ArticlePDF Available

Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel Babor (nord-est de l’Algérie), orchidée nouvelle pour l’Afrique du Nord

Authors:

Abstract

Discovery of Epipactis microphylla (Orchidaceae) in Djebel Babor (north-eastern Algeria), a new orchid for North Africa. — Epipactis microphylla is a European-Hyrcanian, forest mycoheterotrophic species, widespread in temperate and submeridional zones, from Andalusia to the Caspian Sea. This orchid has been discovered in Djebel Babor, in northeastern Algeria, in a mixed undergrowth of Cedars, Zean oaks and Holm oaks, where it is to date the only known resort in North Africa. This discovery confirms the interest of Babors’ Kabylia in general and the new Babor-Tababort National Park in particular.
A. F. Bougaham, K. Rebbas & E. Vela
Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel Babor
(nord-est de l’Algérie), orchidée nouvelle pour l’Afrique du Nord
Abstract
Bougaham, A. F., Rebbas, K. & Vela, E.: Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au
Djebel Babor (nord-est de l’Algérie), orchidée nouvelle pour l’Afrique du Nord. — Fl. Medit.
30: 261-271. 2020. — ISSN: 1120-4052 printed, 2240-4538 online.
Discovery of Epipactis microphylla (Orchidaceae) in Djebel Babor (north-eastern Algeria), a
new orchid for North Africa. — Epipactis microphylla is a European-Hyrcanian, forest myco-
heterotrophic species, widespread in temperate and submeridional zones, from Andalusia to the
Caspian Sea. This orchid has been discovered in Djebel Babor, in northeastern Algeria, in a
mixed undergrowth of Cedars, Zean oaks and Holm oaks, where it is to date the only known
resort in North Africa. This discovery confirms the interest of Babors’ Kabylia in general and
the new Babor-Tababort National Park in particular.
Key words: protected areas, rare species, peripherical distribution, important plant area, partial
mycoheterotrophy.
Introduction
Bien que mondialement reconnue comme un des principaux point-chauds de biodiver-
sité végétale (Médail & Quézel 1997; Médail & Myers 2004), la région méditerranéenne
demeure méconnue, en particulier sur ses rives sud et est. L’ensemble de montagnes du
Tell littoral algéro-tunisien dénommé «Kabylies-Numidie-Kroumirie» ne fait pas excep-
tion avec une forte diversité végétale et un fort taux d’endémisme (Véla & Benhouhou
2007), qui se traduisent par la reconnaissance d’une dizaine de « zones importantes pour
les plantes » (Yahi & al. 2012; Benhouhou & al. 2018).
Malgré l’engouement énorme qu’ont suscité les orchidées européennes (Delforge 2016),
l’orchidoflore des rives sud de la Méditerranée demeure méconnue. L’Algérie cependant
commence à faire exception, avec un nombre de publications régulièrement croissant depuis
2002, surtout dans le nord-est du pays (Martin & al. 2020). Grâce à cela, des découvertes
ou des redécouvertes remarquables sont encore possibles, comme celles de Ophrys pallida
(Hadji & Rebbas 2013), Neottia nidus-avis (Madoui 2019) et Cypripedium calceolus
(Nemer & al. 2019). La région des Babors ne fait pas exception, y compris pour les autres
familles botaniques, comme la fougère Christella dentata (Rebbas & al. 2019).
Fl. Medit. 30: 261-271
https://doi.org/10.7320/FlMedit30.261
Version of Record published online on 13 november 2020
Article
Les espèces du genre Epipactis sont des géophytes à rhizomes, à aire de distribution
essentiellement eurasiatique; quelques espèces se rencontrent en Amérique du Nord et en
Afrique centrale et orientale (Govaerts & al. 2020). Genre comportant plus de 50 espèces
dont 17 pour la France (Bournérias & al. 2005), et à titre de comparaison seulement 2 en
Algérie (African Plant Base 2020). Au cours des deux décennies de nombreux taxons
(essentiellement autogames) ont été décrites en Europe (cf. Delforge 2016).
En Afrique du Nord, seules Epipactis helleborine et/ou E. tremolsii ont été signalées, en
partie selon que la seconde est considérée ou non comme synonyme ou variation station-
nelle de la première, et ceci seulement au Maroc et en Algérie (Battandier & Trabut 1884;
Jahandiez & Maire 1931; Maire 1960; Quézel & Santa 1962; Raynaud 1985; Le Floc’h &
al. 2010; Fennane & al. 2014; Babali & al. 2018).
Epipactis microphylla n’est pas citée dans l’index de Dobignard & Chatelain (2010-
2013), ni dans sa mise à jour en ligne (African Plnat Base 2020), ni dans l’Euro+Med Plant
Base (Euro+Med 2020) elle-même basée sur la World Checlist of selected plant families
(Govaerts & al. 2020). Et aucune autre espèce du groupe d’Epipactis atrorubens (sensu
Delforge 2016), auquel appartient E. microphylla, n’y a été signalée non plus.
Enfin, dans les inventaires floristiques récents au niveau des Babors, il n’est toujours
pas fait mention de cette orchidée (Gharzouli & Djellouli 2005; Gharzouli 2007; Kreutz &
al. 2013-2015; Madoui & al. 2017; Madoui & Vela 2020; Martin & al. 2020).
Le présent travail vient faire le point sur la découverte d’Epipactis microphylla au
Djebel Babor, son écologie et sa biogéographie en Algérie.
Vérification des herbiers
Les principaux herbiers historiques concernant l’Algérie (P et MPU en tête) sont aujour-
d’hui tous basés en France.
Le portail de la plate-forme française e-ReColNat (https://explore.recolnat.org/search/
botanique/simplequery=Epipactis), a fourni pour le genre «Epipactis» et le continent
«Afrique», 21 spécimens, tous localisés dans l’herbier P. Parmi eux, 20 sont étiquetés
« Epipactis helleborine » et proviennent du Maroc et d’Algérie, ils incluent tous les 15 spé-
cimens précédents (Tableau 1). Enfin un dernier spécimen est étiqueté «Epipactis africa-
na» et provient d’Ouganda et ne concerne donc pas l’Afrique du Nord.
Site de la découverte
La chaine des Babors est constituée par de nombreux djébels, disposées en chaînons,
sensiblement parallèles, orientés nord-est sud-ouest (Duplan 1952). Nettement détaché
de l’ensemble, le Djebel Babor est une montagne de la chaîne des Babors culminant à
2004 m d’altitude en Petite Kabylie, à l’extrémité nord de la wilaya de Sétif, qui se situe
immédiatement à 4 km au sud du Djebel Tababort, le second plus haut sommet culmi-
nant à 1969 m (Fig. 1).
Le Babor est une extrusion de 7 km de long sur 5 km de large, émergeant du Crétacé
supérieur. La série liasique est constituée par des calcaires et des marnes schisteuses.
262 Bougaham & al.: Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel ...
Flora Mediterranea 30 — 2020 263
Tableau 1. Liste des spécimens d’Epipactis concernant le secteur Afrique du Nord référencés dans les herbiers français (d’après e-ReColNat)
SSS T S 
1
XPpUR 5DQ
J
HPHQ
W
 &ROOHFWLRQG¶RUL
J
LQH (WLTXHWWHG¶RUL
J
LQH 3D
\
V /LHXHWRXKDELWDW 'DWH &ROOHFWHX
U
3 Epipactis helleborine +HUELHU/)DXUH Epipactis latifolia$OO 0DURF 3HQWHV URFKHXVHV YHUV  PqWUHV
)ODQF VXG GX 'MHEHO $\DFKL *UDQG
$WODVRULHQWDO
 0DLUH5
3 Epipactis helleborine +HUELHU/)DXUH Epipactis latifolia$OO 0DURF 3HQWHVQRUGGXQVRPPHWYHUVPj
%RX &pGHU SUqV GH 7DIHGLQD 0R\HQ
$WODV
 )DXUH/
3 Epipactis helleborine +HUELHU/)DXUH Epipactis latifolia$OO $OJpULH 5RFKHUV GXQ UDYLQ GHV IODQFV QRUG GX
&KHOLD YHUV  PqWUHV 0DVVLI GH
O$XUqV
 0DLUH5
3 Epipactis helleborine +HUELHU/)DXUH Epipactis latifolia$OO $OJpULH 'DQV OD IRUrW GH 7RXPLHW YHUV 
PqWUHV VXU OD SLVWH GH %RVVXHW j $wQ
7LQWDGLQH'WG2UDQ
 0DLUH5
3 Epipactis helleborine +HUELHU/)DXUH Epipactis latifolia$OO $OJpULH 5DYLQ URFDLOOHX[ SUqV GH OD PDLVRQ
IRUHVWLqUHGH7DJGDP0DVVLIGH
O$XUqV
 0DLUH5
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH 'D
\
DDXWRXUGHODFDVFDGH  &ODU
\
 -%(
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO 0DURF 7pWXDQ6HUXVD  3LWDUG&-
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis latifolia$OO 0DURF 'M$]LJK]DWULEXGHVDwW%RX2XOOL  ,EUDKLP
$PPHULE
W
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis latifolia$OO 0DURF 'M$]LJK]DWULEXGHVDwW%RX2XOOL  ,EUDKLP
$PPHUL
EW
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis latifolia$OO $OJpULH %RX7DOHE HW GHV 0DGLGV 3UDLULH
G2I
J
DQ
 2OLYLHU(HW
5HERXG9
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis latifolia$OO $OJpULH (QYLURQVGHOD=DRXLDPDVVLIGX'MHEHO
&KHWWDED
 5HERXG9
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH $wW<DOD  /HWRXUQHX[$
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH &RQWUHIRUrWVGX'
M
HEHOKXOLD  /HWRXUQHX[$
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH '
M
HEHO7DEDERUSURYGH&RQVWDQWLQH  &RVVRQ(
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis latifolia$OO $OJpULH 9HUVDQWQRUGGX'MHEHO %DERUSURY GH
&RQVWDQWLQH
 &RVVRQ(
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH '
M
HEHO7DEDERUSURYGH&RQVWDQWLQH  &RVVRQ(
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH '
M
HEHO7DEDERUSURYGH&RQVWDQWLQH  &RVVRQ(
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH 'D
\
D  0XQE
\
*
3 Epipactis helleborine +HUELHU(&RVVRQ Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH /DPEqVH  %DODQVD%
3 Epipactis helleborine +HUELHU Epipactis lati
f
olia $OO $O
J
pULH /DPEqVH  %DODQVD%
Le Néocomien qui forme les crêtes est formé des marno-calcaires et des schistes. Le
Crétacé supérieur est transgressif sur tout le versant nord du Babor, peu détritique à la
base, chargé en bancs calcaires détritiques et conglomérats (Duplan 1952).
Selon la carte pluviométrique de l’Algérie du nord (A.N.R.H. 1993) les précipitations
moyennes annuelles varient entre 1000 et 1400 mm.
A 2000 m d’altitude, au sommet du Djebel Babor, la durée d’enneigement com-
mence dans les derniers jours du mois de novembre et dure jusqu’aux premiers jours
du mois de mai (Auberty 1943). Aucune donnée récente ne nous permet de savoir si
cette durée tend à se réduire ces dernières décennies, bien qu’il nous semble que cela
soit le cas.
Selon Gharzouli (2007) le versant nord du massif est dans une ambiance bioclima-
tique per-humide, avec des variantes à hiver froid à très froid, au-delà de 1600 m d’al-
titude et humide à hiver frais à froid entre 1000 et 1600 m. Par contre le versant sud
est dans une ambiance bioclimatique humide à hiver froid à frais à partir de 1600 m
d’altitude, subhumide à hiver frais entre 1600 et 1000 m et semi-aride frais en deçà de
1000 m.
264 Bougaham & al.: Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel ...
Fig. 1. Localisation géographique du Djebel Babor (étoile) et du hotspot régional « Kabylies-Nuidie-
Kroumirie » (n°11) parmi le hotspot mondial de biodiversité du bassin méditerranéen (d’après Médail
& Quézel 1997 et Véla & Benhouhou 2007, modifié).
Contexte de la découverte et description botanique
Epipactis microphylla (Ehrh.) Sw., Kongl. Vetensk. Acad. Nya Handl. 21: 232 (1800).
Nous avons observé 20 individus isolés d’E. microphylla dans la première station (1388
m, 36°30’43,1” N et 05°29’48,8” E) et cinq individus dans la deuxième station (1260 m,
36°30’47,4” N et 05°29’47,6” E) le 11 juin 2020. Les stations se trouvent sur le versant nord
du mont de Babor sur une pente de 35 à 45 % (Fig. 2). Le site est représenté par une zone
semi-ombragée située dans une formation mixte du Cedrus atlantica (Endl.) Carrièrre et de
Quercus canariensis Willd. Le tableau 2 présente une liste de la flore inventoriée dans la
station d’E. microphylla. Le premier spécimen d’herbier récolté est déposé dans l’herbier du
Laboratoire de Botanique de l’université de M’sila, le second spécimen sera déposé dans
l’herbier officiel de l’école nationale supérieure agronomique (ENSA) d’Alger.
L’Epipactis à petites feuilles est une orchidée rhizomateuse, à rhizome court d’où partent
plusieurs racines charnues paraissant fasciculées (Crespo 2005). Elle est associée par
mycorhization typique des orchidées, non pas à des Rhizoctonia, mais à divers Ascomycètes
ou Basidiomycètes, telles les truffes, russules, etc.. En cela elle pratique une mycohétéro-
trophie partielle, puisque les mêmes champignons sont aussi reliés par ectomycorhizes aux
racines des arbres forestiers. Elle peut ainsi devenir achlorophyllienne, voire à floraison
souterraine cléistogame (Selosse & al. 2004). La tige est haute de 1540 cm, vert grisâtre,
très cryptique avant la floraison, puis visible jusqu’à la fructification ; possède 3 à 5 feuilles
espacées dépassant rarement 30 mm de longueur ; à feuilles médianes plus courtes que les
entre-nœuds. L’inflorescence se compose de 4 à 15 fleurs espacées, longues de 5 à 7 mm,
à extérieur verdâtre lavé de pourpre, souvent peu ouvertes, à épichile plus clair que les tépa-
les extérieurs, souvent blanchâtre. Les gibbosités de l’épichile sont fortement sillonnées en
travers, généralement plus longues que le quart de l’organe (Fig. 3-4) (Tison & al. 2014).
Répartition géographique et écologie d’Epipactis microphylla
Cette orchidée se trouve en Europe continentale, depuis l’Espagne méridionale (Sierra
Nevada) jusqu’au nord d’Iran (Renz 1978), ainsi que sur les îles Baléares (Majorque et
Minorque) et Tyrrhéniennes (Corse, Sardaigne et Sicile), la Crète et Chypre (Govaerts &
al. 2020). Le nouveau site algérien d’Epipactis à petites feuilles est donc situé à plus de
400 km au sud-est des sites des îles Baléares (Crespo 2005) et 400 km au sud-ouest des
sites de Sardaigne (GIROS 2009).
En Espagne, elle croit dans divers sous-bois (chênes verts, chênes zéens, chênes lièges,)
et matorrals sclérophylles à leur marge, plus rarement en pinèdes denses, d’ordinaire en lieux
ombragés, sur substrats pas trop secs (souvent pierreux), principalement basiques, entre 50
et 1.300 m d’altitude, et fleurit de mai à août (Crespo 2005). En France méditerranéenne, elle
croît dans les forêts fraîches à sèches, souvent par pieds isolés, à tous les étages de végétation
(thermo-, méso- et supra-méditerranéen, collinéen, montagnard), où elle fleurit en mai-juin
(Tison & al. 2014). En Italie, elle habite les bois de feuillus, plus rarement de conifères, sur
sols calcaires ou volcaniques, de 0 à 1800 m d’altitude. Elle y est réputée peu visible, échap-
pant parfois à l’observation, et à dominance autogame (GIROS 2009).
Flora Mediterranea 30 — 2020 265
266 Bougaham & al.: Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel ...
Fig. 3. Illustration d’E. microphylla au Babor: a) Feuilles; b) Fleurs ; 11.06.2020, photos A.F.
Bougaham.
ab
Fig. 2. Station d’Epipactis microphylla, 11.06.2020.
En Algérie le site appartient au sous-secteur K2 dit de «Petite Kabylie», partie du secteur
K dit «Kabyle et Numidien», lui-même partie à la fois la plus pluvieuse, la plus littorale et la
plus montagneuse de l’ensemble géomorphologique du Tell algéro-constantinois (Quézel
1962). L’espèce habite donc les sous-bois les mieux préservés (riches en humus) des forêts les
plus mésophiles du pays, où l’on rencontre également sa cousine la Néottie nid-d’oiseau
(Madoui 2019), achlorophyllienne et totalement mycohétérotrophe quant à elle.
La flore associée (Tableau 2) est composée, pour la strate arborée, de cèdres (Cedrus
atlantica (Endl.) Carrière), de chênes (Quercus canariensis Willd, Q. ilex subsp. ballota
(Desf.) Samp.), d’érables (Acer campestre L., A. obtusatum Willd.) et d’ifs (Taxus baccata
L.), sur lesquels grimpent du lierre endémique algéro-tunisien (Hedera algeriensis
Hibberd). On y retrouve donc, en mélange, des espèces de montagne méditerranéenne plu-
tôt sèche, avec des espèces de forêts européennes plutôt mésophiles. La strate herbacée
quant à elle est composée d’autres orchidées de la tribu des Neottieae (Cephalanthera
rubra (L.) Rich., Epipactis helleborine (L.) Crantz.), des bulbeuses prestigieuses (le
Cyclamen d’Afrique endémique du Maghreb, le rarissime Cyclamen des Babors endé-
mique strict et méconnu, la Pivoine de l’Atlas endémique de Kabylie), ainsi que quelques
dicotylédones, graminées ou fougères.
Flora Mediterranea 30 — 2020 267
T 
Hedera algeriensis+LEEHUG. Acer campestre /
Acer obtusatum :LOOG Hypochaeris radicata /.
Acinos alpinus VXEVS. meridionalis1\PDQ3:3DOO Linaria reflexa /&KD]
Arabis turrita / Melissa officinalis /
Arabis alpina/
Andryala intergrifolia/
Helictochloa cincinnata 7HQ5RPHUR=DUFR
Bellis sylvestris&LULOOR>VHQVXODWR@
Anisantha rubens /1HYVNL
Cedrus atlantica(QGO&DUULqUH
Cephalanthera rubra/5LFK
Origanum vulgare VXEVSglandulosum'HVI
/HWVZ
Paeonia mascula VXEVS atlantica&RVV*UHXWHU
%XUGHW
Petasites pyrenaicus/*/ySH]
Plagius maghrebinus 9RJW*UHXWHU
Platanthera bifoliaVXEVSkuenkelei +%DXPDQQ
.UHXW]
Phlomis bovei GH1Rp
Polystichum setiferum )RUVVN:R\Q
Quercus canariensis :LOOG.
Cyclamen repandum 6P>YDUEDERUHQVH
'HEXVVFKH4Xp]HO@
Cyclamen africanum %RLVV5HXW
Quercus ilex VXEVSballota'HVI6DPS
Cynoglossum cheirifolium /
Rosa canina />VHQVXODWR@
Cystopteris fragilis /%HUQK
Rubus incanescens'&%HUWRO
Dactylis glomerata />VHQVXODWR@
Daphne laureola /
Epipactis helleborine /&UDQW]
Galium rotundifolium /
Geranium lucidum /.
Geranium purpureum 9LOO.
SeneciR perralderianuV &RVV'XULHXs
Stachys officinalis VXEVS algeriensis GH1Rp
)UDQFR
Taxus baccata /
Teucriumchamaedrys/. >VHQVXODWR@
Viburnumtinus/
Vicia ochroleuca VXEVSEDERUHQVLV%DWW
7UDE*UHXWHU%XUGHW
Viola reichenbachiana %RUHDX
Tableau 2. Liste de la flore inventoriée dans la station d’Epipactis microphylla.
Identification du genre Epipactis en Algérie
Suite à cette nouvelle espèce, il nous paraît nécessaire de proposer une clé du genre pour
l’Algérie. Nous la rédigeons ci-après sur le modèle de la flore d’Algérie la plus utilisée à
ce jour (Quézel & Santa 1962):
Epipactis Zinn
Rhizome à racines fasciculées. Fleurs en grappe spiciforme. Bractées herbacées, les
inférieures plus longues que les fleurs. Labelle brusquement rétréci dans sa partie
moyenne séparant un « hypochile » creux nectarifère et un «épichile» en forme de
petite langue.
1 – Tige à 59 feuilles grandes (dépassant l’entre-nœud) et très larges. Grappe dense pouvant
atteindre 40 cm (1550 fleurs, voire +), à pilosité discrète et peu dense (surtout sur l’ovaire).
Fleurs vertes plus ou moins lavées de pourpre, y compris le labelle et la base de l’ovaire.
Epichile présentant à la base deux gibbosités peu boursouflées et de taille modeste. – Forêts
des montagnes – R: K1-2-3, C1-2, O3, AS3 – Euras. – (= E. latifolia var. platyphylla Irm.,
incl. E. tremolsii Pau) ............................................................636. E. helleborine (L.) Crantz.
1 – Tige à 35 feuilles courtes (atteignant à peine l’entre-nœud) et peu larges. Grappe
lâche et pauciflore (525 fleurs), à pilosité très dense et nettement hirsute (y com-
pris sur l’ovaire). Fleurs vertes à peine lavées de pourpre clair (pétales), labelle
blanc et verdâtre. Epichile présentant à la base deux gibbosités très boursouflées-
verruqueuses, de taille remarquable. – Forêts des montagnes pluvieuses – RR: K2
(Babor) – Europ.-Caucas. .....................................636. E. microphylla (Ehrh.) Sw.
268 Bougaham & al.: Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel ...
Fig. 4. Un spécimen de la plante, récolté sur le versant nord de Babor, 11.06.2020.
Menaces et problématique de conservation
En Europe, c’est une espèce protégée en France au plan régional ; en Belgique et au
Luxembourg sur le plan national (Bournérias & al. 2005). A Chypre, la population n’est
que d’environ 40 individus (Rankou 2011); en Italie, l’espèce est signalée dans toutes les
régions italiennes à l’exception du Val d’Aoste. Epipactis microphylla est local et souvent
rare où il est présent avec une aire de répartition assez large. Les populations sont très peti-
tes, très fragmentées et diminuent. La zone d’occupation de l’espèce est inférieure à 500
km² et l’aire de répartition de l’espèce est très étroite et menacé par l’utilisation agricole
de l’habitat, l’abandon des cultures de noisettes, l’utilisation d’herbicides, le creusement et
la consommation par les animaux sauvages, la gestion inappropriée des forêts et la défo-
restation. Par conséquent, E. microphylla a été évaluée comme étant presque menacé (NT)
en se rapprochant des critères B2ab (iii, iv, v) (Rankou 2011).
En Algérie il nous paraît utile et urgent d’ajouter cette espèce à la liste des espèces végé-
tales non cultivées protégées sur l’ensemble du territoire national (JORA 2012). On peut
néanmoins espérer que le classement récent du massif en parc national contribuera à la pré-
servation de cet écosystème forestier majeur, et que la difficulté d’accès à la zone la pré-
servera des pillages éventuels. Il conviendra cependant d’analyser l’utilisation actuelle de
la zone ainsi que les menaces éventuelles (surpâturage, incendies, réchauffement clima-
tique) de la petite population, d’envisager la gestion future et les mesures de conservation.
Il sera important d’étudier la phytosociologie détaillée des deux stations ainsi que la myco-
logie de l’ensemble du site. Enfin, un suivi de la dynamique de la population de cette orchi-
dée sur plusieurs années sera très utile pour son évaluation dans une future liste rouge
nationale algérienne selon les catégories et critères de l’UICN (2012).
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier vivement leurs compagnons de terrain, Mourad Zemouri et Mezian
Bougaham.
Références
African Plant Database 2020 : African Plant Database (version 3.4.0). Conservatoire et Jardin bota-
niques de la Ville de Genève and South African National Biodiversity Institute. – Pretoria.
http://www.ville-ge.ch/musinfo/bd/cjb/africa/ [Dernier accès 25/7/2020]”,
A.N.R.H. 1993: Carte pluviométrique de l’Algérie du Nord au 1/500 000. Notice explicative. –
Alger.
Auberty, R. 1943: La neige en Algérie. – Ann. Géogr. 52: 105-113.
Babali, B., Medjahdi, B. & Bouazza, M. 2018: Les orchidacées de la région de Tlemcen (Algérie).
– Acta Bot. Malacitana 43: 43-62. https://doi.org/10.24310/abm.v43i0.3296
Battandier, J. A. & Trabut, L. C. 1884: Flore d’Alger et catalogue des plantes d’Algérie,
Monocotyledones. – Alger.
Benhouhou, S., Yahi, N. & Véla, E. 2018: Algeria. – Pp. 53-60 in: Valderrábano, M., Gil, T.,
Heywood, V., Montmollin de, B. (Eds), Conserving wild plants in the South and East
Mediterranean region (chapter 3 “Key Biodiversity Areas (KBAs) for plants in the
Mediterranean region “). – Gland.
Flora Mediterranea 30 — 2020 269
Bournérias, M. & Prat, D. 2005: Les Orchidées de France; Belgique et Luxembourg, ed. 2. –Mèze.
Crespo, M. B. 2005 : Epipactis Zinn. – Pp. 22-54 in: Castroviejo, S. (ed.) Flora iberica, 21. – Madrid.
Delforge, P. 2016: Orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du Proche Orient, ed. 4. –Neuchâtel.
Dobignard, A. & Chatelain, C. 2010-2013: Index synonymique de la flore d’Afrique du Nord. –
Genève.
Duplan, L. 1952: La région de Bougie. – Publ. XIX Congr. Géol. Inter. Mono. Région. 1er Sér. 17: 40.
Euro+Med (2020): Euro+Med PlantBase - the information resource for Euro-Mediterranean plantdi-
versity. – Published on the Internet http://ww2.bgbm.org/EuroPlusMed/ [dernier accès
12/06/2020].
Fennane, M. & Ibn Tattou, M. & El Oualidi, J. 2014: Flore pratique du Maroc, 3. – Rabat.
Gharzouli, R. & Djellouli Y. 2005 : Diversité floristique de la Kabylie des Babors (Algérie). – Sci.
Changements Planét. Sécheresse 16(3) : 217-223.
Gharzouli, R. 2007 : Flore et végétation de la kabylie des babors : étude floristique et phytosociolo-
gique des groupements forestiers et post-forestiers des djebels Takoucht, Adrar ou-Mellal,
Tababort et Babor. –Thèse de Doct. Univ. Sétif http://dspace.univ-
setif.dz:8888/jspui/handle/123456789/1277
GIROS (Gruppo Italiano per la Ricerca sulle Orchidee Spontanee) 2009: Orchidee d’Italia. Guida
alle orchidee spontanee. – Cornaredo.
Govaerts, R., Bernet, P., Kratochvil, K., Gerlach, G., Carr, G., Alrich, P., Pridgeon, A. M., Pfahl, J.,
Campacci, M. A., Holland Baptista, D., Tigges, H., Shaw, J., Cribb, P., George A., Kreuz, K.,
Wood, J. 2020 : World Checklist of Arecaceae. – Kew.
Hadji, K. & Rebbas, K. 2013: Redécouverte d’Ophrys pallida Raf. (Orchidaceae) en Algérie (Jijel,
Kabylie). – Lagascalia 33: 325-330.
Jahandiez, E. & Maire, R. 1931: Catologue des plantes du Maroc, 1. –Alger.
J.O.R.A. 2012: Décret exécutif du 18 janvier 2012, complétant la liste des espèces végétales non cul-
tivées et protégées. – J. Off. Rép. Algérienne, 3-12.
Kreutz, C. A. J., Rebbas, K., Miara, M. D., Babali, B. & Ait Hammou, M. 2013: Neue Erkentnisse
zur Orchideen Algeriens. – Ber. Arbeitskreis. Heimische Orchid 30(2): 185-270.
––, ––, De Bélair, G., Miara, M. D. & Ait Hammou, M. 2015: Ergänzungen, Korrekturen und
NeueErkentnissezu den Orchideen Algeriens. – Ber. Arbeitskrs. Heim. Orchid 31(2): 140-199.
Le Floc’h, E., Boulos, L. & Véla, E. 2010: Catalogue synonymique commenté de la flore de Tunisie.
– Tunis.
Madoui, A., Rebbas, K., Bounar, R., Miara, M. D. & Vela, E. 2017 : Contribution à l’inventaire des
Orchidées de la wilaya de Sétif (N.-E de l’Algérie). – Bull. Mens. Soc. Linn. Lyon 86(9-10):
273-292.
Madoui, A. 2019 : Redécouverte de Neottia nidus-avis (L.) L.C.M. Rich. à Babor, Algérie. – J. Bot.
Soc. France 86: 69-74.
Madoui, A. & Vela, E. 2020: Inventaire des Orchidées de la partie septentrionale de la wilaya de Sétif
(nord-est de l’Algérie). – Bull. Mens. Soc. Linn. Lyon 89(5-6): 88-122.
Martin, R., Rebbas, K., Véla, E., Beghami Y., Bougahm A. F., Bounar R., Boutabia L., De Belair G.,
Fillali A. D., Haddad M., Hadji K., Hamel T., Kreutz K., Madoui A., Telailia S., Nemer W.
2020 : Étude cartographique des orchidées de Kabylie, Numidie et Aurès (Algérie). – Société
Méditerranéenne d’Orchidologie, 60p. https://hal.archives-ouvertes.fr/search/index/
Maire, R. 1960: Flore de l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Cyrénaïque et
Sahara), 6. – Paris.
Médail, F. & Myers, N. 2004: Mediterranean Basin. – Pp. 144-147 in: Mittermeier, R. A., Gil, P. R.,
Hoffmann, M., Piligrim, J., Brook, T., Mittermeier, C. G., Lamoreux, J., Da Fonseca, G. A. B.
(Eds) Hotspots revisited: Earth’s Biologically Richest and Most Endangered Terrestrial
Ecoregions. – Monterrey, Washington & Mexico
270 Bougaham & al.: Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel ...
Médail, F. & Quézel, P. 1997: Hot-spot analysis for conservation of plants biodiversity in the
Mediterranean Basin. – Ann. Missouri Bot. Gard. 84: 112-127.
Munby, G. 1847: Flore de l’Algérie ou catalogue des plantes indigènes. – Paris.
Nemer, W., Rebbas, K. & Krouchi, F. 2019: Découverte de Cypripedium calceolus (Orchidaceae) au
Djurdjura (Algérie), nouvelle pour l’Afrique du Nord. – Fl. Medit. 29: 207-214.
https://doi.org/10.7320/FlMedit29.207
Quézel, P. & Santa, S. 1962: Nouvelle flore de l’Algérie et des régions désertiques méridionales, 1.
– Paris.
Rankou, H. 2011: Epipactis microphylla. The IUCN Red List of Threatened
Species 2011:e.T175995A7165485. – https://www.iucnredlist.org/species/175995/7165485
[dernier accès 19/06/2020]
Raynaud, C. 1985 : Les Orchidées du Maroc. – Paris.
Rebbas, K., Vela, E., Bougaham, A. F., Belharrat, A., De Belair, G. & Prelli, R. 2019: Découverte de
Christella dentata (Thelypteridaceae) en Algérie. – Fl. Medit. 29: 55-66.
https://doi.org/10.7320/FlMedit29.055
Renz, J. 1978: Orchidaceae – Pp. 1-148 in: Rechinger (ed.), Flora iranica, 126. – Wien.
Selosse, M. A., Faccio, A., Scappaticci, G. & Bonfante, P. 2004: Chlorophyllous and achlorophyllous
specimens of Epipactis microphylla (Neottieae, Orchidaceae) are associated with ectomycor-
rhizal septomycetes, including truffles. – Microbial Ecol. 47(4): 416-426.
Tison, J-M., Jauzein, P. & Michaud, H. 2014: Flore de la France méditerranéenne continentale. –
Turriers.
UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) 2012: Catégories et Critères de la
Liste rouge de l’UICN. Version 3.2. Deuxième édition. – Gland, Cambridge.
Vela, E. & Benhouhou, S. 2007: Évaluation d’un nouveau point chaud de biodiversité végétale dans
le Bassin méditerranéen (Afrique du Nord). – Comptes-Rendus Biol. 330: 589-605.
https://doi.org/10.1016/j.crvi.2007.04.006
WCSP, 2020: Epipactis microphylla (Ehrh.) Sw. Kongl. Vetensk. Acad. Nya Handl. 21: 232 (1800).
– http://wcsp.science.kew.org/namedetail.do?na [dernier accès 19/06/2020]
Yahi, N., Vela, E., Benhouhou, S., De Belair, D. & Gharzouli, R. 2012: Identifying Important Plants Areas
(Key Biodiversity Areas for Plants) in northern Algeria. – J. Threat. Taxa 4(8): 2753-2765.
Adresses des auteurs:
Abdelazize Franck Bougaham1, Khellaf Rebbas2& Errol Vela3,
1Laboratoire de Recherche en Écologie et Environnement, Faculté des Sciences de la
Nature et de la Vie, Université A./Mira de Bejaïa, 06000 Bejaïa, Algérie. Courriel:
abdellazizbougaham@yahoo.fr
2Département des Sciences de la Nature et de la Vie, Faculté des Sciences, Université
Mohamed Boudiaf, M’Sila, Algérie. Laboratoire d’Agro-Biotechnologie et de
Nutrition en Zones arides et semi arides, Université Ibn Khaldoun, Tiaret, Algérie.
Courriel: rebbas.khellaf@gmail.com; khellaf.rebbas@univ-msila.dz
3AMAP, Université de Montpellier / CIRAD / CNRS / INRAE / IRD, CIRAD bat.
PS2, TA/A51, 34398 Montpellier cedex 5, France. Courriel: errol.vela@cirad.fr
Flora Mediterranea 30 — 2020 271
... C'est le cas de la récente découverte d'espèces nouvelles pour la flore d'Afrique du Nord : les orchidées Cypripedium calceolus L. au Djurdjura (Nemer et al., 2019) et Epipactis microphylla (Ehrh.) Sw. au mont Babor (Bougaham et al., 2020), la fougère Christella dentata Forssk. en Petite Kabylie , les endémiques tyrrhéniennes Soleirolia soleirolii (Req.) ...
Article
Full-text available
With the aim of updating our knowledge of our natural heritage, a study was carried out on the vegetation of the Oued Sahel valley (North Algerian), an area of Kabylia that is little studied. The sampling of the flora revealed the existence of three new species for the flora of Kabylia, sector of Djurdjura/ Bibans (Dipcadi serotinum, Silybum eburneum, Cyperus laevigatus subsp. distachyos) and five taxa rediscovered for the study area (Silene muscipula subsp. muscipula, Platycapnos tenuiloba, Deverra scoparia subsp. scoparia, Juncus subulatus, Cistanche phelypaea s.l.). The habitat of these species is threatened by human activities, such as grazing and intensive water pumping. These discoveries enrich the flora of Oued Sahel in particular and that of Djurdjura and Bibans’ Kabylia in general; two sectors already recognized as key biodiversity areas (Important Plants Areas).
... Sw. Au mont Babor (Bougaham et al., 2020) et d'une fougère Christella dentata Forssk. (Rebbas et al., 2019). ...
Article
Full-text available
Une étude floristique et phytogéographique a été éffectuée dans deux massifs montagneux de la Kabylie des Babors (Nord-Est algérien), dans l’objectif de conservation du patrimoine naturel. L’échantillonnage mené entre 2017 et 2020 au niveau des formations forestières et pré-forestières de Cèdre (Cedrus atlantica (Endl.) Carrière), de Chêne zéen (Quercus canariensis Willd.), de Chêne liège (Quercus suber L.) et des pelouses de montagne, s’est soldé par l’inventaire de 377 taxons appartenant à 246 genres et 65 familles de plantes vasculaires. L’analyse du spectre chorologique brut indique une dominance significative des espèces méditerranéennes (54,6%). L’élément endémique ou sub-endémique est bien représenté (14,6%), mais l’élément le plus remarquable est l’ensemble septentrional qui atteint 26,8% de la flore étudiée. L’analyse du spectre biologique global montre une dominance des hémicryptophytes (43,8%) sur les autres formes de vie. Cette région constitue un refuge conservatoire pour une flore d’origine septentrionale et/ou endémique.
... Habitat and distribution:-According to literature (Crespo 2005, Delforge 2016, GIROS 2016, Grünanger 2017, AHO 2018, E. microphylla occurs at 50-1800 m throughout most central and southern European countries (including all large Mediterranean islands), extending eastward to the Crimea, Caucasus and Anatolia (Fig. 2). It is completely absent from the southern Mediterranean, except for a restricted mountain locality of northern Algeria (Bougaham et al. 2020). This species grows as scattered individual plants mainly in the shady undergrowth of deciduous mesic forests or sometimes in pinewoods and evergreen woodlands; it seldom occurs in forest edges or sunny positions. ...
Article
A new subspecies of Epipactis microphylla, proposed as subsp. cossyrensis is described and illustrated from Pantelleria, a volcanic island near Sicily. It differs from subsp. microphylla mainly in the shape and size of leaves and bracts and several floral traits. This taxon, previously attributed to E. pollinensis, a species currently treated as a synonym of E. purpurata, grows in the undergrowth of thermophilous woodlands occurring on the top of the island, where it numbers a few tens of individuals. The conservation status, phenology and taxonomic remarks are provided. Keys for the species belonging to the Epipactis atrorubens group (= subsect. Atrorubensae), including E. microphylla, are presented.
Article
Full-text available
Keywords: Orchids of Algeria, bibliography, botanical research, orchidological research, literature research, references, citations. Summary: Haddad, K., Bendahmane, L. & M. Krichbaum (2024): Annotated bibliography of publications about wild orchids in Algeria – Evaluation of a systematic literature research.- J. Eur. Orch. 56 (2-4): 267-329. An annotated bibliography of publications on orchids in Algeria is presented. It is based on a systematic literature search in reference lists of published works, in journal archives, scientific databases, and online search engines. The main objective of the systematic literature search was to cover both historical and current works as completely as possible. A statistical analysis was carried out regarding the year of publication, the type of publication (books, journal articles, university treatises) and the language. The works are evaluated for the periods before the colonization of Algeria (before 1830), during the French colonial rule (1830-1962) and after Algeria's independence (since 1963). Thus, this annotated bibliography also provides an overview of the history of orchidological research in Algeria from its beginnings to the present day. It can be stated that there were two main creative periods. More than one third of the works (36,3%) date back to the colonial period, while almost half of the works (49,7%) were published after the turn of the millennium. In total, the annotated bibliography contains 314 publications. The works are evaluated according to historical and content-related aspects. For many works additional information is provided, e.g., on the author, the work itself or its availability, to increase the usefulness and the value of the bibliography for the readers. Zusammenfassung: Haddad, K., Bendahmane, L. & M. Krichbaum (2024): Kommentierte Bibliografie zu Veröffentlichungen über wildwachsende Orchideen in Algerien - Auswertung einer systematischen Literaturrecherche.- J. Eur. Orch. 56 (2-4): 267-329. Eine kommentierte Bibliografie von Veröffentlichungen über Orchideen in Algerien wird vorgestellt. Grundlage ist eine systematische Literaturrecherche in Referenzlisten veröffentlichter Arbeiten, sowie in Zeitschriften-Archiven, wissenschaftlichen Datenbanken und Online-Suchmaschinen. Ein wesentliches Ziel der Recherche war es, sowohl historische als auch aktuelle Arbeiten möglichst vollständig zu erfassen. Eine statistische Auswertung erfolgte unter anderem in Bezug auf das Erscheinungsjahr, den Typ der Veröffentlichung (Bücher, Zeitschriftenartikel, Hochschulschriften) und die Sprache. Die gefundenen Arbeiten wurden für die Zeiträume vor der Kolonialisierung Algeriens (vor 1830), während der französischen Kolonialzeit (1830-1962) und nach der Unabhängigkeit Algeriens (seit 1963) ausgewertet. Somit stellt diese Bibliografie auch eine Übersicht über die Geschichte der orchidologischen Forschung in Algerien von den Anfängen bis heute dar. Es zeigt sich, dass es zwei Hauptschaffensperioden gab; über ein Drittel (36,3%) der Werke stammt aus der Kolonialzeit, während knapp die Hälfte (49,7%) der Arbeiten erst nach der Jahrtausendwende erschienen ist. Insgesamt beinhaltet die kommentierte Bibliografie 314 Veröffentlichungen. Die Werke werden nach historischen und inhaltlichen Aspekten bewertet. Für viele Arbeiten werden zusätzliche Informationen, z.B. zum Autor, zum Werk selbst oder zu seiner Verfügbarkeit mitgeteilt, um den Nutzen und den Wert der Bibliografie für die Leser zu erhöhen. Résumé: Haddad, K., Bendahmane, L. & M. Krichbaum (2024) : Bibliographie commentée des publications sur les orchidées sauvages en Algérie - évaluation d'une recherche systématique de la littérature.- J. Eur. Orch. 56 (2-4) : 267-329. Une bibliographie commentée des publications sur les orchidées en Algérie est présentée. La base est une recherche systématique de littérature dans des listes de référence de travaux connus, dans des archives de revues, des bases de données scientifiques et des moteurs de recherche en ligne. L'objectif principal de la recherche était de recenser de manière aussi complète que possible les travaux historiques et actuels. Une analyse statistique a été réalisée en fonction, entre autres, de l'année de publication, du type de publication (livres, articles de périodiques, thèses universitaires), et de la langue. Les travaux trouvés sont évalués pour les périodes précédant la colonisation de l'Algérie (avant 1830), pendant la période coloniale française (1830-1962) et après l'indépendance de l'Algérie (depuis 1963). Ainsi, cette bibliographie constitue également un aperçu de l'histoire de la recherche orchidologique en Algérie, de ses débuts à nos jours. Il apparaît qu'il y a eu deux périodes principales de création : plus d'un tiers (36,3%) des œuvres datent de l'époque coloniale, tandis que près de la moitié (49,7%) des travaux ont été publiés après le tournant du millénaire. Au total, la bibliographie comprend 314 publications. Les ouvrages sont évalués en fonction de leurs aspects historiques et de leur contenu. Pour de nombreux travaux, des informations supplémentaires, par exemple sur l'auteur, l'œuvre elle-même ou sa disponibilité, sont communiquées afin d'accroître l'utilité et la valeur de la bibliographie pour les lecteurs.
Article
Full-text available
While Epipactis palustris has been documented for the first time in Lebanon (at Mount Lebanon Governorate), this presence in the Middle East outside its classical range questions us. The species is widely distributed through Europe until Central Asia, but this southernmost location is isolated from the Turkish nearest ones from at least 500 km. Its ecology is classical but very restricted to a punctiform habitat hosting other regional rarities. The orchids family is known to be the best wind dispersed of the vascular plants because of its vestigial seeds kept to a minimum. The sink-source metapopulation characteristic model of this species is debated and the issue for its regional conservation evocated.
Article
Full-text available
The Algerian Nuthatch (Sitta ledanti) is the only bird species endemic to Algeria and it’s a protected species by the Algerian law since 1983. So far, we have no precise information on recent changes in population density as well as the demographic trends of this endangered species in its entire range in the Kabylia of Babors. The population of the species in the Babor-Tababort National Park remains the most abundant, with 275 individuals recorded in 2020. Thirty-eight years after the 1982 census, it multiplied with an annual multiplication rate of (λ) = 1.01 and grew with an annual growth rate of r = 1.36%. The Algerian Nuthatch has been present throughout the Mount Babor forest from 1,300 m altitude to the summit at 2,004 m altitude. The Algerian Nuthatch, in 2020, was more abundant in the mixed cedar forest because this type of forest covers the largest area in Mount Babor. The population of the species in the Mount Babor forest remains isolated that, however, could be connected to the population in the Tababort forest through the setting of an ecological corridor.
Article
Full-text available
This work highlights a plant of proven ecological and heritage importance. It is Leucojum aestivum subsp. pulchellum (Salisb.) Briq., a very rare and localized tyrrhenian endemic taxon from western Numidia (northeastern Algeria). Given its distribution and population characteristics and threats on the only observation locality in North Africa, the taxon deserves appropriate protection measures.
Article
Full-text available
Belguidoum A, Lograda T, Ramdani M. 2021. Diversity and distribution of epiphytic lichens on Cedrus atlantica and Quercus faginea in Mount Babor Forest, Algeria. Biodiversitas 22: 887-899. Information about lichen diversity in Algeria is limited despite their important role as biological indicators of ecosystem health. The aim of the study was to carry out an inventory of epiphytic lichens in the Mount Babor Forest on two types of phorophytes (host trees), i.e., Cedrus atlantica and Quercus faginea, in varying altitudinal gradients and the diameter of host tree. The similarity of the sampled sites was assessed by the Sorensen index (β). Sixty-six species of epiphytic lichens were identified, which belong to 24 families and 38 genera. C. atlantica hosted a higher number of species than Q. faginea. The majority of lichen on C. atlantica belonged to the Parmeliaceae family, whereas those on Q. faginea belonged to the Physciaceae family. Crustose and foliose lichens were the most common species in the study area. The results showed the existence of a distinct relationship between the parameters of the distribution (i.e., tree diameter, elevation) and the specific lichen richness. The greatest number of lichen species (59 species) was observed on large diameter trunks (41-60 cm). Lichen diversity increased along with the increase in altitude. Sorensen’s similarity index revealed the presence of heterogeneity in the community composition of lichen vegetation.
Article
Full-text available
Abstract. – Orchids in the northern part of the Setif province (North-East of Algeria). As a follow-up to the previous study on the orchids of the wilaya of Setif and continuing to explore the different potential wider sites that could shelter these plants, this inventory brings other observations of orchids in an area that ranges from Setif to Kherrata and West Tababort, which is known for its importance to plants (IPA). Some species are observed for the first time, while others have their frequency and population size re-evaluated. Our investigation made possible to inventory 31 taxa, including one hybrid, of which 9 species and the hybrid were observed for the first time, namely Anacamptis morio subsp. longicornu (= Orchis longicornu), Androrchis patens subsp. patens (= Orchis patens), Androrchis pauciflora subsp. laeta (= Orchis laeta), Himantoglossum robertianum (= H. longibracteatum), Neotinea tridentata subsp. conica (= Orchis conica, O. tridentata subsp. lactea p.p.), Neottia nidus-avis, Ophrys funerea (= O. fusca auct. p.p), O. omegaifera subsp. hayekii (= O. mirabilis), Orchis italicaand Anacamptis fragrans ×pyramidalis (= ×Anacamptorchis simorrensis). This contribution brings information that is most up to date for the study area and constitutes a relevant contribution to the mapping of Algerian orchids.
Article
Full-text available
La Néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis) a été signalée en Algérie uniquement à Babor. Malgré qu’elle ait été citée par la suite par d’autres auteurs, aucune illustration n’a été donnée de cette très rare orchidée. Après plusieurs sorties au djebel Babor, on a eu la chance d’observer cette orchidée à deux reprises. Au total, 19 individus de Neottia ont été rencontrés dans la forêt de Babor, précisément dans une forêt mixte de Cèdre, de Sapin et de Chêne zéen, à 1940 m d’altitude sur la façade sud du djebel. C’est la première fois que cette orchidée a été observée sur le flanc sud de Babor. Les individus sont en bon état de développement dont certains individus sont déjà en fruit. Neottia nidus-avis devrait être priorisée dans la liste des espèces protégées en Algérie en raison de sa rareté et la fragilité de son habitat. La zone limitée où cette espèce a été observée nécessite une surveillance et une protection particulière à cause des menaces qui pourraient la faire disparaitre à jamais. Avec cette redécouverte, djebel Babor demeure une zone très importante pour les plantes; il est temps donc d’instaurer des lois très strictes quant à son accès avec un contrôle régulier et avec rigueur des visiteurs.
Article
Full-text available
Christella dentata (= Cylosorus dentatus, Thelypteridaceae, Pteridophyta), native to the tropical and subtropical regions of Africa and Asia, has been observed between Jijel and Bejaia in northeastern Algeria. Distribution, ecological notes and comparison with related taxa as Cyclosorus interruptus (Dryopteris gongylodes p.p.) are also provided. This is the first report of this species in North Africa.
Book
Full-text available
Concluding messages 1. In order to halt and reverse the continuous decline of plant diversity, specific action plans and programmes addressing particular plant conservation challenges must be incorporated in regional and national conservation programmes and strategies. 2. Enhanced cooperation between botanists, practitioners and communities is essential for effective and successful plant conservation programmes. 3. The Red List of Threatened Species and Key Biodiversity Areas are useful sources of information for global, regional and national priority setting, and need to be regularly added to and updated. 4. Despite advances in planning, action on the ground is still too limited to be effective in slowing the rate of loss of threatened species and habitats; it is therefore urgent to move on from the planning phase to the implementation phase. 5. Suggested actions to achieve conservation implementation are: • Reinforce national Protected Area systems, ensure their effective management and include the conservation of threatened plant diversity in their management plans. • Explore and apply, where feasible, the various schemes for the conservation of species that occur outside protected areas, such as conservation easements and plant microreserves. • Recognise the importance of other area based conservation measures (OECMs), and community/participatory conservation. • Encourage community involvement and participatory approaches as essential factors in successful plant conservation. • Devise national ecological habitat restoration programmes that combine restoration techniques with the integration of human activities within the landscape. • Recognise the importance of conserving genetic diversity as a key element in species conservation, recovery and reintroduction programmes. Ensure the genetic conservation of species of economic importance – notably wild crop relatives and medicinal and aromatic plants – by a diversity of means, including ex situ conservation in gene banks, botanic gardens, ancillary botanic gardens and targeted in situ approaches.
Article
Full-text available
RésuméCette étude vise à mieux connaitre le patrimoine floristique de l’Algérie. Dans ce travail nous avons dressé une liste des orchidées de la région de Tlemcen grâce à une série de prospection réalisée entre 2006 et 2018 et qui s’est soldée par l’inventaire de 11 genres, comprenant 48 taxons dont 329 espèces et 2 hybrides. Des cartes de répartition et des données écologiques ont été établies pour chaque espèce afin d’aider à les retrouver pour des éventuelles recherches. Certains taxons présentent une large distribution à travers la région de Tlemcen, alors que d’autres sont très localisés. Parmi les taxons observés, 27 sont qualifiés de rares ou très rares à l’échelle du pays. Mots clés: Orchidées, région de Tlemcen, endémique, protection, chorologie. SummaryOrchidaceae of the region of Tlemcen (Algeria).This study aims at knowing better floral heritage of Algeria. In this work we so raised a list of the orchids of the region of Tlemcen en thanks to a series of prospecting realized between 2006 and 2017 and which ended in the inventory of 11 genres including 48 let us taxa among which 29 species and 2 hybrids. Maps of distribution and ecological data were established for every species help to find them for possible look for. Some let us let us tax present a wide distribution through the territory of the wilaya, while others are very located (localized). Among tax them observed, 26 are considered as rare or very rare on the scale of the country.Key words: Orchids, Tlemcen region, endemic, protection, chorology.
Article
Full-text available
La wilaya de Sétif, réputée par sa richesse floristique et pour sa diversité écologique, héberge une biodiversité floristique remarquable. Cette biodiversité nécessite une bonne investigation sur terrain afin de localiser, d’identifier et de cartographier les espèces rares et menacées de cette région. Parmi ces espèces, les orchidées demeurent les plus emblématiques en raison de leur beauté, mais aussi de la fragilité de leurs habitats et des menaces qui pèsent sur leur préservation. Les auteurs présentent dans cet article les nouvelles stations d’orchidées découvertes dans la wilaya de Sétif. Vingt-six (26) espèces et sous-espèces d’orchidées ont été observées, identifiées et géolocalisées. Parmi ces espèces, Orchis purpurea subsp. purpurea, Dactylorhiza maculata subsp. battandieri, Orchis mascula subsp. maghrebiana, Ophrys omegaifera subsp. hayekii et Ophrys marmorata subsp. marmorata ont été observées pour la première fois dans la région. Dactylorhiza elata s.l. est bien représenté, mais seulement dans des zones humides soumises à des dégradations humaines récentes ce qui fait craindre pour sa pérennisation. Mots clés. – Orchidaceae, Anacamptis, Cephalanthera, Dactylorhiza, Himantoglossum, Ophrys, Orchis, Platanthera, Serapias, Djebel Babor, Djebel Bou Taleb, Djebel Megriss.
Article
Cypripedium calceolus L. (Orchidaceae) native to Eurasia is considered one of the flagship plant species of nature conservation. Because of its wide range, this species could be considered a taxon of minor concern, near threatened, vulnerable, endangered or critically endangered. This orchid was discovered in the Djurdjura, in north-central Algeria. Ecological notes are also provided. This is the first report of this species in North Africa. This discovery will enrich the Algerian orchid in general and that of Kabylia in particular. Key words: flora, floristics, Orchid, North Africa.
Article
Ophrys pallida Raf. a été découvert à sa fin de floraison, en trois individus le 1 mai 2013 par l’un de nous (K.H.) à l’occasion d’un inventaire floristique dans la région de Béni Yadjis (Jijel, Algérie). Le 31 mai, une visite des deux auteurs (K.H. & K.R.) a permis d’observer un individu de cet Ophrys en extrême fin de floraison, partiellement fanée, comportant des fruits en voie de maturation