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Éléments pour une approche sociologique du vieillissement après la retraite
... En 2017 en France métropolitaine, l'espérance de vie à la naissance atteignait 79,5 ans pour D'autres facteurs influencent le fait de rester en santé. Ainsi, des comportements adaptés comme une alimentation saine, la pratique d'une activité physique, le fait de ne pas consommer de tabac ou de l'alcool, contribuent à réduire le risque de maladies comme les pathologies cardiovasculaires et à améliorer les capacités physiques et mentales (Caradec, 2004 ; Haut Conseil de la santé publique, 2018). Des exercices visant à entretenir la masse musculaire et une bonne nutrition peuvent également aider à préserver les fonctions cognitives, à retarder la dépendance et à inverser le processus de fragilisation. ...
... La diversité du vieillissement observée à un âge avancé n'est donc pas le fruit du hasard et s'explique par ces inégalités cumulées de santé tout au long de la vie (Caradec, 2004 Toutefois, marquée par un manque de ressources humaines, l'attractivité de ces secteurs d'hébergement auprès des professionnels de santé reste à repenser en se posant la question de la spécificité de la prise en soins. Pour tenter de répondre à cette question, nous avons réalisé 57 entretiens semi-directifs auprès de personnes âgées, de professionnels et d'étudiants en santé, et de familles dans 10 EHPAD pour interroger l'expérience vécue de ces acteurs. ...
... De fait, de nombreux sentiments se mélangent à l'évocation de la vieillesse (Hummel, 1998). Par ailleurs, ces éléments sont repris dans le discours des personnes âgées et complétés par la notion d'inégalité rattachée au niveau de dépendance physique et/ou psychique (Caradec, 2004). ...
Le vieillissement de la population est un défi en termes d’accompagnement de la dépendance physique et/ou psychique du sujet âgé.Une étude épidémiologique dont l’approche est pluridisciplinaire, et qui utilise les outils de l’anthropologie en insistant sur l’approche qualitative menée sur dix EHPAD (Limousin et Ile de La Réunion) a eu pour objectif de contribuer à l’amélioration des connaissances sur les expériences vécues par les personnes âgées et les familles de résidents Alzheimer, les étudiants et les professionnels de santé. Pour cela, les représentations socio-culturelles/expérience vécue de la population de l’étude ont été explorées ainsi que la décision d’entrée, la vie quotidienne et la prise en soins prescrite, perçue et réelle en EHPAD.Ainsi, les résultats montrent que l’entrée en EHPAD est multifactorielle et influence les stratégies d’adaptation des résidents. Le contexte de vie contraint, encadré par des règles de fonctionnement renvoyant à la vie en collectivité, collectivité de « vieux », impacte le processus de socialisation de la personne âgée. Vivre en maison de retraite, c’est un changement socio-culturel radical. D’ailleurs, exercer en maison de retraite pour les professionnels de santé relève d’un travail sur la posture et l’identité professionnelles en raison du conflit entre les représentations de la vieillesse et les expériences vécues. Cela implique le développement de compétences liées aux savoirs relationnels. En outre, pour les étudiants en santé, faire son stage en EHPAD, c’est découvrir une institution qui est un véritable lieu de vie et de travail envisageable. Pour finir, l’EHPAD bouleverse les représentations de la vieillesse, ce qui questionne l’accompagnement de l’entrée en EHPAD discuté dans ce travail.
... Bien que cette transition ouvre sur un probable ultime cycle de vie marqué par un processus de vieillissement (Eraly, 2013 ;Siaugues, 2016), elle offre de nombreuses possibilités d'« engagements dans de nouvelles activités ou de nouveaux rôles sociaux » qui en font une étape de l'existence désirée et attendue (Blanchet & Debrand, 2007 ;Caradec, 2008Caradec, , 2010. En lien avec de nouvelles terminologies évoquant le « vieillissement actif » de « jeunes retraités », l'idéologie contemporaine de la retraite enjoint à chacun de faire ce qui lui plaît, notamment ce qu'il n'a pas eu le loisir de réaliser auparavant (Caradec, 2004 ;Guillemard, 2013 ;Lalive d'Epinay, 1996). ...
... Si quelques-uns des processus décrits dans le travail longitudinal de (Gee, 2018) qui portait sur l'évolution psychologique et émotionnelle au cours de cette période, se retrouvent également dans notre étude (i.e., le détachement progressif et l'ambivalence entre la liberté retrouvée et la difficulté à élaborer une nouvelle identité), ils occupent une place relative et sont à comprendre 14 dans leurs relations avec d'autres processus. Montrant qu'au cours de la transition de retraite, la conscience de soi au présent importe finalement plus que le travail antérieurement exercé (Barnes et Parry, 2004 ;Wang & Shi, 2014), nos résultats s'inscrivent dans la continuité des travaux mettant en avant l'idée d'un nouveau départ pour les individus (Alaphilippe et al., 2001 ;Shultz & Adams, 2007), en lien avec une éventuelle redéfinition de soi (Membrado, 2010) et avec de nombreuses possibilités d'engagements dans de nouvelles activités ou de nouveaux rôles sociaux (Blanchet & Debrand, 2007 ;Caradec, 2008Caradec, , 2010. Pour autant, contrairement à certaines thèses avancées (Nuttman-Shwartz, 2004), la transformation radicale de la vie n'apparaît pas nécessaire ni systématique, la transition pouvant s'accomplir en parfaite continuité avec l'existence antérieure (Atchley, 1999). ...
Introduction – L’analyse interprétative phénoménologique (IPA) est une méthode d’analyse qualitative du discours qui vise à la compréhension de l’expérience vécue et du sens que les individus lui attribuent.
Objectifs – Après avoir décrit ses fondements théoriques et sa méthodologie, l’article prend appui sur une recherche portant sur le vécu de la transition de retraite qui a collecté 28 entretiens. Il vise ainsi à montrer l’intérêt de cette méthode pour faire saisir les processus psychologiques et réflexifs inhérents aux périodes de vie marquées par des transformations.
Méthode – Centrée sur la manière dont les personnes se figurent leur propre transformation identitaire à l’âge de la retraite et sur le sens qu’elles lui donnent, l’analyse rend compte des ajustements apportés à la vie quotidienne, au rapport au temps, et aux relations sociales en prenant appui sur l’étude détaillée d’un cas, comparé ensuite à cinq autres cas.
Résultats – Le besoin d’opérer une rupture, manifesté par l’ampleur et la forme des transformations données au quotidien, varie selon les sujets, du sens étant attribué non seulement à la rupture mais aussi à la continuité. Un vécu temporel marqué par un présent à reconfigurer et des relations interpersonnelles jugées signifiantes sont en revanche très partagés.
Conclusion – En permettant de mettre en lumière les processus psychologiques et réflexifs de l’expérience du passage à la retraite, cette étude effectuée en référence à l’IPA peut contribuer à nourrir les pratiques d’accompagnement à la retraite qui tendent à se développer.
... More generally, it calls on us to qualify the conceptions underlying the theories of successful ageing. Indeed, what the two opposing figures of ageing derived from disengagement theory (Cumming and Henry 1961) and activity theory (Havighurst 1963) have in common is that they approach ageing insofar as it is successful, that is, that the strategy adopted is accepted by the individual, that it suits them and brings them satisfaction (Caradec 2004). Our results are in line with a more nuanced vision corresponding to the concept of 'detachment' (Caradec 2004;Clément et al. 2018) since the actors may 'no longer have control' over certain things or relationships, and do not rule out the possibility that they may still have control over others. ...
... Indeed, what the two opposing figures of ageing derived from disengagement theory (Cumming and Henry 1961) and activity theory (Havighurst 1963) have in common is that they approach ageing insofar as it is successful, that is, that the strategy adopted is accepted by the individual, that it suits them and brings them satisfaction (Caradec 2004). Our results are in line with a more nuanced vision corresponding to the concept of 'detachment' (Caradec 2004;Clément et al. 2018) since the actors may 'no longer have control' over certain things or relationships, and do not rule out the possibility that they may still have control over others. Given the new constraints such as those linked to going into a nursing home, people will disengage from certain activities and social relationships so that they can preserve others that may be essential and significant to them. ...
Nursing homes are the quintessential example of vital service captivity. Consumers need vital services when they can no longer fulfil their basic needs on their own and their only choice is to delegate them to the market (e.g. care services for long-term and chronic illnesses, eating assistance at mealtimes). The service is referred to as ‘captive’ because older people are generally unwilling to use it, and when they have to, their options are limited. For elderly consumers, there is ‘no exit possible’, and as such they must integrate the service into their sense of self. The paper aims to (1) identify strategies for coping with vital service captivity and (2) present the identity negotiation mechanisms that lead people to choose one strategy over another. The study was conducted over a 6-month period in three nursing homes. Data collection includes semi-structured interviews, focus groups, participant observations, and micro-interviews with consumers – elderly residents and their families – and nursing home staff. Its main contribution is to highlight that coping with vital service captivity is a differential process. Consumers implement multiple coping strategies simultaneously, and these strategies are linked to three areas: routinization, socialization, and assimilation of a new social status. Moreover, implementing coping strategies means striking a balance between ‘disengagement’ and ‘engagement’ that not only takes into account former life trajectory, future prospects, and social comparisons, but also any changes in physical or cognitive skills and family support. Understanding these coping strategies and identity negotiation mechanisms highlights some unintended consequences on residents’ well-being, such as the importance of standardizing how the service is organized because it provides a stable framework, or the importance given to the well-being of all stakeholders (other consumers, staff) as a result of the community living situation.
... Par exemple, Madame Charoze, née en 1951 et son conjoint quittent leur maison, le jardin étant devenu trop grand pour eux, pour élire domicile dans une maison avec un terrain plus réduit mais proche des commerces et des services, notamment de santé auxquels ils peuvent accéder à pied. On voit transparaître dans cet entretien le processus de déprise (Clément et al., 1996 ;Caradec, 2004) qu'elle décrit très bien à travers l'exemple de son jardin devenu trop grand pour s'en occuper. « Et il voulait revenir par ici. ...
... Plus généralement, c'est une conjonction de facteurs qui déstabilise les trajectoires, la retraite étant fréquemment associée à une dégradation de la santé 10 , des conditions physiques mais aussi financières. Il n'en reste pas moins que la dernière mobilité observée dans l'enquête Amare ne peut se comprendre que resituée dans l'ensemble du parcours des individus et doit être analysée en relation avec le processus de déprise (Clément et al., 1996 ;Caradec, 2004) qui se produit aussi bien par anticipation des problèmes que par résignation. Elle est choisie ou, au contraire, contrainte, décidée par les personnes elles-mêmes en fonction de leurs proches, ou par leurs proches, confirmant l'importance du réseau familial dans la construction des trajectoires résidentielles (Nowik & Thalineau, 2010 ;Cuturello, 1993) et ce, tout au long de leur vie (Cuturello & Godard, 1982 ;Bonvalet & Gotman, 1993). ...
Cet article retrace les parcours résidentiels des 58 retraités nés entre 1927 et 1952 interrogés dans le cadre de l’enquête Amare et les resitue dans le temps long pour les envisager en tenant compte des différentes trajectoires (familiales, sociales, professionnelles) qui composent la vie des individus – l’idée directrice étant que ces dernières constituent une même histoire personnelle (Girard, 1964 ; Grafmeyer, 2010). Prendre en compte l’ensemble des sphères de vie tout en analysant leur intrication est un moyen de saisir l’intelligibilité des trajectoires, d’en appréhender les logiques, de découvrir des effets de « contamination » d’une sphère à l’autre (Bidart, 2006), mais aussi d’observer les « bifurcations biographiques » (Grossetti et al. , 2009) qui impliquent des arbitrages, des réaménagements. La mobilité sera alors appréhendée comme « la capacité des êtres sociaux au cours de leur existence à redéfinir le sens des situations auxquelles ils se trouvent confrontés et les enjeux qui leur importent » (Grafmeyer, 1994). Après avoir décrit les trajectoires résidentielles des enquêtés dans leur ensemble, nous examinerons comment celles-ci, traversées par le processus de désinstitutionalisation de manière différente selon le genre et la génération, se sont écartées du modèle de parcours logement mis en place depuis les années 1960.
... Néanmoins, on note que pour quelques personnes, le logement choisi suite au veuvage n'est qu'une étape dans la trajectoire résidentielle qui pourra comprendre plusieurs autres déménagements. Certaines, estimant le logement inadapté pour une personne seule, décident de déménager tout de suite et se donnent le temps pour trouver le logement qui correspond le mieux à leur nouvelle situation (recherche de la proximité d'un enfant ou d'équipements, retour dans leur région d'origine (Nowik, 2009 (Clément et al., 1996 ;Caradec, 2004) qu'elle décrit très bien à travers l'exemple de son jardin dont elle ne pouvait plus s'occuper. Elle déménagera, tout en conservant un petit terrain qu'elle fera entretenir. ...
... Mobilités de confort pour les uns (Driant, 2007), mobilités d'ajustement pour les autres Nowik, Thalineau, 2010), il apparait indéniable que les trajectoires à la retraite et en milieu de retraite des enquêtés s'avèrent loin d'être linéaires, y compris pour les générations plus âgées qui connaissent des réaménagements de leur existence au moment d'un veuvage ou d'un problème de santé, relativisant (au moins pour les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête), l'idée d'une standardisation de leurs trajectoires qui seraient ordonnées, tracées pour tous et pour toutes. Toujours est-il que cette mobilité doit être analysée en relation avec le processus de déprise Caradec, 2004) qui se produit aussi bien par anticipation des problèmes que par résignation. Elle aura été choisie ou au contraire contrainte, décidée par les personnes elles-mêmes en fonction de leurs proches, ou par leurs proches. ...
Avec l’augmentation de l’espérance de vie aux âges élevés et les mutations qui ont bouleversé la société depuis la Seconde Guerre mondiale, l’étape de la retraite a connu de profondes transformations et s’étend désormais sur plusieurs années voire décennies. Cet allongement de la retraite permet l’élaboration de projets ou de stratégies résidentiels pour adapter son mode de vie aux différentes étapes de l’avancée en âge.
Si la mobilité au moment de la retraite a fait l’objet de nombreuses recherches depuis les années 1980, les choix de vie opérés tout au long de cette étape restent beaucoup moins étudiés. En interrogeant 72 retraités du régime général nés entre 1927 et 1952 et ayant déménagé en 2015, nous avons souhaité comprendre leur mobilité, en dégager le sens et les logiques sous-jacentes.
L’enquête Amare permet ainsi de resituer la dernière mobilité observée au regard des parcours de vie et des contextes historiques, économiques et territoriaux. Les comportements des individus durant la retraite face aux événements de la vieillesse se révèlent très variés, à l’image des situations étudiées dans ce cahier : les focus sont mis successivement sur l’histoire résidentielle, le choix du dernier logement et de son aménagement, la question de la recomposition de son environnement social, des liens de sociabilité, la spécificité des trajectoires des ménages modestes, les mobilités après un veuvage, ou hors de métropole sur l’île de La Réunion.
... Par ailleurs, elle initie en tant qu'évènement inéluctable l'entrée dans un processus de vieillissement avec l'idée d'un probable ultime cycle de vie (Eraly, 2013 ;Siaugues, 2016). Ce qui est apparu plus récemment, c'est qu'avec les nombreuses possibilités ouvertes en contrepartie pour ce dernier, en termes d'engagements potentiels dans de nouvelles activités ou de nouveaux rôles sociaux souvent valorisés, elle est aussi devenue une étape de l'existence désirée et attendue (Blanchet & Debrand, 2007 ;Caradec, 2008aCaradec, , 2010. S'enracinant dans la diffusion des valeurs d'épanouissement et de réalisation de soi (Giddens, 1991 ;Honneth, 2006), l'idéologie contemporaine de la retraite enjoint alors à chacun de faire ce qui lui plaît, notamment ce qu'il n'a pas eu le loisir de réaliser auparavant (Lalive d'Epinay, 1996). ...
... Victor illustre fort bien l'idée selon laquelle le passage à la retraite ne se réduit pas à une date précise qui sépare la vie professionnelle au moment formel de la « cessation d'activité », mais s'étend sur une certaine durée, initiée grâce aux processus d'anticipation. S'inscrivant dans ce que Caradec (2008a) appelle une désocialisation professionnelle anticipée pour désigner une prise de distance progressive par rapport à l'investissement consacré au travail en période de fin d'activité professionnelle, et dans la réalisation de soi à travers l'engagement dans de nouvelles activités fortement investies (Caradec, 2010), ces processus facilitent la transition de retraite, rendue plus douce, graduelle, progressive et réfléchie (Kohli & Kunemund, 2002). On retrouvera aussi dans ce cas la confirmation de ce qu'affirment Alaphilippe, Gana & Bailly (2001, p. 39) sur la continuité psychologique et sociale dans laquelle la retraite vient s'inscrire, notamment à propos de ceux « qui ont traversé leur vie de travail de manière dynamique, occupant des emplois valorisants, gagnant des places dans la hiérarchie sociale », qui sont aussi ceux ayant plus de projets et dont « on suppose qu'ils vont gérer leur retraite comme ils ont géré leur vie, de manière active, efficace et valorisante ». ...
Avec l’approche de la retraite, l’individu se trouve confronté à l’un des derniers grands tournants de son existence, dans une phase où il est encore souvent plein de force et d’énergie, mais où il perçoit les signes et le présage de sa propre finitude. L’objectif de ce chapitre est d’examiner les processus impliqués dans la construction de cette transition avant et après l’entrée en retraite. Il s’agit donc d’interroger, sur la base d’études de cas, la façon dont les personnes concernées conçoivent, organisent et structurent cet âge de la vie ouvrant possiblement à de nouvelles activités et à de nouvelles formes d’engagement dans des rôles socialement valorisés, avec la diffusion de valeurs d’épanouissement et de réalisation de soi.
... Par ailleurs, elle initie en tant qu'événement inéluctable l'entrée dans un processus de vieillissement avec l'idée d'un probable ultime cycle de vie (Eraly, 2013 ;Siaugues, 2016). Ce qui est apparu plus récemment, c'est qu'avec les nombreuses possibilités ouvertes en contrepartie pour ce dernier, en termes d'engagements potentiels dans de nouvelles activités ou de nouveaux rôles sociaux souvent valorisés, elle est aussi devenue une étape de l'existence désirée et attendue (Blanchet & Debrand, 2007 ;Caradec, 2008aCaradec, , 2010. S'enracinant dans la diffusion des valeurs d'épanouissement et de réalisation de soi (Giddens, 1991 ;Honneth, 2006), l'idéologie contemporaine de la retraite enjoint alors à chacun de faire ce qui lui plaît, notamment ce qu'il n'a pas eu le loisir de réaliser auparavant (Lalive d'Epinay, 1996). ...
... Victor illustre fort bien l'idée selon laquelle le passage à la retraite ne se réduit pas à une date précise qui sépare la vie professionnelle au moment formel de la « cessation d'activité », mais s'étend sur une certaine durée, initiée grâce aux processus d'anticipation. S'inscrivant dans ce que Caradec (2008a) appelle une désocialisation professionnelle anticipée pour désigner une prise de distance progressive par rapport à l'investissement consacré au travail en période de fin d'activité professionnelle, et dans la réalisation de soi à travers l'engagement dans de nouvelles activités fortement investies (Caradec, 2010), ces processus facilitent la transition de retraite, rendue plus douce, graduelle, progressive et réfléchie (Kohli & Kunemund, 2002). On retrouvera aussi dans ce cas la confirmation de ce qu'affirment Alaphilippe, Gana & Bailly (2001, p. 39) sur la continuité psychologique et sociale dans laquelle la retraite vient s'inscrire, notamment à propos de ceux « qui ont traversé leur vie de travail de manière dynamique, occupant des emplois valorisants, gagnant des places dans la hiérarchie sociale », qui sont aussi ceux ayant plus de projets et dont « on suppose qu'ils vont gérer leur retraite comme ils ont géré leur vie, de manière active, efficace et valorisante ». ...
Le XXIe siècle est marqué, pour les sociétés postmodernes, par une déstandardisation
des trajectoires professionnelles ; mais celle-ci est doublée
d’une injonction sociétale à construire du sens à sa vie tout en sachant
rebondir face à l’adversité et cela à tous les âges de la vie. La possibilité pour
une personne de faire des choix scolaires et professionnels en lien avec ce
qu’elle valorise et de les atteindre réellement, ou « capabilité » d’orientation,
est néanmoins inégalement répartie. Aussi la construction d’un contexte
sociopolitique fondé sur des environnements permettant à chaque citoyen.ne
d’être en capacité d’exercer ses droits à « l’orientation et à la formation » se
pose-t-elle avec acuité aujourd’hui.
Ancré sur le paradigme de l’orientation tout au long de la vie et appréhendé
par le prisme de la psychologie de l’orientation, cet ouvrage propose d’en situer
les enjeux théoriques et pratiques à la lumière des récentes évolutions mises
en oeuvre institutionnellement et attestées par de nouveaux usages.
Cet ouvrage comporte trois parties. La première aborde les transformations
théoriques et pratiques engendrées par ce nouveau paradigme dans le champ
de la psychologie de l’orientation. À travers des études exemplaires, les
autres parties s’attachent, d’abord, à mieux décrire la spécificité des publics
et des contextes, puis à traiter des cadres et dispositifs. Ouvert aux étudiants,
professionnels et chercheurs en psychologie de l’orientation, l’ouvrage
intéressera aussi les acteurs de l’accompagnement institutionnalisé.
... Les études portant sur l'identité intéressent les sociologues du vieillissement (Druhle, 1986 ;Clément, 1997 ;Clément et Mantovani, 1999 ;Caradec, 2004 ;Mallon, 2004), entre autres. Ces travaux optent pour une continuité, donc une maintenance de l'identité. ...
... La pratique collective risquerait d'accentuer les tensions identitaires. Comme le souligne Caradec (2004), le passé constitue un point d'appui essentiel pour les personnes âgées dont l'existence est marquée par l'abandon de nombreux engagements antérieurs. Cependant, cet abandon n'est pas le signe d'une déprise du corps, mais au contraire révèle une volonté de garder le contrôle de son corps. ...
... La façon de vivre la transition de la retraite dépend aussi de l'image sociale, de l'idée socialement construite de cette phase de la vie. Dans les années 1960-1970, l'idée dominante de la retraite était celle de « retraite-retrait », de déprise(Caradec, 2004), qui comporte un désengagement du monde extérieur, où le monde social s'éloigne de l'individu autant que l'individu s'éloigne de la société.Guillemard (1972) arrivait à considérer la retraite comme une véritable « mort sociale », un détachement progressif de la société des actifs. Aujourd'hui, et à partir des années 2000, la notion de vieillissement actif encourage à considérer le retraité comme acteur à part entière. ...
... L'allongement de l'espérance de vie qui caractérise les sociétés occidentales à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale n'est pas sans poser d'importants défis sur lesquels la revue Gérontologie et société s'est régulièrement penchée. Tout d'abord des défis posés par ces fins de vie qui s'étirent davantage en longueur, défis qui portent notamment sur la santé, que ce soit au travers de la prise en charge d'individus plus âgés (Piou, 2013 ;Moulias, Moulias et Busby, 2010, par exemple ;Caradec, 2004Caradec, , 2007 ou des pathologies qui se déclenchent ou s'aggravent avec l'âge (Ankri, 2009 ;Laroque et Cassou, 2008 ;Diana et Meyer, 2012 ;Ngatcha-Ribert, 2012). L'augmentation de la durée de vie interroge également la répartition du travail entre les âges et encourage la promotion d'un vieillissement au travail (Guillemard, 2010), voire de l'emploi senior. ...
... We then compared groups by gender to assess similarities and differences to their identities as retirees and their attitudes concerning active ageing, and its representation. The themes were constructed based on the literature on the construction of the identity in retirement (Caradec 2004) and also on their recurrence in the respondents' discourses. These themes were pertinent to talk about their identity as retirees especially, but also of active agers. ...
Similar to other countries in the European Union, contemporary Switzerland faces concerns about an ageing population, and the policy framework of active ageing is one response. Today’s retirees are asked to actively participate in society in ways that are recognized as social contributions. We argue, however, that the redefinition of the role of retiree to be an 'active ager' rests upon gender inequalities, among others. As a result, this framework can reinforce the exploitation of elders, especially old women.To illustrate our argument, we draw on interviews conducted among Swiss retirees to demonstrate the ways that active ageing ignores that work in which they are engaged already, while it also rests upon and reshapes gender inequalities in later life.
... La question de la prise en charge des patients âgés (≥ 75 ans) constitue un enjeu majeur pour les pouvoirs publics tant en raison de l'importance croissante de cette population que des problématiques sociétales, économiques et de santé publique qu'elle occasionne. Cependant, malgré leur diversité, les dispositifs sanitaires actuels de prise en charge des patients âgés (unités de gériatrie aiguë, services de soins de suite et de réadaptation) ne prennent pas pleinement la mesure de la discontinuité de la relation avec le patient âgé dans les transitions entre domicile et établissement de soins (Aubin et al., 2012) alors que la discontinuité des soins génère une détérioration de l'état de santé des patients âgés et une augmentation de leur fréquence d'admission aux urgences et dans les établissements médicalisés (Lai et al. , 2015).Carstensen, 1993 ; Carstensen, Isaacowitz et Charles, 1999) qui postule que le temps joue un rôle majeur dans la poursuite des buts sociaux des individus ; ou encore en sociologie du vieillissement avec le concept de déprise (Caradec, 2008Caradec, , 2015), proche de la notion de coping (Lazarus, 1966 ; Lazarus et Folkman, 1984), qui se décline en trois types de stratégies possibles de réorganisation des activités et des lieux : stratégie d'abandon, de rebond ou d'adaptation. Un autre pan de la littérature qui peut éclairer notre compréhension des phénomènes de transition du sujet âgé entre domicile et institutions de santé, renvoie à l'idée de transition d'un état (lieu, identité, rôle et statut) à un autre et aux arrangements, au plan des ressources à la fois identitaires, psychologiques, culturelles et sociales, que cela génère chez la personne qui l'expérimente. ...
... Les préparatifs à la distribution comportent deux phases : le déchargement et la préparation des colis, qui s'étalent sur deux jours. Le déchargement des denrées est une épreuve physique pénible pour ces quelques personnes âgées qui, face au défi que représente le fait de déplacer six tonnes de denrées entreposées sur des palettes, montrent qu'elles sont encore en prise avec le monde [Caradec, 2004] : « C'est sportif de décharger tout un camion, et il faut le faire vite. Moi, tu vois, je suis un peu à la fin de la chaîne (il rit), je transporte les compotes, les boîtes de riz parce que j'ai mal au dos depuis quelque temps, alors je ralentis un peu sur les grosses charges. ...
Social Assistance between Charity and Suspicion. The Case of Food Distribution in a Small Town in Northern France
This article stems from socio-ethnographic observation of food distribution by a Catholic association in a small town in the North of France with degraded socio-economic indicators. After having described how a dozen aged volunteers continues to take charge of about a hundred packages monthly, the article shows how the maintaining of this type of assistance can be explained by a local context in which the social control of the poor goes hand in hand with the multi-positioning of notables in the various structures of assistance. In the end, the confluence of a conception of aid founded on charity and a contemporary discourse of defiance towards dependency produces forms of assistance that are particularly stigmatising and constraining for the beneficiaries.
Dans cette recherche, on se propose de dégager les mécanismes de la transition identitaire qui se mettent en place à une période de la vie, celle de la retraite, au cours de laquelle les repères existentiels et sociaux de l’individu se transforment (perte du statut professionnel et, avec lui, du groupe des collègues de travail, modification des cadres spatio-temporels et des rythmes quotidiens …), en même temps que s’ouvre un nouvel éventail de possibilités (réactualisation de rêves entrevus antérieurement, réinvestissement de nouvelles ressources et opportunités…). Dans ce but, 28 sujets de nationalité française et italienne, dont le départ en retraite est à venir dans un an au plus, est en cours ou a eu lieu depuis huit ans au plus, ont fait l’objet d’un entretien semi-directif de type récit de vie. Dans ce texte est présentée l'analyse approfondie de deux entretiens issus de ce corpus. Elle permet de pointer quatre éléments fondamentaux dégagés de l’étude de ces deux cas : un rapport troublé par rapport au temps et à son rythme, le besoin de se redéfinir dans un cadre autre que le statut professionnel, la recherche d’un sens nouveau à sa propre vie et la nécessité de faire face à son vieillissement prochain.
Cadre de la recherche : Cet article, basé sur des analyses de mon mémoire de maîtrise en sociologie, porte sur les expériences de (re)mises en couple vécues plus tard dans le parcours de vie. Cela en s’intéressant aux couples formés dans la soixantaine et plus particulièrement aux modes de conjugalités adoptés.
Objectifs : Ces expériences conjugales sont explorées afin d’approfondir notre compréhension de la conjugalité en tenant compte de leur temporalité. Un intérêt particulier a été porté aux trajectoires de ces couples ainsi qu’à la dimension de mise en commun et la cohabitation en lien avec les différents arrangements du quotidien.
Méthodologie : Les analyses sont issues de dix entretiens individuels de types récit de vie et compréhensif menés auprès de personnes dont le couple s’est formé lorsqu’elles étaient âgées entre 60 et 68 ans.
Résultats : Former un nouveau couple dans la soixantaine apparait à ces partenaires comme une période favorable pour la vie conjugale, libérée notamment de certaines pressions associées à l’âge adulte. Les bagages du passé peuvent agir comme des ressources tant émotionnelles, relationnelles que matérielles pour ces relations de couple. Ces dernières sont marquées par le partage et impliquent nécessairement une gestion du quotidien, qui demande aux partenaires de trouver la « bonne distance » (gestion du temps et de l’espace personnel et conjugal).
Conclusions : Faire couple comporte toujours une mise en commun et ce peu importe le mode de conjugalité. L’équilibre entre fusion et autonomie s’articule dans différents arrangements et les potentiels de l’avancer en âge sont riches.
Contribution : Ces résultats montrent l’importance de tenir compte des âges de la vie dans l’étude de la conjugalité et comment les trajectoires de vie influencent les choix conjugaux dont ceux liés à la cohabitation.
Comment le recours à l’assistance constitue-t-il un circuit d’épreuves identitaires pour les femmes âgées qui vivent des situations de sans-abrisme ? Pour appréhender au plus près ces épreuves identitaires vécues, cet article propose de suivre l’histoire biographique d’une femme retraitée, Germaine, rencontrée lors d’une enquête ethnographique portant sur l’assistance aux femmes sans abri. À partir de son expérience critique et sensible, nous traiterons de la vieillesse selon deux acceptions interdépendantes. Dans un premier temps, la vieillesse sera abordée comme une épreuve identitaire qui dépend fortement du « passage à la retraite ». En effet, pour Germaine, l’obtention de ce statut social correspond à une revalorisation identitaire, c’est-à-dire à une reconnaissance d’une vie de travailleuse – expérience souvent oubliée et négligée lorsque l’on s’intéresse au sans-abrisme. Nous verrons que sa participation à la société salariale et sa reconnaissance au travers du statut de retraité ne signifient pas pour autant une transformation de ses conditions d’existence et de son rapport à l’assistance. Dans un second temps, la vieillesse sera appréhendée à partir des relations que Germaine entretient au sein du monde de l’assistance et de la rue. Nous verrons alors que le processus de vieillissement concerne également l’assignation identitaire à la figure de la « mamie », figure générationnelle et familiale a priori positive. Or, cette assignation implique par la même occasion, en situation, une désexualisation des relations des femmes âgées qui vivent des situations de sans-abrisme. Cet article cherche dès lors à montrer que l’expérience de la vieillesse des femmes à la rue constitue un processus relationnel complexe marqué par des formes de continuité et discontinuité identitaires articulant les rapports sociaux d’âge, de sexe et de sexualité.
Principal acteur institutionnel impliqué par les activités de conseil et d’accompagnement des demandeurs d’emploi, Pôle emploi s’inscrit parmi les cinq opérateurs habilités à dispenser le conseil en évolution professionnelle pour favoriser l’élaboration et la réalisation des projets de carrières tout au long des vies professionnelles. Une fois présentées les principales missions de Pôle emploi afin de dégager les tâches prescrites par l’organisation, le conseil en évolution professionnelle est défini et précisé en termes de postures et d’exigences attendues. Le travail réel des agents et les bouleversements de l’activité engendrés par leurs nouvelles missions sont alors être examinés en référence aux représentations de conseillers et psychologues du travail recueillies au cours d’entretiens semi-directifs.
Après avoir précisé la situation de vulnérabilité, les approches susceptibles de l’éclairer, et sa pertinence dans le champ des transitions, l’article examine deux situations emblématiques de transitions liées à la vulnérabilité des personnes : les migrations et le handicap. Un bref état de la littérature disponible est proposé et illustré à partir de quelques exemples de recherches biographiques conduites sur des publics étudiants et adultes engagés dans la vie professionnelle. Sont ensuite discutées la spécificité pour ces publics des processus transitionnels et des théories psychologiques aptes à les saisir ainsi que les conditions susceptibles de stimuler les investigations scientifiques des transitions liées à ces formes et situations de vulnérabilité.
Cet article relate comment s’exprime et se vit la solitude de personnes âgées qui vivent en couple avec une personne qui a besoin d’aide ou de soutien au quotidien ainsi que la manière dont les temporalités sont mobilisées lorsque cette solitude est évoquée. Relativement peu nommée au cours des entretiens, les analyses montrent que la solitude se retrouve pourtant dans de nombreux « plis » de l’existence de ces conjointes, et que l’expérience de la proche aidance multiplie les conditions de sa production. Pour supporter un présent lourd, de plus en plus dense, un présent imparfait, ces conjointes s’appuient massivement sur l’évocation d’un passé conjugal et d’une continuité identitaire. Quant au futur, synonyme de dégradation, il s’appréhende de manière complexe puisque, même épuisées, elles savent que c’est la disparition de l’autre qui les attend ainsi qu’une « nouvelle » vie dans laquelle elles auront à se reconstruire, seules.
Sociological research on the sociability of older people has been relatively abundant since the early 2000s, although the perspective for the analysis of personal network (Bidart, Degenne, Grossetti, 2011) in connection with a study on social support bringing these links together is much less common. The aim of this article is to explore and characterize the evolution of the network of personal relationships of older adults on the basis of a retrospective narrative analysis, in other words before and after their admission to a nursing home. The reflection suggested here is based on an empirical method to gather data on sixteen research interviews with older people currently living in nursing homes. The results of the study show the heuristic nature of this network-like approach and the various restructurings of the "small world" or social surroundings of older people once they have been admitted to a nursing home institution. © 2018 Fondation Nationale de Gerontologie. All rights resreved.
Cadre de la recherche : Maladie de l’homme vieillissant, le cancer de la prostate est en moyenne diagnostiqué autour de 70 ans au sein de la population française. Très fréquent, ce cancer implique une intervention médicale dans le domaine de l’intime et affecte le quotidien de nombreux patients.
Objectifs : Prenant pour objet le vécu du cancer de la prostate, cet article vise, plus précisément, à interroger l’imbrication de l’âge, du genre et de la sexualité dans l’expérience de cette maladie.
Méthodologie : L’enquête repose sur l’articulation d’observations ethnographiques au sein du milieu hospitalier avec des entretiens semi-directifs menés auprès de patients, de proches et de professionnels.
Résultats : Les résultats concernent deux dimensions de l’expérience du cancer de la prostate. La première renvoie au rapport que les patients entretiennent avec les pratiques et discours biomédicaux. La relation de soin est alors décrite comme étant structurée par les catégories d’âge et de genre. La seconde dimension de l’expérience du cancer de la prostate étudiée dans cet article se rapporte aux conséquences identitaires et biographiques entrainées par la maladie. Les répercutions qui touchent à la définition subjective du vieillissement ainsi qu’aux rapports et identifications de genre sont exposées dans leur pluralité.
Conclusion : Au final, la perspective qui consiste à interroger l’imbrication des normes d’âge, de genre et de sexualité dans l’expérience du cancer de la prostate permet de rendre compte des tensions auxquelles sont confrontés les sujets en situation de vulnérabilité.
Contribution : De même, l’adoption d’un cadre d’analyse intersectionnel contribue à nourrir la réflexion sur le croisement de l’épreuve de la maladie avec l’épreuve du vieillissement au masculin.
Cet article a pour objet les pratiques physiques et sportives des seniors. Il se fondesur un traitement secondaire de l’enquête 2000 sur les pratiques sportives desFrançais, dernière enquête nationale à appréhender le phénomène de la pratiquesportive dans sa diversité. Il se propose d’analyser les spécificités de la populationsenior sur le plan de l’investissement sportif et des modalités de pratique privilégiées.D’une façon générale, le choix d’analyser les seniors à partir de 50 ans trouve uneréelle pertinence. L’analyse des données met en évidence une rupture non négligeablede l’engagement sportif sur la tranche d’âge 50-54 ans. Cette rupture ne doitcependant pas masquer d’une part, un effritement régulier de l’engagement sportifavec l’âge : dans la continuité des moins de 50 ans, la part des sportifs parmi les nonretraités après 50 ans est en effet de moins en moins importante alors qu’elle eststable chez les retraités ; et d’autre part, des disparités à l’intérieur des seniors enfonction du sexe, de la retraite, de la richesse et des diplômes. Concernant les modalités de pratiques, les seniors ne se risquent plus à essayer denouvelles pratiques et se recentrent progressivement sur une seule activité. Ils sedésengagent progressivement des pratiques à fort engagement physique et à risque,comme les sports collectifs, et s’engagent plutôt dans des activités modérées. Si pourles 50-69 ans, il ne semble s’opérer que des redéfinitions de modalités de pratique,il existe une véritable rupture en termes d’engagement sportif pour les 70-75 ans,les taux de pratique se réduisant considérablement.
This article studies the ageing of gay men in good health in France. It places representations and expressions of experiencing ageing into perspective in basing itself on contributions from research on homosexuality, gender and old age. Two types of methods are mobilized. The first is based on the scientific literature in placing various models of ageing into perspective. The second is based on analysis of data collected between 2013 and 2015 by means of a quantitative and qualitative investigation. Analysis shows that LGBT models of ageing have changed due to a greater acceptance of homosexuality as a lifestyle coupled with an increased homosexual sociability among the elderly – supported by social networks and the Internet. Thus, for a good number of older homosexuals, living their gay identity is easier now than during their youth.
Advantage and Limitations of the Concept of Déprise. Feedback on a Research Journey
This paper, revisits previous work undertaken by the author, which relates to the concept of déprise and it reflects on the use and limits of the concept. Firstly, the paper explains why the concept of déprise has been, at the turn of the century, a useful and fruitful analytical tool to propose an original approach to ageing that looks not just at old age, but also at the process of ageing. Secondly, the author describes three of his contributions to the concept of déprise: the identification of several triggers of déprise; the proposal of a typology of strategies of déprise; the comparison between déprise and Baltes’ “selective optimisation with compensation”. Lastly, the author explains why he uses the concept of déprise less than before. On the one hand, he has looked for a more satisfying formulation of the ideas underpinning déprise and he prefers from now on to reframe the issue in terms of older people’s capacity to maintain engagements with the world (to be “en prise” – in touch with – with it) rather than to speak about their déprise, which can lead to erroneous interpretations. On the other hand, he has suggested a broader conceptualisation of ageing by using the concept of épreuve: the process of déprise becomes thus one of the dimensions of the épreuve of ageing. In its conclusion, the paper highlights that the theory of déprise is linked with a specific analytical strategy, which is nowadays challenged by other perspectives.
Alors que le principe de formation tout au long de la vie est affiché internationalement comme un enjeu fort dans des sociétés de la connaissance – qui cherchent par ailleurs à relever le défi du vieillissement en promouvant notamment la notion de vieillissement actif –, le constat d’un affaiblissement des démarches de formation lié à l’avancée en âge se pose. Pourtant, depuis plus de 30 ans, les retraités témoignent d’un véritable intérêt pour la formation dans différents contextes institutionnels : les universités tous âges (UTA), certes, mais aussi les universités traditionnelles. Paradoxalement, peu de travaux sociologiques se sont intéressés à cette réalité sociale émergente. L’auteur souhaite ici éclairer ce phénomène qui tend d’ailleurs à se complexifier dans ses formes et ses modalités pratiques. L’article propose une analyse conjuguée des expériences individuelles du vieillissement et de la formation. Il aborde dans une première partie la phase de transition vers la retraite et les circonstances qui conduisent les retraités à s’engager en formation avant ou après la retraite. L’auteur rend compte des rapports différenciés entretenus à la formation (notamment se former pour se cultiver, se rendre utile et actif ou se reconvertir). Dans une deuxième partie, l’auteur décrit le poids des contextes institutionnels (universités versus universités tous âges) et de leurs temporalités spécifiques sur l’expérience du maintien de soi en formation qui se présente comme un enjeu majeur pour faire face aux épreuves de l’âge. Enfin, une dernière partie est consacrée aux différentes formes de sortie du processus de formation : grand âge, sentiment d’être rassasié intellectuellement ou projet de reconversion professionnelle qui impliquent de finaliser un cursus.
The Epreuve of Retirement: Societal Transformations, Individual Experiences
Based on a review of the literature and on qualitative surveys with early retirees undertaken over the last twenty years, this paper deals with the two aspects of the épreuve of retirement: structural and individual. First, it reviews the socio-historical transformations of retirement and it distinguishes three social representations successively related to it: rest, leisure and active ageing. Second, it describes the diversity of individual experiences of retirement through the examination of several dimensions: the retirement decision and the process of identity reconstruction following it; the financial dimension; the conjugal dimension; the confrontation with its own aging.
The suburban housing is a privileged urban form by French households for several decades. Nevertheless, the suburban residential trajectories are diversified and involve a population which is not less heterogeneous. From the literature and our field work, this contribution returns on the interests of residential trajectories approach and highlights the factors which connect the set of the inhabitants who, at one time or another of their trajectory, opted for this type of individual housing. Leaning on some discriminating variables (social, occupational, economic, life cycle…), a typology of suburban will come to conclude this article.
Cet article se propose d’explorer l’expérience contemporaine du veuvage à l’âge de la retraite, en se fondant sur des entretiens réalisés avec des veuves et des veufs et en s’efforçant de dégager les mécanismes à travers lesquels s’opère l’adaptation à la situation nouvelle. Il cherche à répondre à quatre questions: Comment réorganise-t-on son existence après le décès de son conjoint? De quelle manière les relations sociales évoluent-elles? Le conjoint survivant connaît-il une transformation identitaire? Enfin, que devient le lien conjugal et dans quelle mesure perdure-t-il?
We examine the complex interconnections between, on one hand, filial and conjugal relationships and, on the other, the ways in which families deal with late-stage Alzheimer’s disease. We show that in certain situations, insofar as the disease disrupts how relationships are experienced, family relationships also orient and frame the manner in which support is provided and in which day-to-day decisions are made. To draw attention to this double dynamic, we selected three dilemmas that the loved ones of Alzheimer’s patients are regularly confronted with and that specifically address the experience of family relationships in illness and end-off-life situations: washing and personal hygiene, placement in extended care facilities, and intervention in the patient’s private affaires. These analyses, based on a qualitative assessment of some 20 monographs done as part of a doctoral thesis (Miceli, 2013), help shed light on the “relational work” undertaken by many partners, children, and loved ones of people suffering from Alzheimer’s or similar diseases.
The term of crisis, usually used, rarely defined, is often associated with all the social and biographic situations that cause suffering. The extension of this concept does harm to its actual meaning. In many analyses of life paths, crisis is attached to transition, crossings or crossroads, but it has no steady meaning. From an example of a life crisis that followed an event (a loss of employment), we approach the crisis from the point of view of its demarcation (the crisis as a limited sequence within a global process, namely a professional transition), of its area (the spheres of life involved) and of its contents (subjective aspects). The crisis is considered from a specific temporality, the temporality of commitment and subjective involvement. From this point of view, it is defined as a "moratorium of commitment", located between two phases of commitment.
Spotlights on Contemporary Family Life covers four issues of cross-cutting importance to families Structures and forms of families: issues relating to a diversification of families away from the ‘traditional nuclear family form’ are relatively uncontroversial from an academic perspective, but much more so for policy makers and family associations. Chapter 1 provides a thorough overview of the state of contemporary European families. Solidarities in families: too often the issue of an ‘ageing society’ is simply reduced to the problem of over-burdening social care systems, but longevity also represents opportunities for new kinds of solidarities inside families and family networks, and new relations between family members – not to mention the satisfaction felt by people who can continue to live fulfilling and rewarding lives long after they’re considered ‘elderly’. Chapter 2 gives voice to authors who identify these new opportunities and challenges. Demographic change: women are having fewer children and having them later in life. Having children is now a conscious decision and fertility rates have declined below the level required to sustain our current populations. At the same time we witness the ‘greying’ of Europe, which brings with it a whole host of opportunities and challenges. Chapter 3 raises important issues for policy makers today. Volunteering: inspired by family associations who could not survive without the support of volunteers, this chapter gives an overview of what’s known - and what isn’t - about volunteering. Coinciding with the European Year of Volunteering 2011, this chapter takes a timely look at the efforts that families put into volunteering across Europe and the important benefits that Europe gains from all of this combined voluntary effort. Linden Farrer and William Lay work for the Confederation of Family Organisations in the European Union (COFACE). This publication was produced by FAMILYPLATFORM, a project funded by the European Commission.
Spotlights on Contemporary Family Life covers four issues of cross-cutting importance to families Structures and forms of families: issues relating to a diversification of families away from the ‘traditional nuclear family form’ are relatively uncontroversial from an academic perspective, but much more so for policy makers and family associations. Chapter 1 provides a thorough overview of the state of contemporary European families. Solidarities in families: too often the issue of an ‘ageing society’ is simply reduced to the problem of over-burdening social care systems, but longevity also represents opportunities for new kinds of solidarities inside families and family networks, and new relations between family members – not to mention the satisfaction felt by people who can continue to live fulfilling and rewarding lives long after they’re considered ‘elderly’. Chapter 2 gives voice to authors who identify these new opportunities and challenges. Demographic change: women are having fewer children and having them later in life. Having children is now a conscious decision and fertility rates have declined below the level required to sustain our current populations. At the same time we witness the ‘greying’ of Europe, which brings with it a whole host of opportunities and challenges. Chapter 3 raises important issues for policy makers today. Volunteering: inspired by family associations who could not survive without the support of volunteers, this chapter gives an overview of what’s known - and what isn’t - about volunteering. Coinciding with the European Year of Volunteering 2011, this chapter takes a timely look at the efforts that families put into volunteering across Europe and the important benefits that Europe gains from all of this combined voluntary effort. Linden Farrer and William Lay work for the Confederation of Family Organisations in the European Union (COFACE). This publication was produced by FAMILYPLATFORM, a project funded by the European Commission.
This study focuses on legacy writing and the development of the life-history business (e.g., family ghostwriters and writing workshops). A theoretical model is proposed to study the underlying mental processes that lead the elderly to consume such services. This model was empirically tested on a sample of 392 individuals aged from 60 to 92 years. Results highlighted the following: the role of generativity and death preparation reminiscence on identity preservation issues in later life, the strong desire to contribute to collective memories (i.e., to reach people outside of the family circle), and the social nature of the consumption of services that could be considered as a means of sharing emotions. The results of this study will lead to a more in-depth understanding of consumer behavior regarding the transmission and preservation of the self at end of life, and may also help service providers to improve their products and services.
Le vieillissement de la population confronte nos sociétés à une situation jusque-là inédite, source d’importants enjeux politiques, économiques et sociaux. La mise en forme de ces enjeux a été consacrée par le rapport Laroque en 1962 qui fait office de point de départ à la définition d’une politique vieillesse en France. À l’époque, l’objectif était d’améliorer les conditions de vie, marquées pour beaucoup par la pauvreté, l’isolement social ou encore une santé « déficiente ». Cinquante ans plus tard, force est de constater que la situation socio-économique des personnes âgées s’est nettement améliorée. Cette évolution, qui a permis de sortir la vieillesse de son ancienne condition « misérable » dénoncée par Simone de Beauvoir (1970), ne doit cependant pas faire oublier qu’il subsiste des inégalités importantes. Celles-ci ont bien sûr des conséquences sur le processus de vieillissement et induisent des comportements et, plus globalement encore, des modes de vie différenciés. Dans cet article, nous nous proposons de revenir plus précisément sur ces conditions d’existence en situation de précarité, en nous intéressant particulièrement aux trajectoires sociales et aux expériences des femmes âgées.
After showing a relative stability in the spatial distribution of the retired people in three surburban metropolitan areas - Paris, AixMarseille and Toulouse - this article examines the drivers behind this still important periurban attractiveness. A qualitative analysis enables the authors to underline the tactics and strategies of the retired to remain as long as possible in their living environment. Their discourses well reflect the feeling of anchorage and attachment to the individual dwelling, the ownership, the social environment which was often built on the long term and constitute the so much estimated frame of periurban areas. This research underlines the limits of ageing in outlying areas, however it suggests the possible maturation of these types of places and prompts to take a fresh look at them and at the households who live there.
Actuellement, 80 % des retraités français résidant en institution ne peuvent pas payer leur séjour de longue durée avec leurs seuls revenus. Par ailleurs, beaucoup de retraités français du même âge sont propriétaires de leur résidence principale. Il s’agit ici d’interroger le devenir de ce patrimoine suite à l’entrée en institution et, plus précisément, de comprendre la manière dont il est utilisé pour compléter le financement de l’hébergement en institution. À partir d’une enquête par entretiens menée auprès de résidents issus des classes populaires et de leur entourage familial, l’article constate que presque tous ceux qui étaient propriétaires ont vendu leur maison dans les deux ans suivant l’entrée en institution. Il en analyse les raisons et les modalités du point de vue des personnes âgées et de leurs proches, montrant que la décision de vendre est prise en relation directe avec la nécessité de trouver un complément de financement pour payer l’hébergement. Cependant, c’est bien dans une optique de protection des descendants et de leurs espoirs d’ascension sociale qu’une large majorité d’enquêtés privilégie la non-sollicitation de l’obligation alimentaire, plutôt que la préservation du patrimoine en vue de sa transmission.
How does recent research into education for the ageing adult help us to approach the principle of lifelong learning in all its complexity? This is the fundamental theoretical question raised and explored in this article, by way of a preamble to the other contributions in this issue. I begin with an overview of the thematic and scientific context which has led over time to the forming of a focus group looking into an aspect of research that merits more attention. I then go on to discuss the theoretical consequences of the semantic shift that has taken place in the field over the last thirty years, from consideration of the aged in a context of ongoing education to an analysis of ageing adults in a learning situation and a context of furthering lifelong "professional" education.
Résumé
L’article interroge les effets du veuvage sur l’alimentation des personnes âgées. Si « faire à manger » ne va plus de soi, les évolutions alimentaires observées sont analysées au regard de leurs conditions sociales d’engendrement. Elles varient ainsi selon le sexe de la personne veuve, selon la présence (ou non) et le type d’incapacités physiques, et prennent plus globalement sens en fonction de la structure sociale des consommations alimentaires. La problématique de l’alimentation abordée ici constitue alors un objet d’analyse du vieillissement et permet plus globalement d’éclairer de manière significative la problématique du vieillissement : l’observation des transformations alimentaires liées au veuvage constitue un objet d’analyse fécond pour comprendre les problèmes quotidiens auxquels sont confrontées les personnes âgées et comment elles y font face.
Learning languages in retirement is a "deliberate, meaningful act" going beyond a quest for mere communicative competence. Drawing on forty interviews with retired people enrolled in language courses, the article looks into the cultural, social, identitarian and existential considerations behind their decisions and what this says about educational itineraries of no fixed duration. More generally it raises the issue of commitment to education in terms of duration, the time frame of the training process being closely linked to individual experience of advancing age. "Ageing and learning", in this case in the language context, enables the person concerned to persevere both in life and in the world.
Les choix en matière d’accumulation du patrimoine font partie des grandes décisions qui ponctuent la vie d’un couple. En reconstituant l’histoire résidentielle des couples, l’objet de cet article est de comprendre ce qui se passe (ou ce qui s’est passé) au moment de la retraite en termes de choix de logement. Des entretiens qualitatifs ont été menés en 2010 auprès de 24 couples résidant en Île-de-France, chaque conjoint étant interrogé au même moment, mais séparément. Il en découle toute une série d’arbitrages et de négociations entre conjoints résultant du type de relations conjugales, du poids des deux lignées d’origine, du milieu social et de la construction des identités selon le genre. Pour les générations plus récentes, l’entrée massive des femmes sur le marché du travail a modifié la place de ces dernières au sein de la famille et les rapports de force entre conjoints. Ayant gagné en autonomie, elles sont plus à même de peser dans les arbitrages en matière de type de logement ou de localisation et de développer des stratégies propres pour faire face aux incertitudes liées à la retraite et l’avancée en âge.
Peri-urban neighbourhoods and people are both getting older. Around Toulouse, one in five households lives on old age benefits. These people favour dwelling in detached houses, and every other family owns one. After a brief presentation of the dynamics of ageing in Greater Toulouse, the paper dwells on the founding’s from interviews held in five different municipalities. It stresses that lifestyles evolve along age, while living in a detached house is likely to be supportive for senior citizens. They enjoy their homes and wish to live in them as long as can be. Yet this implies some alterations, seldom looked forward by either the people themselves or the local authorities, whose patchy interventions depend on how the come to understand the wishes of the residents.
Rapport final pour le PUCA, programme de recherche " Vieillissement de la population et Habitat "
Growing old at home is a strong wish of the elderly and a priority for public policy that requires an understanding of how the elderly dwell in different types of places. Therefore, we aim to examine the notion of inclusion regarding the relationship to public space. To understand the modes of inclusion of the elderly in the city, two articulated notions are explored and discussed here: “déprise” (spatial withdrawal from public space, in relation to ageing) and ‘urbanity’ (in terms of relationships to the city and more specifically to the coastal urban space of the seaside resort). The aim of the article is to conduct a theoretical study to consider the social inclusion of the elderly in the city by focusing on the process of ageing in the interactions between people and the city.
In France as in other European countries, retirees are particularly stigmatized : they are sluggish, they are not consumers, they are refractory to innovations, etc. These stigmas apply to all of retired people, whereas they represent a multitude of generations, of ways of life or socio-professional categories. We cannot talk to a young retiree as talking to a centenary retiree. However, the entry of baby-boomers in retirement ushakes-up these prejudices. They are in better health than their elders at the same age and that these consumers. Thereby, papy-boomers tend to revolutionize the image that we have of retirement. Morevoer, their use of new technologies are unprecendent. These pratices could be of paramount importance in maintaining social links among retired public, in which loneliness can have fatal consequences. We must now help retirees “come into bloom” and stay active, so they found a proper place in society.
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