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Difficulté de traduction des collocations dans le Coran صعوبة ترجمة التلازم اللفظي في القران

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Abstract

Dans la mesure où le saint Coran constitue incontestablement la parole de Dieu inspirée par l'ange Gabriel au prophète Mohammed, il n'est pas traduisible par l'être humain, étant d'un caractère inimitable. Cependant un grand nombre de traducteurs orientalistes arabophones ont tenté de donner une interprétation plutôt qu’une traduction du Coran. C'est donc ces interprétations du Coran qui nous intéressent dans notre présente étude. Il s'agit pour nous donc de démontrer comment les combinaisons langagières ont été traitées par ces traducteurs. Dans cet article, nous avons pour objectif d'essayer d'analyser les différentes formes de traduction des combinaisons langagières telles que les combinaisons intermédiaires, du type [VN], relevées dans sept traductions choisies. Mots-clés: combinaisons langagières, combinaisons intermédiaires, collocation, traduction, Saint Coran.
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Difficulté de traduction des collocations dans le Coran
Université de Bagdad-Faculté des Langues -Département de français
Résumé:
Dans la mesure où le saint Coran constitue incontestablement la
parole de Dieu inspirée par l'ange Gabriel au prophète Mohammed, il n'est
pas traduisible étant d'un caractère inimitable par l'être humain. Cependant
un grand nombre de traducteurs orientalistes arabophones ont tenté de
donner une interprétation plutôt qu’une traduction du Coran. C'est donc ces
interprétations du Coran qui nous intéressent dans notre présente étude. Il
s'agit pour nous donc de démontrer comment les combinaisons langagières
ont été traitées par ces traducteurs Dans cet article, nous avons pour objectif
d'essayer d'analyser les différentes formes de traduction des combinaisons
langagières telles que les combinaisons intermédiaire, du type [VN],
relevées dans sept traductions choisies.
Mots-clés: combinaisons langagières, combinaisons
intermédiaires, collocation, traduction, Saint Coran.
Abstract: To the extent that the Holy Quran is unquestionably the
inspired word of God through the Angel Gabriel to the Prophet Muhammad,
it is not translatable being an inimitable character by human being. However
a large number of Arabic-speaking translators orientalists have tried to give
an interpretation instead of translation of the Quran. So these interpretations
of the Quran that interests us in our present study. It is for us therefore to
show how the language combinations were handled by theses translators. In
this article, we try to analyze the different forms of translation of language
combinations such as intermediate combinations, type [ VN], found in seven
selected translations.
Key-words: language combinations, Intermediate combinations,
collocation, translate, Holy Quran.
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
1. Introduction
Les traductions du Coran posent toujours des problèmes délicats à
résoudre. L'un de ces problèmes est la traduction des combinaisons
langagières. Nous distinguons trois types de combinaisons selon leur degré
de figement : des combinaisons libres (CL) non figées, des combinaisons
figées (CF) et des combinaisons intermédiaires (CI)
1
, dit aussi collocation.
Ces dernières constituent l'objet de notre étude.
Du point de vue linguistiquement, nous appelons combinaisons
intermédiaires (CI), l'association d'un morphème lexical par rapport à un
autre au sein d'un énoncé déterminé. Cette sorte d'affinité existante entre les
morphèmes, «est limitée, bien plus elle est souvent imposée» (Clas, 1994 :
576), autrement dit : « Un premier mot ne se combine pas nécessairement à
n'importe quel autre» (Ibid). C'est, en effet, la sémantique qui exige la
présence de ces restrictions dans le discours.
Ce phénomène linguistique est commun à toutes les langues, chaque
langue ayant d'ailleurs ses propres (CI), comme c'est le cas en arabe, en
anglais ou en français, c'est à dire que ce que nous utilisons en arabe ne
s'utilisent pas forcément de la même façon en français ou bien en anglais.
Nous disons en arabe, par exemple l'expression : louer un taxi 
 /yasta'djir/, tandis que nous utilisons l'expression prendre un taxi, et
take a taxi /ya'khoud:/ en français et en anglais. Ces combinaisons
langagières se diffèrent par conséquent d'une langue à une autre.
La langue arabe et la langue française proviennent de deux familles
différentes. Une (CI) acceptable en arabe ne peut pas être acceptée
nécessairement en français. Le traducteur envisage divers problèmes
lorsqu'il la traduit. Ces problèmes commencent quand il essaie de trouver les
équivalents des (CI) dans la LC.
Dans cet article, nous discutons la difficulté que présente la
traduction des (CI) dans le Saint Coran pour les traducteurs quand ils
traduisent ces combinaisons de la langue source LS, l'arabe, vers la langue
cible LC, le français.
Nous essayons de cerner la façon utilisée par ces traducteurs quand
ils traduisent le texte coranique et comment ils traitent le thème de la (CI).
C'est une étude comparative, elle peut nous aider également à découvrir
quels sont les problèmes de la transmission des (CI) de l'arabe vers le
français et quelles sont les solutions suggérées pour surmonter cette
difficulté.
Comme l’indique Hausmann, pour arriver à maîtriser parfaitement
une langue, la connaissance des (CI) est une condition sine qua non " La
maîtrise d'une langue passe par la maîtrise de ses collocations"
(Hausmann, 1979 : 195). Certes, Lerat (1995 : 102) partage avec Hausmann
cette conviction " la maîtrise d'une langue passe par celle des collocations".
Il est même pour Ramos (2011 : 10) qui cite "la maîtrise des collocations
est un des facteurs qui indique la maitrise d'une langue". Étant un locuteur
Difficulty of translation collocations in the
Qur'an

natif doit exiger la connaissance de de l'ensemble des combinaisons
langagières, ses types et de leurs utilisations, et dès qu'il est impossible
d’être un locuteur natif dans la LS et dans la LC en même temps, il devient
impératif alors pour le traducteur d'êtes linguistiquement et culturellement
familier avec les combinaisons langagières pour pouvoir les manipuler
proprement quand il traduit. "Les collocations qui du pont de vue du
locuteur natif peuvent sembler les plus banales ne le sont pas pour celui qui
apprend la langue" (Ramos, 2011 : 10)
Dans cette étude, nous abordons la problématique que soulèvent les
(CI) des expressions ) mise en évidence à
partir de la traduction faites de ces dernières. Pour le faire, nous avons
choisi comme corpus sept interprétations du Saint Coran en français, celle
d'Abdou Daouda (1999), de Blachère (1966), de Chebel (2009), de Chiadmi
(2008), de Chouraqui (1990), de Kazimirski (1844) et de Penot (2008), en
vue d'analyser et comparer les diverses restrictions des combinaisons
intermédiaires dans les exemples choisis.
2. Combinaisons langagières dans le texte coranique : difficulté en
traduction
En plus de son caractère sacré, le Saint Coran est considéré comme
un texte difficile à comprendre ce qui rend sa traduction, vers les autres
langues, plus complexe et qui doit baser en outre sur un maximum de
précision de la part d'un traducteur.
La tâche du traducteur, qui se trouve confronté à traiter des (CI) pour
les traduire de l’arabe vers le français, n'est pas facile parce que « une
traduction qui ne respecte pas les collocations standards du domaine de
spécialité risque d'être perçue négativement par les destinataires experts
(Musacchio et Palumbo, 2008» (Scarpa, 2010 : 217).
Une telle tâche devient encore plus délicate lors que le traducteur se
met à traduire un texte coranique. Cette difficulté vient, d'une part, de la
spécificité de certains éléments lexicaux, qui sont enracinés dans la structure
de la langue proprement dit et immergé profondément dans la culture et les
coutumes arabes. Et d'autre part, cette difficulté vient des sens voulus et des
messages que le Saint Coran veut transmettre.
Nous avons insisté dès le début de notre étude sur le caractère
inimitable du Saint Coran qui est avant tout le parole de Dieu, et donc
intraduisible par l'être humain. Les idées et les intentions divines que le
Coran révèle ne peuvent être exprimées que par les mots choisis par Dieu.
Ainsi, la traduction que le traducteur fait, ne peut pas répondre au vrai sens
des messages que le Saint Coran veut transmettre à l'être humain. Le
traducteur se contente en effet dans sa traduction de donner un texte
approximatif, annoté et enrichi par des commentaires at-tafsîr dans
lesquels il explique les idées al-macânî du Coran " En ce qui concerne la
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
traduction du texte sacré, tous s'accordèrent à dire que, en raison de son
caractère inimitable (icjâz), le Coran ne pouvait être traduit littéralement.
Ils affirmèrent avec force qu'une traduction n'était pas le Coran, et que seul
le Coran arabe était la parole de Dieu. Il fut néanmoins admis qu'une
traduction en forme de commentaire (tafsîr) pourrait accompagner le texte
arabe." (Costet-Tardieu, 2005 : 238)
Ainsi, trouver l'équivalent, d'un concept qui a le même sens et le
même effet dans la LC, est difficile sauf si ce concept a un équivalent avec
une forme similaire ou une forme différente.
Donc, la traduction des (CI), dans un texte coranique, crée un
énorme défi pour le traducteur spécialement lorsque la LS et la LC sont
d'origine différente et représente des cultures différentes. C'est pourquoi le
traducteur doit adopter différentes stratégies linguistique pour surmonter ce
problème.
3. Énoncé du problème
Les différentes langues ont différentes façons de se combiner. Une
combinaison intermédiaire en arabe n'est pas nécessairement identique à la
même combinaison intermédiaire en français ou elle n'existe pas, peut-être,
comme concept. Alors, le premier obstacle que le traducteur rencontre, en
traduisant les (CI) de la LS vers la LC, provient de la difficulté, voire de
l'impossibilité de pouvoir sélectionner les termes équivalents et
convenablement appropriés qui doivent être accepté dans la LC.
Sur cette base, nous pouvons donc constater que le transfert des (CI)
de la LS à LC apparaît comme est une lutte continue pour trouver les (CI)
appropriées. Ce transfert des (CI) de l'arabe vers le français peut être : un
mot, une combinaison intermédiaire ou même une explication. En effet, il
n'est pas facile de trouver l'équivalent pratique qui peut donner le sens exact
de la (CI) dans la LC. Pour résoudre ce problème, le traducteur doit
commencer par saisir les (CI), dans le texte source, pour sélectionner celles
qui conviennent le mieux en tant qu'une unité significative plutôt que des
mots séparés avec des significations différentes.
"le texte du Coran est un texte caractérisé par l’emploi, à une
grande échelle, de prose rythmée, de rimes et de collocations qui se répètent
de façon binaire ou qui assurent une sorte de renvois entre un certain
nombre de Sourates. Il en résulte un texte riche en collocations de tout type.
Lesquelles collocations contribuent à l’identité même du texte coranique sur
le plan formel" (Ouerhani : 1). Certaines de ces (CI) sont liées à une culture
profondément différente et proviennent d'une mentalité parfois opposée.
Ainsi, si la culture de la LS et celle de la LC sont différentes, un problème
ne peut que se présenter, dès le début de la traduction, parce que le texte
source contient des (CI) qui expriment des idées inconnues pour les
destinateurs en lisant.
L'autre difficulté de traduction des (CI) dans le Saint Coran, c'est
celle qui met la plupart du temps les traducteurs dans l'embarras du choix
Difficulty of translation collocations in the
Qur'an

lorsqu'ils essaient de la résoudre. Beaucoup des (CI) sont parfois, voire
souvent mal sélectionnées à l'attention du public cible. Nous pouvons citer
ici l'incapacité de pouvoir reconnaître leurs aspects linguistiques,
stylistiques et culturels comme des facteurs principaux, qui conduiraient au
final à traduire (CI) concernées d'une manière inexacte voire fausse.
4. Traduction des combinaisons langagières dans le Coran
La difficulté de la traduction des (CI) dans le texte coranique suscite
le recours à des études importantes, parce que d'une part, le texte coranique
est caractérisé par l'utilisation des (CI), de tout type, qui se répètent
parallèlement dans l'ensemble des versets et que d'autre part, les
combinaisons langagières, de type intermédiaires, font partie de l'identité du
Coran. Il en résulte un texte riche en (CI) qui contribuent à l’identité même
du texte coranique.
Outre le fait qu'il faut prendre le contexte, qu'il soit général, culturel
ou religieux, en considération pour atteindre le sens le plus fidèle dans
lequel des (CI) de timbre religieux sont nées, les (CI) doivent prêter une
attention appropriée au texte traduit parce qu'elles ont leurs importances
dans la (LS) et la (LC).
Plusieurs exemples de (CI) se trouvent dans de différents versets
coraniques. Pour notre étude nous avons choisi les (CI), du type [VN] dans
la deuxième sourate du Coran AL-BAQARAH (La vache), citées par Zaki
Hossam Aldin (1985).
4.1 / h:adjja-l-bayta / 

Transcription: faman h:adjja-l-bayta 'awictamar falâ jounâh:a calayhi 'ay-
yat:-t:aw-wafa bihimâ
= celui qui a fait le h:adjj de la Maison ou s'y est rendu en visite non
méfait sur lui s'il circumambule entre les deux
Ce verset fait mention, d'une part, d'Al-Safa et Al-Marwâ, deux
petites collines situées près de la Kacba au sein de la Mosquée Sainte, qui
sont parmi les lieux sacrés d'Allah. Elle fait mention d'autre part, de la
course entreprise entre Al-Safa et Al-Marwâ qui fait partie des cultes
religieux, et des rites du pèlerinage. Ainsi celui qui a fait le pèlerinage
officiel de la Mecque ou s'y rend en visite peut sans inconvénient aller et
venir entre ces deux collines.
L'expression (  h:adjja-l-bayta) citée dans le Saint Coran se
présente sous deux formes différentes. Elle peut se trouver comme une
phrase verbale :        , et
comme une phrase nominale : 
.
Ibn Mant:our dans Lisân Al-carab, al-h:adjj, a signalé qu'à l'origine,
signifie al-qas:d (h:adjja signifie qas:ada se diriger vers et visiter). Ensuite,

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
cette expression est utilisée dans l'intention de se diriger vers La Mecque
(Al-Kacba) pour accomplir les rites du Pèlerinage. Alors, nous disons
h:adjja-l-bayta 'idha qas:ada (il est allé en pèlerinage, quand il s'agit de
diriger vers la Mecque).
De ce fait, nous constatons qu'entre h:adjja et albayta il y a une
combinabilité, c'est à dire nous sommes en présence d'une aptitude qu'a
h:adjja peut avoir pour se joindre à albayta.
LS
Traducteurs
LC

Abdo Daouda
(1999)
fait Pèlerinage (Hadj) à la Maison (la
Ka'ba à Makkah)
Blachère (1966)
fait le Pèlerinage au Temple [de la
Mekke]
Chebel (2009)
visiterez la maison de Dieu
Chiadmi (2008)
accomplit le hajj pèlerinage à La
Mecque
Chouraqui
(1990)
fait le Pèlerinage à la Maison
Kazimirski
(1844)
fait le pèlerinage de La Mecque
Penot (2008)
du pèlerinage
Pour les traductions que nous avons présentées, il est facilement
décelable qu'il s'agit de phrases basées particulièrement sur des traductions
littérales. Chacun des traducteurs essaye de donner le véritable sens
dissimulé dans le verset coranique sans prêter pour autant une attention
significative au (CI) de la langue arabe.
Le pèlerinage dans LE ROBERT & CLE INTERNATIONAL
(1999 : 734) signifie «voyage que l'on fait pour aller prier dans un lieu
saint», c’est-à-dire voyager individuellement ou collectivement dans un
lieu saint à des fins religieuses et dans un esprit de dévotion.
Nous savons qu' al-h:adjj est l'un des cinq piliers de l'islam, il se
déroule toujours à une date précise (entre le 8 et le 13 du Dhoul H:ijja), et se
fait conformément à des rites religieux spécifique. Donc, l'expression faire
(le) pèlerinage à / de + la/ le (Maison/ Kacba / Makkah/ Temple), ayant été
citée par certains traducteurs, ne reflète pas réellement le véritable sens de
la (CI)  dans la LS. Cependant, nous avons constaté que les
traducteurs l'utilisent telle quelle parce que l’expression faire pèlerinage à
est couramment utilisée dans la langue française.
Le prédicat dans l'expression ( h:adjja-l-bayta) se concrétise
dans le verbe , ainsi l'équivalent de visiter la Mecque (la Kacba / la
maison de Dieu), proposée par certains traducteurs, peut être utilisée pour
exprimer yactamâr et non pas yah:idhjj. L'expression yactamâr, qui signifie
faire le cumrah, peut exprimer l'action du pèlerin lorsqu'il fait le pèlerinage
Difficulty of translation collocations in the
Qur'an

et c'est après avoir accompli la circumambulation à la Mecque, qu'il quitte
les lieux sacrés définitivement. Tandis que le verbe yah:idhjj est utilisé
quand le pèlerin est revenu plusieurs fois à la Mecque. Nous appelons le
pèlerin Hajj quand il revient à la Mecque plus d'une fois et y a accompli les
rites du pèlerinage
2
.
La troisième forme est celle d' accomplir + le (hajj) pèlerinage
La Mecque). Le verbe accomplir dans LE ROBERT & CLE
INTERNATIONAL (1999 : 9) signifie faire et finir/achever. Ce sens de
l'achèvement s'accorde avec la signification mantico-lexical de la suite
verbale h:adjja-l-bayta. Nous partageons donc ce choix de Chiadmi qui est
le plus minutieux.
La dernière traduction, à aborder, est celle de Penot (2008). Pour lui
 est l’équivalent du pèlerinage. Il cite «celui qui accomplit le
parcours rituel entre ces deux collines en se rendant à la Demeure sacrée
[lors du pèlerinage] ou du pèlerinage mineur n'encourt aucun blâme».
Comme nous le constatons, le traducteur ne fait pas la traduction du verset,
mais il en fait l'interprétation. Il semble vouloir donner le véritable sens
dissimulé sans respecter la restriction de la (CI).
Il convient de noter ici aussi que l'expression est traduite par
(Maison, Kacba, Makkah et Temple). On sait bien d'ailleurs que ces termes
signifient purement et simplement albayt alh:arâm ou bien la Maison de
Allah.
4.2 /'istawqada naran / 


Transcription: mathaluhum kamathal i-l-lathi-s-tawqada nâran falammâ
’adhâ’at h:awlaho d:ahaba-L-Lâho binourihim wa taraqahom fi
z:olomâtin lâ yobisirôn
= Ils ressemblent à quelqu’un qui a allumé un feu. Lorsqu'il éclairait
autour de lui, Allah l'a fait disparaître et il les a abandonnés dans les
ténèbres, ne voyant plus rien.
D'après le (tafsîr) du Coran d’Ibn Kathîr, ce verset précité constitue
un parallèle entre les hypocrites qui cachent leur incroyance, en faisant
semblant d'exhiber leur foi, et un homme qui a allumé un feu pour lui a
donné une clarté de sorte qu’il puisse regarder tout ce qui l’entoure, mais
une fois le feu éteint, il se retrouve dans une obscurité totale sans cependant
pouvoir en sortir.
Ces hypocrites, qui préfèrent vivre dans l’erreur s'éloignant de la
vérité et optent pour l’aberration plutôt que la raison, finissent par devenir
sourds, muets et aveugles. Donc ils ne peuvent plus revenir à leurs états

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
originels. Dieu retire ainsi la lumière à ces hypocrites en les abandonnant
dans les ténèbres, perplexes, sans qu'ils puissent discerner rien distinguer en
raison de leur hypocrisie.
Le prédicat dans la suite verbale ( ) se concrétise dans le
verbe (). Ibn Kathîr (2003 : 44) interprète cette action par allusion à
une personne qui allume un feu dans l'obscurité. Dans Lisân Al-carab, Ibn
Mant:our cite que les deux expressions 'istawqada wa 'waqada nâran
signifie hayadja (enflammer un feu). Il précise aussi qu' al-waqoud, est la
matière que la combustion produit, formant ainsi une quantité de lumière et
de chaleur, et qu' al-mawqid, est le foyer. Nous remarquons d'ailleurs qu'al-
waqoud et al-mawqid sont des mots dérivés du verbe awqada.
LS
Traducteurs
LC

Abdo Daouda
(1999)
a allumé un feu
Blachère (1966)
ont allumé un feu
Chebel (2009)
a allumé un feu
Chiadmi (2008)
auraient allumé un feu
Chouraqui
(1990)
allument un feu
Kazimirski
(1844)
a allumé du feu
Penot (2008)
a allumé un feu
Donc, de ce fait, nous constatons par conséquent qu'entre 'istawqada
et nâran il y a une combinabilité. Tous les traducteurs emploient, pour
traduire cette expression la forme allumer + un feu qui est une (CI) dans la
langue française. Les traducteurs semblent, dans ce cas, avoir réussi à
trouver une traduction équivalente matérialisée tout simplement par
l'expression ci-dessus mentionnée, pour répondre à : ( ). En
employant cette forme, ils combinent la forme et le sens de la (CI) dans la
LS. 4.3 /'iqâmat as:-s:alah / 
a 
Transcription: wa yoqîmôna-s:-s:alâta wa mim-mâ razaqnâhom yonfiqôn
= et ils accomplissent la prière, et dépensent de ce que nous leur avons
attribué b 
Transcription: wa ’aqimô-s:-s:alâta wa ’âtô-z-zakâta wa-r-kacô maca-r-
râkicîn
= et accomplissez la prière, et acquittez-vous de la zakât, et inclinez-vous
avec ceux qui s’inclinent c 
Difficulty of translation collocations in the
Qur'an

Transcription: wa ’aqîmô-s:-s:alâta wa ‘âtô-z-zakata thom-ma tawallaytom
’illâ
qalîlam minkiom wa ’antom mucridhôn
= accomplissez la prière et acquittez le Zakat. Après vous manquiez à vos
engagements, à l'exception d'un petit nombre de vous, et en vous détournant.
d 

Transcription: wa ’aqîmô-s:-s:alâta wa ’âtô-z-zakâta wamâ toqaddimô li
’anfosikom min khayrin tadjidôho cinda-L-Lâhi ’inna-LLâha bi
tacmalôna basîr
= Et accomplissez la prière, et acquittez de la zakât, et tout ce que vous
avancez de bien pour vous-mêmes, vous le retrouverez auprès d’Allah.
Allah voit ce que vous faites. e 

Transcription: wa ’aqâ ma-s-salâta wa’âta-z-zakâta wa-l-mofôna
bicahdihim ’ida câhadô wassâbirîna fî-l-ba’sâ’i wa-dhar-ra’i wa h:îna-l-ba’si
’ôlâ’ika-l-ladîna s:adaqô wa ’ulâ’ika humol-mottaqôn.
= d'accomplir la prière et d'acquitter la Zakat. Et ceux qui remplissent leurs
engagements lorsqu'ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la
misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et
les voilà les vrais pieux. f 

Transcription: wa ’aqâ -s:-s:alâta wa ’âtô z-zakâta lahom ’adjrohom
cinda rab-bihim walâ khawfon calayhim walâ hom yah:zanôn
= et ont accompli la prière et acquitté la Zakat, auront leur récompense
auprès de leur Seigneur. Pas de crainte pour eux, et ils ne seront point
affligés.
Dans Tafsîr (Exégèse, interprétation, commentaire) du Coran d' Ibn
Kathîr, la suite (  = «Ceux qui prient avec rectitude»), d’après Ibn
Abbas, signifie l’accomplissement à la perfection des inclinaisons,
prosternations, recueillement et l’observance de la prière. Quant à Qatâda, il
en dit : «Il s'agit de faire les ablutions et les prières à leurs heures fixes en
perfectionnant les inclinaisons et les prosternations». Il convient de noter
que la prière, en littérature, signifie littéralement l’invocation.
Cette expression est interprétée dans les autres versets comme : faire
la prière, s'acquitter des prières prescrites, être assidus à la prière et
s’acquitter de la prière en perfectionnant ses inclinaisons et ses
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prosternations, avec humilité et recueillement pour obtenir l’agrément de
Dieu. Ibn Mant:our indique que ( ) a une signification
fonctionnelle spécifique qui se réfère au maintien de la prière en l'exécutant
à l'heure exacte et en respectant parfaitement ses obligations.
Ainsi, entre le verbe yoqîm et as:-s:alât, comme nous le voyons, il y
a une combinabilité qu'a yoqîm à se joindre à as:-s:alât.
LS
Traduct
eurs
LC
a. b. c. d. e.
f.








Abdo
Daouda
(1999)
accompli
ssent la
Çalât
accompli
ssez la
Çalât
accompli
ssez
régulière
ment la
Çalât
accompli
ssez la
Çalât
accompli
t
la
Çalât
ont
accom
pli la
Çalât
Blachère
(1966)
accompli
ssent la
Prière
Accompl
issez la
Prière
Accompl
issez la
Prière
Accompl
issez la
Prière
Accompl
it la
Prière
Acco
mpli la
Prière
Chebel
(2009)
prient
Accompl
issez vos
prières
Priez
Observez
vos
prières
un
respect
de la
prière
prient
Chiadmi
(2008)
s’acquitt
ent de la
salât
Acquitte
z-vous
de la
salât
accompli
r
la
salât
Accompl
issez
régulière
ment la
salât
accompli
r
la
salât
observ
ent la
salât
Chouraq
ui (1990)
élèvent
la prière
Élevez la
prière
Élevez la
prière
Élevez la
prière
élèvent
la prière
élèven
t la
prière
Kazimirs
ki (1844)
observen
t
exacteme
nt
la
prière
Observez
exacteme
nt
la
prière
acquittez
-vous
exacteme
nt de la
prière,
Acquitte
z-vous
avec
exactitud
e de la
prière
Observe
nt
la
prière
observ
ent la
prière
Penot
(2008)
s'acquitte
nt
de la
prière
Accompl
issez la
prière
Accompl
ir
la
prière
Accompl
issez la
prière
accompli
r
la
prière
ont
accom
pli la
prière
Comme nous pouvons remarquer dans le tableau ci-dessus, les
traducteurs emploient plusieurs formes pour traduire l'expression ()
Difficulty of translation collocations in the
Qur'an

: accomplir la Prière, prier, Observer les prières, un respect de la prière,
s’acquitter de la salât, acquitter de la salât, élèvent la prière. En examinant
ces formes nous constatons que, pour les verbes utilisés, le verbe accomplir
dans la LC peut donner le sens exact du verbe () dans la LS
3
. Le verbe
prier selon LE ROBERT & CLE INTERNATIONAL (1999 : 803) signifie
soit élever son âme à Dieu, soit s'adresser à Dieu. Quant au le verbe
Observer : regarder avec attention afin de connaître, d'étudier ou regarder
attentivement sans se faire voir, ou remarquer par l'observation → constater,
remarquer, ou obéir à respecter (Ibid. : 689). La forme un respect de la
prière dans la LC ne peut pas donner, au lecteur ou bien à la personne qui
n'est pas arabophone, le sens de ( ) qui signifie dans la LS,
accomplir et maintenir as:-s:alât comme il faut. Pour la forme s’acquitter
de la salât, nous remarquons que le verbe s'acquitter de selon LE ROBERT
& CLE INTERNATIONAL (Ibid. : 12) signifie : très bien faire ce qu'on
doit. Pour acquitter de la salât; cette expression ne signifie pas yoqîm parce
que acquitter signifie déclarer (Ibid. : 12). Nous nous rendons compte
facilement d'ailleurs que son utilisation ainsi est bien loin du sens réel du
terme yoqîm, dans la LS.
Le prédicat dans cette (CI) ( ), se concrétise bien dans le
terme (), et  est un verbe support qui a pour fonction d'actualiser le
prédicat nominal (). Ce terme n'existe pas dans la langue française,
alors que le terme Prière que les traducteurs utilisent souvent, ne signifie
pas pour autant s:alât, mais il signifie plus tôt docâ'
4
dans la langue arabe.
Les autres traducteurs empruntent les mots Çalât et salât, de l'arabe, et
l'utilisent textuellement en français en raison de l'absence d'un terme
équivalent dans la pratique de cette rite spécifique à l'Islam dans les autres
religions monothéistes, en l'occurrence la religion chrétienne et juive.
Certains traducteurs ajoutent l'adverbe régulièrement à la (CI) qui
n'est pas trouvé dans la LS. Mais selon les interprètes du Saint Coran, la
(CI) dans la LS possède bien ce même sens-là. Le traducteur essaie de
maintenir le sens de la (CI) dans la LS pour bien transmettre au mieux le
message réel du vrai sens à son lecteur.
Conclusion
La spécificité des combinaisons langagières est un signe linguistique
qui mérite d'être étudié dans le domaine de la traduction. Nous avons
constaté d'ailleurs que la (CI) n'attire pas l'attention des traducteurs autant
qu'elle le mérite. Le manque de cohérence entre la (CI) de la LS et celle de
la LC, amène souvent à réaliser des traductions inexactes voire fausses dans
la plupart des versets coraniques. C'est la raison pour laquelle tant de
variation se présentent aussi dans la traduction des (CI) et finissent par créer
des confusions chez les lecteurs qui se voient amenés à consulter plusieurs
traductions en vue d'approfondir leur connaissance religieuses islamiques,
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s'enrichir et s'imprégner au mieux dans la compréhension des versets
coraniques.
Nous constatons ainsi que les problèmes principaux de la traduction
des combinaisons intermédiaires portent sur le texte de la langue source, le
sens littéral, la reconnaissance de ces combinaisons et de leurs significations
culturelles spécifiques. Il n'est pas facile de résoudre de tels problèmes,
cependant, il est nécessaire que les traducteurs comprennent le message
dans la LS avec ses dimensions linguistiques et culturelles.
Les traducteurs doivent ensuite trouver l'expression équivalente et la
mieux appropriée qui répond au sens de la signification implicites. Mais
dans les cas l'on ne parvient pas à trouver l'expression équivalente ou
qu'elle n'existe pas, il est suggéré aux traducteurs d'étayer leurs traductions
avec des interprétations ou parfois des explications supplémentaires qu'ils
peuvent introduire en marge de leurs traductions. De telles méthodes
peuvent assurer l'obtention de résultats positifs et approfondir le canal
communicatif entre le texte source et le public cible. Ces solutions
pourraient être appliquées à des exemples totalement idiomatiques.
Des études sur ce domaine sont requises, surtout en ce qui concerne
l'étude de la traduction des combinaisons langagières, ce qui est très utile
dans la découverte des significations et des caractéristiques sémantiques du
texte de la langue source.
Difficulty of translation collocations in the
Qur'an

1
«Ce que nous appelons «formules langagières» correspond en fait à ce que l'on nomme
traditionnellement
cooccurrent
,
cooccurrence lexicale restreinte
(Mel'čul 1984),
collocation
(Galisson1976) ou
phraséologie ( phraséologisme)». (Clas, 1994 : 576)
2
Au 8 Dhoul Hijja le pèlerin se dirige vers la Mecque pour faire la circumambulation At-
tawâf, après il fait la procession As-sacy, puis il va à Mina. Au 9 Dhoul Hijja, il fait le
stationnement Alwoqof bi carafat, et au 10 Dhoul Hijja il revient à Mina pour faire le
sacrifice At-tadhh:iyah. Le pèlerin revient à la Mecque pour faire At-tawâf du 10 Dhoul
Hijja. Et après il revient à Mina pour accomplir la lapidation des stèles Ramyl jamarât. Le
pèlerin, comme une dernière étape, il revient à la Mecque pour faire At-tawâf de l’adieu ou
Tawaf al Widâc.
3
Voire page 3
4
qui se limite à l'invocation
Références
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: DAROUSSALAM.
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  
} :
Sourate 1 à 30, URL: http://bibliotheque-islamique-coran-sunna.over-blog.com/article-le-
commentaire-tafsir-complet-du-coran-d-ibn-kathir-sourate-1-a-30-121170381.html consulté
en 1/10/2016
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
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OUERHANI, Béchir, Les collocations dans le Coran : structures et traductions, URL:
https://www.academia.edu/5541628/OUERHANI_Alicante_Coran consulté en 15/10/2016
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l'enseignement de la traduction, Ottawa : Les Presses de l'Université d' Ottawa.
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Book
Full-text available
Cet ouvrage constitue une riche synthèse des principales approches théoriques relatives à la traduction spécialisée de l’anglais au français. Il s’ouvre sur une description des particularités des langues de spécialité, puis une étude comparative fait ressortir les similitudes et les différences qui marquent la langue de spécialité par rapport à la langue générale. L’ouvrage présente ensuite des stratégies de traduction pour ensuite traiter des caractéristiques de la traduction des textes spécialisés, de la notion d’équivalence, de la méthodologie de la traduction spécialisée et du contrôle de la qualité, pour se conclure sur la profession de traducteur.
Article
Our object of study is the description of collocations in French-Spanish dictionaries. We distinguish collocations from other idioms following Mel'cuk's (1995) approach. After examining the treatment of collocations in some traditional bilingual dictionaries, we propose a new model of bilingual dictionary limited to collocations.
Un réformiste à l'université al-Azhar: Oeuvre et pensée de Mustafâ al-Marâghî
  • Francine Costet-Tardieu
COSTET-TARDIEU, Francine, 2005, Un réformiste à l'université al-Azhar: Oeuvre et pensée de Mustafâ al-Marâghî, Paris : KARTHALA Editions.
Un dictionnaire des collocations est-il possible?
  • Franz Hausmann
  • Josef
HAUSMANN, Franz Josef, 1979, Un dictionnaire des collocations est-il possible?, In: Travaux de linguistique et de littérature XVII, 17.1: 187-195.
Le phénomène de l'appropriation linguistique et esthétique en littérature africaine de langue française: le cas des écrivains ivoiriens : Dadie
  • Albert Kazimirski
  • Félix Ignace De Biberstein
KAZIMIRSKI, Albert Félix Ignace de Biberstein, 1840, Le Coran: traduction et notes, Paris : Charpentier KOUASSI, Germain, 2007, Le phénomène de l'appropriation linguistique et esthétique en littérature africaine de langue française: le cas des écrivains ivoiriens : Dadie, Kourouma et Adiaffi, Paris : Édition Publibook.