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La chasse aux fantômes sur YouTube: Approche ethnographique et quali-quantitative des commentaires des vidéos

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... Il s'agit d'un magnétomètre (instrument de mesure de l'intensité ou de la direction d'un champ magnétique) qui trouve ici son utilité, car, de même que la présence d'un fantôme est littéralement censée faire « froid dans le dos », elle est aussi censée émettre des champs magnétiques.18 Lorsqu'ils utilisent les technologies spirites, les YouTubeurs européens « le font en imitant, parfois explicitement, les chasseurs de fantômes de la téléréalité américaine »(Georges, 2019). Par ailleurs, le fait même qu'ils utilisent des outils plus ou moins électroniques suffit pour eux à attester du caractère scientifique de leur recherche. ...
... Reste que la question ne manque pas de faire l'objet d'intenses débats sur Internet, champ de bataille où il faut se légitimer, où il faut démontrer qu'à l'inverse des chasseurs de fantômes superstitieux, on exerce une pratique d'enquête du paranormal sérieuse et sincère 26 . Dans un milieu concurrentiel, où se joue une « quête de visibilité »(Georges, 2019), il faut convaincre de sa bonne foi et de sa compétence en la matière, bien que la question est « moins celle de l'authenticité des résultats que de l'authenticité des vidéastes. »(Georges, 2017) 42 Les YouTubeurs jouent sur la relation intime que le spectateur peut avoir l'impression d'entretenir avec eux, relation qui semble « rendre finalement secondaire l'administration de la preuve » (Evrard,Abrassard, 2018). ...
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Searching for ghosts within ghost-places is currently a popular activity. How do these places stand within modern "ghost busters" narratives ? How do movies and new communication technologies have been part of the macabre tourism staged on YouTube and streaming platforms ? How did ghost-places become common places of an imaginary calibrated by the audiovisual industry ? This article examines forms of media agiotage surrounding topical clichés. By examining the spectacular sensibility to places, influenced in particular by the evolution of audiovisual engineering, it examines some of the current dynamics of the practice of ghost hunting, which are more common than one might think.
... La plateforme Youtube n'est pas qu'un répertoire et réservoir de vidéos de toutes sortes: c'est aussi un moyen supplémentaire de légitimer l'activité et d'ajouter une couche de complexité socio-technique. Là où les émissions télévisées procèdent d'une diffusion unilatérale sans réel feedback, la fonction "commentaires" de Youtube contribue de son côté d'ouvrir le processus de négociation discursive aux internautes, étendant l'espace de délibération sur le contenu et la réception de la chasse aux fantômes (Georges 2019). Pour autant, dans cette mise en abime des médias disposés les uns sur les autres qui filtrent l'expérience directe du fantôme, le sens profond de l'apparition spectrale se dilue dans le déploiement de technicité et convertit en spectacle ce qui était une enquête, puisque c'est sous cette forme animée d'une curiosité scientifique et de l'attirail technique qui donne l'apparence de scientificité, sous couvert de technologie (Brewer 2012): mais la question finale se heurte à un cantonnement empirique. ...
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This paper explores the new forms assumed by ghost apparitions, through the screens of new communication and information technologies. It analyses the diversity of the manifestations and the channels through which these new ghosts circulate. It opens up a reflection on the continuities and ruptures of the relationships between technologies and spectres. Moreover, the paper ends up in a discussion on the status of the "spectre" in the context of hyper-mediatised societies. keywords: ghosts ; screens ; hauntologie ; spectrality ; ontology C'est un fait déjà bien établi et documenté que le développement extrêmement rapide des technologies de la communication et de l'information a généré une réorganisation plus ou moins profonde, toutefois, des systèmes de pensée et d'action sur le monde qu'en anthropologie il est coutume d'appeler "cultures" (Escobar 1994). Dans un monde où les écrans ont colonisé les agencements matériels dans lesquels vivent et s'expriment les humains, où les formes culturelles sont recalibrées par la multitude des technologies qui opèrent désormais dans tous les compartiments de l'existence au point qu'on a évoqué la révolution numérique comme une rupture anthropologique majeure pour l'humanité (Rieffel 2014). Laissant ici de côté l'immense domaine des transformations enregistrées et étudiées dans le domaine de l'impact de ce processus sur les formes culturelles, l'organisation économique ou les dynamiques sociales, c'est sous l'angle de l'anthropologie toutefois qu'il sera ici question d'un domaine en pleine effervescence et émergent: celui des rapports entre technologies digitales et apparitions spectrales-aussi intégré dans le paradigme de l'hauntology. Que les avancées technologiques ont donné lieu à des adaptations dans le domaine des religions établies, le fait est désormais bien documenté et continue de l'être: les grandes organisations religieuses comme les nouvelles mouvances spirituelles ou "ectaires" se sont en effet largement approprié la vaste gamme de technologies d'information et les nouveaux circuits médiatiques. Les ajustements, mutatis mutandis, à ces nouvelles contraintes matérielles et communicationnelles forment un domaine d'étude assez bien documenté à ce jour (voir les volumineux travaux de Heidi Campbell, aux Etats-Unis). De la même manière, mais avec une étape supplémentaire vers ce qui fera le coeur de cet article, les formes les plus évanescentes cependant particulièrement signifiantes en contexte de digitalisation avancée comme le sont nos sociétés, la magie (surnaturelle) sous ses différentes formes (traditionnelle ou réinventée) a aussi trouvé sa voie (ambivalente, car elle peut être véhiculée par les technologies ou générée par elles…) au sein de l'écosystème des médias et des technologies digitales (Obadia 2020). Pour autant, dans la multitude des images qui se déploient dans cet écosystème sociotechnique, il en est certaines qui intéressent anthropologues et technologues, pour des raisons identiques, qui relèvent également d'une certaine approche par les croyances, mais qui s'inscrivent dans un univers de perceptions et de conceptions encore plus nébuleux: cet univers se construit autour des images "fantômes" (ghost images) qui sont autant d'apparitions fugaces, troubles et troublantes, parce qu'elles ne ressortissent pas à l'idée d'une mécanique bien huilée des technologies digitales, dont sont vantées l'efficacité et les ouvrent la voie à des processus de
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Nous nous basons sur une étude inédite de 2.209.206 commentaires, dont 1.184.859 se trouvent dans les fils de discussion , répartis dans les espaces de commentaires de 46.090 vidéos. Ces dernières sont issues d’un panel de 57 chaînes de médias français aux catégories institutionnelles et aux positionnements différents. Cet échantillon (cf. Annexe 1) est en partie construit sur la base des travaux empiriques précédents (Marty et al., 2012 ; Cardon et al., 2019; Lyubareva et Rochelandet, 2016; Lyubareva et al., 2020a), recensant des médias de presse traditionnels, nationaux et régionaux et les pure players (par exemple, Reporterre ou Slate). Parmi les médias, cités dans ces recherches et représentatifs de leurs domaines, nous avons sélectionné 57 acteurs disposant d’une chaîne YouTube. Sans prétendre à une couverture exhaustive des médias français présents sur YouTube, cette sélection nous permet d’établir une catégorisation des chaînes en trois groupes (cf. Annexe 1) : les médias généralistes couvrant un large éventail de thématiques, qui existent en version papier, version web ou à la télévision ; les médias « partisans » de gauche et de droite marqués par un positionnement politique plus extrême, qui ont une version papier ou existent uniquement en version web; et les médias thématiques et spécialisés couvrant exclusivement certains sujets ou zones géographiques. Nous nous posons comme objectif de comprendre, d’une part, où et quand l’espace des commentaires des médias français en vient à être touché par les débats brutaux ou agressifs et, d’autre part, quels facteurs limitent ou favorisent cette agressivité. Pour atteindre cet objectif, nous employons un dispositif d’enquête inhabituel au regard des méthodes utilisées les travaux abordant le terrain YouTube en sciences sociales ; dispositif se positionnant à la lisière du traitement automatisé du langage et de l’économie politique des médias (Guibert et al., 2016). Dans une première partie, nous allons résumer certaines orientations retrouvées dans la littérature afin de préciser quels facteurs sont susceptibles de peser sur l’agressivité dans les commentaires YouTube et de comprendre sous quelles conditions l’agressivité intervient dans les espaces de commentaire de la plateforme. Dans une seconde partie, nous reviendrons sur les données et la méthodologie mises en œuvre. Nous verrons ainsi dans notre analyse que des formes de participation très différentes sont observées selon que nous considérons les commentaires sur les chaînes de médias que nous classons en “généralistes”, celles des médias que nous classons en “partisans”, ou enfin celles des médias que nous classons en “thématiques et spécialisés” Dans la troisième partie, nous parcourons les résultats de cette recherche et vérifions comment les médias en ligne, espaces de commentaires et d’agressivité sont liés par un ensemble de pratiques oscillant, selon les chaînes et les niveaux de fréquentation des espaces de commentaire des vidéos, de peu à fortement agressif.
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