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L’économie du sport professionnel par équipe en
Europe: production, monétisation, décit et régulation
Bouvet Patrice
To cite this version:
Bouvet Patrice. L’économie du sport professionnel par équipe en Europe: production, monétisation,
décit et régulation. Management & Organisations du Sport, Episciences, 2021. �hal-02515012v4�
Management & Organisations du Sport
2021, vol. 2, p. 1–35
DOI : 10.46298/mos-2021-7060
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SYNTHESE
L’économie du sport professionnel par équipe en
Europe : production, monétisation, déficit et
régulation
Patrice BOUVET∗
Université de Poitiers, CDES
Résumé
Cet article traite de l’économie du sport professionnel en Europe. Son objectif est double. En
premier lieu, proposer une vision « verticale », allant de la production à la nécessaire
régulation, en passant par l’étude des conditions de monétisation des spectacles sportifs
organisés par les clubs sportifs professionnels en Europe. En second lieu, il s’agit de mettre
en avant une explication générale de la persistance des déficits (données DNCG et
organismes similaires) de nombreux de ces clubs. Cet article se place délibérément, à la
différence de nombreuses autres contributions, dans une perspective macroéconomique
globale. Il souligne l’universalité et la singularité de la production des spectacles sportifs, les
conditions spécifiques de leur monétisation, et présente l’origine des déficits et les moyens
aujourd’hui choisis par les clubs professionnels pour essayer d’y faire face, et débouche
finalement sur une proposition originale de régulation.
Mots-clés
Production, monétisation, salaire, déficit, régulation
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
∗Auteur correspondant :
BOUVET Patrice, Faculté des sciences du sport de Poitiers, 8 allée Jean Monnet, 86073 Poitiers, Cedex 9.
Courriel : patrice.bouvet@univ-poitiers.fr
© 2021 by the author(s) Distributed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License
Bouvet (2021)
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Abstract
This article deals with the economics of professional sport in Europe. Its objective is twofold.
First, it offers a "vertical" analysis, from production to the necessary regulation, including the
study of the conditions for monetising sports events produced by professional sports clubs in
Europe. Second, it provides an overall explanation for the persistence of deficits (DNCG data
and similar organisations) of many of these clubs. This article deliberately positions itself,
unlike many other contributions, in a global macroeconomic perspective. It underlines the
universality and singularity of the production of sports events, the specific conditions of their
monetisation; presents the origin of the deficits and the means nowadays chosen by
professional clubs to try to cope with them, and finally leads to an original proposal for
regulation.
Keywords
Production, monetization, salary, deficit, regulation
Remerciements
Je remercie les experts anonymes ainsi que le comité de rédaction pour leurs remarques et
commentaires.
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Introduction
L’économie du sport est une discipline jeune. Les articles (Andreff, 2006; Noll, 2006;
Sloane, 2006) traitant de son histoire sont encore peu nombreux. Andreff (2006), dans
l’introduction de son Handbook on the Economics of Sport, recense les dates clés qui ont
marqué le développement de la discipline. Noll (2006) s’attache pour sa part à montrer, en
étudiant de façon détaillée sept articles de référence publiés aux Etats-Unis, quels en sont
les fondements. En reprenant les cinq principaux points abordés par Rottenberg (1956) dans
son article pionnier, Sloane (2006) se propose quant à lui d’élargir la perspective au continent
européen.
A la lecture de ces publications un constat apparaît : l’ancrage historique de
l’économie du sport est le plus souvent microéconomique. Les analyses économiques du
sport professionnel par équipe plus récentes n’échappent pas à la règle (Andreff, 2009). La
majorité des travaux abordant ce sujet traite de points assez spécifiques en faisant référence
aux comportements des acteurs sur les différents marchés. Prenons quelques exemples
concernant l’économie du sport professionnel en Europe. Pour ce qui est de la production, le
rôle spécifique joué par les différents acteurs retient fréquemment l’attention (Downward et
Dawson, 2000). En matière de financement, l’accent est le plus souvent mis sur la mixité
(Andreff et al., 2009) et la fragilité qui en découle. Sur le marché du travail, la segmentation
(Bourg et Gouguet, 1998) et l’influence des superstars (Rosen, 1981) permet de proposer une
explication de l’inflation salariale (Bourg, 2008). Les problèmes économiques qui en résultent
sont alors souvent imputés à une faible gouvernance (Ascari et Gagnepain, 2007) et/ou à une
régulation inadaptée ou insuffisante (Dermit-Richard, 2012). L’examen des articles publiés
dans le journal de référence en économie du sport, le Journal of Sports Economics, confirme
cette tendance.
Peu de travaux se donnent en revanche pour ambition de porter un regard global1,
« vertical », devrions-nous même dire, partant de la production et conduisant logiquement à
une nécessaire évolution des instruments de régulation existants. Le risque de ce choix est
de donner l’impression de survoler le champ sans rentrer dans les détails des différents
points abordés. Précisément parce que ce type d’approche a été abondamment développé
par ailleurs cela ne nous semble pas rédhibitoire. A partir de l’étude des impératifs
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
1 Nous n’osons pas écrire macroéconomique puisque ce terme prête aujourd’hui énormément à discussion, au-delà de
l’échelle d’analyse, l’objet, les méthodes, voire même les perspectives d’analyse peuvent fonder la distinction micro/macro.
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structuraux propres à ce secteur d’activité, la prise en compte des interdépendances globales
et des implications qui en découlent permettent selon nous de l’éclairer différemment,
indépendamment du comportement personnel des acteurs. Pour ce faire, les conditions de
monétisation et de démonétisation de la production des spectacles sportifs seront
successivement analysées. Ensuite, une nouvelle explication de la persistance des déficits et
de leur mode de financement sera proposée. Finalement, après avoir examiné les différentes
solutions aujourd’hui envisagées pour les limiter, une solution plus radicale sera avancée.!!
La production des spectacles sportifs
1. Universalité
Le terme « production » est fréquemment utilisé en économie mais aussi dans le
vocabulaire courant. Néanmoins, sa définition reste souvent approximative. Ainsi, par
exemple, la « production » désigne indistinctement l’action permettant de donner naissance
aux biens et services et le résultat de cette action (le produit fini). Dans la mesure où elle
nécessite la coopération de nombreux producteurs : organisateurs, joueurs ou clubs et
diffuseurs, eux-mêmes en relation avec d’autres acteurs; fans et annonceurs principalement,
la production des spectacles sportifs semble plus complexe à étudier (Noll, 2007). Par
ailleurs, plusieurs « temps sportifs » peuvent être distingués : le match, une série de matchs
(aller/retour par exemple), une compétition particulière, une « saison » ou plusieurs saisons.
Néanmoins, quelle que soit sa nature, schématiquement, tout processus de production peut
être représenté de la façon suivante (Figure 1) :
t- Phase de t0 tn
………………..…..…….……………………______________________________
Préparation-réflexion Réalisation Finalisation
Figure 1. Les étapes de la production
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Dans le cas de la production d’un spectacle sportif, après la phase de réflexion-
préparation nécessaire à son organisation, un spectacle sportif, un match de football par
exemple, débute au « coup d’envoi » (t0) et se termine au « coup de sifflet final » (tn) environ
105 minutes plus tard2. Chaque geste technique réalisé par les joueurs peut être considéré
comme des quantum d’action, c’est à dire comme un nombre fini d’actions indivisibles
instantanées. Toutefois, le match se déroule dans le temps continu. Si le coup d’envoi n’est
pas donné il n’existe pas. Si le match est interrompu, il n’est pas le spectacle annoncé. Une
fois le coup de sifflet final prononcé le match ne se prolonge pas. Comme le match s’arrête
au coup de sifflet final, la production du spectacle sportif n’est finalement positive ni pendant
la durée du match, ni une fois celui-ci terminé. Contrairement aux biens matériels qui
semblent avoir une espérance de vie assez longue, plusieurs dizaines d’années pour un
barrage par exemple, une rencontre sportive n’est dotée d’aucune inertie positive dans le
temps, sa valeur disparaissant à l’instant précis où le résultat du match est connu et
entériné. En fait, il s’agit d’un résultat général. En effet, si un ordinateur par exemple, a une
durée de vie ou une valeur d’usage (une utilité) de plusieurs années, sa valeur d’échange est
définie par le quantum de temps correspondant qui n’est pas de la matière. Il existe
néanmoins plusieurs différences entre la production d’un bien matériel et la production d’un
spectacle sportif3.
2. Singularité
La particularité la plus connue de la production des spectacles sportifs tient à son
caractère joint (Gayant, 2016; Neale, 1964). Au-delà de la nécessaire collaboration des
différentes parties prenantes dans la phase de préparation-réflexion, la production d’un
spectacle sportif nécessite également une coopération dans sa phase de réalisation. Trois ou
quatre acteurs sont systématiquement concernés : l’organisateur de la compétition, les
(deux) équipes ou joueurs qui s’affrontent et, lorsque celui-ci est télévisé, le diffuseur. Cette
nécessaire coopération peut selon nous être schématisée de la façon suivante (figure 2) :
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
2 Dans une perspective « élargie », les prestations VIP qui accompagnent aujourd’hui les rencontres pourraient être
également prise en compte.
3 Si l’on souhaite malgré tout assimiler les spectacles sportifs à un « bien économique » trois caractéristiques doivent être
relevées : il s’agit d’un bien rival pour lequel il n’existe pas d’obligation d’usage mais des possibilités d’encombrements
(Gayant, 2016).!
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Figure 2. Processus coopératif de la production d’un spectacle sportif
Les organisateurs de la compétition déterminent le rectangle 1 : le « cadre » dans
lequel la rencontre va se dérouler : lieu, date, réglementation, conditions d’arbitrage, etc. Les
clubs qui se rencontrent (rectangles 2 et 3) choisissent les facteurs de production :
préparation, composition de l’équipe, remplaçants, etc., qui vont participer à la confrontation
(4). Les diffuseurs mettent en scène celle-ci : choix du type de retransmission,
commentaires, analyses, etc. Les parties prenantes externes (fans, sponsors, etc.) apportent
leur contribution (5).
Outre cette nécessaire coopération de plusieurs acteurs, à la différence d’autres
productions, les spectacles sportifs se déroulent dans un laps de temps prédéterminé par la
réglementation sportive (football) ou conditionné par l’obtention du résultat attendu
(cyclisme) mais dont l’intérêt et donc la valeur réside dans la connaissance du résultat final.
Par ailleurs (Bouvet, 2011a) :
- les conditions de la réalisation de la production sont parfaitement codifiées : les
producteurs doivent respecter des règles précises,
- la majorité des conditions particulières de production sont connues,
- les quanta d’action conférant sa valeur à la production sont partiellement identifiés.
Ainsi, dans une perspective plus économique que celle habituellement proposée dans
la littérature managériale (Danglade et Maltese, 2014; Ferrand et al., 2009), un spectacle
sportif peut être défini comme l’ensemble des gestes techniques qui concourent à la qualité
du spectacle présentant une utilité pour les (télé)spectateurs (réalisation), effectués
collaborativement dans un cadre prédéterminé (préparation-réflexion), dans le but d’obtenir
un résultat final dont la valeur disparaît au terme de la rencontre (finalisation).
Pour être commercialisés ces spectacles doivent être monétisés. !!
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La monétisation des spectacles sportifs
1. Le principe : la commercialisation de multiples droits
Lorsqu’un « fan » de sport décide de sacrifier une partie de son revenu pour
« consommer un spectacle sportif », il échange un droit de prélèvement sur le produit
national acquis grâce à sa participation directe ou indirecte à la production contre un droit
d’accès au spectacle sportif. Cette transaction doit donc s’analyser comme l’échange d’un
droit en un autre droit. Dès lors, se pose la question des conditions de monétisation de la
production des spectacles sportifs. Et, là encore l’étude de la chronologie des opérations se
révèle riche d’enseignements. Quand ces droits sont-ils commercialisés ? Là aussi, et même
dans le cas limite des droits d’accès4, ils le sont avant le déroulement des rencontres. Cet
échange ne doit donc pas être schématisé comme ci-dessous à l’aide de deux flèches
réciproques représentant un mouvement concomitant :
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Revenus!
Producteur/!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Consommateurs/!
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Diffuseur!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Investisseurs!!!!
!!!!!!!!!!!!!!!!!Droits!
Qui plus est cette représentation n’est pas acceptable pour une autre raison : les
droits cédés sont utilisés pour financer la production des spectacles sportifs. Autrement dit,
la monétisation du sport professionnel repose sur un préfinancement autorisé par la vente de
droits (Bouvet, 2016). Celle-ci doit donc plutôt être représentée schématiquement de la façon
suivante (figure 3) :
t- t+
Commercialisation Monétisation de la Obtention
des droits production des du résultat
spectacles sportifs
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
4 Logiquement les clubs sportifs souhaitent avoir de nombreux « abonnés » qui participent alors au préfinancement de la
production.
R!
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SS
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Figure 3. La monétisation des spectacles sportifs
Grâce à la commercialisation de multiples droits (Andreff, 2007a), les spectacles
sportifs peuvent avoir lieu. Leur réalisation donne un objet aux droits cédés ce qui leur
confère leur valeur monétaire finale. A l’instant où la rencontre se termine celle-ci disparaît
pour laisser place à une série de chiffres qui exprime le résultat de la rencontre. Les droits
sportifs n’ont aucune valeur intrinsèque. C’est leur association à la réalisation des spectacles
sportifs qui la crée. Celle-ci est anticipée par les acheteurs de droits ((télé)spectateurs,
sponsors, médias, annonceurs…). Elle disparaît à l’instant où le spectacle sportif prend fin.
Cinq types de droits différents sont aujourd’hui commercialisés par les clubs sportifs.
2. Les différents droits sportifs commercialisés
Souvent dépendants de leurs supports (taille, qualité, image, prestige, conditions de
diffusion…), ce qui leur confère une dimension subjective, les droits sportifs sont acquis soit
par des entreprises, qui les utilisent alors à des fins de communication ou de financement,
soit par le public et/ou les clubs sportifs. Le tableau suivant (tableau 1) présente les
principaux.
Droits sportifs
Définitions
Remarques
Les droits
d’exposition
Droits cédés en contrepartie de la mise
en évidence d’un nom, d’une marque, ou
d’un produit (Tribou, 2007).
On distingue : les droits d’exposition directe qui ouvrent la
possibilité aux annonceurs d’apposer leur nom, leur marque,
un slogan, etc. sur des supports avec lesquels les
consommateurs sportifs vont être en contact direct. Les
droits d’exposition indirecte pour lesquels la relation qui
s’établit entre l’entreprise acheteuse des droits et les
consommateurs potentiels nécessite d’avoir recours à un
« intermédiaire ».
Les droits
d’appellation
(
naming
rights
)
Droits d’exposition particuliers qui
donnent la possibilité d’associer le nom
d’une marque ou d’une entreprise à un
équipement, une compétition ou une
équipe sportive (Kaydo et Trusdell,
1997).
Pour les équipements, ces droits se situent à la frontière des
droits d’exposition directe et indirecte puisque dans ce cas le
nom du bénéficiaire du droit apparaît à la fois sur l’enceinte
sportive et dans les présentations réalisées lors des
retransmissions télévisées des compétitions ayant lieu dans
l’enceinte.
Les droits
d’accès
Droits acquittés par les dirigeants des
clubs professionnels (sports collectifs)
ou par les joueurs eux-mêmes (sports
individuels) pour avoir la possibilité de
s’inscrire à une compétition et/ou par
Le montant des droits de participation est déterminé par les
organisateurs. Ils peuvent constituer des barrières à l’entrée.
Outre la possibilité d’accéder au lieu de la manifestation, les
droits de présence, permettent d’accéder à d’autres biens et
services.
Management & Organisations du Sport, 2021, vol. 2, p. 1–35
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les spectateurs qui se rendent sur le lieu
de la manifestation sportive (Papa,
2002).
Les droits de
retransmission
Droits donnant à l’acheteur la possibilité
de produire des signaux et de les mettre
à disposition de tiers via la radio, la
télévision, Internet, les réseaux de
téléphonie mobile ou grâce à des
supports fixes (Andreff et Bourg, 2006).
Les vendeurs sont les organisateurs d’événements sportifs
(fédérations internationales, Comité International Olympique,
entreprises privées) et les clubs sportifs professionnels (ou
leur représentant) qui produisent le spectacle sportif en
participant à un championnat. Les droits de retransmission
des grands évènements sportifs sont accordés pour un
territoire donné, en exclusivité et pour la diffusion par tous
les moyens techniques (satellite, câble, fréquence terrestre,
Internet).
Les droits
d’image
Droit de toute personne de s’opposer à
la reproduction et à la diffusion de son
image sans son autorisation (Orsay,
2006).
La commercialisation de droits d’image est aujourd’hui
courante dans le monde sportif. Elle se heurte cependant
bien souvent au problème de sa délimitation
Tableau 1. Les cinq principaux droits sportifs
Associés à la production, ces droits permettent aux clubs sportifs d’obtenir des revenus très
largement utilisés pour rémunérer les services producteurs.
La consommation ou démonétisation de la production des
spectacles sportifs
1. Universalité
Dans nos économies, suite à leur participation à la production, les services
producteurs sont titulaires d’un droit de créance sur la production réelle, plus communément
appelé revenu (Bailly, 1990). Sa valeur a un double fondement : la loi et la production. La
consommation est l’opération symétrique à la formation des revenus. Lorsqu’un agent
économique effectue une dépense monétaire, il utilise son droit de créance sur l’économie
pour devenir propriétaire d’un actif de son choix. A partir de la figure 3 proposée page 7, la
consommation peut donc être représentée de la façon suivante (figure 4) :
Bouvet (2021)
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10
Revenu Consommation Produit
Figure 4. La démonétisation de la production
Suite à cette dépense, la dimension monétaire du revenu est détruite et le
consommateur détient le « produit » choisi pour sa valeur d’usage. Dans le domaine sportif la
consommation relève de la même logique. Lorsque les dirigeants des clubs sportifs
professionnels engagent des dépenses, ils détruisent un pourcentage des revenus obtenus
grâce à la vente des droits pour s’approprier une partie de la production. Cependant, ce
secteur d’activité se caractérise par une particularité notoire, cette dépense sert très
largement à payer les salaires des services producteurs sportifs : les joueurs.
2. Singularité
Schématiquement, les dépenses des clubs sportifs peuvent donc être représentées de la
façon suivante (figure 5).
Revenu Consommation Produit
Figure 5. La démonétisation de la production dans le secteur sportif
Ce schéma est identique à celui de la figure 4 à ceci près qu’une importante partie
(environ 60% pour les clubs de football européens, zone hachurée sur le schéma précédent)
des revenus est utilisée pour acquérir une production ici entendue comme une activité
productive et non comme un produit fini.
Dans le sport professionnel, suite aux anticipations effectuées par les acheteurs de
droits, en termes de rentabilité pour les investisseurs et de satisfaction pour les
(télé)spectateurs, les clubs sportifs peuvent monétiser les spectacles sportifs coproduits, ce
qui leur confère des revenus qu’ils utilisent à leur tour très largement pour monétiser
l’activité physique de leurs travailleurs. A cette occasion, les droits sportifs dont l’objet initial
sont les spectacles sportifs sont transformés en droits de créance indifférenciés sur
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0
500
1000
1500
2000
2500
Total charges
Total produits
Zone de déficit
l’économie dont l’objet est désormais l’activité des joueurs. La rémunération des sportifs
professionnels doit donc s’analyser comme la transformation d’une dépense d’énergie
effectuée par des individus rigoureusement sélectionnés en revenu monétaire, elle-même
permise par une dépense monétaire consécutive à la vente de droits.
Problème : le montant des droits obtenus est aujourd’hui souvent insuffisant par rapport aux
salaires devant être versés (Drut, 2011)5.
L’explication de la tendance structurelle aux déficits
1. Le constat
!
Figure 6. La persistance du déficit des clubs de football français (source
DNCG)
A titre illustratif, le graphique précédent (figure 6) témoigne de l’évolution des produits
(droits audiovisuels, sponsors publicité, recettes billetterie, autres produits dont
merchandising) et des charges (masse salariale, coût des mutations, autres charges)
cumulés (en milliers) des clubs de football français de Ligue 1 et de Ligue 2 entre les saisons
2006/2007 et 2015/2016,
hors droits de mutation6
. Deux constats apparaissent clairement.
Les produits et les charges de ces entreprises ont assez sensiblement augmenté durant
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
5 Sur ce point voir également le rapport de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion publiée en mars 2020.
6 Nous avons choisi de raisonner de la sorte pour deux raisons. Cette présentation est celle retenue par la DNCG. Par ailleurs,
nous pensons que les mutations constituent pour de nombreux clubs une variable d’ajustement.
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cette période. Cependant la hausse des produits n’est pas suffisante pour éviter les déficits
qui caractérisent ce secteur d’activité.
Cette situation n’est pas propre au football. En France, à l’issue de la saison
2014/2015 de nombreux clubs de rugby du Top 14 et de la Pro D2 étaient déficitaires7. Même
si le pourcentage des déficits est très éloigné de ceux observés en football8, les clubs de
basket-ball français ont également des difficultés pour équilibrer leurs comptes9. A l’étranger,
dans beaucoup d’autres pays européens, les clubs sportifs professionnels rencontrent
également des problèmes économiques.
Cinq cas de figure peuvent conduire au déficit. Un club peut voir ses recettes
d’exploitation diminuer ou stagner à cause de mauvais résultats ou du fait d’une élimination
prématurée dans une « coupe » pour laquelle le club avait décidé de « recruter ». Un club
peut, du fait de la nécessité de surenchérir pour attirer des joueurs talentueux voir ses
dépenses croître plus rapidement que l’augmentation engendrée par la hausse du prix des
droits commercialisés. Un club peut également être victime d’un choc de productivité
(Scelles, Szymanski, et Dermit-Richard, 2018), (non-participation à une compétition,
relégation, etc.) induisant une importante baisse des recettes non anticipée budgétairement
ou voir ses recettes diminuer pour des raisons externes (désaffection du public,
réaménagement de l’équipement, modification des clés de répartition des droits TV
défavorable, etc.) sans une baisse des charges concomitante, notamment parce que les
contrats des joueurs sont des contrats à durée déterminée.
Dans la pratique, depuis les années 2000, l’observation des faits conduit à
l’élimination de quatre de ces possibilités puisque les sportifs professionnels évoluent dans
les championnats très largement médiatisés qui ont vu leurs recettes sensiblement
augmenter du fait de la hausse du prix des différents droits commercialisés. En football, la
relation augmentation des droits (TV), augmentation des dépenses (salariales) s’apparente
même à un cercle vicieux (Andreff, 2012). Du fait de la place prise par certains sports dans
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
7 Lors de la saison 2013/2014, les 30 clubs professionnels de rugby français (Top 14 et Pro D2) ont accumulé un déficit de
33,591 millions d’euros (source DNACG).
8 Lors des saisons 2013/2014 et 2014/2015, respectivement 65% et 55% des clubs de football de ligue 1 étaient déficitaires
(source, DNCG).
9 Sur ce point voir par exemple : https://www.basketeurope.com/livenews-fr/493171/le-csp-limoges-largement-deficitaire-
a-lissue-de-la-saison-2018-19.!
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nos sociétés, les clubs sportifs (ou leurs représentants) parviennent à négocier des droits à la
hausse qui engendrent à leur tour des dépenses supplémentaires qui, si elles ne
s’accompagnent pas de bons résultats sportifs, engendrent mécaniquement des déficits.
L’explication de la persistance des déficits doit être recherchée à un autre niveau.
2. L’explication
L’explication de la persistance des déficits dans ce secteur d’activité résulte d’un
double constat : l’augmentation des dépenses salariales ne connaît pas de limite théorique.
Inversement, sauf exception10, les recettes des clubs sont quant à elles limitées par les
calculs économiques des acteurs pour lesquels les investissements dans le sport
professionnel sont soumis à une contrainte budgétaire, certes plus « lâche » (Andreff et al.,
2015) que dans d’autres secteurs d’activité, mais qui peut néanmoins conduire à la faillite
(Carin, 2019) ou à une dépendance accrue (Bouvet, 2011b), évidente lors de la crise du Covid-
19.
Concernant le poste des dépenses, même si certains présidents de clubs ont parfois
tendance à faire des dépenses somptuaires11, comme nous l’avons vu précédemment, leur
augmentation tendancielle s’explique principalement par la hausse des salaires qui
représente selon les sports et les pays en général plus de 50% des dépenses (Andreff, 2012).
La théorie économique fournit une triple explication de l’augmentation de ces salaires qui
peuvent à la fois être considérés comme, des salaires d’appel (Bouvet, 1996) et le résultat
logique d’une « course aux armements » (Sanderson, 2002), notamment pour enrôler les
« superstars » (Rosen, 1981). Dans sa version économique, d’après la théorie du salaire
d’efficience (Stiglitz, 1976), des salaires supérieurs aux salaires d’équilibre conduisent les
travailleurs les plus compétents à la fois à se porter candidat (recrutement) et ensuite à
révéler leur productivité marginale maximale (« mouiller le maillot »). Ainsi, dans cette
optique, la nécessité de pratiquer des hauts niveaux de rémunération résulterait de la volonté
de séduire les joueurs professionnels. Toutefois, à la différence de ce qui est stipulé par la
théorie du salaire d’efficience, tous les segments du marché du travail sportif ne se
caractérisent pas par une forte rotation des effectifs. Par ailleurs, les employeurs sont
confrontés sur ce micromarché particulier au caractère par définition très aléatoire des
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
10 Nous pensons par exemple au cas du PSG, club dans lequel les investisseurs raisonnent différemment.
11 Nous pensons par exemple à l’ancien président des Girondins de Bordeaux, Claude Bez.!!
Bouvet (2021)
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14
performances. Il est donc selon nous préférable de parler de « salaires d’appel » (Bouvet,
1996). Cette tendance à la hausse des salaires n’est cependant pas uniquement la
conséquence de l’évolution de la relation employeurs-employés, ici dirigeants-joueurs. Dans
des compétitions où seuls un petit nombre de clubs parviennent à s’imposer, chaque club
cherche à recruter les meilleurs joueurs disponibles. Mais comme presque tous les clubs
procèdent de la même façon, il en résulte une surenchère qui tire les salaires vers le haut
(Dermit-Richard et Scelles, 2014).
In fine,
ce mécanisme est amplifié par la présence de
superstars qui du fait :
- de la rareté de leur talent,
- de l’imparfaite substituabilité de leurs prestations, et,
- des recettes annexes qu’ils génèrent, peuvent individuellement prétendre à une sur-
rémunération parfois difficile à amortir.
Les produits (hors mutation, nous y reviendrons) des clubs sportifs professionnels sont de
quatre natures :
- les droits audiovisuels (droits de retransmission),
- les recettes de sponsoring et de publicité (droit d’exposition),
- les recettes de billetterie (droit d’entrée),
- les autres produits, dont merchandising, (droit d’appellation et d’image notamment).
Respectivement ces droits sont acquis par les diffuseurs, des entreprises, et les
amateurs de sport. L’observation des faits ne laisse place à aucune ambiguïté. L’objectif des
diffuseurs est d’amortir leurs achats en vendant des espaces publicitaires aux annonceurs.
Les montants pouvant être déboursés sont donc en partie conditionnés par les prix acceptés
par les annonceurs. Les budgets de sponsoring et de publicité résultent des avantages
comparatifs des différentes stratégies de communication pouvant être envisagées par les
entreprises. Les recettes de billetterie sont soumises à la contrainte budgétaire des
consommateurs et limitées par la capacité d’accueil des enceintes sportives. Ainsi, alors que
les dépenses salariales, soumises au principe des enchères, semblent jusqu’à présent ne pas
connaître de limite, les recettes des clubs sportifs sont limitées par les possibilités
financières des acheteurs de droits.
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15
Indépendamment des modes de gouvernance choisis par les présidents de clubs
(Andreff, 2007b), les déficits, pour lesquels il est nécessaire de trouver d’autres sources de
financement, perdurent.
La lutte contre les déficits
1. Apport en compte courant d’actionnaires, mode de
commercialisation des droits et adaptations conjoncturelles
Selon nous, la persistance d’un déficit présente cinq inconvénients majeurs :
nécessité de trouver des sources de financement externes, augmentation des charges liées
au coût de ses ressources, détérioration de l’image, notamment auprès de futurs
collaborateurs, dépendance accrue envers certains partenaires, augmentation du risque de
faillite en cas d’une nouvelle diminution des revenus d’exploitation. Lorsque cette situation
devient difficilement soutenable, les dirigeants des clubs sportifs sont amenés à envisager
différentes alternatives. Cinq sont aujourd’hui privilégiées.
1.1.
L’apport en compte courant d’actionnaires
Les dirigeants des clubs sportifs professionnels sont souvent passionnés. Au nom de
cette passion, dans bien des cas ils n’hésitent pas à faire preuve de générosité.
1.2.
La commercialisation des droits « aux enchères »
Pour maximiser leurs recettes les dirigeants des clubs sportifs professionnels ont de
plus en plus souvent recours à la technique des enchères. La procédure d’attribution des
droits de retransmission en constitue la meilleure illustration (Solberg, 2006). Les droits de
retransmission sportive sont cédés à l’issue d’une procédure permettant au propriétaire du
bien (unique et indivisible) qui désire le vendre, de sélectionner l’acquéreur parmi plusieurs
candidats (Cohen et Mougeot, 2001; Feuillet et al., 2019). Dans ce type de procédure,
l’objectif du vendeur est d’obtenir le prix de cession le plus élevé possible et explique en
grande partie le montant atteint par les contrats permettant de limiter les déficits12.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
12 Pour l’attribution des droits de retransmission sportive, la soumission sous plis scellés est la technique la plus souvent
retenue. Pour l’heure, elle semble convenir à l’ensemble des acteurs parce qu’elle présente plusieurs avantages pratiques et
Bouvet (2021)
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!
16
1.3.
La tentative de négociation d’un report de dettes auprès des
prêteurs
En cas de difficultés de paiement du débiteur, le créancier est placé devant une triple
alternative :
a) exiger, et si nécessaire engager des procédures juridiques pour cela, le règlement de
la dette à une date convenue contractuellement ;
b) reporter l’échéance, et donc potentiellement faire face à une insuffisance de
ressources, pour éviter un non-paiement ;
c) effacer la dette et donc accepter de définitivement sacrifier une partie de ses revenus
au profit d’un autre agent économique.
Dans le monde du sport, l’observation des faits montre que les alternatives a) et c)
sont rarement privilégiées13. Pourquoi ? Concernant a), parce qu’il existe un fort engouement
populaire autour des clubs : localement, en vertu du principe « too big to fall » (« trop gros
pour tomber ») (Storm et Nielsen, 2015), de nombreux créanciers hésitent à apparaître
comme les « fossoyeurs » du club. Pour c), parce que les flux financiers potentiellement
générés par les clubs, lors du transfert de leurs joueurs « vedettes » ou en devenir, sont
importants et donc une source de revenus potentiels14.
1.4.
La recherche de nouveaux partenaires et la renégociation des
anciens contrats de partenariat
L’une des spécificités des clubs sportifs est de très largement faire appel à des
partenaires pour financer leurs dépenses d’investissement et/ou de fonctionnement. En
échange des ressources procurées aux clubs, les « sponsors » espèrent améliorer leur image
de marque, obtenir un surcroît de notoriété ou profiter de certaines occasions pour lancer de
nouveaux produits (Tribou, 2007). A plus long terme, l’objectif est de s’appuyer sur cette
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
ne décourage pas les acquéreurs en dépit des montants atteints. A ce niveau, les clés de répartition des droits TV jouent
également un rôle central.
13 Sauf si l’on considère que l’actionnaire principal est le prêteur…
14 Ainsi par exemple, en Espagne, alors que l’Etat espagnol recevait des aides de la part du Fonds Européen de Stabilité
Financière, les clubs de football de la Liga BBVA (première division) et de la Ligue cumulaient une dette fiscale considérable.
Depuis 2012, la Ligue de football professionnel a voté un arsenal coercitif visant à contraindre les clubs à rembourser leurs
dettes contractées auprès des pouvoirs publics mais dans le même temps accepté un report de dettes pour l’un des clubs
de la Liga le plus endetté, l’Atlético de Madrid, et d’autres clubs évoluant en Ligue Adalante.!
Management & Organisations du Sport, 2021, vol. 2, p. 1–35
!
17
technique de communication pour augmenter leurs chiffres d’affaires et amortir les
investissements réalisés. L’autre particularité de ce mode de financement réside dans la
fixation du prix de ce droit d’exposition. Si la notion d’amortissement n’est pas étrangère aux
calculs des sponsors, le prix fixé l’est fréquemment à l’issue d’un processus de négociation
empreint d’une certaine subjectivité. Partant, revaloriser les contrats existants ou chercher
de nouveaux partenaires, notamment au niveau international, apparaît comme un bon moyen
d’obtenir des recettes supplémentaires15.
1.5.
La redéfinition du business model
La plupart des clubs ne sont pas propriétaires de leurs infrastructures. En
conséquence, l’actif des clubs reste souvent essentiellement de nature incorporelle (capital
joueurs). Logiquement, pour beaucoup de clubs, le premier axe de redéfinition de leur
business model passe (passait) par la construction d’un nouveau stade (Arsenal FC,
Olympique Lyonnais) permettant simultanément d’inscrire un nouvel actif au bilan du club et
de se doter d’un précieux levier de recettes. Mais ce n’est pas tout. Dans la perspective
évoquée dans notre point précédent, cet actif peut être valorisé par une opération de
naming
.
Même s’il existe des exceptions, notamment pour les clubs qui investissent trop
massivement dans de nouveaux stades (Moulard, 2018), associés à un mode de gestion des
ressources humaines calqué sur celui du secteur privé faisant appel à des gestionnaires
reconnus venant d’autres secteurs d’activité et à des techniques de recrutement plus
scientifiques, certains clubs sont parvenus à définir un nouveau business model leur
permettant de plus facilement capturer la valeur créée16 (Ostenwalder et Pigneur, 2010).
Globalement, dans le football professionnel en Europe, lors des derniers exercices, la
mise en œuvre de ces « solutions » s’est cependant avérée insuffisante. Fort heureusement
pour les clubs sportifs, une autre possibilité spécifique s’offre à eux.
2. La réalisation des actifs
2.1.
Réalisation choisie
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
15 Ainsi par exemple, alors que le F.C. Barcelone avait toujours refusé d’afficher un logo sur son maillot, excepté celui de
l’UNICEF, en 2010 le club de Lionel Messi a signé un contrat de 150 millions d’euros sur 5 ans avec la Qatar Foundation, pour
« raisons économiques » puis de 55 millions d’euros par exercice à partir de la saison 2017/2018 (pour 4 ans) avec la firme
japonaise Rakuten.
16 L’exemple couramment cité pour illustrer cette redéfinition est celui du Bayern de Munich
Bouvet (2021)
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!
18
Pour les clubs sportifs, le «
trading
joueurs » est devenu une ressource
incontournable. En France, il fait aujourd’hui partie de l’exploitation et participe donc souvent
à la formation du cash-flow opérationnel17. Ainsi par exemple le président de l’Olympique
Lyonnais, J.M. Aulas, n’a pas hésité dans les années 2000 à se séparer de quelques-uns de
ses joueurs vedettes (Essien, Diarra, Benzema) pour dégager des ressources et donner des
gages aux investisseurs sollicités. Pour l’année civile 2018, le montant total des dépenses de
transferts des équipes du top 5 européen (classement UEFA) s’est établit à 5,8 milliards
d’euros18. Le
trading
joueurs reste néanmoins un exercice difficile et risqué dans la mesure
où la valeur d’un joueur dépend, de la situation du marché, de l’action des agents, de la
réputation des clubs, de leurs performances, de l’effectif dont ils disposent, etc.
De nombreux clubs de football professionnels ont pourtant aujourd’hui recours à cette
solution de financement, mais avec des possibilités différentes. Les clubs quasiment non
formateurs peuvent difficilement compter sur la revente de leur capital joueurs puisque celui-
ci est le plus souvent déprécié (joueurs âgés et/ou en fin de contrat), difficilement
amortissable (cas des joueurs en fin de carrière) voire même risqué (du fait de
l’augmentation des risques de blessures en fin de carrière).
Selon nous, les clubs formateurs par (ponctuelle) nécessité comprennent en fait deux
types de clubs : les clubs formateurs par obligation et les clubs formateurs par opportunité.
Les premiers, faute d’autres ressources suffisantes, conçoivent la formation comme un
moyen d’obtenir des recettes indispensables à l’équilibre de leurs comptes. Choisie par les
clubs qui n’ont pas d’autres alternatives, cette stratégie présente un degré de risque élevé
puisque la valeur de revente des joueurs formés est par définition aléatoire. Les autres voient
dans la formation une possibilité de spéculation à terme. Dans cette optique, la formation
s’analyse comme une option de vente (Berg et Rousseau, 2003) dans laquelle le joueur formé
est le sous-jacent. Cependant, à la différence des options de vente classiques dans lesquelles
le prix de vente est fixé à l’avance, dans ce cas le prix du transfert ne peut pas l’être, ce qui
renforce le caractère spéculatif de l’opération (Majewski, 2016; Tunaru et Viney, 2010; Wicker
et al., 2013). De notre point de vue, plusieurs facteurs influent alors sur le prix du transfert : la
demande, la nature des contrats signés, les ressources externes de clubs, l’influence des
agents de joueurs, etc. Ainsi trois cas de figures généraux sont envisageables.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
17 Sources : rapports DNCG 2019 et 2020.
18 Sources : rapport FIFA Global Transfert Market du 31/01/2018.
Management & Organisations du Sport, 2021, vol. 2, p. 1–35
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19
- Si le prix du transfert est très largement supérieur au coût de formation, le club formateur a
tout intérêt à exercer son option car il n’a aucune garantie que les performances sportives
futures du joueur lui permettront d’obtenir l’équivalent monétaire.
- Si le prix du transfert dépasse faiblement le coût de la formation, l’arbitrage s’effectue sur
la base de critères sportifs. L’option n’est plus monétaire.
- Si le prix du transfert ne couvre pas (ou très partiellement) le coût de formation, le club
préférera conserver le joueur en espérant une amélioration de ses performances.
Pour ces clubs la réalisation du capital joueurs, le
trading
joueurs, est une source de
financement risquée, notamment parce que rien ne garantit la coïncidence des échéances.
Les clubs stratégiquement formateurs sont ceux pour lesquels le
trading
joueurs est
un moyen de financement intégré à leur business plan. Contrairement aux clubs qui, en cas
de déficit récurrent, ont la possibilité d’opter pour l’une des autres stratégies envisagées
précédemment, pour cette dernière famille de clubs le
trading
joueur constitue une obligation
économique. Faute d’y parvenir leur pérennité peut être remise en question.
2.2. Réalisation forcée
Lorsqu’une entreprise ne peut pas faire face à ses engagements, elle est obligée de
réaliser une partie de ses actifs, c’est à dire de céder une partie de ses capitaux (Bastien,
2017). Dans le cas contraire, c’est une procédure juridique, la « liquidation », qui contraint
l’entreprise à en arriver là en l’obligeant (vente forcée). Pour ne pas remettre en cause le bon
fonctionnement des compétitions sportives un club sportif est très rarement liquidé en cours
de saison. Durant l’intersaison cela arrive parfois (Scelles et al., 2018). Ainsi, en 2011, le
tribunal de commerce de Grenoble, ayant constaté la situation de cessation de paiement et
enregistré le dépôt de bilan de la société Grenoble Foot 38 suite à un passif de 2,9 millions
d’euros, a prononcé la mise en liquidation judiciaire du club. Avant d’être contraint à liquider
la totalité de leurs actifs, les clubs qui en possèdent suffisamment, peuvent opter pour une
cession de certains de leurs actifs matériels. Ainsi après la première période « Galactique » le
Real Madrid a cédé son centre d’entraînement à la ville de Madrid ce qui lui a permis de lever
assez de fonds pour rembourser la moitié de sa dette et rassurer ses partenaires financiers.
Tous les clubs n’ont pas cette possibilité. Une régulation externe s’avère par
conséquent bien souvent indispensable.
Bouvet (2021)
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20
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L’examen des solutions couramment envisagées pour lutter
contre les déficits à la lumière de l’analyse proposée
1. Les régulations externes
En Europe deux types de régulation coexistent. Dans certains pays19 comme la France,
depuis les années 199020 des organismes de contrôle externe, les Directions Nationales de
Contrôle de Gestion (DNCG) ont pour rôle d’assurer la pérennité financière des clubs
professionnels engagés en Ligue 1, en Ligue 2 et parfois dans les divisions inférieures
(Touchais, 2001). Le principal objectif de ces organismes est de s’assurer de la solvabilité des
clubs (Dermit-Richard, 2012) en vérifiant que les dépenses envisagées, notamment
salariales, ne dépassent pas le montant des droits acquis. Si des défauts sont constatés dans
les comptes des clubs, la DNCG dispose d’un éventail de sanctions pour remettre le club dans
le droit chemin. Des restrictions peuvent être prises au niveau de l'effectif : interdiction
partielle ou totale de recruter de nouveaux joueurs, recrutement contrôlé
via
un encadrement
du budget prévisionnel, droit de regard sur la masse salariale, limitation du nombre de
joueurs sous contrat professionnel. Mais surtout, la DNCG a un pouvoir de décision sur la
participation d'un club à un championnat. Si une équipe n'a pas la capacité financière
nécessaire pour évoluer dans une division cette instance peut décider d'une rétrogradation
vers l'échelon inférieur, d'interdire une montée dans une ligue supérieure ou tout simplement
d'exclure un club d'une compétition, ce qui occasionne en général une réalisation forcée de
ses actifs21.
La mission confiée à ces organismes est de préserver les championnats des dérives
financières (Meyssonnier et Mincheneau, 2013). Certains dirigeants regrettent cependant que
cette instance n'existe pas partout en Europe. Ainsi, à de nombreuses reprises, les dirigeants
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
19 Un autre exemple intéressant est celui des Pays-Bas, pays qui a instauré un système de contrôle différent de celui exercé
en France.
20 Créée en 1990 dans le cadre du code du sport qui prévoit que « chaque fédération disposant d'une ligue professionnelle
crée un organisme assurant le contrôle juridique et financier des associations et sociétés sportives », la DNCG de football est
une commission indépendante qui agit sous la tutelle de la Ligue de football professionnel (LFP) et de la Fédération française
de football (FFF).
21 L'un des exemples les plus marquants ces dernières années est celui du RC Strasbourg. À l'issue de la saison 2010-2011 le
club est relégué administrativement du National au CFA à cause de sa mauvaise gestion financière. Il perd alors son statut
professionnel. Dans la foulée, le club est placé en redressement judiciaire puis en liquidation. Le club repart finalement en
CFA 2.!
Management & Organisations du Sport, 2021, vol. 2, p. 1–35
!
21
de la Ligue 1 ont dénoncé la concurrence déloyale des autres clubs européens qui ne sont
pas soumis aux mêmes exigences financières. Avec l’instauration du fair-play financier
l’UEFA a malgré tout tenté d’introduire une certaine justice financière au niveau du football
européen.
La littérature sur les objectifs et l’efficacité du fair-play financier est aujourd’hui
abondante (Barajas et al., 2017; Birkhäuser et al., 2019; Franck, 2018; Mareque et al, 2018;
Plumley et al., 2018). Il ne nous est donc pas possible d’exposer ici l’ensemble des débats
suscités par ce dispositif. Contentons-nous donc d’en exposer les principes fondamentaux.
Le fair-play financier est en vigueur depuis 2011. Depuis cette date les clubs qualifiés pour
les compétitions organisées par l’UEFA doivent prouver qu’ils n’ont pas d’arriérés de
paiement envers les autres clubs, leurs salariés et les administrations de leur pays (Evans,
2014). Depuis la saison 2013/2014, les clubs doivent en outre respecter les exigences
relatives à l’équilibre financier. En 2014, des premières sanctions ont été signifiées aux clubs
qui ne respectaient pas cet équilibre. Son objectif principal peut être résumé simplement :
« le fair-play financier a pour objectif d’améliorer la santé financière du football interclubs
européen » (Peeters et Szymanski, 2013)22.
Fondamentalement, l’instauration de ces régulations externes renvoie à la question
suivante : certains clubs sportifs peuvent-ils avoir la possibilité de « vivre au-dessus de leur
moyen » ? (Durand et Dermit-Richard, 2013). La réponse à cette interrogation est claire. Dans
nos économies certains peuvent dépenser des revenus qui ne sont pas les leurs. Ce faisant
l’agent économique en question prélève dans le produit courant un revenu qu’il n’a gagné ni
dans ses salaires ni dans ses revenus non salariaux. Plus précisément deux cas de figure
sont envisageables (Schmitt, 1984).
Dans le premier cas, la différence entre les revenus gagnés et les revenus dépensés
provient d’un don.
A priori
, même si la contrainte budgétaire qui s’impose aux clubs est plus
« lâche » que dans d’autres secteurs d’activité (Andreff et al., 2015), aussi admiré soit-il par
ses fans, aucun club sportif ne peut éternellement fonder son existence sur ce mode de
financement. Toutefois, dans la mesure où tous les contrats de partenariat peuvent
difficilement être évalués à leur « juste valeur »23, la négociation de contrat de partenariat
dissimulant une aide financière masquée (don) apparaît comme une possibilité déjà
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
22 Traduction de l’auteur.
23 A ce titre, on peut penser que les sanctions infligées au Paris Saint Germain et à Manchester City ont surtout valeur
d’exemple.!
Bouvet (2021)
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22
envisagée par certains clubs24. Macroéconomiquement, ce type d’opération s’analyse comme
un transfert de revenu du donataire vers le bénéficiaire ne générant aucun déficit net.
Dans le second cas, la différence entre les revenus gagnés et les revenus dépensés
provient d’un prêt. Dans ce cas l’écart est comblé par le marché financier. Dès lors, deux
déséquilibres coexistent. L’emprunteur exerce une demande excédentaire sur le marché des
« produits » et plus précisément dans le cas qui nous intéresse des services producteurs (les
joueurs) et une offre excédentaire sur le marché des titres (matérialisée par son engagement
à rembourser). Ainsi le vendeur de titres achète plus de produits qu’il n’en vend et l’acheteur
de titres vend plus de produits qu’il n’en achète. Il est donc impossible à l’ensemble des
agents économiques de vivre au-dessus de leurs moyens mais simplement à une partie
d’entre eux. Et, en l’occurrence c’est ce qui pose problème. Trois questions font suite à ce
constat. Pourquoi certains clubs peuvent-ils avoir plus facilement recours à l’emprunt que
d’autres ? N’est-ce pas la traduction du financement d’un actif immatériel d’une nature
particulière (le soutien économique accordé à son club favori) ? Pour faire disparaître ce que
Michel Platini appelle « des victoires à crédit », ne serait-il pas également nécessaire de
contrôler l’octroi de crédits aux clubs déjà fortement endettés ? La réponse à cette question
doit être nuancée. Si l’endettement a pour objet de financer un actif durable et que les
échéances sont honorées ce n’est pas problématique. En revanche, si l’endettement est la
conséquence d’un arriéré de paiement, le club peut être sanctionné. Quoi qu’il en soit, en
ciblant prioritairement les déficits, des clubs fortement endettés le resteront très
certainement, peut-être même au prix d’une nouvelle offre excédentaire sur le marché des
titres (demande de nouveaux crédits ou de rééchelonnement des remboursements).
En dépensant des revenus qu’ils n’ont pas gagnés, certains clubs augmentent leur
valeur sportive au détriment de leur valeur économique (Sass, 2012). Ainsi, les clubs qui ne
peuvent pas le faire parce qu’ils sont insuffisamment prestigieux ou soucieux du respect
d’une certaine éthique financière se voient pénalisés dans leur activité productive. Peut-on
vraiment le reprocher aux premiers ? Difficilement. Ce sont les « règles du jeu économique »
qui sont imparfaites (Muller et al., 2012). Partant, pour de nombreux observateurs (Lavoie,
2005) la solution passe par l’importation de l’un des principaux instruments de régulation en
vigueur dans le modèle américain : le
salary cap
.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
24 Contrat de
naming
à Manchester City, de sponsoring au PSG, doublement des droits TV en Grande-Bretagne pouvant être
perçu comme une aide financière masquée (Dermit-Richard et al., 2019).
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23
2. Le
salary cap
Le
salary cap
est une « invention américaine » datant des années 1910. La NHL fut la
première à la mettre en œuvre en 1917 avec un plafond de 62500 $ par équipe et 7000 $ par
joueur. Ensuite, il fallut attendre 1984 pour que la NBA intègre à son tour le plafonnement des
salaires (Staudohar, 1998), avant que cette pratique gagne la majorité des autres ligues
américaines, puis d’autres ligues et championnats en Australie et en Europe (Bouvet, 2016).
En France, la Ligue Nationale de Rugby (Top 14) décida d’instaurer un
salary cap
lors de la
saison 2010/2011. Initialement introduit aux Etats-Unis pour limiter l’inflation salariale
générée par l’autonomie des joueurs expérimentés (Andreff, 2010), il est aujourd’hui présenté
par les propriétaires de franchises comme un dispositif permettant de limiter la
concentration des joueurs dans certains clubs, et donc indirectement de préserver l’équilibre
compétitif. A un autre niveau, c’est aussi un moyen pour les ligues américaines de préserver
leur rente de monopsone (Andreff, 2010).
En théorie le principe est simple. Une fois le pourcentage du revenu total de la ligue
revenant aux joueurs déterminés (suite à une négociation collective), il suffit de diviser ce
montant par le nombre d’équipes pour connaître la somme maximum pouvant être consacrée
à sa masse salariale par chaque club. Reste alors aux propriétaires et aux agents à négocier
les salaires individuels. Dans la réalité, les choses sont plus complexes car il existe de
nombreuses exceptions25.
Dès lors une question souvent posée est celle de l’efficacité des
salary caps
.
Parviennent-ils à atteindre leurs objectifs ? La réponse est loin d’être unanime. Concernant
son impact sur l’équilibre compétitif par exemple, Quirk et Fort (1992) et Késenne (2000)
concluent à un effet positif. En revanche, Vrooman (1995) rejette cette conclusion. Même si
cet objectif est moins souvent évoqué, un autre intérêt du
salary cap
est de permettre aux
propriétaires des franchises de conserver une partie des revenus des ligues au détriment des
joueurs. Or, là aussi, on peut douter de l’effet à long terme. La majorité des « caps »
augmentent régulièrement et un grand nombre de franchises ne les respectent pas.
A un niveau plus théorique, lorsqu’on s’interroge sur l’opportunité et l’efficacité d’une
mesure comme le
salary cap
, il faut revenir sur la question de la formation des salaires. Le
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
25 La plus célèbre est la « Larry Bird exception ». Introduite par la franchise des Boston Celtics afin de pouvoir faire re-signer
leur joueur vedette, Larry Bird, celle-ci permet à une franchise de dépasser son plafond salarial en faisant re-signer l’un de
ses propres joueurs.
Bouvet (2021)
!
!
24
plus souvent les salaires sont analysés comme la « contrepartie » versée aux travailleurs
lorsqu’ils participent à la production, ici d’un spectacle sportif. Puisque la valeur de ce
spectacle (Bouvet, 2011) dépend des conditions de sa production (niveau des équipes en
présence, stade de la compétition, présence de stars, enjeux, etc.) encore plus distinctement
que dans d’autres secteurs d’activité, celle-ci n’a à l’évidence pas de valeur intrinsèque. On
peut donc légitimement se demander qu’elle est l’origine de sa valeur ?
Comme nous l’avons rappelé figure 4 (p.9) , la valeur de la production est donnée par
l’expression monétaire des revenus versés aux travailleurs. Instaurer un
salary cap
revient
donc à déterminer de façon exogène l’expression monétaire des revenus de certains des
« travailleurs » de ce secteur d’activité. Comme tous les travailleurs, les sportifs
professionnels n’échangent pas leur haut niveau de compétence contre « autre chose », en
« jouant », ils transforment leur dépense énergétique en revenu monétaire. Instauré un
salary
cap
ne change rien aux conditions de la réalisation et de l’écoulement de la « production
sportive ». Son seul effet est de conduire à une répartition différente des droits de créance
octroyés à certaines catégories de travailleurs au détriment des autres, la production restant
inchangée. Fixer un
salary cap
revient à décider quelle doit être l’expression monétaire
maximale de la production de certains sportifs professionnels (ceux qui évoluent dans les
ligues concernées). Selon les modalités de financement des clubs, cela permet donc à
d’autres producteurs d’en bénéficier par ricochet. Si elle part d’une intention louable, une telle
mesure peut donc difficilement se révéler efficace (Gustafson et Hadley, 1996; Totty et
Owens, 2011).
D’autres solutions doivent être aujourd’hui envisagées.
Une nouvelle direction pour réguler le sport professionnel
1. Six nouvelles pistes à court terme
Une entreprise à vocation sportive connaît un déficit lorsque les dépenses engendrées
par l’exercice de son activité excèdent les recettes engendrées par celle-ci. Théoriquement,
trois possibilités permettent de « combler » un déficit : une augmentation des recettes, une
diminution des dépenses ou la conjonction de ces deux actions. A court terme, les six pistes
suivantes peuvent donc être envisagées.
Management & Organisations du Sport, 2021, vol. 2, p. 1–35
!
25
Dans ce domaine d’activité, une augmentation des recettes passe par une
augmentation du nombre de droits vendus et/ou de leurs prix. Dans les années à venir
l’imagination des managers des clubs sportifs professionnels leur permettra sans doute
d’inventer de nouveaux droits et la généralisation de leur commercialisation selon la
procédure des enchères conduira peut-être à une augmentation de leur prix. Néanmoins, ces
recettes seront toujours limitées par la santé économique et les calculs effectués par les
acheteurs.
Pour limiter les dépenses plusieurs possibilités sont envisageables. La première
d’entre elles a été proposée par Drut (2009). Cet auteur propose une alternative située à la
frontière du
salary cap
et du fair-play financier : « un salary cap proportionnel aux recettes
des clubs ». Plus équitable, cette mesure permettrait selon lui de lutter contre l’inflation
salariale qui touche tous les clubs européens.
Presque aussi rapidement que celle concernant le fair-play financier, la littérature
relative au
salary cap
et aux limites de son application s’est développée ces dernières années
(Dietl et al., 2011 ; Lindholm, 2010 ; Zimbalist, 2010). De nombreuses propositions ont été
effectuées. Là encore il ne nous est pas possible de toutes les exposer en quelques lignes.
Dans une perspective macroéconomique cinq pistes théoriques peuvent selon nous malgré
tout être ici suggérée.
Une alternative à celle proposé par Drut, pourrait être inspirée du principe de la
luxury
tax
. Ainsi, l’instauration d’une taxe proportionnelle au montant des dettes des clubs endettés
reversée aux clubx les plus vertueux pourrait se révéler doublement dissuasive. D’une part,
parce qu’elle pénaliserait financièrement les clubs recourant de façon trop systématique à
l’endettement, d’autre part parce qu’elle contribuerait à renforcer certains de leurs
concurrents directs fondant leur développement sur un « business model équilibré ».
Fort du constat selon lequel l’origine principale de l’augmentation des dépenses des
clubs sportifs professionnels européens est l’inflation de leur masse salariale, une mesure
instaurant une indexation obligatoire de celle-ci sur les revenus certains des clubs, ou un
revenu individuel maximum, pourrait selon nous également se révéler efficace à court terme.
La salarisation dans les clubs des agents de joueurs pourrait par ailleurs constituer
une source d’économie importante. Aujourd’hui les agents de joueurs sont des travailleurs
indépendants rémunérés grâce à des commissions qui leur sont versées à l’occasion du
transfert des joueurs, le plus souvent établies en pourcentage du montant du transfert et/ou
du salaire futur. Les agents ont donc tout intérêt à multiplier les transferts, leurs montants et
Bouvet (2021)
!
!
26
pour cela négocier auprès des clubs acheteurs des salaires élevés. Salariés des clubs
professionnels, les « agents » pourraient conserver les mêmes fonctions sans
systématiquement exercer une pression à la hausse sur les salaires de joueurs.
Enfin, puisque l’une des principales difficultés à laquelle doivent faire face les
organismes de contrôle réside dans la difficulté à parfaitement identifier l’origine des fonds
« obtenus » par certains clubs, une liste d’établissements financiers agréés par un
organisme de contrôle, seuls habilités à financer l’endettement passé et présent des clubs
déficitaires permettrait de contrôler l’origine et le montant des fonds versés aux clubs
européens et simplifierait ainsi l’appréciation de la « juste valeur » des ressources octroyées.
A court terme l’une ou plusieurs de ces mesures permettraient très certainement de
limiter la spirale inflationniste des dépenses des clubs sportifs professionnels. Pour l’enrayer
définitivement une mesure plus fondamentale nous semble cependant nécessaire.
2. Une révolution d’avenir ?
Au plus profond, quelle est l’origine du problème ? Selon notre analyse elle réside
dans le rôle attribué aux salaires dans ce secteur d’activité. L’instauration d’un
salary cap
au
niveau européen (Késenne, 2003) semble donc une solution de bon sens. Selon nous, si elle
va dans la bonne direction, elle ne s’attaque pas au fond du problème. Comme nous l’avons
rappelé précédemment, dans le secteur du sport professionnel les salaires versés aux
joueurs ne constituent pas la contrepartie de leur activité productive mais le moyen de les
attirer (salaire d’appel) dans les clubs dans un univers extrêmement concurrentiel (course
aux armements) où l’existence de « stars » (théorie des superstars) conduit à des sur-
rémunérations qui indirectement orientent à la hausse l’ensemble des rémunérations. C’est
cette spirale qu’il faut enrayer. Selon nous cela passe conjointement par la mise en place, au
niveau européen, d’une nouvelle procédure d’affectation des talents et d’un nouveau système
de rémunération. Notre proposition est la suivante.
Afin que les salaires ne soient plus considérés comme le moyen d’attirer les joueurs
dans les clubs, bien que très différent, un principe d’affectation inspiré de celui de la draft
existant dans d’autres pays, pourrait être le suivant. Du côté des clubs, trois groupes de
clubs, hiérarchisés en fonction des indices européens, devraient être distingués sur la base
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!
27
de leurs résultats sportifs (européens et nationaux) de la saison précédente : qualifiés pour
une compétition européenne, milieu de tableau, trois derniers et promus. Du côté des joueurs,
trois catégories seraient également distinguées : les « stars », dont les caractéristiques
seraient déterminées par un groupe d’experts en fonction de leurs certifications
internationales, les « expérimentés » dont la caractéristique principale serait d’avoir au
moins trois ans d’expérience professionnelle en « Ligue 1 » et les « paris », catégorie
comprenant les joueurs de moins de 20 ans et de plus de 32 ans et les joueurs appartenant à
aucune des deux autres catégories26. Une fois ces deux listes établies, les clubs appartenant
à la première catégorie pourraient prioritairement recruter un joueur de chaque catégorie en
fin de contrat, les contrats (renouvelables) étant d’une durée initiale maximum de 2 ans pour
assurer la fluidité du marché. Une fois ces premiers choix effectués, viendrait alors
successivement le tour des clubs non européens puis des clubs classés aux trois dernières
places. D’autres tours de choix prendraient alors place jusqu’au moment où tous les joueurs
en fin de contrat souhaitant poursuivre leur carrière seraient affectés à un club, dans une
limite de x joueurs maximum suivant les sports. Avec une priorité pour leur club formateur
pour les jeunes joueurs, les joueurs choisis devraient nécessairement s’engager dans le club
qui les a sélectionnés sachant que cet engagement est limité dans le temps (2 ans), puisque
à l’issue de cette période un joueur souhaitant être replacé sur la liste correspondant à sa
(nouvelle) catégorie devrait obligatoirement l’être par son club. Par ailleurs, ces transactions,
gérées par les « agents de clubs », ne donneraient plus lieu au paiement d’indemnités de
transfert source d’importantes économies pour les clubs.
A partir de là, puisqu’il ne serait plus nécessaire de « surpayer » les joueurs pour les
recruter, leur rémunération pourrait traditionnellement comporter deux parties : une part fixe
plafonnée individuellement par les organismes de contrôle et une partie variable indexée sur
les bénéfices générés par les joueurs (merchandising, image, etc.) et leur contribution aux
résultats sportifs (réalisation, statistiques, comportement, etc.).
Progressivement, après une période de transition, l’instauration d’un tel système
permettrait de mettre fin à la surenchère salariale pratiquée par de nombreux clubs pour
recruter certains joueurs et leur permettrait donc de retrouver un équilibre financier.
Incidemment, même si ce n’est pas son objectif principal, un tel système contribuerait
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
26 Pour les joueurs non-inscrits, le(s) club(s) souhaitant le(s) recruter pourraient demander au groupe d’experts de l(es)
ajouter à l’une des trois listes. Cela pourrait par exemple concerner les joueurs étrangers qui ne sont pas sur les listes
nationales.
Bouvet (2021)
!
!
28
également au maintien d’un équilibre compétitif tant au niveau européen, les clubs d’une
même catégorie étant placés dans les mêmes conditions pour recruter, qu’au niveau
national, l’existence d’un équilibre compétitif global étant inconcevables lorsque deux niveaux
de compétition coexistent.
Relativement à cette proposition deux questions se posent. Est-elle compatible avec
les dispositions rappelées dans le Livre blanc de l’Union européenne de 2017 (Commission
Européenne, 2017) ? A-t-elle des chances de pouvoir être acceptée par les acteurs de
terrain ? Après l’arrêt Bosman certaines fédérations sportives ont milité pour une « exception
sportive ». En réponse, la Commission a indiqué à plusieurs reprises que cela n’était pas
envisageable. Depuis, l’idée selon laquelle les particularités du sport pourraient dans certains
cas justifier une application modulée des règles de libre circulation et de concurrence (Miège,
2018) fait son chemin, notamment pour préserver la pérennité du modèle économique du
sport européen. Notre proposition s’inscrit dans cette perspective. Pour autant a-t-elle des
chances d’être acceptée par les acteurs de terrain ?
Jusqu’en 2019, notre proposition aurait sans doute trouvé peu d’écho, l’intérêt
économique de certains acteurs (clubs les plus riches, agents de joueurs, etc.) étant remis en
cause. Avec la crise du COVID-19, les choses vont peut-être évoluer. De nombreux
spécialistes de cette question appellent aujourd’hui de leur vœu une refonte du mode de
régulation du sport professionnel. Ainsi par exemple, en avril 2020, le Centre de Droit et
d’Economie du Sport militait, par la voie de trois de ses représentants, C. Lepetit, J.F. Brocard
et D. Primault, pour une « nouvelle régulation globale du sport mondial »27. Sur quelles
bases ? Après la nécessaire gestion de la crise à court terme, trois axes sont proposés :
rendre plus durable le modèle économique du football, envisager une régulation plus forte du
football mondial et européen, limiter le
trading
joueurs. Est-ce contradictoire avec nos
propositions ? A l’évidence non. Notre proposition va dans ce sens en fournissant un « outil »
supplémentaire pour réguler le marché du travail des sportifs professionnels. Dès lors,
pourquoi ne pas être optimiste ? Des pistes existent. La balle est dans le camp des
dirigeants !
Conclusion
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
27 Sur ce point, voir : https://www.ecofoot.fr/interview-cdeslimoges-regulation-football-mondial-4849/ et https://www.iris-
france.org/wp-content/uploads/2020/03/Obs-sport-Itw-Lepetit-mars-2020.pdf
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29
L’implication causale suivante résume le fonctionnement actuel de l’économie du
sport professionnel en Europe.
Conditions!de!! ! MONETISATION28! ! !!! INFLATION!
PRODUCTION! ! !!!spécifique! ! ! !!!!!!!salariale!
!particulières!
GENERALISATION! ! !!!!!REALISATION! ! !!!!!!Nécessité!de!repenser!la!!
!des!déficits!!!!!!!(forcée!ou!choisie)!! !!!!!!REGULATION!
!!!!!!!!de!certains!actifs!
Bien qu’elle nécessite la collaboration de plusieurs acteurs, dans sa chronologie, la
production des spectacles sportifs est comparable à celle de n’importe quelle autre
production. En revanche, sa monétisation ne repose pas sur une promesse de paiement
émise par le système bancaire mais sur l’engagement des acheteurs de droits qui jouent en
quelque sorte le rôle de « banquier » du système. L’objet de cet engagement est les
spectacles sportifs. Les revenus résultant de cette production, autre particularité de ce
secteur d’activité, sont très largement utilisés pour rémunérer les services producteurs. En
dépit de l’augmentation des différents droits commercialisés, les revenus générés par les
clubs restent cependant souvent insuffisants du fait de la fonction économique attribuée aux
salaires. Des déficits récurrents en résultent. Pour les clubs qui ne peuvent compter que sur
leurs revenus d’exploitation, par choix ou par obligation, la réalisation des actifs devient alors
une nécessité. Seuls les clubs qui bénéficient d’importants revenus de transfert (Etats,
entreprises, collectivités locales, propriétaires, etc.) peuvent s’exonérer de cette contrainte en
étant acheteur net. Lorsque ce n’est plus possible ou suffisant, directement ou indirectement,
les organismes de contrôle et de gestion font pression sur les clubs pour qu’ils limitent leurs
dépenses. Cela permet d’éviter les faillites en cours de saison mais pas toujours les
défaillances. Ce faisant, il est donc possible de limiter les déséquilibres sans toutefois
s’attaquer aux racines du problème. Au plus profond celui-ci est inhérent à la fonction
économique jouée par les salaires dans ce secteur d’activité. Selon nous, seule une évolution
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
28!Et!démonétisation.!!
Bouvet (2021)
!
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30
des choses en la matière permettrait d’envisager un équilibre global du système. La solution
proposée à la fin de cette contribution va dans ce sens. Espérons, qu’à
minima
, elle
contribuera au débat !
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