctement les ravageurs
présents, à suivre les eectifs des populations
de ravageurs et à associer directement le
ravageur aux dommages observés dans la
culture. Une erreur commise à l’étape de la
surveillance pourrait aboutir à des tentatives
de lutte inadéquates qui se traduiront par un
gaspillage de temps et d’argent, sans résoudre
le problème. [Remarque : En présence de
multiples ravageurs, il est possible d’observer
diérentes sortes de dommages.] Par exemple,
le traitement d’une infestation de vers-gris sera
diérent de celui d’une infestation de vers l-
de-fer (il existe des options de sauvetage des
cultures pendant la saison pour lutter contre
certaines espèces de vers-gris, mais pas contre
les vers l-de-fer). Même au sein d’un groupe
de ravageurs comme les vers-gris, l’ecacité
du traitement reposera sur une identication
correcte de l’espèce.
Les dommages causés par les vers l-de-fer
peuvent ressembler à d’autres dommages,
comme ceux causés par les vers-gris, les
herbicides ou le gel. Il faut donc, en premier lieu,
porter attention dans le champ aux plaques de
plantes mortes ou aaiblies, en particulier durant
l’établissement des cultures (de mai à début
juin). Arracher des plantes vivantes situées
autour d’une plaque pour capturer des vers l-
de-fer qui sont en train de se nourrir ou qui se
trouvent à proximité dans le sol (Figure 24).

Malheureusement, il n’existe aucune méthode
facile pour évaluer avec certitude l’ampleur
des problèmes de vers l-de-fer. Puisque les
larves vivent dans le sol et ont une distribution
irrégulière, leur échantillonnage est laborieux.
À noter que la découverte de vers l-de-fer
dans un champ ne signie pas nécessairement
que les eectifs sont susants pour causer
des dommages économiques. Ils peuvent être
présents en faibles nombres et ne causer que
des dommages mineurs. Ou, ils peuvent causer
des dommages modérés ou graves, et exiger
des mesures de lutte. Toutefois, aucun seuil de
nuisance économique n’a encore été établi pour
les vers l-de-fer, ce qui laisse les producteurs à
eux-mêmes pour décider s’il est nécessaire ou
non d’intervenir. Il faut plus de recherche dans
le domaine de la surveillance et l’établissement
de seuils de nuisance économique. Nous
décrivons des options de surveillance dans la
section ci-dessous ainsi que les avantages et
inconvénients de chacune.

De nombreuses approches ont été décrites
pour la surveillance de diverses espèces de
vers l-de-fer et leurs eectifs, et presque toutes
reposaient sur la collecte de larves au moyen
de pièges. Mais sans adopter une stratégie de
piégeage éprouvée, on risque de ne rien récolter
dans ses pièges, même dans des champs
lourdement infestés. Lors de l’élaboration
d’une stratégie de piégeage, il y a trois facteurs
importants à prendre en compte : (1) les sources
concurrentes qui attirent les vers l-de-fer dans
le sol (production de dioxyde de carbone),
(2) le temps de l’année (la distance des
larves par rapport à la surface du sol) et (3) la
distribution des populations de vers l-de-fer.
Sources concurrentes qui attirent les vers l-
de-fer dans le sol : toutes les méthodes de
piégeage ecaces reposent sur le même
principe – la capacité des vers l-de-fer de
détecter et de se diriger vers les sources de
production de dioxyde carbone dans le sol.
Todd Kabaluk mentionne dans une récente
che technique d’AAC qu’un piège-appât qui
fonctionne bien pour surveiller les vers l-
de-fer peut utiliser « n’importe quelle source
ponctuelle de [dioxyde de carbone] et il doit
être facile à inspecter pour voir si des vers l-
42
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
de-fer s’y trouvent ou obtenir des preuves de
leur présence (Kabaluk 2017). Or, comme les
vers l-de-fer sont attirés par n’importe quelle
source de dioxyde de carbone dans le sol, il
est important d’installer le piège-appât à un
moment où les autres sources alimentaires
concurrentes (par ex. les matières organiques
en décomposition, les racines de plantes qui
respirent, les semences en germination) sont
absentes. Par exemple, un piège-appât qui
serait placé dans un pâturage ou dans un
champ contenant des semences en germination
sera probablement moins ecace (voire
totalement inecace) qu’un même piège-appât
placé dans un champ en jachère estivale où
aucune végétation concurrente ou matière
végétale en décomposition ne se trouve dans un
rayon de 0,5 mètre (20 po) (discuté dans Vernon
et van Herk 2013b).
Temps de l’année : les vers l-de-fer se déplacent
verticalement dans le prol du sol tout au long de
l’année (King et al. 1933), selon la température et le
taux d’humidité du sol et les besoins alimentaires.
En général, ils y a deux périodes majeures où ils
s’alimentent près de la surface du sol. Un piégeage
eectué en dehors de ces périodes risque de ne pas
détecter la présence de vers l-de-fer, même dans
des champs fortement infestés. La première période
a lieu au printemps et commence en général
lorsque la température du sol se réchaue et atteint
environ 10 °C (50 °F). Le pic d’alimentation semble
se produire vers la mi-juin pour S. a. destructor
(Taupin des prairies) et H. bicolor (Doane 1981,
Burrage 1963). Le temps de la seconde période est
plus dicile à prédire, mais est souvent observé
entre le début et le milieu d’août. Toutefois, les dates
de ces périodes sont fonction de l’âge des larves
et peuvent varier d’une espèce à l’autre. C’est la
raison pour laquelle, Doane (1981) recommande de
procéder à deux périodes de piégeage consécutives
de deux semaines chacune [voir Vernon et van Herk
(2013b) pour en savoir plus sur le sujet].
Distribution des populations : Comme les
populations de vers l-de-fer tendent à être
distribuées très irrégulièrement dans le champ,
il faut installer plusieurs pièges par champ. Le
nombre recommandé de pièges par champ varie
selon la supercie, mais nous suggérons un
minimum de 20 pièges pour les champs d’une
supercie de 4 à 10 hectares (10–25 acres) an
d’obtenir une estimation raisonnable des risques
posés par les vers l-de-fer. Pour les grands
champs (comme un quart de section de
160 acres = 65 hectares), vous pouvez
commencer par installer 20–40 pièges si la
présence de vers l-de-fer vous préoccupe,
mais prenez soin de les disposer de manière à
obtenir une bonne représentation de l’ensemble
du champ.

Diérents types de pièges-appâts pour vers l-
de-fer ont été mis au point : certains utilisent des
pommes de terre et d’autres légumes (par ex.
Kabaluk 2017); d’autres, des ocons d’avoine,


Éloignez le piège-appât d’au moins 50
centimètres (20 po) de la végétation ou
de la matière végétale concurrente (par
ex. avant le semis ou dans un champ
en jachère estivale).


Au printemps, prévoyez deux périodes
de piégeage consécutives de deux
semaines dès que les températures du
sol atteignent 10 °C (50 °F).


Installez au moins 20 pièges-appâts
dans les champs d’une supercie de 4
à 10 hectares (10-25 acres). Dans les
champs plus grands (quart de section=
160 acres) commencez par installer
20-40 pièges.
43
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 25. Boule-appât constituée d’avoine, de farine et
de miel qui est enveloppée dans une étamine. Photo :
David Shack, AAC-Lethbridge
de la farine et du son; d’autres encore, des
semences de céréales en germination (Vernon
et van Herk 2013b). [Voir l’encadré C, pages
43–49, sur la méthode de fabrication de ces
pièges.]
Une méthode récente employée par Syngenta
(Syngenta 2018) utilise des boules-appâts
préparées avec des ocons d’avoine ou de la
farine de blé mélangée avec du miel et de l’eau
(gure 25). La boule-appât est déposée à une
profondeur de 10–15 centimètres (4–6 po) dans
le sol, soit placée directement dans le sol sans
être recouverte, soit mise dans un sac-let ou
un coton fromage pour faciliter sa récupération.
La boule-appât est déterrée 10–14 jours plus
tard pour dénombrer les vers l-de-fer qui s’y
trouvent. Esser (2012) décrit une approche
similaire qui utilise cependant un mélange de
grains de blé entiers et de maïs dans un ratio de
1:1. Le mélange est mis dans un bas de nylon
et trempé dans de l’eau pendant 24 heures
avant d’être déposé dans le sol (voir les photos
détaillées dans Esser 2012).
T
outefois, Vernon et van Herk (2013b) ont fait
remarqué que les méthodes comme celles
susmentionnées sont probablement inconstantes,
car les appâts produiront des quantités variables
de dioxyde de carbone, ce qui donnera une plus
grande variabilité des comptages de vers l-de-
fer. De plus, la farine d’avoine en décomposition
peut attirer les vers l-de-fer autour de l’appât
sans qu’ils n’y pénètrent. Doane (1981) a
observé un plus grand nombre de vers l-de-
fer dans les 4,25 centimètres (1,7 po) autour
des pièges appâtés avec de la farine d’avoine
qu’autour de ceux appâtés avec des semences
en germination. Selon lui, cet eet était
probablement dû au fait que les vers l-de-fer
se nourrissaient de champignons qui poussaient
autour de la farine d’avoine en décomposition.
Vernon et van Herk ont mis au point une
méthode d’appâtage normalisée qui est facile
à utiliser et qui assure une uniformité pour
comparer les captures de vers l-de-fer entre
les champs et les années (Vernon et al. 2009,
2013a). Leur méthode consiste à utiliser un pot
à eurs en plastique de 10 centimètres (4 po)
d
e diamètre et à le remplir de vermiculite de
calibre moyen, puis à placer une couche de
100
millilitres (un peu moins qu’une demi-tasse)
de blé de force roux de printemps non traité au
centre (encadré C, pages 43–49). On trempe
le piège-appât deux fois dans de l’eau tiède
jusqu’à saturation immédiatement avant de le
déposer dans un trou de 15 centimètres (6 po)
de profondeur. On recouvre le pot d’environ
5–7 centimètres (2–3 po) de terre. Ensuite on
place au-dessus du piège-appât enfoui une
soucoupe de pot à eurs retournée à l’envers
de 20 centimètres (8 po) de diamètre et on
l’enfonce dans le sol de manière à ce que sa
base arrive au ras du sol. On déterre le piège-
appât au bout de 14 jours. Les chercheurs
versent le contenu des pots dans un entonnoir
Tullgren pour en extraire les vers l-de-fer (voir
l’encadré C, pages 43–49) qu’ils comptent
et mesurent, puis identient à l’espèce. À la
ferme, le contenu d’un pot peut être trié à la
main (directement dans la soucoupe), puis
les spécimens capturés peuvent être comptés
et conservés. Il est possible d’identier les
spécimens des échantillons en les comparant
aux espèces décrites dans le présent guide. Le
grossissement d’une loupe simple peut sure
à observer les caractéristiques importantes.
Toutefois, pour plus de certitude, les échantillons
peuvent être envoyés à un entomologiste à des
ns d’identication (voir la section Resources
page 75).
Si vous souhaitez lire davantage sur les
méthodes de surveillance des vers l-de-fer,
consultez Vernon et van Herk (2013b).
44
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

Outre la surveillance des populations de vers l-
de-fer, le piégeage des taupins (forme adulte des
vers l-de-fer) peut servir à estimer les risques de
dommage. Le piège-fosse Vernon (VPT) (gure 9),
récemment mis au point, est un outil peu coûteux
et facile à utiliser pour surveiller les populations
de taupins adultes et prédire la gravité future
des dommages. Tandis que les pièges sont une
méthode ecace de capture passive des adultes,
ils deviennent un outil de surveillance très ecace
lorsqu’ils sont appâtés avec les phéromones
sexuelles émises par les femelles adultes de
taupin.
Il est possible de se procurer les phéromones
de certaines espèces de taupins européens qui
ont été introduites au Canada (comme Agriotes
lineatus, A. obscurus, A. sputator), tandis que les
phéromones d’autres espèces présentes dans
les Prairies sont en cours de développement (ex.
pour Limonius californicus, Gries et al. 2021). Par
exemple, en Colombie-Britannique, les pièges
VPT contenant des phéromones peuvent capturer
plus de 100 mâles par jour des espèces A.
obscurus (Taupin obscur) ou A. lineatus (Taupin
rayé) durant le pic de la saison d’auence et à
l’Île-du-Prince-Édouard, ils peuvent récolter plus
de 1000 adultes mâles par jour de l’espèce A.
sputator (sans nom commun) (van Herk et al.
2018a). Lorsqu’installés au printemps, temps de
l’année où les adultes émergent du sol, ces pièges
sont la manière la plus facile de détecter une
espèce de taupin (ver l-de-fer) comparativement
à n’importe quelle autre des méthodes d’appâtage
des vers l-de-fer (stade larvaire) susmentionnées.
Même s’il est dicile d’établir un lien direct entre
le nombre d’adultes capturés dans un piège
à phéromone et les eectifs de vers l-de-fer
dans un champ (en partie à cause de leurs
distributions irrégulières, de leur long cycle de vie
et de l’incidence des cultures précédentes sur les
populations de vers l-de-fer), on peut utiliser le
nombre relatif d’adultes collectés dans ces pièges
pour établir un système d’évaluation des risques
pour le champ. Cela a été fait au Canada pour
trois espèces européennes du genre Agriotes
introduites au pays (Vernon et van Herk, non
publié) ainsi que pour plusieurs autres espèces du
genre Agriotes en Europe (Furlan et al. 2020b).
Pour exercer ce type de surveillance, il faudrait
plusieurs années, car les adultes de l’année
courante représentent les populations de larves
nuisibles des années subséquentes (Furlan et al.
2020b). Lorsqu’il sera possible de se procurer les
phéromones sexuelles des principales espèces
de vers l-de-fer nuisibles qui sont présentes dans
les Prairies, espérons que l’on pourra aussi mettre
au point de tels systèmes d’évaluation des risques
pour les champs des provinces des Prairies.
Toutefois, comme dans le cas de la surveillance
des vers l-de-fer (larves), de faibles nombres
d’adultes capturés dans les pièges ne sont pas
une indication able d’un faible niveau de risque
de dommages pour les cultures. Les autres
facteurs à considérer lors de l’évaluation des
risques sont notamment les antécédents de
cultures, l’importance des dommages de vers
l-de-fer dans le champ et la proximité de zones
où des dommages de vers l-de-fer ont déjà été
rapportés. Par exemple, un champ peut être plus
à risque si, dans les années précédentes, on y
a cultivé des cultures favorables à la survie des
vers l-de-fer et à la ponte (comme des céréales
et des graminées) plutôt que des cultures qui
exigent beaucoup de travail du sol (comme les
pommes de terre) ou si un insecticide ecace y
a été appliqué (comme du Thimet 20G dans les
pommes de terre).
45
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Encadré C : Fabrication de boules-appâts Vernon
Les boules-appâts Vernon mises au point par Bob Vernon, Ph. D., puis modiées en
s’inspirant de celles de Chabert et Blot (1992) constituent la façon normalisée d’appâter les
pièges pour attirer des vers l-de-fer. Ces pièges sont composés d’un pot en plastique de
10 centimètres (4 po) avec une base comptant huit trous (gure C1). Le pot est rempli d’un
mélange de semences de blé et de vermiculite. [Consulter la gure C2 pour obtenir des
instructions détaillées et la gure C3 pour visualiser le produit nal.] Le piège est trempé
avant d’être déposé dans le sol (gure C4–C7). Les semences en germination produisent du
dioxyde de carbone qui attire les vers l-de-fer. Au bout de 10–14 jours, le piège est enlevé
(gure C8). Les chercheurs extraient les vers l de-fer à l’aide d’entonnoirs d’extraction
spécialisés (gure C9), mais à la ferme, on peut trier les échantillons à la main pour récupérer
les vers l-de-fer.
Figure C1. Contenant à piège-appât : pot de plastique de 10 centimètres
(à gauche) comptant huit trous de drainage (à droite). Photos : Ted Labun,
Syngenta Canada Inc.
Figure C2. Vue latérale d’un piège-appât Vernon assemblé. Photo :
David Shack, AAC-Lethbridge
vermiculite
grains de blé
vermiculite
46
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
  d e
 
Figure C3. Assemblage d’un piège-appât Vernon : a) rassemblez les matériaux nécessaires – un pot de 10 centimètres (4 pouces), de la vermiculite,
des grains de blé; b) placez le pot dans un plateau (cela aide à contenir tout déversement; c) remplissez le premier tiers du pot avec de la vermiculite;
d) remplissez le tiers suivant avec des grains de blé; e) remplissez le dernier tiers avec de la vermiculite; f) saturez d’eau le pot d’eau jusqu’à ce que
l’eau s’écoule du fond du pot – répétez cette opération une deuxième fois; g) placez le pot dans une benne qui contient plusieurs pouces d’eau et
laissez tremper le pot pendant 24 heures; h) creusez un trou qui est de 5 à 15 centimètres (2-6 pouces) plus profond que la hauteur du pot, placez la
boule-appât au fond du trou, enterrez le pot. Important : bien tasser le sol autour du piège pour qu’il n’y ait pas de poches d’air. Facultatif : ajouter une
rondelle métallique si un détecteur de métal est utilisé pour retrouver encore le piège. Laisser le piège dans le sol pour une semaine ou deux. Photos et
descriptions : David Shack, AAC-Lethbridge
Encadré C : Continué
47
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure C4. Étape 3 : Creuser un trou de 15 cm de profondeur pour le piège. Une tarière (à gauche)
ou une pelle fonctionne bien aussi. Perturber le moins possible le sol et vérier la profondeur (à
droite) avant de placer le piège. Photos : Ted Labun, Syngenta Canada Inc.
Figure C5. Étape 4 : Le piège-appât Vernon est dans le trou, et le dessus du piège
se trouve à 5 cm sous la surface du sol. Photos : Ted Labun, Syngenta Canada Inc.
48
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure C6. Étape 5 : La boule-appât Vernon et le trou sont recouverts de
sol. S’assurer que le sol est compacté sur le côté des pièges et qu’il n’y a
pas de poches d’air en remuant la truelle autour du pot à eurs. Photos :
Ted Labun, Syngenta Canada Inc.
Figure C7. Étape 6 [facultatif] : Couvrir la boule-appât Vernon et le sol avec un couvercle de plastique
de 20 centimètres (8 po) dans la mesure du possible pour garder l’humidité du sol et retenir la
chaleur. Photos : Ted Labun, Syngenta Canada Inc.
Encadré C : Continué
49
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure C9. Voici un exemple d’entonnoir Tullgren employé par les chercheurs pour l’extraction des vers
l-de-fer. La lampe chaude incite les vers l-de-fer à migrer dans le bas de l’entonnoir et dans le bocal
collecteur. Photo : Haley Catton, AAC-Lethbridge
Figure C8. Étape 7 : Enlever soigneusement le piège-appât Vernon après 14 jours (à gauche). Notez que
les graines ont germé (au centre). Les contenus d’un piège-appât ont été séparés et sont prêts à être triés
(à droite). Photos : à gauche, au centre : Ted Labun, Syngenta Canada Inc.; à droite : Haley Catton, AAC-
Lethbridge
50
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
51
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

La lutte intégrée est une stratégie combinant
des moyens de lutte culturale, de lutte
biologique et, au besoin, de lutte chimique.
Cette stratégie ore un contrôle plus
durable, mais sa mise en œuvre exige des
connaissances sur le ravageur, des méthodes
de surveillance, et s’ils existent, des seuils de
nuisance économique (point où le coût d’un
traitement est égal à la perte de rendement
potentielle qui est attribuée à un ravageur).
[Remarque : le Guide d’identication des
ravageurs des grandes cultures et des
cultures fourragères et de leurs ennemis
naturels, et mesures de lutte applicables à
l’Ouest canadien par AAC (Philip et al. 2018)
présente un bon résumé des principes et des
méthodes de lutte intégrée].
Diérents moyens de lutte ciblent des étapes
spéciques du cycle de vie des taupins,
et orent un certain contrôle pendant la
saison (action rapide) ou à plus long terme
(action généralement lente). Étant donné
que les larves résidentes de vers l-de-fer
sont l’étape de leur cycle de vie où elles
causent les dommages les plus directs aux
cultures, l’utilisation d’un moyen de lutte à
action immédiate pendant la saison servira
à les maîtriser. Toutefois, puisque les larves
de taupins vivent et se déplacent dans le
sol, il est dicile de les cibler ecacement.
À plus long terme, il est possible de réduire
les eectifs de larves résidentes en ciblant
d’autres étapes de leur cycle de vie. Les
options possibles sont notamment de cibler
les adultes qui pondent (tuer les adultes,
réduire leur capacité de pondre) et de réduire
la survie des œufs, des larves néonates et
des pupes. L’étape de la reproduction est
la seule étape du cycle de vie qui a lieu à
la surface du sol et cela fait du stade adulte
une bonne cible lorsque l’on veut réduire les
populations à plus long terme. [Consulter
le tableau 3, pages 72-73 sur les eets des
options de lutte aux diérentes étapes du
cycle de vie].
Bien que nous possédions des connaissances
de base assez solides sur les cycles de vie
des principales espèces de vers l-de-fer
nuisibles dans les Prairies, nous aurions
besoin d’en savoir plus sur la réponse des
diérentes espèces aux diverses options
de lutte et sur la prédiction des dommages
fondée sur les résultats de surveillance.
De plus, il n’existe aucun seuil de nuisance
économique d’établi pour les espèces de vers
l-de-fer présentes au Canada en raison des
dés que comporte cet exercice.
Les recommandations suivantes en matière
de lutte culturale, de lutte biologique et de
lutte chimique devraient être considérées
en tenant également compte des autres
préoccupations agronomiques et contraintes
inhérentes aux systèmes de production
culturale.

La lutte culturale consiste à manipuler
l’environnement de culture pour le rendre
défavorable aux ravageurs. Dans le cas des
vers l-de-fer, la lutte culturale vise à réduire
la ponte par les femelles adultes de taupins
ou la survie des vers l-de-fer (Vernon et van
Herk 2013b).
Rotation culturale
La rotation culturale n’est généralement pas
une solution simple pour lutter contre les vers
l-de-fer, contrairement à d’autres insectes
nuisibles de courte génération ou spéciques
à une culture, comme le cèphe du blé ou
la cécidomyie orangée du blé. En théorie,
52
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
la rotation culturale pourrait être utile pour
réduire les eectifs de vers l-de-fer de deux
façons : 1) en réduisant le nombre d’œufs
pondus dans un champ ou 2) en réduisant la
survie des vers l-de-fer.
Pour ce qui est des impacts de la rotation sur
la réduction du nombre d’œufs pondus dans
un champ, on connaît mal les préférences
de ponte des espèces présentes dans les
Prairies par rapport aux cultures couramment
pratiquées. Toutefois, de nombreuses
femelles pondent probablement dans le
même champ où elles ont hiverné, sans égard
aux cultures implantées, en particulier dans
le cas d’espèces moins mobiles comme S.
a. destructor qui volent dicilement (Doane
1963a).
Concernant les impacts de la rotation sur
la réduction de la survie des vers l-de-fer,
on sait que les larves résidentes sont assez
résilientes : elles peuvent s’alimenter dans
diverses cultures et survivre une année sans
nourriture en cas de conditions défavorables
(Strickland 1935). En revanche, les larves
néonates (nouvellement écloses) ont besoin
de s’alimenter adéquatement pour survivre
à leur première saison. Il s’agit là d’un point
de vulnérabilité important dans le cycle de
vie des vers l-de-fer. Strickland (1939) a
eectué des essais pour étudier la survie
des larves néonates de S. a. destructor
(Taupin des prairies) dans diverses cultures
et a constaté que les taux de survie étaient
plus élevés dans les graminées vivaces,
qu’ils étaient intermédiaires dans le blé et
l’orge de printemps, et faibles ou nuls dans
les dicotylédones et les mauvaises herbes.
Les cultures de graminées vivaces orent
plus de nourriture durant les saisons creuses
(printemps et automne) et permettent aux
jeunes larves de se développer rapidement.
Par contre, d’autres recherches ont donné
des résultats plus mitigés. Strickland (1939)
a rapporté que le taux de survie des larves
néonates de S. a. destructor était médiocre
dans la luzerne et le lin, ce qui accroît le
potentiel de ces cultures dans une rotation
culturale comme moyen de lutte pour réduire
les populations de vers l-de-fer. Toutefois,
une étude subséquente eectuée avec des
larves néonates de S. a. destructor a obtenu
un taux de survie élevé dans le lin (Davis
1958), tandis que des études eectuées avec
d’autres espèces de taupins ont démontré
que la luzerne n’était pas ecace pour
lutter contre les populations de vers l-de-
fer (Thomas 1940, Noronha 2011). Ces
divergences sont probablement dues aux
conditions diérentes dans lesquelles les
études ont été menées, comme la localité, les
espèces en présence, les conditions de sol
(Vernon et van Herk 2013b).
Quelques cultures à insérer dans une rotation
culturale auraient démontré un potentiel
apparent pour lutter contre les vers l-de-
fer : le sarrasin (Fagopyrum esculentum) et
diverses moutardes (moutarde jaune, Sinapis
alba; moutarde brune Brassica juncea).
Dans une recherche menée récemment
dans le Canada atlantique avec des taupins
européens (Agriotes spp.), il a été observé
que les dommages causés par les vers
l-de-fer dans les pommes de terre et les
carottes avaient été réduits lorsque ces
cultures avaient été implantées après une
culture de moutarde brune (MacKenzie et
al. 2010, Noronha 2011) ou de sarrasin
(Noronha 2011) comparativement à leur
implantation après une culture de luzerne ou
de céréales (gure 26 et 27). La moutarde et
le sarrasin pourraient être repoussants pour
les vers l-de-fer en raison des substances
chimiques qu’elles produisent. Par exemple,
les moutardes produisent des glucosinolates
qui se décomposent en substances toxiques
ou répulsives pour les vers l-de-fer, en
particulier pour L. californicus (Sugarbeet
wireworm), une espèce indigène des Prairies
(Williams et al. 1993). Toutefois, il peut
être dicile d’obtenir dans le champ des
concentrations toxiques pour cette espèce
(Elberson et al. 1996). Le sarrasin produit
diérentes substances chimiques (phénols
et avonoïdes) qui peuvent dissuader les
vers l-de-fer de se nourrir (Bohorquez Ruiz
et al. 2019). Strickland (1939) a rapporté un
taux de survie nul des larves néonates de
S. a. destructor (Taupin des prairies) dans le
53
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Figure 26. La moutarde brune a été une culture de
rotation ecace avant les pommes de terre pour
réduire les dommages causés par les vers l-de-fer à
l’Î.-P.-É. Photo : C. Noronha, AAC-Charlottetown
Figure 27. Le sarrasin a été une culture de rotation
ecace avant les pommes de terre pour réduire les
dommages causés par les vers l-de-fer à l’Î.-P.-É.
Photo : C. Noronha, AAC-Charlottetown
sarrasin, mais il faudrait faire de la recherche
pour déterminer l’ecacité de cette culture sur
les populations de S. a. destructor et d’autres
populations de taupins présents dans les
champs des Prairies.
Une autre raison justiant la pratique d’une
rotation culturale pourrait être l’intention de
cultiver une plante tolérante aux attaques
de vers l-de-fer, plutôt que d’essayer de
contrôler leurs eectifs. Parmi les céréales,
c’est l’avoine qui tolère le mieux les attaques
de vers l-de-fer (King et al. 1933), et l’orge
peut être plus tolérante que le blé (Rashed et
al. 2017, Milosavljević et al. 2019).
Amendements du sol
Une stratégie de lutte susceptible d’être
plus ecace que les cultures produisant
des glucosinolates consiste à incorporer un
amendement du sol riche en glucosinolates.
En présence d’eau, les glucosinolates sont
rapidement convertis en composés insecticides
volatiles qui agissent comme un biofumigant
dans le sol. Une expérience menée en Italie
a démontré que l’épandage à la volée de
tourteau déshuilée d’une lignée spécialisée de
Brassica carinata (moutarde Carinata, moutarde
d’Éthiopie) maîtrisait aussi ecacement les
espèces de taupins du genre Agriotes que
l’utilisation d’insecticides chimiques à condition
que le tourteau soit appliqué dans certaines
conditions (Furlan et al. 2010) (gure 28) :
la concentration de glucosinolates dans
le tourteau doit être assez élevée :
160 μmoles de glucosinolates par litre
(quart) de sol, ou 2,16 tonnes métriques
à l’hectare (0,96 tonne américaine à
l’acre) de tourteau déshuilé à l’hectare
lorsque le tourteau est incorporé à 20
centimètres (8 pouces) de profondeur.
le tourteau doit être épandu à la volée de
manière uniforme.
le tourteau doit être incorporé
immédiatement dans les 20 premiers
centimètres (8 pouces) de sol (pour
assurer la libération des biofumigants
dans le sol).
il faut des conditions adéquates de
température du sol (10,5–16 °C) et
d’humidité du sol (le plus près possible
de la capacité au champ). Une irrigation
pourrait être nécessaire.
les vers l-de-fer doivent se trouver
près de la surface du sol au moment de
l’incorporation (par ex. au printemps)
pour assurer une exposition directe
aux biofumigants volatiles avant leur
évaporation.
Même si les exigences de cette technique ne
cadrent pas avec les impératifs des grandes
exploitations qui pratiquent le travail réduit du
sol dans les Prairies, la technique pourrait être
utilisée dans des petits systèmes de production
biologique (Vernon et van Herk 2013b).
54
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Privation de nourriture
Les premières recommandations de lutte
contre les vers l-de-fer dans les Prairies
canadiennes consistaient à pratiquer une
jachère estivale aux trois ans, à garder les
champs exempts de mauvaises herbes en
labourant les champs en jachère (King et al.
1933, Glen et King 1938). Cette technique
aamait les larves néonates, réduisant la
cohorte des nouvelles larves de l’année.
Toutefois, comme les larves résidentes
peuvent survivre une ou plusieurs années
sans nourriture, la jachère estivale pratiquée
une année peut même créer des dommages
pires l’année suivante lorsque les larves
résidentes recommencent à se nourrir avec
frénésie (King 1928, Glen et King 1938,
Burrage 1964). Une recherche récente menée
dans l’État de Washington a démontré que
les populations de L. californicus (Sugarbeet
wireworm) étaient plus faibles dans une
rotation qui combinait une jachère estivale et
une culture de blé d’hiver comparativement
à la culture continue de blé de printemps
(Esser et al. 2015). Or, la pratique de la
jachère estivale n’est plus recommandée
dans les Prairies canadiennes en raison
des préoccupations de perte d’humidité et
d’érosion du sol.
Alors que les jeunes larves peuvent être tuées
par privation de nourriture, les populations
de vers l-de-fer peuvent s’accroître si de
la nourriture est disponible toute l’année
(Strickland 1939, Furlan et al. 2009, Furlan
et al. 2017), en particulier pendant les
saisons creuses de l’automne et de l’hiver.
Cette nourriture peut être apportée par des
cultures d’hiver, des cultures de couverture,
des cultures pérennes, voire des mauvaises
herbes (Stone 1951, Furlan et al. 2017,
Burrage 1964). Par exemple, Stone (1951)
a rapporté que les cultures de couverture
d’hiver avec de l’orge (et parfois de trèe et
de moutarde) avaient contribué à augmenter
les infestations de L. californicus (Sugarbeet
wireworm) comparativement à une jachère
estivale en Californie (Stone 1951). Il a
attribué cette augmentation au fait que les
cultures oraient un abri aux taupins adultes
durant la période de ponte, quoique l’eet
de nourriture supplémentaire sur les larves
soit inconnu. Une enquête menée en Italie
pendant 29 ans a trouvé que les champs
de maïs qui avaient contenu des plantes
fourragères ou une double culture (deux
cultures consécutives pratiquées dans
une même saison) dans les deux années
précédentes étaient plus touchés par des
dommages de vers l-de-fer des espèces
du genre Agriotes (Furlan et al. 2017).
Les auteurs ont suggéré que la saison
d’alimentation plus longue des vers l-de-
fer dans ces champs avait favorisé la survie
des jeunes larves. Ainsi, les producteurs des
Prairies qui sont aux prises avec de fortes
infestations de taupins devraient également
tenir compte les eets possibles des cultures
de couverture et des cultures d’hiver sur
les populations de taupins par rapport aux
avantages agronomiques du recours à ces
pratiques.
Travail du sol
De nombreux producteurs des Prairies ont
adopté le travail de sol réduit ou le semis direct
au cours des dernières décennies. À l’époque
où la jachère estivale était pratique courante,
les producteurs eectuaient un travail du sol
superciel (< 8 centimètres / < 3 po) pour
tuer les mauvaises herbes qui servaient de
nourriture aux vers l-de-fer (Glen et King
1938). Toutefois, un travail du sol profond
(12–15 centimètres / 4,75–6 po) favorise les
vers l-de-fer (King et al. 1933, Glen et King
Figure 28. Des essais en Italie incorporant de la farine
de graines de Brassica carinata dégraissée dans
le sol se sont révélés prometteurs pour réduire les
dommages causés par les vers l-de-fer. Photo : L.
Furlan, Veneto Agricoltura
55
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
1938). Le travail du sol pourrait donner des
conditions de sol plus favorables à la survie
des œufs (voir la section sur les adultes et les
œufs). Les femelles adultes de S. a. destructor
(Taupin des prairies) ne sont pas d’habiles
fouisseurs, mais elles préfèrent déposer leurs
œufs à une profondeur de 12–15 centimètres
(4,75–6 po) dans un sol humide. Comme le
travail du sol l’ameublit, il ore aux taupins
de meilleures conditions de ponte (Strickland
1927). Le travail du sol n’est pas très ecace
pour nuire aux vers l-de-fer, car ceux-ci sont
mobiles dans le sol et peuvent y revenir après
avoir été dérangés par le remuement de la
terre. Toutefois, les taupins au stade de pupe
peuvent être vulnérables au travail du sol, car
à ce stade, ils sont fragiles et immobiles. King
et al. (1933) a recommandé de faire un travail
du sol superciel dans les dix derniers jours
de juillet pour perturber les pupes. Toutefois, la
dégradation de la santé du sol par érosion ou
par perte d’humidité l’emporte probablement
sur les eets bénéques de la réduction des
populations de vers l-de-fer.
Variétés résistantes ou tolérantes
Cette méthode de lutte culturale est l’un des
moyens les plus ecaces pour lutter contre
certains insectes nuisibles, dont la cécidomyie
du blé et le cèphe du blé. Toutefois, il n’existe
pas de variété résistante aux attaques de
vers l-de-fer dans aucune culture. Par
contre, on sait qu’il existe des diérences
génétiques réelles au niveau de la tolérance
à l’alimentation de ces ravageurs (Strickland
1931, Higginbotham et al. 2014), mais les
eorts de sélection n’ont pas été concentrés
sur ce trait génétique. Strickland (1931) a
décrit des expériences eectuées dans des
champs en Alberta qui ont démontré que le
cultivar de blé Garnet avait été plus touché
que les cultivars Marquis ou Reward par
des attaques de vers l-de-fer de l’espèce
S. a. destructor (Taupin des prairies). Plus
récemment, Higginbotham et al. (2014)
ont identié un groupe de génotypes qui
étaient tolérants aux activités alimentaires
de Limonius infuscatus (Taupin de l’Ouest)
et de L. californicus (Sugarbeet wireworm)
dans l’État de Washington. Des diérences de
sensibilité semblables aux vers l-de-fer ont
été observées dans des cultivars de pommes
de terre en Europe, en Asie et aux États-Unis
(Langdon et Abney 2017, revue de Vernon
et van Herk 2013b), mais il faut faire plus de
recherche pour continuer la mise au point de
cultivars tolérants. Malheureusement, même
si les cultivars résistants peuvent protéger
les cultures dans une certaine mesure, ils ne
devraient pas réduire les populations de vers
l-de-fer dans les champs compte tenu du
large éventail d’hôtes des ravageurs, de leur
longévité et de leur tolérance à la privation de
nourriture.
Cultures-pièges
Les cultures-pièges sont une méthode
émergente pour diminuer les dommages
causés par les vers l-de-fer. On utilise
cette technique pour éloigner les vers
l-de-fer d’une culture ciblée de grande
valeur. Pour fonctionner : (1) la culture-
piège doit être plus attrayante que la culture
cible; (2) la période de plantation doit être
synchronisée avec l’activité des vers l-de-
fer. La culture-piège peut être utilisée seule
ou en combinaison avec un insecticide pour
élaborer une stratégie de piégeage meurtrier.
Cette stratégie a été utilisée en Colombie-
Britannique et en Ontario en prenant le blé
comme culture-piège dans les pommes
de terre pour lutter contre des espèces
de vers l-de-fer qui sont absentes des
Prairies (Agriotes obscurus en Colombie-
Britannique, Melanotus spp. en Ontario). La
stratégie a oert un contrôle ecace à des
doses d’insecticides beaucoup plus petites
que celles utilisées dans les applications
classiques d’insecticides en bandes (Vernon
et al. 2016). Le blé a aussi été utilisé en
Colombie-Britannique avec quelques résultats
prometteurs comme culture-piège pour lutter
contre A. obscurus dans les fraisières ou
les champs en jachère (Vernon et al. 2000,
Vernon 2005).
Lorsque la culture principale est du blé, les
légumineuses peuvent être des cultures-
pièges ecaces. Une récente recherche
menée au Montana a démontré que la culture
intercalaire de blé de printemps avec une
56
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
culture-piège de pois ou de lentilles avait
protégé le blé des dommages causés par L.
californicus (Sugarbeet wireworm), H. bicolor
et A. mellillus (Flat wireworm) [Remarque : ces
trois espèces de vers l-de-fer sont présentes
en Alberta] (Adhikari et Reddy 2017, Sharma
et al. 2019) (gure 29). Des expériences en
champ ont démontré que les semis de blé
étaient moins souvent endommagés s’ils
étaient implantés dans une culture intercalaire
avec des pois et des lentilles, et que les
cultures-pièges de légumineuses avaient attiré
de deux à trois fois plus de vers l-de-fer que
les semis de blé (Adhikari et Reddy 2017). Une
recherche européenne a démontré que le pois
pouvait aussi avoir un certain potentiel comme
culture-piège à implanter entre les rangs de
pommes de terre (Landl et Glauninger 2013).
Même s’ils ne sont pas une culture-piège
vivante, les engrais verts peuvent agir de
manière semblable. Furlan et al. (2020a) ont
constaté que l’incorporation dans le sol du
contenu en matières fraîches d’un champ
(par ex. un engrais vert ou une culture de
couverture) tout juste avant de semer du maïs
protégeait la culture contre les dommages de
vers l-de-fer. Cet eet était probablement dû
au fait que les vers l-de-fer ont été distraits
des semences de maïs, car ils pouvaient se
nourrir des restes de graminées vivantes dans
le sol.
Moment du semis et taux de semis
Les recommandations générales pour réduire
les dommages dans les champs infestés
de vers l-de-fer est d’augmenter le taux de
semis et de retarder l’ensemencement. Un
taux de semis plus élevé signie qu’un plus
grand nombre de plantes peuvent survivre
après une attaque de vers l-de-fer. King et
al. (1933) ont recommandé d’ensemencer
au moment où les semences germeront et
croîtront le plus rapidement et où l’humidité
est susante. En d’autres termes, semer
peu profondément et tardivement. Si les
semences sont déposées dans un sol sec,
les vers l-de-fer peuvent manger et détruire
partiellement de nombreuses graines alors
que si ces semences sont déposées dans un
sol humide, une seule graine de semence ou
plante peut occuper un ver l-de-fer pendant
une période prolongée (King et al. 1933). De
plus, un semis tardif peut priver de nourriture
les vers l-de-fer et les inciter à devenir
cannibales (Strickland 1939).
Inondation
L’inondation des champs a été étudiée comme
moyen de lutte dans des expériences en
champ menées dans l’État de Washington
avec Limonius californicus et L. canus (Lane
et Jones 1936), et en Californie avec L.
californicus (Campbell et Stone 1938). Les
résultats obtenus étaient mitigés. Pour noyer
les vers l-de-fer, il faut une température
du sol élevée et un temps d’inondation
susant long. À des températures de 18–20
°C (64–68 °F) dans les 12 premiers
pouces (30,5 centimètres) de sol inondé,
24–67 % des vers l-de-fer des espèces L.
californicus et L. canus ont survécu pendant
10–36 jours (Lane et Jones 1936). Lorsque la
température du sol était à 12 °C (54 °F), 74 %
ont survécu à 210 jours d’inondation (Land et
Jones 1936). Lorsque la température du sol
était d’au moins 21 °C à une profondeur de
10 centimètres (4 po), plus de 90 % des vers
l-de-fer de l’espèce L. californicus sont morts
dans les expériences menées en laboratoire
et en champ en Californie (Campbell et Stone
1938). On a également étudié l’inondation
qui semble avoir un potentiel prometteur pour
lutter contre plusieurs espèces absentes
des Prairies dans des expériences en
laboratoire (van Herk et Vernon 2006 et
références dans ce
t article). Cependant, S.
a. destructor (Taupin des prairies) peut être
Figure 29. Un essai de culture piège au Montana, avec
le blé comme culture commerciale et le pois comme
culture piège. Photo : A. Sharma, Montana State
University
Pois Blé
57
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
assez tolérant aux inondations. Strickland
(1927) a submergé des larves néonates
de S. a. destructor (Taupin des prairies) en
laboratoire et a noté que les larves pouvaient
vivre, s’alimenter et muer sous l’eau. Aucun
ver l-de-fer n’est mort durant l’expérience
d’une durée de six semaines, quoique la
température de l’eau n’ait pas été précisée.
Dans la plupart des cas, il est impossible
d’inonder intentionnellement de grands
champs pendant l’été dans les Prairies. En
outre, l’inondation peut aussi avoir des eets
indésirables pour les organismes non ciblés
comme les insectes auxiliaires (par ex. elle
a réduit les prédateurs des vers l-de-fer
dans Fox 1959) et sur la santé du sol. Par
conséquent, cette méthode ne devrait pas
être considérée comme une option de lutte
ecace dans les Prairies.
Réduction de la ponte
Une infestation de vers l-de-fer en cours
signie que des femelles taupins ont été
capables de pondre dans le voisinage. Il
s’ensuit que si l’on pouvait intercepter des
femelles adultes ou les empêcher de pondre
pendant plusieurs années, on pourrait
réduire le problème des vers l-de-fer dans
un champ. Toutefois, on en sait très peu sur
les préférences de ponte des femelles. Les
femelles qui ne volent pas (S. a. destructor =
Taupin des prairies) vont probablement pondre
dans le champ où elles ont émergé, sans
égard à l’espèce cultivée. Les femelles qui
volent ont la capacité de se déplacer vers leurs
cultures préférées pour pondre (par ex. des
céréales), mais on ignore dans quelle mesure
elles le font. Dans le cas de certaines espèces
européennes, de nombreux adultes colonisent
les champs cultivés depuis des réservoirs
« permanents » de vers l-de-fer comme les
fossés, les bandes de terre enherbées ou les
bords de champ, ou les tournières. Vernon
et van Herk (2013a) ont trouvé une solution
créative à ce problème; ils ont utilisé des
tranchées pour créer un obstacle physique
et empêcher les taupins adultes d’espèces
européennes (espèces volant rarement) de
marcher dans le champ pour pondre. Dans
le cas des Prairies, on ignore si la majeure
partie des femelles taupins émergent dans le
champ ou se déplacent depuis des réservoirs
d’insectes pour aller pondre dans des champs
cultivés. Même à cela, ce moyen de lutte ne
serait utile que pour de petits champs situés
à proximité de réservoirs de vers l-de-fer
populeux.
Comme certaines espèces de vers l-de-
fer doivent obligatoirement s’accoupler pour
pouvoir se reproduire (par ex. S. a. destructor
= Taupin des prairies), on pourrait donc
réduire la ponte en employant une quelconque
technique de confusion sexuelle. Dans d’autres
parties du monde, le piégeage de masse de
mâles à l’aide de phéromones sexuelles a
été utilisé pour perturber l’accouplement ou
traiter en temps opportun les taupins adultes
(revue de littérature dans Vernon et van Herk
2013b). Des phéromones ont été isolées et
synthétisées à des ns commerciales pour
plusieurs espèces de vers l-de-fer présentes
au Canada (par ex. les espèces du genre
Agriotes, Vernon et van Herk 2013b), mais
les travaux sont encore en cours pour les
espèces que l’on trouve dans les Prairies. Une
phéromone sexuelle pour L. californicus a
récemment été identiée (Gries et al. 2021).
Cependant, l’emploi de la technique de
confusion sexuelle comme unique stratégie
ne sera pas ecace dans les Prairies, car
deux des principales espèces présentes ne
s’accouplent pas toujours pour se reproduire
(c.-à-d. H. bicolor et A. mellillus). Cela signie
qu’il y a peu ou pas de mâles à attirer loin des
femelles. Deuxièmement, il serait presque
impossible de piéger assez de mâles pour
réduire l’accouplement des femelles. Dans le
cas de S. a. destructor (Taupin des prairies),
le ratio sexuel des adultes est d’environ 1:1,
et les femelles n’ont besoin de s’accoupler
qu’une seule fois pour fertiliser leurs centaines
d’œufs.
Kabaluk et al. (2015) discutent d’une
possibilité intéressante en vue d’attirer et de
tuer une espèce européenne de ver l-de-
fer – l’utilisation de phéromones pour attirer
les mâles vers des infections de Metarhizium
brunneum, un champignon pathogène (qui
58
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
cause une maladie) (voir la section sur la lutte
biologique). Les mâles infectés infecteraient
des femelles lors de l’accouplement, et les
femelles atteintes verraient leur durée de vie
et leur période de ponte être raccourcies.
Peut-être que cette stratégie pourrait être
utilisée contre S. a. destructor (Taupin des
prairies), car les mâles adultes émergent
avant les femelles (Doane 1961). Pour
étudier cette possibilité, il faudrait faire de la
recherche sur les espèces présentes dans les
Prairies et leurs conditions favorables.
Il faut toutefois noter que réduire la ponte
de n’importe quelle espèce ne serait pas
nécessairement une solution facile pour
s’attaquer au problème des vers l-de-fer
dans les Prairies, car on ne sait pas comment
le complexe de ravageurs réagirait. En
théorie, la réduction d’une espèce de ver l-
de-fer dans un champ, voire dans une région,
pourrait entraîner son remplacement par une
autre, surtout si les espèces sont semblables
et sont actives en même temps et dans le
même espace (même si cela peut devenir
compliqué, Kaplan et Denno 2007). Cela peut
être le cas dans les Prairies, car de nombreux
champs comptent plus d’une espèce nuisible,
habituellement H. bicolor et S. a. destructor
(Taupin des prairies). De plus, parce que le
cannibalisme semble être un phénomène
important chez certaines espèces (par ex. S.
a. destructor), la réduction du nombre d’œufs
pondus pourrait aussi donner des nombres
semblables de vers l de-fer par unité de
supercie, mais qui seraient plus gros,
qu’importe si au départ les eectifs étaient
nombreux ou non. Cet eet d’« autoréduction
» ou « de dépendance à la densité » est très
connu en malherbologie, où la production de
semences peut parfois être réduite de 90 %,
mais quand même produire la même quantité
de biomasse végétale de mauvaises herbes
(par ex. Buckley et al. 2001). Il faut faire de la
recherche sur les interactions entre multiples
espèces et la dépendance à la densité des
vers l-de-fer présents dans les Prairies

La lutte biologique suppose l’utilisation et la
conservation d’organismes qui régulent un
ravageur. Cette stratégie a été étudiée de
manière extensive pour les vers l-de-fer, et
a porté surtout sur des espèces absentes
des Prairies, et elle laisse entrevoir certaines
avenues prometteuses (cela a fait l’objet
d’une revue de littérature dans la Forgia et
Verheggen 2019).
Agents pathogènes (maladies)
Un certain nombre de pathogènes fongiques
et bactériens ont été étudiés pour évaluer
leur capacité à lutter contre les vers l-de-fer.
L’agent le plus prometteur est Metarhizium
brunneum (anciennement nommé M.
anisopliae), un champignon naturellement
présent dans le sol (Kabaluk et al. 2017)
(gure 30). Lors d’essais en laboratoire, ce
champignon a tué les principales espèces
de vers l-de-fer présentes dans les Prairies,
(Zacharuk et Tinline 1968, Ensa et al.
2018), et dans des essais en champ au
Montana, il a démontré un potentiel continu
pour protéger le blé de printemps contre les
espèces présentes dans les Prairies (Reddy
et al. 2014, Antwi et al. 2018). Par exemple,
Reddy et al. (2014) ont trouvé que lorsqu’ils
sont appliqués par bassinage du sol, les
champignons Metarhizium brunneum F52,
Metarhizium robertsii DWR 346 ou Beauvaria
bassiana GHA protégeaient le blé contre les
vers l-de-fer des espèces H. bicolor et L.
californicus (Sugarbeet wireworm) de manière
semblable à l’utilisation de semences traitées
à l’imidaclopride. Toutefois, cette équivalence
au traitement chimique n’a pas été observée
dans la même région dans le cadre d’une
étude de suivi où l’on a utilisé les mêmes
agents pathogènes appliqués en bandes avec
un support granulaire (Sharma et al. 2020).
La plupart des travaux de recherche
portant sur M. brunneum ont été faits avec
des espèces européennes de vers l-
de-fer (Kabaluk 2014). Le traitement des
semences avec le champignon a amélioré
les rendements de maïs en Colombie-
Britannique, une région où Agriotes obscurus
59
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
(Taupin obscur) est abondant (Kabaluk et
Ericsson 2007b). De plus, une application
à proximité des pommes de terre a réduit
les dommages occasionnés aux tubercules
(Brandl et al. 2017). Des idées novatrices qui
montrent aussi du potentiel sont notamment
la combinaison du champignon avec
d’autres biopesticides (Ericsson et al. 2007),
l’utilisation d’attractants qui produisent du
dioxyde de carbone (Brandl et al. 2017) ou
l’emploi de phéromones sexuelles pour attirer
et tuer les larves ou les adultes de taupins
(Kabaluk et al. 2015). Kabaluk et al. (2015)
proposent d’utiliser le champignon sur les
taupins adultes dans le cadre d’une stratégie
novatrice de piégeage meurtrier. Les taupins
mâles adultes (Agriotes obscurus = Taupin
obscur) ont été attirés vers un inoculum
fongique à l’aide de phéromones. L’infection
a nalement été fatale pour les mâles, mais
les femelles pourraient être infectées par des
mâles malades lors de l’accouplement, ce qui
pourrait réduire la survie des femelles et la
ponte.
Même si Metarhizium brunneum montre un
fort potentiel de lutte biologique contre les
vers l-de-fer, il faut faire plus de recherche
avant d’envisager d’utiliser cet agent de
manière ecace et économique dans les
cultures pratiquées à grande échelle dans les
Prairies. Son ecacité est variable et dépend
de nombreux facteurs :
les espèces de vers l-de-fer (Zacharuk et
Tinline 1968)
la taille des individus au sein de l’espèce
(Zacharuk et Tinline 1968, van Herk et
Vernon 2011)
la souche fongique (Ansari et al. 2009,
Eckard et al. 2014)
la concentration (Kabaluk et al. 2007)
la température et le temps d’exposition
(Kabaluk et Ericsson 2007a)
les combinaisons avec d’autres pesticides
(Ericsson et al. 2007)
le type de sol (Ensa et al. 2018)
l’humidité du sol (Ensa et al. 2018)
les microbes du sol résidents (Kabaluk et
al. 2017)
De plus, le champignon risque d’avoir des
eets non ciblés (de Azevedo et al. 2019) qu’il
faut étudier.
La lutte contre les vers l-de-fer au moyen
de bactéries en est à ses balbutiements, et
les candidats potentiels devraient faire l’objet
de recherches substantielles avant que l’on
permette leur utilisation au champ (la Forgia
et Verheggen 2019).
Nématodes
Les nématodes pathogènes ont été étudiés
pour évaluer leur potentiel de contrôle des
espèces de vers l-de-fer et les résultats
obtenus sont mitigés. Ansari et al. (2009) ont
trouvé dans des expériences en laboratoire
un nématode qui avait tué 67 % des larves
de l’espèce européenne Agriotes lineatus
(Taupin rayé). Morton et Garcia-del-Pino
(2017) ont rapporté jusqu’à 76 % de mortalité
chez l’espèce européenne Agriotes obscurus
(Taupin obscur) au cours d’expériences de
laboratoire et 48 % de mortalité dans des
expériences au champ. Plusieurs études ont
été faites sur l’espèce Limonius californicus
(Sugarbeet wireworm) trouvée dans les
Prairies. Toba et al. (1983) ont constaté un
taux de mortalité de seulement 28–29 %
dans des expériences en champ, tandis que
Sandhi et al. (2020) ont obtenu des résultats
très variables dans une expérience en serre
et un taux de mortalité jusqu’à 56 % avec une
souche de nématodes. Finalement, le plus
important est que les nématodes n
e se sont
Figure 30. Vers l-de-fer (Agriotes spp.) infectés par
le champignon pathogène Metarhizium brunneum,
un agent de lutte biologique prometteur. Photo : T.
Kabaluk, AAC-Agassiz
60
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
pas avérés des agents de lutte biologique d’une
ecacité infaillible ni un moyen économique
de faire de la lutte biologique contre les vers
l-de-fer (la Forgia et Verheggen 2019). Ce
manque d’ecacité pourrait s’expliquer par
le fait que les nématodes ont de la diculté
à pénétrer dans les vers l-de-fer. Sandhi et
al. (2020) ont trouvé qu’à n’importe laquelle
des concentrations de nématodes appliquées,
pas plus du tiers des nématodes ont réussi
à pénétrer leurs hôtes L. californicus). Les
raisons pour lesquelles les nématodes ont
du mal à pénétrer les vers l-de-fer sont
notamment que les hôtes ont un corps dur,
une bouche munie de ltres protecteurs
constitués de poils épais, ainsi que des orices
respiratoires (stigmates) (Eidt et Thurston
1995).
Prédateurs
Des prédateurs des vers l-de-fer ont été
rapportés plusieurs fois dans la littérature,
mais leurs impacts sur les populations de
vers l-de-fer n’ont pas été quantiés. Les
insectes prédateurs sont considérés comme
des insectes auxiliaires en agriculture, car ils
régulent naturellement les ravageurs (consulter
www.eldheroes.ca pour plus d’information sur
les insectes auxiliaires).
Le groupe le plus important d’insectes
prédateurs des vers l-de-fer est probablement
celui des carabes (famille des Carabidae)
(Thomas 1940) (voir l’encadré B, pages
18–19). Strickland (1927, 1935, 1939) a
observé que les carabes au stade adulte (à
la surface du sol, état adulte) et aux stades
larvaires (enfoui dans le sol, sous leurs formes
immatures) étaient d’importants prédateurs
des vers l-de-fer de l’espèce S. a. destructor
(Taupin des prairies), mais que les vers l-
de-fer pouvaient aussi manger des larves de
carabes. Graf (1914) a trouvé des larves de
carabes dans le sol, à proximité de vers l-
de-fer L. californicus (Sugarbeet wireworm)
endommagés en Californie. Dans ses
expériences en laboratoire, Stone (1941) a
noté que les carabes pouvaient manger chaque
jour de 1 à 19 taupins ou 20 vers l-de-fer L.
californicus. Lemke et Catton (données non
publiées) ont observé en laboratoire que des
adultes Pterostichus melanarius (sans nom
commun) mangeaient et creusaient dans le sol
pour se nourrir de vers l-de-fer (gure 31).
Un autre prédateur majeur de vers l-de-fer
serait les larves des mouches thérèves (Stone
1941) (gure 32). Dans des expériences en
laboratoire, Stone (1941) a rapporté que 21
larves de thérèves avaient tué 70 vers l-de-
fer L. californicus en 50 jours, et qu’une seule
larve de thérèves avait tué neuf vers l-de-fer.
Fait intéressant, dans le cadre d’expériences
en champ et en laboratoire menées en
Colombie Britannique, il a été observé
que des larves endogées d’une espèce de
thérève européenne (Thereva nobilitata) se
nourrissaient de vers l de-fer européens (van
Herk et al. 2015).
Figure 31. L’adulte du carabe prédateur Pterostichus
melanarius tue, mange et creuse même dans le sol à la
recherche de vers l-de-fer, dans des expériences de
laboratoire. Photo : H. Catton, AAC-Lethbridge
Figure 32. Les larves de mouches stilettos
(Thérévidés) sont des prédateurs de vers l-de-fer.
Photo : J. Gavloski, Manitoba Agriculture and Resource
Development
61
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Il ne faut pas oublier que l’un des principaux
prédateurs des vers l-de-fer est peut-être
les
vers l de fer eux-mêmes, car on sait qu’ils
sont extrêmement cannibales (Strickland
1939).
Parmi les autres prédateurs de vers l-de-fer et
de taupins adultes qui ont été observés dans
d’autres régions, mentionnons les oiseaux,
les amphibiens et les rongeurs (Graf 1914,
Strickland 1935, Thomas 1940, Zacharuk
1962a, Dobrovolsky 1970). Les oiseaux, en
particulier, sont d’importants prédateurs des
vers l-de-fer dans les sols cultivés (Graf 1914,
Thomas 1940).
Parasites
Plusieurs parasites ont déjà été observés
sur des vers l-de-fer (essentiellement des
espèces absentes des Prairies), mais les taux
d’infestation sont généralement faibles (c.-à-d.
de l’ordre de <6 % en général, Dobrovolsky
1970, Traugott et al. 2015). Certaines années,
Zacharuk (1962a) a trouvé des acariens sur
jusqu’à 95 % des larves de S. a. destructor
(Taupin des prairies), mais il a noté que les
acariens ne semblaient pas nuire aux vers
l-de-fer. Les parasitoïdes des vers l-de-fer
ont rarement été documentés et n’auraient
pas impacts sur leurs eectifs (Thomas 1940,
Traugott et al. 2015, la Forgia et Verheggen
2019).
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La lutte chimique est la principale option
utilisée dans les Prairies pour réduire les
dommages de vers l-de-fer. La lutte contre
les vers l-de-fer au moyen de produits
chimiques homologués dans les céréales et
les légumineuses prend la forme de traitement
des semences et cible les vers l-de-fer qui
s’alimentent activement dans le sol. D’autres
traitements comme les applications de
produits en bandes sont homologués pour la
culture de pommes de terre, voir la section
sur les cultures de légumes racines ci-après.
Depuis que le lindane n’est plus homologué
au Canada (2004), la majorité des semences
de céréales sont traitées aux néonicotinoïdes
(groupe 4). Malheureusement, même si
les néonicotinoïdes, ainsi que les diamides
(groupe 28) et les pyréthroïdes (groupe 3),
peuvent protéger les productions végétales,
ils ne sont généralement pas ecaces
pour tuer les vers l-de-fer. Ils immobilisent
temporairement les vers l-de-fer, mais ne
réduisent pas les populations (détails ci-après).
Un traitement chimique qui tue les vers l-
de-fer permettrait d’améliorer de beaucoup
la lutte contre ce parasite. À la n de 2020,
le broanilide (groupe 30) a été homologué
au Canada pour lutter contre le ver l-de-
fer dans les céréales, la pomme de terre
et le maïs (Agence de réglementation de
la lutte antiparasitaire de Santé Canada,
2020). Il a été démontré que ce nouvel
insecticide réduisait de manière signicative
les populations dans les champs traités (van
Herk et al. 2021). Lors des essais au champ
d’insecticides menés de 2013 à 2019 en
Colombie-Britannique, le broanilide a oert
une ecacité de lutte contre Agriotes obscurus
qui était égale ou supérieure (double action
de réduction des populations et de protection
des cultures) à celle du lindane, lorsque ces
produits sont utilisés pour le traitement des
semences de céréales ou qu’ils sont pulvérisés
en bandes dans les cultures de pommes
de terre (van Herk et al. 2021). Ce produit
chimique devrait être disponible à partir de
la saison de croissance 2021. Consultez
vos guides provinciaux de production des
cultures pour savoir quelles options de
produits chimiques sont oertes pour protéger
les cultures contre les vers l-de-fer (voir la
section Ressources, page 75).
Considérations
Les approches de lutte chimique contre les
vers l-de-fer varient selon la culture à protéger
et la compréhension des déplacements
saisonniers des vers l-de-fer (c. à-d. les
périodes d’activités alimentaires). Il est
également important de comprendre de quelle
manière un insecticide agit sur les vers l-de-
fer : est-ce qu’il les repousse, les immobilise
temporairement ou les tue? Quelle est la durée
de persistance du produit chimique dans le sol
et la manière dont le produit chimique aecte
les larves résidentes (celles écloses dans les
années antérieures au traitement insecticide)
62
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
et les larves néonates (celles écloses dans
l’année du traitement)?
Par exemple, après la Seconde Guerre
mondiale, la diminution des problèmes de
vers l de-fer au Canada (et dans le monde)
est actuellement attribuée à l’introduction
et l’utilisation répétée d’insecticides
organochlorés à grande échelle, dont certains
(comme l’heptachlore) étaient très persistants
et tuaient encore les vers l-de-fer plus de dix
ans après une seule application (Wilkinson
et al. 1964, 1976). Selon cette théorie, la
recrudescence actuelle des populations de
vers l-de-fer serait attribuable (du moins en
partie) à la disparition graduelle des résidus
organochlorés dans le sol (voir la discussion
plus approfondie dans Vernon et van Herk
2013b).
Dans les Prairies, l’utilisation accrue du
lindane, un pesticide organochloré employé
pour le traitement des semences de céréales
et de maïs entre 1954 et 1961, a coïncidé
avec la diminution des dommages causés
par les vers l-de-fer (Burrage 1964). Dans
les premiers travaux, William Fox et d’autres
ont démontré que l’on pouvait réduire les
dommages de vers l-de-fer dans le blé par
une application de lindane à raison de 70
grammes de matière active/hectare (1 oz
m.a./a) et que cette dose réduisait d’environ
70 % les populations de S. a. destructor
(Taupin des prairies) et de H. bicolor (Arnason
et Fox 1948, Harding 1986). La mortalité
d’autres espèces d’importance économique,
mais absentes des Prairies (comme Agriotes
obscurus = Taupin obscur) était semblable
(Vernon et al. 2009). Plus important encore,
le lindane (tout en étant moins rémanent
que d’autres organochlorés) avait des eets
résiduels susamment grands pour tuer
jusqu’à 85 % des jeunes vers l-de-fer (A.
obscurus = Taupin obscur) qui avaient éclos
un mois ou deux après le semis des semences
de blé traitées (Vernon et al. 2009, 2013b).
Ainsi, une seule application de lindane pouvait
contrôler les vers l-de-fer pendant plusieurs
années. Or, le lindane n’est plus homologué
au Canada depuis 2004 en raison de la
rémanence de ce polluant organique.
Un insecticide qui pourrait tuer à la fois les
larves résidentes et les larves néonates
en grand nombre orirait aux producteurs
plusieurs options de lutte. L’utilisation d’un
produit chimique contre les vers l-de-fer dans
une année devrait réduire susamment les
populations pour qu’il ne reste qu’un nombre
d’individus au moins pendant les deux années
subséquentes (pourvu que le traitement soit
appliqué pendant que les larves s’alimentent
et qu’elles entrent en contact avec le produit
chimique). L’utilisation de semences de blé
traitées une année permettrait alors l’année
subséquente d’implanter une culture à valeur
élevée, comme la pomme de terre, et d’avoir
un faible risque économique associé aux
dommages de vers l-de-fer (Vernon et van
Herk 2013b). La culture céréalière porteuse
du traitement insecticide servirait de culture
nettoyante dans la rotation culturale. Toutefois,
il faudrait que les traitements des semences
soient au moins aussi ecaces que le lindane
(comme le pronil du groupe 2B qui n’est
pas homologué au Canada, ou un produit
équivalent, comme le broanilide).
Insecticides utilisés actuellement (2021)
Le traitement des semences à base
de néonicotinoïdes (thiaméthoxame,
imidaclopride, clothianidine, groupe 4A).
Ces insecticides systémiques protègent les
plantes pendant la saison de croissance
en intoxiquant et en immobilisant les vers
l-de-fer, ce qui permet aux semences de
s’établir. Cependant, tant les études sur le
terrain que celles faites en laboratoire ont
montré que de nombreux vers l-de-fer,
voire la majorité, qui sont exposés à ces
produits chimiques ne meurent pas, et que
leur intoxication ne dure que quelques jours
ou quelques semaines, après quoi ils se
rétablissent et recommencent à se nourrir
(espèces des Prairies : van Herk et al. 2007,
Morales-Rodriguez et Wanner, 2015; espèces
absentes des Prairies : van Herk et al. 2008,
2015b; Cherry et al. 2017). Le faible taux de
mortalité observé chez les larves résidentes
combiné à l’absence d’eet sur les néonates
(qui éclosent des œufs des coléoptères
plusieurs mois après l’ensemencement)
63
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
signie que les néonicotinoïdes n’orent
pas de protection pluriannuelle contre ce
ravageur sur le terrain (espèces des Prairies
: Esser et al. 2015, Morales-Rodriguez et
Wanner, 2015, van Herk et al. 2018b, 2021a;,
Milosavljević et al. 2019; espèces absentes
des Prairies : Vernon et al. 2009, 2013a,b).
Une forte pression de vers l-de-fer peut
encore causer d’importants dégâts dans les
cultures traitées, car chaque ver l-de-fer doit
prendre une bouchée de plante pour ingérer
le pesticide – alors plus les eectifs de vers
l-de-fer seront élevés, plus les dommages
par morsures seront importants. Finalement,
les néonicotinoïdes font actuellement l’objet
d’une réévaluation par Santé Canada et
pourraient être éliminés progressivement
au cours des prochaines années (Agence
de réglementation de la lutte antiparasitaire
de Santé Canada, 2020a). La recherche
de nouvelles options de lutte plus ecaces
contre le ver l-de-fer doit donc se poursuivre.
Comme les néonicotinoïdes, de nombreux
insecticides plus récents immobilisent
temporairement les vers l-de-fer après
l’exposition, après quoi les insectes se
rétablissent complètement et recommencent
à manger. Les groupes d’insecticides dont il
est question comprennent les pyréthroïdes
(p. ex. téuthrine, bifenthrine, groupe 3A),
les diamides (p. ex. chlorantraniliprole,
cyantraniliprole, groupe 28), les spinosynes
(groupe 5) et le spirotétramate (groupe 23)
(van Herk et al. 2015b, 2018b, 2021a; Vernon
et al. 2009, 2013a, Cherry et al. 2017).
Si les produits chimiques de ces groupes
peuvent « supprimer » les vers l-de-fer
(protection du peuplement végétal en saison),
ils peuvent s’avérer peu ecaces sous une
forte pression de vers l-de-fer (espèces des
Prairies : van Herk et al. 2018b), et les articles
scientiques revus par des pairs n’ont pas
démontré qu’ils réduisaient signicativement
les populations de vers l-de-fer sur le terrain.
À noter que si les études avec les diamides
(chlorantraniliprole, cyantraniliprole, groupe
28) a montré des résultats mitigés pour la
protection des cultures et aucune mortalité
signicative des vers l-de-fer (Arrington
et al. 2015, Cherry et al. 2017, van Herk
et al. 2015b, 2018b, 2021a; Larsen et al.
2016, Vernon et al. 2013a), aucune étude
publiée sur les vers l-de-fer n’a porté sur
la formulation actuellement homologuée du
chlorantraniliprole pour le traitement des
semences de céréales, de pois et de lentilles
contre les espèces de vers l-de-fer des
Prairies. D’autres études sont nécessaires
pour déterminer le niveau de protection oert
par cette formulation contre le ver l-de-fer
dans les Prairies.
À la n de 2020, un nouvel insecticide non
systémique appelé broanilide (méta-diamide,
groupe 30) a été homologué au Canada pour
lutter contre le ver l-de-fer dans les céréales,
la pomme de terre et le maïs (Agence de
réglementation de la lutte antiparasitaire de
Santé Canada, 2020b). Jusqu’à présent, une
étude a été publiée sur le broanilide et le
ver l-de-fer (van Herk et al. 2021a). Celle-
ci décrit 7 années d’essais sur le terrain en
Colombie-Britannique avec Agriotes obscurus
(une espèce de ver l-de-fer qui ne se
retrouve pas dans les Prairies) et compare
la protection des peuplements de blé 20 à
26 jours après le semis et les captures de
vers l-de-fer à l’automne ou au printemps
après la récolte. Les traitements de semences
testés comprenaient un produit homologué
à base de thiaméthoxame (néonicotinoïde,
groupe 4), plusieurs doses de broanilide et
plusieurs autres traitements de semences
non homologués pour le blé au Canada,
notamment le cyantraniliprole (groupe 28,
diamide). Tous les traitements ont permis une
protection signicative du peuplement de la
culture 20 à 26 jours après l’ensemencement,
sauf pour une année dans laquelle aucune
des parcelles traitées n’était diérente de la
parcelle témoin non traitée. Cependant, les
parcelles traitées avec le broanilide à raison
de 5 grammes de matière active par 100
kilogrammes de semences de blé ont connu
des réductions signicatives du nombre de
larves néonates (2 années sur 7) et de larves
résidentes (4 années sur 7), en particulier les
années où la pression des vers l-de-fer était
plus élevée. Les parcelles traitées avec des
64
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
néonicotinoïdes et des diamides n’ont pas montré
de réduction de la population de vers l-de-fer
(van Herk et al. 2021a). L’étude indique que
le broanilide ore une protection des cultures
en saison semblable à celle du néonicotinoïde
thiaméthoxam, récemment mis sur le marché,
et une mortalité des larves semblable à celle
du lindane, dont l’homologation a été annulée,
mais à des doses bien inférieures à celles des
deux autres produits. Un produit chimique ayant
ces eets peut assurer un contrôle pluriannuel
des populations de vers l-de-fer. Mais, comme
le broanilide n’a pas une action systémique, il
ne permet pas de lutter contre les organismes
nuisibles des céréales qui se trouvent en surface
(par exemple, certaines espèces de vers gris)
lorsqu’il est appliqué sur les semences, et il peut
être nécessaire de l’associer à un insecticide
systémique pour résoudre ces autres problèmes.
Futurs pesticides
Les producteurs disposent de quelques
insecticides ecaces contre le ver l-de-fer, mais
les recherches se poursuivent sur de nouveaux
produits chimiques. À plus long terme, la lutte
chimique contre les vers l-de-fer pourrait
faire appel à des techniques moléculaires de
silençage génique par l’ARN interférent (=ARNi).
Cette technique hautement ciblée est spécique
à l’espèce, rapidement biodégradable et elle
a été utilisée avec succès pour lutter contre
d’autres ravageurs dont les chrysomèles du maïs
(Diabrotica spp.) au Canada et aux États-Unis.
Une recherche sur l’ARNi des vers l-de-fer
Agriotes sputator (sans nom commun) est en
cours à l’Université Dalhousie, mais elle n’est
encore qu’à ses débuts (King 2018).
Cultures de légumes-racines et de tubercules
La lutte chimique contre les vers l-de-fer dans
les pommes de terre (et d’autres cultures de
légumes-racines récoltés tard en saison) se fait
diéremment de celle menée dans les céréales
et d’autres cultures qui doivent être protégées
au temps du semis. Pour qu’un traitement soit
ecace, les vers l de fer doivent entrer en
contact avec le produit chimique de l’une des
manières suivantes :
1. lorsqu’ils se nourrissent sur le tubercule
mère traité;
2. lorsqu’ils entrent en contact avec
l’insecticide appliqué en bandes (épandage
granulaire) au printemps;
3. l’insecticide doit être présent assez
longtemps pour tuer réellement les vers l-
de-fer lorsqu’ils viennent se nourrir sur les
tubercules-ls à l’automne.
Vernon et al. (2013a) ont montré qu’on pouvait
obtenir un très bon contrôle des défauts sur les
tubercules et une réduction des vers l-de-fer par
l’utilisation de phorate (groupe B), de chlorpyrifos
(groupe 1B) et de pronil (groupe 2B, mais non
enregistré au Canada pour les vers l-de-fer),
ainsi que par le traitement des semences de blé
avec des doses très faibles de pronil appliqué
en bandes au semis (Vernon et al. 2016). Ce
dernier produit placé à côté des semences de blé
agit de la manière suivante : les semences en
germination libèrent du dioxyde de carbone qui
attire les vers l-de-fer vers l’insecticide (stratégie
de piégeage meurtrier). Cette stratégie peut
réduire considérablement les doses de produit
chimique à appliquer à l’acre, mais son ecacité
dépendra des périodes d’activités alimentaires
des vers l-de-fer. Un semis tardif au printemps
(après que les vers l-de-fer sont redescendus
plus bas dans le prol de sol) peut être moins
ecace qu’un semis eectué au moment où les
vers l-de-fer s’alimentent. Pour une revue de la
littérature plus exhaustive sur la lutte chimique et
non chimique contre les vers l-de-fer dans les
pommes de terre, consultez Vernon et van Herk
(2013b, 2018).
À la n de 2020, le broanilide (un nouvel
insecticide du groupe 30) a été homologué par
Santé Canada pour une utilisation dans les
céréales, le maïs et la pomme de terre, cultures
dans lesquelles il permet de lutter ecacement
contre le ver l-de-fer.
Bien qu’aucune étude n’ait été publiée sur son
ecacité dans ce type d’application, plusieurs
études au champ ont démontré son ecacité à
protéger les tubercules des dommages causés
par le ver l-de-fer (Vernon et van Herk, données
non publiées), et le traitement des semences de
blé avec le broanilide a montré une limitation
ecace de la population de vers l-de-fer (van
Herk et al. 2021a).
65
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Lutte contre les adultes
Le traitement insecticide des taupins
adultes n’est pas une stratégie viable, car
il n’existe pas de produits chimiques qui
sont homologués pour lutter contre les
taupins présents dans les Prairies. De plus,
un traitement visant à contrôler les taupins
exigerait une surveillance précise, en temps
réel des eectifs de femelles adultes et
devrait probablement être répété plusieurs
fois par année pendant plusieurs années
pour réduire signicativement les populations
de vers l-de-fer dans le sol. Il faut faire
de nombreux traitements dans une même
saison, car il est assez dicile de prédire le
moment de l’émergence des femelles tandis
que l’émergence des adultes au printemps
se déroule sur de nombreuses semaines
(mi avril à mi-juin, Doane 1961). En outre,
après un traitement, des adultes peuvent
envahir à nouveau les champs depuis les
champs adjacents et les abords de champs.
Il faudrait traiter les adultes pendant de
nombreuses années, car le fait de tuer des
femelles adultes avant qu’elles aient le temps
de pondre ne fait qu’empêcher l’apparition
d’une nouvelle génération de vers l-de-fer,
mais n’impacte pas les eectifs de larves
résidentes déjà présentes dans le sol. Les
traitements eectués après la ponte sont
inecaces. Des essais de traitement des
taupins au champ ont été eectués en Europe
(Ester et van Rozen 2005) et à l’Île-du-Prince-
Édouard (Vernon et van Herk, données non
publiées). Dans les deux cas, les traitements
ont réduit signicativement les eectifs
d’adultes des diverses espèces du genre
Agriotes. Mais aucune des deux études n’a
abordé la réduction des eectifs de vers l
de-fer dans le sol, bien que des études plus
poussées sur la question soient en cours
(van Herk, non publié). Malheureusement, il
est probable que des traitements insecticides
répétés à la grandeur du champ peuvent être
néfastes pour des organismes non ciblés
(comme les insectes auxiliaires pollinisateurs
et prédateurs).
66
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
67
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

La revue de l’ensemble des informations
disponibles sur les vers l-de-fer des Prairies
a fait ressortir d’autres besoins de recherche.


Grâce aux travaux extensifs et de grande
qualité qui ont été réalisés par les chercheurs
précédents, nous possédons de solides
connaissances sur le cycle biologique
de S. a. destructor (Taupin des prairies),
l’espèce nuisible qui était prédominante à
l’époque. Les connaissances acquises furent
essentielles pour comprendre les dés que
posent les vers l-de-fer problématiques. Or,
S. a. destructor n’est pas la seule espèce,
mais n’est qu’une parmi de nombreuses
espèces qui forment des complexes de vers
l-de-fer.
Dans les dernières décennies, il semble que
les eectifs des populations de vers l-de-
fer aient changé (van Herk et al. 2021b). H.
bicolor est devenue l’espèce prédominante
dans de nombreux champs. Bien que nous
possédions certaines données sur cette
espèce, ses comportements demeurent
méconnus. Ce ver l-de-fer est de plus petite
taille que S. a. destructor et présente des
diérences majeures. Ainsi, les adultes de H.
bicolor volent et des populations sexuelles
et des populations parthénogénétiques
(composées uniquement de femelles) sont
toutes deux présentes dans les Prairies. Ces
diérences entre les espèces pourraient avoir
des incidences sur les comportements des
insectes et le type de surveillance à exercer.
Pour ce qui est des autres espèces, nous
avons très peu de connaissances sur leur
cycle biologique ou leurs comportements.
Par exemple, ce que nous savons sur le
cycle biologique de L. californicus (Sugarbeet
wireworm), une autre espèce d’importance
majeure, nous provient de travaux eectués
en Californie il y a presque 100 ans. Selon
les enquêtes réalisées, ce ver l-de-fer serait
plus abondant dans les terres irriguées et
pourrait donc causer plus de dégâts dans les
champs de pommes de terre. Il faudrait donc
en apprendre davantage sur la biologie de
cette espèce et sur ses interactions avec S.
a. destructor dans les champs où les deux
espèces cohabitent. Par exemple, si nous
mettions au point un moyen de lutte ciblant
une espèce en particulier (par ex. avec des
phéromones), est-ce qu’une ou plusieurs des
autres espèces viendraient à surpasser en
nombre l’espèce que l’on voulait contrôler à
l’origine? En raison du cannibalisme chez les
vers l-de-fer, serait-il possible que le fait de
réduire le nombre d’œufs pondus dans un
champ n’entraîne pas nécessairement une
réduction des eectifs de larves résidentes
résultantes?

Heureusement, de nouvelles options sont
entrées sur le marché de lutte chimique
contre les vers l de-fer. Toutefois, les
producteurs auront besoin d’outils pour les
aider à décider du moment de l’utilisation de
ces insecticides. Tous les moyens de lutte
antiparasitaire comportent des avantages
et des désavantages (par ex. avantages :
réduction des dommages, tranquillité d’esprit
et sentiment de « faire quelque chose »;
inconvénients : dépenses, main d’œuvre,
eets sur des organismes non ciblés), et les
producteurs ont besoin de plus d’information
pour décider si l’application d’un produit
chimique est la solution la plus appropriée
dans leur cas. Par exemple, un traitement
qui a des eets néfastes pour les insectes
auxiliaires a un coût caché, car une valeur est
associée à ces insectes qui aident à contrôler
les vers l-de-fer et d’autres organismes
nuisibles non apparentés (voir www.
eldheroes.ca pour plus d’information sur les
insectes auxiliaires).
68
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Il faudrait avoir des méthodes de surveillance
plus faciles et plus précises ainsi que des
seuils de nuisance économique validés
pour les vers l-de-fer qui s’attaquent aux
céréales. Ceci est particulièrement important,
car les vers l-de-fer sont généralement
l’unique raison pour laquelle des semences
de céréales traitées sont employées dans
les Prairies. Le plus utile serait d’avoir un
seuil de nuisance économique basé sur les
données de l’année précédente, car de cette
façon, les producteurs auraient le temps de
décider si l’utilisation de semences traitées
est justiée pour le printemps suivant. Les
données pourraient provenir de méthodes
d’observations des dommages causés aux
plantes (par ex. seuil de 15 % de plants de
maïs endommagés en Europe, le, Furlan et
al. 2017) ou de méthodes de surveillance par
piégeage des vers l-de-fer ou des taupins
(voir la section Surveillance). Le piégeage a
l’avantage de fournir des données spéciques
aux espèces présentes, aspect important
dans la lutte contre les vers l-de-fer.


Il existe plusieurs méthodes de lutte pour
contrôler les populations de vers l-de-fer. Il
faudrait faire de recherche sur les méthodes
adaptées aux Prairies, en particulier sur la
manière dont elles interagissent pour orir un
contrôle durable.
Les travaux de recherche sur la lutte
biologique contre les vers l-de-fer qui sont
eectués ailleurs dans le monde semblent
prometteurs, notamment en ce qui concerne
l’utilisation des champignons du genre
Metarhizium. Ce moyen de lutte pourrait
s’avérer particulièrement utile pour les
systèmes de production biologique ou les
exploitations de petite échelle.
L’isolement des phéromones sexuelles
spéciques aux espèces trouvées dans les
Prairies faciliterait la surveillance des taupins
et ces hormones pourraient être utilisées en
combinaison avec des champignons du genre
Metarhizium pour le contrôle des populations.
Il faudrait disposer de méthodes de lutte
intégrée qui soient créatives et faire des
études pour évaluer leurs impacts au niveau
du champ, des populations, voire même de
l’environnement des insectes. La recherche
doit adopter une approche holistique pour
tenir compte de l’ensemble des complexes
d’espèces de vers l-de-fer (ainsi que les
informations propres à chaque espèce) et
prendre en considération des méthodes de
lutte intégrée qui s’harmonisent aux autres
facteurs agronomiques et opérationnels
du système de production. Par exemple,
la recommandation de travailler le sol pour
contrôler les pupes de vers l-de-fer va à
l’encontre des avantages des pratiques de
conservation du sol et de l’eau fondées sur
le semis direct qui sont préconisées dans les
Prairies.
Le problème des vers l-de-fer dans les
Prairies est généralement une question
complexe et de nombreux facteurs doivent
être pris en compte. Il faut poursuivre la
recherche pour trouver des façons plus
durables, ecaces et économiques d’atténuer
les dégâts causés par ces ravageurs tout en
réduisant au minimum les impacts pour les
organismes non ciblés. Heureusement, des
chercheurs de partout dans le monde étudient
les vers l-de-fer et nous pouvons aussi
explorer d’autres domaines pour trouver des
idées et ouvrir la voie du leadership ici dans
les Prairies.
69
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

Tableau 1. Résumé des étapes du cycle de vie des taupins H. bicolor (sans nom commun), S. a. destructor (Taupin des prairies) et Limonius californicus
(sans nom commun aribué en français, Sugarbeet wireworm, en anglais). Le cycle de vie d’Aeolus mellillus (sans nom commun aribué en français,
Flat wireworm en anglais) est diérent, car il dure 1-2 ans et la pupaison des larves peut avoir lieu au printemps.
Taupins adultes Œufs Larves néonates (1ère année) Larves résidentes (2e année et
plus)
Pupes
Quand?
Ils hivernent dans le sol
(inacfs). Ils sont acfs pen-
dant plusieurs semaines au
printemps pour s’accoupler
et pondre.
Plusieurs
semaines au
printemps.
Chaque année après l’éclosion,
de juillet à l’automne.
Les larves résidentes sont
présentes à l’année. Elles sont
acves du début du printemps
à la n de l’automne.
Plusieurs
semaines à la
n de l’été.
Où?
À la surface du sol, dans les
ssures du sol, dans la loge
d’hivernaon (loge pupale)
enfouie dans le sol.
Près de la
surface du
sol, plus pro-
fondément
si le sol est
ssuré.
La majorité des larves néonates
se ennent dans les premiers 70
cm (27,5 po) de sol, mais cer-
taines se trouvent à une profon-
deur de 70 105 cm (27,5-41 po)
(Milosavljević et al. 2017)
La majorité des larves rési-
dentes se ennent dans les
premiers 70 cm (27,5 po) de
sol, mais certaines se trouvent
à 70 105 cm (27,5-41 po) de
profondeur (Milosavljević et al.
2017)
In the soil,
5–8 cm (2–3
in.) deep
(Zacharuk
1962a).
Descripon
Mobiles : Ils peuvent march-
er, parfois voler. Certaines
espèces doivent obligatoire-
ment s’accoupler, d’autres
non. C’est le stade de dével-
oppement le plus facile à
surveiller durant la saison
acve. Leur objecf principal
est de pondre. La plupart
des espèces ne causent pas
de dommages aux cultures.
Immobiles.
Vulnérables
à la dessic-
caon, à la
prédaon.
Les larves de première année
éclosent au printemps. En
général, elles ne sont pas nuisi-
bles à cee étape de leur cycle
de vie et se nourrissent de poils
absorbants des racines de plantes
en été. Elles peuvent endommag-
er les cultures de légumes-racines
ou de tubercules à l’automne.
Elles sont vulnérables à la priva-
on de nourriture, à la dessic-
caon et au cannibalisme. Elles
peuvent se déplacer un peu dans
le sol pour fuir des condions
défavorables.
Ce sont des larves de deux ans
et plus. Elles sont résilientes.
Elles sont mobiles dans le sol.
C’est l’étape du cycle de vie le
plus long et le plus nuisible. Les
larves se nourrissent acve-
ment au printemps, au mo-
ment où les cultures de champ
sont les plus vulnérables. Elles
peuvent survivre à une priva-
on de nourriture. Elles sont
capables de supporter des con-
dions de sol moins qu’idéales
si elles sont en mesure de
s’alimenter.
Immobile
and fragile.
Vulnerable to
disturbance.
Y a-t-il des dom-
mages directs de
causer à la culture
en cours d’année?
Non. Non. Non, sauf les cultures de
légumes-racines ou de tubercules
à l’automne
Oui. Non.
Comment le con-
trôle de cee étape
de la vie aiderait-il
à luer contre le
ver l-de-fer ?
Contrôle de la populaon à
plus long terme.
Contrôle de
la populaon
à plus long
terme.
Contrôle de la populaon à plus
long terme (mais protecon au
cours de l’année contre l’alimen-
taon automnale des racines).
Protecon pendant l’année de
la culture et contrôle de la pop-
ulaon à plus long terme.
Contrôle de
la populaon
à plus long
terme.
70
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Tableau 2a. Résumé et comparaison des stades larvaires des quatre principales espèces nuisibles de taupins qui sont présentes dans les Prai-
ries.
Nom commun Aucun nom commun en
français et en anglais
Taupin des prairies Aucun nom commun en
français (Flat wireworm en
anglais)
Aucun nom commun en français
(Sugarbeet wireworm en anglais)
Nom lan Hypnoidus bicolor Selatosomus aeripennis
destructor
Aeolus mellillus Limonius californicus
Années passées
dans le sol
2–3 3-4 (jusqu’à 11) 1-2 (probablement) 3-4 (probablement)
Taille d’une larve
mature (ré de
Glen et al. 1943)
10-12 mm
(0,4-0,5 po)
17-23 mm
(0,7-0,9 po)
12-15 mm
(0,5-0,6 po)
17-22 mm
(0,7-0,9 po)
Apparence des
larves
Corps jaune pâle. Encoche
caudale en forme de U.
Les crochets externes sont
tournés vers le haut.
Corps lustré, dur, or-
ange-jaunâtre, souvent
robuste. Présence d’ocelles.
L’encoche caudale est large
et peu profonde. Les cro-
chets sont charnus et non
érigés contrairement à H.
bicolor.
La tête et le protho-
rax sont bruns ou brun
rougeâtre, le reste du
corps est jaune pâle
ou blanchâtre, et mou.
L’encoche caudale est en
forme de V.
Corps dur, de couleur jaune à
jaune foncé. Absence d’yeux.
L’encoche caudale est presque
fermée, ce qui lui donne une
forme en « trou de serrure ».
Mode d’alimenta-
on des larves
Broyage et forage de trous. Broyage et forage de trous. Acf. Prédaon. Forage
de trous et coupure de
plantes.
Broyage et forage de trous.
Remarques Ce ver l-de-fer nuisible
est le plus abondant dans
les Prairies. Il est plus acf
et agrégé dans les champs
que S. a. destructor (Taupin
des prairies). Il est possible
qu’il réponde moins bien
aux pièges appâts que S. a.
destructor.
C’est le ver l-de-fer le plus
destructeur per capita.
C’est le vers l-de-fer le
plus acf. C’est aussi un
prédateur.
Il est souvent présent dans les
champs irrigués et ceux au sol
plus humide.
71
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Tableau 2b. Stade adulte : Résumé et comparaison des quatre principales espèces nuisibles de taupins dans les Prairies cana-
diennes.
Nom commun Aucun nom commun en
français et en anglais
Taupin des prairies Aucun nom commun
en français (Flat wire-
worm en anglais)
Sans nom commun en
français (Sugarbeet wire-
worm en anglais)
Nom lan Hypnoidus bicolor Selatosomus aeripennis
destructor
Aeolus mellillus Limonius californicus
Longueur de
l’adulte
4,5-6 mm (0,2 pouce)
(Brooks 1960).
Femelles :
10,75-13,25 mm
(0,4-0,5 pouce)
Mâles : 7,75-11,5 mm
(0,3-0,5 pouce) (Strick-
land 1927).
5,5-8 mm (0,2-0,3
pouce) (Brooks 1960).
8,5-11 mm (0,3 0,4 pouce)
(Brooks 1960).
Apparence de
l’adulte
Pronotum noir. Antennes,
angles postérieurs du
pronotum, paes et ély-
tres (couvertures alaires)
brun foncé avec une
teinte rougeâtre. Recou-
vert d’une pubescence
ne et courte.
Noir, parfois avec un Éclat
métallique bleu-verdâtre.
Glabre.
Angles postérieurs du pro-
notum longs et disncfs.
Corps robuste.
Noir, parfois avec un
Éclat métallique bleu-
verdâtre.
Glabre.
Angles postérieurs du
pronotum longs et
disncfs.
Corps robuste.
Pronotum noir, élytres brun
rougeâtre, tous deux re-
couverts d’une pubescence
dense, blanche ou jaune. An-
gles postérieurs du pronotum
très courts. Corps plus mince
Rao du sexe
des adultes
Certaines populaons
sont composées unique-
ment de femelles, d’au-
tres des deux sexes.
1 mâle:1 femelle Populaons com-
posées uniquement de
femelles au Canada
Populaons qui comptent
plus de mâles au début de
l’émergence et plus de fe-
melles à la n de l’émergence
(Stone 1941).
Œufs par fe-
melle
Inconnu >200, mais les esma-
ons varient de 264 à 946
Moyenne de 18-51,
mais jusqu’à 151
~250
Adult ight Oui Non Probablement. Oui
Accouplement
des adultes
Oui et non : certaines
populaons sont toutes
des femelles.
Oui : s’accouplent
seulement une fois.
Non : toutes des fe-
melles.
Oui
Phéromone
sexuelle
Inconnue Oui, idenée (données
non publiées)
Non Oui, idenée (Gries et al.
2021)
72
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Tableau 3. Résumé des opons de lue possibles dans les grandes cultures des Prairies et de leurs eets sur la survie ou la ponte
Taupins adultes et ponte Survie des
œufs
Larves néonates Larves résidentes Pupes
Travail du sol Aucun eet, voire eet contre pro-
ducf. Il peut aider les femelles à
pondre plus profondément dans le
sol.
Possible. Improbable. Improbable. Oui, travail
de sol super-
ciel à la n
de juillet.
Rotaon culturale On ignore l’eet possible sur la ponte,
inconnue.
Improba-
ble.
Possible, les céréales
culvées donnent
un plus grand taux
de survie que les di-
cotylédones (Strick-
land 1939).
Non. Non.
Jachère esvale Les adultes sont mobiles, mais peu-
vent préférer pondre dans les champs
qui ont un couvert végétal.
Inconnue.
Probable, si on
ne laisse pas les
champs être envahis
par les mauvaises
herbes, car les larves
néonates sont vul-
nérables à la priva-
on de nourriture.
Peut-être, si on ne laisse pas les
champs être envahis par les mau-
vaises herbes. Mais dans le cas de
certaines larves, la jachère ne les
tue pas et peut les rendre plus vora-
ces l’année suivante.
Improbable
à moins de
travailler le
sol à la n
de juillet
Amendements du sol Non. Inconnue. Peut-être avec du
tourteau déshuilé
de Brassica (Furlan
et al. 2010), mais
n’a pas été essayé
dans les Prairies.
Peut-être avec du tourteau déshuilé
de Brassica, (Furlan et al. 2010),
mais n’a pas été essayé dans les
Prairies.
Inconnue.
Traitement des semenc-
es avec des inseccides
des groupes suivants
- néoniconoïdes
(groupe 4A)
- diamides (groupe 28)
(Protège les cultures,
mais ne tue pas les vers
l-de-fer)
N’a pas été essayé, mais il est improb-
able qu’il y ait une entrée en contact.
N’a pas été
essayé,
mais il est
improb-
able qu’il
y ait une
entrée en
contact.
Les études n’ont
montré aucun
eet. Les sub-
stances chimiques
peuvent se décom-
poser avant l’ap-
parion des larves
néonates.
Inseccide systémique, peut être
ingéré à parr de la semence ou
de la plante. Immobilise les larves
résidentes assez longtemps pour
protéger la culture (surtout sous
une pression faible à modérée) et
causer une certaine mortalité, mais
n’a pas démontré une réducon
signicave des populaons.
N’a pas été
essayé,
mais il est
improbable
qu’il y ait
une entrée
en contact.
73
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
Tableau 3. Résumé des opons de lue possibles dans les grandes cultures des Prairies et de leurs eets sur la survie ou la ponte
Taupins adultes et ponte Survie des
œufs
Larves néonates Larves résidentes Pupes
Travail du sol Aucun eet, voire eet contre pro-
ducf. Il peut aider les femelles à
pondre plus profondément dans le
sol.
Possible. Improbable. Improbable. Oui, travail
de sol super-
ciel à la n
de juillet.
Rotaon culturale On ignore l’eet possible sur la ponte,
inconnue.
Improba-
ble.
Possible, les céréales
culvées donnent
un plus grand taux
de survie que les di-
cotylédones (Strick-
land 1939).
Non. Non.
Jachère esvale Les adultes sont mobiles, mais peu-
vent préférer pondre dans les champs
qui ont un couvert végétal.
Inconnue.
Probable, si on
ne laisse pas les
champs être envahis
par les mauvaises
herbes, car les larves
néonates sont vul-
nérables à la priva-
on de nourriture.
Peut-être, si on ne laisse pas les
champs être envahis par les mau-
vaises herbes. Mais dans le cas de
certaines larves, la jachère ne les
tue pas et peut les rendre plus vora-
ces l’année suivante.
Improbable
à moins de
travailler le
sol à la n
de juillet
Amendements du sol Non. Inconnue. Peut-être avec du
tourteau déshuilé
de Brassica (Furlan
et al. 2010), mais
n’a pas été essayé
dans les Prairies.
Peut-être avec du tourteau déshuilé
de Brassica, (Furlan et al. 2010),
mais n’a pas été essayé dans les
Prairies.
Inconnue.
Traitement des semenc-
es avec des inseccides
des groupes suivants
- néoniconoïdes
(groupe 4A)
- diamides (groupe 28)
(Protège les cultures,
mais ne tue pas les vers
l-de-fer)
N’a pas été essayé, mais il est improb-
able qu’il y ait une entrée en contact.
N’a pas été
essayé,
mais il est
improb-
able qu’il
y ait une
entrée en
contact.
Les études n’ont
montré aucun
eet. Les sub-
stances chimiques
peuvent se décom-
poser avant l’ap-
parion des larves
néonates.
Inseccide systémique, peut être
ingéré à parr de la semence ou
de la plante. Immobilise les larves
résidentes assez longtemps pour
protéger la culture (surtout sous
une pression faible à modérée) et
causer une certaine mortalité, mais
n’a pas démontré une réducon
signicave des populaons.
N’a pas été
essayé,
mais il est
improbable
qu’il y ait
une entrée
en contact.
Table 3. Connué
Taupins adultes et ponte Survie des
œufs
Larves néonates Larves résidentes Pupes
Traitement des se-
mences avec un in-
seccide du groupe
30 (broanilide)
(Protège les cul-
tures, mais ne tue
pas les vers l-de-
fer)
N’a pas été essayé, mais il est improbable
qu’il y ait une entrée en contact.
N’a pas été
essayé, mais
il est improb-
able qu’il
y ait une
entrée en
contact.
Oui (par les rési-
dus) (van Herk
et al. 2021a). Le
produit chimique
n’est pas sys-
témique.
Oui (par contact ou par l’al-
imentaon) (van Herk et al
2021a). Le produit chimique
n’est pas systémique.
N’a pas été
essayé.
Adult mass
trapping
Not feasible at present, but has some poten-
al. Would require mulple years to signi-
cantly reduce wireworm numbers in soil.
Non. Non. Non. Non.
Pièges à phéro-
mone
Possiblement. On est en train de mere
au point des phéromones spéciques aux
espèces de taupins présentes dans les
Prairies. Bien que les phéromones piègent
uniquement les mâles, elles pourraient être
ules pour faire de la surveillance, et peut-
être pour établir des seuils de nuisance et
évaluer les risques. Ces pièges pourraient
être ulisés pour mere au point une
technique de confusion sexuelle ou en com-
binaison avec d’autres moyens comme des
agents pathogènes pour cibler les femelles.
s.o. s.o. s.o. s.o.
Pulvérisaon
d’inseccide (non
homologué)
Dicile à implanter, ecacité inconnue. Non. Non. Non. Non.
Cultures-pièges Inconnue Non. Inconnue Les opons peuvent distraire
les ravageurs, mais elles ne
les tuent pas à moins d’être
combinées à un autre moyen
de piégeage meurtrier (à l’aide
notamment d’inseccide ou
d’un agent pathogène)
Non.
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes
75
Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes



Alberta Blue Book (Crop Protection Manual): www.alberta.ca/crop-protection-manual.aspx
Saskatchewan Guide to Crop Protection: www.saskatchewan.ca/business/agriculture-
natural-resources-and-industry/agribusiness-farmers-and-ranchers/crops-and-irrigation/
crop-guides-and-publications/guide-to-crop-protection
Manitoba Guide to Field Crop Protection: www.gov.mb.ca/agriculture/crops/guides-and-
publications

(contacter d’abord les laboratoires pour vous informer du mode d’expédition des
échantillons et des frais, le cas échéant)

Alberta Plant Health Lab (service en anglais seulement)
Crop Diversication Centre North
17507, chemin du Fort N-O
Edmonton (Alberta) T5Y 6H3
780-638-3999
planthealthlab@gov.ab.ca

Crop Protection Laboratory (service en anglais seulement)
1610, rue Park
Regina (Sask.) S4N 2G1
306-787-8130
cpl@gov.sk.ca

Contactez ou déposez les échantillons au
Bureau local de Manitoba Ministry of Agriculture and Resource Development (service en
anglais seulement)
ou aux
Crop Diagnostic Services
Primary Agriculture Branch
545, University Crescent, bureau 201
Winnipeg (Manitoba) R3T 5S6
204-945-7707
www.gov.mb.ca/agriculture/crops/crop-diagnostic-services/
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Guide sur les vers l-de-fer nuisibles aux cultures dans les Prairies canadiennes

Haley Catton, Ph. D.
Centre de recherche et de développement d’AAC
5403, 1ere Avenue Sud,
Case postale 3000
Lethbridge (Alberta) T1J 4B1
Canada
403-360-4248
Haley.Catton@agr.gc.ca
Wim Van Herk, Ph. D.
Centre de recherche et de développement d’AAC
6947, route Lougheed (route 7)
Case postale 1000
Agassiz (Colombie-Britannique) V0M 1A0
604-796-6091
Wim.VanHerk@agr.gc.ca

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