Content uploaded by Sebastien Bourdin
Author content
All content in this area was uploaded by Sebastien Bourdin on Mar 25, 2020
Content may be subject to copyright.
Article accepté dans la revue Natures, Sciences, Sociétés
1
LA METHANISATION OUI, MAIS PAS CHEZ
MOI !
UNE ANALYSE DU DISCOURS DES ACTEURS
DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE REGIONALE
“I am in favor of anaerobic digestion but not in my
back yard!” A discourse analysis from stakeholders
in regional daily press.
Sébastien Bourdin 1*, Philippe Jeanne 2 et François Raulin 1
1 Laboratoire Métis, Ecole de Management de Normandie, 14000 Caen, France
2 Etudes linguistiques, UMR IDEES 6266, CNRS, Université de Rouen-Normandie, 76230
Mont-Saint-Aignan, France
*Auteur correspondant : sbourdin@em-normandie.fr
Résumé
La transition énergétique est aujourd’hui considérée par les institutions nationales,
européennes et internationales comme incontournable. Cependant, le déploiement des énergies
renouvelables telle que la méthanisation peut être la source de conflictualité. À partir d’un corpus
d’articles issus de la presse quotidienne régionale, nous avons réalisé une analyse lexicométrique
du discours des acteurs de la méthanisation afin de mieux comprendre les oppositions locales et
identifier les leviers pour faciliter l’acceptation sociale. L’étude identifie les craintes et les
principales méfiances liées à la méthanisation. Par conséquent, la territorialisation des projets
d’unités de méthanisation demande de trouver des nouveaux compromis sociaux en conciliant
l’intérêt général (la transition énergétique) et les intérêts singuliers (relatifs aux externalités des
énergies vertes déployées).
Abstract
Today, the energy transition is considered by national, European and international institutions as a
must. However, the deployment of renewable energies such as methanization can be the source of
conflict. Based on a corpus of articles from the regional daily press, we carried out a lexicometric
analysis of the discourse of methanisation stakeholders in order to better understand local
oppositions and identify the levers to facilitate the social acceptance of populations. The study
identifies the fears and main mistrust related to methanization. Consequently, the territorialisation
of methanization unit projects requires new social compromises to be found by reconciling the
general interest (the energy transition) and the singular interests (relating to the externalities of the
green energies deployed).
Mots-clefs
Analyse de discours, Conflits, Développement Durable, Méthanisation, Territoire
Key-words
Anaerobic Digestion, Conflicts, Speech Analysis, Sustainable Development, Territory.
Financements
Cet article s’inscrit dans le cadre du projet DETECTE (Développement Economique et Territorial,
Economie Circulaire et Transition Energétique) financé par le programme PSDR 4 (Pour et Sur le
Développement Régional).
Introduction
Il est généralement connu que les sources d'énergie fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel)
et leur exploitation s'accompagnent d'externalités négatives telles que la pollution
environnementale ou l’aggravation de la qualité de vie de la population locale. Par ailleurs,
l'exploitation des ressources épuisables est mal perçue car elle contribue au réchauffement
climatique. Compte-tenu des arguments susmentionnés, le soutien aux sources d'énergie
renouvelables devrait être répandu. Or, la réalité semble plus compliquée. D’abord, le soutien de
l’énergie produite à partir de sources renouvelables via des budgets publics soulève des
controverses (Haas et al., 2011). Ensuite, trouver de nouveaux emplacements pour des installations
d'infrastructures produisant de l’énergie renouvelable n'est pas une tâche facile. Le syndrome de
résistance sociale NIMBY (Not-In-My-Backyard – pas dans mon jardin) les accompagne bien
souvent. Dans le contexte des énergies renouvelables, ce concept largement discuté (Wolsink,
2000 ; Van der Horst ; 2007 ; Devine‐Wright, 2014) fait référence à une attitude de la population
qui soutient les énergies renouvelables au niveau mondial, national ou régional, mais pas au niveau
local. Lorsque de tels projets sont situés à proximité d’espaces résidentiels, les personnes les
refusent fréquemment. On retrouve même parfois des attitudes plus radicales dénommées sous le
concept BANANA (Build-Absolutely-Nothing-Anywhere-Near-Anyone – ne strictement rien
construire n’importe où près d’une personne), où l’on refuse de construire quoi que ce soit
(Sébastien, 2013). Ainsi, d'importantes recherches sur l'acceptation des installations d’énergies
renouvelables par le public ont été menées dans le monde entier. Les phénomènes NIMBY sont
communément considérés comme des choix rationnels qui attribuent la motivation du
comportement humain principalement à l'intérêt personnel. Toutefois, les données empiriques
suggèrent que cette supposition est généralement inadéquate, soulignant l'importance d'appliquer
des approches plus fines pour expliquer les problèmes d’acceptabilité sociale (Devine‐Wright,
2005). Nous définissons l’acceptabilité sociale en reprenant l’approche développée par Gendron
(2014) et Fournis et Fortin (2017) comme étant un processus d’évaluation collectif à propos d’un
projet, relevant d’une combinaison dynamique (évoluant dans le temps et dans l’espace) de
préférences individuelles et de jugements collectifs (valeurs et de croyances partagées). Dès lors,
il semble intéressant d’analyser les discours tenus sur la méthanisation afin d’identifier ce qui
relèverait d’arguments NIMBYistes et ce qui pourrait être imputé à d’autres explications. Alors
que la littérature est abondante sur la question de l’acceptabilité sociale des éoliennes (Fortin et
Fournis, 2014), on retrouve très peu d’études sur la méthanisation qui tend pourtant à se développer.
Alors que leur développement est encouragé au niveau européen et national, on retrouve des levées
de boucliers des habitants au niveau local qui craignent les impacts d'odeurs, les risques
d’explosion, l'intensification du trafic ainsi que la perte de la valeur de leur propriété. Aujourd’hui,
on recense peu de travaux qui traitent de cette question de l’acceptation sociale de la méthanisation
(Féménias et al., 2008 ; Girault et al., 2010 ; Pacaud et al., 2013 ; Aissani, 2015 ; Zemo et al.,
2019) visant à négocier des compromis de localisation entre les habitants concernés, les
municipalités et les investisseurs.
Dans ce contexte, l’objectif de notre article est d’analyser le discours des acteurs de la
méthanisation en lien avec la question de l’acceptabilité sociale, en identifiant ce qui relèverait
spécifiquement des aspects NIMBYistes ou bien de l’invocation d’autres arguments. En termes de
politiques publiques, en décryptant de manière plus précise et moins simpliste le discours que
portent les acteurs sur la méthanisation, il sera alors possible de pouvoir comprendre les différentes
formes d’argumentation en jeu et ainsi proposer des solutions qui permettront de faciliter le
déploiement des projets sur le territoire. Pour cela, nous nous appuierons sur l’analyse de la Presse
Quotidienne Régionale (PQR) qui a déjà fait l’objet de traitements antérieurs sur la question des
conflits d’aménagement et d’usages de l’espace (Torre et al., 2006 ; Jeanneaux et Perrier-Cornet,
2008 ; Pham et al., 2013).
Notre article s’organise comme suit : tout d’abord nous présenterons le cadre théorique et
empirique sur la question de l’acceptabilité sociale des énergies renouvelables et en particulier de
la méthanisation, puis nous présenterons la méthodologie que nous avons déployée. Ensuite, nous
exposerons nos principaux résultats que nous discuterons dans une dernière partie.
Acceptabilité sociale et levées de boucliers sur les énergies renouvelables
Après avoir présenté d’une manière générale les oppositions locales, nous reviendrons sur
l’approche NIMBYiste et ses limites, pour proposer d’autres lectures théoriques pouvant expliquer
les problèmes d’acceptabilité sociale des projets d’énergies renouvelables.
Energies renouvelables et oppositions locales
L’énergie renouvelable est un terme générique regroupant une hétérogénéité de sources
d'énergie (principalement la bioénergie, l'énergie éolienne, l'énergie hydroélectrique, l'énergie
solaire). Elles contribuent peu ou pas aux émissions de gaz à effet de serre, impliquant que le
passage des combustibles fossiles aux sources d'énergie renouvelables réduit le problème du
réchauffement climatique (Raineau, 2011). Néanmoins, une question centrale et récurrente
concernant l'implantation d'infrastructures de production d'énergie renouvelable est de savoir si de
telles installations sont associées à de nouveaux problèmes comparés aux conflits d'implantation
traditionnels.
Tout d'abord, il convient de reconnaître que les projets d'énergie renouvelable sont très
hétérogènes, allant de l'installation d'un système photovoltaïque sur le toit d’une maison jusqu'à
l'implantation d'un grand parc éolien de plusieurs mégawatts sur un certain nombre hectares.
Malgré ces différences, les installations d'énergie renouvelable présentent de nombreuses
caractéristiques communes qui les distinguent de l'implantation d'autres installations à vocation
énergétiques telles que les centrales nucléaires ou les puits de pétrole. L'énergie renouvelable tend
à être fortement soutenue par l'opinion publique, alors que des activités telles que l'utilisation de
l'énergie nucléaire et fossile, la combustion des déchets et les usines chimiques rencontrent de plus
en plus de résistance.
Les travaux sur les raisons du développement de l'opposition locale sont essentiellement les
mêmes et découlent des inquiétudes concernant les effets de l'installation, le manque de confiance
dans le développeur et le manque d'opportunités pour les citoyens d'influencer les résultats du
projet (Aitken 2010). Dans la plupart des cas, la question de l’acceptabilité sociale est posée (Fortin
et Fournis, 2014) et les personnes s'inquiètent réellement des effets possibles de l'installation et ont
tendance à ne pas percevoir le projet comme respectueux de l'environnement. En outre, une
mauvaise expérience avec des projets spécifiques antérieurs peut conduire à une attitude plus
sceptique vis-à-vis de la technologie elle-même et des futurs projets (Behar et Simoulin, 2014).
Le fait qu'un projet concerne les énergies renouvelables ne signifie pas qu'il sera
automatiquement bien accueilli par tout le monde. Il ressort des travaux que les personnes qui s'y
opposent ne sont généralement pas négatives en soi vis-à-vis du développement des énergies
renouvelables. De fait, elles critiquent l'emplacement choisi et la façon dont elles ont été
sélectionnées et dimensionnées (Devine‐Wright, 2014).
La méthanisation face au NIMBYisme et limites du concept
Parmi les innovations socio-techniques récentes dans le traitement des déchets en France,
la méthanisation semble être l’une des plus prometteuses. Les types de déchets méthanisables
1
sont
en effet nombreux et leur volume potentiellement important. En effet, une unité de méthanisation
1
On distingue trois grandes familles de déchets méthanogènes : (i) les déchets agricoles, comme les effluents d’élevage
(fumiers, lisiers et fientes) et les résidus de culture (maïs, céréales et colza), (ii) les déchets d’industries agro-
alimentaires (graisse d’abattoir, mélasse, carcasse d’animaux, etc.), (iii) les déchets ménagers (pelouse, biodéchets des
ménages, boues de station d’épuration, etc.).
permet la transformation de déchets organiques en énergie utilisable – le biogaz – par l’action de
multiples bactéries (au sein d’une cuve appelée « digesteur »). Cette fermentation sans oxygène de
déchets dégage un biogaz constitué de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) ainsi que
du digestat (qui sert généralement d’épandage pour l’agriculteur afin de fertiliser ses sols et peut
être valorisé sous forme d’engrais ou de granulés combustibles). Il existe deux grandes formes de
valorisation de l’énergie produite où l’Etat a fixé un tarif de rachat attractif : l’électricité (par
cogénération ou combustion) et le gaz (réinjecté dans le réseau de distribution de gaz naturel après
purification par GRDF transformé en carburant écologique pour les véhicules roulant au GNV).
Par ailleurs, avec le système de refroidissement des machines, la chaleur peut être récupérée pour
ainsi l’injecter dans un réseau de chaleur pouvant chauffer des équipements publics (piscine,
collège, etc.) ou des logements.
Les projets de méthanisation collective appelés « méthanisation centralisée » ou
« méthanisation territoriale » ont la particularité d’associer de nombreux acteurs depuis la
fourniture de matières organiques (déchets de cantine, déchets agricoles, déchets verts, sous-
produits de l’agro-alimentaire, etc.) jusqu’à la consommation de l’énergie finale produite
(collectivités locales, fermes, industrie notamment). A l’opposé des projets dits « à la ferme » qui
ne concernent bien souvent qu’une seule exploitation agricole, les projets de méthanisation
territoriale font souvent l’objet d’un problème d’acceptabilité sociale. De par leur nature nouvelle
et multipartenariale, Torre (2015) nous explique que les innovations socio-techniques sont par
nature conflictuelles car elles provoquent des ruptures et génèrent des transformations dans les
territoires concernés. Il est donc admis que ce type de projets de méthanisation collective est plus
susceptible de créer de la conflictualité, qui fait partie intégrante des processus de développement
territorial.
L'opposition à un projet spécifique est souvent liée aux résidents locaux qui ont une
perception négative de la méthanisation de type collective et de l'opportunité limitée qu'ils ont pour
influencer le processus de planification. L’exclusion de la participation du public dans la prise de
décision a également contribué au développement de l'opposition des installations de biogaz
(Edwards et al., 2015). Dans les études antérieures sur les déterminants de la réussite de projets de
méthanisation, on retrouve des facteurs exogènes (tels que les subventions perçues pour mettre en
œuvre le projet, les contraintes règlementaires et législatives ou le choix d'une technologie
inappropriée) et endogènes (tels que son emplacement, sa taille, le type de portage). L'acceptation
du projet donné au niveau local par la population locale peut être considérée comme le facteur
(endogène) le plus crucial dans la réussite d’un projet.
Tel qu’il est présenté dans la littérature, le phénomène NIMBY est compris comme une
théorie du choix rationnel qui affirme que le comportement humain est motivé principalement par
l'intérêt personnel. Dans le contexte des énergies renouvelables, le choix rationnel de la théorie
implique que les citoyens ne soutiennent que les développements de projets développés ailleurs
que proches de chez eux, mais les preuves empiriques montrent que ce soutien est inadéquat
(Wolsink, 2000), ce qui conduit les chercheurs à critiquer l'explication du NIMBY en raison de son
approche unidimensionnelle (Devine-Wright, 2009 et 2014).
Par ailleurs, l’approche NIMBYiste a été utilisée comme une forme d’explication spatiale
de l'opposition, autrement dit en supposant que la proximité entre le domicile d'une personne et
l'emplacement d'un projet d’énergie renouvelable est le facteur qui influence le plus la réponse. A
partir de méthodes par questionnaire pour échantillonner systématiquement les opinions des
résidents vivant à différentes distances physiques, Warren et al. (2005) réfutent le déterminisme
spatial présumé en révélant que les résidents vivant plus près des projets ont des opinions plus
positives que ceux vivant plus loin, ce que les auteurs ont appelé « phénomène NIMBY inverse ».
Enfin, l’approche NIMBYste a été utilisée pour expliquer l'opposition qui est déterminée
au niveau individuel par l'ignorance, l'irrationalité et l'égoïsme (Burningham et al., 2015). On
présume alors que l'opposition est fondée sur une méconnaissance totale du problème ou de la
technologie en question. Selon ce point de vue, en remédiant de manière adéquate à ces lacunes et
si les « faits » sur la question pouvaient être séparés des « mythes » (Devine-Wright 2009), les
niveaux d'opposition devraient alors diminuer. Cependant, ces chercheurs se sont montrés très
critiques à l'égard de cette hypothèse, utilisant des méthodes qualitatives pour montrer que les
opposants sont souvent très informés et ne peuvent être présumés ignorants. De plus, la valeur de
l'explication de l'intérêt personnel a été contestée (Bell et al., 2005) puisqu'elle est fondée sur des
présomptions de choix rationnel qui négligent l'importance des questions de justice, d'équité et de
confiance dans les conflits liés aux projets d’énergies renouvelables (Upham & Shackley, 2006).
Des explications alternatives au NIMBysime pour analyser les problèmes d’acceptabilité
sociale
Un sentiment d’injustice qui peut prendre deux formes
Un autre cadre théorique qui semble mieux expliquer les cas d'opposition aux projets de
méthanisation est la théorie de la justice. Appliquée aux projets d’énergies renouvelables, cette
théorie ouvre de nouvelles perspectives sur la façon dont les projets sont perçus au niveau local
(Upham & Shackley, 2006 ; ), selon une perspective multidimensionnelle dans laquelle les coûts
et avantages des installations et les caractéristiques pertinentes du processus de planification sont
prises en compte. Selon cette théorie, on distingue la justice distributive et la justice procédurale.
La théorie de la justice distributive découle de la théorie de l'équité d'Adams (1965) qui
explique quand et pourquoi la distribution des résultats issus de la production d’une ressource
spécifique est perçue par les individus comme équitable ou non. Le degré d'équité perçu influe sur
un grand nombre de variables, notamment l'acceptation des résultats et la légitimité du processus à
l'étude. Dans le contexte de la méthanisation, il est souvent avancé des problèmes liés aux odeurs
désagréables (Soland et al., 2013), à l’impact négatif sur le paysage, aux contraintes/changements
sur la qualité de vie (y compris l'augmentation du trafic local), en plus des coûts purement
économiques tels que la baisse des prix de l'immobilier (Zemo et al., 2019).
La théorie de la justice procédurale se concentre plutôt sur la façon dont les caractéristiques
des procédures peuvent influencer la perception de la justice et le comportement des autorités
envers les citoyens. Dans le contexte des énergies renouvelables, l'objectivité et la véracité des
informations fournies revêtent une grande importance. La possibilité de modifier les paramètres du
projet pour répondre aux demandes des citoyens est pertinente pour évaluer la qualité des offres de
participation, tandis que la participation du public dès le début, bien que souhaitable en principe,
est souvent une question controversée de la part des promoteurs du projet. En effet, ces derniers
voient rarement l’intérêt d’associer les riverains dès le début du projet. En outre, les caractéristiques
des porteurs et des exploitants de projets ont un impact majeur sur l'acceptation du public, en
particulier, l'importance de la confiance des citoyens entendue comme une évaluation subjective
de leur comportement, de leur expertise et de leur compétence.
La littérature sur les théories de la justice et les facteurs susceptibles d’influencer
l'acceptabilité des projets d’énergies renouvelables confirme l'importance d'obtenir des évaluations
équilibrées de la justice procédurale et distributive par les citoyens dans l'acceptation locale des
unités de méthanisation. Ceci peut être obtenu principalement en gagnant leur confiance, par
exemple en planifiant une distribution équitable des résultats (avantages et coûts perçus). En
conséquence, nous faisons l’hypothèse que l'avortement de la planification de nouvelles
installations ou l’abandon de projets en cours est lié au manque perçu de répartition équitable des
bénéfices et la méfiance à l'égard des autorités locales et/ou des exploitants d'installations. Nous
émettons également l’hypothèse que le manque de concertation et de communication est un facteur
détériorant l’acceptabilité sociale. Par ailleurs, toujours concernant la théorie de la justice
procédurale, la notion de confiance est centrale, aussi bien envers les porteurs du projet que de
l’information délivrée lors du processus de concertation. Dans leur étude des énergies
renouvelables au Royaume-Uni, Walker et al. (2010) mettent en lumière que la confiance a un rôle
nécessaire à jouer dans les contingences et la dynamique des projets de dimension territoriale et
dans les résultats qu'ils peuvent atteindre.
L’attachement au lieu comme argument d’opposition
Il existe aussi une autre littérature qu’il est possible de mobiliser pour expliquer les problèmes
d’acceptabilité sociale et de résistance aux projets de méthanisation. Il s’appuie sur la théorie
psychologique sociale et environnementale du lieu. L'opposition locale est conçue comme une
forme d'action protectrice vis-à-vis du lieu, qui survient lorsque de nouveaux développements de
projets perturbent les attaches émotionnelles préexistantes et menacent les processus identitaires
liés au lieu. En s'appuyant sur la théorie de la représentation sociale, Devine‐Wright (2009) propose
un cadre d’analyse alternatif à l’explication NIMBYiste. En effet, l’auteur explique ainsi que la
perturbation de l'attachement au lieu et les menaces liées à l'identité du lieu peuvent engendrer des
réactions émotionnelles négatives. Ainsi, un changement dans le cadre de vie des habitants lié à un
projet de méthanisation entraînerait une réaction d’opposition, conçue comme une tentative
d'empêcher des formes de changement interprétées comme perturbant l'attachement au lieu et
menaçant l'identité du lieu (Devine-Wright, 2014). Devine-Wright (2014) explique que dans le
contexte des projets énergétiques, les procédures de planification peuvent prendre plusieurs années
avant que le développement du projet commence réellement. Dans de tels contextes, le fait de
connaître le projet et de prendre conscience du changement qu’il est susceptible d’engendrer bien
à l’avance constitue une clé d’une meilleure ouverture face au projet. Le fait que ce dernier soit
publicisé via la communication avec des personnes de confiance peut faciliter l’acceptation sociale.
Enfin, la question de savoir si l'attachement à un lieu entraîne nécessairement des
évaluations négatives du changement de lieu dépend de la forme et de l'intensité de l'attachement,
ainsi que de l'interprétation du changement. Bien que les résultats de Vorkinn et Riese (2001)
indiquent une relation négative entre l'attachement à un lieu et les attitudes à l'égard d'un projet
énergétique proposé, l'attachement à un lieu peut en fait avoir une corrélation positive avec le
soutien du projet lorsque les projets sont interprétés comme une amélioration du lieu (Devine‐
Wright, 2009). Cette interprétation positive est facilitée lorsque les porteurs de projets créent de la
confiance avec les riverains et cherchent à ancrer et à objectiver le changement de manière à
améliorer plutôt qu'à menacer leur qualité de vie.
Méthodologie
La spécificité des discours de la presse quotidienne régionale et le choix de Ouest France
Afin de procéder à l’analyse des discours de la méthanisation dans le Grand Ouest, il a donc
préalablement fallu sélectionner le type de discours médiatique qui serait le plus aisé à traiter et à
analyser sur le plan lexical. De ce fait, notre choix s’est porté sur la presse quotidienne car
contrairement à la télévision ou la radio, nous pouvons faire l’économie de retranscription du
discours. Par ailleurs, d’après Krieg (2000), la presse quotidienne est l’objet de recherche
médiatique privilégié des chercheurs car il facilite l’investigation. Plus spécifiquement, la presse
quotidienne régionale est un support de recherche intéressant pour comprendre comment un objet
arrive sur le devant de la scène médiatique et comment il est traité (Torre et Lefranc, 2006).
Cependant, le discours de presse – notamment écrite – possède certaines spécificités. En effet, il
est de type polyphonique, c’est-à-dire que les journalistes « retranscrivent et redistribuent les mots
qu’ils entendent ou qu’ils lisent » (MScope, 1994, p.82). On peut le diviser en trois catégories de
genres d’information (Charaudeau, 1997) que sont (i) l’évènement rapporté, (ii) l’évènement
commenté et (iii) l’évènement provoqué. Par conséquent, étudier les discours de la presse
quotidienne régionale nécessite de prendre en compte ces particularités en distinguant, par
exemple, les écrits entre guillemets (discours théoriquement rapportés tels quels) et ceux sans
guillemets (discours journalistique pouvant adopter un ton plus libre). Une limite de cette méthode
est que les articles de presse sont bien souvent des condensés d’informations avec un risque de
simplification du discours rapporté.
Nous avons donc sélectionné le quotidien Ouest France pour mener notre analyse. D’une
part, parce son aire de diffusion couvre notre territoire d’étude
2
(Bretagne, Normandie et Pays de
la Loire). Puis d’autre part, parce que c’est une presse généraliste, donc avec une forte probabilité
de relayer l’actualité des projets de méthanisation à l’échelle locale via sa cinquantaine d’éditions
locales. À l’aide de la base de données électronique Factiva
3
, nous avons, dans un premier temps,
sélectionné les articles comportant dans leur titre le mot-clé « méthanisation » et/ou celui de
« biogaz ». Puis, dans un second temps, nous avons retenu les articles ne traitant que de projets de
méthanisation locaux afin de nous concentrer exclusivement que sur le discours des acteurs.
Cependant, cette méthode n’est pas totalement exhaustive puisque des articles traitant de la
méthanisation peuvent porter des titres ne comportant aucun de ces deux mots-clés
4
. En outre, le
choix de nous focaliser exclusivement sur les articles de presse quotidienne régionale fait, d’une
part, l’impasse sur des articles plus généralistes (presse nationale, presse spécialisée, etc.) et,
d’autre part, nous expose à une redondance d’articles traitant de la même actualité (par exemple
l’inauguration d’une unité de méthanisation) avec un risque d’utilisation de mêmes mots. Les
articles collectés pour notre étude, au nombre de 455, s’étalent sur une période allant d’octobre
2002 à juillet 2016.
Intégration du corpus de textes dans le logiciel Alceste
L’ensemble des articles de presse ont été compilés sous la forme d’un corpus afin de faciliter son
intégration dans le logiciel Alceste
5
Après avoir procédé à une segmentation du corpus, le logiciel
repère les phénomènes de co-occurrence des mots (plus les mots repérés se trouvent souvent
ensemble dans des segments de texte, plus la probabilité d’appartenir au même champ sémantique
est forte)et procède à une mise en évidence de ce qui est lexicalement commun à travers une
classification descendante hiérarchique (désormais CDH). A partir d’une analyse factorielle des
2
Le projet DETECTE est financé par le programme PSDR IV (Pour et Sur le Développement Régional) et s’inscrit
dans la zone Grand Ouest qui comprend les régions ex-Basse-Normandie, Bretagne et Pays-de-la-Loire.
3
C’est un outil d’information professionnelle qui agrège différents contenus comme des journaux, magazines, photos,
etc.
4
Exemple : Ouest-France, 2013, « Vire : un projet qui envisage de mélanger les déchets pour créer de l’énergie »,
http://www.ouest-france.fr/normandie/alencon-61000/vire-un-projet-qui-envisage-de-melanger-les-dechets-pour-
creer-de-lenergie-613057, consulté le 17/03/2017.
5
Cet outil a été développé par Max Reinert dans les années 1980 pour permettre l’analyse de données textuelles assistée
par ordinateur.
correspondances, les contextes similaires, issus de la CDH, sont positionnés sur un plan à deux
dimensions permettant de visualiser d’une part ce qui est commun mais également une mise en
évidence des différences.
La construction des champs lexicaux de contexte similaire, que le logiciel appelle « classes »,
s’opère à partir des termes du lexique co-occurrents, dont la force de représentativité s’exprime par
le calcul statistique du Khi2. Plus celui-ci sera élevé, plus le mot aura contribué à la construction
de la classe. Ainsi constituées, elles rendent comptent de l’organisation formelle du texte.
Chaque article de presse a été codé à partir de plusieurs variables utiles à notre étude. Les
variables, sous ALCESTE, permettent d’identifier l’article de presse par un certain nombre
d’éléments factuels qui lui est propre et qui seront repris pour chaque article avec leurs marqueurs
spécifiques. Ces variables vont nous permettre de distinguer les discours afférents à telles ou telles
variables comme, par exemple, la distinction du discours des « femmes » par rapport au discours
des « hommes » dans une variable « genre ». De ce fait, nous avons fait le choix d’intégrer les
variables suivantes à des arguments pouvant expliquer l’aboutissement ou au contraire l’abandon
de projet (Tableau 1) : l’année de parution de l’article, la commune d’implantation de l’unité de
méthanisation, le département d’implantation de l’unité de méthanisation, le dimensionnement de
l’unité de méthanisation
6
, le type de porteurs de projet de l’unité de méthanisation et la distance à
vol d’oiseau entre l’unité de méthanisation et la première habitation
7
. L’ensemble des variables ont
été renseignées à partir d’une collecte des données auprès de la presse quotidienne régionale, de la
DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et de
Google Maps. Nous avons également distingué les discours « favorables » et les « discours
« défavorables » à la méthanisation au sein du corpus afin de pouvoir les croiser avec les variables
durant l’étape analytique et ainsi les croiser avec les théories mobilisées.
A l’aide du logiciel Alceste, nous avons procédé à la réalisation de trois traitements qui
nous ont permis de tester nos hypothèses au regard de la littérature mobilisée. D’abord, nous avons
réalisé une Classification Descendante Hiérarchique (CDH) sur notre corpus de 455 articles de
presse afin de classer les mots dans plusieurs catégories selon leur proximité lexicale. Cette
6
Nous faisons l’hypothèse que plus une unité de méthanisation est de taille importante, plus le risque est grand
qu’elle connaisse une opposition locale. Notons qu’à ce jour il n’existe pas de travaux mettant explicitement en
lien les deux.
7
Nous avons utilisé un Système d’Information Géographique pour pouvoir calculer cette distance. Au travers de
cette mesure, il est fait référence au principe de NIMBY évoqué dans la littérature.
méthode de classification permet de réaliser une typologie des différents discours portés sur la
méthanisation. Ensuite, l’Analyse Factorielle de Correspondances, outil utile pour décrire
l’organisation des mots et des classes, nous a permis de déterminer les facteurs déterminants dans
le discours tenu sur la méthanisation dans la PQR. Enfin, l’analyse du réseau de formes du mot
« nuisance » a contribué à identifier à quels autres mots étaient le plus souvent associés à celui-ci
et les distances entre ce mot et les autres mots de la même classe. Le terme « nuisance » fait
référence à la fois à une attitude NIMBYiste mais également à une défense du cadre de vie et à
l’attachement au lieu de la part des riverains. De ce fait, nous avons identifié plus précisément les
discours qui relevaient du NIMBYsme de ceux qui tiendraient à des problématiques d’attachement
au lieu, de justice distributive (sentiment d’injustice vis-à-vis des externalités de la méthanisation)
ou de justice procédurale (sentiment d’injustice dans la participation citoyenne et de manque/défaut
d’information).
Résultats
Des formes de discours sur la méthanisation bien distinctes
Alceste a élaboré automatiquement un dictionnaire de 1397 formes réduites après l’étape
de lemmatisation
8
des 116 233 mots présents (Tableau 2). Par exemple, les formes verbales sont
réduites en infinitif (« engendreront » devient « engendrer ») et les mots au pluriel sont transformés
au singulier (« terrains » devient « terrain »). Ces formes réduites composent ainsi le monde lexical
qui va permettre différents types d’analyse textuelle.
La Classification Descendante Hiérarchique met en avant quatre classes aux mondes
lexicaux différents (Figure 1). Par souci de présentation et de lisibilité, nous avons choisi d’afficher
uniquement les 15 mots (formes réduites) ayant les khi2
9
les plus élevés de chacune des classes. Il
est important de préciser que les mots affichés ne sont que les représentations des segments de texte
dans lesquels ils apparaissent. Nous prenons soin de dire que l’interprétation que nous en faisons
ne se construit que dans le contexte de l’énoncé dans lequel le mot apparaît.
8
La lemmatisation consiste à faire évoluer un mot vers une forme réduite dans un objectif de lisibilité sémantique pour
l’analyse.
9
Le test du Khi2 dans Alceste permet de déterminer le degré d’appartenance d’une forme réduite à une classe.
La classe 1 (32 % du contenu analysé), que nous avons nommé « procédés de
méthanisation », regroupe un champ lexical faisant référence aux processus de méthanisation
(« méthane », « organique », « matière », etc.). Nous retrouvons ainsi différentes matières
méthanisables (« déchet », « fumier », « lisier », etc.) et leurs types de valorisation (« gaz »
« électricité » et « chaleur »). L’apparition des mots « produire », « produit » et « productif »
indique bien que cette classe relève du champ du processus de production de cette technologie.
La classe 2 (18% du contenu analysé), dénommée « risques et nuisances », renvoie quant à
elle aux externalités négatives de la méthanisation.Ainsi, on retrouve différents types de nuisances
associés à cette technologie (« nuisance »), notamment les mauvaises odeurs (« odeur »,
« olfactif », « mauvais », etc.) et la pollution sonore liée à l’augmentation du trafic routier près des
unités de méthanisation (« trafic », « bruit », « camion », etc.). Ces nuisances sont avant tout
craintes par les habitants résidant à proximité des unités (« habitable », « craindre »,
« immobilier », « riverain », etc.) avec la méfiance de conséquences pouvant être graves sur leur
intégrité physique ou leur santé (« explosion », « pollution », « santé », etc.). Cette classe 2 peut
faire référence à une forme de NIMBYisme avec un comportement qui relèverait de « motifs
égoïstes » (Van der Horst, 2007) qui seraient avancés pour rejeter l’implantation d’unités de
méthanisation proches de chez eux. Devant ces craintes et ces potentielles externalités négatives,
les riverains vont alors adopter une attitude protectionniste et mettre en œuvre des tactiques
d’oppositions.
Mais il est possible d’aller plus loin dans l’explication en invoquant la théorie de la justice
distributive en émettant l’hypothèse que ce n’est pas tellement un motif égoïste mais davantage un
sentiment que les externalités négatives ne seront pas compensées et que les habitants vont subir
les impacts d’une unité de méthanisation sans en voir les bénéfices.
La classe 3 (30 % du contenu analysé), dénommée « acteurs territoriaux », fait référence à
la méthanisation en tant que projet (« projet », « développement », « économique », « faisable »,
etc.). D’une part, on retrouve les acteurs (« communauté », « chambre » et « agriculture »,
« commune », « groupe », etc.) et, d’autre part, la dimension territoriale (« pays », « terrain », etc.).
Un projet de construction d’une unité de méthanisation se détache tout particulièrement. Il s’agit
d’un projet porté par un groupement d’agriculteurs regroupé en association depuis 2012 afin de
valoriser le biogaz en injection. Le porteur de projets a développé de nombreux partenariats avec
des acteurs territoriaux comme le Conseil départemental, la chambre d’Agriculture, la
Communauté de Communes, le Pays ou encore avec certaines banques. Du fait du caractère
multipartenarial des projets de méthanisation collective, il existe une nécessité de coordonner les
différentes parties prenantes et d’organiser la gouvernance territoriale qui en découle afin d’éviter
les sentiments d’injustice et ainsi révéler des comportements faisant référence à la justice
procédurale.
L’aspect procédural domine fortement la classe 4 qui regroupe 22% du contenu analysé
(« réunion » et « publique », « enquête », « avis », « permis », « information », etc.). Cette classe
relève des questions de consultations publiques et d’informations pour les populations locales.
Ainsi, on y retrouve aussi bien les différentes structures publiques afférentes (« mairie »,
« municipal », « préfecture ») que des jours de semaine particuliers (« jeudi » et « samedi »). Elle
fait référence directement à la justice procédurale qui explique l’opposition par un manque de
transparence (information), d'échange (participation) ou s’il existe une partialité des acteurs
publics.
Lorsque l’on s’attarde sur le pourcentage du contenu analysé de chaque classe dans
l’intégralité de notre corpus, le contenu des articles qui revient le plus souvent porte plus sur les
procédés et les acteurs que sur les aspects procéduraux. De même, les risques n’occupent pas une
part importante dans les discours rapportés dans la presse. Avec le dendrogramme (figure 1, partie
supérieure), nous pouvons analyser l’arbre de classification hiérarchique qui est une arborescence
indiquant comment les classes sont reliées entre elles de façon ascendante et en fonction de leur
niveau de similarité. On constate que les effets (négatifs) de la méthanisation arrivent en amont de
l’organisation autour de ces projets, traduisant probablement un réel manque de communication et
de concertation des acteurs de la méthanisation auprès des habitants. De plus, si on se réfère aux
mots les plus fortement opposés à chacune des classes (soit avec les Khi2 les plus fortement
négatifs), on s’aperçoit que le mot « projet » est le terme le plus fortement distant de la classe 1
« procédés de la méthanisation » avec un Khi2 fortement négatif (-92). Dès lors, ces premiers
résultats viennent conforter une de nos hypothèses de départ selon laquelle que ce n’est pas
uniquement pour des raisons égoïstes (se référant au cadre théorique du NIMBY) que peuvent
s’expliquer les ressentiments des habitants vis-à-vis des projets. Bien souvent les porteurs de
projets (voire parfois les collectivités locales qui les accompagnent) entretiennent la méfiance des
habitants par le manque de communication autour de leur projet mais aussi d’une nouvelle
technologie qu’ils ne connaissent pas ou peu (absence de réunions d’information, aucune visite
d’unité de méthanisation similaire, etc.).
Un discours défavorable qui se traduirait avant tout par une méfiance des projets innovants
et de ses conséquences sur la qualité de vie
L’Analyse Factorielle de Correspondances (AFC) permet de visualiser les thèmes du
corpus, leur articulation et la mise en évidence des « ressemblances », « dissemblances » et surtout
quels sont les facteurs qui viennent structurer le discours. Pour cela, il convient d’identifier les axes
représentant les facteurs discriminants (ceux qui viennent séparer les thèmes du corpus) puis de
visualiser sur un plan factoriel les articulations entre les classes obtenues (Figure 2). Cette méthode
permet donc d’analyser des relations entre les classes et les mots étoilés
10
(distances entre l’unité
de méthanisation et la première habitation, les dimensionnements de l’unité en tonne et les types
de porteur(s) de projet). L’axe 1
11
(abscisse) est le facteur qui extrait le plus d’inertie contenue dans
le nuage multidimensionnel devant l’axe 2 puis les autres facteurs. Nous avons ici fait le choix de
ne représenter que les deux premiers axes (48% pour le premier axe et 27% pour le deuxième axe)
car le pourcentage de variance cumulé représente les trois quarts de l’information (75%). Le
barycentre et l’aire simplifiée
12
de chacune des classes y sont représentés. Par ailleurs, seuls les
mots étoilés les plus statistiquement significatifs ont été affichés sur ce plan factoriel.
À travers cette AFC, nous pouvons dégager plusieurs commentaires au regard des cadres
théoriques mobilisés pour étudier le discours sur la méthanisation. D’abord, les barycentres de
chaque classe sont assez rapprochés, témoignant d’une relative proximité factorielle. Ils permettent
d’évaluer si les discours afférents à l’une ou l’autre classe sont spécifiques ou non. Ensuite, les
contributions des variables à l’axe 1 montrent une structuration de celui-ci autour du type de
portage de projet. D’une part, on remarque que les portages associant des agriculteurs (co-portage
d’agriculteurs avec un industriel ou avec une collectivité) semblent être mieux acceptés que ceux
réalisés par des opérateurs/industriels. Bien souvent, on retrouve une proximité entre les discours
10
C’est-à-dire des variables pouvant expliquer qu’un projet ait été un succès ou un échec.
11
Plus les barycentres sont proches de l’intersection des classes plus les discours sont communs, plus ils s’en
éloignent plus les discours se spécifient
12
Dans un souci de lisibilité, les aires ont été redessinées et simplifiées par rapport à celles générées par Alceste.
défavorables à la méthanisation et les projets co-portés par les collectivités locales et les opérateurs,
accusés de manquer de transparence vis-à-vis de la population comme en témoignent ces deux
verbatim faisant explicitement référence à la justice procédurale :
- « On donne le sentiment de se moquer des gens ! L’époque où l’on imposait des projets
sans associer la population est terminée. Ce dont on a besoin, c’est d’établir un lien de
confiance en informant durablement » (un élu d’Europe Ecologie Les Verts de la
commune de Poiré sur Vie, Vendée, 09 février 2016).
- « On a le sentiment de ne pas avoir été entendus et on constate un manque de
transparence dans les dossiers et les réponses apportées par les représentants de cette
société » (un habitant de la commune de Bannalec, Finistère, 06 février 2013).
Par ailleurs, cette méfiance des projets innovants est d’autant plus importante que les projets
sont localisés à proximité des habitations. On retrouve les classes de distance « 50-250m » et « 250-
500m » comprises au sein de l’aire de la classe « risques et nuisances » confirmant donc que la
proximité entre les habitants et l’unité de méthanisation est mal perçue ou vécue, alors que la classe
de distance « plus de 500 m » n’entre pas dans ce schéma. Ce NIMBYisme se matérialise à de
nombreuses reprises, notamment dans le discours des présidents d’association de défense
environnementale interrogés par les journalistes. Au-delà du NIMBYisme, il est souvent fait
référence à des questions relatives à l’attachement des personnes pour leur territoire et les
implications d’un tel projet pour leur cadre de vie :
- « Nous ne sommes pas contre ce projet en lui-même mais contre son emplacement
choisi pour l’implantation de l’unité qui serait située à moins de 400 mètres du
lotissement du Pin, à moins de 500 mètres d’un terrain de sport et à moins de 800 mètres
d’un collège » (président de l’association Air Pur Craonnais, Mayenne, 19 novembre
2013).
- « Cette unité est trop proche des habitations et nous subirons les odeurs, le bruit, les
mouches, un trafic routier intense sur une route non adaptée et des risques majeurs
d’incendie ou d’explosion » (président de l’association de Défense du Patrimoine de
Kerlierne, Morbihan, 19 octobre 2015).
En revanche, aucun mot-étoilé référençant les dimensionnements d’unités de méthanisation
n’est représenté sur le plan factoriel (Figure 2). Par ailleurs, on ne retrouve pas de tel discours
rapporté par les journalistes à la lecture des articles de presse. Ceci nous laisse dire que la taille de
l’infrastructure ne semble pas jouer dans le type de discours qui est émis à son égard.
Une méfiance des projets multiforme, une difficile conciliation des intérêts
Quant à l’analyse du réseau de la forme « nuisance » (figure 3), elle fait référence à la fois
à une attitude NIMBYiste mais également à une défense du cadre de vie et à l’attachement au lieu
de la part des riverains. La longueur du trait correspond au nombre d’UCE dans lesquelles les deux
termes sont présents, pondéré par le nombre de mots qui les sépare. Donc, plus le trait est court,
plus les mots sont proches. Dans l’ordre, les liens les plus forts concernent les nuisances liées au
risque de mauvaises odeurs (« olfactif », « odeur », « pollution » et « mouche »), au risque de
pollution sonore (« bruit », « trafic », « camion » et « routier »), au risque d’explosion (« nappe »,
« explosion » et « incendie ») et au risque de dépréciation immobilière (« dévaloriser »,
« immobilier » et « biens »). De nombreux discours de la part notamment de riverains ou de
présidents d’association environnementale abondent en ce sens :
- « Non à la méthanisation près des habitations, ça pue ! » (un riverain d’un projet de
méthanisation dans la commune de la Roche-sur-Yon, Vendée, 13 mars 2016).
- « […] nous craignons les nuisances, le trafic pourrait s’élever jusque 40 camions par
jour » (président de l’association de Défense du Territoire Craonnais, Mayenne, 18
octobre 2013).
- « Les principaux dangers à considérer se situent du côté des incendies, des explosions
et des émissions de gaz toxiques » (président de l’association Evron Environnement,
Mayenne, 30 avril 2015).
- « On a travaillé toute une vie pour avoir un bien… qui payera la dépréciation de nos
maisons ? » (un riverain d’un projet de méthanisation dans la commune de Coutances,
Manche, 22 octobre 2014).
Notons qu’une des particularités de ces conflits est qu’ils sont anticipatifs et ont souvent
lieu avant même que l’unité de méthanisation voit le jour. Ceci implique donc que les opposants
se sont soit informés sur les risques potentiels liés à la méthanisation, soit ne se sont pas informés
mais imaginent que la fabrication de biogaz peut entraîner des risques environnementaux,
industriels, économiques ou d’atteinte à leurs conditions de bien-être et leur qualité de vie.
Ces externalités négatives ne doivent pas être conçues uniquement comme une forme de
NIMBYisme qui relèverait de comportements protectionnistes des riverains. L’analyse des
verbatims montre bien souvent qu’ils associent ces nuisances avec un défaut de compensation.
Autrement dit, l’absence de justice distributive est un argument majeur pouvant expliquer les
oppositions aux projets. De même, au-delà des arguments d’ordre NIMBYiste invoqués
susceptibles d’avoir des impacts négatifs sur les populations (en particulier vivant à proximité des
unités), notre analyse lexicométrique met en lumière le défaut de justice procédurale.
Lorsque l’on s’attarde sur les projets ayant abouti, on retrouve des projets tels que celui de
Geotexia au Mené (22) qui traite les effluents d’élevage d’agriculteurs locaux et des déchets issus
de l’industrie agro-alimentaire depuis juin 2011, ou encore celui de Saint-Georges Méthagri à
Saint-Georges-sur-Loire (49) qui regroupe une douzaine d’agriculteurs et qui fut l’une des
premières unités de méthanisation en voie sèche
13
de France lors de son inauguration en juillet
2015. Dans ces articles de presse, il est souvent fait mention d’arguments relevant de l’intérêt
général où le principe de redistribution des externalités a été pensé et expliqué (en termes de
développement économique local, d’autonomie énergétique territoriale et et de développement des
énergies renouvelables). Il s’agit de projets où il ressort explicitement les dimensions de la justice
procédurale avec l’organisation d’un processus de concertation et d’information publique. Ils ont
fait l’objet de nombreuses réunions publiques et d’explications auprès de la population locale qui
a eu l’impression de pouvoir influencer la décision finale. Ces résidents ont souvent été invités à
visiter des usines de méthanisation en fonctionnement sur d’autres territoires. De fait, il semblerait
que l’approche expérientielle permettrait de faciliter l’adhésion des riverains aux projets.
L’analyse typologique des discours (figure 2) montre une association entre (i) le portage du
projet par une personne provenant du territoire et (ii) la réussite des projets. En analysant les
verbatims employés par les parties prenantes des projets, on remarque que les porteurs de projet
locaux sont plus susceptibles de créer de la confiance car ils sont connus localement. Ainsi,
concernant la communication des risques et la localisation des installations controversées telles
qu’une unité de méthanisation, le manque de confiance est l'un des facteurs clés de l'opposition
13
On distingue deux sortes de technologie pour méthaniser les déchets dans un digesteur dans le but de produire du
biogaz : la méthanisation par voie humide où la matière très majoritairement liquide est infiniment mélangée (procédé
le plus répandu en France actuellement) et la méthanisation par voie sèche où la production est séquencée dans le
temps afin de mieux valoriser la matière sèche comme le fumier par exemple.
publique et une raison majeure pour laquelle il est souvent difficile d'atteindre une solution
acceptable pour toutes les parties. Ceci rejoint les travaux de Upham et Shackley (2006) et Walker
et al. (2010). De fait, dans la construction du projet, il serait recommandé de mettre en place un
processus ouvert et permettant une participation publique précoce et substantielle. Pourtant, il n’est
pas rare que les porteurs de projets (et parfois la collectivité territoriale) ne souhaitent pas
communiquer trop tôt sur le projet de peur qu’une levée de boucliers des habitants ait lieu :
- « C’est un projet industriel et ce type de dossiers ne se négocie pas sur la place publique.
C’est encore trop tôt, il y a un temps pour tout ! Tout entrepreneur pour monter son
projet a besoin d’une part de discrétion. Le temps des explications viendra… » (porteur
de projet d’une unité de méthanisation à la Roche-sur-Yon, Vendée, 03 mars 2015).
- « […] nous sommes en cours d’étude sur la faisabilité technique et administrative. Cela
prend du temps et tant que le dossier n’est pas bouclé, nous ne souhaitons pas
communiquer » (porteur de projet d’une unité de méthanisation à Sainte-Suzanne-et-
Chamme, Mayenne, 23 mai 2016).
Conclusion
La territorialisation des projets énergétiques – comme ceux liés à la méthanisation –
demande de trouver des nouveaux compromis sociaux (Fortin et Fournis, 2014) liant une
complexité des facteurs influençant le succès de leur déploiement. L’analyse du discours de la
méthanisation à partir d’un corpus d’articles de la presse quotidienne régionale nous a permis de
mettre en évidence que l’acceptabilité locale ne se cantonnait pas uniquement à un effet NIMBY
mais pouvais faire appel à d’autres modèles explicatifs (attachement au lieu et au cadre de vie,
justice procédurale et justice distributive). Cependant, il serait intéressant de confronter ces
résultats à des entretiens menés directement auprès des acteurs de la méthanisation (porteur de
projet, partie prenante au projet, riverains, Chambre d’Agriculture, etc.), notamment sur leurs
perceptions et représentations des énergies renouvelables.
Notre analyse en détails des verbatims montre que la complexité des projets de biogaz qui
ne peuvent pas être traités de manière rapide est sans équivoque. L'opposition du public à la
création de nouvelles usines de biogaz est assez courante et on observe bien souvent une situation
où tous les acteurs clés, dans une certaine mesure, ont perdu quelque chose et que cela aurait pu
être évité si une concertation accrue et une information raisonnée avaient été réalisées. Bien
souvent, les membres du groupe de l'opposition ont été ignorés et craignaient que le projet ne soit
mené sans qu'ils puissent influer sur la situation, ce qui les a conduits à s'opposer aux plans. Il en
découle que certaines municipalités ont dû finalement renoncer à la construction d’une usine de
biogaz sur leur territoire, ce que les élus pourtant favorisaient. De ce point de vue, les aspects
relatifs à la justice distributive et procédurale doivent être traités de manière équitable, de sorte à
ce que toutes les parties prenantes apprécient la diffusion locale et équitable des bénéfices des
projets.
Par ailleurs, la perte la plus importante découlant de projets de méthanisation suspendus
voire arrêtés est celle de la confiance. Le développeur a perdu confiance dans le secteur public et
inversement. La technologie du biogaz en tant que telle pourrait également avoir été affectée par
la perte de confiance, ce qui fait que le biogaz ressemble plus à une technologie controversée et
moins comme quelque chose qui est bénéfique pour l'environnement. Dans cette perspective, il est
plus approprié de demander ce que nous pouvons apprendre de ces projets, sur la façon d'éviter les
processus de planification perçus comme négatifs par toutes les parties impliquées et comment
mettre en œuvre des processus à la fois démocratiques et efficaces en temps.
Au-delà du manque d’organisation de la gouvernance territoriale, les faits récents montrent
que les projets soutenus par des agriculteurs ont souvent fait beaucoup de progrès sur cet aspect
(accompagnés par les chambres d’agriculture dans cette démarche de communication) pourtant les
échecs demeurent, d’où la question de l’hypothèse d’un consensus sur le caractère positif d’un
point de vue économique et environnemental de ce type de projet qu’il reste à prouver
scientifiquement.
Remerciements
Nous tenons à remercier le programme PSDR 4 (Pour et Sur le Développement Régional),
financeur du projet DETECTE dans lequel s’inscrit cet article.
Références bibliographiques
Achard, P. (1997) L'engagement de l'analyste à l'épreuve d'un événement, Langage et Société, 79,
5-38.
Adams, J. S. (1965). Inequity in social exchange. In Berkowitz, L. E., & Walster, E. E.
(Eds.).Advances in experimental social psychology. Academic Press, Vol. 2 pp. 267-299
Aissani, L., Collet, A., Bioteau, T., Laurent, F., & Béline, F. (2015). Évaluation environnementale
de projets de méthanisation territoriaux via l’analyse du cycle de vie. In Partenariats pour le
développement territorial (pp. 183-198). Editions Quæ.
Aitken, M. 2010. Why we still don't understand the social aspects of wind power: A critique of key
assumptions within the literature. Energy Policy 38 (4):1834–1841
Audet, G. (2009). Énergie éolienne au Québec: l'aspect de l'acceptabilité sociale lié au choix de
modèle de développement.
Burningham, K., Barnett, J., & Walker, G. (2015). An array of deficits: unpacking NIMBY
discourses in wind energy developers' conceptualizations of their local opponents. Society &
Natural Resources, 28(3), 246-260.
Charaudeau P., 1997, Le discours d'information médiatique. La construction du miroir social, Paris,
Nathan, Institut national de l'audiovisuel, collection " Médias-Recherches ".
Delhoume, C., & Caroux, D. (2015). Quel rôle des agriculteurs dans la transition énergétique?
Acceptation sociale et controverses émergentes à partir de l’exemple d’une chaufferie collective
de biomasse en Picardie. VertigO-la revue électronique en sciences de l'environnement, 14(3).
Devine‐Wright, P. (2005). Beyond NIMBYism: towards an integrated framework for
understanding public perceptions of wind energy. Wind Energy, 8(2), 125-139.
Devine‐Wright, P. (2009). Rethinking NIMBYism: The role of place attachment and place identity
in explaining place‐protective action. Journal of community & applied social psychology, 19(6),
426-441.
Devine-Wright, P. (Ed.). (2014). Renewable Energy and the Public: from NIMBY to Participation.
Routledge.
Edwards, J., Othman, M., & Burn, S. (2015). A review of policy drivers and barriers for the use of
anaerobic digestion in Europe, the United States and Australia. Renewable and Sustainable Energy
Reviews, 52, 815-828.
Féménias, A., Bouvier, M., Balny, P., & Jaujay, J. (2008). Évaluation des conditions de
développement d’une filière de méthanisation «à la ferme» des effluents d’élevage. Archives du
Ministère de l'Agriculture.
Fortin, M. J., & Fournis, Y. (2014). Vers une définition ascendante de l'acceptabilité sociale: les
dynamiques territoriales face aux projets énergétiques au Québec. Natures Sciences Sociétés,
22(3), 231-239.
Fournis, Y., & Fortin, M. J. (2017). From social ‘acceptance’to social ‘acceptability’of wind energy
projects: towards a territorial perspective. Journal of environmental planning and management,
60(1), 1-21.
Gendron, C. (2014). Penser l’acceptabilité sociale: au-delà de l’intérêt, les valeurs. Communiquer.
Revue de communication sociale et publique, (11), 117-129.
Girault, R., Béline, F., & Damiano, A. (2010). Méthanisation: Les premiers pas de la filière dans
le secteur agricole. Environnement & Technique, (300), p-38.
Haas, R., Resch, G., Panzer, C., Busch, S., Ragwitz, M., & Held, A. (2011). Efficiency and
effectiveness of promotion systems for electricity generation from renewable energy sources–
Lessons from EU countries. Energy, 36(4), 2186-2193.
Holm-Nielsen, J. B., Al Seadi, T., & Oleskowicz-Popiel, P. (2009). The future of anaerobic
digestion and biogas utilization. Bioresource technology, 100(22), 5478-5484.
Image & CNRS (1986). Statistique et ingénierie textuelles - ALCESTE, un logiciel d’analyse et
d’aide à la décision simple d’utilisateur Available at: http://www.image-zafar.com/Logiciel.html.
Jeanneaux, P., & Perrier-Cornet, P. (2008). Les conflits d’usage du cadre de vie dans les espaces
ruraux et la décision publique locale. Éléments pour une analyse économique. Économie rurale.
Agricultures, alimentations, territoires, (306), 39-54.
Krieg A., 2000, " Analyser le discours de presse. Mises au point sur le discours de presse comme
objet de recherche ", Communication, n° 20, p. 75-97.
Mscope (1994) Journalistes et linguistes, même langue, même langage ?, in MScope, Journalistes
et linguistes, même langue, même langage ?, Paris, hors-série, avril 1994, 128p. Actes du Colloque,
15 Janvier 1993, La Sorbonne.
Pacaud, S., Le Roux, Y., & Feidt, C. (2013). Projet collectif de méthanisation en milieu rural. Pour,
(2), 99-108.
Pham, H. V., Kirat, T., & Torre, A. (2013). Les conflits d'infrastructures en Ile de France. Des
révélateurs des imperfections de la décision publique dans les espaces ruraux et périurbains. Revue
d’Économie Régionale & Urbaine, (1), 203-229.
Raineau, L. (2011). Transition énergétique et dynamique de changement. Natures, Sciences,
Sociétés, vol. 19, pp. 133-143
Reinert M, (1999) Quelques interrogations à propos de l' "objet" d'une analyse de discours de type
statistique et de la réponse "Alceste". Langage et société, n°90, 1999. pp. 57-70.
Soland, M., Steimer, N., & Walter, G. (2013). Local acceptance of existing biogas plants in
Switzerland. Energy Policy, 61, 802-810.
Swofford, J., & Slattery, M. (2010). Public attitudes of wind energy in Texas: Local communities
in close proximity to wind farms and their effect on decision-making. Energy policy, 38(5), 2508-
2519.
Thayer, R. L., & Freeman, C. M. (1987). Altamont: public perceptions of a wind energy landscape.
Landscape and urban planning, 14, 379-398.
Torre A., Lefranc C. (2006). Les conflits dans les zones rurales et péri-urbaines. Premières analyses
de la presse quotidienne régionale ", Espaces et Sociétés, n°124-125, p. 93-110.
Torre, A., Aznar, O., Bonin, M., Caron, A., Chia, E., Galman, M., ... & Paoli, J. C. (2006). Conflits
et tensions autour des usages de l'espace dans les territoires ruraux et périurbains. Le cas de six
zones géographiques françaises. Revue d’Économie Régionale & Urbaine, (3), 415-453.
Torre, A. (2015). Théorie du développement territorial. Géographie, économie, société, 17(3), 273-
288.
Upham, P., & Shackley, S. (2006). Stakeholder opinion of a proposed 21.5 MWe biomass gasifier
in Winkleigh, Devon: Implications for bioenergy planning and policy. Journal of environmental
policy and planning, 8(01), 45-66.
Van der Horst, D. (2007). NIMBY or not? Exploring the relevance of location and the politics of
voiced opinions in renewable energy siting controversies. Energy policy, 35(5), 2705-2714.
Walker, G., Devine-Wright, P., Hunter, S., High, H., & Evans, B. (2010). Trust and community:
Exploring the meanings, contexts and dynamics of community renewable energy. Energy Policy,
38(6), 2655-2663.
Warren, C. R., Lumsden, C., O'Dowd, S., & Birnie, R. V. (2005). ‘Green on green’: public
perceptions of wind power in Scotland and Ireland. Journal of environmental planning and
management, 48(6), 853-875.
Wolsink, M. (2000). Wind power and the NIMBY-myth: institutional capacity and the limited
significance of public support. Renewable energy, 21(1), 49-64.
Zemo, K. H., Panduro, T. E., & Termansen, M. (2019). Impact of biogas plants on rural residential
property values and implications for local acceptance. Energy policy, 129, 1121-1131.
Illustrations :
VARIABLES
CLASSES
Année de parution de l’article
Année de l’article
Commune de l’unité
Nom de la commune
Département de l’unité
Numéro du Département
Dimensionnement de l’unité
(tonnage des déchets valorisés sur
une année)
0 – 25000 t/an
25000 – 75000 t/an
plus de 75000 t/an
Type de porteurs de projet de
l’unité
Agriculteur(s)
Collectivité(s) locale(s)
Industriel(s)
Opérateur de méthanisation
Syndicat mixte
Autre(s)
Distance à vol d'oiseau entre l’unité
et la première habitation (en mètre)
50 – 250 m
250 – 500 m
plus de 500 m
Tableau 1. Composition des variables codées pour chaque article
Source : auteurs
Statistiques des corpus analysés
Nombre d'articles analysés (UCI)
455
Nombre de formes contenues dans le corpus
116233
Nombre de formes distinctes
10706
Nombre de formes réduites (lemmatisées)
1397
Nombre d'unités de contexte
4623
Nombre d'unités de contexte classées
3556
Pourcentage d'unités de contexte classées
70%
Nombre de classes stables
4
Tableau 2. Statistiques des corpus analysés
Source : auteurs
Figure 1. Classification Descendante Hiérarchique et dendrogramme
Source : auteurs
Figure 2. Analyse factorielle de correspondances avec les barycentres et aires
approximatives de chacune des classes
Source : auteurs
Figure 3. Réseau de la forme « nuisance »
Source : auteurs
-