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Le contrôle coercitif. Repérer les violences au sein du couple dans les interactions et le rapport de pouvoir entre l’auteur et la victime. In I. Rome & E. Martinent (Eds.), L’emprise et les violences au sein du couple. Paris, Dalloz.

Authors:

Abstract and Figures

Le contrôle coercitif (Stark, 2007) désigne les comportements constants, cumulatifs, continués post-séparation, par lesquels les agresseurs subordonnent durablement les victimes par la peur et la privation de droits humains fondamentaux. Cette note le présente à partir d’éléments scientifiques destinés aux magistrat-e-s et à leurs partenaires, policiers, gendarmes, avocats, greffiers, huissiers, éducateurs, soignants, cadres de l’aide sociale à l’enfance, associations de victimes ou d’accompagnement des auteurs, conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, chercheurs, professionnels impliqués dans la prévention, la prise en charge et le traitement des violences au sein du couple. L’objectif est de contribuer à la création d’une culture commune favorable au dialogue interprofessionnel pour mieux protéger les victimes et lever les entraves à la révélation de ces violences indissociables de leur impact sur les enfants.
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Le contrôle coercitif
Repérer les violences
au sein du couple
dans les interactions
et le rapport de pouvoir
entre l’auteur et la victime
ANDREEA GRUEV-VINTILA1
Université Paris-Nanterre, EA4386,
Laboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS)
FRANCISCA TOLEDO
Université Paris-Nanterre, CNRS UMR7220,
Institut des sciences sociales du politique (ISP)
Le contrôle coercitif, moteur des violences intrafamiliales
Les défis de la justice française à l’égard de la lutte contre les violences au
sein du couple dans le prolongement du « Grenelle violences conjugales », le
Rapport d’évaluation de référence établi par le groupe d’experts du Conseil de
l’Europe sur la mise en œuvre de la convention d’Istanbul par la France (2019),
et la formation interprofessionnelle innovante relative aux violences au sein
du couple lancée par l’École nationale de la magistrature (2019) décryptant
leurs processus et leur impact sur les victimes, leurs enfants, et la parentalité,
ont mis en avant l’emprise2, le psychotraumatisme et le contrôle coercitif. Ce
1. Nous remercions V. Kahani-Hopkins, docteure en sciences politiques, Lead officer,
Violence Against Women, Dundee City Council, qui a abordé le contrôle coercitif à
l’occasion du projet ANR-15-MRSE-0008 XTREAMIS, ainsi que P.-G. Prigent et G.Sueur, de
l’Université Bretagne occidentale (UBO), Laboratoire d’études et de recherche en sociologie,
pour leurs suggestions sur une version précédente de ce manuscrit.
2. L’emprise au sein du couple est inscrite dans la loi no 2020-936 du 30 juillet 2020
visant à protéger les victimes de violences conjugales.
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dernier se focalise sur les interactions et les comportements des agresseurs
comme mode opératoire caractéristique des violences intrafamiliales, au-delà
du profil des auteurs (Hirigoyen, 2006, p.166 ; Coutanceau etal., 2016, p.144 ;
Daligand, 2019, p.53, et chapitres respectifs dans ce volume).
Le contrôle coercitif est une forme particulièrement nocive et durable de
violence conjugale (Lehmann etal., 2012). Les victimes adultes (y compris
LGBTQIA+) et enfants disent que l’élément coercitif des maltraitances est
plus dévastateur que la violence physique et qu’il est plus difficile de s’en
rétablir (Litrownik etal., 2003 ; Stark, 2007). Son impact dévastateur tient à
ses similitudes avec le terrorisme politique (Morgan, 1982), l’emprise sectaire
(Stark, 2007, p.200), les tactiques pour contrôler les otages, le traitement
des prisonniers de guerre et des détenus des camps de concentration (Okun,
1986 ; Herman, 1992). Cela en dit long sur l’ampleur des moyens nécessaires
pour le stopper et protéger les victimes.
Le travailleur socio-judiciaire EvanStark, qui a popularisé le terme, définit la
coercition comme le recours à la force, aux menaces, à l’intimidation, au har-
cèlement, à la dégradation et à la honte pour forcer une réponse ou appliquer
des règles particulières. Il désigne par contrôle coercitif un schéma de « conduite
calculée et malveillante déployée presque exclusivement par les hommes pour
dominer une femme, en entremêlant des violences physiques répétées avec
[des] tactiques de contrôle tout aussi importantes » (Stark, 2007, p. 5) : isole-
ment, privation de droits et de ressources des femmes, exploitation de leurs res-
sources, micro-régulation de leur comportement pour contraindre à l’obéissance
(Stark, 2012). La majorité des femmes identifie ces formes de contrôle comme
abusives, alors que les hommes les considèrent souvent comme légitimes (Stark
&Hester, 2019). Ce répertoire de comportements oppressifs constitue un pri-
vilège de genre (Delage, 2020) qui « s’appuie sur la vulnérabilité créée par des
inégalités » (Stark, 2007, p.5
3
). Il perdure après la séparation, y compris par l’in-
termédiaire des enfants (Dragiewicz, 2014 ; Feresin etal., 2019) et l’exercice de
la parentalité (Sadlier, 2015a,b ; Durand, 2013). La recherche commence à tenir
compte de son effet traumatisant sur les enfants (Katz etal., 2020) dans tous leurs
domaines de vie : santé, éducation, développement des relations, loisirs, proba
-
bilité de comportement à risque ou violent, et de redevenir victime (OMS, 2010).
Les organisations internationales identifient les comportements
de contrôle comme violence au sein du couple
Reconnaître les comportements de contrôle comme violence n’est pas nou-
veau. Ils produisent une privation de droits humains autant qu’un impact sur
la santé
4
. L’Organisation mondiale de la santé définit comme violence conjugale
tout comportement causant au partenaire des souffrances par des actes d’agres-
3. Trad. P.Delage, 2017, p.189.
4. Stark considère que « le préjudice principal que les hommes violents infligent est
politique, et non physique, et reflète la privation de droits et de ressources nécessaires à la
personne (personhood) et à la citoyenneté » (Stark, 2007, p.5).
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sion et des « comportements de contrôle5, comme ceux consistant à (l’)isoler de
sa famille et de ses amis, à surveiller ses faits et gestes, et à limiter son accès
aux ressources financières, à l’emploi, à l’éducation ou aux soins médicaux »
(OMS, 2012, p.1). L’organisme mondial de référence des psychologues, Ame-
rican Psychological Association, définit les comportements de contrôle comme
« la marque de fabrique d’une relation violente au sein du couple » (APA, 2020).
Il existe « un intérêt international croissant pour traduire le concept de
contrôle coercitif [...] en politique et pratique de justice pénale » (Barlow etal.,
2020 ; McMahon & McGorrery, 2020). Des infractions pénales spécifiques
ont été introduites en Angleterre et au pays deGalles en 2015, en Écosse
et en Irlande en 2018. En Écosse6, il a fondé une loi réellement novatrice et
consensuelle sur les violences familiales (Fig.1).
Figure1. Affiches de la campagne accompagnant la loi novatrice
sur le contrôle coercitif adoptée à l’unanimité en Écosse (2019).
Source : [https://womensaid.scot/project/
hidden-in-plain-sight-domestic-abuse-and-coercive-control/]
Le contrôle coercitif, un schéma comportemental exercé en continu
« Les stratégies de contrôle durent dans le temps et contrairement à la vio-
lence physique sont constantes, cumulatives et non épisodiques » (Stark, 2007,
p.12 ; Morris, 2009). La roue du pouvoir et du contrôle7 (Fig.2) est un exemple
d’outil heuristique qui montre que « la violence fait partie d’un schéma de
comportements plutôt que d’incidents isolés de maltraitance ou d’explosions
5. Orig. eng. control ; trad. fr. « comportements tyranniques et dominateurs » (WHO,
2012, p.1 ; trad.fr., OMS, 2012, p.1).
6. En réponse à la préoccupation des victimes que les agresseurs utiliseraient les
institutions pour abuser davantage de familles entières, l’introduction du contrôle
coercitif dans la loi a été l’occasion d’améliorer la compréhension de la violence familiale,
notamment en justice et en protection de l’enfance.
7. Construite à partir d’entretiens collectifs avec des femmes victimes de violences, elle a
l’avantage de montrer les dimensions structurelles de la violence (Stark, 2007, p.203).
Le contrôle coercitif
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cycliques, de colère refoulée, de frustration ou de sentiments douloureux »
(Pence &Paymar, 1993, p.2).
Figure2. La roue du contrôle est un exemple d’outil heuristique
qui se concentre sur la façon dont les tactiques de l’agresseur s’associent
à la (menace de) violence physique et sexuelle pour dominer une victime.
Source : [https://coercivecontrolcollective.org/news/2018/
3/12/the-power-and-control-wheel-1]
Contrôle coercitif et occultation des violences
La violence physique a longtemps été considérée comme l’élément caractéris-
tique des violences au sein du couple, comme dans certains cas où son caractère
répétitif/dangereux est encore recherché pour délivrer des ordonnances de pro-
tection (Jouanneau &Matteoli, 2018, p.315), alors que les dispositions pénales
introduites par la loi du 9 juillet 2010 font référence à toutes les violences
quelle que soit leur nature, y compris les violences psychologiques (C.pén.,
art.222-14-3) et l’article515-9 du Code civil élargit la protection aux enfants8.
8. V. Ordonnance de protection, Fiches d’orientation, août2020, consultée le 8oct. 2020 (Dalloz).
L’emprise et les violences au sein du couple
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Nonobstant les définitions officielles qui reconnaissent le contrôle coercitif
comme un élément central de la violence masculine, le droit pénal et la justice
sont mandatés pour répondre à des incidents d’agression, un paradigme d’in-
cidentalisme qui ne tient pas compte du danger permanent pour les femmes
dans les relations de contrôle coercitif (Kelly &Westmarland, 2016, p. 115)
et détourne sur de fausses pistes justice, protection de l’enfance, et politiques
(ibid.). En réalité, les incidents physiques s’inscrivent dans un schéma compor-
temental coercitif exercé encontinu, incorporant des aspects physiques, sexuels,
émotionnels, financiers et parentaux9. Ils ne sont pas des incidents isolés dans
une relation par ailleurs égalitaire, mais se produisent quand la victime a déjà
été coupée des réseaux de soutien, abusée émotionnellement au point d’être
susceptible de tolérer la violence physique, ou trop terrorisée pour partir.
L’accent sur les « incidents » a minimisé l’importance du contrôle continu
sur le système familial, qui a le plus grand potentiel traumatique (Stark,
2007)10. Ces incidents ne se produisent pas seuls, mais s’accompagnent dans
99 % des cas (Follingstad et al., 1990) d’une violence psychologique (Jas-
pard, 2011, p.39) par laquelle l’agresseur retire à la victime son autonomie
(« emprise ») : la coercition11 et le contrôle12 se produisent ensemble, résultant
en une situation de captivité (Stark, 2007). « Dans les situations de captivité,
l’agresseur devient la personne la plus puissante dans la vie de la victime, et
la psychologie de la victime est façonnée par les actions et les croyances de
l’agresseur » (Herman, 1992, p.75). Il parvient à la contrôler et dévaloriser,
à produire une « distorsion de sa réalité subjective » (Kirkwood, 1993), à
atteindre sa santé psychique et physique pouvant la pousser jusqu’au suicide
13
(risque de mortalité accru de 44 % chez les femmes victimes de violences
conjugales comparé aux autres femmes d’âge et condition physique similaire,
Chandan etal., 2020 ; Garcia-Moreno et al., 2013).
L’effet durable du contrôle coercitif peut produire un traumatisme complexe. Il
retire à la victime sa confiance en son discernement, elle souffre d’évitement,
dissociation, hypervigilance, perte d’identité et de confiance, et d’une honte,
terreur et culpabilité parfois abyssales. « La condition d’oppression la plus grave
est de ne pas avoir les mots pour expliquer les sentiments et les difficultés
9. Si la plupart des cas de contrôle coercitif incluent des agressions physiques et/ou
sexuelles, une proportion significative n’en inclut pas (Lischick, 1999, 2009).
10. Dans un échantillon national finlandais, Piispa (2002) a constaté qu’une population de
femmes plus âgées qui n’avaient pas été agressées physiquement depuis 10ans rapportait
des niveaux plus élevés de peur, de dépression et d’autres symptômes de maltraitance
que des femmes plus jeunes encore exposées aux violences conjugales physiques. Cela
interroge l’importance autrefois accordée à la violence physique par rapport au contrôle
coercitif utilisé sans violence physique pour piéger les victimes.
11. « Le recours à la force ou aux menaces pour contraindre ou dissiper une réponse
particulière » (Stark, 2007, p.228).
12. « Formes structurelles de privation, d’exploitation et d’ordre qui obligent indirectement
l’obéissance » (Stark, 2007, p.229).
13. Rapport du « Groupe de travail violences psychologiques et emprise » du Grenelle
contre les violences conjugales, 2019, thèse de Juliette Leclerc en préparation.
Le contrôle coercitif
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que l’on éprouve, alors que les systèmes de croyances de la culture dominante
nient sa réalité » (Hanmer, 1990, p.443). Le contrôle coercitif et l’emprise font
écran à la révélation des faits et perdurent après la séparation : l’Enveff (2003)
montre que les femmes séparées de leur conjoint au cours des douze derniers
mois déclarent plus de violences que celles encore en couple (Jaspard, 2011,
p.24,39), surtout si elles ont eu des enfants avec lui, neuf sur dix subissant alors
des agressions (Romito, 2011, p.89). Or, 82 % des victimes de violence conjugale
sont des mères (Sourd, 2019) et la plupart des violences sont autour des enfants,
les auteurs étant en difficulté par rapport à leur parentalité (Sadlier, 2015a).
Les enfants et la contre-parentalité coercitive
Les plus grandes victimes du contrôle coercitif sont souvent les êtres les
plus petits. L’École nationale de la magistrature (ENM, 2019) rappelle que
« la recherche scientifique internationale ainsi que la Convention d’Istanbul
s’accordent unanimement à reconnaître l’impact traumatique majeur de la
violence au sein du couple sur les enfants et son impact massif sur les capa-
cités parentales, rappelant que les enfants en sont en conséquence également
des victimes et qu’un parent non violent continuera à subir un contrôle
contre-parental après la séparation ».
Malheureusement, l’un des aspects les plus troublants de la réponse judiciaire
à la violence au sein du couple est la difficulté des professionnels à protéger les
enfants lorsque les mères dénoncent des pères violents (Meier, 2019 ; Prigent
& Sueur, 2020). « Pour les femmes ayant des enfants [...] la séparation est
plus complexe et lorsqu’elle se produit, l’autorité parentale conjointe implique
un maintien du lien qui peut surexposer à la violence » (Brown et al., 2019,
p. 12). Les violences conjugales post-séparation ont « la même nature que
les violences conjugales [...] un ensemble de comportements caractérisé par
la volonté de domination et de contrôle [...] qui peut inclure [...] l’utilisation
des enfants à ces fins[...], en les contraignant à espionner leur mère ou en
menaçant la conjointe de lui enlever les enfants –et même de les tuer– en
cas de séparation » (Romito, 2011, p.92 ; Romito &Feresin, 2020).
Après la séparation, le contrôle s’intensifie, exposant la femme et les
enfants à un plus grand risque pouvant aller jusqu’à l’homicide. Il passe
par tous les moyens à la disposition de l’auteur, dont l’exercice des droits
parentaux (Sadlier, 2015a,b). Il s’exerce sur la mère comme sur les enfants
(école, soins, activités, etc.)14. Les enfants subissent une blessure psychique
cumulative (trauma) lorsque leur père traite leur mère de stupide devant eux,
empêche ou contrôle leurs activités et réduit leur temps avec elle, limite leur
contact avec les grands-parents, les surveille, abuse d’eux émotionnellement,
psychologiquement, etc. (Katz, 2015 ; Navarro, 2015).
La contre-parentalité est visible dans l’oscillation entre une parentalité dange-
reuse et effrayante pour les enfants, une parentalité « admirable » qui détourne
14. Sur les limites de la coparentalité en contexte de violence, v.Sadlier, 2015a,b.
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la norme sociale du « bon parent » pour apparaître comme « victime », « préoc-
cupé », et une parentalité omniprésente sur les lieux de l’enfant : école, lieux
de soins, temps avec la mère (Katz etal., 2020, Fig.3). Cela installe les enfants
dans un monde de contraintes nocif au développement (Katz, 2016). Certains
enfants « résistent » (réticence au contact avec le parent agresseur, silence),
d’autres s’adaptent en changeant de comportement (Herman, 1992), pouvant
émettre des demandes en faveur du parent violent, dans un souci de sécurité
conflit de protection », Sadlier 2015a), ou pour répondre aux besoins de ce
dernier (parentification, v.Sadlier, 2015b, et fiche réflexe ENMJAF, 2019).
Paternité dangereuse
re :
Pouvoir et contle
Violence
Menaces
Intimidation
Traque, harlement
Punitions
Pouvoir et contle
Manipulation
Semblant être “attentionné”, “poccupé
“indulgent”, “victime vulnérable
Détournement des normes sociétales et
des valeurs autour des pères.
État mental et émotionnel où l’inquiétude,
l’anxiété et la peur sont omniprésentes.
re :
Enfant :
Paternité omniprésente
Paternité “admirable”
Figure3. Vécu des enfants concernant le contrôle coercitif exercé
par leur père/figure paternelle après la séparation
(apud Katz etal., 2020).
Le stress généré traumatise les enfants, impacte leur santé, le dévelop-
pement précoce du cerveau, du système nerveux, immunitaire, tous leurs
Le contrôle coercitif
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domaines de vie pendant des dizaines d’années (Litrownik etal., 2003 ; Stark,
2007 ; Fulu et al., 2017 ; Felitti et al., 1998)15. L’OMS (2010) souligne que
l’exposition à la violence interparentale durant l’enfance accroît de trois ou
quatre fois la probabilité qu’un homme soit violent à l’égard d’une partenaire
intime (Gil-Gonzalez etal., 2008) et, chez les femmes, elle est corrélée avec la
re-victimisation de la part d’un partenaire (Martin, Taft &Resick, 2007 ; Söch-
ting, Fairbrother &Koch, 2004 ; Vung &Krantz, 2009 ; OMS, 2010, p. 24).
Le rétablissement des enfants est long et passe d’abord par leur protection
(vivre avec le parent protecteur dans un lieu de sécurité, séparés de l’agres-
seur), des soins adaptés qui donnent du sens à leur vécu, l’attribution de
responsabilité des impacts de la coercition à l’auteur et non au parent victime
(Sadlier 2015b ; Salmona 2016, 2017 ; Rapport GREVIO, 2019). Rompant avec
la tendance à se concentrer sur les déficits et les pathologies des victimes
de violence familiale, les recherches montrent heureusement comment les
enfants et les mères ayant vécu des violences intrafamiliales peuvent avoir
un rôle clé dans leur rétablissement mutuel (Racicot etal., 2010 ; Durand,
2013 ; Katz, 2015 ; Romano, 2017 ; Ronai &Durand, 2017).
**
*
Malgré les volontés, l’amélioration durable de la vie des victimes femmes et
enfants a longtemps échoué. Cela est largement dû au paradigme, aujourd’hui
scientifiquement dépassé, qui définissait la violence à partir d’incidents épi-
sodiques, réactionnels (frustration, colère, alcool), extraits du contexte de
domination masculine permanent qui perdure post-séparation. En consé-
quence, la violence subie par les victimes en continu était comprise comme
fragmentée, détournant les interventions de la racine du problème vers la
pointe de l’iceberg. Le contrôle coercitif est essentiel pour la comprendre
dans son continuum (Kelly, 1987 ; Romito, 2006 ; Stark, 2007) et retirer aux
agresseurs la possibilité de la prolonger post-séparation (Prigent, 2020 ; Sueur,
2020), voire après leur incarcération.
S’agissant d’un prédicteur des féminicides conjugaux (Johnson etal., 2019),
toute enquête ou évaluation auprès des auteurs même présumés de violence
conjugale devra s’intéresser à leurs comportements de contrôle coercitif,
indicateurs essentiels et repérables dans leurs comportements verbaux et
non verbaux par des méthodes qualitatives et quantitatives (Stollznow, 2008).
Àdéfaut, la violence à laquelle ils se sont déjà entraînés en privé peut devenir
extrême et même s’exporter dans l’espace public (Smith, 2019 ; Ausländer
&Toledo, 2021, sous presse), comme nous l’avons encore vu avec les gen-
darmes tués par l’homme violent qu’ils tentaient de maîtriser, fin 2020 dans
le Puy-de-Dôme.
15. Pour une revue : Salmona 2016, 2017 ; v.aussi Savard &Zaouche Gaudron, 2010a.
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Il s’agit pour les magistrats et leurs partenaires de reconnaître le film des
violences, relier des épisodes en processus, repérer et agir sur la contre-pa-
rentalité et le contrôle coercitifs, faire évoluer les pratiques (Ausländer, 2019)
en réseau interprofessionnel et pluridisciplinaire (Ausländer, 2018).
Le contrôle coercitif permet de réinsérer la notion de rapport de pouvoir
dans la compréhension des violences conjugales (Stark, 2009), qui est pré-
cisément ce qui les distingue du conflit conjugal (Sadlier, 2015a), comme
l’expliquent la MIPROF, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les
hommes, et l’École nationale de la magistrature. Il révèle la dimension maté-
rielle des violences, leur réalité telle que les victimes l’ont subie, et non
comme l’agresseur voudrait qu’on la voie. En ce sens, les magistrats et
leurs partenaires sont des leaders d’opinion ayant un rôle décisif dans leurs
réseaux interprofessionnels.
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... Perhaps the specificity of anchoring coercive control in France is the institutional courage [79] of a small number of magistrates who worked with scientists to incorporate coercive control in legal doctrine and practice. This was achieved through joint cumulative work to grasp coercive control in doctrine [80][81][82][83] and propel the coercive control framework as a core organizing principle of integrated policies [66] and specialized domestic violence courts [84]. Its anchoring may be retraced to the pioneering cross-disciplinary work between scientists and lawyers, such as Karen Sadlier, a clinical psychologist and researcher specializing in complex posttraumatic stress in children; children's judge Edouard Durand; and the propulsion of the coercive control framework by academics [14,64,80,85] working with the civil society and magistrates. ...
... This was achieved through joint cumulative work to grasp coercive control in doctrine [80][81][82][83] and propel the coercive control framework as a core organizing principle of integrated policies [66] and specialized domestic violence courts [84]. Its anchoring may be retraced to the pioneering cross-disciplinary work between scientists and lawyers, such as Karen Sadlier, a clinical psychologist and researcher specializing in complex posttraumatic stress in children; children's judge Edouard Durand; and the propulsion of the coercive control framework by academics [14,64,80,85] working with the civil society and magistrates. ...
Article
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This article examines the transformation of the understanding and response to domestic violence in France, drawing on two influential research fields: (1) social psychology's social representations and social change theory, and (2) coercive control, a conceptualization of domestic violence as captivity, rather than assault. Experimental and legal evidence illustrates how conceptualizing domestic violence as coercive control impacts its social and legal understanding in France. Coercive control describes an ongoing pattern of gender-based domination that entraps women in personal lives. It recognizes the multidimensional nature, dynamics, and impacts of domestic violence as gender-based control over women's rights and resources. It reframes domestic violence as a liberty crime, making concrete a social representation of domestic violence as a breach of women's human rights, inseparable from its consequences on their children, in line with the women's human rights perspective championed by the United Nations and binding legal instruments, such as the Council of Europe Istanbul Convention.
... How men entrap women in personal lives [3] Or, ce repérage suppose la compétence à reconnaître la réalité de la violence à partir de ce que la patiente dit par sa voix ou ses symptômes, plutôt qu'à partir de nos grilles de lecture que sont les représentations sociales. En effet, il subsiste un décalage entre, d'une part la représentation sociale de cette violence [20] et sa traduction juridique [17,19] et, d'autre part la réalité des victimes, qui ressemble plus à une captivité qu'à des agressions [3]. ...
Article
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L'objectif de cet article est de proposer aux praticiens, chercheurs et enseignants-chercheurs en kinésithérapie, plus largement en sciences de la rééducation et de la réadaptation et en médecine physique de réadaptation, un aperçu du concept de contrôle coercitif, caractéristique de la majorité des cas de violence conjugale/intrafamiliale, dont les femmes et les enfants sont majoritairement victimes. Le cadre du contrôle coercitif reconceptualise la violence conjugale comme captivité plutôt qu'agression. Cet article définit le contrôle coercitif, illustre sa pertinence pour la pratique clinique, aborde sa prévalence, évoque son lien avec les situations de handicap, son retentissement sur la santé biopsychosociale des victimes, et discute quelques implications pour la pratique, la recherche et la formation des kinésithérapeutes, plus largement des praticiens de la rééducation et de la réadaptation et de la médecine physique de réadaptation. * The aim of this article is to provide practitioners, researchers and teacher-researchers in physiotherapy, and more broadly in rehabilitation sciences and physical rehabilitation medicine, with an overview of the concept of coercive control, which is characteristic of the majority of cases of domestic violence, of which women and children are the main victims. The coercive control framework reconceptualises domestic violence as captivity rather than aggression. This article defines coercive control, illustrates its relevance to clinical practice, addresses its prevalence, discusses its link with disability situations, its impact on the biopsychosocial health of victims, and discusses some implications for the practice, research and training of physiotherapists, and more broadly of rehabilitation practitioners and physical rehabilitation medicine practitioners.
... Criminal law, however, is still designed to punish domestic violence by looking for violent incidents (Stark and Hester, 2019;Côté and Lapierre, 2021;Gruev-Vintila and Toledo, 2021), an incidentalist paradigm that disconsiders the permanent danger and terror on women and children (Kelly and Westmarland, 2016: 115), and overlooks their latent yet core purpose, as well as the non physical coercion deployed by the perpetrator to gain control (Stark, 2007;Côté and Lapierre, 2021). Thus, the current French legal conception as violent incidents disconnects the means (violence) from its goal (victims' subordination) and only juxtaposes them, hence preventing us from understanding 'why the victims do not leave' (Stark, 1995;2007) and, above all, 'how the perpetrators manage to keep them from leaving'. ...
Article
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The historical evolution of social and legal conceptions of gender based domestic violence in France are the dynamic traces of how social practice, as well as social representations, formed and transformed. However, numerous studies show that the current incident-based conceptions of domestic violence are far from the victims’ experiences, and only partially effective in detecting, criminalising and preventing domestic violence. Understanding the global process by which perpetrators subordinate the victims, mostly women and children, by progressively depriving them of their human rights and liberties, led to a contemporary conceptualisation of domestic violence as coercive control (Stark, 2007). Recognising the roots of domestic violence in gender inequality, far from reducing it to some individual, psychological issues, this human-rights based conception of domestic violence is much closer to the victims’ experiences, has led to legal innovation in the ways in which several countries understand, criminalise and prevent domestic violence, and could be at the core of emerging social representations of domestic violence.
Article
Cet article offre aux professionnels de santé un aperçu de la recherche sur le contrôle coercitif, concept central pour comprendre la violence conjugale et intrafamiliale, visant majoritairement femmes et enfants. z Il a pour objectif de favoriser le dialogue interdisciplinaire et l’intégration des avancées scientifiques dans les pratiques professionnelles et la (psycho)éducation. Pour ce faire, il aborde l’évolution conceptuelle du contrôle coercitif et le schéma comportemental des agresseurs, les risques pour les victimes et les professionnels, l’impact dévastateur sur les droits et la santé biopsychosociale des victimes adultes et enfants, ainsi que les défi s posés par la technologie, notamment l’intelligence artificielle générative._______ Coercive control: Health, victims’ rights and the ethics of care. This article provides healthcare professionals with an overview of research on coercive control, a central concept for understanding domestic violence, primarily targeting women and children. It aims to foster interdisciplinary dialogue and integrate advances into professional practices and (psycho)education. To this end, it addresses the conceptual evolution of coercive control and the behavioral patterns of perpetrators, the risks for victims and professionals, the devastating impact on the rights and biopsychosocial health of adult and child victims, and the challenges posed by technology, particularly generative artificial intelligence.
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Les violences faites aux femmes et particulièrement les violences conjugales ont fait l'objet d'une prise de conscience croissante de la société. Néanmoins la compréhension du phénomène des violences conjugales reste partielle. Des études récentes, venues des États Unis par Evan Starck et popularisées en France par Pierre Guillaume Prigent et Gwenola Sueur, conceptualisent la notion de contrôle coercitif par une approche globale de la violence comme privation de libertés. Plusieurs pays ont procédé à des évolutions législatives pour tenir compte du répertoire de comportements de coercition et de contrôle dans le cadre des procédures pénales et civiles. Même si certains de ces comportements sont punis de manière autonome, le droit français ne propose pas de cadre légal global offrant un outil efficace pour identifier, prévenir et prouver les violences conjugales. Force juridique de la Fondation des femmes, Boccabella, J., Fusil, F., Gruev-Vintila, A., Hu, R. Jourdin, P., Karila-Cohen, L. (2022). Violences conjugales - La notion de contrôle coercitif : état des lieux et perspectives. La Semaine Juridique Edition Générale 9, 299
Article
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This article shows how domestic violence perpetrators can use coercive control against their children after their ex‐partner has separated from them. Coercive control can include violence, threats, intimidation, stalking, monitoring, emotional abuse and manipulation, interwoven with periods of seemingly ‘caring’ and ‘indulgent’ behaviour as part of the overall abuse. Crucially, what this article provides is knowledge, hitherto largely missing, about how children and young people can experience coercive control post‐separation. The article draws on two separate data sets, one from the UK and one from Finland, which together comprise qualitative interviews with 29 children who had coercive control perpetrating fathers/father‐figures. figures. The data sets were separately thematically analysed, then combined using a qualitative interpretative meta‐synthesis. This produced three themes regarding children's experiences: (1) dangerous fathering that made children frightened and unsafe; (2) ‘admirable’ fathering, where fathers/father‐figures appeared as ‘caring’, ‘concerned’, ‘indulgent’ and/or ‘vulnerable‐victims’ and (3) omnipresent fathering that continually constrained children's lives. Dangerous and ‘admirable’ fathering describe the behaviours of coercive control‐perpetrating fathers/father‐figures, while omnipresent fathering occurred in children as a fearful mental and emotional state. Perpetrators could also direct performances of ‘admirable’ fathering at professionals and communities in ways that obscured their coercive control. Implications for policy and practice are discussed. ‘What this article provides is knowledge, hitherto largely missing, about how children and young people can experience coercive control post‐separation’ Key Practitioner Messages • Children and young people can be direct victims/survivors of coercive control and they can experience it in much the same ways as adults do – feeling confused and afraid, living constrained lives, and being entrapped and harmed by the perpetrator. • Coercive control can harm children and young people emotionally/psychologically, physically, socially and educationally. • Robust measures are required to deal with coercive control perpetrating fathers/father‐figures, in order to prevent them from using father‐child relationships to continue imposing coercive control on children and ex‐partners.
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Background Domestic abuse ( DA ) against women is a global public health problem. Although the possible health burden could be substantial, the associations between DA and subsequent cardiometabolic disease (cardiovascular disease, hypertension, and type 2 diabetes mellitus) and all‐cause mortality are poorly understood. Methods and Results This retrospective cohort study consisted of UK ‐based primary care patients between January 1, 1995, to December 1, 2017. Overall, 18 547 women exposed to DA were matched to 72 231 unexposed women by age and lifestyle factors. The main outcomes, presented as adjusted incidence rate ratios ( IRRs ), were the risk of developing cardiovascular disease, hypertension, type 2 diabetes mellitus, and all‐cause mortality. In total, 181 exposed women experienced a cardiovascular disease event compared with 644 of the unexposed control group, relating to an increased adjusted IRR of 1.31 (95% CI , 1.11–1.55; P =0.001). There was also an increased risk of subsequent type 2 diabetes mellitus (adjusted IRR: 1.51; 95% CI , 1.30–1.76; P <0.001) and all‐cause mortality (adjusted IRR: 1.44; 95% CI , 1.24–1.67; P <0.001) following exposure to DA . This observation was not seen with hypertension (adjusted IRR : 0.99; 95% CI , 0.88–1.12; P =0.873). Conclusions There is an increased risk of subsequent cardiovascular disease, type 2 diabetes mellitus, and all‐cause mortality in female survivors of DA . However, there is no association with the development of hypertension in this group, in keeping with previous literature. Considering the high prevalence of DA , clinicians should be made aware of the disproportionally increased risk and thus are encouraged to manage modifiable risk factors actively in this group.
Article
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This article reviews the background, introduction, and critical response to new criminal offenses of coercive control in England/Wales and Scotland. How the new Scottish offense is implemented will determine whether it can overcome the shortcomings of the English law. We then review new evidence on four dimensions of coercive control: the relationship between “control” and “violence,” coercive control in same-sex couples, measuring coercive control, and children’s experience of coercive control. Coercive control is not a type of violence. Indeed, level of control predicts a range of negative outcomes heretofore associated with physical abuse, including post-separation violence and sexual assault; important differences in coercive control dynamics distinguish male homosexual from lesbian couples; measuring coercive control requires innovative ways of aggregating and categorizing data; and how children experience coercive control is a problem area that offers enormous promise for the years ahead.
Article
Depuis les années 2000 sont apparues lors d'instances judiciaires des allégations d' « aliénation parentale » ; certains experts évoquent un tel « syndrome » pour tenter d'expliquer le rejet d'un parent – en général le père - par un·e enfant. L'étude de cette « théorie », de son contexte d'apparition et de diffusion, et de son utilisation, doit pourtant conduire à en écarter toute pertinence.
Book
This book considers whether coercive control (particularly non-physical forms of family violence) should be prohibited by the criminal law. Based on the premise that traditional understandings of family violence are severely limited, it considers whether the core of family violence is power-based controlling or coercive behavior: attempts by men to psychologically dominate their partners. Such behavior can cause significant psychological, physical and economic harms to victims and is increasingly recognized as a form of human rights abuse. The book considers the new offences that have been introduced in England and Wales (controlling or coercive behavior), Ireland (controlling behavior) and Scotland (domestic abuse). It invites consideration of three key questions: Do conventional criminal laws adequately regulate non-physical abuse? Is the criminal law an appropriate mechanism for responding to the coercive control of family members? And if a new and distinctive offence is warranted, what is the optimal form of that offence? This ground-breaking work is essential reading for researchers and practitioners interested in coercive control and the proper role of the criminal law as a mechanism for regulating family violence.
Article
Cet article analyse la mise en œuvre du dispositif judiciaire appelé ordonnance de protection qui autorise les Juges aux affaires familiales à prendre, en urgence, des mesures permettant de faire cesser les violences au sein du couple. Une première partie étudie ainsi les conditions de mise à l’agenda législative de l’OP et les modalités de sa formalisation juridique par les parlementaires. Elle permet de saisir comment ce dispositif pensé dans le giron de la « lutte contre les violences faites aux femmes » se retrouve arrimé à un droit de la famille qui habituellement tend à reproduire les inégalités entre les femmes et les hommes. La suite du texte revient sur la manière dont les JAF se sont saisis de cette procédure et comment celle-ci les place en position de devoir dire à partir de quand les violences au sein du couple deviennent suffisamment graves et inacceptables pour bouleverser les critères qui président habituellement à la justice familiale en matière de séparation des couples.
Article
Violence against women often continues after couples separate. Although the involvement of children in intimate partner violence is known, no study has investigated the role of children in postseparation violence in southern Europe. The aim of this study was to analyze male perpetrators’ strategies to maintain control over the woman after couples separate and the involvement of children in this process. We designed a multimethod research with a sample of women attending five anti-violence centers in Italy: In the quantitative part, women were interviewed with a questionnaire (N = 151) at baseline and followed up 18 months later (N = 91); in the qualitative part, in-depth interviews were carried out with women (N = 13) attending the same centers. Results showed that women experienced high levels of violence and that children were deeply involved. When women with children were no longer living with the violence perpetrator, threats, violence, manipulation, and controlling behaviors occurred during father–child contacts: 78.9% of women in the longitudinal survey and all women in the qualitative study reported at least one of these unsettling behaviors. The qualitative study allowed for discovering some specific perpetrator strategies. Making the woman feel guilty, threatening, denigrating, and impoverishing her; preventing her from living a normal life; and trying to destroy the mother–child bond were key elements of a complex design aimed at maintaining coercive control over the ex-partner. Results from this multimethod study provided a deeper understanding of the mechanisms of coercive control and postseparation violence and how perpetrators use children to fulfill their aims.