INTRODUCTION
Cet ouvrage propose une synthèse des connaissances actuelles sur l’apprentissage de la lecture et la dyslexie. Trois choix fondamentaux ont guidé sa rédaction :
-Présenter une synthèse des travaux de recherche les plus robustes (pour ceux qui sont anciens) et les plus novateurs (pour ceux qui sont récents) ;
-Présenter des aspects pratiques liés aux méthodes d’enseignement de la lecture ainsi qu’au dépistage et à la prévention des difficultés de lecture ;
-Mettre en évidence ce qui est universel et ce qui dépend des spécificités d’une orthographe particulière dans l’apprentissage de la lecture et la dyslexie.
Le chapitre 1 fait le point sur cinq questions classiques relatives à l’apprentissage de la lecture et la dyslexie : Quel est le niveau en lecture des enfants français ? Quelle est l’incidence du niveau cognitif, de la latéralité manuelle et du genre sur l’apprentissage de la lecture ? Qu’est-ce que la dyslexie ?
Le chapitre 2 présente les concepts essentiels pour comprendre les processus mis en œuvre dans la lecture et son apprentissage. La première partie traite des relations entre compréhension écrite et lecture de mots et des effets du contexte sur la lecture de mots. Cette partie est suivie par une présentation des principaux modèles et résultats de la recherche sur la lecture experte, celle d’un adulte qui sait lire.
Le chapitre 3 est consacré à l’apprentissage normal (ou typique) de la lecture, celui qui s’effectue sans difficultés notoires. La première partie présente un cadre de référence permettant d’analyser les problèmes auxquels l’apprenti lecteur est confronté dans les différents systèmes d’écritures et, surtout, dans les écritures alphabétiques ainsi que les caractéristiques majeures de ces écritures. Les deux parties suivantes portent, d’une part, sur le développement des procédures de reconnaissance des mots écrits et, d’autre part, sur les capacités reliées à la lecture qui facilitent son apprentissage. La fin du chapitre est consacrée aux études sur le traitement visuel lors de la lecture chez l’apprenti lecteur.
Le chapitre 4 est centré sur les manifestations de la dyslexie. Son objectif est de déterminer, d’une part, les compétences en lecture qui sont déficientes chez les dyslexiques et d’autre part, l’existence, et la prévalence, des profils dissociés de type dyslexie « phonologique » et dyslexie « visuelle ». La première question est abordée à partir de l’examen d’études de groupes, les deux autres à partir de l’examen d’études de « cas multiples », qui prennent en compte des populations importantes de dyslexiques afin d’évaluer les différents profils et leur proportion.
Le chapitre 5 présente les explications de la dyslexie, en particulier l’hypothèse phonologique selon laquelle la dyslexie proviendrait d’un trouble spécifique du traitement du langage ainsi que les hypothèses alternatives qui rendent compte de cette pathologie par des déficits sensoriels (auditifs ou visuels) et/ou moteurs.
Le dernier chapitre envisage quelques implications pratiques qui permettent de répondre aux questions suivantes: quelles sont les méthodes d’apprentissage de la lecture les plus efficaces ? Quels sont les moyens permettant d’identifier de façon précoce les compétences ultérieures en lecture et de prévenir les difficultés dans ce domaine ?
Cet ouvrage, qui s’adresse aux chercheurs, aux étudiants, aux enseignants et à tous les praticiens au contact d’enfants apprentis lecteurs et/ou de dyslexiques, présente donc un intérêt à la fois théorique et pratique puisqu’il propose une synthèse de travaux de recherche récents publiés dans des revues internationales à comité de lecture (cf. ci dessous: "Production et sélection des connaissances scientifiques dans les revues internationales à comité de lecture") et qu’il intègre des informations relatives aux méthodes d’enseignement de la lecture ainsi qu’au dépistage et à la prévention des difficultés de lecture.
Changements effectués pour la nouvelle édition: Nous avons examiné les travaux parus depuis la 1ère édition du livre ainsi que les citations de ceux qui étaient dans les deux précédentes éditions. Les choix suivants ont été faits le plus systématiquement possible :
1.Ne tenir compte que des travaux cités dans le Web of Science ;
2.Intégrer en priorité les travaux les plus récents sur le français ;
3.Ne garder, parmi les travaux cités les plus anciens, que ceux qui, d’après le Web of Science, ont eu un fort impact.
Dans l’ensemble, un peu plus de 220 publications nouvelles ont été intégrées et un peu mois de 200 ont été supprimées.
Production et sélection des connaissances scientifiques dans les revues internationales à comité de lecture
Les revues internationales à comité de lecture sont pratiquement toutes de langue anglaise, ce qui facilite l’accès à tous les chercheurs, quelle que soit leur langue, aux travaux conduits dans différents pays. Toutefois, les travaux publiés dans ces revues, tout comme les experts qui évaluent les articles, sont issus de différents pays. Les articles sont expertisés par au moins deux chercheurs qualifiés qui acceptent les articles (immédiatement ou sous réserve de modifications plus ou moins importantes), le taux de rejet des articles (le plus souvent pour des problèmes de méthode) est élevé : de l’ordre de 70 à 95 % selon les revues.
Ces travaux sont répertoriés dans le « Web of Science » (WoS), qui est un service d’information sur les publications de recherche édité par « Institute for Scientific Information » du groupe canadien Thomson Reuters. Le WoS donne accès à plusieurs bases de données (par exemple: Social Sciences Citation Index ; Arts & Humanities Citation Index ; Science Citation Index Expanded). Il est diffusé en France par « Bibliosciences », entre autres, qui est le portail d’information scientifique multidisciplinaire du CNRS et de l’INSERM.
Ce mode de fonctionnement garantit la qualité des publications. Il présente toutefois l’inconvénient de rendre les travaux de recherche peu accessibles aux praticiens des pays non anglophones. C’est la raison pour laquelle se sont développées, dans chaque pays, des collections de diffusion des savoirs présentant des synthèses des travaux de recherche pour un public plus ou moins large. Un exemple pour un public très large, allant des parents aux enseignants, est l’ouvrage publié aux éditions Odile Jacob en 2011 sous la direction de Dehaene. Le présent ouvrage est un exemple destiné à un public plus spécialisé : les chercheurs, les étudiants, les enseignants et tous les praticiens au contact d’apprentis lecteurs et/ou de dyslexiques (éducateurs, psychologues, orthophonistes, médecins…).