Content uploaded by Marie-Hélène Lévesque
Author content
All content in this area was uploaded by Marie-Hélène Lévesque on Jun 16, 2021
Content may be subject to copyright.
1
Titre :
Remodeler sa vie (Lifestyle Redesign®) : Première étude pilote auprès d’aînés franco-canadiens
Auteurs :
Marie-Hélène LÉVESQUE
1,2
, erg., M. Erg., Jordane TRÉPANIER
1
, Marie-Ève TARDIF
1
,
Kevin LALANNE
1
, Mélanie BOUDRIAU
1
, Sarah AINSLEY
1
, Charles BOISLARD
1
et Mélanie
LEVASSEUR, erg., Ph.D
1,2
1. École de réadaptation, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de
Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada
2. Centre de recherche sur le vieillissement, Centre de santé et de services sociaux — Centre
intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie — Centre hospitalier
universitaire de Sherbrooke (CIUSSS de l’Estrie-CHUS), Sherbrooke, Québec, Canada
Adresse de correspondance
Prof. Mélanie Levasseur, erg. Ph.D., École de réadaptation, Faculté de médecine et des sciences de
la santé, Université de Sherbrooke, 3001, 12
e
avenue N., Sherbrooke, Québec, J1H 5N4, Canada.
Tel. 819-821-8000, ext. 72927
Fax. 819-829-7141
Courriel : Melanie.Levasseur@usherbrooke.ca
2
Titre
Remodeler sa vie (Lifestyle Redesign®) : Première étude pilote auprès d’aînés franco-canadiens
Abrégé
Description. Récemment traduit et adapté au contexte franco-canadien, le programme Remodeler
sa vie (Lifestyle Redesign®) vise le développement de modes de vie sains et porteurs de sens. On
connaît toutefois peu l’influence de ce programme chez les aînés francophones. But. Décrire
l’influence du programme Remodeler sa vie® sur l’équilibre de vie, l’engagement dans les activités
signifiantes, la compassion et la gratitude d’aînés franco-canadiens. Méthodologie. Une étude
pilote mixte (préexpérimental et qualitatif clinique) a été réalisée auprès de 16 aînés répartis en
deux groupes (avec et sans incapacité). Des questionnaires pré et post-intervention ainsi que des
entretiens semi-dirigés ont été complétés. Résultats. Une augmentation de l’équilibre de vie de
l’ensemble participants (p=0,03) et de l’engagement dans des activités signifiantes des aînés sans
incapacité (p=0,02) a été observée. Les participants rapportaient des améliorations pour l’ensemble
des résultantes. Conséquences. Remodeler sa vie® est un programme prometteur pour promouvoir
la santé des aînés franco-canadiens.
Abstract
Description. Recently translated and adapted to the French-Canadian context, the program
Remodeler sa vie (Lifestyle Redesign®) aims to develop meaningful and healthy lifestyle. The
influence of this newly adapted program on older French-Canadians was, however, unknown.
Objective. Describe the influence of the Remodeler sa vie on older French-Canadians’ life balance,
engagement in meaningful activities, self-compassion and gratitude. Method. A mixed-method
design (preexperimental and qualitative clinical) was used in a pilot study with 16 participants
distributed in two groups (with and without disability). Pre and post-intervention questionnaires as
3
well as semi-structured interviews were completed. Results. An increase of life-balance in all
participants (p=0.03) and of engagement in meaningful activities in older adults without disability
(p=0.02) was observed. The participants also reported improvements for all outcomes. Conclusion.
Remodeler sa vie is a culturally promising program to promote health among older French-
Canadians.
Mots-clés : Ergothérapie Préventive, Gratitude, Compassion, Occupation*, Équilibre de vie
Key words: Preventive Occupational therapy, Gratitude, Compassion, Occupation*, Life Balance
4
Introduction
Le vieillissement de la population requiert la mise en œuvre d’interventions efficaces pour
améliorer la santé et le bien-être des aînés (Stav, Hallenen, Lane et Arbesman, 2012). Malgré des
évidences croissantes démontrant leur apport, les approches d’ergothérapies préventives sont
minimalement intégrées à la pratique. Le Lifestyle Redesign® est un programme d’ergothérapie
préventive développé en Californie à partir de la science de l’occupation (Jackson, Carlson,
Mandel, Zemke, et Clark, 1998). De nature fondamentale, cette science s’appuie sur le paradigme
occupationnel stipulant que l’engagement dans des occupations signifiantes permet de prévenir la
maladie et les incapacités (Molineux, 2004). S’inscrivant dans ce paradigme, le Lifestyle
Redesign® vise le développement de répertoires d’occupations saines et signifiantes pour les aînés.
Ces répertoires, désignés sous le nom de patrons occupationnels, incluent différents agencements
de routines et d’habitudes de vie. Afin d’optimiser ces patrons occupationnels, le programme mise
sur des éléments-clés tels que le pouvoir d’agir, l’engagement dans les occupations signifiantes et
la réflexion quant au rôle de ces occupations sur la santé. Concrètement, le programme combine,
sur une période de six à neuf mois, une participation individuelle (1x/mois) et en groupe (2 h/sem.)
permettant aux aînés de contribuer activement au maintien de leur santé et de leur bien-être (Clark
et Krupa, 2002). Avec le soutien d’un ergothérapeute formé au Lifestyle Redesign®, une douzaine
de modules sont abordés sur des thèmes d’importance pour les aînés (Clark, Mandel, Jackson,
Zemke et Eallonardo, 2015). Ces thèmes concernent par exemple le vieillissement, l’utilisation des
moyens de transport, la gestion du stress, la sécurité, les relations interpersonnelles et l’utilisation
du système de santé. Afin d’engager les aînés dans l’occupation, les groupes sont de nature
expérientielle (ex. essai d’un nouveau moyen de transport). Plus spécifiquement, les interventions
d’animation valorisent l’expertise des aînés et misent sur des stratégies adaptatives comme la
5
réinterprétation positive. Les rencontres individuelles permettent, quant à elles, d’approfondir et de
personnaliser le contenu discuté dans les groupes et d’accompagner les aînés vers des changements
qu’ils souhaitent apporter à leur mode de vie.
Deux essais cliniques à répartition aléatoire (ECR) d’envergure ont été réalisés par Clark et ses
collaborateurs (1997 ; 2012) auprès de 821 aînés avec et sans incapacités. Lors de ces ECR, les
participants ont été évalués avant et après l’intervention puis six mois plus tard. Le premier ECR a
démontré l’efficacité d’un programme de 9 mois. Le second, d’une durée plus courte (6 mois) et
réalisé majoritairement auprès d’aînés en situation de vulnérabilité, a documenté son efficacité en
contexte réel. Globalement, les participants au Lifestyle Redesign® (n=354), comparativement à
ceux recevant des activités sociales (n=120 ; groupe témoin actif) ou ne recevant aucune
intervention (n=347 groupe témoin passif), ont présenté une amélioration de plusieurs résultantes
de santé et de bien-être. Ces améliorations concernent plus particulièrement le fonctionnement
physique (ex. marcher), social (ex. participation à la vie sociale) et dans les rôles (ex. temps accordé
à certaines activités), la vitalité (ex. niveau d’énergie), la satisfaction envers la vie (ex. avoir des
plans pour le futur) ainsi que de l’état général de santé mentale (ex. anxiété ; Clark et al., 1997 ;
Clark et al., 2012). Quatre-vingt-dix pour cent de ces gains ont par ailleurs été maintenus six mois
post-intervention (Clark et al., 2001). Économiquement, le programme a été démontré rentable et
l’utilisation moindre des services de santé par les participants au Lifestyle Redesign® a engendré
des économies suffisantes pour couvrir le coût du programme (Hay et al., 2002). La robustesse de
ces évidences appuie la valeur du Lifestyle Redesign® pour aider à réduire les dépenses en santé
tout en favorisant un vieillissement actif, en santé et dans sa communauté. Ce faisant, le programme
offre une réponse adaptée aux préoccupations de nombreux aînés.
6
Aux États-Unis, en Angleterre, en Suède et en Norvège, plusieurs adaptations du Lifestyle
Redesign® ont été réalisées (Lévesque, Trépanier, Sirois et Levasseur, 2019). Comparativement
au programme original, l’étude de ces versions adaptées, telles que Designing a life of Wellness
(Matuska, Giles-Heinz, Flinn, Neighbor et Bass-Haugen, 2003) et Lifestyle Matters (Mountain,
Mozley, Craig et Ball, 2008), n’a relevé que peu de changements chez les participants âgés. Par
exemple, aucun changement significatif n’a été observé au niveau de la santé, pour laquelle Clark
et al. (1997) avaient mis en évidence une amélioration de sept des huit échelles du questionnaire
Short Form General Health Survey (SF-36 ; Ware et Sherbourne, 1992), dont la vitalité (p<0,01).
Les modifications apportées au programme, le processus de traduction indépendant de l’équipe
californienne, les petites tailles échantillonnales ainsi que la durée réduite du programme (Horowitz
et Chang, 2004 ; Johansson et Bjorklund, 2016) pourraient expliquer ces différences. Des tendances
similaires aux résultats originaux ont néanmoins été notées dans trois études portant sur des
versions adaptées du Lifestyle Redesign® (Jackson et al., 2000 ; Johansson et Bjorklund, 2016 ;
Mountain et al., 2008). Par exemple, la santé générale des aînés ayant pris part à ces versions
adaptées se détériore dans une moindre mesure et leur santé physique et mentale, leur bien-être,
leur qualité de vie et leur engagement dans les activités tendent à augmenter (Lévesque et al., 2019).
Au Québec, malgré la pertinence et l’intérêt d’intégrer le Lifestyle Redesign® à la pratique
d’ergothérapeutes (Lévesque et al., 2019), aucune version du programme n’était disponible en
français et n’avait été adaptée au contexte franco-canadien. En collaboration avec l’équipe
californienne, un processus rigoureux de traduction a donc été réalisé avec l’aide d’un traducteur
professionnel et d’une équipe de 14 experts en vieillissement, en promotion de la santé et en
ergothérapie. À l’exception de quelques expressions anglaises et citations d’érudits, les concepts
7
et les thèmes du manuel étaient culturellement adaptés au contexte franco-canadien. Les principales
adaptations concernaient les références au système de santé et aux aspects démographiques. On
connaît toutefois peu l’influence de cette nouvelle version canadienne francophone du programme
intitulée Remodeler sa vie® sur l’équilibre de vie, l’engagement dans les activités signifiantes, la
compassion envers soi et la gratitude : quatre résultantes particulièrement importantes pour les
aînés, compte tenu de leur lien étroit avec la santé et le bien-être.
Selon Matuska et Christiansen (2008), l’équilibre occupationnel (concept dérivé de l’équilibre de
vie) se définit comme un patron satisfaisant d’occupations quotidiennes qui est porteur de santé et
de sens et qui est durable et adapté au contexte et aux événements qui jalonnent la vie d’un individu.
Afin de mesurer l’équilibre occupationnel, différentes dimensions objectives (ex. allocation du
temps) et, surtout, subjectives (ex. valeur accordée aux occupations) sont à considérer. Par
exemple, la satisfaction envers le temps consacré à des activités répondant aux besoins
fondamentaux (santé et sécurité ; relations interpersonnelles gratifiantes ; défis, engagement et
compétences ; sens à sa vie et identité) est associé à une diminution du stress ainsi qu’à une
amélioration de la santé physique et mentale et de la qualité de vie chez des personnes présentant
des incapacités (Larivière et Levasseur, 2016). À notre connaissance, aucune étude n’a considéré
l’influence du Lifestyle Redesign® sur l’équilibre de vie d’aînés. Puisque le concept d’équilibre de
vie concerne l’habileté à s’engager dans une diversité d’occupations saines et signifiantes
(Matuska, 2012), il importe de considérer l’influence du programme Remodeler sa vie® sur cette
résultante.
Figurant parmi les assertions de base de l’ergothérapie, l’engagement dans des occupations
signifiantes renvoie à tout ce que nous faisons pour nous impliquer, nous investir ou participer à
8
des occupations signifiantes (Townsend et Polatajko, 2013). Le concept de signifiance, quant à lui,
renvoie à la convergence entre les occupations, les besoins (Ikiugu et Pollard, 2015), les intérêts et
les valeurs d’une personne (Taylor et Kielhofner, 2017). La signifiance est également teintée par
l’unicité de la personne (Townsend et Polatajko, 2013), son histoire (Persson, Eklund et Isacsson,
1999) et son besoin d’affiliation (Bejerholm et Eklund, 2006). Les retombées de l’engagement
occupationnel sont nombreuses incluant sur la consolidation des compétences, le développement
de l’identité (Mee, Sumsion et Craik, 2004), la réappropriation du pouvoir d’agir (Fisher et
Hotchkiss, 2008) et la satisfaction envers la vie (Nilsson, Bernspång, Fisher, Gustafson et Löfgren,
2007). Considéré comme un élément indispensable au vieillissement réussi (Nilsson et al., 2007 ;
Tatzer, Van Nes et Jonsson, 2012), l’engagement dans des activités, notamment sociales, comporte
aussi d’importants effets positifs sur la survie (Holt-Lunstad, Smith, Baker, Harris et Stephenson,
2015). Or, en suscitant le développement de patrons occupationnels sains, signifiants et offrant des
opportunités d’affiliation, le programme Remodeler sa vie® pourrait augmenter l’engagement des
aînés dans les occupations signifiantes. Afin de mesurer l’engagement occupationnel, plusieurs
évaluations s’appuient sur le concept d’engagement dans les activités signifiantes (Townsend et
Polatajko, 2013), une perspective concrète et plus facile à analyser (Townsend et Polatajko, 2013).
Ces évaluations incluent des dimensions objectives (ex. fréquence de participation à des activités),
subjectives (ex. degré de signifiance ; Bejerholm et Eklund, 2006) et contextuelles (ex. climat ;
Ripat et Colatruglio, 2016). À notre connaissance, une seule étude a considéré l’engagement dans
les activités signifiantes (Matuska et al., 2003). Dans cette étude, la fréquence de participation à au
moins trois activités par semaine a augmenté de 55 à 66 % chez les participants à la suite d’un
programme dérivé du Lifestyle Redesign® (Matuska et al., 2003). Afin de mieux comprendre
9
l’influence du programme Remodeler sa vie® sur l’engagement dans les activités signifiantes, des
concepts issus de la psychologie positive offrent une perspective novatrice et intéressante.
Définie par une attitude de compréhension et de bonté envers soi lors de moments de douleur ou
d’échec (Neff, 2003), une meilleure compassion envers soi est associée au désir de s’engager dans
des occupations saines, productives et épanouissantes (Neff, Rude, et Kirkpatrick, 2007) La
compassation serait aussi associée à un bien-être supérieur chez les aînés (Phillips et Ferguson,
2013) ainsi qu’à une plus grande utilisation de stratégies adaptatives (réinterprétation positive ;
Allen et Leary, 2010), telles que celles enseignées dans le cadre du programme Lifestyle
Redesign®. Selon Allen et Leary (2010), le simple fait d’expliquer le concept de compassion
pourrait amener les gens à être plus compatissants envers eux-mêmes. Des interventions plus
ciblées (Gilbert et Procter, 2006) engendreraient toutefois des retombées plus importantes en
diminuant les symptômes dépressifs, et ce, particulièrement chez les aînés présentant des
incapacités (Allen, Goldwasser et Leary, 2012). Tout comme la compassion, la gratitude est
considérée comme un important facteur protecteur de la dépression et de l’anxiété (Petrocchi et
Couyoumdjian, 2016 ; Wood, Maltby, Gillett, Linley, et Joseph, 2008).
Définie comme une attitude de reconnaissance et d’appréciation de ce qui est de valeur et signifiant
pour une personne (Sansone et Sansone, 2010), la gratitude amène la personne à se concentrer sur
les éléments positifs de sa vie et à adopter des comportements prosociaux (McCullough, Emmons
et Tsang, 2002). Selon plusieurs auteurs, la gratitude améliorerait le bien-être et la satisfaction des
aînés envers la vie (Ho, Yeung et Kwok, 2014 ; Killen et Macaskill, 2015).
La compassion envers soi et la gratitude peuvent être enseignées aux aînés et les aider à s’adapter
aux adversités liées à l’âge (ex. retraite, deuil, perte d’autonomie ; Allen et al., 2012 ; Killen et
10
Macaskill, 2015). Le courant de la psychologie positive est d’ailleurs de plus en plus utilisé pour
réduire les effets de l’âge sur la santé physique et mentale et pour permettre aux aînés de vivre une
vie remplie, signifiante et dynamique (Pandey et Garg, 2018). Ces attitudes positives seraient aussi
associées à la longévité (Danner, Snowdon et Friesen, 2001). À notre connaissance, aucune étude
n’a porté sur l’influence du Lifestyle Redesign® sur la compassion envers soi et la gratitude.
L’objectif de la présente étude était donc de décrire l’influence du programme Remodeler sa vie®
(version canadienne francophone du Lifestyle Redesign®) sur l’équilibre de vie, l’engagement dans
des activités signifiantes, la compassion envers soi et la gratitude d’aînés franco-canadiens.
Méthodologie
Devis méthodologique
Une étude pilote soutenue par un dispositif mixte incluant un volet préexpérimental [prétest (T
0
),
post-test (T
1
) et deux suivis post-interventions (T
2
and T
3
)] et un volet qualitatif de type recherche
clinique (Miller et Crabtree, 2003) a permis une triangulation concomitante des données. Approprié
en contexte exploratoire, ce devis a permis de réaliser une interprétation globale en accordant une
importance égale aux données quantitatives et qualitatives (Creswell et Plano Clark, 2018).
Stratégie d’échantillonnage et de recrutement
Selon une stratégie non probabiliste de convenance et anticipant une attrition potentielle de 3
participants, 19 aînés ont été recrutés. Selon Machin et Campbell (2009), un échantillon de 16
participants permet de détecter une différence standardisée de 0,75 ou plus entre deux moyennes
selon des tests t bilatéraux appariés avec un niveau de signification de 5 % et une puissance de
80 %. Cette taille a également permis une exploration en profondeur et une saturation des données.
11
Les critères d’inclusion étaient : 1) être âgé de 65 ans et plus, 2) parler et comprendre le français,
3) présenter des fonctions cognitives normales (résultat ≥ 17 à la version téléphonique de l’Échelle
du statut mental [ALFI-MMSE] ; Roccaforte, Burke, Bayer et Wengel, 1992), 4) vivre dans une
maison conventionnelle ou une résidence pour personnes semi-autonomes et 5) avoir un résultat
au Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF ; Hébert, Carrier et Bilodeau, 1988)
inférieur à 15 (groupe sans incapacité) ou supérieur à 15 (groupe avec incapacités). Les participants
ont été recrutés à l’aide d’une liste de candidats ayant pris part à des études antérieures à l’hôpital
de jour et au centre de jour du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS)
de l’Estrie-CHUS. La recherche a fait l’objet d’une certification éthique dont le numéro est : 2015-
488.
Questionnaires et guide d’entretien
Quatre questionnaires ont permis de collecter des données sur les variables à l’étude. L’équilibre
de vie a été estimé à l’aide de l’Inventaire de l’équilibre de vie, un instrument retenu pour sa
traduction francophone rigoureuse (Larivière et Levasseur, 2016) et sa mesure de la satisfaction
entre le temps passé (objectif) et souhaité (subjectif) dans 53 activités. Ce questionnaire présente
une validité de construit satisfaisante et une bonne cohérence interne (Alpha de Cronbach = 0,97 ;
Matuska, 2012), et ce, malgré un coefficient supérieur à 0,90 pouvant être signe d’énoncés trop
similaires dans le questionnaire (DeVellis, 2017).
L’engagement dans les activités signifiantes a été estimé à l’aide de l’Engagement in Meaningful
Activities Survey (EMAS). Dans ce questionnaire de 12 items, la personne rapporte si les activités
qu’elle réalise lui permettent de prendre soin d’elle ou lui procurent un sentiment de satisfaction
ou de contrôle. L’EMAS présente une cohérence interne élevée avec un coefficient Alpha de
12
Cronbach se situant au-dessus du seuil d’acceptabilité de 0,80 (Yergeau et Poirier, 2013) et variant
entre 0,84 (Goldberg, Brintnell et Goldberg, 2002) et 0,89 (Eakman, Carlson, et Clark., 2010), une
bonne validité convergente avec le Purpose in Life Test (r = 0,57; Eakman et al., 2010) et une
fidélité test-retest acceptable (r = 0,56; Goldberg et al., 2002).
La compassion envers soi a été estimée grâce au Self Compassion Scale (Allen et al., 2012) incluant
12 items sur la tendance à adopter une approche positive, compatissante et indulgente envers soi
lors de moments difficiles. Ce questionnaire présente une bonne cohérence interne (Alpha de
Cronbach = 0,77 dans la présente étude, et selon une autre étude, Alpha de Cronbach = 0,86 ; Raes,
Pommier, Neff et Van Gucht, 2011) et a été traduit en français.
Le Gratitude Questionnaire-6 a permis de mesurer la fréquence, l’intensité et la diversité des
événements engendrant la gratitude. Ce questionnaire de 6 items présente aussi une bonne
cohérence interne (Alpha de Cronbach = 0,82 ; McCullough et al., 2002). Enfin, des entretiens
qualitatifs ont été réalisés à l’aide d’un guide semi-structuré validé par cinq experts en recherche
qualitative et prétesté. Ce guide comprenait des questions telles que : « Parlez-moi de votre
expérience en lien avec le programme. » et « Parlez-moi, s’il y a lieu, des changements que vous
avez réalisés en lien avec ces rencontres. »
Collecte de données
Tous les participants ont signé un formulaire d’information et de consentement, puis ont été
rencontrés individuellement à leur domicile par une agente de recherche ou un étudiant en
ergothérapie spécialement formés à l’administration des questionnaires. Une agente de recherche
expérimentée a mené les entretiens qualitatifs. Lors du prétest (T
0
), les participants ont rempli, en
environ 120 minutes, un questionnaire sociodémographique et huit autres questionnaires, quatre
rapportés ici et les autres ailleurs (Levasseur et al., 2019). Après le programme de six mois, les
13
participants ont répondu aux mêmes questionnaires (T
1
) et, environ un mois plus tard, ont participé
à un entretien individuel semi-structuré en personne d’environ 90 minutes. Tous les entretiens ont
été enregistrés sur bande audionumérique, transcrits et vérifiés. Après les premiers entretiens,
l’agente de recherche et la chercheure principale ont discuté et ajusté les questions pour les
entretiens ultérieurs. Enfin, trois (T
2
) et six (T
3
) mois après la fin du programme, les participants
ont de nouveau répondu aux mêmes questionnaires.
Intervention
Le programme a été animé par une ergothérapeute ayant suivi la formation en ligne (6 heures) de
l’University of Southern California sur la version originale du Lifestyle Redesign®. Cette
ergothérapeute était supervisée par l’investigatrice principale, une ergothérapeute chercheure
spécialisée en promotion de la santé ayant dirigé la traduction francophone du programme. Dans
le respect des modalités du programme original, vingt-sept sessions de groupe ont eu lieu d’août
2015 à mars 2016. Ces sessions ont en partie été mises en œuvre par les participants et elles
portaient sur le contenu des 12 modules. Des sorties de groupe ainsi que des rencontres
individuelles avec l’ergothérapeute ont aussi eu lieu mensuellement.
Analyse des données
Les variables sociodémographiques et principales ont été analysées à l’aide de statistiques
descriptives (moyennes, écarts-types, médianes, intervalles semi-interquartiles ; fréquences et
pourcentages). Le test de Friedman a permis de comparer les résultats des quatre temps de mesures
(T
0
; T
1
; T
2
; T
3
) suivis du test des rangs signés de Wilcoxon pour une comparaison deux à deux.
Ces analyses ont été réalisées pour l’ensemble des participants et, de façon exploratoire, pour
chacun des groupes. En raison de la nature exploratoire de cette étude, les changements à un ou
l’autre des temps de mesure post-intervention ayant une valeur p < 0,05 ont été considérés comme
14
pouvant être attribuables au programme. Les transcriptions des entretiens ont fait l’objet d’une
analyse de contenu thématique à l’aide d’une grille de codage mixte (Miles, Huberman et Saldaña,
2014). En cohérence avec les variables à l’étude, les thèmes présentés dans cet article sont associés
à l’équilibre de vie, l’engagement dans des activités signifiantes, la compassion envers soi et la
gratitude. Afin de valider la conformité, une synthèse des propos individuels a été postée aux
participants qui ont ensuite été contactés par téléphone. Les analyses ont été réalisées avec l’aide
d’une statisticienne et grâce au logiciel SPSS version 18.0 (SPSS, Chicago, IL) et de NVivo
version 10.
Résultats
Des 19 participants qui ont été évalués à T
0
, 17 ont complété le programme. Une personne n’a pas
pu y participer en raison de problèmes de santé graves et l’autre est décédée. Seize des 17
participants ont été réévalués immédiatement (T
1
), à trois mois (T
2
) et à six mois (T
3
) après le
programme d’intervention, soit une attrition correspondant au taux anticipé. Une participante n’a
pas pu remplir les questionnaires en raison d’importants problèmes de vision et d’audition. Dix-
sept aînés ont participé aux entretiens semi-dirigés. Comparativement à ceux ayant complété
l’ensemble des questionnaires, les trois aînés n’ayant pu être évalués étaient plus âgés (p<0,01),
avaient une perte d’autonomie plus importante (p=0,01), ainsi qu’une gratitude (p=0,03) et un
équilibre de vie (p<0,01) inférieurs.
Les participants étaient âgés de 65 à 90 ans [moyenne± écart type (M±ET) : 76,4±7,6 ;
médiane±intervalle semi-interquartile (Md±Q) : 74±5,8)], majoritairement des femmes (n=10 ;
62,5 %), propriétaires (n=5 ; 31,3 %) ou locataires (n=7 ; 43,8 %) et vivaient seuls (n=7 ; 43,8 % ;
15
Tableau 1). La moitié avaient moins de 12 années de scolarité (n=8 ; 50 %). La plupart avaient un
revenu familial inférieur à 40 000 $ (n=12 ; 75 %) et évaluaient leur santé comme étant bonne
(n=12 ; 75 % ; Tableau 1). Les participants ont été répartis en deux groupes d’intervention, le plus
homogène possible, un comprenant 7 participants avec des incapacités et l’autre comprenant 10
participants sans incapacité. Cinq participants ayant des incapacités vivaient dans la même
résidence que les réunions de groupe. Les aînés ont participé à environ 25 sessions de groupe avec
l’ergothérapeute (M±É.T. : 24,3±2,2 ; Md±Q : 25±1,5), ce qui équivaut à plus de 90 % de la totalité
des 27 séances offertes. Quatre ou cinq des sessions consistaient en des sorties (restaurant, musée
de sciences, marché, etc.). Les principaux motifs d’absence aux rencontres de groupe étaient d’être
malade, de travailler ou d’avoir un rendez-vous (données non présentées). Cinq à onze rencontres
individuelles ont aussi eu lieu avec l’ergothérapeute (M±É.T. : 6,1±0,6 ; Md±Q : 6±0).
16
Tableau 1. Caractéristiques des participants (n=16)
Participants #
Âge
(ans)
Autonomie
fonctionnelle
a
Genre
b
Type de
résidence
c
Statut
matrimonial
d
Revenu
e
Scolarité
f
Santé
g
Conditions
de santé
h
# rencontres
de groupe
# rencontres
individuelles
P1 72 2 H 2 1 6 5 1 1 27 5
P2 85 4,5 F 1 1 R 5 1 2,4,6 22 6
P3 71 6 F 1 1 5 3 1 1,4 26 6
P4 90 2 F 2 3 5 5 2 1,3 23 6
P5 80 5,5 H 2 2 5 3 1 6 23 6
P6 73 1 F 1 1 5 4 1 2 23 6
P7 72 9 H 1 2 5 5 2 1,2 27 6
P8 75 7 F 2 1 3 3 2 2,3,4 19 6
P9 68 10,5 F 1 1 2 4 2 2,4,5 25 6
P10 65 20 H 2 2 5 4 2 3,4,5,6 22 6
P11 80 28,5 H 2 2 5 3 3 1,2,3,6 25 6
P12 72 16,5 H 2 1 2 5 4 1,3,4 26 8
17
P13 68 39,5 F 3 4 5 3 3 5 24 11
P14 88 38,5 F 3 4 2 3 2 1,2,3,4 26 6
P15 84 44 F 3 4 R 3 2 3,5,6 26 6
P16 79 45,5 F 3 4 R 3 3 1,2,6 26 7
P17* 97 42,5 F 3 4 R 3 3 1,2,3,6 23 6
a
Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF) (/87) ; •5 : aucune difficulté ; 5-19 : léger à modérée ; >19 : modérée à sévère
b
F : femme and H : homme
c
(1) propriétaire, (2) locataire, (3) vit dans une résidence
d
(1) vit seul, (2) vit avec un partenaire, (3) vit avec un membre de la famille, (4) autre
e
(1) ≤10 000 $, (2) 10,001-15,000 $, (3) 15,001-20,000 $, (4) 20,001-25,000 $, (5) 25,001-40,000 $ (6) > 40 001 $ (R) Refuse de
répondre ou ne sait pas
f
(1) aucune, (2) 1–6 years, (3) 7–11 years, (4) 12–14 years, (5) 15–16 years, (6) >17 years
g
(1) Excellent, (2) bon, (3) passable, (4) faible
h
Selon l’International Classification of Diseases (ICD-10) : (1) Certaines maladies infectieuses et parasitaires, (2) Néoplasmes, (3)
Maladies du sang et des organes qui forment le sang ainsi que certains troubles impliquant le système immunitaire, (4) Maladies
endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques, (5) Troubles mentaux et comportementaux, (6) Maladies du système nerveux
18
* Participant qui n’a pas rempli les questionnaires
Entretiens qualitatifs
Globalement, les participants ont rapporté une influence positive du programme, parfois neutre,
mais pas négative en lien avec leur engagement dans les activités signifiantes, leur équilibre de vie,
leur compassion envers eux et leur gratitude. En servant de modèle pour d’autres, certains
participants ont rapporté s’être sentis valorisés, ce qui a amélioré leur vision d’eux-mêmes, et ainsi,
leur compassion envers eux-mêmes. Les défis relevés par plusieurs lors d’activités du programme
ont également influencé positivement la perception de la valorisation de soi des participants. Aussi,
notamment grâce aux contacts avec des pairs, les participants ont rapporté avoir pris conscience
qu’ils n’étaient pas seuls à avoir des incapacités ou à rencontrer des défis dans leur quotidien, ce
qui leur a permis d’augmenter leur gratitude envers la vie. Cette vision améliorée de soi, combinée
aux nouvelles connaissances acquises au sujet de la relation entre les occupations et la santé, a
permis d’augmenter le pouvoir d’agir des participants qui se sentaient mieux outillés pour agir sur
leur santé. Pour certains aînés, ce pouvoir d’agir accru a également mené à des modifications de
leurs patrons occupationnels (ex. réalisation davantage d’activités signifiantes), améliorant ainsi
leur qualité de vie. Enfin, la participation aux activités du programme Remodeler sa vie® a permis
à certains participants d’augmenter leur intérêt pour certaines activités, ce qui a également
contribué à l’atteinte d’un meilleur équilibre de vie.
Équilibre de vie
À la suite du programme, l’équilibre de vie des participants s’est globalement amélioré entre, d’une
part, T
0
et T
1
et, d’autre part, T
3
(p= respectivement 0,04 et 0,01 ; Tableau 2). L’équilibre de vie
s’est aussi amélioré pour les sous-scores Satisfaction des besoins de base (santé et sécurité ; entre
T
1
Md±Q : 2,6±0,3 et T
3
Md±Q : 2,8±0,3 ;
p=0,04), Sentiments d’engagement, de défi et de
compétence (entre T
1
Md±Q: 2,3±0,4 et T
3
Md±Q: 2,7±0,5; p = 0,03) et Sens à la vie et identité
personnelle positive [entre, d’une part, T
1
Md±Q: 2,6±0,4 et T
2
Md±Q: 2,6±0,4 et, d’autre part, T
3
Md±Q: 2,6±0,3 (p= respectivement 0,01 et 0,01)]. Spécifiquement pour le groupe sans incapacité,
des améliorations significatives ont été obtenues globalement entre T
1
et T
3
(p=0,01 ; Tableau 2)
et pour le sous-score Sentiments d’engagement, de défi et de compétence (entre T
1
Md±Q : 2,5±0,3
et T
3
Md±Q : 2,8±0,2 ; p=0,03). Pour le groupe ayant des incapacités, une diminution est survenue
pour l’équilibre de vie global entre T
0
et T
1
(p= 0,03 ; Tableau 2), mais une augmentation a été
observée pour le sous-score Sens à la vie et l’identité personnelle positive [entre, d’une part, T
1
Md±Q : 2,0±0,2 et T
2
Md±Q : 2,5±0,2 et, d’autre part, T
3
Md±Q : 2,5±0,3 (p= respectivement 0,04
et 0,04)]. Par ailleurs, le programme a permis aux participants d’être plus conscients de la
répartition de leurs activités dans le temps, tel qu’expliqué par un participant quant à la lecture :
« Ce que je déplore, c’est que je ne sois pas capable de mettre plus de temps que ça [à lire]. C’est
pour ça que je suis en train de regarder pour réviser […] on va corriger des situations. » (P8). Les
participants ont également rapporté la mise en place d’un horaire occupationnel favorisant
davantage leur bien-être : « Je passais mon temps juste [sur la télévision], mais, depuis le
programme, je commençais à être plus actif. » (P11).
Engagement dans les activités signifiantes
Aucune différence statistiquement significative n’a été observée pour l’engagement dans les
activités signifiantes, sauf pour une amélioration entre T
0
et T
2
chez le groupe sans incapacité
(p=0,02 ; Tableau 2). À la suite du programme, les participants ont rapporté avoir des projets
communs ensemble pour l’avenir, comme le mentionne un homme sans incapacité : « Au mois de
juin, on a l’intention de se réunir pour jouer au scrabble. […] je trouve ça motivant. » (P7). En
contribuant au groupe, leur participation leur a également permis de s’impliquer dans une activité
ayant un but : « Je préparais mes affaires, j’arrivais toujours avec mes papiers. On se sentait
comme utile. » (P13). Enfin, les participants ont été encouragés à relever des défis, ce qui les a
valorisés et a amélioré leur image d’eux-mêmes. Par exemple, un participant ayant une vie déjà
active grâce à ses cours à l’université et à sa pratique régulière de la marche mentionnait : « J’ai
apporté un gâteau fait de légumineuses et j’ai invité les gens [du groupe] à y goûter. C’était
quelque chose pour moi. » (P1).
Compassion envers soi
Aucun changement n’a été observé pour la compassion envers soi (Tableau 2), mais les participants
ont rapporté que le programme Remodeler sa vie® leur a permis d’avoir une meilleure perception
d’eux-mêmes. Cette perception a notamment été influencée par le contact avec d’autres personnes
vivant des défis au quotidien « [Le programme m’a permis] de m’accepter tel que j’étais. Ça prend
toute sorte de monde pour faire un monde. » (P10). Grâce aux défis qu’ils ont pu relever au cours
du programme, les aînés sont également devenus plus indulgents envers leurs capacités, comme
mentionné par une participante vivant seule et devant réaliser elle-même l’entretien de son
domicile : « Je me suis aperçue que je n’étais pas pire qu’un autre. » (P8).
Gratitude
Aucun changement n’a été décelé pour la gratitude, sauf pour une diminution chez le groupe sans
incapacité entre T
0
et T
2
, c’est-à-dire lors de l’hiver (p=0,03 ; Tableau 2). Par ailleurs, notamment
en raison du fait que le programme leur a permis d’être en contact avec d’autres aînés vivant aussi
des défis, les participants ont rapporté être plus reconnaissants et apprécier davantage ce qu’ils ont
au détriment de ce qui leur manque, tel que l’illustre cet extrait : « J’ai pris conscience [...] que je
suis bien. Je suis entourée. Je suis une des personnes chanceuses. » (P4). Une autre participante
ayant une autonomie fonctionnelle élevée mentionnait : « [J’ai] réalisé que j’étais peut-être
chanceuse d’être encore quand même en forme. Il y en a qui le sont moins. » (P6).
Tableau 2. Comparaison des scores des variables principales avant et après l’intervention
T
0
T
1
T
2
T
3
Valeur p**
Variables
Md (Q)* Md (Q) Md (Q) Md (Q)
Équilibre de vie (IEV ; /3)
Tous (n=16)
Groupe sans incapacité (n=10)
Groupe avec incapacités (n=6)
2,5
b
(0,3)
2,7 (0,2)
2,2
d
(0,2)
2,5
c
(0,3)
2,6
c
(0,2)
2,1 (0,2)
2,5 (0,3)
2,7 (0,1)
2,2 (0,1)
2,6 (0,4)
2,9 (0,2)
2,2 (0,3)
0,03
0,04
0,39
Engagement dans les activités signifiantes
(EMAS ; /48)
Tous (n=16)
Groupe sans incapacité (n=10)
Groupe avec incapacités (n=6)
32,0 (4,3)
33,5
a
(4,8)
31,0 (4,6)
34,0 (4,1)
35,5 (2,9)
28,0 (4,1)
36,5 (3,6)
37,5 (2,6)
30,5 (5,3)
35,5 (3,3)
38,0 (2,4)
32,0 (4,3)
0,32
0,02
0,32
Compassion envers soi (SCS; /5)
Tous (n=16)
Groupe sans incapacité (n=10)
Groupe avec incapacités (n=6)
3,7 (0,5)
3,8 (0,6)
3,7 (0,3)
3,9 (0,4)
3,9 (0,5)
3,9 (0,4)
4,1 (0,6)
4,1 (0,5)
4,2 (0,9)
4,1 (0,5)
4,0 (0,5)
4, 3 (0,7)
0,55
0,66
0,71
Gratitude (GQ-6 ;/42)
Tous (n=16)
Groupe sans incapacité (n=10)
Groupe avec incapacités (n=6)
36,5 (3,0)
36,0
a
(4,1)
37,5 (2,9)
37,0 (2,4)
36,5 (3,9)
37,5 (2,5)
35,0 (3,3)
36,0 (4,8)
33,0 (2,8)
36,5 (3,8)
36,5 (4,0)
36,0 (2,4)
0,30
0,20
0,74
*Médiane (Intervalle semi-interquartile)
** Test de Friedman04
Différences associées au test des rangs signés de Wilcoxon
a
T
0
est significativement différent de T
2
b
T
0
est significativement différent de T
3
c
T
1
est significativement différent de T
3
d
T
0
est significativement différent de T
1
IEV: Inventaire de l’équilibre de vie ; un résultat plus élevé indique un équilibre entre la
quantité de temps allouée et la quantité de temps que l’on voudrait allouer aux activités
réalisées ou celles que l’on voudrait réalisées.
EMAS : Engagement in meaningful Activities Survey (Questionnaire sur l’engagement dans des
activités signifiantes); un résultat plus élevé indique que les activités réalisées permettent
de prendre soin de soi et procurent un sentiment de satisfaction et de contrôle.
SCS: Self Compassion Scale (Échelle de la compassion envers soi); un résultat plus élevé
indique une tendance à adopter une attitude compatissante, positive et indulgente envers
soi-même lors de moments difficiles.
GQ-6 : Gratitude Questionnaire ; un résultat plus élevé indique une plus grande fréquence et
intensité de la reconnaissance.
Discussion
Cette étude pilote a permis de décrire l’influence du programme Remodeler sa vie® sur l’équilibre
de vie, l’engagement dans les activités signifiantes, la compassion et la gratitude d’aînés franco-
canadiens. Les résultats indiquent une amélioration de l’équilibre de vie de l’ensemble des
participants et, chez les aînés sans incapacité, de l’engagement dans les activités signifiantes.
L’amélioration de l’équilibre de vie des aînés reflète probablement une plus grande participation
à une variété d’activités signifiantes de socialisation et de loisir dans la communauté telles que
proposées dans le cadre du programme. La diminution de l’équilibre de vie entre T
0
et T
1
des
participants ayant des incapacités pourrait quant à elle s’expliquer par leur engagement dans le
programme. En effet, cet engagement pourrait avoir créé une certaine discontinuité et exigé une
modification de leurs patrons occupationnels habituels (ex. augmentation importante du nombre
d’activités dans un court délai). De plus, il semble que la vie d’aînés ayant des incapacités
physiques serait moins équilibrée que celle de leur homologues sans incapacité (Levasseur et
Larivière, 2015).
Puisque l’engagement dans les activités signifiantes a été démontré comme étant associé à la
santé en favorisant un mode de vie sain et porteur de sens (Clark et al., 1997), cette résultante est
au cœur du programme Remodeler sa vie® et elle a augmenté à la suite de celui-ci chez les aînés
sans incapacité. D’autres participants à des versions adaptées ont rapporté une augmentation de
leur fréquence de socialisation et de leur participation communautaire (Matuska et al., 2003) ainsi
qu’un bien-être accru lié à l’augmentation de leur engagement (Mountain et al., 2008). Plus
spécifiquement, l’absence de changement quant à l’engagement dans les activités signifiantes des
participants ayant des incapacités pourrait s’expliquer par l’influence des conditions hivernales sur
la mobilité ; un phénomène rapporté par d’autres recherches (Levasseur et al., 2019 ; Ripat et
Colatruglio, 2016). En effet, en raison de la neige et de la glace qui rendent les déplacements plus
difficiles en hiver, les opportunités de participer à des activités signifiantes pourraient être plus
restreintes pour les participants présentant des incapacités comme des difficultés de mobilité.
Comparativement aux gains au niveau du fonctionnement physique et social, des rôles physique et
émotionnel, de la vitalité, de la satisfaction envers la vie et de la santé mentale des études de
l’équipe originale du Lifestyle Redesign® (Clark et al., 2001 ; Clark et al., 1997 ; Clark et al., 2012),
différents facteurs peuvent expliquer le peu d’améliorations obtenues lors de la présente étude.
Notamment, afin d’observer des changements, une période de 6 mois représente une durée
minimale pour ce type de programme (Raymond et al., 2015). Par ailleurs, les participants de la
présente étude étaient des Caucasiens ayant un niveau d’éducation et un revenu élevé et
potentiellement été exposés à plusieurs messages de santé publique sur l’importance d’adopter un
mode de vie sain, par exemple, grâce au programme 0.5.30 axé sur le non-tabagisme, la saine
alimentation et la pratique régulière d’activité physique (CIUSSS de la Capitale-Nationale, 2019),
ce qui a possiblement limité les changements.
Lors de la présente première étude à s’intéresser à l’influence du programme Remodeler sa vie®
sur la compassion envers soi et la gratitude, les participants ont rapporté se sentir plus
reconnaissants envers la vie et avoir une meilleure perception d’eux-mêmes. Cette vision
renouvelée de leur identité est susceptible de favoriser leur cheminement vers une plus grande
compassion. De plus, puisqu’elle est survenue dans l’action et au contact de l’autre, cette
transformation rappelle l’importance de créer des opportunités d’occupations signifiantes afin de
rehausser l’identité et l’appropriation du pouvoir d’agir des aînés. Par ailleurs, l’absence de
changement significatif de la gratitude et de la compassion envers soi pour les participants ayant
des incapacités et la diminution de la gratitude chez ceux sans incapacité pourraient s’expliquer par
le fait que le programme Remodeler sa vie® ne vise pas spécifiquement ces résultantes. Bien que
le module sur la gestion du stress mette de l’avant des éléments essentiels pour développer une
expérience de vie positive (ex. affirmer ses forces, apprécier les moments agréables ; Clark et al.,
2015), sa portée demeure limitée. De plus, à la lumière des résultats obtenus par Gilbert et ses
collaborateurs (2006) à la suite d’un programme de 12 semaines, un tel changement nécessiterait
une intervention plus longue et davantage axée sur la compassion (Allen et Leary, 2010). Dune
perspective préventive, les émotions positives comme la compassion peuvent préparer les aînés,
incluant ceux sans incapacités, à composer avec d’éventuels changements au niveau de leur santé
ou de leurs circonstances de vie (Allen et al, 2012). Enfin, puisque la compassion et la gratitude
sont associées à la santé (Pandey et Garg, 2018) et à la longévité (Danner et al., 2007), il serait
intéressant de les intégrer davantage au contenu du programme Remodeler sa vie®.
Forces et limites
Cette expérimentation représente une première étude pilote sur le programme Remodeler sa vie®
réalisée auprès d’aînés franco-canadiens. En plus de mesurer des variables directement en lien avec
le programme et les sciences de l’occupation (engagement dans les activités signifiantes et
équilibre de vie), cette étude inclut des déterminants de santé novateurs et peu étudiés en
ergothérapie (compassion et gratitude). Grâce au volet qualitatif, il a été possible de mettre en
lumière l’influence du programme sur des variables qui pourrait être plus difficilement mesurable
à l’aide de questionnaires. La théorie et les études doivent cependant se poursuivre afin de mieux
comprendre les liens entre les concepts issus de la psychologie positive et ceux des sciences de
l’occupation. Par ailleurs, la participation d’aînés avec et sans incapacité a permis une
compréhension plus nuancée de l’influence du programme, surtout sachant que certaines variables
sont associées au statut fonctionnel de la personne. Parmi les limites, la petite taille de l’échantillon
a réduit les probabilités de détecter une différence standardisée de 0,75 ou plus entre deux
moyennes. L’absence de groupe témoin a quant à elle limité l’étude des changements dans le temps.
Enfin, cette étude est sujette au biais de désirabilité sociale, malgré les mesures prises par les
évaluateurs pour en limiter les effets.
Conclusion
À la suite de la version canadienne francophone du Lifestyle Redesign®, un programme
d’ergothérapie préventif prometteur, les participants ont rapporté une amélioration de leur équilibre
de vie, de leur engagement dans les activités signifiantes, de leur compassion envers eux-mêmes
et de leur gratitude. Le programme Remodeler sa vie® leur a permis de relever des défis et de servir
d’exemple pour d’autres participants. Ce programme a également permis aux participants de se
sentir valorisés, ce qui a amélioré leur perception d’eux-mêmes et leur reconnaissance envers la
vie. Par ailleurs, les connaissances acquises dans le cadre du programme Remodeler sa vie® sur la
relation entre la santé et les occupations ont suscité une modification de leurs patrons
occupationnels en intégrant davantage d’activités signifiantes.
À la lumière des résultats de cette première étude pilote, il est essentiel de poursuivre les recherches
pour documenter la rentabilité et les effets du programme Remodeler sa vie® sur la santé et le bien-
être d’aînés franco-canadiens. En ce sens, et en s’appuyant sur les présents résultats, il importe de
réaliser un essai clinique pragmatique à répartition aléatoire pour évaluer ces effets. Également,
afin de répondre à un plus grand nombre de besoins (ex. gestion du poids, de la douleur chronique,
prévention de plaies de pression ou du diabète), d’autres traductions et adaptations du Lifestyle
Redesign® telles que développées par l’équipe originale doivent être réalisées.
Messages clés
1. À la suite du programme Remodeler sa vie®, les aînés ont augmenté leur équilibre de vie
et, chez ceux sans incapacité, leur engagement dans les activités signifiantes.
2. En relevant des défis, en servant d’exemple et en reconnaissant l’influence des occupations
sur la santé, les participants rapportaient se sentir valorisés, avoir une meilleure perception
d’eux-mêmes et reconnaître davantage leurs acquis.
3. Le programme leur aurait aussi permis de développer des patrons occupationnels plus
signifiants.
Remerciements
Cette recherche a été financée par le Réseau de recherche sur le vieillissement et les Instituts de
recherche en santé du Canada (IRSC ; #126315). Des jetons d’autobus ont été gratuitement offerts
par la Société de transport de Sherbrooke. Lors de l’étude, Mélanie Levasseur était chercheure
Junior 1 des Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQS) (2013-2017 ; #26815). Elle est
maintenant nouvelle chercheure des IRSC (2017-2022 ; #360880). Les auteurs tiennent à remercier
Maryke Beaudry, Sarah Blain, Jeanine Blanchard, Hélène Carbonneau, Mike Carlson, Mélanie
Cauchon, Nathalie Champoux, Florence Clark, Yves Couturier, Hélène Corriveau, Johanne
Filiatrault, Marie-France Gauthier, Nadine Larrivière, Ginette Mercier, Manon Parisien, Véronique
Provencher, Sonia Routhier, Stacey Schepens Niemiec, Fuschia Sirois, France-Hélène Therrien,
ainsi que tous les aînés qui ont participé à l’étude.
Références
Allen, A.B., Goldwasser, E.R., et Leary, M.R. (2012). Self-compassion and well-being among
older adults. Self identity, 11(4), 428–453.
http://dx.doi.org/10.1080/15298868.2011.595082
Allen, A.B., et Leary, M. (2010). Self-Compassion, Stress, and Coping. Social and Personality
Psychology Compass, 4(2), 107–118. http://dx.doi.org/10.1111/j.1751-9004.2009.00246.x
Bejerholm, U., et Eklund, M. (2006). Engagement in occupations among men and women with
schizophrenia. Occup Ther Int, 13(2), 100-121. http://dx.doi.org/10.1002/oti.210
Clark, F., Azen, S.P., Carlson, M., Mandel, D., LaBree, L., Hay, J., . . . Lipson, L. (2001).
Embedding health-promoting changes into the daily lives of independent-living older
adults: Long-term follow-up of occupational therapy intervention. J Gerontol B-Psychol,
56(1), P60-P63. http://dx.doi.org/10.1093/geronb/56.1.P60
Clark, F., Azen, S.P., Zemke, R., Jackson, J., Carlson, M., Mandel, D., . . . Hessel, C. (1997).
Occupational therapy for independent-living older adults: A randomized controlled trial.
JAMA, 278(16), 1321–1326. . Téléchargé au https://jamanetwork.com/journals/jama
Clark, F., Jackson, J., Carlson, M., Chou, C.-P., Cherry, B.J., Jordan-Marsh, M., . . . Granger, D.A.
(2012). Effectiveness of a lifestyle intervention in promoting the well-being of
independently living older people: Results of the Well Elderly 2 Randomised Controlled
Trial. J Epidemiol Commun H, 66(9), 782–790.
http://dx.doi.org/10.1136/jech.2009.099754
Clark, C.C., et Krupa, T. (2002). Reflections on empowerment in community mental health: Giving
shape to an elusive idea. Psychiatr Rehabil J, 25(4), 341-349. http://dx.doi.org/
10.1037/h0095003
Clark, F., Mandel, D., Jackson, J., Zemke, R., et Eallonardo, L. (2015). Lifestyle redesign: The
intervention tested in the USC Well Elderly Studies (2e éd.). Bethesda, MD: AOTA.
Creswell, J.W., et Plano Clark, V. L. (2018). Designing and Conducting Mixed Methods
Research. Thousand Oaks, California: Sage.
Danner, D.D., Snowdon, D.A., et Friesen, W.V. (2001). Positive emotions in early life and
longevity: findings from the nun study. J Pers Soc Psychol, 80(5), 804.
http://dx.doi.org/10.1037/0022-3514.80.5.804
DeVellis, R.F. (2017). Scale development: theory and applications. Los Angeles: SAGE
Eakman, A.M., Carlson, M.E., et Clark, F.A. (2010). Factor structure, reliability, and convergent
validity of the Engagement in Meaningful Activities Survey for older adults. OTJR, 30(3),
111–121. http://dx.doi.org/10.3928/15394492-20090518-01
Fisher, G.S., et Hotchkiss, A. (2008). A model of occupational empowerment for marginalized
populations in community environments. Occup Ther Health Care, 22(1), 55–71.
http://dx.doi.org/10.1300/J003v22n01_05
Gilbert, P., et Procter, S. (2006). Compassionate mind training for people with high shame and
self-criticism: overview and pilot study of a group therapy approach. Clin Psychol Psychot,
13(6), 353–379. http://dx.doi.org/10.1002/cpp.507
Goldberg, B., Brintnell, E.S., et Goldberg, J. (2002). The relationship between engagement in
meaningful activities and quality of life in persons disabled by mental illness. Occupational
Therapy in Mental Health, 18(2), 17–44. http://dx.doi.org/
10.1300/J004v18n02_03
Hay, J., LaBree, L., Luo, R., Clark, F., Carlson, M., Mandel, D., . . . Azen, S.P. (2002). Cost-
effectiveness of preventive occupational therapy for independent-living older adults. JAGS,
50(8), 1381–1388 1388p. http://dx.doi.org/10.1046/j.1532-5415.2002.50359.x
Hébert, R., Carrier, R., et Bilodeau, A. (1988). The Functional Autonomy Measurement System
(SMAF): Description and validation of an instrument for the measurement of handicaps.
Age Ageing, 17(5), 293–302. http://dx.doi.org/10.1093/ageing/17.5.293
Ho, H.C., Yeung, D.Y., et Kwok, S.Y. (2014). Development and evaluation of the positive
psychology intervention for older adults. J Posit Psychol, 9(3), 187–197.
http://dx.doi.org/10.1080/17439760.2014.888577
Holt-Lunstad, J., Smith, T.B., Baker, M., Harris, T., et Stephenson, D. (2015). Loneliness and
social isolation as risk factors for mortality: A meta-analytic review. Perspect Psychol Sci,
10(2), 227-237. http://dx.doi.org/10.1177/1745691614568352
Horowitz, B. P., et Chang, P. J. (2004). Promoting well-being and engagement in life through
occupational therapy life redesign: A pilot study within adult day programs. Top Geriatr
Rehabil, 20(1), 46–58. Téléchargé au
http://journals.lww.com/topicsingeriatricrehabilitation/pages/default.aspx
Ikiugu, M.N., et Pollard, N. (2015). Meaningful living across the lifespan: Occupation-based
intervention strategies for occupational therapists and scientists. Londre: Whiting et Birch
Ltd.
Jackson, J., Carlson, M., Mandel, D., Zemke, R., et Clark, F. (1998). Occupation in Lifestyle
Redesign: The Well Elderly study occupational therapy program. AJOT, 52(5), 326–336.
http://dx.doi.org/10.5014/ajot.52.5.326
Jackson, J., Kennedy, B.L., Mandel, D., Carlson, M., Cherry, B.J., Fanchiang, S.P., . . . Clark, F.
(2000). Derivation and pilot assessment of a health promotion program for Mandarin-
speaking Chinese older adults. Int J Aging Hum Dev, 50(2), 127–149. Téléchargé au
http://journals.sagepub.com/home/ahd
Johansson, A., et Bjorklund, A. (2016). The impact of occupational therapy and lifestyle
interventions on older persons’ health, well-being, and occupational adaptation. Scand J
Occup Ther, 23(3), 207–219. http://dx.doi.org/10.3109/11038128.2015.1093544
Killen, A., et Macaskill, A. (2015). Using a gratitude intervention to enhance well-being in older
adults. J Happiness Stud, 16(4), 947–964. http://dx.doi.org/10.1007/s10902-014-9542-3
Larivière, N., et Levasseur, M. (2016). Traduction et validation du questionnaire ergothérapique
l’Inventaire de l’équilibre de vie [Translation and validation of the Life Balance Inventory:
An occupational therapy questionnaire]. CJOT, 83(2), 103-114.
http://dx.doi.org/10.1177/0008417416632260
Levasseur, M., Filiatrault, J., Larivière, N., Trépanier, J., Lévesque, M.-H., Beaudry, M., . . .
Champoux, N. (2019). Influence of Lifestyle Redesign® on health, social participation,
leisure, and Mobility of older French-Canadians. AJOT, 73(5), 7305205030p1—
7305205030p18. http://dx.doi.org/10.5014/ajot.2019.031732
Levasseur, M., & Lariviere, N. (2015). Does Life Balance of Adults and Seniors With and Without
Physical Disabilities Differ? AJOT, 69(Supplement_1), 6911505029p6911505021-
6911505029p6911505021. http://dx.doi.org/10.5014/ajot.2015.69S1-PO2102
Lévesque, M.-H., Trépanier, J., Sirois, M.-J., et Levasseur, M. (2019). Effets du Lifestyle Redesign
chez les aînés : Une recension systématique. [Effects of Lifestyle Redesign on older adults:
A systematic review]. CJOT, 86(1), 48-60. http://dx.doi.org/10.1177/0008417419830429
Machin, D., et Campbell, M.J. (2009). Sample size tables for clinical studies. Oxford: Blackwell
Publishing.
Matuska, K. (2012). Description and development of the Life Balance Inventory. OTJR, 32(1),
220–228. http://dx.doi.org/10.3928/15394492-20110610-01
Matuska, K., et Christiansen, C.H. (2008). A proposed model of lifestyle balance. Journal of
Occupational Science, 15(1), 9–19. http://dx.doi.org/10.1080/14427591.2008.9686602
Matuska, K., Giles-Heinz, A., Flinn, N., Neighbor, M., et Bass-Haugen, J. (2003). Outcomes of a
pilot occupational therapy wellness program for older adults. AJOT, 57(2), 220–224.
Téléchargé au https://ajot.aota.org/
McCullough, M. E., Emmons, R. A., et Tsang, J.-A. (2002). The grateful disposition: A conceptual
and empirical topography. J Pers Soc Psychol, 82(1), 112. http://dx.doi.org/10.1037//0022-
3514.82.1.112
Mee, J., Sumsion, T., et Craik, C. (2004). Mental health clients confirm the value of occupation in
building competence and self-identity. BJOT, 67(5), 225–233.
http://dx.doi.org/10.1177/030802260406700506
Meyer, S. (2018). Quelques clés pour comprendre la science de l’occupation et son intérêt pour
l’ergothérapie. Revue Francophone de Recherche en Ergothérapie, 4(2), 13-28.
http://dx.doi.org/10.13096/rfre.v4n2.116
Miles, M.B., Huberman, A.M., et Saldaña, J. (2014). Qualitative data analysis: A methods
sourcebook. Thousand Oaks: Sage Publications.
Molineux, M. (2004). Occupation for occupational therapists. Malden, MA: Blackwell Pub.
Mountain, G., Mozley, C., Craig, C., et Ball, L. (2008). Occupational therapy led health promotion
for older people: Feasibility of the Lifestyle Matters programme. BJOT, 71(10), 406–413.
http://dx.doi.org/10.1177/030802260807101002
Neff, K.D. (2003). The development and validation of a scale to measure self-compassion. Self
identity, 2(3), 223–250. http://dx.doi.org/10.1080/15298860309027
Neff, K.D., Rude, S.S., & Kirkpatrick, K.L. (2007). An examination of self-compassion in relation
to positive psychological functioning and personality traits. J Res Pers, 41(4), 908–916.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jrp.2006.08.002
Nilsson, I., Bernspång, B., Fisher, A.G., Gustafson, Y., et Löfgren, B. (2007). Occupational
engagement and life satisfaction in the oldest-old: the Umeå 85+ Study. OTJR, 27(4), 131-
139. http://dx.doi.org/10.1177/153944920702700403
Pandey, J.M., et Garg, S. (2018). Positive Psychology and Aging. Dans B. V. Prasad et S. Akbar
(dir.), Handbook of Research on Geriatric Health, Treatment, and Care (p. 1–16). Hershey,
PA: IGI Global.
Persson, D., Eklund, M., et Isacsson, Å. (1999). The experience of everyday occupations and its
relation to sense of coherence ‐ A methodological study. Journal of OS, 6(1), 13–26.
http://dx.doi.org/10.1080/14427591.1999.9686447
Petrocchi, N., et Couyoumdjian, A. (2016). The impact of gratitude on depression and anxiety: The
mediating role of criticizing, attacking, and reassuring the self. Self and identity, 15(2),
191–205. http://dx.doi.org/10.1080/15298868.2015.1095794
Phillips, W., et Ferguson, S. (2013). Self-Compassion: A Resource for Positive Aging. The
Journals of Gerontology Series B: Psychological Sciences and Social Sciences, 68(4), 529–
539. http://dx.doi.org/10.1093/geronb/gbs091
Raes, F., Pommier, E., Neff, K.D., et Van Gucht, D. (2011). Construction and factorial validation
of a short form of the self‐compassion scale. Clinical Psychology et Psychotherapy, 18(3),
250-255. http://dx.doi.org/10.1002/cpp.702
Raymond, É., Sévigny, A., Tourigny, A., Bonin, L., Guilbert-Couture, A., et Diallo, L. (2015).
Interventions évaluées visant la participation sociale des aînés : Fiches synthèses et outil
d’accompagnement. Québec : Institut national de santé publique du Québec. Téléchargé au
https://www.inspq.qc.ca/publications/2017
Ripat, J., et Colatruglio, A. (2016). Exploring winter community participation among wheelchair
users: an online focus group. Occup Ther Health Care, 30(1), 95–106.
Roccaforte, W.H., Burke, W.J., Bayer, B.L., et Wengel, S.P. (1992). Validation of a telephone
version of the Mini‐Mental State Examination. JAGS, 40(7), 697–702.
http://dx.doi.org/10.1111/j.1532-5415.1992.tb01962.x
Sansone, R.A., et Sansone, L.A. (2010). Gratitude and well being: The benefits of appreciation.
Psychiatr, 7(11), 18. Téléchargé au http://www.journals4free.com/link.jsp?l=4259884
Stav, W.B., Hallenen, T., Lane, J., et Arbesman, M. (2012). Systematic review of occupational
engagement and health outcomes among community-dwelling older adults. AJOT, 66(3),
301–310. http://dx.doi.org/10.5014/ajot.2012.003707
Tatzer, V., Van Nes, F., et Jonsson, H. (2012). Understanding the role of occupation in ageing:
Four life stories of older Viennese women. Journal of Occupational Science, 19(2), 138–
149. http://dx.doi.org/10.1080/14427591.2011.610774
Taylor, R.R., et Kielhofner, G. (2017). Kielhofner’s model of human occupation theory and
application (5
e
éd.). Philadelphia: Wolters Kluwer.
Townsend, E., et Polatajko, H.J. (2013). Habiliter à l’occupation : faire avancer la perspective
ergothérapique de la santé, du bien-être et de la justice par l’occupation. Ottawa : CAOT
Publications ACE.
Ware Jr, J.E., et Sherbourne, C.D. (1992). The MOS 36-item short-form health survey (SF-36):
Conceptual framework and item selection. Med Care, 473–483. Téléchargé au
https://www.jstor.org/stable/i290512
Wood, A.M., Maltby, J., Gillett, R., Linley, P.A., & Joseph, S. (2008). The role of gratitude in the
development of social support, stress, and depression: Two longitudinal studies. J Res Pers,
42(4), 854–871. http://dx.doi.org/10.1016/j.jrp.2007.11.003
Yergeau, E., et Poirier, M. (2013). SPSS à l’UdeS. Téléchargé au
http://spss.espaceweb.usherbrooke.ca/pages/stat-inferentielles/correlation.php