L’intégration des nouvelles technologies en pédagogie universitaire ne devrait pas être vue comme un simple effet de mode, mais plutôt comme un cadre de réflexion sur les orientations nouvelles à donner à l’Université du 21ème siècle, en termes de culture institutionnelle, de ressources organisationnelles et d’opérationnalisation d’objectifs de recherche et d’enseignement (Duderstadt et al, 2002 ; Guri-Rosenblit, 2005). En effet, l’émergence d’une nouvelle tendance de formation, qu’est l’intégration des solutions virtuelles à distance aux cours en présentiel sur campus, désignée par le vocable apprentissage hybride ou apprentissage mixte, n’est pas sans incidences sur les pratiques enseignantes. Or, la littérature n’offre pas de modèles descriptifs satisfaisants permettant de mieux appréhender la pertinence des liens entre l’enseignement en contexte d’apprentissage hybride et le développement professionnel des enseignants universitaires. Nous avons procédé par des observations participantes de deux cours en sciences de la gestion à HEC Montréal, dans les programmes de certificat de 1er cycle, ainsi que par des entretiens d’explicitation et d’autoconfrontation pendant toute la session d’automne 2014, pour respectivement recueillir des données sur les pratiques réelles en situations de classe d’un maître d’enseignement, en sociologie du travail, et d’une chargée de cours, en gestion de projets au département de management. Notre analyse du corpus, par catégorisations conceptualisantes, a permis la production d’énoncés qui rendent compte de la dynamique de relations entre ces deux phénomènes, que sont l’apprentissage hybride et le développement professionnel des enseignant(e)s universitaires. En effet, sur le plan scientifique, cette étude apporte un éclairage nouveau sur les processus de construction identitaire professionnelle en pédagogie universitaire, en regard des mutations technologiques, socioculturelles et économiques constantes que subissent l’Université, en général, et les pratiques enseignantes et étudiantes, en particulier.
L’approche inductive utilisée a donc permis de définir la structure des interactions des deux phénomènes, selon la perspective des deux enseignants, et d’élaborer des modèles d’intervention pédagogiques enracinés dans leurs pratiques quotidiennes. Aussi sur le plan social, ces modèles sont-ils l’expression d’une grammaire de la pensée et de l’action, ancrée dans les valeurs des enseignants eux-mêmes. Nous avons pris en compte le paradigme du travail réel, versus celui du travail prescrit, en termes de mise en œuvre concrète des processus pédagogiques, pour rendre les résultats de cette recherche signifiants pour la pratique. Les modèles, qui ont émergé de notre configuration de la pensée dialogique des participants, peuvent être intégrés à la formation continue des enseignants universitaires en contexte de bimodalisation de l’Université.
Mots-clés : activité, apprentissage hybride, apprentissage en ligne, construction identitaire, développement professionnel, formation en présentiel, pédagogie universitaire, pratique réflexive, vécu de l’action, style professionnel.