Content uploaded by Martin Simard
Author content
All content in this area was uploaded by Martin Simard on Aug 18, 2020
Content may be subject to copyright.
23
Simard, M. (1999) « Communauté, identité et développement : pour un nouveau cadre d’analyse », dans
Lafontaine, D. et Thivierge, N. (éds.) Les régions fragiles face à la mondialisation, Rimouski (Québec),
GRIDEQ-GRIR, p.23-39.
Communauté, identité et développement :
pour un nouveau cadre d’analyse
Martin Simard,
UQAC
Depuis une quinzaine d’années, la question de la communauté locale est au coeur
de différents débats dans les domaines de l’aménagement et du développement. Cette
préoccupation est en grande partie reliée à la montée de l’approche du développement
local qui vise la concertation et la mobilisation des acteurs à l’échelle locale comme
moyen d’action sur les inégalités sociales et spatiales. Le principe de la communauté
locale est aussi largement véhiculé en dehors du milieu universitaire. Les citoyens, les
intervenants communautaires, les élus et les administrateurs publics font fréquemment
référence à la communauté, au milieu ou au local, bref à des genres d’unités sociales
homogènes réparties sur le territoire, qui fonctionneraient selon une certaine cohérence.
Pourtant, l’existence intrinsèque d’un substrat socio-territorial infranational ou
infrarégional a été mis en doute et, pour plusieurs, il relève soit du mythe, soit d’une
époque révolue, soit d’une fausse conscience1. Ce « mythe » est toutefois fortement
enraciné et il subsiste autant dans les milieux de la recherche qu’au sein des mouvements
sociaux ou à l’intérieur de l’appareil étatique. Mais d’où provient cet intérêt envers les
communautés locales ?
En premier lieu, parce que l’on a réalisé que la dynamique communautaire peut
faire la différence entre le succès et l'échec d'un programme d’aménagement ou de
développement et l’amélioration ou non des conditions de vie des populations2. C’est cette
dynamique communautaire qui rend viable plusieurs villages en régions périphériques et
de nombreux quartiers urbains centraux. Deuxièmement, la communauté est porteuse
d’identité et elle constitue à ce titre une force motrice et un actif humain peu dispendieux
pour un État en crise financière qui doit néanmoins poursuivre ses objectifs de
redistribution et de cohésion sociale3. Par ailleurs, la mobilisation des forces
communautaires demeure souvent la seule voie d’action possible dans le contexte de la
double crise que nous vivons dans le cadre de la mondialisation, soit l’instabilité
économique régionale et la limitation du pouvoir régulateur des instances étatiques à tous
les paliers4.
Dans ce contexte, la relation entre le processus de développement et le phénomène
de communauté locale représente une piste de recherche importante qui demande à être
explorée plus à fond même si elle est mise en lumière depuis plusieurs années. Cette
24
pertinence demeure la même que l'on parte de l'hypothèse que l’identité communautaire
est issue du processus de développement ou inversement que le développement local est
une conséquence de la communauté et du sentiment identitaire qui est associé à celle-ci.
Dans les milieux gouvernementaux, on mise d’ailleurs beaucoup sur les liens entre la
communauté locale, l’identité communautaire et le développement local. Par exemple,
mentionnons qu’au Québec les politiques de développement local et régional tentent de
s'appuyer sur les solidarités communautaires depuis une quinzaine d'années5. D’autre part,
la politique sur la santé et le bien-être mise sur « les milieux » et le ministère des Affaires
municipales propose une réorganisation administrative des « communautés locales » 6.
Plus récemment, le ministère québécois des régions a supervisé l’implantation de centres
locaux de développement (CLD) par régions d’appartenance.
Malgré cet intérêt provenant de diverses sources, la véritable nature des liens
présumés entre la communauté et les phénomènes socio-économiques et géographiques
est en réalité peu connue. L’identité communautaire, principal indicateur de l’existence
d’une communauté, demeure une ressource mystérieuse et inégalement répartie. Pourtant,
on tente fréquemment de mobiliser ou de stimuler cette identité communautaire, de
l’intérieur ou de l'extérieur, avec un succès mitigé. De là l’importance de mieux
comprendre la question communautaire pour aborder des phénomènes tels les migrations
infranationales, les mouvements sociaux, les conflits de localisation ou les conditions du
développement. À ce chapitre, plusieurs interrogations restent sans réponses si l’on part
du postulat que les communautés locales existent réellement. Par exemple, la communauté
est-elle « naturelle » ou créée par des pratiques sociales ou administratives de concertation
? Quel est le rôle respectif de la territorialité et des pratiques sociales dans la formation de
ces communautés? Existe-t-il des degrés d’identité communautaire pouvant être mis en
relation avec le milieu géographique ?
Le présent article traite de ces questions en vue d’établir une meilleure
connaissance des fondements de la communauté locale. Il s’agit principalement de
proposer un cadre d’analyse de la question communautaire en vue de répondre aux trois
questions précédentes. Ce cadre d’analyse propose les concepts de latence et de réaction
comme fondement de la communauté locale. Cette nouvelle approche méthodologique
vise à faire la synthèse des recherches sociologiques et géographiques à partir d’une grille
de lecture phénoménologique de la communauté locale et d’une vision intégrée de
l’espace. L’élaboration de ce modèle théorique se base sur l’analyse de textes et
l’argumentation. Ce modèle servira ultérieurement à la réalisation d’études empiriques de
communautés locales dans divers types de milieux géographique.
1. VERS UNE NOUVELLE DÉFINITION DE LA COMMUNAUTÉ
LOCALE
La communauté locale peut être définie de différentes manières. Suite à une revue
de littérature, Davies et Herbert7 (1993) font ressortir trois « domaines » constituant ce
concept: un environnement local (areal content), à l’intérieur duquel se réalisent des
25
relations sociales entre individus (behavior or interaction) partageant une même identité
conceptuelle (conceptual identity). À partir du premier domaine, cette définition rejoint
les écrits en géographie humaine qui s’intéressent au milieu de vie, notamment le concept
de genre de vie de la géographie régionale française8 et les écrits plus récents sur l’espace
vécu9. Cette définition intègre également la tradition sociologique par le biais du
deuxième domaine. Cette tradition met beaucoup l’accent sur les relations sociales et la
vie de village ou de quartier au sein de regroupements écologiques10ou de regroupements
reliés à la structure sociale11. L’identité communautaire, qui équivaut au troisième
domaine, apparaît être un aspect plus nouveau, moins bien documenté et souvent traité en
retrait des recherches sur les communautés locales.
L’identité communautaire, aussi appelée sentiment d’appartenance ou identité
territoriale, est positionnée dans la définition précédente comme l’un des éléments
constituant la communauté ou comme l’une des conditions de son existence. À notre avis,
il faut situer l’identité à un niveau plus central pour bien comprendre sa participation au
phénomène de communauté locale. J’adopterai un postulat phénoménologique en
proposant que l’identité communautaire soit considérée comme la condition qui
prédomine et que celle-ci organise une communauté qui est avant tout une communauté
identitaire. Il ne s’agit pas ici de minimiser les autres conditions de la communauté mais
de considérer les faits suivants : premièrement, l’environnement local devient
communautaire en tant que perçu à travers une démarche identitaire d’enracinement au
monde des individus; deuxièmement, les relations sociales se déroulent dans le cadre
d’une démarche de collectivisation d’un sentiment identitaire nécessaire pour l’être
individuel.
Le concept d’identité communautaire est fort utile lorsque l’on prend conscience
que la communauté locale n’a pas de matérialité proprement dite mais qu’elle existe à
travers les individus. En effet, il est de plus en plus évident que la communauté existe
d'abord en tant que fait phénoménologique. Di Méo traite de la « découverte de
l'inconsistance du quartier » par les chercheurs suite à des décennies « d'objectivisation
sociospatiale »12. La communauté locale est une réalité vécue, une réalité de second
degré, elle existe parce qu'elle est ressentie par un groupe. Dans ce contexte, la
substantialité de la communauté locale est mise en doute, du moins existe-t-elle d'abord
dans un imaginaire mi-individuel et mi-collectif qui se convainc de sa matérialité par
l'observation de ses symboles, de ses institutions, de son agir et de ses caractéristiques
spatiales.
Cette approche phénoménologique de la communauté locale peut trouver un
fondement dans les écrits philosophiques de Jean-Paul Sartre13, notamment. Dans l’être et
le néant, Sartre suggère que les phénomènes donnés à l’être humain sont entiers dans leur
paraître, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas d’essence cachée. L’être d’un phénomène comme la
communauté n’existe pas véritablement en soi mais existe dans la conscience des sujets.
La communauté identitaire peut être conçue comme un apparaître, un apparaître complexe
qui donne un sens et organise les phénomènes sociaux et spatiaux qui nous entourent,
incluant le sujet lui-même.
26
Selon l’approche phénoménologique, la communauté se présente alors comme
produit virtuel évolutif ayant des fondements dans les processus de formation de l’identité
et de territorialisation, processus à la fois individuels et collectifs. Nous reviendrons sur
ces sujets en parlant de la latence communautaire. Pour le moment, contentons-nous de
souligner que l’identité communautaire doit être vue en tant que « médiance », pour
reprendre l’expression du géographe Augustin Berque, soit comme le sens d’un milieu
chez un groupe, sens qui se développe progressivement à partir d’éléments subjectifs et
objectifs15. Cela nous conduit directement à la problématique de la relation entre le social
et le géographique.
2. COMMUNAUTÉ ET TERRITOIRE : UN TOUT INDISSOCIABLE
L’étude des communautés locales et des processus identitaires semble
inévitablement liée à la question du territoire, soit d’un espace concret aménagé et
approprié par une population. Pour aborder ce sujet, revenons d’abord brièvement aux
écrits de Sartre sur l’être et le néant. La conscience est décrite par Sartre comme la
conscience positionnelle d’objets dans l’espace qui se révèlent sur une partie de l’être qui
est non-positionnelle. Dans cette optique de relation entre conscience et positionnement
spatial, on peut voir les questions psychologiques et sociales comme étant fortement
reliées à la perception et à l’identité des lieux. D’ailleurs, E. Relph déclare à ce sujet « to
be human is to live in a world that is filled with significant places »14. En termes clairs,
l’être humain existe à travers une relation aux territoires et l’étude de l’identité
communautaire doit s’effectuer en considérant celle-ci en tant qu’élément participant à ce
processus. Maintenant que le lien indissociable entre société et territoire est établi,
précisons le rôle de ce dernier dans la constitution de la communauté locale. Un territoire
dont le rôle complexe doit être saisi à travers l’utilisation combinée des paradigmes
phénoménologique, marxiste et structuraliste (selon la définition géographique du terme).
D’un point de vue phénoménologique, le territoire est tout d’abord un vécu
formateur de sens, un lieu d'enracinement et d'attachement individuel et collectif. Les
bâtiments, les arbres, le paysage en général et les personnes que l’on croisent sont alors
investis d’émotions et de souvenirs. La communauté trouverait en partie sa confirmation
et son ancrage dans le monde à travers cet attachement au territoire et aux gens qui
l’habitent. La signification partagée des lieux et des usages que l'on peut en faire rendrait
également possible la sécurisation des routines de la vie quotidienne16 et un sentiment de
sécurité personnelle contre les agressions17. Par ailleurs, l’agencement unique des attributs
spatiaux d’un milieu tend à démontrer l’existence d’un groupe particulier de même qu’il
donne l’illusion d’une certaine permanence de celle-ci dans le temps. Toujours dans une
même optique, J.C. Perrin parle de l'espace local comme agissant en tant « qu’image
physique » qui matérialise la communauté locale et comme « mémoire concrète » qui
sédimente les pratiques antérieures18. Cette influence phénoménologique de l’espace se
réaliserait à l'intérieur d'une zone de liberté de « l'agent » face aux déterminations du
27
« système », pour utiliser des termes qui réfèrent au débat entre les approches culturaliste
et structuraliste en sociologie19.
Cependant, cette zone de liberté n’élimine pas les influences plus larges liées aux
systèmes sociaux et économiques. Dans cette perspective critique ou néo-marxiste,
l’espace social est source de déterminations structurelles qui influencent les individus. Il
en résulte un territoire qui est actif comme produit social marqué par les inégalités entre
les groupes composant la société globale. Un territoire qui peut être aliénant par ses
formes géoarchitecturales ou en tant que catalyseur de clivages sociaux. Cet espace social
est également frappé d’une hétérogénéité structurale au niveau régional20. Cette
hétérogénéité de l’espace s’effectuerait notamment par le biais d’un processus dynamique
et conflictuel d’appropriation de l’espace entre les groupes sociaux, processus qui
implique des mécanismes économiques (propriété privée) et politiques (maîtrise
idéologique et localisation des équipements publics).
En somme, par son passage de la matérialité à la virtualité avec l’approche
phénoménologique, la question communautaire devient en grande partie la question des
perceptions et des prégnances spatiales initiatrices d'identités et du processus de
collectivisation de celles-ci. Parallèlement à cela, l’étude de la communauté est influencée
par le paradigme critique et relève ainsi de l’analyse des relations sociales et de leur
médiation par l’agencement et la contextualité des lieux. Voilà donc selon nous les
éléments de base de l’étude de la communauté et de son inévitable rapport au territoire.
Une communauté dont chaque « membre » posséderait une image quelque peu distincte,
comme le démontre les recherches sur les cartes mentales, mais qui présente des « noyaux
durs » issus d’une négociation sociale, c’est-à-dire des pratiques communes, des lieux
symboliques, un mythe fondateur, un agir interprété, etc. Voyons maintenant les
fondements de cette communauté identitaire et ses liens avec les recherches sur
l’aménagement et le développement.
3. COMMUNAUTÉ ET DÉVELOPPEMENT : LE FAUX DÉBAT DE LA
SURDÉTERMINATION
L’existence d’une communauté locale ou d'une identité communautaire a été
reconnue par différents auteurs comme l'une des principales conditions du développement
local, condition qui précéderait le processus de développement21. Pour d’autres auteurs,
l’identité est plutôt la création ou le résultat des pratiques de concertation et de
mobilisation sociale à l'intérieur de réseaux d'acteurs et d’institutions définis sur une base
territoriale22. L’identité succéderait ici au processus de développement initié au sein d’un
milieu. L’identité communautaire est donc placée successivement en amont ou en aval du
processus de développement même si dans tous les cas cette identité demeure une variable
fondamentale. Cette discussion est présentée ici comme un « faux débat » dans la mesure
ou les deux phénomènes apparaissent exister dans un processus de rétroaction continu.
En effet, la communauté locale posséderait d’abord une existence intrinsèque au
sein de chaque être humain par les besoins de socialisation et de regroupement. Cette
28
latence serait toutefois activée et consolidée par les échanges de la vie quotidienne et par
des pratiques sociales de réaction comme le développement local. On remarque alors un
processus de d’interaction dynamique entre la communauté et le développement, ce qui
permet de dépasser le débat de la surdétermination. Ainsi, la démarche identitaire qui
fonde la communauté locale est partie prenante de la territorialisation des individus et des
formations sociales mais elle se développerait et se particulariserait par des échanges
directs entre les individus au sein d’une vie communautaire et par l’exercice d’une
« gouvernance » locale23.
La communauté locale se révèle alors latente ou potentielle tout en étant activée ou
renforcée par des mécanismes réactionnels. Abondant en ce sens, Jean-Pierre Gaudin
affirme que « la spécificité (des communautés locales et régionales) s'apprécie au moins
autant par rapport à la matrice de sens développée par un groupe qu'en fonction de sa
capacité à réagir à des logiques extérieures »24. Cette vision rejoint aussi l’approche de
John Mollenkopft qui dans sa théorie sur le développement urbain identifie une force
latente communautaire au niveau local qui s’opposerait à une force d’accumulation au
sein d’une dynamique globale d’action-réaction entre les groupes sociaux25. Même un
pionnier comme R. D. Mckenzie, membre éminent de l’école de sociologie urbaine de
Chicago, semble avoir adhéré à cette conception en parlant successivement de
l’importance de l’homogénéité sociale et de la vie associative pour la communauté locale
en milieu urbain26. Les thèmes de latence et de réaction rejoignent aussi les approches
marxiste et structuraliste. En effet, le principe de conscientisation des populations qui est
souvent énoncé dans ce cadre s’apparente à une réaction mobilisatrice qui se réalise sur
une forme de latence, soit le sentiment d’aliénation. Reprenons plus en détail les concepts
de latence et de réaction.
4. LA LATENCE COMMUNAUTAIRE
L’idée d’une latence communautaire mise de l’avant par John Mollenkopf dans le
domaine des études urbaines et régionales est forte originale mais elle demande à être
précisée. L'origine de l'identité communautaire en tant que latence serait profonde. Plus
précisément, celle-ci serait reliée à ce qu’il est convenu d’appeler la spatialité de l’être.
Effectuons une brève parenthèse philosophique pour mieux revenir aux questions de la
communauté et du développement.
E. W. Soja établit les bases philosophiques de la spatialité de l'être en référence aux
écrits de Sartre, de Buber et de Heidegger27. Premièrement, l'être serait fondé par une
dualité entre l'être en-soi et l'être pour-soi, soit les deux régions de l’être selon Sartre.
Cette dualité de l’être est appuyé sur ce que Sartre nomme la preuve ontologique : « la
conscience est conscience de quelque chose ; c’est-à-dire que la conscience naît portée
sur un être qui n’est pas elle »28. L’être en-soi est un « plein de vie » refermé sur lui-
même, un être non-positionnel qui sert de fondement à la conscience de soi et à la
conscience du monde. L’être en-soi trouve son complément par l’existence de l’être pour-
29
soi, soit la partie de l’être consciente d’être consciente de soi et du monde. Heidegger
réfère à cette partie de l’être enracinée dans le monde par l’expression Dasein29.
Dans un deuxième temps, la nature humaine serait caractérisée par un constant
mouvement dialectique entre les régions d’être décrites par Sartre. Selon Buber, ce
mouvement dialectique intégrerait deux processus inséparables, la distanciation et la
relation30. Ce mouvement spatio-temporel constituerait l'expérience humaine en tant que
spirale formée par la combinaison de sa dimension horizontale (l’espace) et de sa
dimension verticale (le temps)31. Henri Lefebvre milite également en faveur du rôle de
l’espace en affirmant que sans cette horizontalité, l'expérience humaine serait une pure
abstraction32. Cette dynamique de distanciation/relation de Buber rejoint le concept de
néantisation chez Sartre. Pour ce dernier, l’être pour-soi organise un positionnement dans
le monde par la néantisation de l’être en-soi dans un mouvement de devenir perpétuel,
c’est-à-dire par la comparaison de l’être actuel et de l’être possible33. L'être pour-soi
permet ainsi l’objectivisation des phénomènes du monde et de soi et leur participation à la
totalité de l’être dans sa recherche continue d’une identité authentique.
Soulignons le caractère spatial du processus de distanciation/relation qui affecte
l’être à travers sa dualité. Premièrement, la distanciation permet l'exclusion du monde qui
donne au sujet son existence propre, préalable à toute détermination, par la conscience de
l’existence d’objets qui ne sont pas lui. Cette exclusion du monde de l’être en-soi serait
une intuition qui découle notamment de la corporalité de l'être et de sa sensibilité cutanée
qui permet la distinction de l'ici et de l'ailleurs, du moi et du monde34. Cette distanciation
serait possible parce que l’être humain existe dans l’espace. Deuxièmement, l'être pour-soi
serait à son tour issu d'un processus de spatialisation, soit la recherche de relations avec le
monde qui confirme l'existence de l'être en-soi au sein du monde et donne un sens à cette
existence. La mise en relation s'effectue notamment par la vue et l’ouïe, « sens de la
communication lointaine »35, par la capacité de saisir l'autre et les objets qui nous
entourent, de lui parler, de les toucher ou de les contourner ou de les repousser.
La dialectique distanciation/relation qui marque les rapports de l'objet au sujet
soulève la question du sens de l'existence humaine. En effet, la spatialité de l’être issue du
processus dialectique décrit précédemment est caractérisée par une quête de sens. Soja
résume cette idée de cette manière, « the primal setting at a distance is meaningless
without its negation: the creation of meaning through relations with the world »36. La
conscience humaine naîtrait d’ailleurs de cette fusion dialectique de l’avis de M. Buber.
Dans cette même optique, Augustin Berque dénonce la vision moderniste de la séparation
de l'être et du monde qui prévaut au sein de la société occidentale et il souligne qu’elle
porte le germe d’une forme d’aliénation et de comportements non-éthiques envers
l’environnement37.
Cette quête de sens de l’être en relation constitue l’élément moteur de la latence
communautaire, à notre avis. La communauté est latente parce qu’elle est nécessaire à
l’individu dans la construction de sa propre identité. Cette quête de sens se réaliserait,
entre autres, par l'investissement émotionnel des relations avec l'environnement. Comme
l’a fait ressortir E. Relph38, l’identité des lieux participe à la formation des identités
30
individuelles et collectives. A. Metton39 mentionne d’ailleurs au sujet des communautés
de quartier que « l’unité du quartier est réalisée par l’individu et pour lui, en fonction de
motivations qui lui sont propres ». Dans la même optique, d’autres auteurs ont fait
ressortir les relations causales entre le territoire, l’identité communautaire et le
développement. Les géographes Raffestin (1980), Gagnon et Klein (1991) et l’économiste
Perrin (1992) ont déjà mentionné que tout projet de société prend sa source dans une
conceptualisation du groupe et d’un cadre territorial40. Chez les sociologues, on a aussi
traité des liens entre la territorialité et la sociabilité41.
La communauté se présente alors comme un « apparaître » au sein de l’être d’un
groupe territorialisé qui donne sens à l’existence individuelle. Cette communauté est
d’abord vécue individuellement mais elle se construit à travers un processus de
socialisation. Di Méo emprunte à Bourdieu le concept d’habitus pour désigner ce
phénomène de médiation entre l’individu et le monde extérieur42. L’habitus permet
l’intégration d’éléments collectifs dans la formation de l’imaginaire individuel, ce qui
expliquerait le développement de pratiques communes chez un groupe et le partage d’un
sentiment identitaire collectif. D. Massey fait également ressortir l’importance de ce
processus de socialisation et son rapport avec le territoire43. En effet, celle-ci souligne que
l’identité des lieux vécue par les individus tend à se « communautariser » dans le cadre
d’un processus continu et évolutif de négociation sociale dont les contours restent à
préciser.
Le phénomène d’être lui-même et la quête de sens qui y est associée constituent
donc le cœur de la latence communautaire dont il est question dans ce texte. L’être est
ainsi distinct du monde mais il en est à la fois partie prenante et son existence et sa
personnalité s’organise autour d’une perpétuelle tentative d’arrimage de ces deux aspects
de sa condition44. L’une des idées mises de l’avant dans ce texte est que cette intégration
au monde se réalise par la démarche identitaire et par la spatialisation de l’individu. Une
forme de communauté se doit d’exister comme zone transitoire permettant à l’être de se
positionner dans le monde. Maintenant que les fondements de la latence communautaire
sont établis, poussons plus loin la réflexion en traitant du processus de réaction qui vient
consolider le processus identitaire.
5. LA RÉACTION COMMUNAUTAIRE
La communauté locale et le sentiment communautaire peuvent également être
expliqués par l’existence d’un principe de réaction. Comme la latence, ce phénomène de
réaction a été mis de l’avant par John Mollenkopf45 mais il est sous-jacent à de nombreux
travaux sociologiques et géographiques. La réaction peut être définie comme la mise en
mouvement d’une force latente par l’intériorisation chez l’être d’éléments du monde
extérieur à travers le processus de mise en relation. La réaction est un geste de
positionnement ou de distanciation qui ramène l’être vers lui-même et lui permet de tendre
vers son identité authentique. La réaction se produit autant au niveau individuel qu’au
niveau collectif. L’être peut aussi être interpellé en tant qu’individu collectivisé et
31
s’engager dans une réaction de groupe qui renforce son identité communautaire et, par le
fait même, son identité individuelle. C’est ce niveau collectif qui nous intéresse ici et qui
nous permet d’aboutir au domaine du développement local et régional.
Le concept de réaction n’implique pas que la communauté soit exclusivement
située en aval des pratiques sociales de concertation ou d’un processus de développement
endogène. Il est plutôt question de faire connaître le rôle mobilisateur de relations sociales
fortes au sein d’un milieu de même que l’effet stimulant de certains contextes sociaux ou
territoriaux. Patrick Moquay évoque l’importance du sentiment d’appartenance dans la
problématique du développement en ces termes : « c’est parce qu’ils ont quelque chose en
commun, et qu’ils en sont conscients, que les acteurs s’engageront dans l’action
commune »46. En ce sens, une certaine forme d’identité communautaire doit préexister à
toute action commune mais cette action est aussi nécessaire à la consolidation de la
conscience d’être du groupe. Au-delà de la latence expliquée par l’approche
phénoménologique, l’identité communautaire se construit donc par un processus de
réaction qui peut être étudié à l’aide de la sociologie positiviste et de la géographie
marxiste et structuraliste. Regardons les différents mécanismes de ce processus
réactionnel.
Au préalable, notons que les relations entre les individus sont l’élément premier qui
active la latence communautaire. La vie familiale et communautaire de même que les
fréquentations quotidiennes constituent des aspects importants de la mise en relation de
l’être à son milieu et de la formation d’une communauté. À ce titre, ces relations sociales
primaires sont à l’intersection de la latence et de la réaction communautaires, c’est-à-dire
qu’elles favorisent une réaction chez l’individu appelé à se situer dans le cadre d’un
groupe tout en permettant l’établissement progressif d’un palier identitaire collectif qui
servira de tremplin aux mécanismes réactionnels agissant sur une échelle plus large.
Dans le contexte actuel, ces relations sociales sont aussi caractérisées par une forte
présence de rapports déterritorialisés ou en réseaux, que se soit dans le cadre du milieu de
travail ou de communautés d’adhésion basées sur les loisirs ou sur les convictions sociales
ou politiques. À ce sujet, les recherches de Wellman et Leighton ont permis de
désenclaver les études sur les communautés et de les ouvrir à l’analyse des réseaux
sociaux47. Notre point de vue ici est que la montée des réseaux sociaux n’élimine pas pour
autant l’existence de communautés locales et que ces deux types de communautés se
juxtaposent sur le substrat social. Des rapports sociaux directs ou médiatisés par le
territoire ou des symboles divers continuent d’être présents et de façonner l’être
postmoderne comme élément d’une mosaïque d’identités concomitantes48. Plusieurs
chercheurs défendent même l’idée que dans le contexte historique actuel marqué par
l’avènement de la postmodernité et de la mondialisation des échanges, les communautés
locales auraient un fort potentiel de résurgence49.
Outre les relations sociales, l’identité communautaire serait stimulée par deux
facteurs de réaction importants reliés au contexte historico/géographique que nous vivons.
Premièrement, le concept de réaction peut être assimilé à une perte de sens découlant de
deux siècles de modernité et de l’affaiblissement de la territorialité locale. En ce sens, une
32
certaine revalorisation communautaire touche de manière égale la plupart des milieux
géographiques. En deuxième lieu, l’organisation de l’espace, notamment les conditions
environnementales dans les zones déprimées et les interventions publiques lourdes,
favoriserait aussi une réaction communautaire qui viendrait se conjuguer au premier
facteur pour augmenter la réaction identitaire à certains endroits. Reprenons rapidement
ces deux mécanismes réactionnels.
Ferdinand Tönnies et Émile Durkheim furent parmi les premiers à associer
modernité et affaiblissement des communautés traditionnelles50. La modernité serait une
valorisation excessive de la raison et du progrès ainsi que la séparation extrême du sujet
humain face au monde extérieur. En rapport à cette période qui est en voie de se terminer,
Henri Laborit affirme ceci : « enfermé en lui-même, l’homme s’est conçu séparé du monde
qu’il observait et qu’il croyait exister en dehors de lui, sans comprendre que ce monde le
pénétrait jusqu’à la moindre de ses particules élémentaires »51. Il en résulte une forme
d’aliénation d’un sujet coupé de plus en plus coupé de lui-même et en quête de sens52. Il
est permis d’associer au déficit relationnel de la modernité une réaction communautaire.
On remarque présentement une remontée des dynamiques socio-culturelles locales et
régionales à travers le monde. Ce phénomène serait également accentué par la diminution
des pouvoirs des États nationaux conséquemment à la mondialisation des marchés. La
postmodernité amènerait une réintégration de la dimension spirituelle à la raison chez un
être humain partie prenant du monde et participant à un milieu local revalorisé
politiquement et économiquement.
La réaction communautaire aurait également une dimension spatiale. Divers
chercheurs ont discuté de l’organisation spatiale actuelle et de son influence sur les
populations régionales. Manuel Castells considère l'espace comme un médium dans la
formation de mouvements sociaux urbains en réaction face aux inégalités sociospatiales53.
Le problème serait d’abord économique selon Vachon : « le modèle dominant génère des
exclus en nombre toujours croissant; des individus, des quartiers, des villages, des
régions entières »54. Soja parle du double enracinement du système capitaliste, une
logique de l'échange inégal entre centres et périphéries qui s'ajoute aux rapports de
production55. En conséquence, les luttes d'espace et les conflits de localisation seraient un
nouveau front dans la lutte contre les inégalités sociales. Il faudrait combattre pour les
exclus et les « périphérisés » à travers la construction communautaire56.
Cette analyse critique de la géographie économique suggère l’existence de
communautés locales agressées par les forces de la mondialisation, au niveau global, et
par l’action des promoteurs ou de l’État au niveau local. La segmentation des espaces de
vie dans la société industrielle moderne aurait un impact sur le tissu social. Ainsi, Lacoste
souligne que les mouvements régionalistes récents constituent « peut-être une sorte de
réaction inconsciente à l'encontre de l'enchevêtrement des représentations spatiales
provoquées par le développement de la spatialité différentielle »57. En deuxième lieu, la
compétition inter-régionale liée à la crise économique et la vulnérabilité des milieux
locaux face au redéploiement industriel favoriseraient la réaction des communautés
locales58.
33
Ces communautés agressées se construiraient dans l'action et par la pratique de la
mobilisation, de la concertation et des partenariats au sein de coalitions sociales basées sur
le territoire. Soja appelle polarité interactive ces coalitions dans lesquelles « la proximité
territoriale prime sur les distances sociales »59 au sein de régions dans « la lutte pour les
emplois et les dollars »60. Cette réaction communautaire vise la pérennité du groupe
territorialisé qui constitue un médium d’enracinement au monde. Cette volonté
individuelle d’enracinement porte en elle une réaction, soit une volonté collective de
survivre comme groupe.
6. LES VARIATIONS SPATIALES DE L’IDENTITÉ
COMMUNAUTAIRE
À cette étape-ci, nous avons approfondi les connaissances sur la communauté
locale par l’étude des concepts de latence et de réaction. Nous avons également vu que le
territoire jouait un rôle important face à la question communautaire autant au point de vue
de la latence que de la réaction. Pour terminer, avançons une hypothèse, soit que
l’intensité de l’identité communautaire varie entre divers milieux locaux en fonction d’une
organisation régionale de l’espace en grands domaines géographiques. Cette structuration
de l’espace en domaines géographiques nous est proposée par la géographie humaine
structurale61. Résumons brièvement cette approche et faisons le lien avec notre objet de
recherche.
La géographie structurale propose une nouvelle interprétation de la forme des
établissements humains. Le parcours morphogénétique de l'établissement humain
prendrait sa source dans l'imaginaire anthropologique dans lequel se forme une structure
morphologique abstraite qui se transforme éventuellement en formes concrètes
observables empiriquement62. La règle de propriété permettrait le passage de l'abstrait au
concret par le biais du contrôle de la mobilité des individus et des activités humaines.
Cette mobilité négociée des populations résulterait d’un conflit centré sur l’appropriation
d'un espace central symbolique autour duquel s’organise l’occupation différenciée de
l’écoumène.
L'espace constituerait un enjeu social et politique qui s'opérerait notamment par la
propriété privée du sol. Mercier résume cette idée, « soumis à la propriété, l'espace
géographique prend donc la forme d'un réseau de domaines interdits qui conditionnent la
mobilité des sujets »63. Il en résulterait un espace hétérogène qui serait créé par le contrôle
de la mobilité par l'acteur (endorégulation) ou par l'absence d'un tel contrôle
(exorégulation). Les flux migratoires constitués par les valeurs positionnelles établiraient
des espaces positifs endorégulés et des espaces négatifs exorégulés. Ces valeurs
positionnelles sont en fait des valeurs symboliques et foncières reliées aux attributs
naturels ou géoarchitecturaux d’un secteur. Elles amènent la mise en place d’une
cartographie évolutive de l’espace habité selon une dualité structurelle.
Le domaine géographique agirait donc comme facteur pouvant faire varier l'identité
communautaire à l’intérieur d’un contexte historique donné. Chacun de ces domaines
34
induirait une dynamique sociale et économique particulière agissant sur des milieux
locaux généralement favorisés par le contexte de la postmodernité, tel qu’expliqué
précédemment. Cette dynamique des domaines serait antérieure à la crise de
développement mais la dynamique en question se consoliderait « dans ce monde médiatisé
où les différences se creusent et les comportements d’exclusion se durcissent »64. La
grande variabilité spatiale du développement serait alors ancrée et stimulée par la
dynamique particulière des domaines géographiques. Ces domaines viendraient accentuer
ou diminuer l’identité communautaire en agissant à deux niveaux : premièrement, le
processus de contrôle de la mobilité raffermit le lien social (latence) ; deuxièmement, ce
processus favorise une réaction communautaire au sein des milieux exorégulés dans
lesquels se concentrent l’exclusion sociale et les conditions environnementales
défavorables.
Notes
1. Voir successivement pour ces trois thèmes M. CASTELLS, La question urbaine (2e éd.),
Paris, François Maspero, 1975; B. WELLMAN et B. LEIGHTON, « Réseau, quartier et
communauté: préliminaire à l'étude de la question communautaire », Espaces et sociétés, no.
38\39, 1981, pp. 111-133 ; Y. LACOSTE, La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre (2e
éd.), Paris, François Maspero, 1982 ;
2. Voir à ce sujet B. JEAN, « Le développement à sa place: la problématique du développement
local », Revue canadienne des sciences régionales, vol. 12, no. 1, 1989, pp.1-8 et P. MOQUAY,
« Sentiments d’appartenance et développement régional », in S. CÔTÉ et M.-U. PROULX, dir.,
Espaces en mutation, GRIDEQ-GRIR, 1998, pp.57-69;
3. Différents chercheurs ont abordé cette question, notamment, A. LEMELIN et R. MORIN,
« L'approche locale et communautaire au développement économique des zones défavorisées »,
Cahiers de Géographie du Québec, vol. 35, no. 95, 1991, pp. 239-255; P. BÉRUBÉ,
L'organisation territoriale du Québec: dislocation ou restructuration, Québec, Les
publications du Québec, 1993; B. VACHON, Le développement local: théorie et pratique,
Boucherville (Qc.), Gaëtan Morin éditeur, 1993;
4. Quelques références à ce sujet : PETERSON, P.E., City limits, Chicago, University of Chicago
press, 1981; E.W. SOJA, Postmodern Geographies: The Reassertion of Space in Critical
Social Theory, Verso, New York, 1989; R.C. HULA, « The State Reassessed, the Privatization of
Local Politics », in E.G.GOETZ et S.E. CLARKE, éds., The New Localism: Comparative
Urban Politics in a Global Era, Sage Publications, Newbury Park, 1993, pp.22-45;
5. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Le choix des régions: document de consultation sur le
développement des régions et rapport de consultation, Québec, 1983; GOUVERNEMENT
35
DU QUÉBEC, Développer les régions du Québec, Ministre délégué aux affaires régionales,
Québec, 1991;
6. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, La politique de la santé et du bien-être, Ministère de la
santé et des services sociaux, Québec, 1992; GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, La
réorganisation administrative des communautés locales et régionales, Ministère des affaires
municipales, Québec, 1995;
7. W.K.D. DAVIES et D.T. HERBERT, Communities Within Cities: An Urban Social
Geography, London,, Belhaven Press, , 1993, p.35. Voir pour une définition similaire J.A.
CHRISTENSON et J.W. ROBINSON Jr., « In Search of Community Development », in
Christenson, J.A. et J.W. Robinson jr., éds., Community Development in America, Iowa State
University, Ames, 1981;
8. Pour plus de détails référez-vous à A.-L., SANGUIN, éd., Vidal de la Blache 1845-1918, un
génie de la géographie, Paris, Éditions Bélin,1993 et M. SORRE, L'homme sur la terre, Paris,
Librairie Hachette, 1961;
9. Voici quelques écrits importants dans ce domaine : A. FRÉMONT, La région, espace vécu,
Paris, P.U.F., 1976; D. LEY, A Social Geography of the City, New York, Harper and Row,
1983; A. BERQUE, Médiance, de milieux en paysages, Paris, Les éditions Reclus, 1990;
10. Voir, entre autres, H. COING, Rénovation urbaine et changement social - L'ilôt no. 4,
Paris 13e, Paris, Les éditions, 1966 et Y. GRAFMEYER et I. JOSEPH, éds., L'école de
Chicago, naissance de l'écologie urbaine, Paris, Les éditions du Champ urbain, 1984;
11. Voir, notamment, M. CASTELLS, op. cit au point 1, et R. DULONG, Les régions, l'État et
la société locale, Paris, PUF, 1978;
12. G. DI MÉO, « Épistémologie des approches géographiques et socio-anthropologiques du
quartier urbain », Annales de géographie, no. 577, 1994, pp. 255-275;
13. J.-P. SARTRE, L’être et le néant, essai d’ontologie phénoménologique, Paris,
Gallimard, 1943;
14. E. RELPH, Place and Placelessness, London, Pion ltd., 1976, p.1;
15. A. BERQUE, op. cit. au point 9;
16. A. GIDDENS a développé cette idée dans son livre La constitution de la société, Paris,
P.U.F., 1987, p.138;
17. Voir à ce sujet R.B. TAYLOR, Human Territorial Functioning, Cambridge (USA),
Cambridge University Press, 1988, p.95;
18. J.C. PERRIN, « Pour une révision de la science régionale: l'approche par les milieux », Revue
canadienne des sciences régionales, vol. 15, no. 2, 1992, p.175;
19. Pour un résumé de ce débat voir W.G. FLANAGAN, Urban Sociology: Images and
Structure, London, Allyn and Bacon, 1990;
20. Nous faisons référence ici à la géographie structurale. Voir à ce sujet G. RITCHOT et G.
MERCIER, éds., « La géographie humaine structurale », numéro spécial des Cahiers de
géographie du Québec, vol. 36, no. 98, 1992;
21.Quelques références sur cette approche : B. MÉRENNE-SCHOUMAKER, « La géographie au
service du développement local », Cahiers de géographie du Québec, vol. 40, no. 111, 1996, pp.
479-486 et J. DÉSY et N. BOURGEOIS, La forêt habitée : facteurs de développement et de
stagnation, communication présentée à l’ACFAS, Université McGill, 1996 ;
22. Plusieurs auteurs accréditent cette thèse, par exemple M.-U. PROULX dans son article « Flux
d’information et dynamique locale », in P. Hamel et J.-L. Klein, éds., numéro spécial intitulé
Partenariat et territoire des Cahiers de Géographie du Québec, vol. 35, no. 95, 1991, pp. 307-
332 et J.-L. KLEIN dans « L’espace local à l’heure de la mondialisation, la part de la mobilisation
sociale », in L. Deshaies et G. Sénécal, éds., numéro spécial sur Les territoires dans l’œil de la
postmodernité des Cahiers de géographie du Québec, vol. 41, no.114, 1997, pp.367-380;
36
23. Voir les écrits suivants sur le thème de la gouvernance locale: T.J. COURCHENE,
« Glocalization : the regional/international interface », Revue canadienne de sciences
régionales, vol. 18, no. 1, 1995, pp. 1-20 et J.-L KLEIN, op. cit au point 22;
24. J.-P. GAUDIN, Technopolis : crises urbaines et innovations municipales, Collection
économie en liberté, Paris, P.U.F., 1989, p.56;
25. J. MOLLENKOPF, « Community and accumulation », in M. Dear et A.J. Scott, éds.:
Urbanization and Urban Planning in Capitalist Society, New York, Methuen, 1981, pp.319-
338;
26. Voir la réédition du texte de McKenzie « Le voisinage : Une étude de la vie locale à
Colombus, Ohio » dans Y. GRAFMEYER et I. JOSEPH, éds., op. cit. au point 10 ;
27. E.W SOJA, op. cit. au point 4, pp.131-139 ;
28. J.P. SARTRE, op. cit. au point 13, p.28 ;
29. M. HEIDEGGER, Being and Time, Oxford, Basil Blackwell, 1962;
30. M. BUBER, « Distance and relation », Psychiatry, vol. 20, 1957, pp.97-104 ;
31. E.W SOJA, op. cit au point 4, p.133 ;
32. H. LEFEBVRE, La production de l'espace, Paris, Éditions Anthropos, 1974, p.152 ;
33. J.P. SARTRE, op. cit. au point 13, p.126 ;
34. Voir le livre de A. MOLES et É ROHMER, Psychologie de l'espace, Paris, Casterman, 1972,
pp.43-45;
35. A. MOLES et É ROHMER, Psychologie de l'espace, Paris, Casterman, 1972, p.45;
36. E.W SOJA, op. cit au point 4, p.133 ;
37. A. BERQUE, Être humains sur la terre, Paris, Gallimard, 1996 ;
38. RELPH fut l’un des premiers à s’intéresser à la perception de l’espace dans son livre Place
and Placelessness, London, Pion ltd., 1976;
39. A. METTON, « Le quartier : étude géographique et psychosociologique », Le géographe
canadien, vol. 4. 1969, pp.299-316;
40. C. RAFFESTIN, Pour une géographie du pouvoir, Paris, Litec, 1980; C. GAGNON et J.-L.
KLEIN, « Le partenariat dans le développement local », in P. Hamel et J.-L. Klein, éds., numéro
spécial intitulé Partenariat et territoire des Cahiers de Géographie du Québec, vol. 35, no. 95,
1991, pp. 239-255; J.C PERRIN, op. cit. au point 18 ;
41. Voir notamment M. MAFFESOLI, Le temps des tribus, le déclin de l’individualisme dans
les sociétés de masse, Paris, Méridiens, 1988 et A. MELUCCI, Nomads of the Present. Social
Movements and Individuals Needs in Contempory Society, Philadelphia, Temple University
Press, 1989;
42. Voir G. DI MÉO, « Les formations socio-spatiales ou la dimension infra-régionale en
géographie »,
Annales de géographie, no. 526, 1985, pp. 661-689 et P. BOURDIEU, Le sens pratique, Paris,
Éditions de minuit, 1980;
43. D. MASSEY, « The Political Place of Locality Studies », Environment and Planning A, vol.
23, 1991, pp.267-282 ;
44. Cette idée d’un mélange de traits universaux et de particularismes revient à C. TAYLOR dans
Les sources du moi. La formation de l’identité moderne, Paris, Éditions Boréal, 1998;
45. J. MOLLENKOPF, op. cit. au point 25 ;
46. P. MOQUAY, « Sentiments d’appartenance et développement régional », in S. CÔTÉ et M.-U
PROULX, éds., Espaces en mutation, GRIDEQ et GRIR, Rimouski, 1998, pp.57-70;
47. B. WELLMAN et B. LEIGHTON, op. cit au point 1;
48. Z. MLINAR parle de l’identité comme carrefour dans Globalization and Territorial
Identities, Aldershot, Avebury, 1992 ;
49. Référez-vous à T.J. COURCHENE, op. cit au point 23, et J.-L KLEIN, op. cit au point 22 ;
37
50. F. TÖNNIES, Communauté et société, catégories fondamentales de la sociologie pure
(traduction et réédition de 1977), Paris, Retz-CEPL,1887; É. DURKHEIM, De la division du
travail social, Paris, Quadrige \ P.U.F. (l’édition originale date de 1930), 1986;
51. H. LABORIT, L’homme et la ville, Paris, Flammarion, 1971 p.29 ;
52. C. TAYLOR, op. cit. au point 44 ;
53. M. CASTELLS, The City and the Grassroots: A Cross-cultural Theory of Urban Social
Movements, Los Angeles, University of California Press, 1983;
54. B. VACHON, op. cit au point 3, p.2 ;
55. E .W . SOJA, op. cit. au point 4, p.111; .
56. R. BEAUDRY et H. DIONNE, « La permanence des communautés contre la mobilité des
réseaux », in J.L. Klein et B. Lévesque, éds., Contre l'exclusion, repenser l'économie, Québec,
Presses de l'Université du Québec, 1995, pp.268-286;
57. Y. LACOSTE, op. cit. au point 1, p.59 ;
58. P.E. PETERSON, op. cit au point 4 ;
59. C. GAGNON et J.-L. KLEIN, op. cit. au point 40, p.243 ;
60. Expression de GOODMAN, cité par SOJA, op. cit au point 4, p.186;
61. RITCHOT, G. et MERCIER, G., op. cit. au point 20;
62.G. DESMARAIS, « Des prémisses de la théorie de la forme urbaine au parcours
morphogénétique de l'établissement humain », in RITCHOT, G. et MERCIER, G.(éds.), « La
géographie humaine structurale », numéro spécial des Cahiers de géographie du Québec, vol.
36, no.98, 1992, pp. 251-274;
63. MERCIER, G., « La théorie géographique de la propriété et l’héritage ratzélien », in
RITCHOT, G. et MERCIER, G. (éds.), « La géographie humaine structurale », numéro spécial
des Cahiers de géographie du Québec, vol. 36, no.98, 1992, p. 235-250;
64. BRUNET, R., « La géographie, science des territoires et des réseaux », Cahiers de
géographie du Québec, vol. 39, no.108, 1995, p.478.