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Revue Africaine d’Environnement et d’Agriculture 2020 ; 3(2), 53-63
Facteurs explicatifs de la vulnérabilité aux conditions de vie des ménages agricoles
du Département de l’Atacora au Bénin
Dimon Emmanuel Yaï1*, Anne Floquet2, Esther B. Ogouniyi Adimi1, Jacob A. Yabi1, et
Gauthier Biaou3
(1)Université de Parakou. Faculté d’Agronomie. Laboratoire d’Analyses et de Recherches sur les Dynamiques
Economiques et Sociales (LARDES). 01BP 151 Parakou (Bénin). E-mail : yaiemanuel2@gmail.com
(2)Université d’Abomey-Calavi. Faculté des Sciences Agronomiques. Laboratoire d’Analyse des Dynamiques
Sociales et du Développement (LADyD). 02 BP 331 Cotonou (Bénin).
(3)Université Nationale d’Agriculture (UNA). École d'Agrobusiness et de Politiques Agricoles. BP 09 Abomey-
Calavi (Bénin)
Reçu le 07 juin 2020, accepté le 11 juin 2020, publié en ligne le 15 juin 2020
RESUME
Description du sujet. Au Bénin, l'agriculture alimente la croissance économique, offre des opportunités
d'investissement et fournit des matières premières à l’industrie. La filière cotonnière par exemple représente 80 %
des recettes d'exportation et concerne près de 325 000 exploitants agricoles. Ce sont pourtant des ménages agricoles
qui sont les plus vulnérables et vivent dans de mauvaises conditions. Une étude se rapportant à cette question a été
réalisée du 15 octobre au 5 novembre 2018 dans les communes de Boukoumbé et Kérou au Bénin.
Objectif. L’objectif de la recherche est d’identifier les facteurs explicatifs de la vulnérabilité aux mauvaises
conditions de vie des ménages agricoles du Département de l’Atacora au Bénin en testant l’un des principes
économiques selon lequel le niveau de productivité réduit la vulnérabilité des ménages.
Méthodes. Une enquête a été réalisée sur un échantillon de 240 ménages agricoles sélectionnés au hasard.
L’approche de capabilité a été utilisée pour construire l’indice de vulnérabilité aux conditions de vie des ménages
agricoles. La technique de régression fractionnée a été utilisée pour tester l’effet de la productivité sur la
vulnérabilité aux conditions de vie des ménages agricoles du Département de l’Atacora au Bénin.
Résultats. Les résultats obtenus ont montré qu’au fur et à mesure que le quintile de la productivité agricole passe
à une valeur élevée, la vulnérabilité aux conditions de vie tend à diminuer. Les facteurs tels que l’âge, l’autochtonie,
la superficie emblavée, le revenu du ménage et le nombre de sources de revenu réduisent la vulnérabilité aux
conditions de vie. Par contre, la vulnérabilité aux conditions de vie des ménages agricoles étudiés est due en partie
à la taille du ménage et au déficit de production alimentaire attesté par le recours à l’emprunt des vivriers.
Conclusion. L’augmentation de la productivité agricole grâce à des mesures d’accès sécurisé au foncier et de
politique de diversification des revenus de l’agriculture en faveur des ménages agricoles constituent des moyens
efficaces pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
Mots-clés : Vulnérabilité, ménage agricole, productivité agricole, capabilité, Bénin.
ABSTRACT
Factors explaining the vulnerability to livelihoods of farm households in the cotton-growing areas of the
Atacora Department in Benin.
Description of subjet. In Benin, agriculture fuels economic growth, offers investment opportunities and provides
raw materials for the industry. The cotton sector, for example, accounts for 80% of export earnings and involves
nearly 325,000 farmers. However, farm households remain the most vulnerable and live in poor conditions. A
study on this issue was conducted from 15 October to 5 November 2018 in the communes of Boukoumbé and
Kérou in Benin.
Objective. The objective of the research is to identify the factors that explain vulnerability to poor household
livelihoods by testing one of the economic principles according to which the level of productivity reduces the
vulnerability of agricultural households to livelihoods.
Methods. A survey was conducted on a sample of 240 randomly selected farm households. The capability
approach was used to construct the index of vulnerability to poor livelihoods of farm households. The fractional
Revue Africaine d’Environnement et d’Agriculture
2020; 3(2), 53-63
http://www.rafea-congo.com
ISSN : 1243-1940 ISBN : 9-243524-365991 Dépôt légal: JL 3.01807-57259
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Revue Africaine d’Environnement et d’Agriculture 2020 ; 3(2), 53-63
regression technique was used to test the effect of productivity on vulnerability to living conditions of farm
households in the Atacora Department in Benin.
Results. The results obtained showed that as the quintile of agricultural productivity increases to a high value, the
vulnerability to living conditions is decreasing. Factors such as age, autochthony, area sown, household income
and number of income sources reduce vulnerability to livelihoods. On the other hand, the vulnerability to
livelihoods of the farm households studied is due in part to the size of the household and the food production deficit
by the use borrowed of food crops.
Conclusion. Increasing agricultural productivity through land access and diversified agriculture policy measures
for farm households would be an effective way to improve their livelihoods.
Keywords: Vulnerability, farm household, agricultural productivity, capability, Benin.
1. INTRODUCTION
Au Bénin, la filière coton constitue la principale
source de croissance de l'économie nationale et
représente 14 % du Produit Intérieur Brut (PIB), 80
% des recettes d'exportations, 45 % des rentrées
fiscales (hors douane) et 60 % du tissu industriel.
Elle concerne près de 325 000 exploitants agricoles
et constitue une source directe des revenus
monétaires (AIC, 2019). Paradoxalement, les
producteurs n’en profitent pas et vivent toujours
dans la pauvreté, malgré les revenus générés après la
commercialisation du coton.
En dépit des efforts fournis, la performance de
l’agriculture béninoise ne contribue pas à
l’amélioration des conditions de vie des producteurs
des zones cotonnières du Bénin. La pauvreté et
l’insécurité alimentaire sont galopantes dans ces
milieux (INSAE, 2013). Face à ce constat, le
gouvernement béninois a, dans le Document de
Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté de 2011 à 2015, opté pour une agriculture
diversifiée par la promotion de nouvelles filières.
Malgré tous les efforts fournis dans le secteur
agricole, le problème persiste, l’insécurité
alimentaire et la pauvreté sont les principales
caractéristiques des ménages agricoles des zones
cotonnières du Bénin (Yaï et al., 2020). Dans le
Département de l’Atacora, huit ménages sur dix
souffrent d’insécurité alimentaire et au moins 70 %
des ménages vivent dans l’extrême pauvreté
(INSAE, 2016). L’idéal serait que les ménages des
zones cotonnières orientés vers le champ soient
capables de se nourrir convenablement.
Les conditions de vie durables ont été mises en
exergue dans les années 90 en tant que concept de
réponse à l’insatisfaction grandissante à l’égard des
théories de développement (Ashley et Carney, 1999
; Krantz, 2001). Cette insatisfaction a favorisé un
consensus pour passer à des politiques de
réajustement macroéconomique, en tenant compte
des facteurs et processus qui limitent ou améliorent
la capacité des pauvres à gagner leur vie (Chambers,
1988 ; Donohue et Biggs, 2015). Selon Donohue et
Biggs (2015), c’est à partir du rapport des Nations
Unies de 1987 et d’une critique du rapport de
Chambers (1988), qu’il y a eu naissance de
nouveaux concepts de pauvreté, appelés plus tard
approche « des conditions de vie durable » (Krantz,
2001). Cette avancée conceptuelle a englobé une
approche participative de la prise de décision
formulée à partir de l’idée selon laquelle, la pauvreté
ne consiste pas simplement en un faible niveau de
revenu, mais représente une multitude de dimensions
: la santé, l’accès à l’éducation, la nourriture, le
capital social, le profil sociodémographique, etc.
(Alkire et Foster, 2009 ; Chen et Ravallion, 2013 ;
Etwire et al., 2013 ; Adu et al., 2018). En effet, si la
croissance économique pouvait être une condition
préalable, nécessaire à la réduction de la pauvreté,
les pauvres devraient également être en mesure de
tirer parti de ces gains économiques (Krantz, 2001).
L’approche conceptuelle visant à améliorer la
compréhension des conditions de vie des ménages
agricoles. Ceci tient compte des complexités
inhérentes en évaluant les différents facteurs,
contraintes et opportunités qui façonnent les
stratégies de subsistance des ménages agricoles
(GLOPP, 2008).
Pour Erenstein et al. (2007), la vulnérabilité peut être
comprise comme les influences externes sur les
moyens de subsistance qui affectent la base des actifs
des ménages agricoles. La capacité d’un individu a
gagné sa vie dépend de la diversité, de la quantité et
de l’équilibre des moyens de subsistance qu’il peut
accumuler et utiliser pour mettre en œuvre diverses
stratégies de subsistance (Farrington et al., 1999).
Les stratégies et décisions de moyens de subsistance
font référence à la combinaison d’activités que les
individus entreprennent en fonction de leurs avoirs
disponibles (Scoones, 2009), en partant du principe
selon lequel : les individus adopteront les stratégies
qui préservent et améliorent au mieux leurs actifs
(Erenstein et al., 2007). Les stratégies et décisions de
subsistance sont également motivées par une variété
d’objectifs individuels, domestiques et
communautaires, et aussi, des objectifs sociaux qui
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l’emportent souvent sur les facteurs matériels
(Bebbington, 1999 ; King, 2011 ; Carr, 2013 ; 2014).
Elles sont réalisées par la diversification des activités
des ménages (Kéita et al., 2018) et les capacités du
soutien social (Adu et al., 2018 ; Shah et al., 2018).
Ceci implique souvent la réduction de la dépendance
des ménages aux actifs de capital naturel
(Batterbury, 2001), et le résultat des moyens de
subsistance qui en résulte, fait référence à la réalité
globale des moyens d’existence.
Boko et al. (2012) ont prédit que les acteurs du
secteur agricole seront les plus vulnérables au
changement climatique. La plupart des travaux
conduits sur la vulnérabilité au changement
climatique sont analysés en termes de perception, de
stratégie d’adaptation et d’estimation monétaire des
coûts d’appropriation des nouvelles pratiques
agricoles par les producteurs (Yegbemey et al., 2014
; Soglo et al., 2018). Ses travaux ne se sont intéressés
ni à la vulnérabilité aux conditions de vie durables
des ménages agricoles moins encore à leurs
déterminants.
L’objectif de la recherche est d’identifier les facteurs
explicatifs de vulnérabilité aux mauvaises conditions
de vie des ménages agricoles du Département de
l’Atacora au Bénin en testant l’un des principes
économiques selon lequel, le niveau de productivité
réduit la vulnérabilité aux conditions de vie des
ménages.
Cette étude permet de participer aux débats
scientifiques sur les conditions de vie durables des
ménages agricoles et donne des informations
pouvant aider les agents du développement à
élaborer les stratégies nécessaires de lutte contre la
pauvreté basées sur la production agricole.
2. MATÉRIEL ET MÉTHODES
2.1. Zone d’étude et taille d’échantillon
L’étude a été réalisée dans les communes de
Boukoumbé et Kérou situées dans le Département de
l’Atacora au Nord-Ouest du Bénin qui s’étend sur
une superficie de 20 499 km2 (INSAE, 2016). Les
coordonnées géographiques de la commune de
Boukoumbé sont les suivantes : 10° et 10°40' de
latitude Nord et 0°74' et 1°30' de longitude Est. Elle
couvre une superficie de 1 036 km2 dont 342 km2
sont cultivables, et est limitée au Nord-Est par la
commune de Tanguiéta, au Nord-Ouest par celle de
Cobly, au Sud par la commune de Natitingou, à l’Est
par la commune de Toucountouna et à l’Ouest par la
République du Togo. La commune de Boukoumbé
est caractérisée par une saison pluvieuse qui s’étend
d’avril à octobre et d’une saison sèche allant de
novembre à mars. Le climat est de type soudano-
guinéen avec une pluviosité moyenne annuelle de
1100 mm et une température moyenne annuelle de
26,8 °C. Les sols de la commune de Boukoumbé sont
de types ferrugineux tropicaux lessivés (Tchegnon et
Guidigbi, 2006). La végétation de Boukoumbé est
caractérisée par les formations de type forêt claire et
savane arborée et arbustive. La commune compte 82
450 habitants répartis dans sept arrondissements et
71 villages/quartiers de la ville (INSAE, 2016).
La commune de Kérou est située au Nord-Est du
Département de l’Atacora, et est limitée au Nord par
la République du Burkina Faso, à l’Est par les
communes de Banikoara et de Gogounou dans le
Département de l’Alibori, au Sud-Est par la
commune de Sinendé dans le Département de
l’Alibori et au Sud par la commune de Péhunco. A
l’Ouest, elle fait frontière avec la commune de
Kouandé et au Nord-Ouest, elle est limitée par la
commune de Tanguiéta. La commune de Kérou
dispose de deux rivières permanentes, le Mékrou et
la Pendjari, avec de nombreux affluents. Elle compte
89.265 habitants répartis dans quatre
arrondissements et 28 villages/quartiers de la ville
(INSAE, 2016). Le climat de la commune est de type
soudano-guinéen, caractérisé par une seule saison
des pluies, allant de mi-avril à mi-octobre, et une
seule saison sèche allant de mi-octobre à mi-avril. La
commune enregistre une pluviométrie moyenne de 1
000 mm et une température moyenne annuelle de
27,8 °C. La commune dispose de trois types de sols
à savoir : les sols ferrugineux tropicaux, les sols
ferralitiques et les sols hydromorphes rencontrés
dans les zones marécageuses et dans les bas-fonds
(MGE Conseils, 2006). On observe aussi, dans les
zones de forêts classées (au Nord de la commune),
des sols noirs riches en humus. La végétation de la
commune est dominée par une savane arborée.
Figure 1. Géolocalisation des communes de
Boukoumbé et Kérou au Bénin.
La taille de l’échantillon par commune était de 120
ménages soit un total de 240 ménages sélectionnés
au hasard à partir de la technique de quota. La
collecte de données a été faite à l’aide d’un
questionnaire modulaire au cours de la période du 15
octobre au 5 novembre 2018.
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2.2. Indice de vulnérabilité des ménages agricoles
aux conditions de vie
L’indice de vulnérabilité des ménages agricoles aux
moyens d’existence a été évalué sur la base de sept
composantes principales : (i) le profil
sociodémographique ; (ii) le capital social ; (iii) la
santé du ménage ; (iv) la nourriture ; v) les moyens
d’existence, vi) l’eau, et (vii) les catastrophes
naturelles et la variabilité climatique. Chaque
composante est composée des indicateurs ou sous-
composantes (voir tableau 1). L’indice de
vulnérabilité aux conditions de vie est basé sur
l’approche de capabilité de Sen, développé par
Sullivan (2002) ; puis approfondi par Hahn et al.
(2009), Etwire et al. (2013) et Adu et al. (2018).
Chaque sous-composante est mesurée sur différents
niveaux, nécessitant la normalisation de celle-ci en
indice. La méthode de normalisation utilisée pour
calculer le niveau d’indice relatif à chaque sous-
composante est celle développée par Rahman et al.
(2005) . La formule suivante permet de normaliser
l’indice de chaque sous composante :
(1)
Où est l’une des sous-composantes de sept
composantes pour chaque ménage ; et
sont les valeurs minimum et le maximum respectives
à chaque sous-composante de l’ensemble des
ménages.
Après avoir obtenu l’indice normalisé de chaque
sous-composante, il devient aisé de calculer l’indice
de chaque composante. Il est défini par :
(2)
Où est l’indice de chaque composante, n est le
nombre d’indicateurs ou sous-composante de la
composante principale et
est la
somme de chaque indice obtenue de chaque sous
composante à partir de l’équation (1).
Le défi dans la construction d’indice composite
réside dans le choix des pondérations. Les poids
déterminent l’intensité avec laquelle une
composante choisie contribue à expliquer la
vulnérabilité aux conditions de vie du ménage. Par
conséquent, différents poids peuvent être attribués à
chaque composante.
Fondamentalement, les principales méthodes de
pondération proposées dans la littérature
comprennent des poids égaux, des poids basés sur la
fréquence, des poids statistiques multivariés, comme
l’analyse en composantes principales développées
par Rahman et al. (2005), Slottje (1991) et Ram
(1982) ou l’analyse en correspondances multiples
des poids basés sur la régression et des poids
normatifs (Decancq et Lugo, 2009). Aucune de ces
méthodes n’a été prouvée meilleure et la plupart des
approches de mesure des phénomènes
multidimensionnels ne garantissent pas de méthodes
appropriées pour résoudre le problème de
pondération.
Ainsi, différentes approches attribuent des
pondérations à chaque dimension de façon
normative (Batana, 2008). La vigilance est aussi
avancée sur les arbitrages qui en découlent en
utilisant différentes méthodes de pondération et de
l’utilité de recourir aux tests de robustesse afin de
déterminer l’impact de la valeur spécifique de poids
sur les indices composites (Adetola et Olufemi,
2012). L’approche la plus couramment utilisée dans
le cadre de mesure de pauvreté multidimensionnelle
est la pondération égale (Decancq et Lugo, 2008).
Bien que pratique, la pondération égale est loin
d’être sans controverse (Decancq et Lugo, 2008 ;
Alkire et Foster, 2009). Selon Atkinson (2003), un
poids égal est un système de pondération normatif
arbitraire qui est approprié dans certaines conditions
mais pas dans toutes les situations.
La nouvelle approche de mesure de vulnérabilité aux
conditions de vie développée par Adu et al. (2018)
contient en moyenne trois indicateurs par
composante. Cette approche est basée sur l’approche
de capabilité de Sen. En effet, les moyens
d’existence relèvent de plusieurs dimensions dont
l’approche monétaire ne permet pas d’appréhender
toutes leurs facettes. Ainsi, Sen (2003) démontre que
les phénomènes complexes telles que la pauvreté et
les conditions de vie doivent être analysées selon les
dotations initiales ou capabilités dont l’approche
monétaire à elle seule reste marginale pour
l’expliquer. Par conséquent, cette approche de
capabilité de Sen cadre bien avec les conditions de
vie des ménages agricoles étudiés.
La technique de pondération appropriée est basée sur
le poids de fréquence (Legese et al., 2016 ; Shah et
al., 2018). Ainsi, dans le cadre de cette étude, la
pondération égale au poids de fréquence est utilisée.
L’indice de vulnérabilité peut être calculé à partir de
la somme de l’indice de chaque composante
pondérée au poids de fréquence. D’où l’équation 3
ci-dessous, présente l’indice de vulnérabilité aux
conditions de vie du ménage.
(3)
Cet indice est compris entre 0 et 0,66 dans l’analyse
de la vulnérabilité aux conditions de vie du ménage.
Tout ménage ayant une valeur d’indice proche de 0
est moins vulnérable aux conditions de vie. Par
contre, tout ménage ayant une valeur d’indice proche
de 0,66, est plus vulnérable aux conditions de vie.
Une nouvelle classification de sept composantes de
l’indice de la vulnérabilité aux conditions de vie a été
faite par Hahn et al. (2009) en trois composantes
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suivantes : (i) exposition (désastres naturels et
variabilité climatique) ; (ii) capacité adaptative
(profil sociodémographique, stratégie d’existence,
capital social) et (iii) sensibilité (nourriture, eau et
santé). Cette classification permet d’évaluer les
effets du changement climatique sur les conditions
de vie du ménage (GIZ, 2017). Pour estimer l’effet
du changement climatique sur les moyens
d’existence du ménage, voire de la commune, la
formule suivante a été utilisée :
(4)
La valeur de l’indice IVCV-IPCCd est comprise
entre -1 et 1. Pour la valeur de l’indice proche de -1,
on dirait que le ménage est moins vulnérable au
changement climatique et pour la valeur de l’indice
proche de 1, le ménage est plus vulnérable.
Tableau 1. Indicateurs et seuils d’indice de
vulnérabilité aux conditions de vie des ménages
agricoles
2.3. Modèle explicatif de la vulnérabilité aux
conditions de vie des ménages agricoles
Pour identifier les facteurs explicatifs de la
vulnérabilité aux conditions de vie des ménages
agricoles, le modèle linéaire généralisé a été utilisé.
Ce choix est fondé sur le fait que la variable à
expliquer est l’indice dont les différentes valeurs
sont comprises entre 0 et 1. Il est conseillé de
recourir à la technique de régression fractionnée
pour avoir des meilleurs estimateurs à variances
minimales. Soit la variable à expliquer
représentant le niveau de vulnérabilité aux
conditions de vie du ménage et que l’on désire
expliquer ses réalisations par des caractéristiques
individuelles observables par la réalisation
linéaire suivante :
(5)
Sous cette forme linéaire, il est opportun de recourir
au cadre d’analyse des moindres carrés ordinaires
(MCO). En utilisant les MCO, il y aura de biais
relatifs aux estimateurs non convergents et de
variances à grande valeur. D’où l’utilisation de la
technique de régression fractionnée de Baum (2008),
et développé par Villadsen et Wulff (2018).
représente la valeur de l’indice de vulnérabilité aux
conditions de vie du ménage i ; est le vecteur des
variables explicatives de vulnérabilité aux
conditions de vie du ménage i ; est le vecteur des
paramètres associés au vecteur des variables
explicatives et le terme d’erreur.
La forme fonctionnelle du modèle est définie comme
suit :
(6)
Le niveau de vulnérabilité aux conditions de vie du
ménage (, est la variable à expliquer ;
variable fractionnée entre 0 et 1. Les variables
explicatives du modèles sont : le statut du Chef de
ménage ( ), l’âge du Chef de ménage (),
l’autochtonie (), la perception du ménage
sur la fluctuation de son revenu (), la
taille du ménage (), le carré de la taille du
ménage (), l’accès au crédit agricole
(), l’appartenance à un groupement
(), la superficie totale emblavée par le
ménage (), le quintile de la productivité
agricole (), le nombre de sources de
revenu du ménage () et l’emprunt des
vivriers ().
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Tableau 2. Facteurs explicatifs de vulnérabilité aux
conditions de vie des ménages agricoles
3. RESULTATS
3.1. Décomposition de l’indice de vulnérabilité
aux conditions de vie selon le genre
Le tableau 3 indique que le ménage dirigé par une
femme est plus vulnérable aux conditions de vie par
rapport à celui dirigé par un homme. Le fait d’être
Chef de ménage femme explique la différence de
vulnérabilité constatée. Cette décomposition par
zone a montré que les ménages agricoles de la
commune de Boukoumbé sont plus vulnérables aux
conditions de vie, toute chose restant égale par
ailleurs par rapport à ceux de la commune de Kérou.
Tableau 3. Décomposition de l’indice de
vulnérabilité aux conditions de vie par sexe et zones
La figure 2 ci-dessous montre que la vulnérabilité
atteint le ménage selon qu’il produit les vivriers
uniquement ou qu’il produit les vivriers et le coton.
Le poids des produits vivriers varie entre 18 et 100
% pour l’ensemble des ménages. Le poids du coton
quant à lui varie entre 0 et 85 % de l’ensemble de
superficie emblavée par le ménage. Le poids de zéro
pour cent pour la culture du coton indique que le
ménage ne réalise pas cette spéculation. Le poids
différent de zéro pour cent signifie que le ménage
cultive le coton en plus des produits viviers.
La relation entre le choix des cultures et la
vulnérabilité aux conditions de vie n’est pas toujours
corrélée positivement. L’analyse de la figure a
ressorti deux grandes tendances : (i) la tendance
entre la vulnérabilité aux conditions de vie et les
produits viviers, et (ii) celle entre les produits
vivriers et le cotonnier ainsi que la vulnérabilité aux
conditions de vie.
S’agissant de la première tendance, il ressort de
l’analyse de la figure 2 que pour la catégorie des
ménages qui ne font que les cultures vivrières, le
niveau de pauvreté existentielle est faible chez
certains tandis qu’il est fort élevé chez d’autres. En
effet, les produits vivriers réduisent la pauvreté
existentielle, mais pas chez tous les ménages.
Figure 2. Analyse comparée de vulnérabilité aux
conditions de vie des ménages agricoles selon les
poids des cultures
S’agissant de la seconde tendance, l’analyse de la
figure 2 indique que pour la catégorie des ménages
qui produisent le coton et les viviers, le niveau de
vulnérabilité est faible chez certains tandis qu’il est
élevé chez d’autres. Entre 204 et 230, chez les
ménages où la production du coton et celle des
vivriers était proportionnellement identique, le
niveau de pauvreté existentielle était faible chez les
producteurs de coton. Le coton devient certes pour
certains ménages une culture de réduction de
pauvreté existentielle, mais pour un certain nombre
de ménages agricoles, l’effet reste flou car la culture
du coton n’arrive pas à améliorer significativement
les conditions de vie des ménages.
3.2. Décomposition de l’indice d’effets du
changement climatique sur les conditions de vie
des ménages agricoles selon le genre
Il ressort des résultats du tableau 4 que le ménage
dirigé par une femme est moins vulnérable aux effets
du changement climatique sur ses conditions de vie
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que celui dirigé par un homme. En effet, la valeur de
l’indice d’effet du changement climatique sur les
conditions de vie est de -0,0042 chez le Chef de
ménage femme et de 0,0238 chez le Chef de ménage
homme avec un test de différence des moyennes
statistiquement significatif au seuil de probabilité de
1 %. Par ailleurs, au niveau communal, il ressort des
résultats du test de différence des moyennes entre la
commune de Boukoumbé et celle de Kérou que le
niveau de vulnérabilité des ménages agricoles de la
commune de Boukombe aux effets du changement
climatique (0,0254) est différent de celui de la
commune de Kérou (0,0164). La valeur moyenne de
l’indice d’effets du changement climatique sur les
conditions de vie de chaque ménage est de 0,0209.
Tableau 4. Décomposition de l’indice d’effets du
changement climatique aux conditions de vie des
ménages agricoles par sexe et zones
3.3. Modèle explicatif de vulnérabilité aux
conditions de vie des ménages agricoles
Pour les variables quantitatives continues, leur signe
s’interprète comme des élasticités, c’est-à-dire la
sensibilité des conditions de vie des ménages face à
la vulnérabilité. Par contre, pour les variables
catégorielles, leur signe indique le sens de
discrimination entre la modalité considérée et celle
de référence. Les facteurs explicatifs de l’analyse de
la vulnérabilité aux conditions de vie du ménage sont
regroupés en trois grands facteurs suivants : (i) les
caractéristiques du Chef de ménage ; (ii) les
caractéristiques du ménage et (iii) les stratégies de
survie du ménage (tableau 5).
S’agissant des caractéristiques du Chef de ménage,
il ressort du modèle de régression fractionnée que
l’âge, l’autochtonie et la fluctuation du revenu à la
baisse sont des variables qui ont une influence
significativement différente de zéro sur les
conditions de vie des ménages. Les signes des
paramètres associés respectivement à la variable
catégorielle groupe d’âge du Chef de ménage ont des
signes négatifs avec des probabilités respectives
attachées des valeurs de 0,026 et 0,075 inférieures au
seuil critique de 5 et 10 %. Cela signifie que le Chef
de ménage appartenant au groupe d’âge « très
jeune » est moins vulnérable aux conditions de vie
par rapport à celui du groupe d’âge de 65 ans et plus.
En outre, le Chef de ménage appartenant au groupe
d’âge « jeune » est moins vulnérable aux conditions
de vie, mais l’effet « âge » sur la capacité de
réduction de la vulnérabilité aux conditions de vie est
perceptible. Au fur et à mesure que le Chef ménage
appartient à des classes d’âge supérieure (plus de 65
ans), la vulnérabilité aux conditions de vie diminue
de 0,029 à 0,019 ; une diminution moins encore
statistiquement significative.
Le signe associé au paramètre de la variable
autochtonie est négatif et statistiquement significatif
au seuil de probabilité de 10 %. Cela indique que le
Chef de ménage autochtone est moins vulnérable
aux conditions de vie par rapport au Chef de ménage
migrant de l’extérieur ou de l’intérieur du pays. Le
signe associé à la modalité « un peu à la baisse » de
la variable catégorielle « fluctuation du revenu » est
négatif et statistiquement significatif au seuil de
probabilité de 10 %. Cela signifie que le Chef de
ménage ayant affirmé « avoir connu une fluctuation
du revenu un peu à la baisse » est moins vulnérable
aux conditions de vie par rapport à celui ayant connu
une fluctuation « beaucoup de revenus à la baisse ».
La dégradation de revenu du Chef de ménage
discrimine le niveau de vulnérabilité aux conditions
de vie du ménage.
Concernant les caractéristiques du ménage, il ressort
des résultats obtenus que la taille du ménage et le
carré de la taille, la superficie totale emblavée, le
quintile de la productivité agricole ont des influences
significativement différentes de zéro sur la
vulnérabilité aux conditions de vie du ménage. Les
paramètres « taille du ménage » et « carré de taille
du ménage » sont respectivement négatifs et positifs,
et sont statistiquement significatifs aux seuils
respectifs de probabilité de 5 et 10 %. Cela signifie
que la taille du ménage a un effet seuil sur la
vulnérabilité aux conditions de vie. Pour toute taille
inférieure à la taille « seuil » estimée environ à 10
individus, le ménage est moins vulnérable aux
conditions de vie. Par contre, pour toute taille
supérieure à 10 individus, le ménage est plus
vulnérable.
Quant au paramètre « superficie totale emblavée »
par le ménage, le signe est négatif au seuil de
probabilité de 1 %. L’augmentation de la superficie
emblavée d’un hectare entraîne la baisse de 0,0026
% du niveau de vulnérabilité aux conditions de vie
du ménage. Le quintile de productivité est une
variable catégorielle crescendo. Le signe respectif
associé à chaque modalité est négatif. En outre,
seules les modalités « productivité faible»,
« productivité moyenne » et « productivité forte »
ont chacune des influences statistiquement
significatives sur la vulnérabilité aux conditions de
vie au seuil de probabilité de 5 %. La modalité
« productivité très forte » a une influence
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Revue Africaine d’Environnement et d’Agriculture 2020 ; 3(2), 53-63
statistiquement significative sur la vulnérabilité aux
conditions de vie au seuil de la probabilité de 10 %.
S’agissant de quelques stratégies de survie
développées par le ménage, le nombre de sources de
revenu diversifié influence négativement la
vulnérabilité aux conditions de vie du ménage au
seuil critique de 1 %. Cela indique que plus le
« nombre de sources de revenu » est diversifié,
moins est le niveau de vulnérabilité du ménage, toute
chose restant égale par ailleurs. En outre, le signe
associé à la variable « emprunt en nature » est positif
et significativement différent de zéro au seuil
critique de 1 %. Cela signifie que tout ménage qui se
livre à la pratique « d’emprunt des vivriers en
nature » pour gérer la période de soudure est plus
vulnérable aux conditions de vie.
Tableau 5. Modèle de régression fractionnée
d’analyse de vulnérabilité aux conditions de vie des
ménages agricoles
4. DISCUSSION
L’insécurité alimentaire et la pauvreté sont les
principales caractéristiques des ménages agricoles
des zones cotonnières au Bénin (Yaï et al., 2020).
Les résultats de l’étude ont montré que les femmes
Chefs de ménage représentent environ 10,42 % de
l’échantillon et 84,00 % d’entre elles sont dans la
commune de Boukoumbé. L’affirmation selon
laquelle « le ménage dirigé par une femme » est plus
vulnérable aux conditions de vie pourrait s’expliquer
en partie par l’accès aux terres marginales et aux
choix des cultures. Le Chef de ménage femme
est plus préoccupé par « les productions
maraîchères » et les activités de « transformation de
sorgho en boisson locale » ou de « karité en beurre
de karité ». Il est rare de constater que le Chef de
ménage femme puisse cultiver le maïs et le sorgho
qui constituent les féculents de base de la zone
d’étude. En effet, le choix des cultures et les activités
de transformation rendent les ménages dont le Chef
est la femme moins vulnérables aux effets du
changement climatique. Ces résultats sont très
proches de ceux annoncés par Zarulli et al. (2017).
Il ressort de l’étude que la commune de Boukoumbé
dispose de peu de cours d’eau et quelques bas-fonds,
concentrés dans l’arrondissement de Natta et
Boukoumbé et qui sont utilisés pour le maraîchage
et le riz de bas-fonds. Par conséquent, les cultures de
contre saison et les jardins de case sont quasi-
inexistantes selon les responsables du projet
« AMSANA», du Centre de Promotion Sociale, de
l’Agence Territoriale du Développement Agricole et
du Représentant de la mairie.
Les résultats de la recherche montrent que 95 % des
femmes Chefs de ménages de la commune de
Boukoumbé ne sont pas instruites. Cela expliquerait
la vulnérabilité aux conditions de vie des ménages de
Boukoumbé. Ces résultats sont proches de ceux de
Gbetibouo (2009) et de Legese et al. (2016) qui
affirment que plus la femme Chef de ménage est
instruite, plus elle a la possibilité d’opérer des
stratégies en termes de choix de cultures et
d’adoption des pratiques innovantes pour amortir le
choc climatique et survivre. Par contre, la commune
de Kérou a un sol assez fertile et une capacité de
rétention en eau mieux que celui de Boukoumbé. La
commune de Kérou profite également des
externalités positives des réserves étatiques des
faunes et forêts « Alibori supérieur » et du « Parc
Pendjari », où la plupart des ménages des
arrondissements de Firou, Kaobagou et Brignamaro
s’attribuent des terres pour la production agricole.
Ces avantages pourraient expliquer le faible impact
du changement climatique sur les conditions de vie
des ménages agricoles de la commune de Kérou.
En outre, les facteurs explicatifs de la vulnérabilité
aux conditions de vie du ménage sont : l’âge du Chef
du ménage, le Chef du ménage autochtone, le degré
de fluctuation à la baisse du revenu du Chef de
ménage, la superficie totale emblavée par le ménage,
le nombre de cultures réalisées, la productivité
agricole et l’emprunt en nature. Parmi ces variables,
seul l’emprunt en nature augmente la vulnérabilité
aux conditions de vie du ménage. Ce résultat
s’expliquerait par les modalités de remboursement
des prêts des produits vivriers qui plongent le
ménage dans la pauvreté. En effet, le prêt se fait à
l’aide d’une unité de mesure locale dénommée
« pome ». Un « pome » est l’équivalent de 5 kg. Le
remboursement d’un « pome » de tout produit est
fait par trois « pomes », soit l’équivalent de 15 kg.
La productivité agricole est la variable qui explique
principalement la différence de niveau de vie entre
les ménages (Mankiw, 2004 ; Douillet et Girard,
2013). Le signe des paramètres associés au quintile
de productivité obtenu a confirmé les théories
explicatives. Néanmoins, le niveau de productivité
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Revue Africaine d’Environnement et d’Agriculture 2020 ; 3(2), 53-63
faible, le niveau de productivité moyenne et celui de
productivité forte sont les seuls paramètres qui
expliquent plus la différence de niveau de vie des
ménages. Ceci peut se justifier par le fait que les
ménages ayant réalisé le niveau de productivité très
forte auraient d’autres objectifs que la réalisation des
moyens de subsistance de leurs ménages.
Plus le ménage réalise la diversification de cultures,
moins il est vulnérable aux conditions de vie. Kéita
et al. (2018) affirment que la diversification de
cultures permet de réduire les effets du changement
climatique et la vulnérabilité aux conditions de vie
du ménage.
La superficie totale emblavée constitue un actif
important pour le ménage agricole. Malgré qu’il soit
possible de faire de l’agriculture hors sol et que
l’accroissement de la superficie ne détermine pas
toujours l’amélioration du rendement (Petit, 2011),
la superficie reste et demeure dans les zones d’étude,
un facteur important de réduction de pauvreté
existentielle pour les ménages agricoles.
L’âge du Chef de ménage réduit la vulnérabilité aux
conditions de vie. Mais au fur et à mesure que son
âge avance, l’effet devient moins significatif. Le
ménage agricole n’a pas de retraite et utilise plus la
force physique que la force intellectuelle. Plus le
Chef de ménage appartient à des groupes d’âge
moins jeunes, plus il est moins productif. La taille du
ménage a un effet non linéaire sur les conditions de
vie du ménage. Lorsque le ménage compte plus de
dix personnes, sa vulnérabilité aux conditions de vie
augmente. Zereyesus et al. (2016) ont également
trouvé des résultats similaires selon lesquels, la taille
du ménage devient une menace pour le bien-être du
ménage. Ce résultat contribue à l’opposition Malthus
et Boserup en montrant le seuil à partir duquel la
pression démographique devient une contrainte pour
les conditions de vie du ménage.
La fluctuation du revenu à la baisse agit sur la
vulnérabilité aux conditions de vie du ménage. Le
ménage ayant connu une faible fluctuation à la baisse
de son revenu est moins vulnérable aux conditions
de vie par rapport au ménage ayant connu beaucoup
de fluctuations à la baisse. L’activité agricole étant
liée au choc climatique et aux contraintes d’accès au
crédit, toute fluctuation de revenu affecte à la baisse
le revenu monétaire et non monétaire.
Le paradoxe selon lequel le producteur agricole du
coton est celui qui souffre plus de toute forme de
pauvreté a été analysé. Les résultats ont montré que
la production du coton en plus de celle des cultures
vivrières améliore le niveau de vie de certains
ménages. Il n’est pas cohérent d’affirmer que la
pauvreté des ménages serait exclusivement liée aux
choix de cultures. Les contraintes d’accès au crédit,
à l’eau, au centre de santé et le changement
climatique contribuent plus à la faible productivité
(Douillet et Girard, 2013) et à la pauvreté
existentielle des ménages agricoles (Adu et al.,
2018).
5. CONCLUSION
Au Bénin, dans le Département de l’Atacora,
beaucoup de ménages souffrent de l’insécurité
alimentaire et vivent dans une pauvreté extrême. Une
étude sur l’identification des facteurs explicatifs de
la vulnérabilité aux mauvaises conditions de vie des
ménages en testant l’un des principes économiques
selon lequel, le niveau de productivité réduit la
vulnérabilité aux conditions de vie des ménages
agricoles a été utilisée.
Les résultats obtenus ont montré qu’au fur et à
mesure que le quintile de la productivité agricole
passe à une valeur élevée, la vulnérabilité aux
conditions de vie est decrescendo. Les facteurs tels
que l’âge, l’autochtonie, la superficie emblavée, le
revenu du ménage et le nombre de sources de revenu
réduisent la vulnérabilité aux conditions de vie. Par
contre, la vulnérabilité aux conditions de vie des
ménages agricoles étudiés est due en partie à la taille
du ménage et au déficit de production alimentaire
attesté par le recours à l’emprunt des vivriers.
La productivité agricole demeure un instrument
privilégié d’explication de différence de niveau de
vie. Néanmoins, la nature subjective des indicateurs
de conditions de vie pourrait être une limite pour la
reproductivité de l’étude. Ainsi, le choix des
indicateurs doit être contextualisé à la zone d’étude.
Les études ultérieures peuvent être réalisées auprès
des mêmes ménages agricoles en utilisant de
données de panels en vue de ressortir les facteurs
d’entrée et de sortie de vulnérabilité ainsi que
l’impact potentiel. Cela permettrait d’utiliser la
théorie de changement induit par l’évolution des
indicateurs dans le temps.
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