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Article accepté dans la revue L’espace politique
Le NIMBY ne suffit plus ! Etude
de l’acceptabilité sociale des
projets de méthanisation
Sébastien BOURDIN, Enseignant-Chercheur, EM
Normandie Business School, Département
Economie, Territoires et Développement durable,
Métis Lab
sbourdin@em-normandie.fr
Résumé :
Les projets d’énergies renouvelables sont loin de faire l’unanimité au niveau local alors qu’ils
sont en général soutenus dans l’opinion publique comme moyens de lutter contre le changement
climatique. L’attitude NIMBYiste est souvent relevée comme un facteur expliquant ces
oppositions locales. Or, nous pensons qu’il existe d’autres déterminants plus importants et que
l’acceptabilité sociale est un phénomène bien plus complexe. L’objectif de l’étude est donc
d’identifier les facteurs expliquant les différences en termes d’acceptabilité sociale. Pour cela,
nous nous appuyons sur le cas du déploiement de la méthanisation en France, au travers de
l’analyse d’entretiens semi-directifs menés auprès de 49 parties prenantes de projets. Nous
mettons en évidence le rôle de la gouvernance territoriale mais aussi de l’attachement au lieu
comme paramètres majeurs permettant d’expliquer une plus ou moins grande acceptabilité
locale. Loin d’être perçues comme freinant un projet, les oppositions citoyennes doivent être
appréhendées comme faisant partie intégrante de la gouvernance territoriale, appelant la mise
en place de démarches plus participatives.
Mots clefs : NIMBY, acceptabilité sociale, attachement au lieu, méthanisation, débat public,
gouvernance territoriale
English title : The NIMBY is no longer enough! Study of the social acceptability of
methanization projects
Abstract :
Renewable energy projects are far from being unanimously accepted at local level, while they
are often supported by public opinion as a mean of combating climate change. Most of the time,
the NIMBYist attitude is invocated as a factor explaining these local oppositions. However, we
believe that social acceptability is a much more complex phenomenon. The objective of the
study is therefore to identify the factors that explain the differences in terms of social
acceptability. To do this, we rely on the case of the deployment of methanization in France,
through the analysis of semi-directive interviews conducted with 49 project stakeholders. Our
results suggest that NIMBYism is not the main factor explaining the difficulties of social
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acceptability in renewable energy projects. This principle only very rarely explains the
behaviour of local residents (opposition and support) towards methanization units. Other much
more important parameters come into play. For example, methanization units are more easily
accepted when they are accompanied by an overall policy of territorial governance based on
the creation of trust, a systematic integration of all stakeholders, including those who might be
opposed to them. Relationship-based management at an early stage of the project considerably
increases social acceptability. Our paper put forward the role of territorial governance but also
of place-attachment as major parameters to explain a greater or lesser degree of local
acceptability. Far from being perceived as a hindrance to a project, citizen opposition must be
understood as an integral part of territorial governance, calling for the implementation of more
participatory approaches.
Keywords: NIMBY, social acceptability, place-attachment, methanization, public debate,
territorial governance
Cet article s’inscrit dans le cadre du projet de recherche DETECTE (Développement
Economique & Territorial, Economie Circulaire et Transition Energétique) financé dans le
cadre du programme PSDR.
Introduction
Depuis le début de la transition énergétique en France, les débats se sont fortement concentrés
sur les perspectives techniques (Lejoux et Ortar, 2014). Le déploiement de nouvelles énergies
renouvelables repose en particulier sur des approches technico-économiques. Or, comme Jan
Zoellner et al. (2008) l’affirment, la politique et l’industrie se sont trop longtemps concentrés
sur la faisabilité économique alors que les questions sociales ont été complètement exclues. Par
conséquent, de nombreux conflits locaux sont apparus au cours des processus de planification
des projets énergétiques locaux. Douglas Aitken (2010) en particulier critique ce point de vue
technico-économique et appelle donc à une réflexion critique intégrant la dimension sociale.
Par conséquent, Richard Cowell (2010) souligne que des approches ne couvrant que les facteurs
technico-économiques sont de facto incomplètes. Jan Zoellner et al. (2008) assurent même que
les caractéristiques technologiques des énergies renouvelables peuvent être négligées et qu’il
faudrait se concentrer exclusivement sur les processus de négociation entre les parties prenantes
des projets.
Cette approche représente un défi de taille car de nombreux nouveaux acteurs sont impliqués
dans la transition énergétique. Ainsi, non seulement les entreprises fournisseuses en électricité,
mais aussi les collectivités, les entreprises, les associations, les agriculteurs et les particuliers
peuvent participer à la planification et à l’exploitation de centrales locales d’énergies
renouvelables. Les motivations qui sous-tendent les actions de ces acteurs sont donc aussi
diverses que contradictoires et conduisent à une complexité sociotechnique beaucoup plus
grande dans le développement des systèmes énergétiques verts que ce n’était le cas dans le
contexte des systèmes d’énergie purement fossiles-nucléaires. De plus, la complexité des
projets énergétiques territoriaux est accrue en raison de la diversité des contextes locaux qui
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font inévitablement partie de l’élaboration de chaque projet (Oiry, 2015 ; Fournis et Fortin,
2015 ; Bourdin et al., 2019b). Par conséquent, il manque encore des approches scientifiques
prenant en compte les spécificités locales et les ressources territoriales à disposition et de
déterminer la technologie la plus appropriée pour un site donné en conséquence.
Lorsque l’on étudie de développement des énergies renouvelables, il peut paraître à première
vue surprenant qu’alors que ces énergies sont largement considérées comme plus respectueuses
de l’environnement que les combustibles fossiles ou l’énergie nucléaire, elles ne sont guère
moins sujettes à l’opposition que les installations plus classiques (Devine-Wright, 2005 ;
Upham et Shackley, 2006). Parmi les énergies renouvelables dont le déploiement sur les
territoires fait débat, on compte la méthanisation. Le biogaz est une source d’énergie verte
produite par digestion anaérobie de matières premières organiques biodégradables (déchets
municipaux et industriels, résidus animaux et agricoles). Le biogaz valorisé peut être injecté
dans un réseau de gaz naturel ou encore être transformé en électricité et en chaleur lorsqu’il est
produit en cogénération. Par ailleurs, le digestat – le résidu du processus de méthanisation –
peut être utilisé en agriculture comme engrais organique compte-tenu de sa forte teneur en
azote. En plus de fournir de l’énergie et du fumier, le biogaz contribue à réduire les externalités
négatives associées aux déchets organiques comme la contamination des eaux souterraines et
du sol, les émissions de polluants atmosphériques locaux comme les dioxines et le méthane,
des puissants gaz à effet de serre (Wellinger et al., 2013). Pourtant, bien que la production de
biogaz soit communément reconnue dans les domaines environnementaux et sociétaux
(Bourdin et al., 2019b), il existe plusieurs obstacles au déploiement de la méthanisation,
principalement relevant de problèmes d’acceptabilité sociale. Cette dernière peut être définie
comme un processus au cours duquel une pluralité d’acteurs impliqués va interagir – au fur et
à mesure des arrangements et des règles institutionnels – dans le but de faire émerger un projet
sociotechnique qui tient compte des spécificités du territoire (Fournis et Fortin, 2013 ; Fortin et
Fournis, 2014)
Dans de nombreux cas, les conflits émergent car il existe un sentiment d’injustice des initiateurs
de ces oppositions locales, notamment sur la répartition inégale des externalités des projets
énergétiques territoriaux (Bourdin et al., 2019b). Dans le cadre de la méthanisation, les
principales externalités négatives recensées dans la littérature sont les odeurs désagréables,
l’impact négatif sur le paysage, les contraintes/changements sur la qualité de vie (y compris
l’augmentation du trafic local), la baisse des prix de l’immobilier pour les habitations localisées
à proximité (Capodaglio et al., 2016). Dans son article portant sur l’analyse de l’acceptabilité
sociale d’un projet de décharge, Léa Sebastien (2013) souligne que l’explication NIMBYiste
1
(motifs égoïstes des résidents locaux) n’est pas suffisante pour expliquer l’émergence de
contestations de projets d’aménagement, et que les raisons invoquées ne font pas forcément
référence à une attitude de défense des intérêts personnels. Elle va même plus loin en parlant
de « résistance éclairée » (Sébastien, 2013 et 2018) et met en évidence que le front de refus des
habitants peut se transformer en une force de proposition pour des projets alternatifs. Ainsi,
nous faisons l’hypothèse que la mobilisation citoyenne ne doit pas être stigmatisée et réduite
comme bien trop souvent à un effet NIMBY. Au contraire, elle répond à des logiques multiples,
et en particulier à celles de l’attachement au lieu et de l’injustice perçue (voire réelle).
1
« Not in my backyard »
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Aussi, afin d’aller plus loin que l’explication NIMBYiste (Burningham, 2000), nous proposons
de mobiliser la théorie du lieu dans les études sur le déploiement des énergies renouvelables
(Devine-Wright, 2009 et 2013) pour analyser les problèmes d’acceptabilité sociale. Nous
retenons ici la logique des géographies énergétiques (Calvert, 2016) en combinant les sciences
sociales avec une approche géographique (Sovacool, 2014) pour analyser les dimensions
géographiques des injustices sociales et des tensions politiques liées aux projets qui peuvent
expliquer les problèmes d’acceptabilité sociale.
Comme l’expansion des projets énergétiques territoriaux au cours des dernières années a surtout
échoué en raison de conflits sociaux et qu’une forte diminution de l’acceptabilité a été observée
(Gaede et Rowlands, 2018), notre étude vise à identifier les facteurs qui peuvent expliquer les
problèmes d’acceptabilité sociale et qui constituent un frein au développement des énergies
renouvelables sur le territoire. Notre problématique s’articule donc comme suit : dans quelle
mesure la compréhension des ressorts de l’acceptabilité sociale permettrait-elle de faciliter le
déploiement de la méthanisation sur les territoires ? Nous nous focaliserons sur les unités de
biogaz, compte-tenu du fait que la littérature sur l’acceptabilité sociale de cette énergie verte
est très peu développée, contrairement à celle des énergies éoliennes. Notre étude de cas portera
sur une analyse de plusieurs projets d’unités qui ont soit été arrêtés voire abandonnés, soit qui
ont vu le jour. L’objectif ainsi est de comprendre comment les dynamiques d’acceptabilité
sociale se sont construites et ont pu aboutir à l’échec ou au succès du déploiement de la
méthanisation sur les territoires en question.
Notre article s’organise comme suit : après avoir présenté le cadre théorique mobilisé pour
expliquer les difficultés d’acceptabilité sociale, nous présenterons la méthodologie utilisée puis
analyserons les résultats issus du traitement qualitatif des entretiens. Enfin, nous concluons en
proposant une discussion de nos résultats ouvrant sur de futures recherches.
1. Expliquer les problèmes d’acceptabilité sociale, au-delà du
NIMBY
Plusieurs travaux ont mis en évidence l’existence d’un « fossé social » (Bell et al., 2005 et 2013)
caractérisé par l’écart entre le fort soutien du public aux énergies renouvelables exprimé dans
les sondages d’opinion en général et le faible taux de réussite des processus de planification de
projets de développement d’énergies vertes lié à des oppositions au niveau local. Les raisons
sous-jacentes de ces protestations actives sont complexes et la recherche en sciences sociales
ne s’est pas entendue autour d’une explication généralement acceptée. Nous avons fait le choix
de dépasser l’approche NIMBYiste (première sous-partie) pour proposer d’autres cadres
théoriques et conceptuels (deuxième sous-partie) permettant d’expliquer les problèmes
d’acceptabilité sociale. En particulier, nous mettons en évidence plusieurs autres facteurs
explicatifs tels que les problèmes de gouvernance territoriale des projets (déficit démocratique
et manque de confiance notamment), le manque de justice distributive ou encore l’attachement
au lieu.
1.1. Les limites d’une explication NIMBYste
Le NIMBY est un argument souvent avancé pour expliquer les problèmes d’acceptabilité
sociale. Selon ce principe, les personnes soutiennent l’énergie renouvelable en général, mais
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s’opposent activement à tout développement dans leur propre environnement pour des raisons
d’intérêt personnel. On peut le définir comme étant le fait que « des personnes combinent une
attitude positive et une résistance motivée par des coûts et des avantages personnels calculés »
(Wolsink, 2000, p. 5). Dans le dilemme du prisonnier, il est collectivement rationnel que le bien
public (l’énergie issue de la méthanisation) soit produit, mais il est individuellement rationnel
que chaque individu profite des contributions des autres (ne pas avoir une usine de biogaz prêt
de chez soi). La contribution de l’individu au bien public (quelques mégawatts d’énergie issue
de la biomasse provenant de l’unité de méthanisation locale) est négligeable, tandis que le coût
de cette contribution peut être considérable. Chaque individu fait le même calcul individuel et
choisit de faire du resquillage (ne pas avoir d’unité de méthanisation proche de chez soi). Par
conséquent, le bien public n’est pas fourni (le projet de développement d’une unité de biogaz
échoue). De plus, ce concept de « NIMBY » est utilisé pour décrire de façon péjorative toute
opposition : une communauté locale – entendue comme l’ensemble des acteurs d’un territoire
donné –, ou des individus spécifiques au sein d’une communauté, s’opposeraient à un projet
d’énergie renouvelable en raison de la protection égoïste de leur « arrière-cour ». Il en
découlerait que les opposants à un tel projet sont en quelque sorte irrationnels, obstructifs et
contraires au bien commun. Or, dans les faits, cela peut détourner l’attention d’une approche
plus réfléchie de la possibilité de défauts dans (i) le processus de concertation, (ii) la conception
même du projet, (iii) son emplacement.
Dans la littérature, le concept de NIMBY a fait l’objet d’un large éventail de critiques portant
sur sa faiblesse conceptuelle, son imprécision et sa façon contre-productive de décrire
l’opposition aux projets d’énergie verte (Wolsink, 2000 et 2006 ; Devine-Wright, 2005, 2009
et 2013 ; Van der Horst, 2007 ; Aitken, 2010, Sébastien, 2018 ; etc.). Bien que certains
chercheurs continuent de reconnaître la valeur de l’utilisation du NIMBY comme concept
opérationnel (Cohen et al., 2014), il existe un fort et large consensus selon lequel la réalité
sociale de l’opposition locale est plus complexe. Malgré cela, le terme est durablement ancré et
continue d’être utilisé, en particulier dans les médias et dans le discours politique. Maarten
Wolsink (2012) explique même que le terme est utilisé comme « une vérité qui va de soi ».
Lorsque l’on se penche sur les principales limites du NIMBY, on dénombre une pluralité
d’arguments. Premièrement, Thomas Blaschke et al. (2013) notent qu’il est difficile de
comprendre les soutiens ou les oppositions à l’égard des projets d’énergie renouvelable car ils
sont fondés sur des valeurs personnelles. Par conséquent, l’évaluation individuelle et collective
de l’intérêt d’un projet et de ses externalités ne fait pas uniquement référence à des
comportements rationnels tels que le phénomène NIMBY, mais aussi à des significations
symboliques et émotionnelles (Fast, 2013). Deuxièmement, ces phénomènes de soutien ou
d’opposition sont spatialement limités, car ils dépendent des circonstances locales (Bell et al.,
2005), et donc, l’opposition aux unités de production de biogaz – ou à toute installation
d’énergie renouvelable telles que les éoliennes – est souvent associée à tort à l’argument
NIMBY (Bertsch et al., 2017). Troisièmement, Maarten Wolsink (2007) soutient que
l’opposition locale à l’énergie renouvelable ne peut s’expliquer par des motifs égoïstes des
résidents locaux mais plutôt par un manque d’équité des décisions dans la mise en œuvre des
projets. Quatrièmement, d’autres auteurs expliquent que l’engagement de la population locale
à l’encontre des installations d’énergie verte diminue avec la distance spatiale (Warren et al.,
2005 ; Van der Horst, 2007). Ils constatent également un syndrome « NIMBY spatialement
inversé », selon lequel les résidents vivant à proximité des parcs éoliens ont tendance à avoir
une attitude plus positive que ceux vivant plus loin. Quelques études ont même montré qu’il
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existait un phénomène « Please in My Backyard » (PIMBY) à l’égard des éoliennes (Sowers,
2006 ; Brinkman et Hirsh, 2017). Dans le cas du biogaz, certains travaux à partir d’enquêtes
ont documenté un fort appui de la population locale aux unités de méthanisation (Soland et al.,
2013 ; Kortsch et al., 2015).
1.2. Des explications alternatives aux oppositions locales
Les principaux facteurs qui sont mentionnés la plupart du temps comme moteurs de
l’acceptabilité sociale des projets d’énergie renouvelable font référence à (i) la gouvernance
territoriale (implication des parties prenantes tout au long du processus, confiance entre les
acteurs) et (ii) l’équilibre entre les avantages perçus (emploi, environnement, gestion des
déchets, sécurité énergétique) et les coûts (émission d’odeurs, pollution visuelle, pollution
sonore) du projet du point de vue personnel, culturel, social, psychologique (Devine Wright,
2005 ; Wolsink, 2007 ; Soland et al, 2013 ; Schumacher et Schultmann, 2017).
1.2.1. Des défauts dans la mise en œuvre de la gouvernance territoriale
La gouvernance territoriale peut être définie comme un processus portant sur la construction de
cadres communs permettant de coordonner les représentations et stratégies (individuelles et
collectives) présentes sur un territoire. Tout au long du processus, les acteurs interagissent de
manière conflictuelle et/ou coopérative (Torre et al., 2006) et font des choix pour mettre en
œuvre un projet de développement territorial. Selon André Torre et Jean-Eudes Beuret (2012),
ces choix opérés impliquent bien souvent une asymétrie de pouvoir entre les parties prenantes
pouvant être le fruit d’un rejet fort du projet. Etudier la gouvernance territoriale revient donc à
la fois à analyser la dynamique des jeux d’acteurs (Beuret, 2016 ; Fortin et al., 2019) mais aussi
les dispositifs et instruments pour la mettre en œuvre (Chia et al., 2008).
Concernant l’organisation de cette gouvernance territoriale, plusieurs auteurs ont mis en
évidence le problème de déficit démocratique. Compte-tenu du fait que le résultat du processus
d’autorisation d’une installation d’énergie renouvelable ne reflète pas la volonté de la majorité
de la population locale (Toke, 2002), il peut en résulter un rejet du projet. Ce dernier peut aussi
être dû en partie à la conception du processus de planification selon lequel les décisions initiales
sont prises par les promoteurs, annoncées aux citoyens et ensuite défendues contre les critiques
du public qui déplore bien souvent un manque d’information sur le projet et un réel déficit
démocratique (Fortin et Fournis, 2014 ; Burningham et al., 2015).
La littérature sur les questions de gouvernance territoriale mobilise notamment le concept de
justice procédurale pour expliquer cela. Il fait référence à l’équité et la transparence du
processus de prise de décision à travers des possibilités d’information et de participation des
acteurs locaux dans la construction du projet (Zoellner et al., 2008 ; Soland, 2013). La justice
procédurale s’étudie au travers de l’analyse de quatre niveaux d’implication des acteurs : la
réception de l’information, la consultation, la coopération et le contrôle des citoyens. Plus le
niveau d’implication est élevé, plus la responsabilité est assumée par les participants et plus la
contribution active des citoyens au processus est importante. Bien souvent, il est nécessaire de
faire appel à un acteur intermédiaire territorial pour favoriser l’implication des acteurs et
l’acceptabilité sociale. Dans le cadre de la méthanisation, les collectivités territoriales semblent
jouer ce rôle (Bourdin et al., 2019a ; Bourdin et Nadou, 2020).
Dans leurs études sur la gouvernance territoriale de projets à vocation énergétique, André Torre
(2010) ou encore Gavin Bridge (2018) soulignent que l’objectif de l’intégration du citoyen au
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processus de planification des projets ne doit pas être d’éviter les conflits et les controverses.
Ces phénomènes sont plutôt l’expression d’un processus de négociation politique démocratique
vital qui remet constamment en question les structures des systèmes énergétiques et contrôle
les processus décisionnels sous-jacents. Ainsi, le rôle des initiatives citoyennes et du débat
public dans les processus de planification sont déterminants. Philippe Subra (2003) nous
explique quant à lui que le débat public ne relève pas d’un processus de codécision, mais bien
d’un objectif d’extension et d’amélioration de la concertation. De ce point de vue, il est supposé
que les projets qui contiennent une forte dimension d’implication des parties prenantes et qui
permettent ainsi l’écoute et la participation des résidents locaux génèrent une approbation plus
importante. En effet, si le projet est démocratiquement légitimé, il est admis qu’il ne connaîtra
pas d’opposition et que, par conséquent, il y aura ce que nous appelons une « compatibilité
sociale ». A l’inverse, à proximité d’installations initiées par des porteurs de projets
n’organisant pas de participation citoyenne, on s’attend à une moindre compatibilité sociale des
projets pouvant entraîner des problèmes d’acceptabilité sociale.
Une autre explication des oppositions locales réside en la confiance dans les parties prenantes
des projets. Elle est étroitement liée aux concepts de justice procédurale car la confiance permet
la coopération et la participation, cette dernière aidant à créer des relations de confiance.
Benjamin Walker et al. (2010) décrivent la confiance comme un concept qui se renforce de lui-
même et qui est à la fois une caractéristique nécessaire et un résultat potentiel des
comportements coopératifs. Bishnu Raj Upretia et Dan van der Horst (2004) décrivent la
méfiance comme un obstacle majeur à la promotion de l’énergie issue de la biomasse et
soulignent l’importance d’un dialogue ouvert pour instaurer la confiance dès le début du projet.
Dans le contexte des énergies renouvelables, un certain nombre d’études mettent en avant que
les citoyens recherchent la confiance dans la compétence et la neutralité des porteurs de projets,
des exploitants d’installations ou des autorités locales (Zoellner et al., 2008 ; Upham et
Shackley, 2007 ; Beuret, 2016). La littérature sur l’acceptabilité sociale des installations
d’énergie renouvelable indique que la confiance dans les propriétaires d’installations d’énergie
renouvelable augmente l’acceptabilité sociale des résidents locaux (Upreti et van der Horst,
2004 ; Devine-Wright, 2007 ; Zelem, 2012). Les grandes unités de méthanisation appartiennent
bien souvent à des investisseurs externes, à des sociétés énergétiques ou à des coopératives
agricoles, tandis que les unités de biogaz à la ferme relèvent d’initiatives individuelles
d’agriculteurs. Ainsi, un agriculteur propriétaire d’une installation de méthanisation fait partie
de la communauté et les voisins pourraient être plus ouverts à son entreprise qu’aux
investisseurs externes d’une grande unité de biogaz. Ceci est conforme à Charles R. Warren et
Malcolm McFadyen (2010) qui affirment que l’acceptabilité locale de la technologie des
énergies renouvelables est plus positive si elle est exploitée par la collectivité locale.
1.2.2. L’attachement au lieu et le manque de justice distributive comme explications des
oppositions locales
Dans les recherches sur l’acceptabilité sociale des énergies renouvelables, la dimension
géographique des injustices est déterminante. La théorie du lieu, en particulier l’attachement au
lieu, a souvent été utilisée pour comprendre les réactions des personnes au développement des
énergies vertes (Devine-Wright, 2009 et 2013 ; Sébastien, 2016 ; Perlaviciute et al., 2018).
Comme Patrick Devine-Wright (2013) l’explique, l’adéquation entre les perceptions de ce que
la technologie et le lieu représentent est un indicateur clé de l’acceptation du public. Les
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résidents de longue date ont souvent un attachement plus fort à leur territoire (Devine-Wright,
2012). Ces problèmes d’attachement au lieu sont accentués si une personne vit près du site de
développement et si elle n’est pas familière avec la technologie (Bidwell, 2013), ce qui est
probable dans le cas de la méthanisation.
Certains chercheurs ont attribué la réaction la plus forte aux projets d’énergie renouvelable à
des changements dans les paysages locaux et des craintes de perturbation visuelle qui en
résultent (Pasqueletti, 2011). Cependant, la façon dont un individu exprime une affinité pour
un lieu particulier est médiée par une relation plus complexe et plus profonde qu’une simple
appréciation esthétique d’un paysage. Cette relation a été expliquée par les concepts
d’attachement au lieu et d’identité de lieu (Devine-Wright, 2009). Il définit l’attachement au
lieu comme « [...] un lien affectif positif avec des lieux familiaux tels que la maison ou le
quartier, comportant des sous-dimensions sociales et physiques dont l’importance relative peut
varier et menant à l’action, tant au niveau individuel que collectif » (Devine-Wright, 2009, p.
427) et l’identité du lieu comme « la façon dont les attributs physiques et symboliques de
certains lieux contribuent au sentiment de soi ou d’identité d’un individu » (Devine-Wright,
2009, p. 428). Cela donne à penser que la réaction d’une personne à un projet proposé peut être
principalement une réaction d’ordre émotionnel de vouloir protéger le lieu où elle réside, parce
qu’elle pressent une perturbation des lieux pour lesquels elle a développé une affinité étroite.
Dans leur étude de cas d’une municipalité allemande accueillant une unité de méthanisation et
des éoliennes, Süsser et al. (2017) constatent que les significations individuelles et partagées
des individus concernant leur attachement au lieu faisaient partie des éléments importants qui
ont eu un impact significatif sur les processus d’adoption ou de rejet des énergies renouvelables
sur le territoire.
Au-delà des explications relatives à l’attachement au lieu, on retrouve également dans la
littérature la justice distributive. Elle fait référence à la répartition des coûts, des bénéfices et
des risques entre les parties concernées. Les coûts perçus et les avantages perçus sont supposés
faire l’objet d’un rapport coûts-avantages subjectif, qui détermine l’équité perçue du projet
(Soland et al., 2013). Dans le contexte de l’acceptabilité, la signification des coûts et des
avantages ne se limite pas aux résultats monétaires, mais comprend un large éventail de
facteurs. Dans le cas des installations de biogaz, les avantages perçus comprennent également
la création de valeur à l’échelle régionale (par exemple, la création d’emplois dans les régions
rurales), les avantages financiers individuels (par exemple, l’utilisation de la chaleur pour le
chauffage urbain local ou le chauffage de la piscine municipale), et la contribution des énergies
renouvelables à la protection du climat par rapport aux énergies fossiles (Upham et Shackley,
2007 ; Kortsch et al., 2015). Les coûts perçus font référence aux impacts locaux directs des
unités de méthanisation, à l’impact visuel de l’usine et des activités connexes ainsi qu’aux
autres coûts financiers pour les résidents locaux (par exemple, perte de valeur des maisons ou
propriétés voisines). En ce qui concerne les installations de biogaz, les émissions d’odeurs font
partie des principaux freins à l’acceptabilité locale (Soland et al., 2013 ; Capodaglio, 2016 ;
Schumacher et Schultmann, 2017). Ainsi, lorsque la justice distributive n’est pas pensée dans
la gouvernance territoriale, il en résulte l’émergence d’une opposition locale pouvant aboutir à
l’abandon d’un projet.
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2. Méthodologie
Notre analyse d’appuie sur une large étude menée dans le Grand-Ouest de la France
2
sur neuf
projets de méthanisation qui ont connu un succès ou qui ont été abandonnés au cours des quinze
dernières années (voir carte 1). Au total, 49 entretiens semi-directifs ont été réalisés entre juillet
2016 et février 2018 (voir tableau en annexe) auprès de plusieurs parties prenantes : 14 points
de contact territoriaux (chambre d’agriculture, ADEME, conseil régional) (A), 7 personnes
vivant à proximité de projets de méthanisation (B), 6 associations pour et contre la
méthanisation (C), 8 entreprises porteuses de projets (D), 7 élus politiques (E) et 7 agriculteurs
(F).
Carte 1. Les terrains d’étude
Image 1 voir en bas du document
Les entrevues semi-structurées nous ont permis de recueillir des idées approfondies tout en
donnant aux intervenants la liberté d’aborder des sujets qu’ils estimaient importants. Les
entretiens en face-à-face ont duré entre 45 minutes et deux heures, et les entrevues
téléphoniques (réalisées uniquement lorsque les visites sur place n’étaient pas possibles) ont
généralement duré entre 30 et 45 minutes. Notre guide d’entretien s’articulait autour de la
construction et la planification du projet, les freins et les leviers au développement de la
méthanisation, la perception du projet et son avenir. Nous souhaitions également capter les
dynamiques d’acceptabilité sociale. Malgré le fait que nous n’avons pas réalisé à proprement
parler une étude longitudinale sur les points de vue des parties prenantes, nous avons interrogé
les acteurs de sorte à pouvoir retracer l’évolution de la perception du/des projets qui les
concernait. Les entretiens semi-directifs ont été complétés par la participation à des réunions
publiques en tant qu’observateur.
L’analyse des données a été itérative, passant du codage initial à la détection des concepts
émergents et inversement. Cela s’est déroulé en trois phases. Tout d’abord, nous avons
interviewé des spécialistes dans l’accompagnement de la méthanisation tels que du personnel
de l’ADEME ou de chambres d’agriculture. Nous avons tenu un journal dans lequel il était noté
les impressions et les observations des entrevues, ainsi que des réflexions analytiques au regard
du fil conducteur théorique mobilisé et des thèmes émergents. Par exemple, la question de la
confiance que nous n’avions pas envisagé au début de notre étude est ressortie à de multiples
reprises. Dans la seconde phase, les notes de notre journal ont orienté le choix des entrevues et
des nouveaux terrains d’étude. Nous avons donc commencé à interroger les porteurs de projets.
À ce stade, les questions sont devenues plus étroites à mesure que nous cherchions à
comprendre quels étaient les facteurs déterminants de l’acceptabilité sociale des projets de
méthanisation. Durant la phase trois, nous nous sommes replongés dans la littérature pour en
apprendre davantage sur la coordination des acteurs et les questions de gouvernance territoriale.
En utilisant le logiciel NVivo, nous avons ensuite procédé à un codage ouvert pour identifier
les facteurs expliquant les problèmes d’acceptabilité et faire émerger des thèmes généraux.
2
la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire
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3. Expliquer les problèmes d’acceptabilité sociale, au-delà du
NIMBY
3.1. Les dynamiques de l’acceptabilité sociale
L’acceptabilité sociale doit être vue comme un processus dynamique (Fortin et Fournis, 2014)
au cours duquel les acteurs impliqués évaluent les conditions d’acceptation d’un projet sur leur
territoire. De fait, dans notre recherche, il semblait important de comprendre la nature
dynamique de la façon dont les parties prenantes comprennent et réagissent aux projets de
méthanisation. La mise en œuvre d’une unité de biogaz doit être vue comme un processus de
changement social s’inscrivant dans un projet de territoire. Il faut donc aller au-delà d’une
analyse des décisions relatives à l’emplacement de l’installation pour comprendre les
mécanismes inhérents aux dynamiques d’acceptabilité sociale. Il existe un processus cognitif
par lequel les personnes et les collectivités peuvent donner un sens à une proposition
d’implantation d’une unité de méthanisation. Il s’ajoute aux processus de conception du projet,
d’obtention du consentement et de participation du public, de construction et d’exploitation du
projet. Lorsque l’on s’attarde sur les projets de méthanisation qui sont aujourd’hui en
fonctionnement, notre étude suggère que l’acceptabilité de la communauté locale est moins
forte au stade de la proposition (en raison des craintes et des impacts négatifs perçus ou réels
tels que l’augmentation du trafic routier, les odeurs, la dépréciation immobilière) et augmente
ensuite après l’implantation (en raison du degré de connaissance et de la levée de craintes).
« C’était pas gagné, il a fallu que je retrousse mes manches pour expliquer le projet » (porteur de projet ; D4)
« On m’avait dit que ça risquait d’exploser, j’en voulais pas moi ! […] Après la visite de l’usine, ça m’a rassuré
finalement » (riverain ; B2)
Il semble ainsi que la connaissance sur les mécanismes de la méthanisation aide à surmonter
les craintes initiales, mais notre étude n’appuie pas l’idée qu’une communauté locale
deviendrait encline et aurait systématiquement une idée très positive une fois le projet de
méthanisation bien installé dans le paysage. D’ailleurs, pour l’un de nos terrains d’étude, étant
donné que l’installation était localisée dans une zone industrielle, les riverains ne se sont pas
rendu compte lors de la planification du projet qu’il y aurait une future unité de méthanisation
qui serait construite proche de chez eux. Lorsqu’ils l’ont découvert, la plupart se sont résignés
tandis qu’une partie a interpellé le maire quant au choix d’implanter le projet ici. La question
des odeurs était l’un des arguments principaux des citoyens mobilisés. Loin d’être infondé, cet
argument a obligé les porteurs de projets à proposer une solution pour atténuer les gênes
olfactives.
Lorsque l’on étudie de manière dynamique l’évolution de la perception et de l’engagement des
parties prenantes, il n’est pas rare de voir des positions d’acteurs-clés évoluer, si bien qu’elles
peuvent faire aboutir ou au contraire échouer le projet. Pour l’un de nos cas d’étude, on a même
assisté à un phénomène « Not in my electoral year » (NIMEY). En d’autres termes, le maire de
la commune qui a été pendant très longtemps un soutien important pour le développement du
projet s’est ravisé en prenant finalement en compte l’hostilité de l’opinion publique locale à
l’égard de l’unité de méthanisation proposée.
Au total, la prise en compte de la dynamique d’acceptabilité met en lumière un certain nombre
de questions clés. Premièrement, il suggère que l’explication du procédé de méthanisation et de
ses implications joue un rôle dans l’élaboration des réponses individuelles voire
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communautaires aux projets. Il attire également l’attention sur le fait que l’opinion publique à
l’égard de la méthanisation continuera de changer, stimulée non seulement par l’expérience
directe des habitants, mais aussi par les forces sociales et politiques plus larges et les impacts
cumulatifs des projets mis en œuvre.
3.2. La participation du public au processus de planification comme levier
L’analyse des entretiens auprès des riverains met très souvent en lumière leur frustration à
l’égard de leur participation à des décisions qu’ils auraient voulu plus « consensuelles ». Dans
les projets analysés n’ayant pas abouti, on soulève une double incompréhension. D’une part,
les porteurs de projets ne comprennent pas toujours l’utilité d’organiser des réunions publiques
si ce n’est que pour satisfaire à la procédure administrative d’autorisation d’une installation
classée pour la protection de l’environnement (ICPE). Ils se contentent bien souvent de ces
moments pour descendre de l’information et laissent peu de place au débat public et à la
controverse. Or, comme plusieurs l’auteurs l’ont déjà souligné (Torre, 2010 ; Bridge et al.,
2018), ces moments d’échanges et de négociations sont vitaux dans le débat démocratique
locale et une clé de succès de l’acceptabilité sociale. D’autre part, les habitants ne comprennent
pas pourquoi ils ne sont pas impliqués davantage dans la planification du projet, voire
découvrent que des réunions publiques ont été organisées.
« je serai bien venu mais visiblement j’ai pas été convié ! Pourtant, il me semble que je suis concerné, j’habite
dans cette ville non ? » (Riverain ; B1)
L’insatisfaction à l’égard des processus décisionnels peut être la principale raison d’opposition
à un projet de méthanisation, tandis que nous soulignons l’intérêt de la participation du public
lorsque celle-ci est considérée comme juste et transparente. De plus, il n’est pas rare dans nos
terrains d’étude de retrouver un problème quant au timing du processus de participation, qui
arrive souvent bien trop tard. En conséquence, la communauté locale découvre le projet une
fois que celui-ci a reçu toutes les autorisations administratives et que la construction peut
commencer.
L’analyse de nos entretiens montre que l’efficacité des processus participatifs joue également
un rôle clé dans l’établissement de relations de confiance. Pour autant, les porteurs de projets
sont rarement des professionnels de l’organisation de la gouvernance territoriale et n’ont pas
nécessairement une connaissance fine des (jeux d’) acteurs présents sur le territoire. Plusieurs
porteurs interrogés reconnaissent qu’un engagement citoyen plus efficace peut être assuré par
le recours à des acteurs intermédiaires, notamment via les collectivités territoriales. Il n’est donc
pas surprenant que l’élu local joue un rôle central pour rassurer les citoyens, faire le lien entre
les porteurs de projets, les habitants et les éventuels partenaires de l’unité de méthanisation,
créer de la confiance entre les parties prenantes. Cependant, nous verrons plus loin que, pour
certains, les représentants du pouvoir politique ne sont pas toujours perçus comme neutres et
facilitateurs du projet.
La participation du public est donc un principe central dans la gouvernance territoriale des
projets de développement d’énergies renouvelables. Elle s’appuie sur l’idée normative selon
laquelle les membres du public devraient être associés aux décisions qui déterminent les lieux
dans lesquels ils vivent. Cependant, comme notre analyse des entretiens et des réunions
publiques le montre, cette idée d’une simplicité trompeuse se heurte à une multitude de défis
pour les décideurs politiques et les porteurs de projets dans la justification et la conception des
processus participatifs. Les organismes gouvernementaux et les promoteurs ont eu tendance à
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se concentrer sur les difficultés opérationnelles plutôt que sur les questions plus profondes liées
à la portée et au but de la participation. Aussi, nous remettons en question l’idée reçue selon
laquelle l’objectif de la participation en matière de projets territoriaux d’énergies renouvelables
est de susciter un consensus, que nous considérons comme irréaliste et irréalisable. Ainsi, à
l’instar de Mouat et al., (2013) nous suggérons plutôt de considérer cela comme une pratique
agnostique car elle est rarement à la hauteur de ses aspirations normatives et ne répond que très
rarement aux attentes des personnes concernées, créant alors de la frustration.
« Mes agriculteurs espèrent convaincre du bien-fondé de leur projet. Même si sur le papier il parait recevable,
cela ne veut pas dire que les résidents à proximité vont dire OK Banco on y va. […] De par mon expérience, je
peux vous dire qu’on attend trop de ces réunions. Une personne qui arrive en croyant qu’elle va faire bouger les
lignes en un claquement doigts, c’est délirant. » (un chargé de mission méthanisation à la Chambre
départementale d’agriculture ; A4)
« Les gens repartent frustrés, et forcément, ça n’engage rien de bon pour la suite du projet. » (Un ingénieur
ADEME ; A9)
Pourtant, dans nos différents terrains d’étude, nous avons recensé une grande diversité de
méthodes utilisées pour interagir avec les communautés locales, y compris celles liées à la
sensibilisation (bulletins d’information, expositions), à la consultation (réunions, enquêtes) et à
une certaine autonomisation communautaire (création d’une organisation énergétique locale),
avec quelques innovations, en particulier dans l’utilisation des réseaux sociaux et des méthodes
de planification électronique avec des sites en ligne interactifs. Malgré tout, nous avons
remarqué qu’il s’agissait de méthodes de sensibilisation ou de consultation à sens unique, qui
tendent à limiter la capacité du public à s’engager plus efficacement et à façonner des
propositions de développement alternatives dans le cadre d’une « résistance éclairée »
(Sébastien 2013 ; 2018).
« Il n’en n’est rien sorti, rien du tout. J’avais l’impression d’être invité à écouter une inconnue qui nous
présentait un beau projet mais qui était sourde. A quoi bon nous faire venir si on ne peut pas dire les choses. »
(Riverain ; B5)
« Pour qu’il y ait un débat, encore aurait-il fallu qu’on nous donne la parole, qu’on nous entende ! […] En fait
les mecs ils décident de tout en catimini, et nous on est là, juste pour faire beau ? » (Riverain ; B7)
Une autre difficulté identifiée pouvant entraîner une certaine méfiance à l’égard du rôle de la
participation, en particulier dans les débats publics locaux est une approche qui a déjà été
identifiée dans la littérature, à savoir la politique du « annoncer et défendre » (Pepermans et
Loots, 2013). Elle remet en question la capacité des individus et des communautés à influencer
efficacement les décisions politiques et de développement, même lorsqu’ils ont la possibilité
de participer. Ces difficultés rencontrées dans l’approche participative sont exacerbées par des
processus qui sont imprégnés d’une distribution complexe du pouvoir en faveur du
développement du projet, avec un accent qui est mis sur le savoir « expert » plutôt que
« profane » (c’est-à-dire les rationalités « calculatoires » plutôt que « communicationnelles »).
Souvent, les opposants ont l’impression que l’État et ses organismes de réglementation mais
aussi les élus locaux ne sont pas des facilitateurs neutres dans la prise de décisions
consensuelles, ce qui peut accroître la méfiance et le scepticisme à l’égard de l’équilibre et de
la répartition des coûts et des avantages découlant du développement des projets de
méthanisation.
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« On nous a demandé de plancher sur le projet. Ils nous l’ont présenté mais le souci c’est qu’ils ont fait que
jargonner. […] Ah on en a bouffé du juridique ! à croire qu’ils ne voulaient pas faire d’efforts pour que l’on
comprenne. Le problème, vous connaissez l’expression ? quand c’est flou, il y a un loup ! » (Riverain ; B6)
La justice distributive et procédurale sont alors toutes deux remises en cause dans le processus
de gouvernance territoriale. Ces difficultés reflètent la tension entre, d’une part, le maintien et
le renforcement de la base démocratique du processus de planification et, d’autre part,
l’optimisation de l’efficacité du processus réglementaire, en particulier dans un secteur aussi
important que l’énergie, et plus spécifiquement pour la méthanisation où les unités de biogaz
sont considérées comme des ICPE. Or, l’accélération du processus décisionnel et la volonté de
vouloir supprimer à tout prix les conflits peuvent engendrer du ressentiment et miner la
légitimité à long terme du secteur émergent du biogaz.
3.3. Mon territoire, j’y tiens ! La prise en compte de l’attachement
au lieu
Nos données qualitatives indiquent que l’attachement à un lieu éclaire les postures des parties
prenantes face au développement des projets. La plupart de nos terrains d’étude sont localisés
à la campagne. Or, les communautés rurales ont connu des changements sociaux qui ont apporté
un certain nombre de défis concernant les modes de vie des résidents (Jean et al., 2018). Parmi
les personnes interrogées, certaines considèrent que leurs collectivités sont menacées en raison
de la diminution des possibilités d’emploi, du coût élevé de la vie, de la fermeture d’entreprises
locales (menaces à l’attachement fonctionnel) et des changements démographiques connexes
(menaces concernant les liens sociaux). Les projets de méthanisation sont alors perçus comme
une menace supplémentaire (liées aux externalités négatives que cela peut engendrer)
concernant leur lieu de vie. A l’inverse, d’autres voient ces projets comme une opportunité,
notamment en termes de développement économique pour le territoire. Un argument souvent
utilisé concerne justement le potentiel de maintien d’activités en milieu rural, en particulier
liées à l’agriculture. Lors d’une réunion publique, le maire d’une commune faisait témoigner
un agriculteur pour justifier l’intérêt d’un projet de méthanisation afin de soutenir et maintenir
l’activité du monde agricole sur la commune :
« La méthanisation c’est une vraie chance. Vous savez quand vous travaillez dans le blé et que le cours fait un
coup ci, un coup ça [dessine du doigt des courbes], vous ne savez pas ce que vous allez avoir dans votre assiette
à la fin du mois. Au moins, avec le biogaz, j’ai un revenu stable avec Engie qui me rachète mon électricité. »
(agriculteur ; F4)
Dans ce cas, bien que certaines personnes interrogées aient souligné le désir de développer les
énergies renouvelables d’un point de vue environnemental, en fin de compte, la décision de
s’engager en faveur du projet de méthanisation était basée sur son potentiel à fournir un flux de
revenus à long terme relativement stable, qui pourrait à son tour être utilisé pour créer de
nouvelles opportunités, en particulier pour le monde agricole. Toutefois, dans ce projet, l’appui
aux projets n’était pas unanime, et les opposants s’appuyaient aussi souvent sur des facteurs
liés au milieu pour expliquer leur opposition. L’attachement au lieu a déterminé les perceptions
de l’intégration du projet dans le paysage et des éventuels problèmes d’odeurs ou
d’augmentation du trafic ; et les perceptions de cet attachement étaient souvent plus importantes
que l’impact environnemental « réel ». Par ailleurs, dans l’un de nos terrains, l’association anti-
méthanisation était essentiellement composée de néo-ruraux. Ces derniers revendiquaient un
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attachement au lieu (bien que plus récent), et défendaient en particulier leur relation
émotionnelle qu’ils avaient avec « la campagne ».
« Je ne suis pas venu ici pour ces odeurs nauséabondes. » […] « en plus, il parait qu’il va y avoir plein de
camions qui vont passer devant chez nous pour apporter la matière première » (riverain ; B2)
Il est ressorti clairement de nos entretiens que les opposants locaux à la méthanisation
ressentaient un fort attachement à un paysage, qu’ils considéraient comme « naturel ». En
conséquence, s’il est modifié, l’attachement émotionnel au territoire peut engendrer une
opposition car l’unité est vue comme une menace de l’identité du lieu. Dans certains cas, alors
qu’il existait une association de riverains contre le projet – dont les revendications faisaient
référence aux changements préjudiciables perçus vis-à-vis du lieu –, on s’aperçoit qu’une vraie
réflexion lors de la démarche participative avec la possibilité de proposer le développement de
visions alternatives pour l’avenir étaient d’importants facteurs de succès des projets in fine.
Comme ces visions alternatives ont été élaborées par des membres de la communauté plutôt
que par des personnes venant de l’extérieur du territoire, l’action locale n’était pas tant un acte
de résistance qu’un moyen de construire un avenir alternatif.
Conclusion et discussion
Notre étude visait à analyser quels étaient les principaux motifs de la plus ou moins grande
acceptabilité sociale des énergies renouvelables. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur le
cas du déploiement de la méthanisation sur le territoire du Grand-Ouest français. Bien que ces
travaux appuient largement les questions soulevées par les chercheurs dans le cadre d’études
antérieures, la principale contribution ici est la compréhension de l’opposition locale, de la
résistance et du soutien potentiel dans le cadre de la méthanisation mais aussi la discussion
critique des théories mobilisées au regard de ce que nous avons rencontré dans les différents
terrains. En menant une étude approfondie des ressorts de l’acceptabilité sociale, nous avons
identifié quels étaient les principaux freins aux oppositions locales qui, s’ils étaient considérés
de manière systématique dans les projets, permettraient de faciliter l’implantation de nouveaux
projets.
Nos résultats suggèrent que le NIMBYisme n’est pas le principal facteur explicatif des
difficultés d’acceptabilité sociale dans les projets relatifs aux énergies renouvelables. Ce
principe n’explique que très rarement le comportement des riverains (opposition et soutien)
face aux unités de méthanisation. L’opposition aux grandes installations de biogaz ne reflète
pas nécessairement un phénomène NIMBY, c’est-à-dire un comportement égoïste visant à
protéger son « chez soi ». De même, le soutien de la population locale aux installations de
biogaz n’est pas expliqué non plus par l’effet PIMBY, c’est-à-dire qu’il ne découle pas d’un
pur altruisme.
D’autres paramètres bien plus importants entrent en jeu. Par exemple, les unités de
méthanisation sont plus facilement acceptées lorsqu’elles s’accompagnent d’une politique
globale de gouvernance territoriale basée sur la création de la confiance, une intégration
systématique de toutes les parties prenantes, y compris celles qui pourraient y être opposées.
Une gestion axée sur les relations à un stade précoce du projet augmente considérablement
l’acceptabilité sociale. Cela doit impliquer le plus haut niveau d’engagement du public dès les
prémices du projet et un échange bidirectionnel d’informations peut transformer les opinions
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des deux parties. Pour surmonter les résistances, la confiance doit être établie grâce à une
communication transparente.
De plus, nous montrons que l’interaction entre politique, parties prenantes et acceptation du
public ne doit pas être ignorée. Le changement de comportement n’étant pas rare, il faut prêter
beaucoup d’attention aussi bien aux intérêts singuliers des acteurs et leur évolution, qu’à
l’intérêt général de la communauté locale qui peut également évoluer dans la mise en œuvre de
la gouvernance territoriale. Il faut noter que les centres d’intérêt et les objectifs au sein même
des catégories d’acteurs peuvent diverger. Ces différences devraient être prises en compte afin
de permettre une communication multilatérale mutuellement bénéfique et un transfert de
connaissances entre les parties concernées. C’est pour cette raison que Chia et al. (2008)
appelaient à un plaidoyer pour une « technologie » de la gouvernance territoriale qui est par
nature complexe et qui nécessite des instruments et des dispositifs adaptés aux spécificités
locales.
Par ailleurs, étant donné les réactions mitigées du public (et, dans certains cas, des parties
prenantes) à la méthanisation, les décideurs doivent se demander si le public réagira
positivement aux gains incertains (voire pour certains marginaux) découlant du développement
de cette énergie renouvelable. Aussi, on retrouve ici un problème de justice distributive. En
effet, pour les différents cas d’étude, les bénéfices locaux pour la communauté locale restent
minimes et sont confinés à un nombre restreint d’acteurs économiques. Pour favoriser
l’acceptabilité sociale des projets et éviter toute objection aux projets, il parait indispensable
d’assurer une « équité locale », c’est-à-dire une situation où toutes les parties prenantes d’un
projet de développement territorial sont d’accord pour compenser les externalités identifiées
collectivement comme injustes. Lors de nos études de terrain, nous avons assisté à des réunions
publiques où l’on a retrouvé l’idée de « résistance éclairée » développée par Sebastien (2013 et
2018). Parmi les propositions évoquées pour assurer une « équité locale » on retrouve par
exemple (i) une réduction des taxes locales liée à l’augmentation des recettes fiscales des
autorités municipales, (ii) une réduction du coût d’achat de l’électricité pour les citoyens, (iii)
des dédommagements pour les propriétaires de maisons à proximité de l’installation, (iv) la
propriété partielle ou totale d’un projet par des citoyens, (v) un renforcement de la loi pour
éviter que ces installations écologiques soient trop proches des logements. En même temps, ces
avantages financiers ne doivent pas être utilisés pour atténuer les externalités négatives générées
par les usines de biogaz. Ces questions doivent être discutées indépendamment des avantages
financiers. Les enjeux autour du déploiement des projets de méthanisation sont donc complexes
et nécessitent en conséquence des réponses locales adaptées à chaque territoire.
Article accepté dans la revue L’espace politique
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Image 1 :
Annexe : Tableau. Liste des interviewés
Ref.
Structure
Position
Sexe
Date de
l’interview
Ref.
Structure
Position
Sexe
Date de
l’interview
Article accepté dans la revue L’espace politique
A1
Chambre régionale
d’agriculture
Chef de
département
M
12/05/2017
C1
Association contre
la méthanisation
President
M
03/02/2019
A2
Chambre régionale
d’agriculture
Directeur
M
10/25/2018
C2
Association contre
la méthanisation
President
M
09/12/2017
A3
Chambre régionale
d’agriculture
Chef de projet
F
02/21/2017
C3
Association contre
la méthanisation
Membre actif
M
11/19/2017
A4
Chambre
départementale
d’agriculture
Chef de projet
F
12/10/2017
C4
Association contre
la méthanisation
President
F
12/11/2017
A5
Chambre
départementale
d’agriculture
Chef de projet
F
10/11/2017
C5
Association
soutenant la
méthanisation
President
M
09/08/2017
A6
Syndicat Mixte de
Traitement et de
Valorisation des
Déchets Ménagers
Chef de projet
M
10/08/2018
C6
Association
soutenant la
méthanisation
Vice
President
F
09/12/2017
A7
ADEME
Chef de projet
M
01/15/2018
D1
Entreprise
agroindustrielle
Directeur
M
09/15/2017
A8
ADEME
Ingénieur
M
06/25/2018
D2
Entreprise
agroalimentaire
Directeur
M
05/19/2018
A9
ADEME
Directeur
régional
M
05/02/2017
D3
Entreprise énergies
renouvelables
Directeur
adjoint
M
09/17/2018
A10
Conseil Régional de
Normandie
Chef de projet
M
08/06/2017
D4
Entreprise énergies
renouvelables
Directeur
M
03/14/2017
A11
Conseil Régional de
Normandie
Chef de service
F
09/09/2018
D5
Banque
Responsible
de service
F
11/12/2018
A12
Conseil Régional de
Bretagne
Chef de projet
F
04/03/2018
D6
Bureau d’études
Co-fondateur
M
05/03/2017
A13
Conseil Régional
Pays de la Loire
Chef de projet
M
01/09/2019
D7
Entreprise de
biogaz
Responsible
de secteur
M
07/09/2017
A14
Conseil Régional
Pays de la Loire
Chef de service
M
11/12/2017
D8
Entreprise de
biogaz
Chef de
service
M
05/12/2017
B1
Citoyen
Ouvrier
M
08/19/2017
E1
Commune
Maire
M
10/09/2018
B2
Citoyen
Ouvrier
M
08/14/2018
E2
Commune
Maire
M
05/20/2017
B3
Citoyen
Ouvrier
F
11/13/2017
E3
Communauté de
communes
President
M
12/20/2018
B4
Citoyen
Docteur
M
12/08/2018
E4
Commune
Maire
M
09/04/2017
B5
Citoyen
Enseignant
F
03/01/2017
E5
Commune
Maire
M
03/09/2018
B6
Citoyen
Cadre
M
03/03/2017
E6
Assemblée
nationale
Député
F
08/02/2017
B7
Citoyen
Sans activité
M
03/03/2017
E7
Conseil régional
Vice-
président
M
02/12/2017
F1
Ferme
Agriculteur
M
02/14/2018
F2
Ferme
Agriculteur
M
05/02/2017
F3
Ferme
Agriculteur
M
05/15/2018
F4
Ferme
Agriculteur
F
07/12/2017
F5
Ferme
Agriculteur
M
06/16/2017
F6
Ferme
Agriculteur
M
05/13/2017
F7
CUMA
President
M
09/18/2017