BookPDF Available

La raison d'être de l'entreprise

Authors:
10,5 x 14,8 cm | 64 pages
ISBN (LIVRE) : 978-2-84516-916-6
ISBN (EPUB) : 978-2-84516-918-0
Prix TTC: 4,50 € (LIVRE), 3 € (EPUB)
RELATIONS PRESSE
Benjamin Ducher
(+33)4 73 34 68 11
benjamin.ducher@uca.fr
DIFFUSION & DISTRIBUTION
FMSH DIFFUSION (CID)
18-20 rue Robert-Schuman, CS 90003
94220 Charenton-le-Pont
(+33)1 53 48 56 30
CID@msh-paris.fr
Bertrand Valiorgue est Professeur de stratégie et gouvernance
des entreprises à l’Université Clermont Auvergne. Il a co-dirigé
de 2012 à 2019 la Chaire Alter-Gouvernance consacrée à la
stratégie et aux pratiques de gouvernance des coopératives
agricoles et bancaires. Ses travaux portent sur la gouvernance et
la responsabilité sociale des entreprises auxquelles il a consacré
de nombreux articles et chapitres d’ouvrages.
www.bertrand-valiorgue.com
LAUTEUR
Au cœur de notre quotidien, l’entreprise est à l’origine de nombreux
déséquilibres sociaux et environnementaux interrogeant sa contribution à
la vie de la Cité. Comment l’entreprise doit-elle fonctionner? Cet ouvrage
fait le point sur les origines du malaise qui ont conduit le législateur à revoir
en profondeur la raison d’être de l’entreprise par des modications du Code
civil et du droit des sociétés.
Il évalue aussi les dés pratiques posés par ces évolutions juridiques pour
dessiner en creux une nouvelle entreprise au service du progrès social et
environnemental.
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE
— En librairie (en rayon ou sur commande) ;
— Auprès de notre diuseur : FMSH Diusion (CID) (voir coordonnées ci-contre) ;
— Sur Le Comptoir des Presses d’universités (www.lcdpu.fr) et les principaux sites
de vente de livres en ligne.
Où se procurer nos ouvrages?
pubp.univ-bpclermont.fr
SITE INTERNET
PARUTION | 12 MARS 2020
THÈMES-CLÉS
entreprise • fonctionnement •
gouvernance • stratégie • Code civil •
loi PACTE • progrès social • environnement
par Bertrand Valiorgue
Loi PACTE : les contours de l’entreprise de demain.
La raison d’être, un outil pour (re)dénir le projet stratégique de
l’entreprise
Quels risques d’instrumentalisation et de dérives ?
COLLECTION
LopportunE
Chaque année les entreprises se révèlent être en capacité de fournir des biens
et services toujours plus performants, de payer des salaires et de dégager
en même temps des dividendes pour des millions d’épargnants-actionnaires.
Ces performances économiques et technologiques des entreprises ne doivent
cependant pas masquer une réalité politique qui devient chaque jour plus évidente:
la dynamique de progrès social et environnemental est en panne.
Suivez notre actualité sur et !
AVIS DE PARUTION
LA RAISON D’ÊTRE DE L’ENTREPRISE
Sommaire
Introduction : Prospérité économique,
panne du progrès social
et environnemental 5
1. Pourquoi la raison d’être
et pourquoi maintenant ? 13
2. Gouverner la nouvelle entreprise 29
Conclusion : Dernière ruse
ou dernière chance ? 55
Bibliographie sélective 59
Webographie 63
La_raison_etre_entreprise.indd 3 03/02/2020 11:59
5
Introduction :
Prospérité économique,
panne du progrès social
et environnemental
Les entreprises occupent une place essentielle dans nos vies quo-
tidiennes. Elles fournissent l’ensemble des aliments nécessaires
à la physiologie humaine depuis la production des matières
premières agricoles jusqu’à la distribution de la nourriture. Elles
assurent notre mobilité à travers la fabrication d’infrastruc-
tures et supports de déplacement. Elles nous habillent, nous
soignent et fournissent l’énergie dont chacun d’entre nous a
besoin pour mener à bien ses occupations. Elles sont égale-
ment à l’origine de nombreux biens culturels qui déterminent
notre manière de penser et d’être au monde. Chaque jour, les
entreprises innovent et eectuent des prouesses pour mettre
sur les marchés une multitude de biens et de services qui
permettent aux individus de satisfaire leurs besoins (des plus
fondamentaux et urgents jusqu’aux plus triviaux et futiles).
Elles eectuent ces mises sur le marché avec des niveaux de
performance élevés qui autorisent simultanément le verse-
ment annuel de milliards d’euros de dividendes à des millions
d’actionnaires qui préparent ou vivent une paisible retraite.
Si l’on s’en tient à l’observation d’indicateurs traditionnels,
La_raison_etre_entreprise.indd 5 03/02/2020 11:59
6
Bertrand Valiorgue
le bilan de santé des entreprises françaises n’est pas mauvais.
En 2019, les quarante plus grandes entreprises françaises
ont versé la somme record de 49 milliards d’euros à leurs
actionnaires. Ce montant est supérieur à celui de 2008 qui
constitue le précédent record avec un montant de 43 milliards.
Ces résultats amènent certains analystes à saluer un état de
prospérité économique retrouvé. Un certain regard optimiste
pourrait ainsi conduire à une appréciation positive du système
économique par rapport à son état de fonctionnement actuel.
Un coup d’œil rapide sur les conditions de production et de
distribution de la valeur économique générée par les grandes
entreprises permet toutefois de considérablement nuancer ces
niveaux de performance.
1.
Le montant des dividendes versés chaque année aux
actionnaires ne représente qu’une partie des résultats
économiques réalisée par les grandes entreprises. Une part
signicative des prots réalisés est utilisée pour eectuer
des rachats d’actions et faire augmenter les cours de bourse
des entreprises concernées. Ces opérations boursières
servent les intérêts des investisseurs et des dirigeants. Les
premiers voient la valeur de leurs portefeuilles boursiers
croître et les seconds leurs rémunérations s’envoler. Ces
rachats d’action détruisent une valeur économique qui
n’est pas redistribuée en salaires ou en projets d’investis-
sements susceptibles de préparer l’avenir des entreprises
et de durablement soutenir l’activité économique. Pour
l’économiste William Lazonick ces pratiques de rachat
La_raison_etre_entreprise.indd 6 03/02/2020 11:59
la raison dêtre de lentreprise
7
d’action de dividendes sont directement à l’origine d’un
essouement de l’économie et d’une faiblesse des dyna-
miques d’innovation.
2.
La fraction des résultats économiques versés sous formes de
dividendes ne bénécie qu’à une partie des salariés et des
ménages qui sont capables de constituer une épargne. Les
outsiders qui sont des salariés travaillant chez des sous-trai-
tants des grandes entreprises, dans des PME ou tout
simplement des salariés ubérisés, ne perçoivent aucune
part des bénéces que leur travail permet toutefois de
créer. C’est ainsi que toute une économie précarisée et
périphérique s’est mise en place an d’extraire une valeur
économique dont une partie (croissante) des salariés est
tout simplement exclue. Ce salariat a plusieurs vitesses
contribue à créer des inégalités économiques durables qui
fragilisent le tissu social et alimentent des contestations de
plus en plus fortes et visibles.
3.
Si les grandes entreprises dégagent d’importants bénéces
pour rémunérer les épargnants et maintenir des cours
d’action élevés, c’est aussi grâce aux pressions qu’elles
exercent sur leurs partenaires économiques de taille plus
modeste. Les grandes entreprises dégagent des bénéces
importants car elles ont acquis des positions dominantes
et un pouvoir économique1 sans précédent qui leur per-
met d’imposer des prix, des volumes et des qualités à des
1 Voir les travaux de Jean-Philippe Robé.
La_raison_etre_entreprise.indd 7 03/02/2020 11:59
8
Bertrand Valiorgue
partenaires économiques qui sont délibérément maintenus
dans un état de vassalisation.
4.
L’empreinte environnementale des entreprises et les consé-
quences de leurs activités sur l’environnement naturel
constituent une réalité prégnante. La multiplication des
externalités et des coûts laissés à la charge de l’environ-
nement sont si importants que les spécialistes du système
Terre Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz parlent
aujourd’hui d’une nouvelle ère géologique – l’anthropo-
cène – pour désigner l’impact considérable et négatif de
l’activité des entreprises sur la nature et le vivant. Dans
de nombreux secteurs d’activité, les entreprises vivent au
crédit de l’environnement et sont directement à l’origine
de dommages dont elles n’intègrent pas les coûts dans
leurs processus de décision et de production2. Le compte
de résultat environnemental de l’entreprise Kering fait
ressortir un coût environnemental qui s’élève à plus de
500 millions d’euros chaque année et qui correspond à
la somme des externalités négatives générées par l’activité
de cette entreprise (pollution de l’air, utilisation de terre,
déchets, pollution de l’eau…). Comme d’autres entre-
prises moins transparentes sur le sujet, une grande partie
des bénéces réalisés par Kering se fait au détriment de
l’environnement.
Si elles sont souvent appréhendées comme de simples acteurs
économiques, enchâssées dans des marchés au sein desquels
2 Trucost., Natural capital at risk […] (voir sitographie).
La_raison_etre_entreprise.indd 8 03/02/2020 11:59
la raison dêtre de lentreprise
9
elles espèrent prospérer, les entreprises, et en particulier les
grandes entreprises, constituent des acteurs au centre de nos
sociétés contemporaines. Elles ont une multitude d’impacts
sur notre quotidien et déterminent notre futur. Si l’on s’en
tient aux indicateurs économiques traditionnels, la situation est
appréciable. Chaque année les entreprises se révèlent être en
capacité de fournir des biens et services toujours plus perfor-
mants, de payer des salaires et de dégager en même temps des
dividendes pour des millions d’épargnants-actionnaires. Ces
performances économiques et technologiques des entreprises
ne doivent cependant pas masquer une réalité politique qui
devient chaque jour plus évidente : la dynamique de progrès
social et environnemental est en panne.
C’est dans ce contexte particulier que le législateur français
a souhaité interroger la place et la contribution de l’entre-
prise à la vie de la cité. Ce travail législatif s’est traduit par
l’adoption d’une loi – la loi PACTE3 – qui contient plusieurs
dispositions susceptibles d’amener les entreprises à développer
une croissance inclusive et de mieux prendre en charge les
conséquences de leurs activités au niveau de l’environnement
et de leurs parties prenantes. Ces changements législatifs sont
décrits par les protagonistes comme une fusée à trois étages.
Le premier étage consiste à revenir sur un des articles du
Code civil (article 1833) an de repréciser la nature d’une
3 La loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des
entreprises) a été adoptée le 11 avril 2019 et validée par le Conseil
constitutionnel le 16 mai 2019.
La_raison_etre_entreprise.indd 9 03/02/2020 11:59
10
Bertrand Valiorgue
entreprise et de stipuler noir sur blanc que si une entreprise a
bien vocation à réaliser des prots, cela doit se faire en « prenant
en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son
activité ». Cette modication du Code civil ne supprime pas
La loi PACTE
La loi PACTE est une loi qui comporte de nombreux changements
législatifs afin de renforcer la compétitivité des entreprises française
et de repenser leurs contributions à la vie de la cité. La loi a fait
l’objet d’un important dispositif de consultation avant sa rédaction
afin de faire émerger des thématiques et de dégager un consen-
sus sur les mesures clés. Elle comporte des éléments polémiques
comme la privatisation partielle d’Aéroport de Paris. La loi PACTE
a porté des réformes inédites sur la place de l’entreprise dans
la société et sa contribution au progrès social et environmental.
Au-delà des modifications du Code civil et du Code de commerce,
elle a également conduit à renforcer la participation des salariés
dans la gouvernance des entreprises. Elle permet également le
développement de nouvelles logiques de gouvernance à travers
la promotion des fondations actionnaires. Domaine sur lequel, la
France accuse un retard notable par rapport à d’autres pays euro-
péens. Si certaines dispositions de la loi PACTE ont fait l’objet de
critiques et commentaires, elle a été dans l’ensemble positivement
reçue par le monde syndical aussi bien du côté des salariés que
des dirigeants.
La_raison_etre_entreprise.indd 10 03/02/2020 11:59
la raison dêtre de lentreprise
11
l’essence même d’une entreprise mais précise que la génération
d’un prot doit se faire dans certaines conditions qui visent
à mieux prendre en considération les conséquences négatives
de son activité sur l’environnement et les parties prenantes.
Le deuxième étage, qui se situe toujours au niveau du Code
civil (article 1835), donne la possibilité aux entreprises qui le
souhaitent d’inscrire une raison d’être dans leurs statuts. Cette
raison d’être est constituée des « principes dont l’entreprise se
dote et pour le respect desquels elle entend aecter des moyens
dans la réalisation de son activité ». Cette raison d’être exprime
la contribution que l’entreprise attend développer par rapport
à son savoir-faire et aux aspirations profondes qui traversent la
société. Elle précise l’impact et les capacités de transformation
positives que l’entreprise souhaite développer pour le bénéce
du plus grand nombre. Le dernier étage de ce projet de redé-
nition de la place de l’entreprise se situe au niveau du Code de
commerce. Il donne aux dirigeants qui le souhaitent la possi-
bilité de devenir des « entreprises à mission ». Ces entreprises
inscrivent une raison d’être dans leurs statuts et précisent les
objectifs sociaux et/ou environnementaux qu’elles souhaitent
poursuivre dans le cadre de leurs activités commerciales. Les
organes de gouvernance de ces entreprises à mission doivent
également être adoptés et recongurés an de s’assurer que
l’entreprise alloue les ressources nécessaires et remplie les
objectifs sociaux et environnementaux qu’elle s’est xés4. Cet
4 Pour une présentation des enjeux et du mode de fonctionnement
des entreprises à mission voir les travaux de Blanche Sergrestin et
Kevin Levillain (2018).
La_raison_etre_entreprise.indd 11 03/02/2020 11:59
12
Bertrand Valiorgue
ensemble de mesures législatives vise à traiter de manière
directe et par diérentes voies complémentaires les limites,
voire les impasses, du système économique actuel caractérisé
par une performance économique qui se fait au détriment de
la prospérité sociale et du respect de l’environnement.
Notre objectif dans cet essai ne saurait être de juger et
d’évaluer les eets de ces transformations législatives sur la
dynamique du système économique dans son ensemble. Nous
souhaitons, plus modestement, nous interroger sur les origines
et les problèmes de fond dans le fonctionnement des grandes
entreprises qui ont poussé le législateur français à promouvoir
des changements législatifs substantiels an de pousser les
entreprises à mieux contribuer au progrès social et environ-
nemental (partie 1). Nous proposons également de dessiner les
contours de la nouvelle entreprise qui se dessinent à l’issue de
la loi PACTE en détaillant l’ensemble des changements qu’il
convient de mettre en place an de redénir la contribution
de l’entreprise à la vie de la cité et d’enclencher une nouvelle
dynamique de progrès social et environnemental (partie II).
Nous concluons en soulignant les risques d’instrumentalisation
de la notion de raison d’être en raison d’un travail législatif
qui demeure en grande partie inachevé.
La_raison_etre_entreprise.indd 12 03/02/2020 11:59
... À cet égard, le dernier baromètre IPSOS 2 sur les attentes des jeunes générations indique que 71 % des étudiants déclarent qu'ils seraient prêts à accepter un emploi plus précaire mais porteur de sens. Ces motivations font écho à l'évolution du rôle des entreprises dans la société et leur contribution positive (Valiorgue, 2020), notamment à travers la mise en place de politiques de Responsabilité sociétale des Entreprises (RSE). Dans ce sens, la loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) vise à renforcer leur engagement en matière de responsabilité sociétale (Gauthier et al., 2022) et contient plusieurs dispositions susceptibles d'amener les entreprises à mieux prendre en charge les conséquences de leurs activités. ...
... ». Jusqu'ici, la littérature s'est centrée principalement sur les effets positifs que peut avoir une raison d'être, en termes d'engagement organisationnel (Valiorgue, 2020) et de performance financière (Bartkus et al. 2006). utilisé dans le domaine du développement personnel, rencontre de plus en plus de succès dans l'entreprise (Raessi, 2021) en apportant des clés de compréhension visà-vis des attentes des salariés et de ses conséquences en termes de santé (Kotera et al., 2021). ...
... Bien que les travaux scientifiques sur le sujet se soient développés, elle souffre encore d'un déficit de conceptualisation et ne fait pas l'objet d'un consensus. Encore aujourd'hui, sa définition reste floue et non stabilisée (Valiorgue, 2020). Les sciences de gestion approchent ce concept de différentes façons. ...
Article
L’engagement concret et réel des entreprises en termes de responsabilité sociétale est de plus en plus plébiscité par les salariés. Dans ce sens, la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) vise à inciter les organisations à poursuivre leurs efforts en matière de responsabilité sociétale. Se doter d’une raison d’être est important pour montrer son engagement vis-à-vis de ces enjeux mais elle peut également constituer un formidable levier pour renforcer le sens au travail des collaborateurs. L’objet de cet article est d’analyser le contenu d’un échantillon de cent-quatre raisons d’être d’entreprises françaises. À l’aune du modèle de l’Ikigai, cette recherche propose un cadre pour aider à la formulation de la raison d’être autour de quatre éléments constitutifs de sens au travail chez les collaborateurs.
... It is defined as a sort of compass for business managers, especially for strategic decisions (Martin, 2020), but mainly as a new legal innovation that permits a new form of corporation's accountability to society (Levillain and Segrestin, 2019). Valiorgue (2020) identifies that an efficient raison d'être is something that is "the source of fundamental questions that concern the pillars of Nevertheless, the French definition of raison d'être is interesting in an unexplored context: institutional disruption. ...
... Sirius's case shows, therefore, that a discursive tool for reflexive normalisation work contributes to the institution's defence. Nevertheless, a raison d'être built as a strategic asset would be more impactful, as defined by Valiorgue (2020). A raison d'être that has governance and organisational implications could become the foundation of a discursive strategy intentionally built to protect the institution, especially in an outsider-driven institutional disruption. ...
... When the institution is under pressure, challenged or disrupted, a company that is part of it can use its raison d'être to defend itself. It confirms whatValiorgue (2020) argues about the necessity of a raison d'être as the source of corporate life in a new context. ...
Conference Paper
This research studies under what conditions writing an organisation's raison d'être can or not help resist institutional disruption. It bridges both literatures on institutional work and raison d'être. A single case study of a European airline trying to build its raison d'être under the pressure of climate change activists and the Covid-19 crisis shows that a raison d'être can be an asset for organisations that want to protect themselves from new institutional disruptions. However, writing a raison d'être is particularly difficult for legacy organisations, especially when they have unclear governance or are not used to working on topics far from operational realities. But under the right conditions (employees' involvement, CEO's support, strategic ambitions), a raison d'être can be helpful to build the first steps of an institutional work based on discourses.
... Cette loi américaine a autorisé et généralisé le placement massif de capitaux dans les entreprises afin de financer des retraites puis une épargne. Elle a conduit à faire des entreprises des actifs financiers dont on doit tirer un maximum de bénéfices afin de financer les retraites et l'épargne (Valiorgue, 2020a). L'entreprise s'est peu à peu muée en support de placements et l'économie toute entière a basculé dans une logique de rente financière. ...
... Les tentatives récentes de certains dirigeants autour de la notion de raison d'être et d'entreprise à mission témoignent d'une tentative d'émancipation de cette gouvernementalité néolibérale et d'une volonté de combler le vide stratégique de ces dernières années (Hatchuel & Segrestin, 2020;Segrestin & Vernac, 2018;Valiorgue, 2020a). La lecture de l'ouvrage d'A-C Martinet nous enseigne qu'il faudra bien plus qu'une bonne volonté et une modification des statuts des entreprises pour renverser la chape de plomb institutionnelle et bifurquer de la dépendance de sentier dans laquelle nous sommes collectivement pris. ...
Article
Full-text available
Le lecteur familier des travaux d'Alain-Charles Martinet ne sera pas surpris et encore moins déçu par la lecture de son dernier ouvrage tant il réaffirme une pensée forte et percutante pour saisir à la fois la dynamique du champ de la stratégie et sa pratique par et dans les entreprises. Celui ou celle qui ne connaitrait pas l'œuvre d'A-C Martinet découvrira un chercheur d'une grande érudition dont la pensée raffinée porte un diagnostic particulièrement lucide sur l'état du monde, des entreprises et la nécessité de (re)développer une pensée stratégique. HOMO STRATEGICUS, capitalisme liquide, destruction créatrice et mondes habitables retrace l'effacement progressif et le déclin d'une discipline-la stratégie-et décrit de manière imbriquée comment cet effacement pénalise le pilotage des entreprises. Il offre également des clés pour comprendre les racines de cet effacement et les moyens d'y remédier. Le lecteur qui s'attend à une synthèse des travaux d'A-C Martinet sera bel et bien déçu car il aura entre ses mains un véritable livre de combat pour repenser la pensée et la pratique de la stratégie dans le contexte de l'Anthropocène où notre capacité collective à concevoir des mondes habitables est en jeu.
... Définie par la norme ISO 26000 fin 2010, la RSE est reconnue comme un levier de compétitivité des organisations, y compris des PME (Courrent, 2012 ;Sounderarajan, Jamami et Spence, 2018), un levier non épargné par les effets de la Covid-19 (He et Harris, 2020). L'engagement responsable croissant des PME françaises est d'ailleurs soutenu par de nombreuses initiatives publiques (Bpifrance Le Lab, 2018 ; France Stratégie, 2019) dans un contexte réglementaire marqué par la loi PACTE votée en 2019 introduisant la notion de raison d'être (Valiorgue, 2020). ...
... Le défi est alors de limiter au maximum l'action de possibles poisons de catalyseur par des discours et des actes alignés au sens stratégique du terme pour éviter tout cercle vicieux aux entreprises qui pourraient être confrontées à de terribles dilemmes au moment de ces arbitrages. À ce titre, le fait d'échanger en interne pour définir sa raison d'être peut constituer une bonne manière de revoir les fondamentaux de son entreprise(Valiorgue, 2020) et aider à mieux se concentrer sur l'essentiel.Cette recherche enrichit la littérature sur les capacités dynamiques par un focus sur la résilience organisationnelle facilitée par un engagement fort dans des pratiques de RSE en raison des convictions du dirigeant et de son implication dans les réseaux professionnels, une posture partagée avec ses collaborateurs. Forte de ses compétences et capacités dynamiques managériales et confiante en ses atouts, la PME Les Tissages de Charlieu s'est impliquée avec volontarisme dès le tout début de la crise de la Covid-19 en produisant des masques lavables, signe d'une résilience active et stratégique. ...
Article
Si surmonter les crises fait partie des défis classiques des organisations, face à celle de la Covid-19, certaines PME ont développé, en un temps record, une capacité stratégique de résilience pour assurer leur pérennité. Cet article explore le rôle joué par l’engagement en matière de RSE dans ce processus de résilience organisationnelle. Une étude de cas unique est menée auprès d’une PME du textile, Les Tissages de Charlieu, particulièrement impliquée dans « l’effort de guerre » pour produire en urgence des masques en tissu dès mars 2020. Notre étude montre le rôle de catalyseur de la RSE dans la démarche de résilience organisationnelle au cours de ses différentes étapes (anticipation, ajustement et adaptation). Les perspectives de recherche s’inscrivent dans une approche politique de la RSE intégrant les enjeux liés à la transformation numérique par la notion de responsabilité numérique d’entreprise.
... Elle fait partie des mesures de la loi PACTE. référence bibliographie - Valiorgue B. (2020), La raison d'être de l'entreprise. Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise Pascal. ...
Thesis
Financée par le dispositif CIFRE dans une agence de conseil éditorial, cette thèse explore l’articulation ethnographique entre théories professionnelles du discours et du langage, pratiques d’écriture et usages des textes dans les grandes entreprises. L’étude porte sur le discours corporate des entreprises, discours au coeur de ses stratégies de gestion (politique, managériales, culturelle), en ce qu’ils contribuent à faire de l’entreprise une institution morale au sein de la société. Elle explique le fonctionnement symbolique de ces textes par la genèse de leur écriture et une analyse sémio-sémantique en partant de l’hypothèse, qu’il s’agira de démontrer, que les discours corporate peuvent être considérer comme des discours constituants.
... Cela témoigne du fait que certaines grandes entreprises deviennent des acteur politique et institutionnel de premier plan cherchant à s'investir dans la question environnementale. Dans certains cas, des grandes entreprises participent à la construction de communautés résilientes locales bien au-delà de leur activité de base (Hamann et al., 2020), se positionnent vis-à-vis des objectifs du développement durable définis par l'Organisation des Nations-Unis (Howard-Grenville et al., 2019) et reconfigurent leur gouvernance à l'aune d'une mission -ou raison d'êtred'entreprise à caractère social, environnemental ou humanitaire inscrite dans les statuts de société (Levillain, 2017 ;Valiorgue, 2020). La conversion de Danone à la qualité d'entreprise à mission illustre cet état de fait. ...
Thesis
Les organisations internationales alertent États et société civile sur un dérèglement des écosystèmes terrestres depuis plusieurs décennies. Face à ce constat, même des entreprises ordinaires et de taille modeste incarnent et expérimentent des solutions nouvelles et non-conventionnelles au regard des enjeux sociétaux de notre temps. Comment ces solutions se concrétisent-elles sur les plans stratégique et organisationnel ?Pour répondre à cette interrogation, ce travail doctoral s’appuie sur une immersion longue au sein d'un groupement d'entreprises impliqué dans la transformation du secteur de la distribution alimentaire et non-alimentaire. L’entreprise développe des systèmes d’agencement de distribution écologique et sans emballages, favorisant la « vente en vrac ». S’inscrivant dans une démarche compréhensive, cette étude de cas cherche à comprendre comment une entreprise ordinaire intègre de grands défis sociétaux dans sa stratégie et son organisation.Cette thèse mobilise la littérature récente sur la gestion des grand défis et discute plus particulièrement la pertinence du modèle théorique d’action robuste pour penser les stratégies s’attaquant aux enjeux de société (Etzion et al., 2017 ; Ferraro et al., 2015). Pour compléter cette approche théorique, nous adjoignons à notre réflexion des travaux récents sur le rôle de l’imaginaire et de l’utopie réelle dans l’action collective (Wright et al., 2017 ; Gümüsay & Reinecke, 2021), défendant l’idée que ces deux composantes jouent un rôle décisif dans la gestion des problèmes sociétaux.Trois résultats majeurs émergent de cette thèse. Premièrement, nous caractérisons la spécificité du concept de grand défi par rapport à des notions conceptuellement proches (meta-problem, wicked problem, mess) et développons en détail comment la contribution à des défis sociétaux se cristallise à plusieurs niveaux d’analyse, individuel, organisationnel et sectoriel. Deuxièmement, nous observons que la contribution à un grand défi de société se structure à partir d‘imaginaires alternatifs de l’organisation et du management influençant significativement le design de l’organisation, sa stratégie et son développement. Troisièmement, nous revisitons le modèle théorique d’action robuste pour expliquer le processus stratégique par lequel des entreprises ordinaires visent à contribuer à des enjeux sociétaux. Pour apporter leurs contributions, les entreprises se constituent en utopie réelle via un processus articulant des expérimentations menées localement et des imaginaires alternatifs multiples. Ce processus repose notamment sur une superposition entre un espace d’enjeux locaux et un espace d’enjeux globaux. Cette mise en résonance entre local et global nécessite alors une organisation fonctionnant à travers trois items principaux : une architecture organisationnelle référente plus ou moins centralisée, la multivocité de discours facilitant la pénétration d’imaginaires multiples au sein de l’organisation, et des expérimentations locales nombreuses mêlant des activités diverses à caractère économique, social, environnemental, éducatif, philanthropique, et attestant la capacité de l’organisation à s’attaquer à des enjeux sociétaux.
... Le cadre de l'entreprise à mission s'est construit sur une première analyse de la création de nouveaux statuts juridiques aux États-Unis, notamment le statut appelé Flexible Purpose La reconnaissance, dans le droit, du concept de raison d'être a suscité des interrogations au sein des communautés académiques françaises (Capron, 2020 ;Valiorgue, 2000 ;Autissier et al., 2020). Valiorgue (2020) propose d'examiner les justifications de cette nouvelle législation et d'anticiper ses conséquences : s'il envisage une potentielle instrumentalisation de la raison d'être à des fins de communication, il entrevoit également une utilisation de celle-ci comme nouveau cadre de fabrication de la stratégie d'entreprise. Capron (2020), de son côté, relève le manque de définition juridique du concept de raison d'être ; il pose la question de son efficacité vis-à-vis de la responsabilisation des entreprises, notamment en matière de prise en charge de leurs externalités négatives. ...
Thesis
L’introduction de la notion de « raison d’être » dans le droit amène à interroger l’identité des entreprises de service public. Si ces entreprises ont par définition déjà pour mission d’opérer des services particuliers, il n’y a pas de théorie propre de l’entreprise de service public ou de sa gouvernance. Les entreprises sont plutôt appréhendées comme des entités hybrides, conjuguant une logique « publique » et une logique privée. En s’appuyant sur les théories récentes de l’entreprise, la thèse propose de relire l’entreprise de service public en partant de sa capacité de création collective. A travers une recherche en partenariat avec La Poste, elle met en évidence que l’entreprise de service public n’est pas seulement un opérateur de service public mais aussi le vecteur d’une dynamique de régénération des enjeux de service public. Elle propose ainsi une nouvelle représentation de l’identité de l’entreprise de service public et de sa responsabilité vis-à-vis des mutations de la société à accompagner et discute, dans ce contexte, les enjeux spécifiques de la raison d’être.
... En France, ces réflexions ont nourri un champ de réflexion et de vifs débats autour de la « collapsologie » (Servigne & Stevens, 2015 ;Allard et al., 2019 ;Dupuy, 2019). D'autres entrevoient, a minima, le besoin d'un renouveau de nos modes de vie, de sorte à pouvoir limiter les impacts et s'adapter aux transformations du système Terre (Valiorgue, 2020b). ...
Chapter
Full-text available
Résumé : Alors que les entreprises mettent en avant leur stratégie d’utilité sociale à travers le discours corporate, la thématique environnementale s’est depuis quelques années invitée dans les stratégies discursives de communication interne et externe, notamment depuis la loi PACTE de mai 2019. Le but de la présente contribution est de proposer une analyse disccursive de 51 sites internet corporate d’entreprises françaises, de tailles et d’objets variables, afin de mieux étudier l’utilisation de l’environnement, plus particulièrement en tant que ressource symbolique. Pour cela, nous mettons en œuvre une étude lexicale et sémantique (notamment grâce à l’utilisation du logiciel IRAMUTEQ), afin de cerner les grandes thématiques qui gravitent autour de la dimension environnementale pour ces entreprises, mais également une analyse argumentative qui montre la manière dont l’environnement peut être utilisé comme une véritable formule discursive.
Preprint
Full-text available
Alors que les plateformes de travail indépendant semblent être en plein essor, leur capacité à proposer une alternative soutenable à la firme managériale et au salariat interroge. Si ce débat a jusqu'ici été traité principalement sous des angles juridiques ou politiques, la question de la soutenabilité organisationnelle des plateformes reste ouverte. Nous répondons aux appels à étudier plus spécifiquement les capacités cognitives des plateformes en mobilisant les théories de la firme fondées sur les connaissances. Nos apports à la littérature sont les suivants : (1) nous introduisons le concept de « soutenabilité cognitive » que nous définissons comme la capacité à assurer les fonctions d'intégration, de conservation et de création de connaissances ; (2) nous développons un jeu de propositions visant à identifier les activités sur lesquelles les plateformes sont plus susceptibles d'être soutenables cognitivement ; (3) nous avançons l'hypothèse d'une hybridation croissante des plateformes sur les activités complexes. La prise en compte de cette hybridation étend et rend plus dynamique l'application des théories de la firme fondées sur les connaissances en la déplaçant vers des objets nouveaux tels que les plateformes. Mots clés : ubérisation ; plateformes de travail indépendant ; soutenabilité cognitive ; théorie de la firme fondée sur les connaissances.
ResearchGate has not been able to resolve any references for this publication.