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Frédéric Elie on
ResearchGate
se promener et observer :
île du Gaou, un site naturel protégé à Six-Fours (Var, France)
Frédéric Élie
février 2006, mars 2020
La reproduction des articles, images ou graphiques de ce site, pour usage collectif, y compris dans le
cadre des études scolaires et supérieures, est INTERDITE. Seuls sont autorisés les extraits, pour exemple
ou illustration, à la seule condition de mentionner clairement l’auteur et la référence de l’article.
« Si vous de dites rien à votre brouillon, votre brouillon ne vous dira rien ! »
Jacques Breuneval, mathématicien, professeur à l’université Aix-Marseille I, 1980
à l’entrée de l’île du Gaou
(NB : toutes les photos de cet article sont de F. Élie)
Abstract : Tout près de la ville de Toulon, port varois sur la Méditerranée, la commune de Six-Fours-lès-
Plages abrite différents sites naturels entretenus et protégés, dont celui de l’île du Gaou qui ferme
partiellement la Lagune du Brusc elle-même site exceptionnel et lieu privilégié des posidonies.
Il ne s’agira pas ici de rédiger un article technique sur la géologie, la morphologie, la faune, la flore de ce
lieu, rompant en cela avec le contenu traditionnel des autres articles de notre site web.
Dans la présente rubrique « en se promenant », je propose tout simplement de « souffler » un peu en
laissant parcourir du regard, de l’ouïe, de l’odorat et du toucher différents aspects du paysage auxquels
nous ne faisons plus suffisamment attention. En somme, se promener en sachant observer, ce qui
servira de point de départ à des interrogations scientifiques et techniques plus poussées. Retrouver la
nécessaire sensibilité attentive qui prépare l’observation précise, elle-même point de départ à toute
connaissance.
©Frédéric Élie, février 2006, mars 2020 - http://fred.elie.free.fr - page 1/19
SOMMAIRE
1 - Vue d’ensemble
2 - Lagune du Brusc et posidonies
3 - Remarques sur la réglementation concernant la Posidonie
4 - Un peu du monde minéral et du monde vivant sur le Gaou
5 – Projet d'aménagement de la lagune
1 - Vue d’ensemble
En arrivant du village du Brusc par la corniche des Îles, on atteint l’île du Petit Gaou par un pont
enjambant l’isthme du Gaou, passage entre la mer ouverte (la Méditerranée) et la lagune du
Brusc.
A l’entrée un panneau signale que le site est protégé et entretenu pour le renouvellement de la
faune et de la flore. Heureuse initiative des pouvoirs publics et européens, car il y a seulement
quelques années le Petit Gaou ne servait que de parc de stationnement des véhicules, tandis
que le Grand Gaou était fermé pour cause de détérioration due à du camping sauvage.
imitation d’un nu d’Aristide Maillol sur le Petit Gaou
©Frédéric Élie, février 2006, mars 2020 - http://fred.elie.free.fr - page 2/19
Aujourd’hui le Petit Gaou n’est accessible qu’à pied. C’est un vaste promontoire rocheux dont la
face sud, surélevée, est ornée d’une statue, pâle copie d’une œuvre du sculpteur Aristide
Maillol.
En longeant la corniche des îles depuis Le Brusc, tout en se dirigeant vers le sud (vers le Petit
Gaou), à notre droite se trouve la lagune du Brusc. Cette étendue d’eau a une profondeur qui
n’excède pas 1 mètre et est un lieu privilégié pour le développement des posidonies (encore
appelées algues de Poséidon).
Au nord, la lagune est séparée de la rade du Brusc (elle-même faisant partie de la baie de
Sanary-Six-Fours) par le récif barrière de posidonies.
Dit très simplement, cette barrière résulte d’une remontée du fond due à l’accumulation de
sable ou toute particule aquatique dans les racines des posidonies.
Plus au nord de cette barrière, près du petit port du Brusc, on peut voir des embarcations,
principalement de pêcheurs, mouiller sans craindre d’abîmer le fond marin.
Barques (appelées « pointus ») en longeant la corniche des îles vers le Petit Gaou
au fond : la lagune du Brusc et au dernier plan, le Grand Gaou
Sur le Petit Gaou, on peut voir à l’Est les falaises et la pointe de Gueirouard. Plus au fond, se
dresse le massif du Cap Sicié qui culmine à 330 mètres.
Au-dessus de ces falaises, enfouies dans la pinède, les installations de l’ancien Groupe
d’Études et de Recherches de Détection Sous-Marine (GERDSM) de la DGA (Ministère de la
Défense) sont encore visibles : elles ont été définitivement fermées vers 2000.
©Frédéric Élie, février 2006, mars 2020 - http://fred.elie.free.fr - page 3/19
Vue du massif du Cap Sicié (vers l’est) depuis l’isthme du Gaou
On passe de l’île du Petit Gaou à l’île du Grand Gaou par une passerelle qui franchit un petit
bras de mer, le Petit Pas du Coq.
Le Grand Gaou mesure sur sa plus grande longueur près de 600 mètres, sa largeur maximale
est de 250 mètres environ. Ce n’est donc pas un grand territoire, et pourtant, lorsqu’on le
parcourt il semble présenter des recoins variés. Cela tient d’abord à sa situation entre la lagune,
où la côte est basse et régulière (face nord-est), et la mer ouverte, où la côte est très découpée,
surélevée, avec des petites calanques (face sud-ouest). Un autre facteur de cette impression
de diversité est sans doute lié à l’alternance de zones dégagées, à la végétation basse voire
rase, et de zones boisées. De nombreux périmètres de régénération naturelle de la flore sont
d’ailleurs aménagés.
Enfin, la diversité des vues que l’on peut contempler depuis l’île doit sans doute faire ressortir
pour chaque point d’observation un caractère spécifique. Ainsi, du côté de la lagune du Brusc,
le regard embrasse une grande partie de la rade et de la baie de Sanary-Six-Fours, avec sa
chaîne de montagnes au fond : le Gros Cerveau, le Bau de Quatre Oure, le mont Caume, la
colline de Six-Fours avec son fort. Des falaises de la côte sud-ouest, par contre, la mer
Méditerranée s’offre au regard à perte de vue et ses vagues turbulentes viennent souvent
s’écraser sur les rochers. C’est l’endroit où volent les goëlands et qui est exposé au vent
(Mistral ou Tramontane). Sur la face nord-ouest de l’île la côte se fait plus douce, avec ses
petites plages qui donnent sur le Grand Pas du Coq (ou détroit du Grand Gaou), bras de mer
séparant le Grand Gaou de l’île des Embiez, et qui forme l’entrée de la lagune. En face la
pointe Cougoussa est surmontée de la Tour de la Marine située sur le point le plus haut de l’île
des Embiez.
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La lagune du Brusc à l’entrée de l’isthme du Gaou, avec au fond l’île du Grand Gaou.
Remarquer le niveau bas de l’eau : en général l’eau vient jusqu’au bord. Il existe un faible
marnage dans cette zone, mais la petite marée qui se produit est d’origine météorologique
La lagune du Brusc, et plus au fond une partie de la baie de Sanary-Six-Fours, vues depuis la
côte nord-est de l’île du Grand Gaou. Devant un massif de lavatère arborée. Au fond, de droite
à gauche : port du Brusc, pointe de la Coudoulière. La colline conique à droite est celle de Six-
Fours avec son fort.
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Périmètre de régénération naturelle, sur la zone nord-ouest du Grand Gaou
Falaises sud-ouest
Vue sud-est des falaises du Grand Gaou
Au fond les pointes de la Gardiole et du Mourret, puis le massif du Cap Sicié. En contre-bas l’île
du Petit Gaou avec sa statue
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Il est intéressant de constater, à l’entrée du Grand pas du Coq, un changement de régime
hydrodynamique : lorsque la mer ouverte est forte, les ondes venant du large enflent en
rencontrant les hauts-fonds de la passe et finissent par déferler sur les rochers qui terminent la
côte nord-ouest du Grand Gaou (la profondeur de la mer passe de 20 m à l’entrée du détroit à 5
m). Puis, juste après cette zone, vers la lagune, l’eau est relativement calme, presque comme
un étang. On rencontre en effet très rarement des vagues sur la lagune, entre l’entrée du grand
Pas du Coq et la barrière. Les vagues sont par contre présentes au-delà de la barrière, du côté
de la baie de Sanary-Six-Fours, car elles proviennent de la mer ouverte par le côté nord de l’île
des Embiez qui marque l’entrée de cette baie. A noter d’ailleurs que la baie est le paradis des
surfers et des véliplanchistes, car elle jouit d’un régime de vagues assez exceptionnel.
2 - Lagune du Brusc et posidonies
La Posidonie n’est pas une algue : c’est une plante à fleurs de la famille des Phanérogames
marins (famille des Zosteracées). Elle vit exclusivement en mer Méditerranée.
Posidonie (Posidonia Oceanica)
photo issue du site : http://www.ecosim.fr
Sa localisation, sur l’étage littoral, est principalement dans la zone infra-littorale. On a déjà
rencontré dans mon article sur la patelle et les zones benthiques cette organisation du littoral en
étages écologiques. Je la rappelle ici :
Le tableau général suivant résume les différents étages de la zone littorale (cas des côtes
soumises aux variations mêmes légères du niveau de la mer) : il n’est pas spécifique à la zone
du Brusc. La partition en étages (ou zonation verticale) repose sur des considérations
physiques, chimiques ou biologiques permettant de reconnaître une certaine homogénéité pour
une zone: teneur en oxygène, salinité, variations thermiques, exposition à la lumière, mode
d'équilibration dynamique de l'écosystème... Les principaux étages du système littoral (système
phytal) sont au nombre de trois, en partant de la terre vers le large: étage supralittoral par
définition au contact de l'eau de mer de manière occasionnelle (embruns, déferlement des
vagues selon les conditions météo), l'étage médio-littoral (ou eulittoral) par définition soumis à
une présence alternée de l'eau de mer par le phénomène de marée (donc délimitée par les
niveaux extrêmes de basse et de haute mer de vive eau), et l'étage infralittoral (ou sublittoral)
par définition marquée par la présence permanente de l'eau de mer.
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étage niveau lichens algues coquillages
supralittoral Ceinture des lichens gris Lecanora
Ceinture des lichens jaunes Xanthoria Caloplaca marina
Ceinture des lichens noirs Verrucaria maura Littorine bleue
(escargot des plages)
limite haute mer de vive eau
médiolittoral Hautes mers en moyenne Lichina pygmaea Pelvetia canaliculata
(pelvétie)
Littorine des rochers -
Littorine bleue
Hautes mers de mortes
eaux
Enteromorpha compressa Littorine des rochers -
Littorine bleue
Bangia fuscopurpurea
Niveau moyen (eulittoral) Fucus spiralis (fucus spiralé)
- Fucus vesiculosus (fucus
vésiculeux)
Moule (Mytilus edulis) -
Littorines obtuse, des
rochers et bigorneau -
Balanes - Gibbula
cineraria (gibbule
cendrée)
Ulva lactuca (laitue des
mers)
Porphyra umbilicalis
Basses mers de mortes
eaux
Ascophyllum nodosum
(ascophylle) - Fucus serratus
(fucus dentelé)
Moule (Mytilus edulis) -
Littorines obtuse, des
rochers et bigorneau -
Balanes - Gibbula
cineraria (gibbule
cendrée)
Rhodimenia palmata
Basses mers moyennes Himanthalia elongata - Alaria
esculenta - Laminaria
saccharina (laminaire
sucrée) - Chorda tomentosa
Moule - Bigorneau -
Balanes
limite basse mer de vive eau
infralittoral
(ou sublittoral)
ceinture des laminaires et
algues rouges
Laminaria digitata (laminaire
digitée) - Laminaria
hyperborea
Littorina littorea -
Balanes - Moule -
Gibbule mage -
Calliostome
limite de vie des végétaux photophiles (sensibles à la photosynthèse) (immersion 15 à 80 m selon les latitudes, 30 m
pour la Méditerranée)
circalittoral algues sciaphiles (tolérantes
aux faibles éclairages)
limite de survie extrême des algues (fin du système littoral, début du système aphytal)
bathyal disparition des espèces
animales du système phytal
(eurybathes)
limite définie par l'isotherme 4°C (selon Brown, 1956) (immersion moyenne 3000 m)
abyssal
limite d'immersion 7000 m
hadal zone des bactéries
barophiles de Zobell
(supportent les hautes
pressions)
(d’après mon article « patelle et zones benthiques »)
Pour les Algues, les couleurs indiquent s’il s’agit d’algues vertes, brunes ou rouges
Ainsi donc, la Posidonie se trouve généralement dans la zone infra-littorale, c’est-à-dire la zone
toujours située au-dessous de la limite des basses-eaux. Elle peut donc exister de la surface
jusqu’à 30 mètres de profondeur. En présence d’une mer souvent agitée (vagues importantes),
elle pousse dans des zones éloignées de la surface car elle se développe volontiers en eaux
calmes. En eaux peu profondes et calmes (cas de la lagune du Brusc), elle pousse jusqu’aux
rivages pourvu qu’elle reste recouverte d’eau.
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C’est une plante photophile : il lui faut donc beaucoup de lumière, ce que privilégient les zones
d’eau peu profonde et/ou d’eau claire (absence de turbidité ou de toute source pouvant troubler
l’eau).
La Posidonie vit sous forme de prairies appelées herbiers. Elle se fixe dans le sable avec ses
racines ou rhizomes qui croissent de deux façons différentes : perpendiculairement au fond
(rhizomes orthotropes), et horizontalement parallèlement aux plages (cas des rhizomes
plagiotropes).
Les rhizomes orthotropes dépassent du fond sableux et, avec les feuilles qui leur sont reliées,
forment un obstacle au courant marin et aux diverses particules qu’il traîne. Avec le temps, les
éléments piégés ainsi que les rhizomes qui sont morts par asphyxie causée par les sédiments,
finissent par se compacter et forment un socle, appelé matte, qui contribue à rehausser
lentement le fond vers la surface. La progression du fond peut atteindre 1 cm par an ! C’est
ainsi que s’est formée la barrière.
Les rhizomes plagiotropes permettent une extension en surface des herbiers : cette croissance
horizontale peut atteindre 10 cm par an !
Les herbiers de Posidonies jouent un double rôle majeur dans l’écosystème marin de la
Méditerranée occidentale :
- de par leurs longues feuilles plates, pouvant atteindre 40 cm de long, ils servent
d’habitats et de lieux de reproduction à de nombreuses espèces marines ;
- ils produisent une quantité abondante d’oxygène grâce à un exceptionnel rendement de
leurs pigments de chlorophylle, et à l’étendue en surface sur le fond marin.
Ce sont donc là deux facteurs favorables au maintien de la faune et de la flore sur le littoral.
La plante elle-même croît lentement. Sa destruction a donc des effets irréversibles. Celle-ci
peut survenir par la pollution, les engins qui râclent le fond, les sports nautiques, la circulation
maritime, la modification des courants marins et de la direction des vagues suite aux ouvrages
du bord de mer, autant de causes aggravées par la faible profondeur. Bien entendu, dans la
lagune que l’on pourrait traverser à pieds, il est strictement interdit de marcher comme
l’indiquent à maintes reprises les panneaux.
3 - Remarques sur la réglementation concernant la Posidonie
Il faut savoir que la Posidonie est reconnue comme une espèce protégée depuis 1988 (arrêté
ministériel du 19 juillet 1988, publié au Journal Officiel de la République Française du 9 août
1988). A ce titre elle est concernée par le Livre II du Code Rural, partie « protection de la
nature » qui prévoit qu’il est interdit de détruire, ramasser, pêcher, transporter et vendre la
Posidonie.
Par ailleurs, une directive du programme européen Natura 2000 (directive 92/43/CEE annexe I,
votée au conseil d’état le 21 mai 1992) classe les herbiers de posidonies comme habitats
d’intérêt communautaire et prioritaire. Les herbiers de posidonie ont également été retenus
comme espèce strictement protégée par la Convention de Berne, appliqué en France par le
décret 99-615 du 7 juillet 1999. La Convention de Berne prévoit aussi que l’inventaire, la
protection et la surveillance des posidonies fassent l’objet de législations nationales des pays
signataires.
Comme tous les herbiers marins, les herbiers de posidonies sont reconnus comme patrimoines
naturels par l’UNESCO (conférence de Rio, 1992).
Il semble que la Posidonie soit menacée sur tout le littoral méditerranéen français par l’algue
Caulerpa Taxifolia, algue verte tropicale qui aurait été introduite par erreur dès 1984. Sa
présence dans la zone du Brusc est surveillée par le laboratoire d’océanographie des Embiez.
Mais ceci est une autre histoire...
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Posidonies (Centre océanographique de la Principauté de Monaco)
4 - Un peu du monde minéral et du monde vivant sur le Gaou
Sans entrer dans les détails, voici quelques éléments du monde minéral et du monde vivant
(végétaux, animaux), que l’on peut rencontrer lorsqu’on parcourt le Grand Gaou.
Du monde minéral, on retiendra que la structure rocheuse des îles du Gaou est celle du socle
de l’unité de Bandol-Cap Sicié. Dans la zone du Brusc et les îles du Gaou, le socle est constitué
de phyllades ou schistes phylliteux : ce sont des roches métamorphiques, obtenues à partir de
sédiments marins ou argileux par des déformations sous l’effet d’une pression élevée et d’une
température de l’ordre de 500°C, ces déformations provoquant des plis orientés. Les
déformations ont été réalisées par la succession de mouvements de l’écorce terrestre
conduisant à la formation des montagnes, commencés il y a plusieurs centaines de millions
d’années.
Sur ce socle basal se sont formés des téguments issus de dépôts de sédiments devenus
solidaires du socle (grès, calcaires, marnes gypseux...), il y a plusieurs dizaines de millions
d’années.
Les phyllades présentent de très fines écailles, elles sont souvent de couleur gris argent ou
verdâtre. Elles sont principalement constituées de silicates (composés du SiO2),
essentiellement d’alumine (SiO2, Al2O3).
Du monde animal et végétal, on notera la répartition par étages de la zone littorale :
- zone littorale émergée : du règne végétal, notons le Pin d’Alep, le chêne vert, le cyprès vert,
le pin parasol, le papyrus, l’olivier sauvage, le maquis, les plantes de la zone de transition
comme le plantain à feuilles grasses, les plantes halophiles (supportent les embruns salés)
comme la cyste marine ou la lavatère arborée.
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Cyste marine
Lavatère arborée
- étage supralittoral (au contact de l’eau de mer de manière occasionnelle) : pour le règne
animal, entre autres la littorine bleue (ou escargot des mers) ; pour le règne végétal : lichens...
- étage médiolittoral (située entre les niveaux de l’eau le plus élevé et le plus bas, ou zone
de marnage) : pour le règne animal, entre autres la patelle, les moules, les actinies ; pour le
règne végétal, entre autres la « laitue des mers » (ulve), cladophore verdâtre...
- étage infralittoral (situé sous le niveau des basses eaux mais au-dessus de la limite des
algues photophiles) : pour le règne animal, entre autres l’holothurie (ou « concombre des
mers »), les oursins, les étoiles de mer, les actinies (ou étoiles de mer), les anémones,..., le
poulpe, la vive, le crabe, les petites cigales de mer (scyllarus artus), les poissons comme le
gobie, la rascasse, la murène... Pour ce qui concerne le règne végétal : la posidonie bien sûr,
mais aussi l’acétabulaire, l’halimède...
- étage circalittoral (situé sous la limite des algues photophiles) : domaine des algues
sciaphiles qui tolèrent des éclairages faibles à des profondeurs supérieures à 30 mètres. On est
déjà au large de l’entrée du détroit du Grand Gaou... A noter cependant que les algues
sciaphiles peuvent vivre aussi dans les rhizomes des posidonies où la lumière est quasi
absente.
Bien entendu, la courte liste donnée ci-dessus est très loin d’être exhaustive. Consulter les sites
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ou ouvrages spécialisés pour plus de données scientifiques. Mais nous avons marqué ici un
point de départ pour l’observation et la réflexion...
Holothurie noire, elle vit dans la zone infralittorale
5 – Projet d'aménagement de la lagune
La zone de la mer comprise entre le Gaou, les îles des Embiez et la corniche du Brusc est une
lagune au sens où l'eau y est peu profonde, recouvre des sédiments sur une surface de 46
hectares, et cette zone est protégée par une barrière de récifs et des passes étroites.
La barrière de récifs est recouverte de posidonies, protégeant ainsi une zone dite de nurserie,
c'est-à-dire où se reproduisent et se développent des herbiers qui vont entrer dans la chaîne
alimentaire animale.
La nurserie offre aux jeunes poissons un abri contre des prédateurs, et ils y demeurent jusqu'à
leur âge adulte où ils quittent l'abri. En plus de cette protection, la nurserie permet aux jeunes
poissons de se nourrir sans avoir besoin de s'en éloigner.
Or en divers endroits, cette nurserie subit depuis plusieurs décennies un recul et une atrophie
causés par l'activité humaine : baignades, traversées à pieds pour se rendre aux Embiez (ce
qui est interdit), mouillages, activités nautiques, aménagements portuaires… Les cartes
suivantes, recueillies sur les panneaux d'information disposés sur place par la municipalité,
montrent cette régression.
©Frédéric Élie, février 2006, mars 2020 - http://fred.elie.free.fr - page 17/19
Régression des herbiers à l'intérieur de la lagune depuis 1943
Les chercheurs de l'Institut Océanographique Paul Ricard observent une régression des
herbiers de la lagune, qui s'est accélérée depuis le début des années 2000.
C'est la raison pour laquelle le programme d'aménagement écologique de la lagune, SAR-LAB,
est lancé depuis 2017. Les études préliminaires sont terminées et vont conduire à partir de
2020 à des opérations de divers types :
- Restauration écologique de la lagune : revitalisation d'une zone humide aux Embiez,
transplantation de 8000 boutures de cymodocée ;
- Réaffectation et réhabilitation de zones artificialisées : installation de 197 habitats dans les
zones artificielles (ancien parc à moules...) : réaffectation des zones portuaires, réhabilitation
des zones dégradées, restauration de zones naturelles.
- Suivis scientifiques réguliers : évolution de la faune (jeunes poissons), évolution de la flore
(herbiers), évolution des états hydrodynamiques de la lagune (courants, température,
compositions, morphologie…), étude sédimentaire.
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