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Santé mentale au Québec, 2020, XLV, no 2, 115-124
Effets sociaux, culturels et psychologiques
du mariage chez les adultes tamouls
de seconde génération en France.
Étude de cas – Renuka : Un mariage
arrangé à l’occidentale
Mélanie Vijayaratnama
Amalini Simonb
Rahmeth Radjackc
Marie Rose Morod
résumé Objectif Cette étude se veut une approche compréhensive des conflits
psychiques que rencontrent les jeunes femmes confrontées à des modèles culturels
divergents. Elle relate des tensions traversées par Renuka, Tamoule née en France,
dans ses choix matrimoniaux entre verticalité culturelle et métissage.
Méthode Le parcours matrimonial de Renuka est exploré à travers des entretiens
semi-directifs approfondis analysés selon la méthode complémentariste de Devereux.
Résultats Dans un espace pluriculturel, il y a une souffrance résultant de la diffi-
culté de positionnement. Les choix maritaux révèlent des tensions intrapsychiques
a. Docteure en psychologie clinique, Université de Paris, Laboratoire PCPP –
CESP Inserm 1178, France. melanie.vijayaratnam@gmail.com
b. Psychologue clinicienne, Ph. D., Maison de Solenn, Hôpital Cochin – Université
Paris 13, CESP Inserm 1178, France.
c. Pédopsychiatre, Maison de Solenn, Hôpital Cochin – Université Paris 13, CESP
Inserm 1178, France.
d. Pédopsychiatre, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Maison
de Solenn, Hôpital Cochin – Université de Paris, Laboratoire PCPP, France.
CESP, Fac. de médecine – Univ. Paris-Sud, Fac. de médecine – UVSQ, INSERM,
« DevPsy » Université Paris-Saclay, F-94807 Villejuif, France.
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qui peuvent être dépassées en mobilisant des stratégies, des processus et des
mécanismes articulant les modèles identificatoires.
Conclusion Cette étude explore les enjeux du mariage en contexte migratoire et
ses effets sur la vie psychique des individus et relate une des problématiques
majeures de nos sociétés métissées.
mots clés mariage interculturel, immigrants de deuxième génération, pratiques
culturelles, processus psychiques, créativité
Social Cultural and Psychological Eects of Marriage among Second
Generation Tamil Adults in France. Case Study—Renuka: A Western-
Style Arranged Marriage
abstract Objective This study is a comprehensive approach to psychic conflicts
encountered by young women confronted with divergent cultural models. It relates
the tensions experienced by Renuka, Tamil born in France, in her marital choices
between cultural verticality and interbreeding.
Method Renuka’s matrimonial journey is explored through in-depth semi-struc-
tured interviews analyzed using Devereux’s complementarist method.
Results In a multicultural space, there is a difficulty of positioning. Marital choices
reveal intrapsychic tensions that can be overcome by mobilizing strategies, pro-
cesses and mechanisms articulating identificatory models.
Conclusion This study explores the issues of marriage in a migratory context and
its effects on the psychic life of individuals and relates the major issues of our mixed
societies.
keywords intercultural marriage, second-generation immigrants, cultural prac-
tices, psychic processes, creativity
Introduction
La génération postmigratoire vit sur des références filiatives et affilia-
tives, des mouvements d’allers et retour, réels et imaginaires, entre
générations, cultures et langues (Baubet et Moro, 2009 ; Reveyrand et
Coulon, 2011). Dans ce contexte multiculturel, la transmission devient
un vecteur de lien important (Daure et Reveyrand-Coulon, 2012). De
manière majoritaire, les jeunes nés dans les pays d’accueil de leurs
parents souhaitent rester fidèles à la transmission parentale (Skandrani,
Mansouri et Moro, 2008). Cela les conduits à se structurer sur diffé-
rents modèles identificatoires (Camilleri, 1998) où leur vécu devient un
support à la créativité et à une identité métissée (Moro, 2004) : les
redéfinitions de soi opèrent des aménagements psychiques dans l’idée
Effets sociaux, culturels du mariage chez les adultes tamouls 117
d’assurer un compromis culturel entre leur filiation et les autres
groupes affiliatifs tant sur le plan culturel qu’identitaire (Guerraoui et
Mousset, 2012).
Très peu d’études explorent les processus psychiques mobilisés
par les adultes de seconde génération en situation d’interculturalité
lors de leurs choix maritaux. Pourtant, le mariage apparaît comme
une préoccupation majeure chez les femmes tamoules de France qui
oscillent entre des représentations multiples (Vijayaratnam et al., 2017 ;
Vijayaratnam et Moro, 2018 ; Vijayaratnam et al., 2019).
Cet écrit apporte un éclairage clinique sur le positionnement des
adultes dont les parents sont migrants tamouls. Il interroge l’articulation
entre la continuité et le changement, la transmission parentale et les
affiliations chez Renuka, née en France et d’origine tamoule sri lankaise.
Méthode de recherche, participant et analyse des données
L’étude originale est basée sur un échantillon de 15 femmes tamoules
nées en France. Le profil de Renuka est ici isolé et les explorations
s’étayent sur les entretiens semi-structurés approfondis, un question-
naire d’identité (selon la théorie d’Hermans, 2003) et une tâche de
photo-élicitation qui ont permis la récolte des données.
Le matériel est analysé par la méthode d’analyse phénoménologique
interprétative (Smith et coll., 2011), une méthode qui permet à travers
une grille de lecture et une hiérarchisation thématique des données,
l’exploration détaillée de l’expérience vécue par la jeune femme pour
comprendre sa réalité subjective. Une méthode d’analyse complémen-
tariste (Devereux, 1972), articulant l’approche anthropologique et
l’approche psychanalytique vient compléter cette exploration. Elle
permet d’aborder les dimensions collectives, subjectives et intrapsy-
chiques de Renuka et de considérer le lien entre la jeune femme et sa
culture.
Étude de cas
Renuka a 22 ans et est née en France de parents sri lankais tamouls.
Elle est bilingue français/tamoul et précise qu’elle parle plutôt sa langue
maternelle avec ses parents et les aînés de la famille, une compétence
qu’elle juge importante. Elle déplore de voir ses cousins ne pas parler
la langue : « ça se perd ». Elle s’est engagée dans un master en commerce
international malgré le désir de ses parents de la voir faire médecine.
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Elle est en couple depuis 8 ans avec un garçon dont elle ne prononcera
jamais le nom durant les entretiens. La jeune femme vit encore chez
ses parents soulignant ne pas être dans la nécessité d’habiter seule ou
avec son « copain ». Elle évoque une situation amoureuse « compli-
quée » car non acceptée par ses parents et plus généralement la com-
munauté. La relation amoureuse est cachée, éprouvante et, malgré les
sentiments, la projection concernant un mariage reste compliquée.
Le père de Renuka appartient à la première vague de migration vers
la France (1983). Il est originaire du nord du Sri Lanka et est arrivé à
l’âge de 21 ans à Paris après avoir fui la guerre civile. Les parents se
sont mariés dans un contexte particulier : le père est retourné au pays
« en cachette » pour la cérémonie matrimoniale et faire ainsi venir son
épouse en France.
La migration a été à l’origine d’un important déclassement social.
Renuka se souvient que ses parents partageaient parfois « un sandwich
à deux » à leur arrivée en France. Ceci tranche avec leur situation au
Sri Lanka, car les parents de Renuka appartiennent à la haute caste des
Vellalar. La famille de Renuka est catholique et la religion occupe une
place très importante dans leur vie. Le mariage représente une céré-
monie religieuse où le sacrement compte plus que l’acte civil. Les
parents de Renuka ont fait un mariage traditionnel qui a fait l’objet
d’arrangements et qui a permis de maintenir une endogamie : le père
et la mère appartiennent tous deux à la même caste.
Renuka accorde une grande importance à ses parents, véritables
transmetteurs culturels. Elle respecte leurs valeurs. La mère apparaît
peu dans le récit de Renuka. On sait d’elle qu’elle était professeur de
tamoul au Sri Lanka. Sa condition en France se résume à « elle a suivi
mon père ». Avant de rencontrer son copain, Renuka et sa mère avaient
un lien fort : « c’était ma confidente. Je lui disais tout ». Maintenant,
Renuka a un lien très fort avec son père : « je veux qu’il soit fier de moi ».
Il a donné envie à Renuka de créer une association qui aide depuis la
France, les Tamouls au Sri Lanka. Lui-même aide les membres de la
communauté tamoule à s’intégrer en France. Le père de Renuka a aidé
la famille du copain par le passé. Elle en a déduit qu’il n’était pas de la
même caste qu’elle.
Renuka se présente comme « fiancée », car elle est amoureuse
depuis 8 ans, un laps de temps qui lui suffit pour qualifier sa relation
de sérieuse. Pour elle, une chose est sûre : c’est ce copain qui deviendra
son mari. Ils se sont rencontrés pendant l’adolescence. Il est tamoul sri
lankais comme elle. Renuka insiste sur cette préférence « la culture
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prime, j’ai besoin de quelqu’un avec qui la partager ». Pourtant, elle vit
cette relation « en cachette », car elle a « peur » de « se faire prendre »,
et ce, autant par les aînés que par les pairs : « Je n’ai pas dit à mes cou-
sins que j’étais en couple, j’ai peur qu’ils le répètent. » Elle fait donc
« attention » même si elle admet qu’ils sont parfois « pas du tout dis-
crets ». Le copain est considéré par les parents comme « un virus ».
Renuka explique le fait qu’il ne soit pas de la même caste comme étant
la source de ce problème. Pourtant, elle savait « d’emblée » qu’il n’était
pas du même groupe d’appartenance. Elle revendique une certaine
liberté et indépendance : « Si j’étais au Sri Lanka ça n’aurait pas été
pareil. » Le fait d’être dans un autre territoire que celui premier de ses
parents l’autorise à se dire « moins traditionnelle ».
Le mariage arrangé prend une place importante dans la famille de
Renuka. Toutefois, pour la jeune femme cette pratique renvoie à une
vision « ancestrale » des liens matrimoniaux. Elle émet une vision
critique de ces alliances, car il y a « trop de règles et de contraintes ».
Pour elle, les Sri Lankais « ne sont pas ouverts au monde actuel ». Elle
insiste sur le fait d’être née en France ce qui lui donne une certaine
liberté : « On a le droit de se marier avec celui qu’on aime, un Noir, un
Blanc. » Pense-t-elle que ces valeurs n’ont plus lieu d’être en migration ?
Cette transmission verticale est-elle désuète ? Dans le même temps,
Renuka confie que le mariage fait partie de ces traditions et valeurs
culturelles transmises par les parents qu’il lui importe de respecter :
« Je suis Française, mais je reste Tamoule. » Alors, elle ne serait pas
« contre » cette pratique non plus.
Renuka remarque que les femmes tamoules font l’objet d’une atten-
tion particulière. En effet, ses parents ne sont pas aussi stricts à l’égard
du petit frère qui a connu quelques amourettes. En revanche, en ce qui
la concerne, elle raconte qu’il y a quelques années, ses parents ont tout
fait pour les séparer « par du chantage affectif », car ils ne voulaient pas
admettre qu’elle et son copain soient ensemble, son père tout particu-
lièrement. Renuka et son copain se sont effectivement séparés, mais
pour être à nouveau ensemble « dans la discrétion ». Aujourd’hui, ce
secret travaille de plus en plus Renuka qui confie avoir besoin de l’ac-
cord de ses parents pour poursuivre et officialiser sa relation. En
attendant, elle ne se prive pas pour autant de vivre son amour pleine-
ment avec ce copain.
120 Santé mentale au Québec, 2020, XLV, no 2
Discussion
Au cours du processus d’analyse, les témoignages de Renuka ont permis
de construire un ensemble de codes représentatifs de son expérience.
Trois catégories principales se distinguent :
Contexte familial Désir des parents Fonctionnement
psychique de Renuka
- Migration des parents
- Traumatisme de la guerre
- Déclassement social
- Lutter contre une mort
culturelle, sociale,
psychologique
- Éviter de faire face à un
effondrement psychique
- Maintenir les traditions
- Oscillation entre deux
pôles
- Inconfort psychologique,
conflit intrapsychique
- Désir d’individuation
- Distanciation des
projections parentales
Les entretiens sont analysés selon 3 axes : l’intime, le collectif et le
lien entre les deux. Cela a permis d’articuler l’approche thématique et
complémentariste.
Si les Tamouls représentent la première communauté sud-asiatique
présente à Paris et en France, les migrants tamouls sont surtout des
réfugiés, comme le père de Renuka, qui ont dû faire face à de nom-
breux traumatismes à cause de leur ethnicité (Goreau-Ponceaud, 2012 ;
Madavan, 2015). Ce contexte particulier a un impact sur leurs enfants
nés en France, car le traumatisme des parents se transmet et façonne
leurs représentations (Dozio, Feldman et Moro, 2016).
Renuka met en place plusieurs mécanismes de défense pour défendre
la voie métisse qu’elle s’est destinée. Ce métissage psychologique ren-
voie à un métissage culturel et identitaire. Elle utilise l’affirmation de
soi dans son choix de partenaire même si celui-ci est dénigré en tant
que « virus ». En effet, ses parents identifient en ce jeune homme un
danger de mort sociale, culturelle et psychologique pour leur fille et
pour eux-mêmes. Le microbe honni par les parents peut apporter la
maladie sous forme de déshonneur sur la famille associé à de nombreux
dysfonctionnements à la fois sociétaux et psychologiques. C’est l’ordre
culturel établi qui sécurise à la fois la communauté et les parents qui
est menacé par l’intrusion de ce corps étranger. Cette éventualité,
même si elle est hautement improbable pour les parents, risque de
provoquer chez eux un effondrement psychique. Le déclassement
social que pourrait entraîner une telle relation intercaste ne pourrait
que s’accompagner d’une honte profonde pour les parents de Renuka
qui le vivrait comme une disqualification culturelle et la mort de leurs
Effets sociaux, culturels du mariage chez les adultes tamouls 121
idéaux pour leur fille. Cette situation n’est pas sans perturber Renuka.
La terminologie employée par la jeune femme pour désigner celui
qu’elle aime traduit cet inconfort. Elle le nomme tantôt « copain » et
tantôt « fiancé ». Or, copain peut faire référence à une relation passagère
voire une amourette. Tandis que « fiancé » indique une relation solide
et avalisée par le groupe familial. Les fiançailles relèvent d’un rituel
avec échange d’objet symbolique tel un bijou : la bague de fiançailles.
De même Renuka se dit vivre « en couple ». Que signifie ce mot dans
ce contexte où la relation est cachée ?
Dans le mouvement d’affirmation de soi, Renuka s’oppose au rêve
de ses parents de la voir devenir médecin et poursuit une relation
sérieuse avec un jeune homme qu’ils n’apprécient pas et qu’ils ont
banni symboliquement. La jeune femme va ériger des frontières entre
ce que les autres souhaitent pour elle et ce qu’elle-même veut instaurer
dans sa vie. Elle effectue ainsi un mouvement d’individuation au sens
jungien du terme, c’est-à-dire qu’elle cherche à se différencier des
projections parentales et de leur univers culturel en posant par des
actes concrets son originalité, son métissage et sa vision transcultu-
relle. Elle essaie d’avoir une maîtrise sur la situation qu’elle a créée en
mettant en place des stratégies de contournement de sa vie amoureuse
et en dissimulant sa relation. Mais les contours de l’édifice s’avèrent
poreux puisque des proches, par leurs questions indiscrètes ou leurs
soupçons, obligent aussi quelque part la jeune femme à clarifier sa
situation, même si elle émet des résistances à leur répondre frontale-
ment. En acceptant de transgresser les lois parentales, Renuka devient
une héroïne en même temps que s’incarne en elle la traîtresse qui a osé
défier les interdits symboliques de la famille.
Par sa détermination, Renuka apporte de bons soins au « virus »
et le reconnaît dans son humanité c’est-à-dire comme une personne
digne de faire partie de sa vie. Dans ce conflit intrapsychique, on peut
se demander aussi ce qu’elle soigne tant dans son histoire individuelle
que dans celle de ses parents. A-t-elle été discriminée ou a-t-elle
entendu parler des blessures narcissiques de ses parents dans leur
société d’accueil ? A-t-elle à un moment de son histoire vécu des senti-
ments d’étrangeté dans la société française en raison de ses origines ?
Souhaiterait-elle réparer une injustice sociale ? Telles sont les autres
questions que soulève cette étude de cas.
Parfois, ce n’est pas l’émigration en tant que telle qui peut consti-
tuer un trauma, mais bien son intégration dans un projet familial
(Denoux, 2007). Quel est l’effet réellement désiré par Renuka à travers
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ce choix marital ? Cette décision peut lui permettre de montrer son
allégeance à la culture parentale afin d’obtenir l’aval pour son mariage ;
ce dernier représente aussi un terrain de souffrance dans la commu-
nauté tamoule qui reste trop peu exploré. Parce qu’elle est confrontée
à des modèles culturels divergents, Renuka rencontre des conflits
psychiques lors de ses choix maritaux. Ces derniers sont pris dans des
conflits identificatoires et des problématiques de transmission, de
filiation qui répondent à des questions d’appartenance(à quel monde
appartient-elle ?), des choix identitaires (va-t-elle se situer dans la
continuité de sa famille ?) et vont correspondre à la manière dont elle
va se situer dans le monde (Moro et Amblard, 2016). S’il peut être un
instrument d’unification, le mariage peut aussi devenir un facteur de
séparation. Cependant, nous pouvons déceler un élément de similitude
entre Renuka, son père et sa mère puisque la jeune femme entretient
une relation « en cachette », comme ses parents à l’époque. Si ces der-
niers y ont été contraints par la situation politique sri lankaise, c’est la
situation interculturelle qui contraint la jeune femme à aussi dissimuler
une relation sérieuse de peur de contrarier les attentes parentales.
Se marier dans un tel contexte mobilise des processus psychiques
singuliers et de nécessaires passerelles qui reposent sur des compromis.
Pour s’autoriser cette relation, Renuka puise dans ce cocon familial et
culturel structurant et protecteur. L’identité des enfants de migrants
est à comprendre à travers l’articulation entre la culture d’origine et la
culture d’accueil : les enfants de migrants s’étayent sur le système
culturel pour développer une variante personnelle, se construire sur le
plan personnologique et devenir adultes (Bouche-Florin, Skandrani et
Moro, 2007). Le mariage n’est plus gardien de la caste chez Renuka. Il
sert d’instrument pour se différencier des codes parentaux et avoir une
nouvelle lecture du mariage. Il y a une redéfinition du modèle tradi-
tionnel matrimonial.
Conclusion
Ce sujet traite des choix matrimoniaux chez les descendants de
migrants. Il y a une absence de données sur le mariage en contexte
transculturel et son articulation avec la psychologie. Pourtant, le multi-
culturalisme qui fait désormais partie de notre paysage français est une
invitation à mieux connaître la diversité. Les Tamouls constituent une
part importante de la population de seconde génération en France. La
recherche d’un conjoint, si elle s’effectue dans une exogamie familiale,
Effets sociaux, culturels du mariage chez les adultes tamouls 123
reste souvent dans un espace restreint et une endogamie de groupe.
L’étude de cas de Renuka précise les enjeux qui sous-tendent cette
étape de la vie : chez les Tamouls du Sri Lanka, il semble y avoir une
politisation de l’alliance et de l’intimité qui inscrit inévitablement les
choix maritaux dans l’histoire de la seconde génération. Ce contexte
est propice à des tensions intrapsychiques. Cet écrit a ainsi pour ambi-
tion de considérer en santé mentale un sujet qui reste encore peu
exploré et permettre des comparaisons avec d’autres groupes d’immi-
grés par la suite.
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