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Abstract

Notre pays-et la planète-traverse une crise épidémique majeure. Comme toute crise, elle peut être révélatrice des forces et faiblesses de la société, et de ses composantes : celles de son système de santé, de son système de recherche, du fonctionnement de la démocratie sanitaire… Cet article aborde la question des inégalités sociales au temps du COVID-19 : la crise sanitaire, la réaction politique et celle du système de santé les ont-elles amplifiées, atténuées ou les ont-elles laissées telles qu'elles étaient auparavant ? Ce numéro spécial de la revue Questions de Santé Publique apporte un éclairage sur cette question à partir de résultats originaux provenant de l'enquête « Épidémiologie et conditions de vie » (EpiCoV), permettant de documenter dans les meilleurs délais la situation exceptionnelle que nous traversons.
de santé publique
40– octobre 2020
numéro spécial
1
Questions
Les inégalités sociales
au temps du COVID-19
Nathalie Bajos (Inserm), Josiane Warszawski (Inserm – Université Paris Saclay), Ariane Pailhé (Ined), Emilie Counil (Ined), Florence Jusot (Université Paris
Dauphine), Alexis Spire (CNRS), Claude Martin (CNRS), Laurence Meyer (Université Paris Saclay), Antoine Sireyjol (Inserm), Jeanna-Eve Franck (Inserm),
Nathalie Lydié (Santé Publique France) 1
Notre pays et la planète traverse une crise épidémique majeure. Comme toute crise, elle peut
être révélatrice des forces et faiblesses de la société, et de ses composantes: celles de son
système de san, de son système de recherche, du fonctionnement de la démocratie sanitaire
Cet article aborde la question des inégalités sociales au temps du COVID-19: la crise sanitaire, la
action politique et celle du sysme de san les ont-elles amplifes, atténuées ou les ont-elles
laissées telles qu’elles étaient auparavant? Ce numéro spécial de la revue
Questions de San
Publique
apporte un éclairage sur cette question à partir de sultats originaux provenant de
l’enquête «Épidémiologie et conditions de vie » (EpiCoV), permettant de documenter dans les
meilleurs délais la situation exceptionnelle que nous traversons.
1. Les auteurs et auteures remercient les membres du Conseil Scientifique d’EpiCoV pour leurs remarques sur les premiers résultats de l’enquête, et tout particulièrement François
Héran, professeur au Collège de France, co-président du conseil scientifique d’EpiCoV, pour sa relecture attentive de cet article.
Parmi les mesures mises en place par
les pouvoirs publics pour réduire la
propagation de l’épidémie de COVID-
19, la plus spectaculaire, sans doute, a été
le confinement de l’ensemble de la popula-
tion, appliqué du 17 mars jusqu’au 11 mai
2020. D’autres dispositifs, tels que la ferme-
ture de commerces et d’établissements, le
recours aulétravail, la mise en place d’al-
locations de chômage technique et de chô-
mage partiel ou les autorisations d’absence
pour garde d’enfant ont aussi été déployés
pour faire face à cette situation inédite.
En restreignant la circulation des per-
sonnes, ces mesures ont permis de réduire
fortement le nombre de personnes conta-
minées [1]. Mais, très vite, le débat public
s’est emparé d’une question majeure: com-
ment ces mesures d’application universelle,
mises en place sans distinction d’âge, de
sexe, de milieu social ou de lieu de rési-
dence, se sont-elles accommodées des iné-
galités sociales qui traversent la société
française? Peut-on dire qu’elles ont simple-
ment révélé l’ampleur des inégalités pré-
existantes, qu’elles les ont amplifiées ou
qu’elles les ont réduites? Les hypothèses
qui ont circulé à ce sujet étaient parfois
plausibles mais pas toujours vérifiables,
faute de données objectives et représenta-
tives de l’ensemble de la population.
L’enquête «Épidémiologie et conditions de
vie» (EpiCoV) permet de combler cette
lacune. Menée par l’Inserm avec le
concours de la Drees, de l’Insee et de San
publique France, elle a interrogé en
mai 2020 un échantillon représentatif de
135000 personnes âgées de 15 ans ou plus
vivant en France métropolitaine, en Marti-
nique, en Guadeloupe et à la Réunion (Enca-
dré 1). Elle aborde la question des inégalités
sous deux angles: d’une part, les facteurs
d’exposition au virus liés au lieu de rési-
dence, aux conditions de logement ou à la
nécessité de travailler hors du domicile; de
l’autre, les effets du confinement sur les
conditions de vie: recours au télétravail,
prise en charge des enfants, situation
d’emploi, situation financière.
La présente étude décrit ces diverses
formes d’inégalités en s’attachant spécia-
lement à leurs effets cumulatifs pour cer-
taines catégories de la population. Elle est
centrée sur les femmes et les hommes
d’âge actif, entre 18 et 64 ans pour tenir
compte de l’impact de l’épidémie sur la
situation d’emploi.
Questions de santé publique
2
Octobre2020
numéro spécial
DES CONDITIONS DE VIES
PROPICES À LA CONTAMINATION
DANS LES CATÉGORIES
DÉFAVORISÉES
La circulation du virus est favorisée quand
plusieurs personnes cohabitent dans un
espace restreint [2], peu propice à l’applica-
tion des mesures de distanciation physique.
Le confinement a pu, à son tour, affecter la
qualide vie quotidienne si les adultes et les
enfants ont dû travailler et faire classe à
domicile, sans pouvoir s’isoler pour se
concentrer ou réduire les tensions familiales.
Aussi convient-il de planter le décor social du
confinement avant de mesurer les effets de
ce dernier sur la circulation du virus.
Plus d’une personne sur dix (14 % des
femmes et des hommes, Tableau1) a vécu le
confinement dans un logement «surpeu-
p», c’est-à-dire n’offrant pas 18 m² par
personne pour celles et ceux qui vivent à
plusieurs dans le même logement (voir
Encadré 3). Le surpeuplement ainsi défini
s’observe chez 27 % des ménages «com-
plexes» (réunissant plusieurs générations
d’adultes, voir encadré) et chez 25 % des
ménages de l’unité urbaine de Paris.
Les différences sociales sont très mar-
quées: on compte 19 % de logements sur-
peuplés chez les ouvriers non qualifiés,
contre 11 % chez les cadres. Certaines pro-
fessions dites « essentielles » dans le
contexte de l’épidémie ont des taux de sur-
peuplement élevés (Tableau 1bis): person-
nel de nettoyage (21 %), aide à domicile
(18%), ouvriers salariés dutiment (20%).
Le surpeuplement va souvent de pair avec
une situation financière précaire, mesurée
par les revenus fiscaux du ménage en
2018 : limité à 5 % chez les 10 % de
ménages ayant les revenus les plus élevés,
il s’élève à 29 % chez les 10 % de ménages
ayant les revenus les plus faibles.
Mais le surpeuplement concerne au plus
haut point les immigrés d’origine non euro-
enne (définition en Encadré 2). Parmi eux, la
proportion de logements surpeuplés s’élève
à 41 % pour la première génération; elle
recule pour les enfantss en France d’im-
migrés d’origine non européenne mais reste
encore élevée: 30%. Une situation confirmée
1 – LE DÉFI DE L’ENQUÊTE EPICOV : INTERROGER
PAR TEMPS D’ÉPIDÉMIE UN ÉCHANTILLON REPRÉSENTATIF
DE 135000 PERSONNES
L’enquête «Épidémiologie et conditions de vie» (EpiCoV) a été lancée par
l’Inserm, avec le concours de la DREES, de l’Insee et de Santé publique
France, pour analyser les effets de la pandémie de Covid-19. L’équipe
EpiCoV associe des épidémiologistes, des sociologues, des démographes
et des économistes de l’Inserm, de l’INED, du CNRS et des universités
Paris-Saclay et Paris-Dauphine.
Son objectif est d’estimer la dynamique de l’épidémie à l’échelle nationale
et départementale, mesurer les effets des conditions de vie sur
l’exposition au virus et, réciproquement, ceux de l’épidémie sur les
conditions de vie.
L’enquête se propose de suivre l’évolution de l’épidémie en interrogeant
les mêmes personnes sur plusieurs vagues. La première s’est déroulée
pour partie sur Internet et pour partie par téléphone, du 2 mai au 2 juin
2020, à cheval sur le confinement général décrété en mars et sur le
déconfinement amorcé le 11 mai.
L’Insee a tiré dans la base Fideli (Fichiers démographiques sur les
logements et les individus) un échantillon aléatoire de personnes résidant
en ménage ordinaire en France métropolitaine, en Martinique, en
Guadeloupe et à la Réunion, âgées de 15 ans ou plus au 1er janvier 20202.
135 000 personnes ont répondu à l'enquête. Les résultats publiés ici ont
été redressés en appliquant les coefficients de pondération établis par
l’Insee pour produire des estimateurs représentatifs de la population.
Les pourcentages présentés sont pondérés pour tenir compte du plan de
sondage. Les effectifs sont ceux des personnes ayant répondu aux
questions.
2 – LA MESURE DES ORIGINES
Les catégories d’origine sont construites à partir des informations sur le
pays de naissance et la nationalité à la naissance de l’individu et de ses
parents. On distingue ainsi:
– les personnes nées françaises en France métropolitaine de parents
français de naissance, quel que soit leur pays de naissance;
les personnes nées françaises dans les départements ou régions
d’outre-mer (DROM) de parents français de naissance, quel que soit leur
pays de naissance;
– les immigrés (G1): personnes nées étrangères à l’étranger et venues
s’installer en France;
– les descendants d’immigrés (G2): personnes nées en France d’au moins
un parent immigré.
Dans chaque génération les personnes ont été distinguées selon qu’elles
sont ou non originaires d’un pays européen. Cette répartition offre une
approximation du degré d’exposition aux discriminations ethno-raciales [3].
2. La Guyane et Mayotte n’ont pu être intégrées dans le plan de sondage pour des raisons de couverture des bases disponibles.
Les igalités sociales au temps du COVID-19
40
3
par de nombreux travaux et qui résulte de
leurs positions défavorables en matière
d’emploi et de revenu [3], ainsi que des discri-
minations dans l’accès au logement [4].
Un autre facteur de risque lié à l’habitat,
distinct du surpeuplement, est la densité de
population mesurée ici à l’échelle de la
commune de résidence. Une forte densité
(au moins 1 500 habitants par km2et un
minimum de 50000 habitants) multiplie les
interactions liées aux déplacements quoti-
diens (courses, trajets domicile-travail).
D’après l’enquête, 61 % des personnes
vivant dans un logement surpeuplé habitent
une commune à forte denside population
contre 39 % de l’ensemble de la population.
Pour une partie de la population, surpeuple-
ment du logement et densité communale se
cumulent. C’est le cas des 25-34 ans, des
personnes sans diplôme et des membres
de ménages complexes (Tableau 1). Le
cumul est plus marqué au bas de l’échelle
des revenus et parmi les personnes immi-
grées d’origine non européenne, en raison
des phénomènes de ségrégation socio-spa-
tiale [3]. Il ne s’observe pas, en revanche,
chez les bénéficiaires de hauts revenus, qui
vivent eux aussi en habitat dense, mais dans
des logements plus faiblement peuplés.
L’enquête EpiCoV plante le décor d’une
structuration sociale très marquée des
conditions de logement qui affectent la cir-
culation du virus.
DES CONDITIONS DE TRAVAIL
BOULEVERSÉES PAR LA CRISE
À la veille du confinement, 69 % des
hommes et 63 % des femmes de 18 à 64
ans occupaient un emploi. Sur ce nombre,
près de 11% n’ont pas travaillé pendant le
confinement, chez les femmes comme
chez les hommes (Tableau 2). Le taux
s’élève à 18 % chez les 18-24 ans. Cette
situation est plus fréquente en milieu popu-
laire: 14 % des employés non qualifiés,
16 % des ouvriers qualifiés, 17 % des
ouvriers non qualifiés, contre seulement
5 % des cadres et professions intellec-
tuelles supérieures. Le phénomène est
marqué parmi les immigrés d’origine non
européenne, mais recule d’une génération
à l’autre : 18 % pour la première, contre
13 % pour la seconde.
TABLEAU1. Proportions de personnes vivant dans une commune de forte densité et dans
un logement surpeuplé pendant le confinement.
Proportion (%) vivant Proportion (%) vivant
dans une commune dans un logement
très dense surpeuplé*
Total 38,6 14,0
Sexe
Femme 38,9 13,8
Homme 38,3 14,2
Âge (ans)
18-24 37,8 15,0
25-34 46,9 18,8
35-44 40,1 20,9
45-54 35,9 12,0
55-64 33,1 5,0
Niveau d’études
Sans diplôme 42,2 25,1
Niveau primaire ou Brevet 34,3 15,2
CAP ou BEP 27,1 13,0
Baccalauréat 34,6 14,3
Bac +2 à Bac +4 38,9 10,9
Bac +5 ou plus 60,9 12,1
Origine
Né français en France métropolitaine
de parents français de naissance 31,5 8,9
Né français dans un DROM
de parents français de naissance** 36,9 20,0
Descendant d’immigrés d’origine européenne 39,5 11,3
Immigré d’origine européenne 46,8 20,5
Descendant d’immigrés
d’origine non européenne 67,3 29,7
Immigrés d’origine non européenne 71,9 40,5
Structure du ménage
Personne seule 45,8 -
Couple sans enfant 34,9 4,9
Couple avec enfant(s) 35,6 20,8
Famille monoparentale 43,8 8,7
Ménage complexe 44,9 27,3
Revenu fiscal 2018
Décile 1 (10 % les plus faibles) 45,6 28,6
Déciles 2 et 3 40,3 23,0
Déciles 4 et 5 32,9 13,5
Déciles 6 et 7 32,0 9,3
Déciles 8 et 9 38,0 6,8
Décile 10 (10 % les plus élevés) 49,5 4,5
Catégorie socio-professionnelle
Agriculteurs, travailleurs indépendants
et entrepreneurs 27,6 11,8
Cadres supérieurs 53,4 10,5
Profession intermédiaires 36,8 11,0
Employés de bureau, vente et service qualifiés 41,4 12,8
Employés de bureau, vente
et de service non qualifiés 35,6 14,8
Ouvriers qualifiés 28,3 15,7
Ouvriers non qualifiés 28,4 19,0
N’a jamais travaillé 42,8 20,5
Effectifs de personnes ayant répondu à la question 102 535 99 472
Source : Enquête EpiCoV V1-2020 INSERM/DREES.
Champ : France métropolitaine, Martinique, Guadeloupe et Réunion. Personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire
ou institution (hors Ehpad et prisons).
Lecture : En moyenne, 15,0 % des personnes de 18-24 ans vivent dans un logement qui comporte moins d’une pièce par
personne. Cette proportion est de 25,1 % chez les personnes qui n’ont pas de diplôme et de 12,1 % chez celles qui ont
un diplôme supérieur ou égal à Bac + 5.
*voir encadré.
** 94% d'entre eux habitaient en Martinique, Guadeloupe ou à la Réunion au moment de l'enquête.
4
La crise sanitaire a bouleversé les condi-
tions de travail. Un changement majeur est
le recours au télétravail que les
employeurs ont été invités à favoriser
chaque fois que cela était possible. Dans le
cas contraire, ils devaient mettre en place
des mesures de prévention (fourniture de
gel et de masques, respect des distances),
particulièrement cruciales pour les activi-
tés dites essentielles qui impliquent de trai-
ter en personne les matières et les corps.
Le gouvernement a accordé des allocations
de chômage technique et de chômage par-
tiel aux employés des entreprises et aux
indépendants contraints de cesser ou de
réduire leur activité, ainsi qu’aux salariés
vulnérables ne pouvant pas travailler à dis-
tance. Les parents sans système de garde
ont pu obtenir une autorisation spéciale
d’absence pour garde d’enfant.
Questions de santé publique
Octobre2020
numéro spécial
TABLEAU1 BIS. Proportions de personnes vivant dans une commune de forte densité
et dans un logement surpeuplé pendant le confinement pour les personnes occupant
un emploi dit essentiel.
Proportion (%) vivant dans Proportion (%) vivant dans
une commune très dense un logement surpeuplé
Professions essentielles
Infimiers 32,8 9,8
Médecins 62,1 7,8
Aides soignants 30,1 13,1
Pharmaciens 38,9 12,0
Aides à domicile 34,6 18,1
Travailleurs sociaux 36,2 10,8
Enseignants 39,0 9,7
Caissiers, employés stations-service,
agents de sécurité 35,1 16,6
Livreurs, postiers, conducteurs, policiers 32,8 13,4
Agents de nettoyage 43,0 20,9
Agents bancaires 41,5 10,3
Artisans, salariés du bâtiment 32,7 19,6
Autres professions 35,4 12,9
Non concerné (chômage ou inactif) 38,6 16,3
Professions non essentielles 42,2 12,2
Population dans son ensemble 38,6 14,0
Effectif : 37 971
(Total professions essentielles) (35,7) (13,3)
Source : Enquête EPICOV V1-2020 INSERM/DREES.
TABLEAU2. Organisation du travail pendant le confinement.
N’a pas travaillé Télétravail A travaillé à l’extérieur A travaillé à l’extérieur Total
pendant le confinement uniquement partiellement uniquement
Sexe
Femme 10,5 22,9 35,1 31,4 100
Homme 10,9 19,7 38,4 31,1 100
Âge (ans)
18-24 18,2 16,4 37,5 27,9 100
25-34 11,8 25,8 35,6 26,8 100
35-44 10,3 22,8 38,3 28,6 100
45-54 9,3 19,3 36,8 34,6 100
55-64 8,7 18,0 35,9 37,4 100
Catégorie socio-professionnelle
Agriculteurs, travailleurs indépendants
et entrepreneurs 11,6 4,0 35,5 48,9 100
Cadres supérieurs 5,4 49,9 29,3 15,4 100
Profession intermédiaires 8,3 22,7 36,6 32,4 100
Employés de bureau, vente et service qualifiés 11,5 28,7 35,5 24,4 100
Employés de bureau, vente et de service
non qualifiés 14,0 7,5 37,1 41,4 100
Ouvriers qualifiés 15,5 1,1 50,2 33,3 100
Ouvriers non qualifiés 17,3 0,9 42,7 39,1 100
Origine
Né français en France métropolitaine
de parents français de naissance 9,6 21,9 36,8 31,7 100
Né français dans un DROM
de parents français de naissance* 10,7 17,8 35,4 36,2 100
Descendant d’immigrés d’origine européenne 10,8 21,1 38,3 29,7 100
Immigré d’origine européenne 11,9 20,2 40,1 27,8 100
Descendant d’immigrés d’origine
non européenne 13,1 26,2 34,3 26,4 100
Immigrés d’origine non européenne 18,4 15,4 36,3 29,8 100
Structure du ménage
Personne seule 9,7 21,6 35,2 33,6 100
Couple sans enfant 9,9 23,5 34,6 31,9 100
Couple avec enfant(s) 10,6 20,9 38,0 30,5 100
Famille monoparentale 12,3 18,4 37,9 31,4 100
Ménage complexe 13,6 20,6 36,2 29,6 100
Total 10,7 21,2 36,8 31,2 100
Effectif de personnes ayant répondu à la question : 69 029
Source : Enquête EPICOV V1-2020 INSERM/DREES. Champ : Personnes ayant un emploi avant le début du confinement. Lecture : 31,0 % des femmes ont travaillé uniquement à l’extérieur.
* 94% d'entre eux habitaient en Martinique, Guadeloupe ou à la Réunion au moment de l'enquête.
5
Avant le confinement, seuls 3 % des sala-
riés pratiquaient le télétravail au moins un
jour par semaine, dont 61 % étaient des
cadres [5]. Avec la crise sanitaire, lelétra-
vail exclusif a fortement augmenté: 23 %
des femmes et 20% des hommes l’ont pra-
tiqué (Tableau 2). Les contrastes sociaux
vont dans le sens attendu, mais leur
ampleur est saisissante: 50 % des cadres
ont pratiqué exclusivement le télétravail
pendant le confinement, contre 1 % seule-
ment du monde ouvrier.
Travailler à domicile ne va pas de soi pour
les personnes qui ne disposent pas d’une
pièce pour s’isoler ou qui doivent s’occuper
de jeunes enfants [6]. Parmi les personnes
en emploi interrogées dans l’enquête, près
d’une mère sur quatre vivant avec un
enfant de moins de 18 ans a dû travailler à
la maison, contre un père sur cinq.
À l’opposé, la proportion des personnes
ayant dû travailler continûment à l’exté-
rieur est la même pour les femmes et les
hommes, soit 31 %. Elle est plus élevée
dans les tranches d’âge n’ayant pas encore
d’enfant. À nouveau, les cadres se déta-
chent, avec seulement 15 % de travail
continu à l’extérieur, soit deux fois moins
que la moyenne générale.
Le confinement a popularisé les notions de
«métiers de première nécessité » ou de
«métiers essentiels». Les contours en
sont indécis: il n’existait aucune liste offi-
cielle des emplois essentiels, et de nom-
breux débats ont eu lieu sur son périmètre
[7]. Le succès de l’expression traduit cepen-
dant un enjeu de reconnaissance. Les per-
sonnes interrogées ont éinvitées à décla-
rer si elles jugeaient que leur emploi faisait
partie des professions dites essentielles.
Une liste non exhaustive leur était propo-
sée (voir Encadré 3). La réponse a été posi-
tive pour 37 % des femmes et 35 % des
hommes. Cette faible différence ne doit pas
masquer le fait que les professions concer-
nées sont fortement genrées: la prise en
charge d’autrui est très majoritairement le
fait des femmes (elles représentent 77 %
du personnel des professions de santé,
94 % des aides à domicile, 64 % du person-
nel de nettoyage, 67 % du corps ensei-
gnant), tandis que les hommes sont surre-
présentés dans les métiers du bâtiment et
de la sécurité.
Dans leur grande majorité, autour de
70 %, les personnes exerçant une profes-
sion considérée comme essentielle l’ont
fait à temps plein sur leur lieu de travail
pendant la période de confinement, qu’il
s’agisse des personnels de santé (aides-
Les igalités sociales au temps du COVID-19
40
3  LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’ENQUÊTE EPICOV
Surpeuplement : sur la base de la définition de l’Insee et des variables
disponibles dans l’enquête, ont été distinguées les personnes qui vivent
seules, celles qui vivent à deux personnes ou plus dans le logement avec
plus de 18 m2par personne et celles qui vivent à deux ou plus dans le
logement avec moins de 18 m2par personne, logement alors qualifié de
surpeuplé.
Structure du ménage : ont édistinguées les personnes vivant seules, les
couples sans enfant présent dans le logement, les couples avec enfant
présent dans le logement, les familles monoparentales et les foyers
qualifiés ici de «ménage complexe» comprenant plusieurs adultes
(parents, autres personnes de la famille, amis ou proches) et les grands-
parents qui habitent avec leurs petits-enfants.
Profession essentielle : en l’absence d’une définition légale, le caractère
«essentiel» de la profession exercée a été déclaré par les participants,
puis précisé à partir d’une liste fermée, non exhaustive, regroupant les
principales activités professionnelles considérées comme essentielles
dans le contexte de l’épidémie.
Catégorie socio-professionnelle : la catégorie socio-professionnelle
correspondant à l’emploi actuel ou au dernier emploi exercé a été
renseignée par les participants selon la nomenclature des professions et
catégories socioprofessionnelles (PCS) de l’Insee. Les employés ont été
distingués selon qu’ils détiennent ou non un diplôme de l’enseignement
supérieur.
Organisation du travail pendant le confinement : pour les personnes ayant
travaillé, le type d’organisation du travail a édéfini en tenant compte de
la variabilité des situations individuelles au cours de la période de
confinement. À partir des déclarations des participants sur le passage au
télétravail, les arrêts de travail, le chômage partiel, la fin de contrat et les
congés (y compris forcés), les situations suivantes ont été définies:
(1) a travaillé en télétravail uniquement (a travaillé pendant le
confinement, avec indication de recours au télétravail total au cours des 7
derniers jours) ; (2) a travaillé partiellement à l’extérieur (a travaillé
pendant le confinement, avec indication de recours au télétravail partiel,
ou d’un changement dans la situation vis-à-vis de l’emploi qui ne peut être
précisément daté) ; (3) a travaillé à l’extérieur uniquement (a travaillé
pendant le confinement, sans indication de recours au télétravail partiel
ou total, ni de changement dans la situation vis-à-vis de l’emploi); (4) n’a
pas travaillé pendant le confinement.
soignants, infirmiers, médecins), du per-
sonnel de sécurité, des caissiers, des
employés de magasin d’alimentation ou
de station-service. Certaines professions
ont par ailleurs plus souvent utilisé les
transports en commun pour se rendre sur
Questions de santé publique
Octobre2020
numéro spécial
6
leur lieu de travail: près de 10 % des
agents de nettoyage et des aides à domi-
cile contre 4 % pour l'ensemble des per-
sonnes qui ont travaillé dans la semaine
précédant l'enquête.
UN RECOURS MASSIF AU
CHÔMAGE TECHNIQUE OU PARTIEL
Nombreuses ont été les personnes actives
à la veille du confinement qui ont vu leur
relation avec l’employeur modifiée ou rom-
pue. Le phénomène a pris des formes très
diverses, avec de faibles variations entre les
femmes et les hommes. Seuls 1,2 % des
actifs ont été licenciés, et 1,5% n’ont pas vu
leur contrat renouvelé. Rares ont été les
démissions (0,3 %).
Massive, en revanche, a été la mise au chô-
mage technique ou partiel appliquée com-
plètement (15 % des femmes, 16 % des
hommes) ou en partie, le lien avec l’emploi
étant alors relâché mais pas rompu (17 %
des femmes, 23% hommes). Cette mesure
a pu se traduire par une baisse sensible de
revenus, l’allocation d’activité partielle pré-
vue par l’État correspondant à 84 % du
salaire net.
Les mesures décidées par l’État pour faire
face à la crise et préserver la viabilité des
entreprises ont concerné à des degrés très
variables les divers groupes sociaux
(Tableau 3). Ces variations vont dans le sens
attendu : les mesures de chômage partiel
ou de chômage technique ont concerné
davantage les jeunes, les ménages com-
plexes et les milieux populaires, dont le
rapport à l’emploi était déjà fragile avant la
crise sanitaire [8]. Ainsi, les ouvriers, les
TABLEAU3. Organisation du travail pendant le confinement.
Chômage technique Chômage technique Total chômage Pas d’activité Total
ou partiel ou partiel technique partielle
complet en partie seulement ou partiel
Total 15,5 20,3 35,8 64,2 100
Sexe
Femmes 14,9 17,2 32,1 67,9 100
Hommes 16,0 23,2 39,2 60,8
Âge (ans)
18-24 25,4 20,2 45,6 54,4 100
25-34 17,3 21,3 38,6 61,4 100
35-44 15,0 21,6 31,6 63,5 100
45-54 13,4 20,2 33,6 66,4 100
55-64 12,7 17,0 29,7 70,3 100
Origine
Né français en France métropolitaine
de parents français de naissance 14,2 20,0 34,2 65,8 100
Né français dans un DROM
de parents français de naissance* 15,2 19,2 34,4 65,6 100
Descendant d’immigrés d’origine européenne 15,9 21,5 37,3 62,6 100
Immigré d’origine européenne 18,2 23,3 41,6 58,4 100
Descendant d’immigrés d’origine
non européenne 17,7 19,3 37,0 63,0 100
Immigrés d’origine non européenne 23,7 21,5 45,1 54,8 100
Revenu fiscal 2018
Décile 1 (10 % les plus faibles) 22,0 20,2 42,4 57,8 100
Déciles 2 et 3 21,1 21,6 42,7 57,3 100
Déciles 4 et 5 18,2 21,6 39,8 60,2 100
Déciles 6 et 7 14,1 20,8 34,8 65,1 100
Déciles 8 et 9 11,0 19,8 30,8 69,2 100
Décile 10 (10 % les plus élevés) 8,0 16,4 24,4 75,6 100
Catégorie socio-professionnelle
Agriculteurs, travailleurs indépendants
et entrepreneurs 16,9 12,5 29,4 70,6 100
Cadres supérieurs 7,8 18,0 25,8 74,2 100
Profession intermédiaires 12,5 20,4 32,9 67,1 100
Employés de bureau, vente et service qualifiés 15,9 17,6 33,5 66,5 100
Employés de bureau, vente et de service
non qualifiés 19,5 18,3 37,8 62,1 100
Ouvriers qualifiés 23,7 32,6 56,1 43,8 100
Ouvriers non qualifiés 23,7 25,9 49,6 50,3 100
Effectif : 69 683
Source : Enquête EpiCoV V1-2020 INSERM/DREES.
Champ : Personnes ayant un emploi avant le début du confinement.
Lecture : 7,8 % des cadres supérieurs sont passés totalement au chômage technique ou partiel.
* 94% d'entre eux habitaient en Martinique, Guadeloupe ou à la Réunion au moment de l'enquête.
Les igalités sociales au temps du COVID-19
40
7
immigrés de première génération, les per-
sonnes sans diplôme et les personnes
ayant les revenus les moins élevés ont été
beaucoup plus souvent concernées par ces
mesures de chômage partiel ou technique
que les autres catégories sociales. Il appa-
raît que l’action de l’État visant à amortir le
choc de la crise par le recours au chômage
partiel pour éviter les ruptures de contrat
ou la démission a concerné d'avantage les
milieux populaires et les milieux défavori-
sés. La distribution sociale de ces mesures
révèle la réalité des inégalités sociales pré-
existantes et suggère que sans l’interven-
tion des autorités en faveur du maintien de
l’activité économique, ces inégalités se
seraient sans doute aggravées davantage.
Il faut noter que les mesures gouverne-
mentales ont également bénéficié aux
chefs d’entreprises qui ont pu ainsi préser-
ver leur situation et mutualiser leurs
pertes, sans pour autant s’inscrire au chô-
mage partiel.
PLUS D’UNE PERSONNE
SUR QUATRE A VU SA SITUATION
FINANCIÈRE SE DÉGRADER
La majorité des personnes interrogées au
mois de mai considère que sa situation
financière n’a pas changé depuis le début
du confinement: 61 % des femmes et 60 %
des hommes. Mais une part importante
juge qu’elle s’est dégradée : 28 % des
femmes et 29 % des hommes. Seule une
petite minorité (3 % des femmes et des
hommes) déclare qu’elle s’est améliorée.
Les personnes les plus âgées ont été moins
affectées par les effets économiques à
court terme de la crise sanitaire (voir
Tableaux 4 et 4bis).
Les personnes qui sont passées en chô-
mage technique ou partiel ont été, logique-
ment, fortement affectées par les effets
financiers de la crise (51 % des personnes
qui ont éau chômage technique total esti-
ment que leur situation financière s’est
détériorée).
Les catégories sociales les plus touchées
sont les professions les plus vulnérables à
la crise: agriculteurs, indépendants et
entrepreneurs, ouvriers, les personnes
sans emploi, mais aussi les immigrés et
plus encore les personnes à faible revenu.
TABLEAU4. Facteurs associés à une dégradation de la situation financière depuis le début
du confinement.
% dont la situation
financière
s’est dégradée
(tous)
Total 28,9
Sexe
Femme 28,3
Homme 29,4
Âge (ans)
18-24 25,4
25-34 32,1
35-44 34,9
45-54 30,6
55-64 20,4
Niveau d’études
Sans diplôme 31,0
Niveau primaire ou Brevet 26,5
CAP ou BEP 31,8
Baccalauréat 30,7
Bac +2 à Bac +4 28,1
Bac +5 ou plus 22,5
Origine
Né français en France métropolitaine de parents français de naissance 27,0
Né français dans un DROM de parents français de naissance* 26,7
Descendant d’immigrés d’origine européenne 29,6
Immigré d’origine européenne 32,9
Descendant d’immigrés d’origine non européenne 33,9
Immigrés d’origine non européenne 38,8
Structure du ménage
Personne seule 22,6
Couple sans enfant 24,4
Couple avec enfant(s) 32,1
Famille monparentale 29,7
Ménage complexe 31,0
Revenu fiscal 2018
Décile 1 (10 % les plus faibles) 38,1
Déciles 2 et 3 35,7
Déciles 4 et 5 30,3
Déciles 6 et 7 26,1
Déciles 8 et 9 21,5
Décile 10 (10 % les plus élevés) 20,3
Catégorie socio-professionnelle
Agriculteurs, travailleurs indépendants et entrepreneurs 46,3
Cadres supérieurs 23,8
Professions intermédiaires 25,5
Employés de bureau, vente et service qualifiés 27,7
Employés de bureau, vente et de service non qualifiés 28,0
Ouvriers qualifiés 36,4
Ouvriers non qualifiés 32,9
N’a jamais travaillé 23,9
Chômage technique ou partiel
(pour les personnes en emploi avant le confinement)
Totalement 50,7
En partie 41,1
Non 22,0
Effectifs : 101 973
Source : Enquête EpiCoV V1-2020 INSERM/DREES.
Champ : Ensemble des personnes âgées de 18 à 64 ans.
Lecture : 25,4 % des personnes de 18 à 24 ans déclarent que leur situation financière s’est dégradée depuis le début du
confinement.
* 94% d'entre eux habitaient en Martinique, Guadeloupe ou à la Réunion au moment de l'enquête.
Questionsde santé publique
Octobre2020
numéro spécial
8
leurs celle qui, grâce au télétravail auquel
les cadres ont massivement recouru, s’est
le moins souvent rendue sur son lieu de
travail pendant le confinement.
Ces clivages sociaux sont accentués par les
effets de l’épidémie sur les situations pro-
fessionnelles et financières. Ainsi les caté-
gories les plus défavorisées socialement
sont aussi, comme on l’a vu, celles qui sont
le plus touchées par les effets de la crise
sur leur situation professionnelle et finan-
cière, de même que les personnes issues
de l’immigration, et notamment les immi-
grés de première génération.
L’exemple de groupes sociaux situés aux
deux extrémités de la hiérarchie sociale
illustre bien l’effet cumulatif des inégalités
sociales, de l’exposition potentielle au
risque aux retombées de l’épidémie sur
leur situation professionnelle et financière.
Un tiers des femmes ouvrières immigrées
d’origine non européenne vivent dans un
logement surpeuplé et plus d’une sur deux
dans une commune de forte densité. Tan-
dis que la moitié d’entre elles ne travail-
laient pas avant le confinement, parmi les
actives, une sur trois s’est rendue quoti-
diennement sur son lieu de travail. Enfin,
40 % d’entre elles déclarent que leur situa-
tion financière s’est dégradée depuis le
début du confinement.
Quant aux hommes cadres nés en France
métropolitaine de parents français, moins
d’un sur dix vit dans un logement exigu, et
près d’un sur deux dans une commune de
forte densité. La très grande majorité d’en-
tre eux travaillaient avant le confinement
(88%) et parmi les actifs, 15 % ont travaillé
à l’extérieur de leur domicile. Ils sont deux
fois moins nombreux que les femmes sus-
mentionnées à avoir connu une dégrada-
tion de leur situation financière.
Quelles que soient les configurations
sociales considérées, les données de l’en-
quête attestent de l’importance des condi-
tions de vie pour rendre compte de l’impact
social de la crise sanitaire.
TABLEAU 4 bis.Facteurs associés à une dégradation de la situation financière depuis
le début du confinement pour les personnes exerçant une profession essentielle.
% dont la situation
financière
s’est dégradée
(tous)
Professions essentielles
Infirmiers 22,5
Médecins 29,6
Aides soignants 27,9
Pharmaciens 20,3
Aides à domicile 36,5
Travailleurs sociaaux 18,8
Enseignants 14,9
Caissiers, employés stations-service, agents de sécurité 27,9
Livreurs, postiers, conducteurs, policiers 28,0
Agents de nettoyage 31,4
Agents bancaires 15,2
Artisans, salariés du bâtiment 44,8
Autres professions 26,3
Non concerné (chômage ou inactif) 26,1
Professions non essentielles 34,9
(Total professions essentielles) 26,6
Effectif : 37 971
Total 28,9
Source : Enquête EpiCoV V1-2020 INSERM/DREES.
Dans lecile le plus pauvre, 38 % des per-
sonnes estiment que leur situation finan-
cière s’est dégradée, contre 20 % dans le
décile le plus aisé. Les familles avec
enfants ont été également plus souvent
dans cette situation.
La crise sanitaire a eu un impact marqué
sur la vie quotidienne des personnes les
plus précaires, 7 % des personnes rappor-
tant une dégradation de leur situation
financière déclarent aujourd’hui «ne pas y
arriver sans faire de dette » et 27 % que
«c’est difficile » alors que ces chiffres sont
respectivement de 1 % et 7 % pour celles et
ceux qui n’ont pas connu de dégradation de
leur situation financière.
L’EFFET CUMULATIF
DES INÉGALITES SOCIALES
Si l’on considère simultanément les varia-
tions sociales des différents indicateurs
examinés, qui renvoient pour les uns au
risque d’exposition potentielle au virus,
pour les autres aux effets de la crise sani-
taire sur les conditions de vie, une palette
de configurations sociales se dessine (voir
Tableau 5).
On peut notamment distinguer la situation
des personnes issues de l’immigration, et
particulièrement d’origine non euro-
péenne, qui vivent beaucoup plus souvent
dans des communes de forte densité et
dans des logements surpeuplés que les
personnes nées françaises de parents
français, et ceci indépendamment de leur
âge, de leur situation financière et de leur
profession. Ces mêmes personnes, plus
souvent inactives avant le début du confi-
nement, ont par ailleurs été moins souvent
amenées à travailler uniquement à l’exté-
rieur que la population née française.
Les personnes disposant des revenus les
plus faibles vivent elles dans des com-
munes moins densément peuplées mais
beaucoup plus souvent dans des logements
exigus et ont davantage travaillé à l’exté-
rieur en comparaison des catégories avec
les revenus les plus élevés.
Quant aux personnes cadres supérieurs,
elles sont plus à même de vivre dans des
logements moins spacieux dans une
grande ville (notamment à Paris), plutôt
que dans un espace plus grand loin de leur
lieu de travail et des espaces de socialisa-
tion [9]. Cette catégorie sociale est par ail-
Les inégalités sociales au temps du COVID-19
N°40
9
Commune très dense Surpeuplement Travail uniquement à
l’extérieur*
Dégradation situation
financière
OR Brut OR ajusté OR Brut OR ajus OR Brut OR ajusté OR Brut OR ajus
Sexe
Femme 11111111
Homme 0,99 (0,97-1,02) 1,03 (1,00-1,07) 1,00 (0,95-1,04) 1,11 (1,05-1,16) 0,97 (0,94-1,01) 1,00 (0,97-1,04) 1,06 (1,03-1,09) 0,99 (0,96 1,03)
Âge
18-24 11111111
25-34 1,53 (1,45-1,61) 1,42 (1,33-1,51) 1,43 (1,33-1,53) 1,80 (1,65-1,97) 0,91 (0,84-0,99) 1,12 (1,04-1,22) 1,42 (1,35-1,50) 1,33 (1,25-1,42)
35-44 1,16 (1,10-1,22) 1,00 (0,94-1,07) 1,49 (1,40-1,60) 1,95 (1,79-2,13) 0,93 (0,86-1,01) 1,15 (1,06-1,24) 1,50 (1,42-1,57) 1,39 (1,31-1,48)
45-54 0,97 (0,92-1,02) 0,89 (0,84-0,95) 0,76 (0,71-0,82) 0,99 (0,90-1,08) 1,22 (1,13-1,32) 1,45 (1,34-1,56) 1,23 (1,17-1,30) 1,12 (1,05-1,20)
55-64 0,87 (0,83-0,91) 0,81 (0,76-0,86) 0,26 (0,23-0,28) 0,38 (0,34-0,43) 1,39 (1,29-1,51) 1,67 (1,53-1,81) 0,69 (0,65-0,73) 0,66 (0,62-0,71)
Origine
Né français de
parents français
à la naissance
11111111
Né français
dans un DROM
de parents
français de
naissance
1,17 (1,10-1,26) 1,27 (1,18-1,36) 2,59 (2,37-2,83) 2,13 (1,94-2,34) 1,22 (1,12-1,33) 1,12 (1,02-1,22) 1,05 (0,97-1,13) 0,93 (0,87-1,01)
Descendant
d’immigré
Europe
1,33 (1,25-1,42) 1,42 (1,33-1,52) 1,24 (1,11-1,38) 1,28 (1,14-1,43) 0,89 (0,82-0,96) 0,83 (0,77-0,90) 1,14 (1,06-1,22) 1,13 (1,05-1,21)
Immigré Europe 1,74 (1,59-1,90) 1,88 (1,71-2,06) 2,36 (2,09-2,66) 2,42 (2,13-2,75) 0,80 (0,71-0,90) 0,74 (0,65-0,83) 1,37 (1,25-1,51) 1,29 (1,17-1,42)
Descendant
d’immigré hors
Europe
4,37 (4,09-4,66) 4,49 (4,20-4,80) 4,42 (4,11-4,75) 3,03 (2,81-3,27) 0,74 (0,67-0,80) 0,78 (0,71-0,85) 1,40 (1,31-1,50) 1,18 (1,10-1,26)
Immigré hors
Europe 5,19 (4,88-5,53) 6,17 (5,77-6,59) 7,27 (6,82-7,75) 4,97 (4,63-5,33) 0,91 (0,84-0,98) 0,82 (0,76-0,89) 1,71 (1,61-1,82) 1,28 (1,20-1,36)
Revenus 2018
Décile 1 0,73 (0,68-0,77) 0,67 (0,63-0,71) 7,72 (6,94-8,59) 4,90 (4,37-5,51) 1,73 (1,59-1,87) 1,15 (1,05-1,25) 2,63 (2,47-2,81) 2,18 (2,04-2,34)
D2-D3 0,58 (0,55-0,61) 0,61 (0,58-0,65) 6,27 (5,65-6,95) 4,42 (3,96-4,95) 1,96 (1,83-2,09) 1,30 (1,21-1,40) 2,40 (2,26-2,54) 2,03 (1,90-2,16)
D4-D5 0,44 (0,42-0,47) 0,53 (0,50-0,56) 3,34 (3,01-3,72) 2,76 (2,46-3,09) 1,88 (1,77-2,01) 1,31 (1,22-1,40) 1,79 (1,69-1,90) 1,56 (1,47-1,66)
D6-D7 0,44 (0,42-0,47) 0,52 (0,49-0,55) 2,18 (1,96-2,43) 1,93 (1,72-2,16) 1,59 (1,49-1,69) 1,19 (1,12-1,28) 1,43 (1,35-1,52) 1,29 (1,22-1,37)
D8-D9 0,59 (0,57-0,62) 0,65 (0,62-0,68) 1,57 (1,41-1,75) 1,49 (1,33-1,66) 1,22 (1,14-1,29) 1,04 (0,98-1,11) 1,08 (1,03-1,15) 1,04 (0,98-1,10)
Décile 10 11111111
TABLEAU5.Facteurs associés aux indicateurs d’exposition potentielle au virus (densité, surpeuplement, travail uniquement à l’extérieur) et
à la dégradation de la situation financière.
Questionsde santé publique
Octobre2020
numéro spécial
10
TABLEAU5 (suite).Facteurs associés aux indicateurs d’exposition potentielle au virus (densité, surpeuplement, travail uniquement à l’exté-
rieur) et à la dégradation de la situation financière.
Commune très dense Surpeuplement Travail uniquement à
l’extérieur*
Dégradation situation
financière
OR Brut OR ajusté OR Brut OR ajusté OR Brut OR ajusté OR Brut OR ajusté
PCS
Agriculteurs,
indépendants
et
entrepreneurs
0,34 (0,32-0,37) 0,35 (0,32-0,37) 1,15 (1,04-1,28) 0,76 (0,68-0,85) 5,07 (4,72-5,44) 4,72 (4,39-5,08) 2,80 (2,63-2,98)
2,37 (2,22-2,53)
Cadres
supérieurs 1111111
1
Profession
intermédiaires 0,50 (0,48-0,52) 0,55 (0,53-0,58) 1,06 (0,99-1,14) 0,86 (0,80-0,93) 2,49 (2,36-2,63) 2,38 (2,25-2,52) 1,07 (1,02-1,13)
0,96 (0,91-1,01)
Employés de
bureau, vente
et service
qualifiés
0,61 (0,57-0,64) 0,61 (0,58-0,65) 1,32 (1,22-1,44) 0,82 (0,75-0,90) 1,75 (1,63-1,87) 1,73 (1,61-1,86) 1,20 (1,13-1,27)
0,94 (0,88-1,00)
Employés de
bureau, vente
et de service
non qualifiés
0,44 (0,42-0,46) 0,49 (0,47-0,52) 1,46 (1,36-1,56) 1,01 (0,93-1,09) 3,69 (3,49-3,90) 3,31 (3,12-3,52) 1,25 (1,19-1,31)
1,03 (0,98-1,09)
Ouvriers
qualifiés 0,32 (0,31-0,34) 0,32 (0,30-0,35) 1,63 (1,50-1,77) 0,93 (0,85-1,02) 2,66 (2,49-2,85) 2,45 (2,28-2,63) 1,90 (1,80-2,01)
1,50 (1,41-1,60)
Ouvriers non
qualifiés 0,32 (0,30-0,35) 0,29 (0,27-0,32) 2,20 (1,99-2,43) 1,05 (0,94-1,18) 3,53 (3,23-3,87) 3,33 (3,03-3,66) 1,72 (1,60-1,86)
1,20 (1,11-1,30)
N’a jamais
travaillé 0,62 (0,59-0,65) 0,57 (0,53-0,61) 1,98 (1,83-2,13) 1,19 (1,07-1,32) --1,02 (0,96-1,09)
0,82 (0,76-0,88)
Effectifs 87224 87 224 86 944 86944 63526 63526 87170
87170
Source : Enquête EpiCoV V1-2020 INSERM/DREES.
Champ : France métropolitaine, Martinique, Guadeloupe et Réunion. Personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire ou institution (hors EHPAD et prisons).
Note : Le niveau d’études n’est pas intégré dans ce tableau car cette variable est liée à la profession exercée.
*Parmi les personnes ayant un emploi avant le confinement.
Données non pondérées.
Les odds-ratio (OR) ont été estimés par des modèles de régression logistique univariés (OR brut) ou ajustés sur l’ensemble des variables indiquées dans la première colonne (OR
ajusté) et dont la variable expliquée est chacun des facteurs de la première ligne; l’intervalle de confiance à 95% est donné entre parenthèses.
Lecture : Un OR supérieur à 1 indique une fréquence plus élevée du facteur de risque indiqué en colonne (par exemple, le fait de vivre dans une commune très dense) en lien avec la
caractéristique indiquée en début de ligne ; la fréquence est plus faible si l’OR est inférieur à 1. Les ouvriers non qualifiés ont une probabilité d’être sortis travailler à l’extérieur
augmentée (dont la côte est multipliée par 3,53) par rapport au cadres supérieurs. Cette probabilité est aussi augmentée (rapport des côtes de 3,33) par rapport aux cadres supérieurs,
indépendamment de leur sexe, âge, origine et revenus.
Les inégalités sociales au temps du COVID-19
N°40
11
Les premiers résultats de l’enquête EpiCoV
montrent que les mesures mises en place
pour lutter contre l’épidémie de COVID-19, si
elles ont permis de freiner efficacement la
diffusion du virus [2], se sont heurtées aux
inégalités sociales qui structurent profondé-
ment la société française. Ce phénomène,
loin d’être spécifique à l’épidémie de COVID-
19, s’observe dans la lutte contre toutes les
épidémies. Si les inégalités sociales liées à
l’appartenance de classe et à l’origine sont
ici très marquées, et cumulatives, ce n’est
pas le cas globalement des inégalités de
genre s’agissant des indicateurs étudiés
dans cet article. Elles s’articulent néan-
moins aux inégalités de classe et d’origine,
comme le montre l’exemple des femmes
immigrées d’origine non européenne qui
sont ouvrières non qualifiées. Les inégalités
de genre se retrouvent par ailleurs très pré-
sentes quand on considère l’organisation de
la vie quotidienne, qu’il s’agisse de la répar-
tition desches domestiques ou de la prise
en charge des enfants [6].
Les inégalités sociales enregistrées en
matière d’exposition potentielle au virus
éclairent les différences de mortalité selon
le lieu de résidence et l’origine enregistrées
en France [10] et dans de nombreux pays
[11, 12]. L’enjeu est d’autant plus important
que les groupes sociaux les plus concernés
par le risque d’exposition, qui adoptent tout
autant que les autres les «gestes bar-
rières», sont aussi ceux qui ont été le plus
souvent contaminés par le virus SARS-
CoV-2, comme le montrent les résultats
d’EpiCoV sur la séroprévalence du SARS-
CoV-2 en France [13]. Ces mêmes groupes
sociaux connaissent en outre des préva-
lences plus élevées de pathologies asso-
ciées au risque de développer une forme
grave de la maladie[14].
La crise sanitaire a par ailleurs contribué à
accentuer les inégalités sociales en
matière de vulnérabilité professionnelle et
financière. Elles auraient sans doute été
encore plus importantes en l’absence des
mesures prises pour limiter l’impact de la
crise sur la dégradation des situations
d’emploi. Mais il n’en demeure pas moins
que l’action compensatrice de l’État n’a
pas, à ce jour, véritablement pallié l’accen-
tuation des inégalités sociales, notamment
s’agissant des catégories populaires qui ont
connu une dégradation particulièrement
marquée de leur situation financière depuis
le début du confinement.
Lessultats de la prochaine vague de l’en-
quête EpiCoV prévue en octobre 2020 per-
mettront d’éclairer ces effets sur le moyen
terme.
Les analyses en cours sur la situation des
personnes âgées de 65 ans et plus, celles
portant sur l’accès aux soins, l’organisation
de la vie quotidienne, les situations de vio-
lence, le suivi scolaire des enfants, la santé
mentale, et celles qui portent sur la situa-
tion des personnes qui vivent dans les
DROM complèteront prochainement ce
tableau des inégalités sociales au temps du
COVID-19.
* * *
Directeur de la publication: Rémy Slama. Rédactrice en cheffe: Marion Cipriano. Coordination: Virginia Ozkalp-Poincloux, Mélanie
Simony. Questions de santé publiqueest une publication de lInstitut pour la Recherche en Santé Publique. Éditeur: EDP Sciences,
17, avenue du Hoggar, 91944 Les Ulis Cedex, France. Tél.: 0609349884. E-mail: francois.flori@edpsciences.org.Éditrice: Martine
Krief-Fajnzylberg. Création/maquette/infographie: Isabelle Benoit. Dépôt légal: à parution ISSN: 1967-5615
N°40 octobre2020
numéro spécial
12
L’Institut pour la Recherche en Santé Publique (IReSP)
est un groupement d’intérêt scientifique (GIS) associant
10 membres. Depuis le 29 mai 2020, il est placé sous la
direction de Rémy Slama.
L’IReSP a pour objectif le développement, la structuration
et la promotion de la recherche française en Santé
Publique afin de renforcer les interventions et politiques
visant à l’amélioration de l’état de santé et de bien-être de
la population. L’Institut soutient notamment la recherche
en promotion de la santé et prévention, la recherche sur
les services et politiques de santé, la recherche en san
publique et sciences humaines et sociales relatives à l’au-
tonomie en lien avec l’âge et en lien avec le handicap.
L’objectif général se décline au travers de 5 missions:
zdévelopper et animer les échanges entre les déci-
deurs publics, les institutions impliquées dans la
recherche et la surveillance en santé publique, les
chercheurs et les autres acteurs intéressés aux
enjeux de santé publique;
zcontribuer à l’animation et à la coordination des
communautés de recherche en santé publique;
zélaborer et gérer des Appels à Projets;
zaccroître la visibilité et faciliter l’accès aux résultats
de la recherche en santé publique à un large public;
zpromouvoir l’association des parties prenantes aux
démarches de recherche notamment dans une pers-
pective de recherche participative.
Afin de pallier le manque de visibilité des résultats de la
recherche en Santé Publique en France, l’IReSP a décidé
de créer ce bulletin trimestriel à large diffusion intitulé
Cet article ainsi que les précédents numéros de Questions de Santé Publique sont téléchargeables sur le site internet de l’IReSP: www.iresp.net
PRÉSENTATION DE LINSTITUT POUR LA RECHERCHE EN SANTÉ PUBLIQUE
Questions de Santé Publique. Chaque trimestre, un sujet
de recherche en Santé Publique intéressant le grand
public est traité par un ou plusieurs chercheurs.
MEMBRES DU GIS IRESP
Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs
Salariés (CNAM), Caisse Nationale de Solidarité pour
l’Autonomie (CNSA), Centre National de la Recherche
Scientifique (CNRS), Direction Générale de la Santé (DGS),
Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et
des statistiques (DREES), Direction générale de la
Recherche et de l’Innovation (DGRI), Institut National de
la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm), Institut
National du Cancer (INCa), Mission Interministérielle de
Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives
(Mildeca), Santé publique France
RÉFÉRENCES
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Mon activité est-elle essentielle ?
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Medrxiv
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Article
The sudden and unanticipated shocks to employment and the almost total retreat into the domestic sphere caused by the COVID‐19 lockdowns provide a unique opportunity to explore the resilience of the three classical theoretical paradigms of the gendered division of labor within couples, that is, the time availability theory, the relative resource theory, and the “doing gender” perspective. Accordingly, this article analyzes how socioeconomic differences shaped the gendered division of labor during the first lockdown in France. We use a mixed‐methods approach that combines representative quantitative data drawn from the Epidemiology and Living Conditions (EpiCOV) survey of EpiCOV in France during the COVID‐19 pandemic and qualitative data from in‐depth interviews of French families collected throughout the spring 2020 lockdown. Over the period, the heavy domestic and parental workload and its division between partners were mainly determined by employment status. However, the influence of time availability on the division of labor was mitigated by the doing gender mechanisms, whatever the partners' relative resources. The gender division of housework and childcare persisted, and the tasks performed differed, parenting tasks especially. Even if highly‐educated mothers were able to negotiate their partner's investment in domestic and parental work, the division of labor remained unequal. Mothers remained in charge of organizing housework and childcare, and this may have altered their subjective experience of lockdown, especially for those embedded in the most egalitarian configurations.
Article
Full-text available
In March 2020, the French government implemented nation-wide measures to reduce social contact and slow the progression of the emerging coronavirus responsible for COVID-19, the most significant being a complete home lockdown that lasted 8 weeks. Reunion Island is a French overseas department marked by large social inequalities. We draw the hypothesis that distancing and lockdown measures may have contributed to an increase in the social inequalities in health (SIH) on Reunion Island. The aim of our study was to describe the SIH during lockdown in the Reunionese population. We implemented a cross-sectional telephone survey conducted between 13 May and 22 July 2020, using a retrospective data collection on the lockdown period. A total of 892 adult participants (≥18 years) were recruited in the 114 large Reunionese neighborhoods using the quota method within the national “White Pages” telephone directory. Degraded psychological states, an increase in addictive behaviors, difficulties in accessing food, a decrease in physical activity, delayed medical appointments, violence against women, and health problems in children were driven by the socio-economic characteristics of the population, most often to the disadvantage of social groups exposed to poor living conditions. These results suggest that the COVID-19 lockdown contributed to an increase in SIH.
Article
Full-text available
We used data from the Medical Expenditure Panel Survey to explore potential explanations for racial-ethnic disparities in coronavirus disease 2019 (COVID-19) hospitalizations and mortality. Black adults in every age group were more likely than whites to have health risks associated with severe COVID-19 illness. However, whites were older on average than blacks. Thus, when all factors were considered, whites tended to be at higher overall risk compared to blacks, with Asians and Hispanics having much lower overall levels of risk compared to either whites or blacks. We explored additional explanations for COVID-19 disparities, namely differences in job characteristics and how they interact with household composition. Blacks at high risk of severe illness were 1.6 times as likely as whites to live in households containing health-sector workers. Among Hispanic adults at high risk of severe illness, 64.5 percent lived in households with at least one worker who was unable to work at home, versus 56.5 percent among blacks and only 46.6 percent among whites. [Editor's Note: This Fast Track Ahead Of Print article is the accepted version of the peer-reviewed manuscript. The final edited version will appear in an upcoming issue of Health Affairs.].
Article
Full-text available
Avec la pandémie de covid-19 et l’entrée dans la récession, l’emploi s’est fortement rétracté en France : 30 % des actifs occupés le 1er mars 2020 sont à l’arrêt deux mois après. Mais la pandémie a également modifié les conditions de travail des Français, bouleversé l’usage du logement et renforcé les inégalités de sexe – au risque de se transformer en effets structurels sur le long terme. Ainsi, les cadres, qui ont plus souvent gardé leur emploi, ont massivement basculé en télétravail avec le confinement au contraire des autres catégories sociales. Pour les femmes, la crise sanitaire et désormais économique a nettement dégradé leur situation : elles ont plus souvent perdu leur emploi et leurs conditions de travail sont moins bonnes que celles des hommes. Si le télétravail recouvre des réalités différentes, il s’accompagne plus souvent d’une dégradation des liens avec les enfants.
Article
Full-text available
COVID-19 pandemic in France Coronavirus disease 2019 (COVID-19) exacted a heavy toll in France during March and April 2020. Quarantine measures were effective in reducing transmission by 84%, and some relaxation of social isolation was expected in May. Salje et al. fit transmission models for the epidemic in France to hospital admissions. The authors forecast that 2.9 million people will have been infected by 11 May, representing 4.4% of the population—a value inadequate for herd immunity. Daily critical care hospitalizations should reduce from several hundreds to tens of cases, but control will remain a delicate balancing act. Any relaxation of lockdown in France will have to be carefully controlled and monitored to avoid undermining more optimistic forecasts. Science , this issue p. 208
Article
This essay examines the implications of the COVID-19 pandemic for health inequalities. It outlines historical and contemporary evidence of inequalities in pandemics—drawing on international research into the Spanish influenza pandemic of 1918, the H1N1 outbreak of 2009 and the emerging international estimates of socio-economic, ethnic and geographical inequalities in COVID-19 infection and mortality rates. It then examines how these inequalities in COVID-19 are related to existing inequalities in chronic diseases and the social determinants of health, arguing that we are experiencing a syndemicpandemic . It then explores the potential consequences for health inequalities of the lockdown measures implemented internationally as a response to the COVID-19 pandemic, focusing on the likely unequal impacts of the economic crisis. The essay concludes by reflecting on the longer-term public health policy responses needed to ensure that the COVID-19 pandemic does not increase health inequalities for future generations.
Seroprevalence of SARS-CoV-2 among adults in three regions of France following the lockdown and associated risk factors : a multicohort study
  • F Carrat
  • X De Lamballerie
  • D Rahib
Carrat F, de Lamballerie X, Rahib D, et al. Seroprevalence of SARS-CoV-2 among adults in three regions of France following the lockdown and associated risk factors : a multicohort study. Medrxiv 2020. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.09.16.20195693v1
Trajectoires et origines Enquête sur la diversité des populations en France
  • C Beauchemin
  • C Hamel
  • P Simon
Beauchemin C, Hamel C, Simon P. Trajectoires et origines Enquête sur la diversité des populations en France. Collections Grandes enquêtes. INED, 2016.
Quels sont les salariés concernés par le télétravail
  • S Hallépée
  • A Mauroux
Hallépée S, Mauroux A. Quels sont les salariés concernés par le télétravail. Dares Analyse 2020; n°051.
Mon activité est-elle essentielle? Anatomie d'un débat sous épidémie
  • T Coutrot
Coutrot T. Mon activité est-elle essentielle? Anatomie d'un débat sous épidémie. La Vie des idées 5 mai 2020.
Une photographie du marché du travail en 2019
  • Y Jauneau
  • J Vidalenc
Jauneau Y, Vidalenc J. Une photographie du marché du travail en 2019. Insee Première février 2020, n°1793.
Sociologie du logement. Collection Repères. Paris: La Découverte
  • Y Fijalkow
Fijalkow Y. Sociologie du logement. Collection Repères. Paris: La Découverte, 2012.