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Le Coronavirus et l'économie de la connaissance : les effets différenciés dans le Nord et dans le Sud

Authors:
  • Université de Lille / Lille University

Abstract

La pandémie du coronavirus a pris de court quasiment tout le monde, les gouvernements et les acteurs de la vie économique et sociale. L’état de l’art dans les domaines médical et pharmaceutique, a peiné à trouver des réponses immédiates, montrant l’incapacité de la connaissance à répondre d’une manière rapide dans les pays avancés. Cependant l’insertion dans l’économie de la connaissance semble avoir atténué ces effets. Si cela a également joué mais à moindre degré, force est de constater que les effets dans les pays du Sud ont été inattendus. Cette crise a impulsé de nouvelles dynamiques et révélé des capacités d’innovation insoupçonnées, des capacités dormantes dans quasiment tous les domaines dans les pays maghrébins et permettant à certains pays comme l’Inde de faire d’importants leapfroggings. Cet article analysera comment l’ économie de la connaissance a permis de construire des réponses rapides à la crise d’une part et comment ces effets sont différenciés dans le Nord et dans le Sud de l’autre.
Revue Marocaine d’Audit et de Développement, 51, 2020-2021
Le Coronavirus et l’économie
de la connaissance :
les
effets différenciés
dans le Nord et dans le Sud
Abdelkader Djeflat
1
A citer : Djeflat, A. (2021)
Le Coronavirus et l’économie
de la
connaissance :
les effets différenciés
dans le Nord et dans le Sud ;
REMA, Vol. 51, pp. 43-60
Résumé
La pandémie du coronavirus a pris de court quasiment tout le monde, les
gouvernements et les acteurs de la vie économique et sociale. LEtat de l’art dans les domaines
médical et pharmaceutique, a peiné à trouver des réponses immédiates, montrant l’incapacité
de la connaissance à répondre d’une manière rapide dans les pays avancés. Cependant
linsertion dans léconomie de la connaissance semble avoir atténué ces effets. Si cela a
également joué mais à moindre degré, force est de constater que les effets dans les pays du
Sud ont été inattendus. Cette crise a impulsé de nouvelles dynamiques et révélé des capacités
dinnovation insoupçonnées, des capacités dormantes dans quasiment tous les domaines dans
les pays maghrébins et permettant à certains pays comme lInde de faire dimportants
leapfroggings. Cet article analysera comment l économie de la connaissance a permis de
construire des réponses rapides à la crise dune part et comment ces effets sont différenciés
dans le Nord et dans le Sud de lautre.
1
Professeur d’Economie, Président du Réseau Maghtech (Maghtech.org).
Revue Marocaine d’Audit et de Développement, 51, 2020-2021
Introduction
Jamais le monde ne s’est senti aussi désarmé dans son histoire et dans un temps
relativement court devant un phénomène comme il l’est devant la crise du Covid-19. Alors
que les avis et analyses préliminaires arrivaient à la conclusion d’un phénomène passager,
circonscrit tout au moins géographiquement dans la lignée des crises précédentes (stars, H5N1,
Ebola entre autres), cette crise a bousculé tous les pronostics, les avis et les croyances. Les avis
des experts les plus en vue se sont avéré être des avis individuels que le commun des mortels
pouvait exprimer. D’une épidémie, le corona est devenu rapidement une pandémie, d’une
crise Chinoise (expression de Donald Trump), il devient mondial, d’un phénomène passager,
il se prolonge et personne à l’heure nous écrivons, n’est capable d’en prédire la fin.
Des avis de plus en plus informés prévoient un phénomène de long terme ponctué par
confinements, déconfinements, re confinement (total ou partiel. la survie est tenue par
des pratiques d’un autre âge : masque, distanciation social, lavage des mains, confinement
entre autres. Après la recrudescence, on parle de nouvelle vague et il est même avancé que
c’est un virus le corona, avec lequel il faut “apprendre à vivre”
2
à défaut d’en assurer la
disparition.
La pandémie du coronavirus a pris de court quasiment tout le monde, les nations et
les gouvernements en plus de tous les opérateurs économiques et les citoyens et souvent
dans la précipitation, plusieurs décisions ont été prises au sommet des États à la hâte
ressemblant plus à du bricolage face à l’urgence et pour surtout limiter les dégâts sur la
population d’abord, ensuite sur l’économie. Cette pandémie arrive à un moment les
nations du monde étaient mobilisées dans le sens de la réalisation des Objectifs pour le
Développement Durable (ODD) dont l’échéance de 2030 arrive à une vitesse fulgurante.
Paradoxalement, un des effets indirects et inattendus de cette pandémie, c’est l’arrêt à l’échelle
planétaire des agents polluants qui ont constitué une menace permanente pour notre
planète terre et les générations futures : les usines (arrêtées ou au ralenti), le transport aérien
dans sa quasi-totalité, les transports routiers et la circulation automobile. Le niveau de
particules fines dans l’air a par exemple dépassé de 30 fois le seuil d’alerte dans des villes
comme Séoul, Pékin, etc.
Cette crise sanitaire, avec ses restrictions sur la mobilité des facteurs et notamment celle des
hommes et des produits s’est inévitablement transformée en une crise économique profonde
dont on arrive à peine à définir les contours. Perte de production et de revenus, crise des
balances de paiements, effondrements du prix des matières premières, le pétrole en tête mettant
en difficulté les pays producteurs, effondrement de secteurs d’activité entiers, dont le transport
aérien et avec lui le secteur du tourisme. (World Bank Outlook, 2020).
Cependant, au cœur de cette pandémie, l’incapacité de l’humanité à trouver un remède dans
le sens médical du terme, une crise profonde de la connaissance ou plus exactement de
2
Jonathan Van-Tam, Britain’s deputy chief medical officer UK, https://www.healthline.com/health-news/
why-we-need-to-learn-to-live-with-Covid-19#This-isnt-a-second-wave
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l’absence de connaissance (2) pour y faire face (Foray, 2000 ; Pillot et al., 2000). Plusieurs
éléments y contribuent : l’absence de remède miracle pour lutter contre les symptômes,
des avis divergents et controversés (cf. la controverse en France de l’hydroxy chloroquine
et le Dr Raoult), les vaccins sont encore au stage expérimental malgré les avancés en Russie
notamment. Et ceci dans un domaine où le stock de connaissance accumulé est phénoménal
dans les domaines directement concernés par le virus : pas moins de 65,6 millions résultats
d’articles et publication an immunologie et 18 millions de travaux en virologie existent sur
le Web : on se retrouve dans la situation où l’on connaît beaucoup trop mais pas assez.
Cependant, c’est aussi un contexte d’asymétrie de l’information prononcé (Akerlof, 1970 ; Pillot
et al., 2020).
Si l’état de l’art dans les domaines médical et pharmaceutique, peine à trouver une réponse
immédiate, montrant l’incapacité de l’économie de la connaissance à répondre d’une manière
rapide dans les pays du Nord, force est de constater que les effets dans le Sud ont été
inattendus. Plusieurs domaines ont connu des avancés spectaculaires durant la courte
période du corona virus : dans le domaine technologique, dans le domaine organisationnel,
dans le domaine social les formes de mobilisation de la société ont connu un bon en
avant. Ce sont également des domaines liés à la créativité, à l’innovation et à la recherche et
à l’entrepreneuriat notamment celui des petites entreprises et les start- ups. La crise devient
aussi une opportunité, une source de changement, de transformation, ou de renouveau. D’une
façon, assez inattendue, les pays en développement, se sont également pris en charge en
mobilisant certaines capacités dormantes (Djeflat, 2020 b),
(1)
la députée Laure de la Raudière, le 28 avril 2020, à l’occasion du débat parlementaire à l’Assemblée nationale.
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pour faire face à la crise une occasion de « leap frogging » (Grandin de l’Epervier 2020,
Baskaran, 2020). Quelles contribution de l’économie de la connaissance à la crise de la Covid-
19 ? Quels effets différenciés entre le Nord et le Sud ? Comment les pays du Maghreb ont-ils
saisi cette crise pour en faire une opportunité ?
Nous tenterons de répondre à tous ces questionnements dans cette contribution. La section
une rappellera quelques fondements théoriques et conceptuelles de l’économie de la
connaissance. La section deux examinera la question du lien entre économie de la connaissance
et la question de la crise et les effets au Nord. La section trois examinera la pandémie comme
source d’opportunités au Sud en en prenant les pays du Maghreb comme illustration. Une
dernière tirera les conclusions.
I.
Fondements théoriques et conceptuelles de l’économie de la connaissance
La connaissance
La connaissance est devenue une fonction fondamentale avec base avec la fonction
économique de base de production et d’échange de biens dans une économie (Dang et
Katsuhiro, 2009). La connaissance n’a pris l’importance qu’on lui doit en ce moment qu’à partir
du moment où on a mieux compris sa nature, ses caractéristiques et les nouvelles dynamiques
qu’elle peut engendrer. Si l’analyse économique a longtemps assimilé la connaissance et
l’information, les deux ont des frontières bien distinctes. La connaissance est basée sur une
information assimilée et utilisée pour aboutir à une action. K. Arrow (2000), qui est à
l’origine d’une première conception économique de la connaissance, définit trois propriétés
de la connaissance comme bien économique tant dans son usage que dans sa production
:
Premièrement
, la connaissance, assimilée à l’information, est « difficilement contrôlable ».
Dans une optique évolutionniste, les connaissances sont continuellement transmises,
absorbées et générées. La connaissance présente certaines caractéristiques fondamentales
d’imitabilité et de tacitement imparfaites, qui affectent la facilité du transfert de technologie
(Winter, 1987 ; Malerba et Lee, 2020).
Deuxièmement, « la connaissance est un bien non rival qui ne se détruit pas au fur et à
mesure qu’on l’utilise et son prix ne peut pas être fixé par rapport à d’autres biens. La nature
non rivale ou, mieux, augmentant des connaissances, a été un facteur clé du développement
humain (Battistini et Pagano, 2008) et pourrait être de plus en plus pertinent dans les économies
modernes du savoir (Bowles, 2006). Cependant, le paradoxe de l’économie de la
connaissance, semble être que le mélange d’institutions de connaissance et les règles et normes
de la production de la connaissance évoluent progressivement vers sa privatisation et malgré
les institutions de « science ouverte », ce qui compromet la possibilité d’exploiter
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avantages de la non-rivalité à un moment la connaissance devient de plus une activité
économique (Pagano et Rossi, 2009).
Troisièmement, « la connaissance est cumulative » c’est-à-dire que la production de savoirs
nouveaux est la conséquence immédiate des savoirs déjà existants : plus on en sait et on
découvre, plus il est facile de faire la prochaine découverte (Dang et Katsuhiro, 2009). De
ce fait l’innovation devient continue au lieu d’être épisodique permettant de saper la base
de de la contrainte des rendements marginaux décroissants (Unger et al., 2020). Elle dépend
d’une capacité cognitive se nourrissant essentiellement de savoir tacite, difficilement codifiable
et transférable « on sait plus qu’on ne peut dire » (Polanyi, 1996) et les opérations de recherche
(Foray, 2000). Machlup (1984), intègre l’information dans l’économie de la connaissance et
nous verrons dans le contexte actuel du Covid l’importance de distinguer information et
connaissance. Nonaka (1994) considère que la connaissance est créée et organisée par un flux
d’informations codées, elle s’enracine dans le système de valeur de l’individu. Elle présente
certaines caractéristiques fondamentales d’imitabilité imparfaite et de taciteness, qui affectent
la facilité du transfert de technologie (Winter, 1987 ; Malerba et Lee, 2020). Cependant,
elle se caractérise par son hétérogénéité et diversité. Il y a trois configurations dans la
littérature sur la question (Dang et Katsuhiro, 2009). la connaissance en tant qu’actif:
(ressources humaines, machines et équipement, plan et dessins etc.) peuvent se diffuser
facilement d’une entité à une autre ; en tant que relation grâce à l’interaction utilisateur-
producteur (Lundvall, 1988) qui permet l’innovation plus largement, les interactions entre
entreprises, universités, instituts de recherche, institutions financières et de marché, etc. Enfin,
la connaissance en tant que capabilité en d’autres termes «capacité d’agir», dans un processus
dynamique cohérent avec des plans d’actions et qui se reflètent dans les routines
d’exploitation, les routines d’investissement et les routines de recherche des entreprises
(Nelson et Winter, 1982). L’approche de la connaissance en tant que capabilité semble être
l’approche la plus appropriée pour examiner l’économie du savoir sachant que “posséder
des actifs sans activités ne garantit pas une économie de la connaissance” (Drucker, 1993).
Elle est de ce fait tout indiquée dans ce contexte de la pandémie du Covid-19 l’action
contrainte et rapide s’avère être le maître mot.
L’économie de la connaissance
Un certain nombre d’indicateurs montrent que l’économie de la connaissance est en
plein essor et il y a de la croissance, une grande partie provient de cette économie
selon Unger et al. (2020). Historiquement, et l’ère de la croissance fondée sur la connaissance
est datée de la fin des années 90 (Donovan, 2020) faisant suite à l’ère de l’économie mixte (des
années 50 au milieu des années 70) et l’ère de la libéralisation du marché (les années 80 début
des années 90). Elle peut être comprise comme une réponse aux bouleversements
économiques et sociaux découlant de l’ère de la libéralisation du marché, qui a vu des niveaux
élevés de chômage de longue durée surtout des jeunes dans
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les pays développés (Hall, 2016). De ce fait l’économie de la connaissance est née en temps
de crise et qu’elle a contribué à résoudre, ce qui rend plus apte à répondre à la situation
de crise du Covid-19 que nous connaissons.
Le concept « économie de la connaissance » ou « économie fondée sur la connaissance »
a commencé à apparaître au début des années 60 et a été attribué à Machlup (1962). Les
activités du savoir, telles que la création, la diffusion et l’utilisation du savoir, sont devenues
cruciales dans l’économie de la connaissance et elle est définie par l’OCDE (1996) comme «
celles qui est directement fondée sur la production, la distribution et l’utilisation de la
connaissance et de l’information » avec l’apprentissage comme élément clé de la réussite des
individus dans cette nouvelle économie. Elle est à la confluence de plusieurs phénomènes selon
Dominique Foray (2019) : Premièrement, l’augmentation significative du capital intangible
(3) consacré à la création de connaissance et au capital humain dans le stock de capital réel
(4) élargi à d’autres biens ( dont la propriété intellectuelle, le capital organisationnel, les
connaissance obtenus en open source). Deuxièmement, l’émergence d’un secteur autonome
dédié à la production, la codification et la distribution des savoirs utiles. Troisièmement,
l’explosion des technologies de l’information et de la communication (TIC), avec une
accélération continue et une consolidation mutuelle entre les TICs et les activités intensives en
connaissance. Quatrièmement, une croissance des emplois à fort contenu de savoir : ainsi,
l’EC se caractérise ainsi par un accroissement de la proportion de travailleurs hautement
qualifiés. L’ensemble de ces évolutions est corrélé à l’irruption d’un impératif : celui de
l’innovation permanente qui devient la nouvelle règle du jeu pour survivre (Baumol 2002).
Dans une optique évolutionniste, la RD et l’apprentissage non associés à la RD de type DUI-
Doing Using Interracting (Lundvall, 1998) représentent les deux processus d’apprentissage
de base par lesquels les entreprises accumulent des capacités au fil du temps à travers divers
moyen (Kim, 1997; Amsden et Chu, 2003). Une caractéristique plus profonde de l’économie
de la connaissance est la promesse d’assouplir, voire d’inverser, la contrainte des rendements
marginaux décroissants par le biais de l’innovation continue (Unger et al., 2020). Il s’agit bien
de transformations structurelles possédant une logique qui est celle de l’expansion des
secteurs et des activités fondés sur la connaissance (Stiglitz, 1987 ; Foray, 2004).
II.
La Covid-19 et économie de la connaissance au Nord
Ce n’est pas la première fois que l’économie de la connaissance se voit confrontée à une
situation de crise. Elle a été confrontée aux différentes crises : la crise financière de 2008 Foray
(2019), la crises H1N1 pour laquelle une fausse explication a été données (Forster et
(2)
Notamment consacré à la formation du capital humain et à la production des savoirs utiles.
(3)
États-Unis x ces investissements ont dépassé les investissements tangibles dès le milieu des années 90.
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Charnoz, 2013) et la crise au SRAS (Postel-Vinay et Chemardin, 2004). Cela a permis de
soulever la question de sa capacité à faire face à la crise. Avec la crise Covid-19 qui a d’abord
touché économies les plus avancées d’autres des questionnements son soulevés sachant que
l’économie mondiale est beaucoup plus imbriquée qu’elle ne l’était lorsque le SRAS est
apparu il y a près de 20 ans contribuant à une propagation plus rapide du Covid-19 (5).
Ces questionnements touchent concernent à la fois la connaissance et l’économie de la
connaissance. L’économie de la connaissance durant la période Covid s’est caractérisée par
l’accélération de l’émergence de biens communs immatériels non rivaux et non exclusifs
tels que des connaissances, un logiciel ou des savoirs : de plus en plus en plus socialisés (Benkler
et Nissenbaum, 2006).
Le traitement de la question du coronavirus a montré combien il est important de
mobiliser dans un temps record les différents piliers de l’économie du savoir. Pour
rappel l’économie de la connaissance repose sur quatre piliers : 1. L’éducation et la formation
; 2. La R&D et l’innovation ; 3. Les TICs et enfin ; 4. les institutions. Cela traduit également
le degré d’insertion des pays dans cette économie et qui vont réagir avec célérité et efficacité
selon leur degré d’insertion. Les pays scandinaves en tête dans l’échelle de cette économie
semblent plus aptes à y faire face. Les pays en développement ou pauvres pourront
malheureusement y faire face beaucoup plus difficilement comme les pays africains si cette
pandémie venait à se propager d’une manière importante sur le continent. Pour rappel
l’épidémie de l’Ebola en 2015-2016 a causé près de 11 500 morts en quelques mois dans
un nombre limité de pays en Afrique de l’Ouest. On examinera tour à tour les quatre
piliers de l’EC.
Les Technologie de l’information et de la communication comme élément central dans la lutte
contre Covid-19 ont pleinement montré leur utilité et font la différence. Comme moyen de
communication notamment par le biais des réseaux sociaux et professionnels, le niveau de
sensibilisation a été très rapidement atteint dans les différents pays là où les moyens
traditionnels auraient pris des semaines pour amener la population à vraiment réaliser la
gravité de la situation et la dangerosité de ce virus. A titre d’illustration, la société Netino
a passé au crible quelque 300 000 commentaires laissés de mercredi 11 à jeudi 19 mars
sur son réseau : 93 % des messages portaient sur l’épidémie dont 50 % étaient favorables
au confinement, ce qui l’a rendu plus acceptable aux yeux du public français. Les TICs ont
été sollicitées également pour organiser le télétravail et permis à des milliers de travailleurs
de continuer à opérer parfois dans des conditions presque normales notamment le
travail physique sur chantier (les éboueurs par exemple) et l’interface avec le public n’est
pas une condition fondamentale. En 2002, il aurait été extrêmement perturbateur voire
impossible de demander à tous les employés de travailler à domicile. Aujourd’hui, avec les
bons outils, c’est une pratique qui s’installe peu à peu
(4)
Jim Chirico,
CEO of Avaya
.
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et peut devenir plus la norme (Chirico, 2020) à la fois dans la période Covid que dans la période
post-Covid-19. L’espace de collaboration virtuelle a mûri à un point qui a rendu l’économie du
savoir beaucoup plus flexible et résiliente que par le passé, ce qui pourrait changer le résultat
non seulement d’épidémies virales potentielles comme la Covid-19, mais également changer
le travail à partir du domicile dans l’économie de plus en plus mondialisée. (Chirico, 2020)
L’économie collaborative a rogné aussi bien sur le champ des lois du marché, mais
également les espaces des institutions qui voulaient un excès de régulation par des formes
d’autogouvernance. Cela implique un accès internet haut débit généralisé et la possession d’outils
informatiques performants à domicile mais également la disponibilité de plateformes de
travail suffisamment développées, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de pays. Ceci sans
aller dans la question du paiement en ligne qui dans ce cas de figure permet de régler un
certain nombre de dépenses et de transaction à partir de chez soi. Beaucoup de pays en
développement ont pris un sérieux retard dans ce domaine-là.
La recherche et développement (R&D) : le Coronavirus a montré également d’une manière
criarde combien il était important de disposer d’une capacité de recherche et développement
(R&D) conséquente et de compétences avérées mobilisables à court terme sur des
problématiques nouvelles et inédites comme c’est le cas maintenant avec la Covid-19. Ces
compétences peuvent être sollicitées elles se trouvent et peuvent être localisées dans
divers endroits, dans l’industrie, dans l’université, et dans l’armée quand c’est nécessaire.
est apparu le rôle et l’importance de la recherche fondamentale qui s’avère nécessaire
quelque-soit le niveau de développement économique du pays mais pour répondre à des
problèmes réels de société. Lopen source reste l’un des phénomènes les plus prégnants. Comme
indiqué auparavant, la connaissance en tant que « capacité d’agir », dans un processus
dynamique cohérent avec des plans d’actions (Dang et Katsuhiro, 2009) prend le dessus par
rapport à ses autres attributs en tant qu’actifs ou en tant que relations (producteur utilisateur)
(Lundvall, 1988).
En France, à la suite de l’appel à projet exceptionnel COVID lancé en février 2020, huit
projets de recherche avec des équipes ont été sélectionnés pour lutter contre le coronavirus.
A l’échelle de l’Europe, la Commission européenne a retenu 17 projets qui seront financés avec
un budget de 47,5 millions d’euros dans le cadre des projets Horizons 2020 (6). Mais au-delà
du savoir formalisé, le savoir traditionnel sur des questions nouvelles peut également être
mobilisé. C’est ainsi que Le gouvernement indien a publié des conseils basés sur la médecine
ayurvédique, les médecines traditionnelles et l’homéopathie pour combattre le nouveau
coronavirus mais tout en lançant ses chercheurs dans les différents labos dans une course
contre la montre pour mettre au point un vaccin contre la maladie (7). Aux
(5)
https://www.horizon2020.gouv.fr/cid150048/recherche-sur-le-coronavirus-8-projets-avec-des-equipes-
francaises-finances-par-la-c.e.html
(6)
https://www.btlv.fr/coronavirus-linde-met-lhomeopathie-medecines-traditionnelles.html
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États-Unis, une force de frappe de 300 000 innovateurs médicaux, chercheurs et personnel
de plus de 2 500 universités, écoles de médecine et autres institutions de recherche dans chaque
État est mobilisable par le NIH (National Institute of Health) (8) pour trouver un remède
et un vaccin. Ceci montre combien il est important de soutenir la recherche médicale et la
recherche tout court dans le pays.
L’éducation et la formation sont une autre dimension de cette économie du savoir et qui
est mobilisée pour la lutte et la protection contre la Covid-19. Le système éducatif doit
mobiliser les jeunes de tout âge pour développer des attitudes relatives à l’hygiène, au
comportement individuel et en groupe en cas de désastres inclus ceux qui menacent la santé.
C’est également lui qui donne des bases suffisantes pour que l’élève et l’étudiant se sentent
à l’aise et pleinement opérationnels dans l’économie numérique et la société du savoir.
L’éducation inculquera comment être créatif et inventif pour trouver des solutions pour se
protéger, communiquer, créer des solutions et assoira les bases pour des futures opérateurs et
futures chercheurs capables de lancer des start-ups et de découvrir des solutions originales.
Le confinement montre combien il est important pour les élèves et les étudiants d’avoir
une pleine maîtrise des TICE (technologies de l’information et de la communication pour
l’éducation). Dans ce cas de figure, les cours à distance, les modes d’évaluation, le partage des
documents et d’outils de travail montrent combien il est important d’avoir cette symbiose entre
les deux piliers celui des TIC et celui de l’éducation et de la formation.
Les institutions : enfin, cette crise a montré quel est le rôle vital des institutions à coordonner
tous ces efforts de lutte contre le coronavirus et en particulier comment mobiliser d’une
manière suffisante, adéquate et efficace toutes les sources de savoir et de connaissances pour
les concentrer dans un même but celui de lutter contre la pandémie. Ces sources de savoir
et de compétences sont disponibles dans les institutions de l’État et les administrations mais
surtout au niveau des universités, des centres de recherche, les laboratoires et les équipes
spécialisées dans les entreprises au niveau du territoire national et à l’étranger parmi la
diaspora. Sur le plan institutionnel, le rôle de l’État comme institution de coordination prend
le dessus et le marché recule d’une manière significative. Non seulement une régulation
renforcée, mais carrément une action directe sur l’économie à travers ses institutions, le
transformant en État « interventionniste » à outrance. Aux États- Unis, En France, en GB, en
Allemagne, pour ne citer que ceux-là, Un État-providence dont on prévoit en force même
après la crise Covid, qui incarne la solidarité (Oudghiri, 2020) qui investit dans son hôpital
public, achète des machines d’assistance respiratoire et dégage
les fonds publics pour aménager
en urgence des services de soins intensifs « de campagne ».
Il est heureux de constater que des conseils scientifiques de haut niveau accompagnent
maintenant les décideurs dans leurs décisions. En France deux comités ont été installés
le premier conseil formé de douze chercheurs et médecins, et présidé par le prix Nobel
(7)
https://edition.cnn.com/2020/03/12/perspectives/coronavirus-vaccine-research/index.html
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de médecine Françoise Barré-Sinoussi. Il est doublé maintenant d’un deuxième comité
d’experts du nom de CARE (e Comité analyse recherche et expertise) tous versés dans la tâche
de trouver des solutions thérapeutiques et des formes d’organisation les plus adéquates pour
limiter l’impact.
Un certain nombre de pays ont adopté cette démarche montrant que la science vient
à la rescousse de la politique et que la décision finale passe par le savoir. Les politiques
se tournent vers des experts de la santé publique pour les aider dans cette crise, comme
en témoigne l’apparition d’Anthony Fauci aux côtés du président américain Trump ou du
Premier ministre britannique Boris Johnson flanqué du médecin-chef britannique et du
conseiller scientifique en chef. (McKee et Stuckler, 2020). C’est une démarche à pérenniser et à
étendre à tous les domaines surtout d’importance stratégique et vitale. C’est une démarche à
pérenniser et à étendre à tous les domaines surtout ceux d’importance stratégique et vitale.
III.
Les effets sur le Sud : réveiller les « capacités dormantes »
La pandémie, en dépit de son côté dévastateur en termes de santé humaine (le nombre
de morts et de malades) et sur l’économie a eu des effets positifs sur les pays du Maghreb
en permettant à ces pays de mobiliser des capacités dormantes dont ils disposaient mais
qui n’ont jamais eu l’occasion de s’exprimer. Ces capacités existent dans les domaines de
la science, la technologie, l’Innovation et l’entrepreneuriat pour faire face à la pandémie de
Covid-19. Les trois pays, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, ont alioré leurs capacités de
production nationale et de connaissances dans les secteurs de la fabrication et de la santé
pour faire face à la crise pandémique, principalement en raison de la pénurie sur le marché
intérieur de plusieurs des médicaments indispensables, les équipements de protection et
les équipements médicaux et la difficulté de les acquérir sur le marché international. On
examinera cela d’une manière plus détaillée dans les paragraphes qui suivent.
Algérie
L’Algérie produit de l’hydroxy chloroquine depuis 2017 via ses laboratoires CPCM Pharma
et dispose désormais de stocks suffisants pour couvrir les besoins du pays (9). Parallèlement, le
grand groupe Saidal, déjà connu pour sa stratégie d’innovation dynamique dans le domaine
pharmaceutique, a développé ses capacités de production de chloroquine et va bientôt lancer
une production massive dans les prochains jours: il dispose du savoir-faire, des compétences
et des équipements pour le faire, tout en lançant pour la première fois de la production de gel
(8)
https://fr.sputniknews.com/maghreb/202003261043398615-lalgerie-suffisamment-armee-en-chloroquine-
pour-lutter-contre-le-Covid-19/
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hydroalcoolique. Le pays a montré que d’autres capacités de production de masques existent :
le
groupe public de textile et cuir GETEX SPA s’est lancé dans la production de masques de
protection, à raison de 2 millions d’unités par mois (10). D’autres progrès notables ont été
réalisés dans le développement d’équipements de ventilation conçus au niveau national pour le
rendre plus simple et plus efficace. L’Entreprise Nationale de l’Industrie Electronique (ENIE)
s’est lancée dans la conception et la fabrication de respirateurs artificiels et respirateurs
automatiques selon le ministère de l’Industrie et des Mines (11). Enfin, plusieurs équipes
d’ingénieurs et de diplômés d’écoles polytechniques ont pu concevoir et fabriquer des tunnels
de désinfection avec divers degrés de sophistication (12).
L’intelligence artificielle est également sollicitée. La première start-up, Techgraph, a mis
en place un système appelé Corovid Rescue, dont le but est de construire une base de
données au niveau du Ministère de la Santé pour assurer la traçabilité des personnes infectées
par le virus ainsi que de celles avec lesquelles le patient a été en contact, à l’aide d’un QR
Code et de la géolocalisation. La deuxième start-up, Golden Corp Algérie, a développé une
application de prévention et de sensibilisation qui fournit aux utilisateurs des indications
en temps réel sur l’évolution du virus, des statistiques de propagation, mais aussi des
recommandations et des consignes sanitaires pour limiter les risques de contamination. (El
Watan du 13/04/2020) (13).
Maroc
Le Maroc qui est l’un des premiers pays à avoir pris des mesures drastiques pour arrêter
la diffusion du Covid-19 a également mobilisé ses capacités nationales. La première étape
a consisté à sécuriser l’ensemble de la production locale de chloroquine et à arrêter ses
exportations vers d’autres pays (Morocco World News) (14). Une unité de production à
Casablanca, appartenant au groupe Sanofi a fourni au ministère de la Santé des quantités
importantes de médicaments chloroquine et devrait couvrir en grande partie les besoins du
pays pour lutter contre la Covid-19. Les médicaments Nivaquine et Plaquenil y sont produits.
Six usines textiles fabriquent désormais exclusivement des masques médicaux, des
combinaisons de protection contre les matières dangereuses et d’autres articles de protection
(9)
https://maghrebemergent.info/le-groupe-public-getex-produira-6-millions-dunites-de-masques-de-protection/
(10)
https://www.algerie360.com/coronavirus-en-algerie-lenie-se-lance-dans-la-fabrication-de-respirateurs-
artificiels/
(11)
https://fr.sputniknews.com/maghreb/202004031043472036-Covid-19-en-algerie-des-benevoles-mettent-au-
point-un-tunnel-de-désinfection-intelligent/
(12)
https://www.elwatan.com/edition/actualite/propagation-du-coronavirus-les-start-up-en-renfort-pour-la-
sensibilisation-18-03-2020
(13)
https://www.moroccoworldnews.com/2020/04/298340/morocco-among-first-countries-worldwide-to-secure-
chloroquine-stock/
Revue Marocaine d’Audit et de Développement, 51, 2020-2021
Le Coronavirus et ses effets différenciés sur l’économie de la connaissance dans le Nord et dans le Sud
53
pour le personnel médical et le public. Les usines fournissent leurs produits directement
à l’entrepôt central du Ministère de la Santé (15). Ils ont reconverti leur matériel et leur
personnel pour produire trois millions de masques de protection par jour, dont des prototypes
ont été préalablement testés par des laboratoires selon le ministre de l’Industrie. Ils ont
modernisé leurs installations pour produire cinq millions de masques faciaux d’ici la mi-avril
(2020) afin de préserver la santé des citoyens et d’éviter leur contamination par la pandémie du
nouveau Coronavirus. Certains pays européens demandent au Maroc d’exporter ses masques
de protection, selon le ministre marocain de l’Industrie (Reuters) (16).
Le gel hydroalcoolique, en grande pénurie au début de l’épidémie, est produit localement.
Une usine de production d’éthanol, fermée après un incendie ces derniers mois, a été rénovée
d’urgence pour fournir des volumes suffisants de gel hydroalcoolique (17).
Le ministère marocain de l’Industrie a demandé aux fournisseurs d’aéronautique et
d’électronique du pays de développer et de fabriquer à la fois des ventilateurs non invasifs,
où un masque à oxygène est fixé sur le visage du patient, et des modèles invasifs où un tube
alimente en oxygène directement les poumons d’un patient sous sédation. Des médecins
et des ingénieurs d’institutions publiques ont contribué à la conception d’un ventilateur
non invasif déjà en production, capable de 3 000 heures d’utilisation. La conception de ce
respirateur est entièrement marocaine, de la fabrication du moteur réducteur, aux cartes
électroniques, aux autres pièces mécaniques et à l’assemblage (18) : c’est un écosystème de
compétences et de fabricants locaux qui s’est mobilisé pour la conception et la fabrication
de cet appareil respiratoire artificiel, y compris UM6P, INPT, MASCIR, GIMAS, cluster
électronique, Groupe Aviarail et Pillioty SERMP. Il est initialement destiné aux hôpitaux
chargés de l’accueil des patients atteints de coronavirus. Il est espéré que ce sera une rampe
de lancement pour l’industrie médicale du pays (World News 10 avril 2020) (19).
Tunisie
Enfin, la Tunisie a fait de gros efforts pour améliorer ses capacités et développer des
solutions locales pour faire face à la pandémie de Covid-19. La production d’hydroxy
chloroquine est tout à fait dans les capacités de l’industrie pharmaceutique tunisienne, comme
l’a déclaré le directeur général de Basic Health: un groupe de médecins et
(14)
https://www.moroccoworldnews.com/2020/04/298340/morocco-among-first-countries-worldwide-to-secure-
chloroquine-stock/
(15)
https://www.moroccoworldnews.com/2020/04/298947/morocco-to-increase-face-mask-production-from-
3-to-
5-million-per-day/
(16)
https://fr.africanews.com/2020/03/24/coronavirus-le-maroc-veut-generaliser-le-recours-a-la-chloroquine//
(17)
https://industries.ma/un-prototype-dappareil-de-respiration-artificielle-100-marocain-voit-le-jour/
(18)
https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-morocco-ventilator/moroccan-companies-begin-
ventilator-production-idUSKCN21S1ZV
Revue Marocaine d’Audit et de Développement, 51, 2020-2021
54 Abdelkader Djeflat
de chercheurs a lancé des essais cliniques avec l’utilisation de la chloroquine en l’association
avec d’autres médicaments pour traiter les patients infectés par le coronavirus (20). Un
véritable écosystème a été mis en place: le groupe de scientifiques et de chercheurs travaille en
coordination avec le Laboratoire National de Contrôle des Médicaments (LNCM), le Centre
National de Pharmacovigilance et l’Autorité Nationale d’Evaluation et d’Accréditation
Sanitaire (INEAS) selon le Tunisien agence de presse (Agence Anadolu, 25 mars 2020) (21).
Face à la difficulté d’importer des masques, l’industrie textile a été mobilisée pour produire
ces masques : environ 30 millions d’unités en 15 jours (22). De plus, la Tunisie semble
être allée encore plus loin en termes de mobilisation de ses capacités en haute technologie :
ainsi, un robot automatisé est utilisé pour la surveillance des mouvements de personnes
dans la rue et aide la police à faire appliquer le verrouillage du pays et à prévenir la
propagation du coronavirus (Middle East Eye, 30 mars 2020). Dans le laboratoire de l’hôpital
Charles Nicolle de Tunis, une équipe de médecins et chercheurs tunisiens a pu déchiffrer le
matériel génétique (ARN) du coronavirus qui cause de multiples cas de contamination en
Tunisie (La Presse tunisienne, 10 avril 2020) (23).
Ce ne sont que quelques exemples d’un potentiel significatif de capacités dormantes qui
existent dans la région et qui peuvent être mobilisées dans un temps relativement court en
temps de crise. Cette expérience devrait fournir des leçons pour réorienter les nouvelles
politiques de Scientifiques Technologiques et d’Innovation post-covid. Les trois pays ont
mis en place ou redynamiser des Comité scientifique du suivi de l’évolution de la pandémie
du nouveau Coronavirus (Covid-19) qui est pleinement opérationnel.
Conclusion
Il est difficile de conclure une analyse d’une situation en cours et dans les perspectives sont
encore très aléatoires. Deux visions semblent se côtoyer, celle des chiffres, à dominante
institutionnelle mettant en avant le rôle des organisations internationales à structurer un point
de vue et celle de l’approche par la connaissance qui va au-delà de la quantification et
présente des perspectives plus optimistes. Selon la première vision, la pandémie devrait laisser
des cicatrices durables en raison de la baisse des investissements, d’une érosion du capital
humain en raison de la perte de travail et de scolarité, et de la
(19)
https://www.aa.com.tr/fr/afrique/coronavirus-tunisie-des-m%C3%A9decins-entament-des-essais-cliniques-
avec-
usage-de-la-chloroquine/1778217#
(20)
https://www.aa.com.tr/fr/afrique/coronavirus-tunisie-des-m%C3%A9decins-entament-des-essais-cliniques-
avec-
usage-de-la-chloroquine/1778217#
(21)
https://www.realites.com.tn/2020/04/tunisie-vers-la-fabrication-de-30-millions-de-masques-de-protection-
en-15-jours/
(22)
https://www.msn.com/fr-xl/afrique-du-nord/tunisie-actualite/laboratoire-de-lh%C3%B4pital-charles-nicolle-
de-
tunis-le-mat%C3%A9riel-g%C3%A9n%C3%A9tique-du-coronavirus-tunisien-d%C3%A9couvert/ar-BB12qqt9
Revue Marocaine d’Audit et de Développement, 51, 2020-2021
Le Coronavirus et ses effets différenciés sur l’économie de la connaissance dans le Nord et dans le Sud
55
fragmentation des liens commerciaux et d’approvisionnement mondiaux (World Bank
Outlook, 2020). Pour l’autre vision, en dépit des incertitudes et de la volatilité, les
fondamentaux de l’économie de la connaissance semblent très favorables pour la croissance
à long terme, tels qu’ils étaient avant la pandémie. Dans cette seconde perception, la crise
est conçue comme quelque chose de plus profond, comme quelque chose d’évolutionniste
et d’organique qui apporte des changements structurels inévitables à chaque système qui
tangue. Ainsi, de cette manière, la crise est capturée comme quelque chose d’endogène,
d’inévitable et finalement de normal. Dans cette seconde approche, la crise fait référence
à quelque chose qui ressemble à la mort irréversible mais aussi à la naissance inévitable:
par la naissance du nouveau et la mort de l’ancien, en même temps. L’économie du savoir
se distingue également par la manière dont elle augmente le niveau de confiance et de discrétion
requis dans l’activité productive (Unger et al., 2020).
Cependant, notre regard se posera sur les pays du Sud en général, émergents et non-
émergents. Il est clair que la crise Covid-19 a mis en évidence d’une manière criarde des
inégalités dans le domaine de la santé montrant une fracture sanitaire en plus de toutes les
autres fractures, une faible résilience par rapport aux pays avancés (Mokyr, 2020). Ce n’est
pas le cas des pays du Sud coincée dans le « middle income trap » entre les pays usines à
bas salaires et pays innovateurs à hauts salaires (Rodrik, 2006 ; Yusuf et Nabeshima, 2009).
Cela est principalement à la fracture cognitive et des capabilités (Lee et Kim, 2009).
Plusieurs faiblesses des systèmes de soins de santé, perte du commerce et du tourisme,
diminution des envois de fonds, flux de capitaux modérés et conditions financières tendues
dans un contexte de dette croissante, informalité excessive peut représenter jusqu’à environ un
tiers du PIB et environ 70 % de l’emploi total dans les pays émergents et en développement.
En parallèle les systèmes de santé déjà en crise avant la pandémie et ont montré toute leur
vulnérabilité dans cette crise du Covid qu’ils doivent gérer souvent en parallèle avec d’autres
épidémie propre aux pays (Paludisme, fièvre jaune, Sida, Dengue, etc.) (World Bank
Outlook, 2020).
Pour les pays émergents et les pays en développement, dont beaucoup sont confrontés à
des vulnérabilités redoutables liées en particulier à l’informalité (Banque mondiale, 2020).
Les marchés émergents et des économies en développement, qui devraient se contracter de 2,5
% alors qu’ils font face à leurs propres épidémies nationales de virus.
Les guerres, les crises, les épidémies ont ceci de commun qu’elles provoquent des ruptures
dans les comportements. Certains comportements seront probablement acquis pour la vie,
après le corona notamment la grande découverte de la conférence à distance par zoom
(Phillipe Agion cité dans un article de presse) (24).
(23)
L’Opinion, 12 mai 2020, « Depuis que j’ai découvert Zoom, je sais que je prendrai moins l’avion pour aller
donner des conférences ».
Revue Marocaine d’Audit et de Développement, 51, 2020-2021
56 Abdelkader Djeflat
Des leçons importantes sont donc à tirer de cette crise de pandémie pour réorientation
et recentrer le modèle de développement économique et social dans ce nouveau moule de
l’économie du savoir. La pandémie de Covid-19 pourrait être un tournant pour, restaurer
la foi dans la science et réunir les gens. Cependant, cela se produira seulement si la voix
des scientifiques et des soins de santé les professionnels sont entendus. Politique et santé
ont toujours été inextricablement liés et le resteront toujours (McKee et Stuckler, 2020).
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... Within this framework, community pharmacies have been encouraged and compelled to expand their range of services from the simple provision of medicines to the provision of patientcentred services (Bragazzi et al, 2020). During the period of this health crisis, community pharmacists globally have faced a range of challenges to ensure continuity of patient care such as: infrastructure issues (Marwitz et al, 2021); weak technological and engineering base (Akande-Sholabi & Adebisi, 2020); access to medicines (Hamadi et al, 2022); Information and Communication Technologies (Djeflat, 2021); supply chain Hayden & Parkin, 2020) and the challenge of spreading contagion (Djeflat, 2022). ...
Article
Full-text available
The objective for this paper is to determine the extent to which pharmacists are adapting to the growing needs of customers at the covid-19 era. Both pharmacists and their clients are submitted to five challenges: spread of infections, access to medicines, self-medication, work management and staff training. In order to do so, an online case study using a semi-structured interview concerning the main challenges faced by 50 pharmacies during the covid-19 period to describe the role of pharmacies and discuss their future functions was conducted during the months of September/November 2023 in the region located in the far west of Algeria. Then, to measure the degree of urgency and importance of the challenges encountered, we adopted the Eisenhower matrix while using the Likert scale (of 05 choices) with the help of Sphinx plus software. We then applied the same analysis tool to a sample of 138 customers to reveal their degree of pharmaceutical adaptation. This study revealed a high degree of adaptation in terms of (importance/urgency) of pharmacies in relation to their customers for the five challenges mentioned above: (4.94-4.98) / (5/5) for the spread of infections; (4.56-4.94) / (3.97-4.57) for access to medicines; (3.98/1.66) against (3.88-1.54) for self-medication. (1.60-3.38) versus (1.57-3.39) for work management and (3.40-1.66) versus (3.46-1.37) for training. These results converge towards a concept of pharmaceutical adaptation, which is a trend of development for innovation in pharmaceutical management.
Article
Full-text available
This paper proposes an evolutionary view of economic catch-up, considered as a long-run process of closing the gap in capabilities by promoting learning and innovation in interaction with innovation systems (national, sectoral or regional). According to this perspective, catch-up is viewed as a dynamic evolutionary process which is not deterministic and cannot be planned in details, because it faces uncertainty and continuous change, is associated with a variety of exogenous events (windows of opportunity) and is the result of the idiosyncratic behavior of heterogeneous actors characterized by different understanding, views and experiences. This leads to a variety of responses and strategies by latecomer firms and countries, even in the presence of similar external technological or market conditions. One major point that emerges from this perspective is there is a strong complementarity between learning and capabilities by domestic firms and the national, sectoral, and regional systems in which firms operate. The paper also discusses various strategies, such as detours and leapfrogging, along the various stages and the different paths and trajectories that this long-term evolutionary process of countries and sectors follows.
Article
Full-text available
Le traitement de la question du coronavirus a montré combien il est important de mobiliser dans un temps record les différents piliers de l’économie de la connaissance.
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In the 1990s, the ‘knowledge economy’ was hailed as a key driver of future prosperity by progressive policymakers in developed democracies. According to its proponents, in the knowledge economy, companies and countries alike would succeed by cultivating workers’ knowledge – as opposed to traditional forms of capital such as plant and machinery. This had radical implications for public policy, implying that education reform and other supply-side interventions could deliver inclusivity as well as prosperity. Today, however, this benevolent vision of the social and economic impacts of technological progress has been superseded by an altogether more dystopian view, associated with automation and the rise of artificial intelligence, as well as transformations in the digital economy and the evolving nature of globalisation. This paper analyses that transition. It charts the key assumptions of the knowledge economy concept, through an intellectual history that focuses on how these ideas manifested themselves in the rhetoric of the UK Government under Tony Blair. It then shows how evolving understandings of the digital economy, technological progress and globalisation challenge these assumptions, and the policy agenda that was premised on them.
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The current global socio-economic crisis and restructuring reshapes the terms of study of the global dynamics as a whole. A new generation of interdisciplinary socio-economic research on the matter in question seems to be progressively emerging in international literature.Against this background, it gradually emerges the understanding, that any attempt to interpret the individual contemporary socio-economic phenomena, which relate to the crisis and the attempt to restructure globalization, can only be inadequate and ineffective, since it fails to fully approach the current dynamics of globalization in synthetic, holistic terms.In this direction, new interpretative approaches seem to intensify interpenetration and conceptual syntheses between the different fields of socio-economic sciences, in an increasingly unified perspective, by extensively "borrowing" –in a direct and indirect way– methods and theoretical "lenses" derived from system science, chaos theory, and evolutionary economics.In the depth of this methodological rearrangement, according to the position put forward in the following paper, it is crucial that an effort is made to move from a conjunctural to a structural perception of the crisis. Ultimately, the great challenge for the field of study of global dynamics nowadays is the transition from the methodological principles of the traditional mechanistic interpretative method to a coherent and integrated evolutionary socio-economic perspective.
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Commons‐based peer production is a socio‐economic system of production that is emerging in the digitally networked environment. Before turning to an analysis of the relationship between the emergence of peer production and virtue, it is important to underscore one further central characteristic of peer production. The best‐known examples of commons‐based peer production are the tens of thousands of successful free software projects that have come to occupy the software development market. The central thesis of this chapter is that socio‐technical systems of commons‐based peer production offer not only a remarkable medium of production for various kinds of information goods but serve as a context for positive character formation. Exploring and substantiating these claims will be the authors' quest, but they begin with a brief tour through this strange and exciting new landscape of commons‐based peer production and conclude with recommendations for public policy.
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The COVID-19 pandemic became a challenge to all the health care systems across the world causing at places collapse of the healthcare systems and endangering the healthcare professionals and consequently the public health. One powerful tool for the healthcare systems and the policy makers is Health Informatics. This brief article presents the challenges faced by Health Informatics in supporting healthcare professionals and public health authorities in the world.
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Previous crises have shown how an economic crash has dire consequences for public health. But in the COVID-19 pandemic, the world is entering uncharted territory. The world’s leaders must prepare to preserve health.
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The northern California town of Mendocino, which was the shooting background for the film “East of Eden” starring James Dean, retains some of the air of its late nineteenth century role as a harbor to ship out lumber cut from the mountainsides. Ex-hippies-turned-farmers and artists live in the surrounding area. In the latter half of the 1990s, we rented a house facing the Pacific Ocean from an artist every summer. My wife and daughters went back and forth to Stanford for their activities, but I burrowed myself there for the summer with our dog Robin, brought back with us from Japan, and focused on writing my survey on comparative institutional analysis: Toward a Comparative Institutional Analysis (MIT Press, 2001). Mornings and evenings I took Robin for a walk on the cape where there was a greater than 180 ° view. In the morning, the horizon was veiled in fog, while in the evening the ocean was tinted red by the setting sun. It was the perfect place for rethinking problems and reorganizing chapters. Robin was a small mixed breed with some Shikoku-ken, but she was stubborn and at times got into fights with a large Coast Guard officer’s watch dog. My family enjoyed meals made from the organic produce we bought at the farmers’ market (so many varieties of tomatoes); we also went to the harbor to buy albacore tuna and fresh sea urchin still in its thorny shell.
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Cet article s’interroge sur la pertinence théorique et pratique de la notion de bien public mondial appliquée à la santé. En effet cette notion est généralement utilisée pour exprimer la capacité des acteurs mondiaux de la santé à atteindre des objectifs internationaux de convergence entre les niveaux de santé. La première section met en évidence l’ambiguïté conceptuelle, tout à la fois externe (coexistence de plusieurs conceptions) et interne (malléabilité à l’intérieur des conceptions) de la notion de santé comme bien public mondial. La deuxième section soulève l’ambiguïté de la santé comme bien public mondial sur le plan normatif, en soulignant la coexistence de trois approches prescriptives (conception sécuritaire, approche par les droits, vision en termes de partenariats multipartites). La troisième section examine en quoi l’absence d’un projet commun de santé comme bien public mondial repose sur des divergences de motivations parmi les acteurs.