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RAPPORT SCIENTIFIQUE #3
« OPÉRATION PHOSPHORE : LE SYSTÈME DE COLLECTE ET DE
TRAITEMENT DES BIODÉCHETS BRUXELLOIS EN 2025 »
Personne de contact
Simon De Muynck (Centre d’écologie urbaine asbl) - simdemuynck@gmail.com
Pour citer ce rapport
De Muynck, S. Kampelmann, S. Dávila, F. Amaz, A. Dennemont L. et Savino J.-M. 2020. « Opération Phosphore
: le système de collecte et de traitement des biodéchets bruxellois en 2025». Innoviris Co-create. Bruxelles.
Crédits
Schémas, mise en page et illustrations : Martin Ligtenberg (Osmos).
OPÉRATION PHOSPHORE
RAPPORT SCIENTIFIQUE #3
« OPÉRATION PHOSPHORE : LE SYSTÈME DE COLLECTE ET
DE TRAITEMENT DES BIODÉCHETS BRUXELLOIS EN 2025 »
01/03/2019 - 31/01/2020
Auteurs : Simon De Muynck (Centre d'écologie urbaine asbl), Stephan Kampelmann (ULB-LOUISE),
Francisco Dávila (WORMS asbl), Aurélien Amaz (Roots), Laurent Dennemont (Refresh), Jean-Marie
Savino (Environnement Eco-Circulaire et Comité Jean Pain asbl).
Avec le soutien de la région de Bruxelles-Capitale
5
RÉSUMÉ
En février 2017, un projet ambitieux a vu le jour à Bruxelles:
l'Opération Phosphore. Ce projet de recherche-action par-
ticipative d'écologie territoriale (Barles et al. 2011) est porté
par un consortium d'acteurs (Centre d'écologie urbaine asbl,
WORMS asbl, Agence de Bruxelles-Propreté,
Bruxelles Environnement, ULB-LoUIsE). Ceux-ci visent à
élaborer, débattre et expérimenter collectivement des pistes
de solutions pour la transformation puis la mise en place d'un
système de gestion (collecte, rassemblement, valorisation)
des matières organiques disponibles en région bruxelloise qui
soit résilient, circulaire et qui fasse sens pour tous les bruxel-
lois en ce compris ceux qui en sont actuellement exclus. Le
rapport scientique #1 (De Muynck et al. 2018) a décrit le
système actuel de la gestion des déchets organiques en région
de Bruxelles-Capitale et les enjeux liés à sa transition. Le
rapport scientique #2 a déplié la stratégie du changement
de système et son processus de la mise en œuvre. Le présent
rapport scientique#3 synthétise les propositions transdisci-
plinaires et prospectives du consortium Phosphore à propos
du futur système de gestion des biodéchets bruxellois d’ici
2025 (chapitre 2), en décrit en détail les éléments (chapitre
3) et dresse le bilan des réalisations du projet durant les trois
dernières années (chapitre 4).
6
7
SOMMAIRE
I. Introduction
1.1. La démarche de transition régénérative et réexive
1.2. La stratégie de changement de style
II. La synthèse des propositions du consortium Phosphore
III. Les éléments d'un nouveau système écologique
3.1. Prévention
3.2. Traitement à l'échelle des ménages
3.3. Compostage collectif
3.4. Traitement mécanisé à petite échelle
3.5. Compostage à moyenne échelle
3.6. Compostage industriel de déchets verts
3.7. Mulching dans les espaces vers publics et aux abords des entreprises
3.8. Biométhanisation en région bruxelloise
3.9. Incinération
IV. Le bilan des réalisations
4.1. Expérimentation de la prévention dans les restaurants
4.2. Gestion circulaire des matières organiques des espaces verts de Schaerbeek
4.3. Développement d'un collecteur de déchets organiques pour magasins et commerces
4.4. Recircularisation des déchets verts en bien commun
4.5. Collecte et traitement des déchets organiques à l'échelle intermédiaire: le chainon manquant
4.6. Modication de la réglementation régionale
4.7. Contribution à la stratégie régionale
4.8. Co-production d'une vision systémique de la gestion des matières organiques
V. Glossa i r e
VI. Références
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Karl Jilg
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I. INTRODUCTION
En février 2017, un projet ambitieux a vu le jour à Bruxelles
: l’Opération Phosphore. Ce projet de recherche-action
participative d’une durée de trois ans (février 2017-février
2020) a été porté par un consortium de recherche
transdisciplinaire (Centre d’écologie urbaine asbl, Worms
asbl, Agence de Bru xelles-Propre té, Bruxelles Environnement,
ULB-LOUISE) qui a visé à élaborer, débattre et expérimenter
collectivement des pistes de solutions pour la transformation
puis la mise en place d’un système de gestion (collecte,
rassemblement, valorisation) des matières organiques
disponibles en région bruxelloise qui soit résilient, circulaire
et qui fasse sens pour tous les bruxellois.
L’Opération Phosphore a publié trois rapports scientiques
(un par année). Ceux-ci ont été des opportunités de prendre
la mesure du travail accompli, mais aussi des moments
d’approfondissements de réexions. Chaque rapport
scientique a mis en lumière un aspect particulier de la
complexité de la transition systémique envisagée par le
consortium Phosphore
• Le rapport scientique #1 (2017) a décrit le
système actuel de la gestion des déchets organiques en région
de Bruxelles-Capitale et les enjeux liés à sa transition.
• Le rapport scientique #2 (2018) a décrit la
stratégie du changement de système et le processus de mise
en œuvre de cette stratégie.
• Le présent rapport scientique #3 (2019) décrit
le contenu de la proposition d’un nouveau système hybride
et plus équilibré de collecte et de traitement de matières
organiques à Bruxelles d’ici 2025 ainsi que les modalités de
son institutionnalisation.
1.1. LA DÉMARCHE DE TRANSITION
RÉGÉNÉRATIVE ET RÉFLEXIVE
La démarche s’inscrit dans une stratégie consciente
et articulée de changement de système en six étapes (De
Muynck et al. 2018 ; 2019). Les propositions de l’Opération
Phosphore sont réelles (living labs) mais aussi virtuelles (le
scénario de transformation). Le narratif prospectif qui est
proposé et défendu ici est valable dès aujourd’hui et participe
à préparer Bruxelles à des impératifs futurs (obligation de tri
des biodéchets des professionnels en 2023, Burden sharing,
objectifs de recyclage et d’énergie renouvelable etc.).
Il s’agit dans les grandes lignes de replacer un
maximum d’acteurs en capacité de lutter contre le gaspillage
alimentaire, de faire des liens avec une alimentation durable,
de gérer soi-même et/ou en collectif ses déchets organiques
et de produire son propre fertilisant. C’est en quelque sorte
l’expérimentation d’une « économie permacirculaire »
(Bourg et Arnsperger 2016) en action qui prend en compte
l’e c ience et la régénérativité et ne s’arrime plus à une
obligation de croitre.
Toute la société est concernée par cette rupture et
ce à toutes les échelles (micro/locale, méso/ quartier(s)
et macro/régionale): les citoyen.ne.s, les entreprises, les
administrations, les autorités communales et régionales mais
aussi les chercheur.se.s qui essaient de mener la recherche
autrement (Stengers et Drumm 2013). A l’avenir, les autorités
seront amenées à mettre en place un cadre stimulant les
bonnes pratiques : renforcement de la réduction du gaspillage
alimentaire, sensibilisation de tous les publics, obligation de
tri, système de Pay As You row et scalité diérente, arrêt
de la collecte en sacs verts, adaptation des infrastructures
régionales pour orir des solutions locales de valorisation
décentralisée ainsi qu’une solution centralisée pour les ux
restants, le tout amenant à des outputs et produits de qualité
capables de fertiliser les sols.
Cette rupture ne sera pas concomitante à l’Opération
Phosphore qui se termine dans sa forme actuelle n janvier
2020, mais elle est préparée par le consortium, dont la
composition transdisciplinaire et les interactions avec les
décideurs (administrations et cabinets politiques) donnent
à penser que la mise en place de mesures majeures est
possible, moyennent une collaboration structurelle et un
suivi sur des temps longs.
1.2. LA STRATÉGIE DE
CHANGEMENT DE SYSTÈME
Le cadre théorique mobilisé pour élaborer notre stratégie de
transition est celui de la Perspective Multi-Niveaux (MLP)
et du Transition Management (TM) (Geels 2002, 2011 ;
Geels & Schot 2007). La Perspective Multi-Niveaux tente
de théoriser les transitions de systèmes en tenant compte des
interactions entre plusieurs éléments : le paysage, le régime et
les niches1. Dans le cas du projet Phosphore, on peut décrire :
1 Pour davantage de précisions sur la stratégie de changement de
système et l’appropriation des théories de la transition par l’Opération
Phosphore Voir De Muynck et al. 2019.
10
• Le paysage comme la montée en puissance des
consciences environnementales, les changements culturels
ou les éléments macroéconomiques et macropolitiques
sur lesquels nous n’avons pas prise mais qui constituent
des champs d’attentions majeurs : pic de production du
phosphore (Cordell et al. 2009), pic du pétrole, possibles
ruptures de sous-systèmes complexes (Servigne et Stevens
2015) ou diminution en carbone organique des sols belges
depuis les années 1960 (Meersmans et al. 2017) ;
• Le régime sociotechnique comme le régime
dominant de collecte et traitement des matières organiques
incluant une gestion majoritairement industrielle, des accords
complexes (partenariats publics-privés), des relations entre
acteurs (administrations para régionales, cabinets politiques),
des ux linéaires (Bruxelles-Énergie) ou polluants (Bruxelles-
Compost), un contexte politique et stratégique complexe,
des règlementations multi niveaux qui verrouillent le système
en place et des comportements citoyens et communaux qui
laissent peu de place à l’autonomisation et au bien commun ;
• Les innovations de niches comme les living
labs qui expérimentent des pratiques et/ou technologies
nouvelles, en ce compris de nouvelles manières de coopérer
collectivement.
En s’appuyant sur la MLP, la stratégie de changement
du système de Phosphore consiste à combiner une série
d’interventions, appelées « activités stratégiques » qui,
ensemble, peuvent permettre selon nous de basculer vers une
reconguration du régime sociotechnique de la gestion
des matières organiques à l’échelle de la région bruxelloise
(Boulanger 2012).
1 2 3
1 0 2 3Années
RS1
RS2
RS3
Activité 1: Comprendre le régime actuel et les enjeux de sa transformation
Activité 2: Identifier et accompagner les initiatives innovantes au sein des niches sociotechniques
Activité 3: Expérimenter avec les initiatives les plus prometteuses en vue de leur montée en puissance
Activité 4: Surmonter les barrières à cette montée en puissance RS1
Activité 5: Co-construire un narratif de transition RS2
Activité 6: Défendre le narratif et institutionnaliser les acteurs et pratiques innovants
RS3
1 2 3
1 0 2 3Années
RS1
RS2
RS3
Activité 1: Comprendre le régime actuel et les enjeux de sa transformation
Activité 2: Identifier et accompagner les initiatives innovantes au sein des niches sociotechniques
Activité 3: Expérimenter avec les initiatives les plus prometteuses en vue de leur montée en puissance
Activité 4: Surmonter les barrières à cette montée en puissance RS1
Activité 5: Co-construire un narratif de transition RS2
Activité 6: Défendre le narratif et institutionnaliser les acteurs et pratiques innovants
RS3
Schéma 1. Temporalité et structure des diérents rapports
Les activités stratégiques mobilisées par Phosphore ont
été les suivantes :
1. Comprendre le régime actuel (ux, acteurs, règles,
infrastructures) et les enjeux de sa transformation
(économiques, environnementaux, sociaux et
politiques) ;
2. Identier et accompagner les initiatives innovantes
au sein des niches sociotechniques ;
3. Expérimenter avec les initiatives les plus
prometteuses en vue de leur montée en puissance ;
4. Surmonter les barrières liées à cette montée en
puissance ;
5. Co-construire un narratif de transition ;
6. Défendre le narratif et institutionnaliser les
acteurs et pratiques innovants.
Le présent rapport porte sur le contenu des activités 5 et 6.
11
II. LA SYNTHÈSE DES
PROPOSITIONS DU
CONSORTIUM PHOSPHORE
Les partenaires de l’Opération Phosphore se sont rassemblés
autour de l’objectif de développer un système de gestion
des matières organiques bruxelloises qui fasse sens, tant sur
le plan écologique qu’économique. La proposition pour
l’horizon 2025 est donc forcément systémique et porte
sur diérents niveaux et aspects de la gestion des matières
organiques. Ce chapitre résume les grandes lignes de force
des propositions de Phosphore par rapport à la situation
actuelle.
• Prévention : réduire la génération des déchets
alimentaire de 15 kt et celle des déchets verts de 1.5 kt.
• Gestion sélective : augmenter la fraction en gestion
sélective de 11 à 51 kt, ce qui revient à diminuer l’apport
de biodéchets à l’incinérateur de 40 kt en plus de la
prévention.
• Rationalisation de la collecte : privilégier le traitement
sur parcelle et/ou local à la collecte en porte-à-porte
; rationnaliser la collecte des diérentes fractions
organiques grâce à une collecte mixte.
• Collecte en conteneurs durs : privilégier les conteneurs
en durs pour la collecte des déchets ménagers et
professionnels en vue de cesser l’export de microplastiques
depuis la ville vers l’agriculture et les sols intra urbains.
• Diversité : s’appuyer sur des initiatives variées an de
proposer des solutions adaptées au contexte urbain et au
besoin des usagers du système. Ceci conduit à proposer
un système qui combine des traitements utilisant une
diversité de techniques (biométhanisation, compostage,
intervention mécanique, valorisation animale…) mais
aussi des échelles de traitement diérentes (foyer,
parcelle, quartier, commune, région).
• Cohérence : pour faire système, les modalités de collecte
correspondent aux dispositifs de traitement et vice versa.
Les tonnages proposés pour les diérents traitements
envisagés sont compatibles avec les gisements anticipés.
• Participation : les propositions issues de l’Opération
Phosphore reposent sur un processus de co-création
au sein du consortium transdisciplinaire et sur un
processus participatif qui a été ouvert à de nombreux
acteurs (ménages, écoles, espaces verts, horeca etc.) ; une
grande partie de leur mise en pratique doit mobiliser les
acteurs concernés, notamment les ménages (prévention,
compost domestique ou collectif), les gestionnaires des
espaces verts, les acteurs économiques producteurs de
déchets et les opérateurs publics et privés de la collecte et
du traitement. La dynamique est par ailleurs actée dans
le PGRD, lequel prévoit dans sa mesure Fil 1 de rédiger,
en s’appuyant sur l’opération Phosphore notamment, la
stratégie de valorisation des biodéchets à Bruxelles en
distinguant la place à donner aux systèmes centralisés et
décentralisés. De manière plus opérationnelle, un groupe
de travail thématique « biodéchets » sera constitué dès
le mois d’avril 2020 pour coordonner la mise en œuvre
de l’ensemble des mesures abordant de près ou de
loin la question des biodéchets, sur un modèle de co-
construction et de rapportage similaire à celui du PREC.
Les acteurs de l’opération Phosphore sont déjà identiés
comme parties prenantes de ce groupe biodéchets.
Dans un souci de développer une proposition synthétique et
négociable, le consortium Phosphore a intégré ces principes
dans une proposition quantitative qui projette les volumes
collectés et tra ités en 2025. Il s’agit d’objectifs chirés reétant
non seulement les connaissances scientiques portant sur les
biodéchets bruxellois (Bortolotti et al. 2018a ; 2018c) mais
aussi et surtout l’input des processus participatifs mis en
branle par le projet (De Muynck et al. 2018).
Les multiples discussions sur des objectifs quantitatifs ont
nécessité le développement d’une Matrice quantitative
dynamique. Il s’agit d’un outil relativement complexe au sein
d’une architecture interne permettant la commensurabilité
entre le centralisé et le décentralisé. La matrice permet de
représenter diérentes congurations du système bruxellois
en prenant en compte les deux ux organiques (déchets
alimentaires et déchets verts) mais aussi sept types de
producteurs et neuf techniques de traitement sélectif de
biodéchets.
12
Schéma 2. Comparaison situation actuelle et objectifs Phosphore à l’ horizon 2025 (t/an)
Gestion sélective des déchets alimentaires
An d’illustrer la portée de nos propositions, nous les
présentons ici en comparaison à la situation actuelle (appelée
« baseline »). Les chires décrivant la conguration actuelle
correspondent aux chires utilisés dans la littérature
(Bortolotti et al. 2018a ; Zeller et al. forthcoming).
Pour ce qui concerne les déchets alimentaires, nous
proposons une augmentation considérable de la gestion
sélective des matières organiques, notamment grâce à une
montée en puissance de la collecte séparée des biodéchets
des ménages pour laquelle un objectif ambitieux de 25 kt en
2025 a été xé.
Les volumes supplémentaires ainsi collectés seront traités par
une nouvelle unité de biométhanisation. Cette unité a fait
l’objet d’une étude de faisabilité (Bortolotti et al. 2018b) et a
été retenue dans l’Accord du gouvernement régional (2019).
Il s’agit d’une intervention de grande ampleur qui permettra
de dévier ces ux massifs de l’incinérateur tout en créant une
nouvelle source d’énergie sur le territoire régional.
Outre ce changement majeur, nous escomptons que le
compostage à moyenne échelle (proposé désormais
à Bruxelles par un opérateur privé) et le compostage
domestique gagneront en importance (30 % des volumes
en gestion sélective). Par contre, la proportion des déchets
alimentaires exportés via la collecte et le traitement des
opérateurs industriels privés est amenée à diminuer passant
de 36% actuellement à 6% en 2025.
Le système de gestion des déchets alimentaires est complété
par des interventions locales (compostage collectif,
vermicompost, bokashi etc.) dont les quantités traitées
relatives sont faibles, mais dont la plus-value en termes
pédagogiques et de capacitation citoyenne n’est plus à
démontrer.
Gestion sélective des déchets verts
L’approche adoptée pour la gestion des déchets verts est
diérente de celle adoptée pour les déchets alimentaires,
notamment parce que la région bruxelloise dispose déjà
d’un dispositif de collecte pour ce ux (la collecte en porte-
à-porte avec les sacs verts). Par conséquent, nous projetons
une augmentation moins importante des volumes gérés
sélectivement qui passera de 47 kt à 50 kt par an. Le potentiel
de réduction (gaspillage) est également moins important
pour les déchets verts que pour les déchets alimentaires et
concerne essentiellement le choix de plantes à croissance
lente produisant moins de biomasse. Par conséquent, une
-50000
-40000
-30000
-20000
-10000
0
10000
20000
30000
40000
50000
Prévent ion Techniques
alternat ives locales
(boka shi,
vermi compost,
poules)
Compostag e
domesti que
Compostag e
collect if
Traitemen t
ménanis é à petite
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Compostag e à
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Compostag e
industrie l de déchets
verts
Traitemen t industrie l
privé
Mulching
/ paillag e
Biométhanisation
industrie lle
Total gestio n
sélect ive
Incinérat ion
Déchets alimentaires Déchets verts
13
réduction signicative de la biomasse végétale produite sur
le territoire bruxellois d’ici 2025 est peu probable. Toutefois,
la stabilité relative des ux massiques végétaux ne signie
pas que la gestion des déchets verts restera inchangée. Ainsi,
nous proposons une série d’interventions importantes dans
la manière dont les matières organiques en provenance de
l’écosystème bruxellois sont gérées. Les changements les
plus importants sont les suivants :
• Une des conclusions du projet de recherche BRUCETR A
est qu'une rationalisation de la collecte des déchets
organiques permettrait de réduire drastiquement les
émissions des gaz à eet de serre. Passer d'une collecte
parallèle des déchets alimentaires et des déchets verts
à une collecte mixte pour toute la fraction organique
diminuerait les émissions de 35 % (voir l’analyse des
impacts environnementaux de cette collecte calculés par
Zeller et al. forthcoming). Nous soutenons vivement
une telle rationalisation. De plus, la collecte organisée
par l’ABP dans les zones denses de Bruxelles s’eectue
déjà aujourd’hui en collecte mixte (les sacs verts et sacs
orange ramassés dans le même camion). Cette collecte
mixte se justie sur le plan environnemental mais envoie
des signaux contradictoires aux bruxellois. Phosphore a
jugé préférable d’étendre la collecte mixte de toutes les
fractions organiques à l’ensemble du territoire régional ce
qui permettra non seulement une réduction des impacts
environnementaux mais aussi d’importantes économies
nancières (réduction des coûts des collectes grâce à la
diminution des passages en camion), comme proposé par
Schéma 3. Répartition des déchets alimentaires traités de manière sélective
Bortolotti et al. (2018b). Comme nous le montrons plus
bas, une collecte mixte des déchets verts et alimentaires
est aussi compatible avec une perspective systémique de la
gestion des déchets et avec l’augmentation de traitement
par biométhanisation industrielle telle que proposée
par le nouveau Gouvernement bruxellois (2019a :101 ;
2019b : 24).
• Un autre changement important concerne les types de
traitements que subiront les déchets verts. Avec une
collecte mixte des matières organiques, le traitement
industriel des déchets végétaux à la plateforme
de compostage de Forest devient obsolète : cette
infrastructure n’est pas conçue pour traiter un mixte
de déchets alimentaires et verts et montre des lacunes
dans le traitement des déchets verts (voir supra). Nous
proposons de modier la fonction actuelle de ce site. La
montée en puissance de la biométhanisation industrielle
planiée par le Gouvernement bruxellois (2019a :101
; 2019b : 24) nécessite également que des déchets
végétaux servent à composter et stabiliser le digestat
issu de la digestion anaérobique, raison pour laquelle
nous projetons que 21% des déchets verts seront orientés
vers cette lière. Finalement, nous préconisons le
renforcement de diérents types de compostage non-
industriel (domestique, collectif et à moyenne échelle)
aux dépens de l’exportation coûteuse des déchets verts
par des lières industrielles privées.
Compostage
domestique
9% Compostage collectif
4%
Traitement industriel
privé
36%
Biométhanisation
industrielle
51%
Baseline: 11,4 kt en gestion séléctive
Techniques alternatives locales
(bokashi, vermicompost, poules)
3%
Compostage
domestique
15%
Compostage collectif
2%
Traitement ménanisé
à petite échelle
1%
Compostage à
moyenne échelle
15%
Traitement industriel
privé
6%
Biométhanisation
industrielle
58%
2025: 50,5 kt en gestion séléctive
Baseline: 11,4 kt en gestion sélective 2025: 50,5 kt en gestion sélective
14
Schéma 4. Répartition des déchets verts traités de manière sélective
Schéma 5. Gisements, ux et infrastructures de traitement des biodéchets alimentaires
et verts de la Région bruxelloise en 2025 (Scénario Phosphore)
Baseline: 47 kt en gestion sélective Baseline: 47 kt en gestion sélective
Compostage
domestique
3%
Compostage
collectif
1%
Compostage à
moyenne échelle
2%
Compostage
indust riel de déchets
verts
37%
Traitement
industriel privé
15%
Mulching
/ paillage
38%
Biométhanisation
industrielle
4%
Compostage domestique
12%
Compostage collectif
3%
Compostage à
moyenne échelle
6%
Traitement industriel
privé
8%
Mulching
/ paillage
50%
Biométhanisation
industrielle
21%
10,5 kt
25 kt
15
III. LES ÉLÉMENTS D’UN
NOUVEAU SYSTÈME
ÉCOLOGIQUE
Ce chapitre présente plus en détail les éléments qui font partie
de notre proposition. Pour chaque proposition, une dénition
des éléments du système est proposée. Les apprentissages du
Monitoring réexif en action (Van Mierlo et al. 2010) mené
par le consortium Phosphore sont synthétisés tout comme les
éléments clés de la proposition. Pour davantage de précisions
sur les techniques utilisées, voir Bortolotti et al. 2016 ; 2018c.
3.1. PRÉVENTION
Dénition
Prévention : diminution des matières organiques qui
deviennent des déchets (alimentaires ou verts).
Apprentissages de l’Opération Phosphore
• Compte tenu de la diculté de diversier la collecte
et le traitement en contexte urbain, la prévention des
biodéchets a fait l’objet d’une attention accrue au cours
du processus de recherche.
• Nous avons appris que les objectifs régionaux en
termes de prévention alimentaire n’étaient pas formulés
précisément ce qui compliquait leur intégration dans
nos objectifs quantitatifs - nous avons donc proposé des
objectifs quantitatifs pour la réduction des déchets
organiques à l’horizon 2025 par secteurs d’activités et
types de ux.
Résumé de notre proposition
• Vulgariser et négocier au niveau politique nos objectifs
chirés pour la prévention de manière plus large,
notamment en faisant le lien avec la Stratégie Good
Food ainsi qu’avec les diérentes initiatives luttant
contre le gaspillage alimentaire en Région bruxelloise.
• Apprendre de la montée en puissance des nouvelles
approches anti-gaspillage dans le commerce
alimentaire qui ont vu le jour dans d’autres contextes
(Moisson Montréal, Phénix).
• Etudier les possibilités d’une tarication incitative
pour les matières organiques.
3.2. TRAITEMENT À L'ÉCHELLE
DES MÉNAGES
Dénitions
plusieurs types de traitement composent cette catégorie :
Compostage domestique : processus de dégradation
biologique aérobie, potentiellement thermophile, de la
matière organique à petite échelle (capacité de 200L à
1000L/unité). Ce processus traite les déchets alimentaires
de cuisine et de table ainsi que les déchets de jardin. Dans le
but d’éviter des nuisances, les sous-produits animaux (SPA)
sont préférentiellement exclus de ce traitement.
Mulching (ou paillage) : utilisation des déchets végétaux
sur les sols. Les éléments ligneux sont broyés et épandus aux
pieds des arbres et arbustes, ou sont utilisés dans le compost
de jardin. Les feuilles mortes sont épandues an de couvrir
le sol entre les plantes. Les tontes peuvent également être
épandues au pied des plantes cultivées ou laissées à même le
sol. La dégradation lente de ces matières enrichit le sol, lui
rendant les nutriments absorbés auparavant par les plantes.
La valorisation animale : technique de valorisation
des biodéchets alimentaires en ville. Celle-ci concerne
essentiellement les poules. Les épluchures en provenance
de la cuisine servent de nourriture aux animaux. Les œufs
ou la viande des poules peuvent ensuite être consommés.
Des lières de valorisation faisant appel à d’autres animaux
(notamment des insectes) sont en cours de développement à
Bruxelles, mais restent encore anecdotiques.
Vermicompost : processus de dégradation biologique réalisé
essentiellement par des vers du fumier (Eisenia fetida), des
collemboles, des bactéries et des champignons inféodés au
compost. Ce processus ne pa sse pas par une phase thermophile
mais produit un lixiviat de haute qualité nutritive qui peut
être utilisé comme engrais. Ce dispositif peut traiter environ
200kg/an.
Bokashi : processus de fermentation des matières organiques
qui arrête la décomposition le temps de la collecte d’une
quantité susante de matières organiques. Les résidus
doivent être enterrés après l'utilisation an de terminer
leur décomposition. Le principal avantage est la xation
et l'inactivation des pathogènes, permettant d'introduire
tout type de matières organiques. Ce dispositif peut traiter
environ 200kg/an.
16
Apprentissages de l’Opération Phosphore
• Bien qu’une proportion croissante de la population
bruxelloise soit sensibilisée à la thématique de la
gestion des matières organiques, et que de nombreux
ménages compostent à domicile, il est apparu que la
grande majorité des bruxellois ignorent le problème et/
ou pensent qu’il est pris en charge de manière globale
et durable par les administrations. Les eorts mis en
œuvre pour améliorer la gestion des déchets collectés
par Bruxelles-Propreté (anciennement incinérés et
actuellement méthanisés pour une petite partie d’entre
eux) ne peuvent avoir d’eet signicatif que si la
population participe massivement et assidûment au
tri sélectif.
• La vision du compost comme outil propre de gestion
systématique de ses déchets et la gestion sur parcelle
des déchets verts des jardins privés sont loin de faire
l’unanimité. Les préjugés sur les nuisances du compost
à domicile et le manque de compétences techniques
freinent les ménages qui pourraient composter chez eux.
• Les personnes sensibilisées sont demandeuses de
formations et de transmissions techniques an de
s’a ranchir du sys tème centrali sé de collecte et traitement.
Cette demande est en hausse ces dernières années, et les
formations en la matière se multiplient mais sont encore
en quantité insusante, notamment par manque de
moyens dont disposent les acteurs formateurs actifs
à l’heure actuelle (notamment WORMS et le Comité
Jean Pain).
• Bruxelles Environnement met en place des campagnes
de sensibilisation et nance les projets de sensibilisation
et de formation qui portent sur la gestion chez soi des
matières organiques, mais la portée de ces eorts reste
limitée.
• Actuellement environ 2.400 tonnes de matières
organiques (déchets alimentaires et verts) sont traitées
à l’échelle des ménages à Bruxelles. Le traitement
des matières organiques par les ménages n’est pas
susant pour gérer les quantités produites par la région,
et ce pour deux raisons majeures : 1) tous les ménages
ne disposent pas d’un jardin pour composter ou du
confort nécessaire (en temps et en espace) pour gérer une
vermicompostière ; 2) tous les citoyens ne se sentent pas
capables ou n’ont pas envie d’assumer une telle gestion.
Il y a donc un enjeu de capacitation à large échelle des
bruxellois en la matière.
• Un fossé important existe entre la pratique, qui ne
soure de presque aucune barrière, et la théorie xée par
les règlements européens2 3, qui imposent des règles
de traitement diciles à mettre en œuvre dans des
unités de traitement de taille réduite.
Résumé de notre proposition
• Précéder l’obligation de tri des biodéchets (décembre
2023)4 qui sera imposée par la commission européenne
d’une communication institutionnelle massive de la
population en vue de favoriser une gestion à la source à
chaque fois que c’est possible.
• Cette communication doit renvoyer les citoyens vers
un système d’information harmonisé disponible
pour n’importe quel citoyen de manière homogène
et véhiculé notamment par les communes (outils
nécessaires pour un traitement à domicile et leurs points
de vente, formations disponibles, lieux actualisés de
compostage collectif et modalités de collecte pour la
biométhanisation).
• Organiser des formations gratuites sur le compostage
(à domicile, à l’école, au bureau) plusieurs fois par an
dans toutes les communes bruxelloises – la formation
à cette échelle apparait comme la plus ecace en raison
des facilités de déplacement et de l’intérêt des citoyens
pour les dynamiques de leur quartier.
• Octroyer massivement de primes à l’achat de matériel
de compostage (vermicompost ou fûts à compost
notamment). Chaque octroi devra être accompagné
d’une formation en la matière.
• La gestion décentralisée et à très petite échelle ne répond
pas aux impératifs de règlements européens précités.
Un arrêté régional doit encadrer le compostage de
proximité et assouplir les méthodes de gestion de
proximité - voir la rédaction du futur arrêté bruxellois
sur le compostage de proximité (4.6).
• Suivre la proposition développée par Bortolotti et al.
(2018b) qui consiste à combiner la collecte mixte des
déchets alimentaires et déchets verts en respectant
une diérenciation spatiale du territoire : dans cette
proposition, les matières organiques en provenance
des ménages vivant dans des zones denses du territoire
(contenant davantage de déchets alimentaires que de
2 Règlement (UE) n° 142/2011 de la commission du 25 février 2011
portant application du règlement (CE) n o 1069/2009 du Parlement
européen et du Conseil.
3 Règlement (CE) n o 1069/2009 du Parlement européen et du Conseil
établissant des règles sanitaires applicables aux sous-produits animaux et
produits dérivés non destinés à la consommation humaine
4 Directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30
mai 2018modiant la directive 2008/98/CE relative aux déchets
17
déchets verts) sont utilisées comme input à la digestion
anaérobique (biométhanisation) alors que les matières
organiques des zones moins denses sont utilisés comme
apport ligneux dans le compostage du digestat (voir 3.8).
3.3. COMPOSTAGE COLLECTIF
Dénition
Plateforme de compostage collectif : plateforme composée de
3 à 6 silos de 3x 1,2m disposés dans un espace public le plus
souvent accessible à tous les usagers. Les composts collectifs
accueillent actuellement les restes alimentaires non cuisinés5
des ménages qui vivent dans les environs immédiats (entre
30 et 50 ménages), ainsi que le broyat de déchets verts
ligneux en provenance d’élagueurs privés ou fourni par la
commune. Les composts collectifs sont dans leur immense
majorité des initiatives citoyennes bénévoles. Début 2020,
les 183 composts collectifs traitent environ 500 tonnes de
matières organiques (alimentaires et verts).
Apprentissage de l’Opération Phosphore
• La demande de création de nouveaux composts
collectifs est grande, entre 15 et 20 nouveaux composts
voient le jour chaque année et sont bien soutenus dans
leur démarrage notamment par la région (Inspirons le
quartier) mais également par certaines communes. Cette
demande croissante nécessite un accompagnement
soutenu.
• Les avantages d’un compostage de proximité sont
environnementaux (pas de collecte motorisée, outils
peu onéreux pour le traitement, main-d’œuvre réduite,
produit de haute qualité) et sociétal (implication
citoyenne, prise de conscience, résilience face au système,
appartenance à une communauté) mais compte tenu
des quantités traitées, on ne peut pas armer qu’ils
constituent un réel avantage économique
• Les quantités actuellement traitées par les composts
collectifs sont presqu’anecdotiques en comparaison
aux quantités de déchets alimentaires produites par
l’ensemble des ménages bruxellois. Les diagrammes de
ux (Sankey) ont permis de largement relativiser ces
impacts en termes quantitatifs sur le régime bruxellois.
5 Ceci pourrait changer à l’avenir dans le cadre de l’arrêté sur le com-
postag e de proximité bruxelloi s en cours de rédaction ave c le Département
Autorisation de BE (voir 4.6).
• La qualité des composts produits dans les composts
collectifs est excellente6. Les teneurs en éléments
nutritifs sont du même ordre que celles des
amendements commerciaux et ils présentent des teneurs
très faibles en métaux lourds. La qualité des intrants
étant extrêmement soignée, il n’y a pratiquement pas
d’impuretés (plastiques, métaux, matériaux traités)
dans le produit nal.
• La dynamique des composts collectifs est fragile.
L’engouement des participants au début du projet chute
avec le temps et aboutit souvent au fait qu’une seule
personne prend en charge la gestion du site, ce qui
nit par épuiser la démarche. Ce fait a pour origine un
manque d’accompagnement à long terme des composts
collectifs existants au plan de la gouvernance et de
l’implication des usagers.
• Le broyat des restes d’élagage d’arbres et arbustes
est l’élément limitant majeur dans la gestion
décentralisée des restes de cuisine des ménages. L’accès
à cette ressource est relativement dicile pour les
gestionnaires de composts collectifs. Un réseau
d’élagueurs relativement restreint approvisionne certains
sites de dépôt de broyat adjacents à certains composts
collectifs. Les gestionnaires des autres composts sont
prévenus par WORMS lors qu’un stock est disponible
et doivent renouer le stock de leur compost collectif
par leurs propres moyens. Cette tâche est lourde en
termes de logistique pour les gestionnaires des composts
collectifs. Certaines communes mettent à disposition le
broyat en provenance de leur gestion des espaces verts.
Les gestionnaires sont alors informés du lieu de dépôt
de ces matières ou, plus rarement, la commune livre
directement le broyat dans le compost collectif.
Résumé de notre proposition
• Le nombre de composts collectifs augmente de manière
linéaire pour dépasser les 250 composts en 2025. La
mise en place et le démarrage des nouveaux composts
collectifs sont accompagnés par une association de
terrain qui assure le suivi lors de la première année de
fonctionnement.
• Le réseau des composts collectifs est suivi en pa rallèle.
Cet accompagnement a pour but de restaurer les sites
existants, de venir en appui aux dynamiques branlantes
et d’apporter des solutions en termes de gouvernance
interne, de communication et de logistique lorsque c’est
nécessaire.
6 « Analyses de la qualité des composts des living labs de Phosphore ».
Davila, F. 2019.
18
• Le potentiel de gestion des matières organiques des
composts collectifs pourrait être mieux exploité à
condition d’en augmenter le nombre, mais également
la capacité des sites existants. L’augmentation des
quantités traitées par site implique une nouvelle
gestion des participants et une nouvelle logistique. Ces
changements nécessitent un accompagnement spécialisé
et une analyse ne des facteurs de succès de la
gouvernance interne des composts collectifs.
• Les gestionnaires des composts collectifs ne
devront plus s’occuper des tâches de recherche et
d’approvisionnement de broyat pour leurs composts.
Cette tâche sera eectuée par l’entité qui accompagne
les composts collectifs. La région mettra à disposition
les quantités susantes de broyat pour approvisionner
les composts collectifs tout au long de l’année. Cette
matière proviendra de l’entretien des espaces verts
régionaux et sera stockée dans plusieurs sites de dépôt
d’où partiront lors que c’est nécessaire des convois
pour approvisionner les composts collectifs (et les
citoyens) qui en feront la demande. Cette logistique
nécessite un investissement en matériel pour gérer en
toute sécurité les matières stockées et pour eectuer
les livraisons régulières. Il s’agira aussi de mobiliser
de la mai n-d ’œuvre qualiée ainsi que des ressources
pour gérer la logistique. Les sites de stockage de broyat
serviront également de points d’approvisionnement pour
les particuliers qui compostent à domicile et qui ont
besoin de matières sèches.
3.4. TRAITEMENT MÉCANISÉ
À PETITE ÉCHELLE
Dénition
Qays : système breveté de micro biométhanisation : digestion
anaérobie de matière organique essentiellement alimentaire
avec récupération de méthane et production d’un digestat
de haute qualité agronomique. La machine devrait pouvoir
traiter quelques 36 t/an.
Eco-cleaner : appareil de fermentation aérobie et une
déshydratation des déchets de cuisine et de table à l’aide
de micro-organismes thermophiles. La machine maintient
une température (70°C), une humidité, une ventilation
et un brassage constants pendant environ 24 heures. La
capacité de traitement de l’éco-cleaner est de 11 à 44 t/an
selon le modèle. Le produit de cette digestion est stable
chimiquement et entièrement déshydraté, perdant ainsi près
des de 90% de son poids initial et facilitant son stockage et
transport. (Bortolotti et al. 2018c).
Rocket Composter : machine permettant une digestion
thermophile et aérobie de matières organiques alimentaires
et vertes. Contrairement à l’éco-cleaner cet appareil a une
capacité entre 7 et 91 t/an selon les modèles et mesure près
de 4 mètres de long. Les matières y sont digérées pendant
15 jours avec une montée spontanée en température jusqu’à
60°C pendant plusieurs jours. Le digestat produit un digestat
semblable à celui de l’éco-cleaner.
Apprentissage de l’Opération Phosphore
• Les machines de traitement des matières organiques
à échelle réduite n’ont pas été testées dans le cadre de
Phosphore, soit parce que leur degré de maturité n’était
pas susant (Qays), soit parce qu’elles nécessitaient des
tests complémentaires an d’obtenir les autorisations
de commercialisation (éco-cleaner), soit parce qu’elles ne
sont pas (encore) commercialisées à Bruxelles (rocket-
composter).
• Ces machines ne semblent pas encore générer un
grand intérêt des usagers potentiels pour des raisons
intrinsèques à leur fonctionnement ou par manque de
publicité/connaissance à leur égard.
Résumé de notre proposition
• Le potentiel de machines de ce type est estimé à
quelques 370 t/an à Bruxelles d’ici 2025. Leur utilisation
pourrait concerner les collectifs qui produisent des
déchets alimentaires et qui n’ont pas accès à un jardin
ou qui doivent obligatoirement hygiéniser leurs restes
alimentaires, comme les instituts de soins et santé.
3.5. COMPOSTAGE À MOYENNE ÉCHELLE
Dénitions
Composts communaux : Unités de compostage communal
de déchets verts (feuilles, branchages) de moins de 1200 t/
an/unité (300t/an en moyenne par site).
Compostage en andain : Compostage urbain en andain
à moyenne échelle (10 à 1000 t/an par unité) (andains)
des déchets alimentaires issus des restaurants, écoles et
supermarchés et des déchets verts issus de la lière bois, de
professionnels de jardins et de communes.
Apprentissages de l’Opération Phosphore
• Seules deux administrations communales bruxelloises
sur dix-neuf traitent de manière structurée et organisée
leurs déchets végétaux dans des composts communaux
(environ 300t/an/site). Deux autres livrent par camions
communaux leurs déchets verts purs (non contaminés
19
en plastiques) à Bruxelles-Compost. Les quinze autres
les amènent dans des conteneurs de grandes entreprises
privées (Renewi, Suez, Vanpachtenbeke etc.) qui les
exportent en dehors de la région, dans des composts
industriels/privés encore inconnus des Brabants wallon
et amand notamment (De Muynck 2018).
• l’export des déchets verts des administrations
communales et régionales engendre des coûts
environnementaux émergeants et nanciers parfois
très importants (Ecores et al. 2015 ; De Muynck et al.
2017 ; 2018 ; De Muynck 2018).
• Les déchets verts de voirie (feuilles mortes etc.) sont quant
à eux collectés majoritairement comme des déchets tout-
venants et envoyés à l’incinérateur (Bruxelles-Energie).
• Les administrations communales et régionales en charge
de l’entretien de leurs espaces verts paient des dizaines
de milliers d’euros chaque année pour le transport
de leurs déchets verts et/ou leur export et/ou l’achat
de copeaux de bois et de terreau pour l’amendement
d’espaces de prestige (squares, ronds-points, balconnières
etc.).
• Pour les communes qui livrent leurs déchets végétaux
à Bruxelles-Compost, le coût homme/jour additionné à
celui des livraisons en camions peut atteindre plusieurs
centaines de milliers d’euros/an !
• Le compostage en andain des déchets alimentaires
et des déchets verts (entre 10t et 1000t/an par unité)
était jusqu’à présent un des chaînons manquants et
impensés du système des biodéchets sociotechnique
bruxellois. La France a servi d’inspiration aux acteurs
historiques du compostage bruxellois (Comité Jean
Pain) accompagnés de jeunes entrepreneurs bruxellois
qui ont ensemble, créé la coopérative Recyclo qui visera
à reproduire à Bruxelles, des activités comparables à
celles de Compost In Situ en France.
• Le compostage en andain ne captera pas les déchets
verts des ménages qui seront collectés de manière mixte
(alimentaires et verts concomitamment) par la Région.
Résumé de notre proposition
• Le compostage à moyenne échelle des déchets organiques
verts et alimentaires (en ce compris les sous-produits
animaux) est une des propositions inédites et cruciales
de l’Opération Phosphore - elle intervient à une échelle
encore impensée à Bruxelles : l’échelle méso. Il s’agit
d’une pratique de collecte de déchets alimentaires
(restes de repas) des restaurants bruxellois ainsi que
des écoles, supermarchés et de la restauration collective.
Ces déchets sont collectés en vélo-cargo et en petites
camionnettes. Parallèlement, les déchets verts sont
également collectés auprès de la lière bois (sciure et
résidus pur) mais aussi de sociétés d’élagage, de jardin
et des communes. Les deux ux sont ramenés sur
une plateforme unique de compostage en andain qui
assurera la montée en température et l’hygiénisation
corollaire. Cette activité nouvelle portée par la
coopérative bruxelloise Recyclo assurera la traçabilité
des inputs. A terme, la coopérative entend collecter et
traiter quelques 5.000 tonnes de déchets organiques,
verts et alimentaires confondus. Le compost hygiénisé
sortant est destiné à être vendu sous le label « compost
bruxellois ».
• Les déchets organiques des commerces alimentaires
et de quelques restaurants de l’hypercentre
bénécieront du système de conteneur de matières
organiques pour magasins mis en place par Roots. Ils
seront également transportés et traités par Recyclo pour
être ensuite compostés en andain intra-muros.
• Pour ce qui concerne le compostage communal/
intercommunal des espaces verts communaux et
régionaux, Phosphore propose d’organiser et de
nancer l’achat de des broyeurs industriels par
plusieurs communes regroupées si nécessaire sous
formes d’intercommunales an de diminuer les coûts
d’investissement, de mutualiser les supercies et la
mai n d ’œuvre disponibles pour gérer les quelques sites
répartis sur la région.
• Les coûts de location de ces broyeurs étant peu rentables,
il est urgent de créer de nouvelles alliances dépassant
l’échelle administrative communale. Cette gestion
professionnalisée à l’échelle intercommunale permettra
de diminuer de manière substantielle les déchets verts
qui étaient exportés jusque-là à Bruxelles-Compost et
dans de nombreux composts industriels, parfois privés
- dont les communes ignorent souvent l’emplacement.
3.6. COMPOSTAGE INDUSTRIEL
DE DÉCHETS VERTS
Dénition
Compostage industriel en andain de déchets végétaux
des ménages, des professionnels de jardins et de certaines
communes (17.500 t/an).
Apprentissages de l’Opération Phosphore
• Les déchets verts des ménages (entre 10.000 t/an et
15.000 t/an) sont actuellement collectés en sacs verts
et envoyés à Bruxelles compost (Forest) qui les broie,
20
tamise et revend en partie à des agriculteurs et des
professionnels de jardin.
• Ce compost de très faible qualité est très probablement
contaminé en micro plastiques (Weithmann et
al. 2018) ce qui pose des enjeux de santé publique
nouveaux (Lithner et al. 2011 ; Wright et Kelly 2017
; Machado et al. 2018 ; Ebere et al. 2019 ; Zhang et al.
2019) qui n’avaient jamais été révélés jusqu’alors.
• Cette infrastructure qui est un des éléments clés du
système comporte une inertie importante en termes de
quantités annuelles traitées : si les quantités n’atteignent
pas 17.500 tonnes l’infrastructure fonctionne à perte
et si ces tonnages excèdent 17.500 tonnes, Bruxelles-
Compost ne respecte pas son permis d’environnement.
Résumé de notre proposition
• La proposition radicale de Phosphore consiste à cesser
les activités de compostage industriel de Bruxelles-
Compost. Les ux :
- des ménages (10.000-15.000 t/an) seront
mulchés et traités sur plac e et, en cas d’excédents,
collectés en collecte mixte et destinés à
alimenter l’usine de biométhanisation.
- Des communes (1.500 t/an) seront soit
mulchés, soit compostés sur place dans des
composts communaux ou hybrides.
- Des professionnels de jardins (3.000 t/an)
seront laissés sur place et/ou conés aux
communes disposant de composts végétaux
et/ou conés pour des activités de compostage
collectif (3.3.) ou à moyenne échelle (3.5.).
• Pour ce faire, il s’agira de soutenir les formations
obligatoires du Centre de Compétences en Gestion
Ecologique de Bruxelles à destination des centaines de
professionnels de jardin actifs en région bruxelloise
et des ouvriers communaux et responsables des espaces
verts. Il s’agit de créer une véritable communauté
d’apprentissage en lien avec le consortium de Phosphore,
qui s’est désormais agrandi et constitué en plateforme
d’échange entre acteurs travaillant sur les biodéchets.
• Planier une communication institutionnelle de
grande ampleur provenant de Bruxelles Propreté,
Bruxelles Environnement et relayée par les médias
traditionnels (RTBF, La Première etc.), régionaux (BX1
etc.) et locaux (brochures communales).
• Planier une politique de transversalité entre les
services de Bruxelles Environnement (Déchets, Espaces
verts, Autorisation) et entre ceux-ci et Bruxelles-Propreté.
3.7. MULCHING DANS LES ESPACES VERTS
PUBLICS ET AUX ABORDS DES ENTREPRISES
Dénition
Mulching (ou paillage) : utilisation des déchets végétaux
sur les sols. Les éléments ligneux sont broyés et épandus aux
pieds des arbres et arbustes, ou sont utilisés dans le compost
de jardin. Les feuilles mortes sont épandues an de couvrir
le sol entre les plantes. Les tontes peuvent également être
épandues au pied des plantes cultivées ou laissées à même le
sol. La dégradation lente de ces matières enrichit le sol, lui
rendant les nutriments absorbés auparavant par les plantes.
Apprentissage de l’Opération Phosphore
• Les données portant sur le mulching dans les espaces
verts des communes et des entreprises sont encore
disparates et commencent à peine à être rassemblées.
• L’absence de données robustes portant sur les déchets
verts mulchés sur place s’explique pour les raisons
suivantes :
- Aucune quantication précise n’a été eectuée
dans les communes bruxelloises ;
- Les données quantitatives portant sur les
déchets verts potentiellement mulchables ne
sont disponibles que sur les factures de déchets
exportés par des adjudicataires privés – et toutes
les factures ne mentionnent pas les quantités,
certaines sont exprimées en volumes, d’autres
ne mentionnent rien.
- Certains déchets verts exportés sont mélangés
à d’autres ux ce qui complexie encore la
quantication ou même l’estimation des
quantités.
- Lorsque les données existent et sont
mentionnées sur les factures, ces dernières sont
bien souvent traitées par un service diérent
que le service espaces verts (service facture,
service comptabilité, etc.).
- Ainsi, le cloisonnement et l’absence de
dialogue entre les services au sein des
administrations concourt à la perte d’une
information stratégique et à l’inertie du
système.
21
Résumé de notre proposition
• Commanditer une étude d’impact sur le mulching
des espaces verts publics et abords d’entreprises.
• Favoriser les achats d’essences indigènes, mellifères et
à croissance lente an de diminuer la biomasse végétale
produite annuellement.
• Inciter les investissements dans des tondeuses
mulcheuses.
• Encourager les formations qualiantes du CCGEB
en mulching et paillage des espaces verts.
• Epaissir le prol de fonction du métier de jardinier/
gestionnaire de parc pour attirer les meilleurs jeunes
issus des lières professionnelles (CERIA, etc.) et
combler la demande locale pour des ALE, Art.60 etc.
Il s’agit aussi d’écologiser des pratiques d’un métier
jusqu’ici peu valorisé.
• Favoriser la mise en place d’une communauté
d’apprentissage (CCGEB, Plateforme Phosphore,
Facilitateur pro biodéchets) axée autour de l’expertise
en mulching à trouver auprès du Comité Jean Pain asbl
mais aussi les français Fraçois Nold, Denis Pépin etc.
3.8. BIOMÉTHANISATION EN
RÉGION BRUXELLOISE
Dénition
Biométhanisation bruxelloise : construction et mise en place
d’une unité de traitement industriel des déchets alimentaires
par digestion anaérobique avec création d’énergie (gaz
et/ou cogénération), suivie d’une déshydratation et d’un
compostage industriel du digestat avec apport de matières
ligneuses bruxelloises.
Apprentissage de l’Opération Phosphore
• Pour l’Opération Phosphore en tant que plateforme
de recherche-action, il a été dicile d’intégrer les
discussions au niveau régional sur la faisabilité et
l’utilité d’une unité de biométhanisation. De par leur
nature stratégique et politisée, les informations
sur l’avancée des négociations régionales n’étaient
pas toujours disponibles et la consultation de l’avis
de tous les partenaires d’Opération Phosphore n’a pas
toujours été une priorité pour les négociateurs politiques.
Nous regrettons que la commission en charge de
l’environnement du Parlement bruxellois n’ait pas invité
l’Opération Phosphore pour y présenter une perspective
plus systémique sur le dossier de la biométhanisation. Il
se conrme donc que « les travaux prospectifs sont rarement
considérés comme des outils de transition de système mais
davantage utilisés comme des outils permettant de renforcer
des positions déjà existantes » (Fransolet 2017b in : De
Muynck et al. 2018).
• Le changement de mandature politique durant le projet
Phosphore a clairement compliqué le dialogue patient
pourtant nécessaire pour un tel dossier.
• La synchronicité entre l’agenda politique et l’agenda
de recherche apparait comme un élément important
(Fransolet 2017a). Une fois le nouveau gouvernement
constitué, le dialogue a d’ailleurs repris de manière
constructive.
• De nombreux échanges constructifs ont toutefois
eu lieu notamment via la participation des membres
de l’Opération Phosphore dans les comités
d’accompagnement des diérentes études (potentiel de
collecte, benchmarking, faisabilité) commanditées par
Bruxelles Envi ronnement au sujet de la biométhanisat ion.
• Un autre facteur-clé des discussions sur la
biométhanisation en région bruxelloise a été le
dimensionnement de la future usine. Les partenaires
de Phosphore ont consenti7 à intégrer l’usine de
biométhanisation dans le futur système sous réserve
que celle-ci ne dépasse pas une capacité annuelle
de l’ordre de 30 kt pour ce qui concerne l’apport en
déchets alimentaires.
• Etant donné les volumes collectés dans d’autres
villes comparables et eu regard des résultats des
études scientiques commanditées par Bruxelles
Environnement ainsi que des propositions au niveau
systémique, nous considérons une capacité de 30 kt
comme un seuil maximal, dicile à atteindre mais pas
impossible à l’horizon de la mise en route et de la durée
d’une installation industrielle. Ce volume nécessitera
des eorts conséquents et concertés pour augmenter et
améliorer la collecte sélective auprès de la population
bruxelloise.
• La décision du gouvernement régional d’inclure la
construction d’une unité de biométhanisation de 30
kt dans l’accord du gouvernement a clarié la situation
sur le plan politique et, d’une certaine manière, réduit
l’incertitude qui régnait durant les deux premières
années concernant le choix des infrastructures.
7 La notion de consentement est à diérencier de celle de consensus :
« là où, pour agir, le consensus exige que tous les participants à une décision
soient unanimes, le consentement se contente du fait qu’aucun membre n’y
oppose d’objection raisonnable » (Université du Nous, 2017).
22
• Au niveau systémique, nous avons développé une
meilleure compréhension des interactions entre la
création d’une unité de biométhanisation d’un côté,
et les éléments décentralisés du système de gestion de
l’autre. Cette compréhension a alimenté les propositions
résumées ci-dessous.
Résumé de notre proposition
• Capacité de traitement : Limiter la capacité de
traitement par biométhanisation à un maximum de 30
kt en déchets alimentaires.
• Apport en déchets verts : Limiter l’apport nécessaire
en déchets verts pour l’usine à moins de 10 kt. En eet,
une partie importante des déchets verts peut être traitée
de manière plus locale, écologique et rationnelle par
d’autres lières (voir propositions de la section 4.4).
• Technique : L’usine doit pouvoir fonctionner
malgré des incertitudes considérables quant à la
composition, la saisonnalité et la masse des ux à
traiter par biométhanisation. La collecte mixte (déchets
alimentaires et verts), vivement conseillée eu regard du
grand potentiel de réduction des émissions grâce à la
rationalisation des passages des camions, peut également
aecter la composition des inputs. Nous recommandons
que le choix technique au niveau des process (voie liquide
vs voie sèche) tienne explicitement compte de ces
incertitudes.
• Stratégie de collecte des fractions méthanogènes et
ligneuses : La performa nce de l’unité de biométhanis ation
va dépendre de la capacité méthanogène de l’input. Avec
une collecte mixte, il sera alors important d’identier des
ux composés majoritairement de déchets alimentaires
(en général plus méthanogènes) et de réduire l’apport
en déchets verts (en général moins méthanogènes).
Nous recommandons de suivre la proposition développé
par Bortolotti et al. (2018) qui consiste à combiner la
collecte mixte des déchets alimentaires et déchets verts
et la diérenciation spatiale du territoire : dans cette
proposition, les matières organiques en provenance
des ménages vivant dans des zones denses du territoire
(contenant davantage de déchets alimentaires que de
déchets verts) sont utilisées comme input à la digestion
anaérobique (biométhanisation) alors que les matières
organiques des zones moins denses sont utilisées comme
apport ligneux pour le post-compostage du digestat.
• Qualité et valorisation du compost : Les matières
organiques peuvent constituer une ressource au lieu d’un
déchet, mais pour y parvenir l’unité de biométhanisation
doit être conçue non seulement comme productrice
d’énergie, mais aussi comme productrice d’input
pour l’agriculture. A ce titre, il existe une incertitude
réglementaire sur la possibilité d’exporter le digestat
composté à l’extérieur de la région bruxellois.
• Entendu que les terrains agricoles en région bruxelloise
auront pour vocation de recevoir le compost issu de cette
infrastructure, il est important que les ux y entrant
soit les plus purs possibles. Ceci vient mettre en cause
la collecte en sac plastique au prot de la collecte en
conteneur dur ou sac en papier. Ceci implique une
communication plus claire adressée à la population sur
la nécessité d’éviter des erreurs de tri (« à quoi bon enlever
un lm plastique dans mes déchets organiques si je mets ces
derniers dans un sac plastique ? »).
• Ensuite, le prétraitement des intrants devra être
susamment performant pour enlever les impuretés
restantes avant la biométhanisation. Dans le cas d’une
installation en symbiose avec la station d’épuration
Nord – une proposition qui présente certains avantages
aux plans opérationnel, foncier et énergétique, vu les
synergies avec les autres activités présentes sur ce site
– un mélange des boues épuration et de déchets
organiques solides doit être catégoriquement exclu
pour éviter la pollution du compost produit et, in ne, la
pollution des terres agricoles qui l’accueilleront.
• Pour assurer la qualité du compost et de sa valorisation
en RBC, nous proposons d’associer la Stratégie Good
Food et d’autres acteurs clés du système alimentaire
bruxellois à la conception et la gouvernance de
l’unité de biométhanisation. Par ailleurs, des tests de
valorisation du digestat devraient être eectués par des
acteurs agricoles bruxellois qui sont déjà actifs dans le
domaine de la gestion des biodéchets, notamment Vert
d’Iris.
3.9. INCINÉRATION
Dénition
Incinération : Traitement par incinération des matières
organiques collectées de manière non-sélective (sacs blancs
pour les particuliers, sacs mauves pour les professionnels,
autres collectes par les opérateurs privés) dans l’incinérateur
régional situé à Neder-Over-Heembeek.
Apprentissage de l’Opération Phosphore
• L’incinération de matières organiques n’est pas
intéressante au plan énergétique, et certains acteurs
craignent que la diminution des volumes de
biodéchets apportés à l’incinérateur puisse
déstabiliser le modèle économique de ce dernier.
23
Ces craintes ont été relativisées par le nouvel Accord du
Gouvernement qui inclut explicitement une réduction de
l’apport à l’incinérateur comme objectif politique, ce qui
équivaut à une remise en cause du modèle économique
de l’incinérateur.
• Il existe deux grands leviers pour parvenir à réduire
l’incinération des matières organiques : la prévention
(réduction à la source) et la gestion sélective (collecte
séparée).
Résumé de notre proposition
• Poursuivre les objec tifs de phasing out de l ’inciné ration
inscrits dans l’Accord du gouvernement et quantiés par
Phosphore.
• Privilégier la prévention à un traitement industriel
alternatif (biométhanisation).
24
IV. LE BILAN DES
RÉALISATIONS
Depuis février 2017, les partenaires de l’Opération Phosphore
s’attèlent à mettre en lumière, faciliter, accompagner et/ou
expérimenter de nouvelles pratiques écologiques de collecte et
de traitement des matières organiques. Ce chapitre en décrit
les principaux accomplissements mais aussi leurs impacts et
prolongements potentiels. Sans entrer dans les détails des
activités menées, il s’agit de présenter un bilan d’ensemble8
qui reète la variété des pratiques et leurs diérentes échelles
de nos interventions.
4.1. EXPÉRIMENTATION DE LA
PRÉVENTION DANS LES RESTAURANTS
Constats
Depuis le démarrage de ses activités en janvier 2016, la
cantine de quartier Refresh se positionne comme un lieu
d’expérimentations sociales et techn iques à d iérents niveaux.
La gestion des déchets organiques étant un sujet essentiel
pour son directeur Laurent Dennemont, anciennement
président de WORMS pendant 6 années, le restaurant
s’est impliqué dès ses débuts à limiter la production de
biodéchets, tout en s’assurant que ceux produits soient gérés
et traités de la manière la plus durable possible. L’objectif,
au travers de l’Opération Phosphore, était simple : il fallait
tester, expérimenter, documenter et diuser les pratiques en
vue de réduire au maximum le gaspillage alimentaire et la
production de biodéchets au sein de l’établissement, mais
aussi pouvoir s’adresser à l’ensemble du secteur Horeca.
Réalisations Phosphore
• Le projet Phosphore a permis de structurer les besoins,
de poser collectivement un diagnostic de la situation,
d’identier les procédures et de pointer les dicultés à
surmonter en vue de réduire la production de déchets
organiques dans un petit restaurant de quartier. En
2017, le projet Refresh était très récent et devait alors
faire face à de nombreuses dicultés de personnel
et d’organisation interne. Le soutien de l’équipe de
Phosphore a permis, au travers de diérentes séances de
8 Les parties 4.1, 4.3 et 4.5 ont été alimentées respectivement par
Laurent Dennemont (Refresh Ixelles asbl), Aurélien Amaz (Roots
asbl) Jen-Marie Savino (Comité Jean Pain asbl et Environnement Eco-
Circulaire asbl).
travail, de mieux cerner les possibilités de prévention
et de décentralisation via la quantication et l’analyse
collectives des ux organiques entrants et sortants du
restaurant.
• Très rapidement nous nous sommes rendu compte que
les barrières les plus importantes à l’instauration d’un
système de gestion intégré des déchets organiques en
Horeca n’étaient pas seulement techniques, matérielles
ou légales, mais aussi et avant tout humaines et
culturelles.
• La dimension sociale du projet, additionnée à la rotation
rapide du personnel engagé, a régulièrement mis à mal
l’ensemble des engagements pris en interne à Refresh.
Un constat s’imposait : il était nécessaire de rappeler
régulièrement les règles de tri, les valeurs du projet, les
engagements pris et le sens de notre démarche si l’on
souhaite modier durablement les comportements.
C’est devenu un des rôles prioritaires du chef-encadrant
en cuisine. Il s’est donc agi de créer une réelle culture
interne de gestion des biodéchets.
• Pour ce qui concerne la lutte contre le gaspillage
alimentaire en HORECA : Refresh s’est inscrit dans
une démarche d’amélioration continue en vue de tendre
vers le Zéro Déchet. Voici un rapide résumé des actions
entreprises :
o Ambassadeur Goodfood (2018) : Refresh participe
à l’ensemble de la stratégie Goodfood depuis 2016,
qui vise explicitement à « préserver les ressources et
lutter contre le gaspillage alimentaire ».
o Label Goodfood Resto : Refresh-xl est désormais
labellisé de 3 toques et s’engage donc à limiter
les portions des assiettes, transformer ses fanes
et autres sous-produits de productions en
lactofermentations, soupes ou tartinades par
exemple, proposer un resto-pack.
o Le Guide de la récupération d’invendus : mise
en place d’un guide à l’attention de tous ceux qui
s’indignent du gaspillage alimentaire alors que
certaines personnes ne mangent pas à leur faim (en
partenariat avec Brufotec et l’IBGE)
o Le Tour du monde en 183 Assiettes : brunch
multiculturel et mensuel à base de récupération
d’invendus alimentaire et mettant à l’honneur un
pays diérent à travers sa culture et son identité
culinaire spécique. Prix du Best Gastronomic
Concept 2018
o Experimentations : Refresh teste et expérimente
diérents ser vices, techniques en vue d’acquérir une
connaissa nce et une expérience solide qu’elle pourra
par la suite transmettre aux autres établissements
du secteur Horeca. Ex : TooGoodToGo, Les
25
Cantines de Quartier, le Broyeur de pain
Crumbler, la mise à disposition de partenaires de
récup de réfrigérateurs et de congélateurs, l’usage
d’une sous-videuse, d’un déshydrateur, la pratique
de techniques de lactofermentations, de limonades
maison, etc.
• Pour ce qui concerne la gestion et la valorisation
des biodéchets dans le secteur Horeca, l’objectif était
d’anticiper les obligations de tri à la source des
biodéchets en 2023. Ainsi, malgré les faibles marges de
manœuvre (règles européennes, contrôles AFSCA etc.)
Refresh s’est attelé à produire un minimum de déchets
organiques et à valoriser les déchets produits via : le
compostage en bac des déchets végétaux, la valorisation
animale grâce aux poules, la collecte via le sac orange et
via cycl’organic et enn, le traitement par Bokashi.
Prolongements potentiels
• Toutes ces initiatives et ces expérimentations font
actuellement l’objet d’un travail de synthèse visant à
transmettre et diuser l’ensemble des bonnes pratiques
aux acteurs du secteur HORECA motivés :
- une BD à l’attention des consommateurs sera
prochainement éditée ;
- un partenariat avec Horeca Be Pro est noué en vue
de proposer des séances d’information sur ce sujet
qui intéresse de plus en plus de professionnels ;
- une compilation sous forme de guide des bonnes
pratiques actuellement en préparation.
4.2. GESTION CIRCULAIRE DES
MATIÈRES ORGANIQUES DES ESPACES
VERTS DE SCHAERBEEK
Constats
Les Espaces Verts de la commune de Schaerbeek exportent
quelques 630 tonnes de déchets verts via un adjudicateur privé
et achètent de l’engrais et du broyat de ligneux pour entretenir
leurs parcelles. Cette gestion découlait essentiellement d’un
manque de communication entre les services des Espaces
Verts et de facturation et d’une inertie dans les pratiques de
gestion. Suite à une note au collège rédigée par un responsable
qui détaille les quantités livrées aux adjudicataires et les coûts
pour la commune, une volonté de circulariser les matières
en provenance des espaces verts est apparue et a démarré
un lent changement des pratiques. Dans le but d’améliorer
cette gestion et de diminuer ces dépenses, les responsables
du service des Espaces Verts, Propreté et Eco-Conseil ont
voulu élaborer et mettre en œuvre des solutions concrètes de
recircularisation. Ce living lab comporte un potentiel très
intéressant : celui de reconnecter administrations, entreprises
d’élagage et citoyens en engendrant des économies nancières
annuelles importantes pour l’administration.
Réalisations Phosphore
Deux champs de recherche ont été explorés dans le cadre
de Phosphore : la création d’un compost communal hybride
(1) d’un côté et le diagnostic territorial participatif pour la
recircularisation des déchets végétaux (2) de l’autre.
• La création d’un « compost hybride » : ce projet pilote
mis en place par la commune et l’asbl WORMS a visé à
collecter et traiter les restes alimentaires des ménages et
riverains couplés aux déchets verts de l’administration
communale de Schaerbeek (parc Albert Ier) an
d’équilibrer le processus de traitement (rapport C/N).
• Ce compost hybride a fait l’objet d’un processus de
co-création très fouillé et facilité par F. Davila de l’asbl
WORMS, en collaboration très étroite avec les citoyens
et plusieurs services de l’administration communale de
Schaerbeek
• Le sentiment d’appartenance commune et
d’attachement à ce lieu s’est développé et a permis de
renforcer les liens des voisins avec le compost : il s’agit
d’un franc succès du côté citoyen.
• Du côté de la commune (chargée de la gestion trimes trielle
et l’approvisionnement en matières sèches) le travail est
fait mais une communication défaillante entre les agents
de terrain et les responsables administratifs n’a pas
permis une appropriation pleine du projet, qui n’a pas
encore perçu comme un lieu de traitement des déchets
verts du parc mais comme une corvée supplémentaire
destinée aux citoyens.
• WORMS a donc demandé au groupe de citoyens de
prendre en charge les retournements du compost (tous
les 3 mois environ). Les agents communaux mettent
à disposition les outils nécessaires et les riverains
s’orga nisent pour eectuer cette tâc he. Les agents soulagés
d’un travail sont plus enclins à aider ponctuellement les
participants au compost, et ces derniers prenant en main
la gestion totale de leurs déchets, voient s’améliorer très
rapidement la qualité du compost produit car ils font
plus attention à ce qu’ils y mettent.
• Phosphore a aussi facilité la recircularisation
26
associées) amène progressivement les gestionnaires
des espaces verts à mettre en pratique et adapter ces
méthodes au terrain.
Prolongements
• Pour ce qui concerne le compost hybride (1) : d’autres
composts du même style seront ouverts à Schaerbeek.
La méthodologie utilisée et toutes les étapes étant
parfaitement documentées (voir rapports d’activités
Phosphore) il est désormais possible tenter de recréer
des dynamiques similaires.
• Dans l’immédiat, un site se trouvant au croisement des
avenues Deschannel et Rogier est considéré comme
pertinent. D’autres composts plus petits qui n’accueillent
actuellement que des déchets verts pourraient également
accueillir des restes alimentaires des riverains ou devenir
des sites de stockage de broyat qui pourront le cas échéant
alimenter les composts de quartier voisins.
• Pour ce qui concerne la gestion circulaire des matières
organiques des espaces verts (2) : des moments de
discussion entre les chefs de secteurs serviront à terme
d’espaces d’échanges et de négociations internes
visant à améliorer la gestion globale des espaces verts
schaerbeekois.
• Maintenant que les éléments du nouveau système sont
en place, il est primordial de planier la transition.
La commune remporte des appels à projet régionaux
qui lui donnent les moyens de se procurer du matériel
spécique pour les tâches à accomplir et pour se faire
accompagner par des bureaux d’études spécialisés. La
personne en charge de ces changements provenant du
terrain, elle maîtrise les contraintes, barrières et leviers
pour améliorer les pratiques, mais surtout pour prendre
soin des agents sous ses ordres.
des déchets verts des parcs et espaces verts de
Schaerbeek (2) en étudiant les conditions de dialogue
et de collaboration entre le Service Espaces verts de
Schaerbeek, les élagueurs qui ont du carbone et les
citoyens composteurs qui en ont besoin. Le dé a
été d’instaurer un dialogue au sein des multiples
couches des services de l’administration communale.
Les diérentes couches hiérarchiques et les habitudes
de communication et de travail des diérentes parties
prenantes ont rendu les échanges parfois complexes.
• L’analyse collective du territoire (ux, acteurs,
infrastructures) a été fructueuse et a permis de générer un
savoir partagé au sein des diérents services communaux.
La visite des diérents sites pour la recircularisation
potentielle des déchets verts a permis de déterminer des
sites potentiels de dépôt de broyat à l’usage des composts
de quartier et des espaces verts.
• La carte utilisée comme objet intermédiaire (Mélard
2008) n’était pas adaptée aux divers services (chier
SIG, non vulgarisé etc.) ce qui n’a pas permis la
continuation ecace du projet.
• Heureusement, Mme Dominguez la chee du secteur
le plus avancé en matière de recircularisation a depuis
été nommée coordinatrice du plan de gestion
diérenciée et fait à présent le lien entre tous les chefs
de secteur, partageant une vision commune et créant des
moments d’échanges d’informations, de techniques et
de matériel.
• Les équipes de jardiniers et de chefs de secteurs
ont été mélangées entre les diérents secteurs de
manière à trouver dans chaque secteur au moins deux
agents sensibilisés qui maîtrisent les techniques de
recircular isation. Un engouement pour l’expérimentation
de ces nouvelles techniques (et des machines parfois
Citoyens schaerbeekois alimentant le compost communal hybride
27
4.3. DÉVELOPPEMENT D’UN
COLLECTEUR DE DÉCHETS ORGANIQUES
POUR MAGASINS ET COMMERCES
Constats
Jusqu’à l’expérimentation de Roots asbl, aucun magasin
bruxellois n’avait jamais testé la création d’un collecteur de
matières organiques innovant destiné à collecter les déchets
des clients, à enclencher une logistique inversée et à amender
les sols des producteurs partenaires du magasin concernée
(Roots). A notre connaissance, c’est la première tentative en
Europe de co-création d’un artefact de recircularisation
des biodéchets de magasins.
Réalisations Phosphore
• En termes de co-création, l’expérience a été concluante.
« Après avoir levé l’ensemble des barrières règlementaires
auprès de Bruxelles Environnement, après avoir levé
l’ensemble des barrières d’accès au terrain auprès de la
Commune de la ville de Bruxelles et après avoir dessiné et
conçu un objet en ayant pensé à toutes les contraintes d’usage,
les clients de Roots ont pu utiliser la Back to Roots, pour
une meilleure gestion décentralisée des déchets organiques ».
« L’expérimentation avec la Back to Roots a été très positive
» arme Aurélien Amaz (Roots). La présence d’un
acteur-pont (Centre d’écologie urbaine) a également
facilité la levée des barrières, l’intermédiation et la
négociation avec tous les acteurs concernés (De Muynck
et al. 2018 ; 2019).
• En matière d’usages par les clients et usagers, les
comportements et pratiques autour de ce collecteur de
matières organiques pour magasins ont été très positifs.
« Nous avons plus d’une année de recul maintenant. La
Back to Roots n’a subi aucun dommage. Il n’y a eu aucun
vandalisme. Il n’a eu aucun vol de bacs non plus. Nous
pouvions craindre qu’elle soit abîmée, brûlée, démontée.
Il n’en a rien été. Comme nous l’avions pressenti, le fait
d’ être un objet esthétique, a permis d’ éviter aussi les dépôts
sauvages. Aucun sac blanc, ni sac d’autres couleurs n’ont été
déposés à proximité ».
• Concernant les relevés, « nous avons eectué plus de 8
mois de statistique pour savoir exactement ce qui a été
valorisé en compostage via notre réseau de producteurs. Il
y avait deux types d’apport : les apports du magasin (fruits
et légumes périmés) et les apports des utilisateurs de la box
(les citoyens engagés pour cette cause environnementale).
Nous avons établi des chiers Excel mensuels qui détaillent
ligne par ligne l’ensemble des fruits et légumes jetés via le
magasin Roots et n’étant plus en état d’être vendus. Nous
avons aussi respecté à la lettre la procédure quant au suivi
des apports en déchets organiques des utilisateurs extérieurs
de la box. Les relevés ont été eectués faits par les utilisateurs
eux-mêmes ayant suivi une formation au préalable ».
• En termes d’acceptabilité par les riverains, « après 15
mois, la Back to Roots a trouvé sa place et sa notoriété
dans le quartier et nous en sommes ravis. Nous sommes
aussi ers de voir qu’un conglomérat d’acteurs professionnels
souhaite étendre ce projet pilote sur d’autres lieux ».
• Pour ce qui concerne l’entretien, « cela constitue un
point d’attention. Comme tout objet en extérieur, la
Back to Roots subit la météo : soleil, vent, pluie. Il est donc
indispensable de la réparer et de l’entretenir pour qu’elle
garde son aspect de départ. Nous avons récemment eectué
un entretien que nous jugeons nécessaire une fois par an.
Nous avons aussi consolidé certaines parties pour que la
Back to Roots s’abîme de moins en moins avec le temps ».
Prolongements potentiels
• Les démarches de diusion du collecteur de matières
organiques de Roots vont bon train. Faisant suite à une
conférence de Phosphore, le bureau IDEA Consult a
consulté Phosphore pour implanter des Back to Roots9
dans le cadre du contrat de quartier Marolles de la
ville de Bruxelles qui prévoit l’implantation d’une
dizaine de collecteurs de biodéchets.
• Un consortium d’aménageurs du territoire a aussi sollicité
Phosphore pour sonder la possibilité d’implantation de
la Back to Roots dans un nouveau quartier en création
à Schaerbeek.
• Un groupe de chercheurs du projet Urbanising In Place
ont également visité l’installation dans une démarche
d’étude et de dissémination potentielle en dehors de
Bruxelles.
4.4. RECIRCULARISATION DES
DÉCHETS VERTS EN BIEN COMMUN
Constats
Les déchets verts des ménages (entre 10.000 t/an et 15.000 t/
an) sont collectés en sacs verts et envoyés à Bruxelles compost
(Forest) qui les broie, tamise et revend en partie à des
9 Roots envisage d’y ajouter un contrat d’entretien, et de formaliser
une ore pour dupliquer le système (à la fois le meuble lui-même et la
gestion des ux liés).
28
agriculteurs10 en dehors de Bruxelles et des professionnels de
jardin. Ce compost de très faible qualité est très probablement
contaminé en micro plastiques (Weithmann et al. 2018) ce
qui pose des enjeux de santé publique nouveaux inquiétants
(Lithner et al. 2011 ; Wright et Kelly 2017 ; Machado et al.
2018 ; Ebere et al. 2019 ; Zhang et al. 2019) qui n’avaient
jamais été révélés jusqu’alors11 .
Les déchets verts purs (non contaminés en plastiques) des
centaines de professionnels de jardins actifs en région
bruxelloise sont pour partie amenés en camions/camionnettes
à Bruxelles Compost. Les autres professionnels de jardins
interrogés déclarent exporter leurs déchets en dehors de
la région pour des raisons de coût et de logistique12. Ces
mêmes professionnels de jardins achètent ensuite le compost
produit par Bruxelles-Compost et le déversent dans les terres
bruxelloises et périphériques (De Muynck 2018).
Les déchets verts purs (non contaminés en plastiques) des
administrations communales et régionales (Bruxelles
Environnement, Bruxelles Mobilité) ne vont quasiment plus
à Bruxelles-compost (sauf Koekelberg et Anderlecht) : ils
sont ramassés dans des conteneurs par de grandes entreprises
privées (Renewi, Suez, Vanpachtenbeke etc.) et sont exportés
en dehors de la région, dans des lieux encore inconnus,
mais très probablement dans des unités industrielles de
compostage des Brabants wallon et amand notamment,
semblables à Bruxelles-Compost (De Muynck 2018). Les
déchets verts de voirie (feuilles mortes etc.) sont quant à
eux collectés comme des déchets tout-venants et envoyés à
l’incinérateur (Bruxelles-Energie).
L’export des déchets verts des administrations communales et
régionales engendre des coûts environnementaux (transport,
contamination en plastique, etc.) et nanciers importants
(Ecores et al. 2015 ; De Muynck et al. 2017 ; 2018 ; De
Muynck 2018).
De plus, tous les déchets verts purs (broyat, etc.) exportés
en dehors de la région sont rendus indisponibles pour les
composts de quartier et les acticités de compostage à
10 Le compost vendu aux agriculteurs périurbains est donc fort pro-
bablement contaminé en microplastiques ce qui constitue une probléma-
tique importante de santé publique. (Weithmann et al. 2018).
« A partir de 2018, les sacs 60L biodégradables/compostables sont à 99,8%
matière BASF et 0,2 masterbatch vert BIO : la part de biosourcé est de seu-
lement ±10% - mais il n’y a plus de régénéré dans les sacs (pas d’ économie
circulaire avec la matière bio). » Communication personnelle de l’ABP
(Condentiel).
11 Les dernières recherches démontrent que les microplastiques
peuvent être transportés par des masses d’air jusqu’à près de 100km du
point d’origine (Allen et al. 2019).
12 Ils paient 65 euros/tonne à Bruxelles-Compost, ce qui est impactant
sur les nances de ces petites structures, et le transport coûte également
très cher, sans compter les nuisances corollaires liées à la mobilité
moyenne échelle (Compost in citu, Roots etc.) ce qui est très
dommageable.
Le projet Phosphore a donc visé à explorer des pistes
de recircularisation de certains ux de déchets verts
(branchages) sous forme de broyat.
Réalisations Phosphore
• Les futurs marchés d’élagage des espaces verts de
Bruxelles Environnement ont prévu de réserver une
partie de cette ressource à destination des composts
de quartier. Près de 400 tonnes seront réparties sur
quatre points de collecte à Bruxelles (Anderlecht, Evere
- et Ixelles et Boitsfort à conrmer) puis acheminées
en camions grappins par le facilitateur de compost de
quartier bruxellois aux diérents composts qui en auront
fait la demande. La phase test consistera en une livraison
une fois par mois vers les sites dont les besoins en carbone
sont les plus criants. Il s’agit donc de la constitution d’un
bien commun.
29
Prolongements potentiels
• Soumission du projet Ca rbone (Innoviris, Experimental
Platform 2020) : Le projet entend expérimenter des
techniques de recircularisation de tous les ux de
déchets verts (feuilles, pelouses, branchages, gros bois)
au sein de plusieurs administrations communales et
régionale de la région bruxelloise. Il s’agit pour ces
acteurs, par un cycle itératif d’expériences, évaluations,
et ajustements successifs, de reprendre en main la
collecte et le traitement de leurs déchets verts en vue
d’une écologisation de leurs pratiques sociotechniques et
d’une transition dirigée qui concerne donc tout à la fois
des éléments environnementaux, sociaux, économiques/
nanciers et de gouvernance.
• Ajustement de la règlementation portant sur le
compostage de proximité. Travail conjoint avec le
Département Autorisation sur les SPA et la notion de
coproduit végétal (voir 4.6.) en vue de la légalisation
d’un futur bien commun.
• Accompagnement de communes désirant recirculariser
leurs déchets verts et les mettre en bien commun
(compostage communal, distribution de broyat etc.) ;
• Création de la Sonian Wood Cooperative : une partie
des déchets verts est composée de bois et constitue
une ressource locale qui pourrait être transformée par
l’économie locale. La Sonian Wood Cooperative vise à
renforcer la valorisation locale du bois, notamment en
provenance de la Forêt de Soignes. Elle a récemment reçu
l’autorisation de Bruxelles Environnement pour valoriser
du bois de hêtre en provenance du Parc Duden. La mise
en place des lières en cycle court pourrait être étendue à
d’autres espaces verts. D’autres acteurs bruxellois comme
Stamart s’inscrivent dans la même logique et pourraient
être intégrés dans une gestion diérenciée des bois issus
de l’écosystème urbain.
4.5. COLLECTE ET TRAITEMENT DES
DÉCHETS ORGANIQUES À L’ÉCHELLE
INTERMÉDIAIRE : LE CHAINON MANQUANT
Constats
Les rapports précédents de Phosphore ont montré que le
système de collecte et traitement des matières organiques
était verrouillé, technocratique mais surtout articulé autour
de deux polarités : l’échelle de traitement industrielle
(incinération de 114kt/an, biométhanisation hors de Bruxelles
de 8Kt/an et compostage de déchets végétaux de 17Kt/an) et
l’échelle ultra locale (compostage de quartier de 0,4K/an.).
La quantication et le regard critique porté sur ces deux
polarités ont amené à penser que jusqu’alors, une échelle
était l’impensée de la politique bruxelloise : l’échelle
intermédiaire (ou méso), capable de collecter et traiter des
quantités comprises entre 0,5 Kt et 5 Kt/an/unité. Phosphore
pense que la mise en mouvement de cette échelle pourra
permettre d’activer un processus de changement de régime
réel, impactant réellement les ux et les infrastructures.
Emplacement et visualisation des quatre points de collecte de broyat à Bruxelles
30
Réalisations
• Phosphore a été considéré comme un incubateur de
projets locaux novateurs mais aussi un catalyseur
permettant d’attirer dans son réseau des bonnes
pratiques et de la connaissance qui a pu être valorisée
puis adaptée au contexte bruxellois par la coopérative
Recyclo qui met en branle cette échelle intermédiaire.
• Pour ce qui concerne le niveau intermédiaire /meso,
la première étape de l’eet catalyseur de Phosphore a
consisté en un rapprochement avec le Comité Jean Pain
(CJP), acteur historique du traitement décentralisé.
• La journée d’échange sur la gestion de proximité des
biodéchets que le CJP organisait en septembre 2018, à
l’occasion de ses 40 ans d’existence, a été une journée de
réseautage particulièrement féconde : plusieurs acteurs
français qui développent, animent et accompagnent des
projets de collecte et de traitement méso de biodéchets
étaient présents, dont la Coopérative Compost in
Situ (Nantes). Cet évènement majeur a démontré âu
consortium Phosphore que le chainon manquant de la
collecte et du traitement des déchets organiques pouvait
être opérationnalisé à Bruxelles.
• Des collaborations ultérieures se sont ensuite tissées
sur cette base en 2019, entre le Comité Jean Pain asbl,
Environnement Eco Circulaire asbl et Phosphore sur les
questions de réglementation, de projets de compostage
de territoire type compost in situ et sur les quantités
pouvant être gérées par compostage au niveau méso /
intermédiaire.
• Cette dynamique a permis de mettre en lien ces acteurs
avec la coopérative bruxelloise Recyclo, qui était
intéressée par ce projet novateur ce qui a permis, in ne,
la soumission par Recyclo du projet « Compost in City
» en 2019 dans le cadre de l’appel à projets Be-Circular.
• Lauréat Be-Circular, en décembre 2019, le projet
Compost in City devra agir dans un contexte
réglementaire bruxellois complexe mais qui sera
facilité par la modication réglementaire co-portée par
Phosphore, Bruxelles Environnement et J.-M. Savino
(voir 4.6).
Prolongements potentiels
• La Coopérative bruxelloise Recyclo va lancer les
premières activités de Compost In City en 2020.
• Le collecteur de matière organique de Roots, désormais
implanté, fait l’objet de convoitises issues du milieu
Schéma 6. Gisements, ux et infrastructures de traitement des biodéchets alimentaires et verts de la Région bruxelloise : les deux polarités
Usine de
biométhanisation
(Ypres, Liège)
Gisement total de
Biodéchets
190 kt
Déchets
alimentaires
126 kt
Déchets verts
64 kt
47 kt
Gestion sur
parcelle &
régénération
Bruxelles-Compost
17 kt
Bruxelles-Énergie
118 kt
8 kt
Composts
de quartier
0,2 kt
0,2 kt
31
académique (visite des chercheurs de Urbanising in place
etc.) mais aussi d’aménageurs du territoire intéressés par
ce nouveau circuit circulaire et qui entendent reproduire
l’innovation dans un futur éco-quartier à Schaerbeek.
• IDea Consult entend faire du collecteur de matière
organique Roots un artefact central de la collecte des
biodéchets en milieu dense dans le quartier des Marolles
de la ville de Bruxelles. La plaquette de présentation du
modèle mis en place par Roots fait l’objet d’ajustements
successifs en termes de modèle économique, de
modalités de fabrication et de commercialisation. Ces
ajustements font suite aux échanges et retour de terrain
des restaurateurs des Marolles. Elle permettra de diuser
cette innovation sociotechnique unique en Belgique
et en Europe (des contacts ont également été noués à
Lübeck en Allemagne).
4.6. MODIFICATION DE LA
RÉGLEMENTATION RÉGIONALE
Constats
Suite aux scandales sanitaires des années 2000 (crise de
la vache folle, aaire du poulet à la dioxine, èvre porcine)
l’UE a rédigé des règlements européens stricts en vue de
protéger la population des dérives de l’agro-industrie. L’UE
a nettement séparé les chaînes alimentaires et de gestion de
déchets. Parmi ces règlements il faut noter le i) Règlement (CE)
no 1069/2009 du Parlement européen et du Conseil établissant
des règles sanitaires applicables aux sous-produits animaux et
produits dérivés non destinés à la consommation humaine et ii)
le Règlement (UE) n° 142/2011 de la commission du 25 février
2011 portant application du règlement (CE) n°1069/2009.
Le premier règlement ((CE) n°1069/2009) a eu un impact
énorme sur la gestion décentralisée et locale des déchets
alimentaires parce qu’il stipule que tout reste de cuisine et
de table doit être considéré comme un sous-produit animal
(Article 10 : p) et qu’il doit être évacué ou traité en fonction.
Le second règlement ((UE) n° 142/2011) xe les conditions
de sortie du statut de déchet de ces mêmes restes de cuisine et
de table uniquement s’ils subissent un traitement comportant
une phase thermophile d’au moins 70°C pendant une heure
(Annexe IV, Chapitre I : 1,1,a).
Ces deux règlements plongent l’immense majorité
des composts bruxellois dans l’illégalité car ils sont
alimentés avec des restes de cuisine et de table (souvent
exclusivement végétaux et non cuits, mais considérés malgré
tout par le règlement comme des sous-produits animaux).
Or, les composts de petite taille ou qui sont alimentés
sporadiquement ne peuvent pas assurer cette montée en
température. S’il fallait suivre la loi à la lettre, le compost
produit par ces petites unités devrait être traité comme un
déchet et incinéré (étant donné que le tri des organiques n’est
pas encore une obligation). Les composts de quartier sont les
seuls qui pourraient éviter ce paradoxe car ils compostent
des quantités susantes pour déclencher les processus
biochimiques responsables de la montée en température
susante durant la phase de fermentation du compost.
Cependant ce n’est pas le cas de tous les composts de quartier,
et tous les autres modes de gestion des restes alimentaires
ne respectant par ces critères restent illégaux à ce jour à
Bruxelles (valorisation animale en cas de dons des œufs etc.
voir De Muynck et al. 2017 ; 2018).
De plus, pour ce qui est de la valorisation animale, le
règlement (CE) n°1069/2009 interdit l’alimentation
d’animaux d’élevage autres que des animaux à fourrure au
moyen de déchets de cuisine et de table. Il est important
de souligner qu’un animal d’élevage est déni par l’espèce à
laquelle il appartient et non par le lien aectif qu’il peut avoir
avec son maître : une poule est un animal d’élevage, idem
pour un ver à compost ou une larve de mouche soldat noire.
Face à ce constat les membres de Phosphore ont sollicité
une réunion au Département Autorisations de Bruxelles
Environnement pour discuter des possibilités de réaliser les
activités de gestion décentralisée des matières organiques
en toute légalité. Suite à la conrmation que ces pratiques
sont illégales, le Département Autorisation de Bruxelles
Environnement nous a proposé d’adresser notre question à la
commission de sous-produits animaux (CoABP) qui a pour
mandat d’harmoniser les législations des trois régions en
matière de sous-produits animaux. Encore une fois, la CoABP
nous a conrmé l’illégalité des pratiques mais a souligné le
fait qu’une possibilité d’abrogation au règlement (CE)
n°1069/2009 existait et qu’il était théoriquement possible
de trouver une voie légale permettant à ces pratiques
d’être eectuées en toute légalité.
En parallèle et grâce à la communauté de sens mise en place
par Phosphore, nous avons pris connaissance de l’existence
d’une circulaire française13 (qui allait faire l’objet d’un
arrêté) visant à légaliser le compostage de proximité et qui
posait exactement les bases règlementaires dont nous avions
besoin. Les bases d’un changement de règlementation
étaient alors posées, et Phosphore n’a pas manqué
l’occasion de saisir cette opportunité.
13 Circulaire du 13 décembre 2012 relative aux règles de
fonctionnement des installations de compostage de proximité
32
Réalisations Phosphore
• Phosphore a d’abord fait réaliser une analyse normative
des règlements qui concernent la collecte, le transport,
le traitement et l’utilisation des matières organiques
pour le compostage et la valorisation animale. En
connaissance de cause, les partenaires de Phosphore ont
entamé des discussions avec les Départements Déchet
et Autorisations de BE.
• Ceux-ci ont pris contact avec leurs homologues français
qui avaient entretemps rédigé un arrêté ministériel14
faisant suite à la circulaire et cadrait le compostage de
proximité : Bruxelles pouvait s’appuyer sur une base
juridique solide.
• Phosphore participe activement à la co-rédaction
d’un nouvel arrêté destiné à assouplir et cadrer les
règles de compostage de proximité dans la région de
Bruxelles capitale. La co-création avec le Département
Autorisation est très stimulante et fructueuse. Les
discussions en cours portent sur la caractérisation
précise du compostage de proximité et des échelles
intermédiaires et sur le statut de coproduits végétaux – ce
dernier permettra sa mise en bien commun ultérieure.
Prolongements potentiels
• Achever la rédaction collec tive de l’arrêté en partena riat
étroit avec Bruxelles Environnement et les partenaires
élargis de Phosphore (Comité Jean Pain etc.).
• Poursuivre les activités de suivi du Groupe de Travail
SPA du PGRD dans les cinq ans à venir.
4.7. CONTRIBUTION À LA
STRATÉGIE RÉGIONALE
Constats
Jusqu’à aujourd’hui, la contribution à la stratégie
régionale des biodéchets était assurée par les administrations
en charge de ces matières (Bruxelles Environnement,
Bruxelles-Propreté), les collaborateurs de cabinets bruxellois
et quelques experts issus de bureaux d’études. Celle-ci
n’avait jamais été ouverte à des acteurs transsectoriels et
transdisciplinaires issus d’un projet de recherche-action. «
L’autorité publique inuence directement l’éventail politique
des possibles en matière de collecte et traitement des biodéchets
excluant de facto certains comportements et options alternatives
14 Arrêté du 9 avril 2018 xant les dispositions techniques nationales
relatives à l’utilisation de sous- produits animaux et de produits qui
en sont dérivés, dans une usine de production de biogaz, une usine de
compostage ou en «compostage de proximité», et à l’utilisation du lisier
via des instruments de type ‘command and control’, des
règlementations etc. (Kaufmann-Hayoz & Gutscher, 2001).
(De Muynck et al. 2019). Avec A. Fransolet (2019 :28), nous
pensons que ces « approches unilatérales excluent de nombreux
acteurs de la formulation et de l’implémentation des politiques
publiques ». L’intention de Phosphore était d’enclencher une
gouvernance réellement participative.
Réalisations Phosphore
• An de faire percoler les propositions bottom up du
consortium Phosphore dans la politique régionale dans
la matière, notre équipe a alimenté la feuille de route
biodéchets rédigée par Bruxelles Environnement.
• Cette feuille de route précisant le modèle bruxellois de
valorisation de la matière organique contient plusieurs
leviers importants pour activer les idées qui ont émergé
du processus collectif de Phosphore : schématisation
générale des ux à recongurer, assouplissement de la
règlementation portant sur les sous-produits animaux15 ,
apports au futur marché des facilitateurs biodéchets
qui auront la charge d’activer la transition sur le terrain
etc. Ainsi, la recherche de Phosphore a alimenté la
stratégie régionale, les actions ont alimenté la recherche
et ainsi de suite.
Prolongements potentiels
• Phosphore sera candidat au marché de facilitateur
biodéchets des professionnels dont le rôle, en cours
de précision, sera de préparer les professionnels (et le
Gouvernement) à l’obligation de tri des biodéchets d’ici
à 2023.
• Le Comité de Pilotage du PGRD qui sera actif
durant la législature bruxelloise (2019-2014) a mandaté
Phosphore comme collaborant/pilote de plusieurs des
60 ches opérationnelles en matière de gestion des
déchets. Phosphore sera actif dans le « Groupe de
Travail Biodéchets » et chargé de l’opérationnalisation
de plusieurs mesures portant sur le Modèle bruxellois de
valorisation des biodéchets, le Soutien aux initiatives locales
de valorisation des biodéchets ou encore les Sous-Produits
Animaux. Ce travail sera mené de 2020 à 2024.
• Il est intéressant de constater que Phosphore passe d’un
projet/consortium de recherche-action nancé par
Innoviris à une entité nouvelle à part entière active
autour d’une expertise et d’une communauté de sens
commune autour des biodéchets.
15 Ce travail fait suite à une dynamique entamée par Phosphore
et ses partenaires depuis de nombreux mois et reprise par Bruxelles
Environnement. C’est un axe de travail structurel très important pour
Phosphore, tant le déverrouillage réglementaire fait sens dans un système
pareillement cadenassé (voir rapports scientiques #1 et #2).
33
4.8. CO-PRODUCTION D’UNE
VISION SYSTÉMIQUE DE LA GESTION
DES MATIÈRES ORGANIQUES
Constats
Dès la conception du projet d’Opération Phosphore, le
consortium était conscient de la diculté d’établir une
vision systémique de la gestion des déchets organiques.
Jusqu’alors, Bruxelles n’avait jamais tenté de coproduire une
vision systémique tenant compte des deux polarités et de
l’échelle intermédiaire (voir 4.5.) des techniques traitements
et des compétences « Energie » et « Déchets/Ressources ».
Nos tentatives de relever ce dé central donnent à penser que
les obstacles à la co-production ne se situent pas forcement
qu’entre les échelles d’intervention (locale, méso, régionale),
même si une déconnection importante continue d’exister
entre les initiatives locales – toujours plutôt cantonné à une
activité de sensibilisation de la population – et les acteurs
de processus industriels. D’autres obstacles concernent
la déconnection entre les champs d’intervention de
l’alimentation et de la gestion des déchets, qui doivent
évoluer vers une co-création plus importante pour qu’une
vision systémique puisse percoler dans des réalisations
plus concrètes. Une autre déconnection importante et
assez déconcertante existe entre la réexion au niveau
du traitement/des infrastructures et d’autres aspects de
la gestion des déchets, notamment l’organisation de la
collecte.
Le fait que les compétences pour la propreté publique,
la collecte des déchets de ménages et la gestion de
l’environnement/l’énergie aient enn été regroupées sous
la même tutelle ministérielle améliorera sans doute la
perspective systém ique avec l’ensemble des parties c oncernées.
Toutefois, si les tensions entre l’ABP et BE ont quelque peu
diminué, rien ne semble à l’heure actuelle indiquer une vraie
collaboration constructive.
Un enjeu majeur pour la co-production d’une vision
systémique est l’énorme asymétrie d’information entre
les diérents acteurs concernés et impliqués dans les
discussions/réexions portant sur la future gestion des
matières organiques bruxelloises. Nous avons tenté de réduire
ces asymétries partout où c’était possible et faisable, par des
moments de discussions formelles, informelles, organisées
ou non, avec la société civile et les décideurs. De par la
nature même de leurs activités denses et chronophages, les
négociateurs gouvernementaux, collaborateurs de cabinets
ministériels et directeurs d’administrations sont autant
d’acteurs qui ne disposent pas toujours de tous les éléments
permettant de saisir l’ensemble des éléments d’un système
complexe.
Etablir une co-production collective avec les autorités
publiques a été et restera un dé aussi important que la
co-production avec la société civile.
Réalisations Phosphore
• Le processus participatif de scénarisation dans son
ensemble a démarré en avril 2018 lors d’un événement
participatif destiné à recueillir les idées citoyennes en la
matière. Ensuite, le gros du travail de coproduction a été
eectué entre août 2018 et février 2019.
• Le produit de ces ateliers a ensuite fait l’objet d’un
processus de traduction/synthèse par le consortium
Phosphore dans des narratifs prospectifs (qualitatifs et
quantitatifs) envoyés à plus de 200 personnes (citoyens,
académiques, administrations, living labs, prestataires
de services etc.) dont les retours critiques avisés ont été
précieusement intégrés dans les narratifs naux
• Ensuite a commencé la quantication précise du
scénario faisant la synthèse des narratifs prospectifs
au moyen de la matrice quantitative dynamique et
adaptative co-construite et alimentée par le consortium
transdisciplinaire Phosphore (voir photo).
• Tenant compte des besoins pour l’équipe de disposer
d’un maximum d’éléments factuels concernant
l’évaluation des scénarios qui sont actuellement discutés,
une collaboration interuniversitaire a été mise en branle
an d’en évaluer les impacts - analyse du cycle de vie
(ULB) et material & phosphorus ow analysis in the
waste (KUL). En parallèle, un dialogue avec les cabinets
et administrations para régionales a été entamé pour
présenter les premières implications de ces chires sur les
futures infrastructures régionales.
• Les six derniers mois ont été l’occasion pour le
consortium de préciser et de consolider collectivement
les objectifs qualitatifs et quantitatifs que chaque famille
de technique de traitement pourra collecter et traiter
d’ici à 2025.
• Ce travail de prospective collective a été alimenté par
le consortium Phosphore dans son entièreté. Pour la
première fois, des acteurs universitaires (ULB),
associatifs (CEU, WORMS), des administrations
régionales (BE, ABP) et de la société civile (Refresh,
Roots) ont participé conjointement à l’esquisse de ce
à quoi pourrait ressembler le futur système en termes
de pratiques et de ux.
34
• Ces diérentes dynamiques collectives (ateliers
participatifs, narratifs, matrice, évaluation) ont servi
et servent de discussion concrète à propos de ce à
quoi pourraient ressembler les futures infrastructures
régionales ainsi que les initiatives plus locales,
décentralisées.
• Pour la première fois, une estimation précise des
quantités que pourront traiter les innovations
sociotechniques décentralisées est couchée sur le
papier et mise en dialogue avec le système centralisé/
industriel. E merge donc la notion de commensurabilité.
• Pour la première fois, le phasing out précis de
l’incinérateur de Bruxelles16 et la redénition du
mode de collecte et de s inputs de Bruxelles-Compost17
sont proposés à Bruxelles.
• A ce sujet, il est intéressant de souligner la souplesse de
la matrice que nous utilisons, elle permet d’ajuster les
quantités dès qu’une nouvelle réunion collective en fait
apparaître la pertinence. Nous avons donc plusieurs fois
ajusté les chires, en revoyant notamment les objectifs
16 Ce travail fait suite à une dynamique entamée par Phosphore
et ses partenaires depuis de nombreux mois et reprise par Bruxelles
Environnement. C’est un axe de travail structurel très important pour
Phosphore, tant le déverrouillage réglementaire fait sens dans un système
pareillement cadenassé (voir rapports scientiques #1 et #2).
17 Ce thème de travail est très complexe : il implique de redénir la
collecte et le traitement de déchets végétaux sur trois échelles diérentes
(local, communal/intercommunal et régional). Il implique également de
comprendre les ux de déchets verts, les besoins en composts bruxellois et
les infrastructures existantes et manquantes. Il s’agit donc de penser une
approche territoriale des biodéchets végétaux bruxellois.
de prévention qui ont des eets majeurs sur le reste des
paramètres liés.
• Ensuite, l’évaluation interuniversitaire des
propositions issues de l’Opération Phosphore s’est
accentuée et les réunions avec les équipes de chercheurs
ont permis de préciser celle-ci. Cette collaboration a
impliqué quatre équipes de recherche diérentes issues de
trois facultés et de deux universités, chacune possédant
un ensemble spécique de compétences et d’intérêts.
La matrice quantitative a été présentée aux collègues
de l’ULB (BRUCETRA, LOUISE ECO) et de la KUL
(SUSPLACE) pour servir de base d’objet intermédiaire18
entre les équipes, permettant ainsi à chaque équipe de
dialoguer dans une grammaire commune et d’appliquer
une analyse spécique aux propositions quantitatives
d’Opération Phosphore19.
18 En référence au terme proposé par le Centre d’Appui et travaillé
le 04 mars 2019 avec le CACOC et plusieurs autres projets Co-create.
Phosphore avait choisi ce jour-là de travailler les ches de présentation
des techniques qui avaient servi lors des ateliers de co-production avec
les citoyens. Cela aurait tout aussi bien pu être la Matrice, également
utilisé comme objet intermédiaire, mais avec d’autres fonctions, usages
et limites.
19 La réalisation par l’ULB et la KUL de l’analyse du cycle de vie
et l’analyse des ux a nécessité de faire évoluer la matrice pour l’adap-
ter aux catégorisations employés par les chercheurs des autres équipes.
Chaque vague de résultats de l’analyse environnementale a été discutée
et incorporée dans la proposition systémique d’Opération Phosphore. Il
est également à noter que les points d’attention spéciques de Phosphore
(qualité des composts produits, contamination en plastiques, maîtrise des
infrastructures par la Région) ne peuvent pas être étudiés par ces types
d’instruments d’évaluations réductionnistes.
Quantication collective et transdisciplinaire de la matrice Phosphore
35
• L’ensemble du processus de la collaboration
interuniversitaire a été décrit dans un article scientique
qui est paru dans un numéro spécial de la Revue Flux
intitulé “Conditions and concepts for interdisciplinary
urban metabolism research–the case of an inter-project
collaboration on biowaste in Brussels”20 .
Prolongements potentiels
• Sur base des propositions systémiques, nous avons entamé
des échanges constructifs avec des opérateurs privés
de la gestion des déchets, à l’échelle méso (Compost in
situ, projets de biométhanisation à moyenne échelle) ou
régionale (Véolia).
• La proposition récente de Véolia visant à construire
une usine de biométhanisation à la station d’épuration
Nord a fait l’objet de plusieurs réunions visant à explorer
dans quelle mesure ce projet pourrait compatible avec
les propositions Phosphore concernant la collecte, le
traitement et la valorisation des matières organiques.
• En plus des échanges avec les acteurs bruxellois, le
consortium Phosphore est également sollicité au niveau
national et international pour présenter l’approche
systémique développée21.
• Chacune des propositions de Phosphore est accompagnée
de ches de synthèse opérationnelles condentielles
(acteurs impliqués, investissements nanciers, impacts
attendus) qui seront présentées au Gouvernement
régional.
• La dynamique de dialogue et de concertation
d’Opération Phosphore peut être prolongée de diérentes
manières. Ce prolongement est par ailleurs acté dans
le PGRD, lequel prévoit dans sa mesure Fil 1 de rédiger,
en s’appuyant sur l’opération Phosphore notamment, la
stratégie de valorisation des biodéchets à Bruxelles en
distinguant la place à donner aux systèmes centralisés
et décentralisés. De manière plus opérationnelle, un
groupe de travail thématique « biodéchets » sera
constitué dès le mois d’avril 2020 pour coordonner la
mise en œuvre de l’ensemble des mesures abordant de
20 Authors (in alphabetical order) Athanassiadis, A., Bortolotti, A.,
Kampelmann, S., De Muynck, S., Papangelou, A. Zeller, V. (2019).
“Conditions and concepts for interdisciplinary urban metabolism
research–the case of an inter-project collaboration on biowaste in
Brussels”. Revue Flux.
21 A titre d’exemple, nous avons été sollicités par le projet URBACT, la
Ellen MacArthur Foundation, l’Institut Eddec (Université de Montréal),
le projet de recherche DECISIVE, et par des organisations rééchissant
à des systèmes de gestion d’autres villes ou territoires (Québec/Canada,
Ohio/États-Unis). Phosphore entretient également des relations intel-
lectuelles étroites et stimulantes avec le projet Brusseau - les discussions
portant à la fois sur la stratégie de changement de systèmes complexes,
le rapport au politique ou encore la dialectique centralisé/décentralisé.
près ou de loin la question des biodéchets, sur un modèle
de co-construction et de rapportage similaire à celui du
PREC. Les acteurs de l’opération Phosphore sont
déjà identiés comme parties prenantes de ce groupe
biodéchets.
36
Glossaire
Plusieurs termes particuliers sont utilisés dans le présent
rapport.
Living lab : « unité d’expérimentation mettant en œuvre
une gestion écologique de ses matières organiques, qui a
pour ambition de devenir un modèle et qui est fédérée par
Phosphore ». Ces LL appartiennent à des « clusters ». Les
living labs de Phosphore sont considérés comme des innova-
tions sociotechniques. Les living labs de Phosphore ont, dans
le meilleur des cas, trois objectifs: Quantier les matières or-
ganiques qui sont gérées de manière écologique (détournées
du sac blanc); Documenter les dicultés liées à la transition
de cette gestion écologique des matières organiques ainsi que
les solutions/bonnes pratiques et conseils pour les surmonter
et Diuser leur innovation.
Cluster : « ensemble d’expérimentateurs représentant/appar-
tenant au même secteur d’activité ». L’idée est que chaque
cluster soit porté par au moins un acteur (un living lab) qui
met en place une innovation ou une gestion écologique de
ses matières organiques (déchets alimentaires et/ou verts);
Système de traitement décentralisé : moyens, outils et
techniques utilisés pour valoriser les déchets concernés de
manière individuelle, collective ou mise en place à l’échelle
d’un quartier. Ce type de traitement exclut le traitement
industriel.
Système de traitement centralisé : moyens, outils et
techniques utilisés pour valoriser les déchets concernés de
manière industrielle.
Biodéchets alimentaires : déchets organiques alimentaires
et certains sous-produits animaux transformés ou non,
déchets alimentaires ou de cuisine issus des ménages, des
restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail,
et déchets comparables provenant des usines de transforma-
tion de denrées alimentaires (Ordonnance Déchets, 14 Juin
2012). Les biodéchets alimentaires peuvent être déclinés en
deux sous-groupes:
- les restes organiques compostables: épluchures de fruits
et légumes, fanes de fruits et légumes crus, marc de
café, thé etc. Aussi appelés biodéchets végétaux et non
préparés – (BVNP);
- les restes organiques non compostables: retours d’as-
siette, restes de nourriture cuite, pain, viande, poissons
et autres animaux compris, sauces, huiles, os ; aussi
appelés Biodéchets Contenant des Protéines Animales
(BCPA).
Biodéchets verts : déchets biodégradables issus de la gestion
des espaces boisés comme les feuilles, branchages, etc. (EB)
ou de la gestion des espaces de pelouses: tonte de gazons,
etc. (EP).
V. GLOSSAIRE ET ANNEXES
Le présent rapport s’accompagne d’un glossaire (ci-contre) de ches d’opérationnalisation à destination du Gouvernement et
d’un documentaire vidéo retraçant les trois années de recherche intitulé « Opération Phosphore : du biodéchet à la ressource
organique ».
37
VI. RÉFÉRENCES
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Athanassiadis, A., Bortolotti, A., Kampelmann, S., De Muynck, S., Papangelou, A. Zeller, V. (2019). “Conditions and
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