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RUNNING HEAD: La communication non verbale
La communication non verbale, 60 ans de connaissances révisées par les pairs
Nonverbal communication, 60 years of peer-reviewed knowledge
Vincent Denault
Département de communication, Université de Montréal, Canada
Centre d’études en sciences de la communication non verbale, Canada
Pierrich Plusquellec
École de psychoéducation, Université de Montréal, Canada
Centre d’études en sciences de la communication non verbale, Canada
Centre d’études sur le stress humain, Canada
Manuscript accepted for publication in
Médiation & Information
Numéro 48 : Communication interpersonnelle et relation
Sous la direction de Pascal Lardellier et Sylvie P. Alemanno
The final publication is available at
https://mei-info.com/
Full reference: Denault, V. et Plusquellec, P. (2019). La communication non verbale, 60 ans de
connaissances révisées par les pairs. Médiation et information, 48, 49-61.
Corresponding author: Vincent Denault, Université de Montreal, 90, avenue Vincent-d’Indy,
Outremont (Québec) H2V 2S9, Canada. E-mail: vincent.denault@umontreal.ca
RUNNING HEAD: La communication non verbale
Résumé
Depuis les années 1960, la communication non verbale a fait l’objet de plus de 30 000 articles
publiés dans des journaux à comités de lecture. Dans cet article, nous décrirons certaines
caractéristiques des travaux les plus influents sur ce sujet et nous effectuerons un survol de ceux
sur le mensonge et l’empathie. De plus, nous discuterons brièvement d’autres recherches sur la
communication non verbale et leurs implications éthiques et légales qui, avec l’émergence de
l’intelligence artificielle, prendront sans doute de plus en plus d’importance. L’objectif de notre
article est de mettre en évidence des enjeux de la recherche sur le non-verbal qui, à notre avis,
pourraient s’avérer utiles pour les chercheurs en sciences de l’information et de la
communication.
Mots-clés : Communication non verbale, gestes, expressions faciales, empathie, mensonge,
intelligence artificielle.
RUNNING HEAD: La communication non verbale
Abstract
Since the 1960s, non-verbal communication has been the subject of more than 30,000 articles
published in peer-reviewed journals. In this article, we will describe some characteristics of the
most influential work on this topic and provide an overview of the work on deception and
empathy. In addition, we will briefly discuss other research on non-verbal communication and its
ethical and legal implications which, with the emergence of artificial intelligence, are likely to
become increasingly important. The objective of our article is to highlight issues in non-verbal
research that, in our opinion, could be useful for researchers in information and communication
sciences.
Keywords: Non-verbal communication, gestures, facial expressions, empathy, deception,
artificial intelligence.
RUNNING HEAD: La communication non verbale
La communication non verbale, c’est-à-dire la communication effectuée autrement que
par des mots (Knapp, Hall, & Horgan, 2013), obtient actuellement une visibilité sans pareille.
Les médias raffolent des analyses des expressions faciales et des gestes de personnalités
publiques (Lardellier, 2017). Des formations afin de « décrypter » le non-verbal de tout un
chacun sont offertes à des professionnels en situation d’autorité (Denault et al., 2019). Toutefois,
plusieurs de ces analyses et de ces formations véhiculent des notions n’ayant pas été mises à
l’épreuve de la révision par les pairs et de la reproductibilité. Pourtant, depuis les années 1960, la
communication non verbale a fait l’objet de plus de 30 000 articles publiés dans des journaux à
comités de lecture.
Dans cet article, nous décrirons certaines caractéristiques des travaux les plus influents
sur ce sujet et nous effectuerons un survol de ceux sur le mensonge et l’empathie. De plus, nous
discuterons brièvement d’autres travaux sur la communication non verbale et leurs implications
éthiques et légales qui, avec l’émergence de l’intelligence artificielle (ci-après IA), prendront
sans doute de plus en plus d’importance. L’objectif de notre article est de mettre en évidence des
enjeux de la recherche sur le non-verbal qui, à notre avis, pourraient s’avérer utiles pour les
chercheurs en sciences de l’information et de la communication (ci-après SIC).
Portrait sommaire des travaux les plus influents
Récemment, afin de dresser un portrait des articles les plus influents, Plusquellec et
Denault (2018) ont effectué une analyse bibliométrique des 1000 articles les plus cités sur la
communication non verbale, plus spécifiquement sur les comportements non verbaux visibles.
Les résultats de leur analyse ont montré que la communication non verbale est un objet de
recherche foncièrement pluridisciplinaire puisqu’elle implique, entre autres, des chercheurs en
éthologie, criminologie, sociologie, anthropologie, linguistique, médecine, et de plus en plus
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dans des domaines liés aux technologies, par exemple en ingénierie et informatique. Toutefois,
plusieurs des revues et des chercheurs les plus cités par d’autres scientifiques, donc les plus
influents, relèvent encore de la psychologie (voir Tableau 1 et Tableau 2).
Tableau 1 : Cinq revues les plus influentes (Plusquellec & Denault, 2018)
Classement
Noms
Nombre d’articles parmi
les 1000 les plus cités
1
Journal of Personality and Social
Psychology
79
2
Journal of Nonverbal Behavior
38
3
Neuropsychologia
36
4
Emotion
25
5
Child Development
25
Tableau 2 : Cinq chercheurs les plus influents (Plusquellec et Denault, 2018)
Classement
Noms
Nombre d’articles parmi
les 1000 les plus cités
1
Paul Ekman
17
2
Albert Mehrabian
16
3
James A. Russell
15
4
Mary L. Philips
14
5
Beatrice de Gelder
13
Autrement dit, à défaut de sortir de leur zone de confort, les chercheurs en SIC pourraient
ignorer des connaissances pertinentes pour leurs travaux sur la communication non verbale. Il en
est de même si les chercheurs ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare. En effet, la plupart des
articles sur le non-verbal se retrouvent dans des journaux à comités de lecture de langue anglaise.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada et les Pays-Bas sont les cinq pays les
plus prolifiques (voir Tableau 3). La France et la Belgique, deux pays de la francophonie, font
néanmoins bonne figure avec la neuvième et la dixième place (Plusquellec & Denault, 2018).
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Tableau 3 : Cinq pays les plus prolifiques (Plusquellec et Denault, 2018)
Classement
Pays
Nombre d’articles parmi
les 1000 les plus cités
1
États-Unis
346
2
Royaume-Uni
116
3
Allemagne
57
4
Canada
44
5
Pays-Bas
36
Enfin, tel qu’il appert de Plusquellec et Denault (2018), les cinq « canaux » de la
communication non verbale les plus étudiés sont les expressions faciales, les gestes, les touchers,
les regards et les postures. Les cinq catégories de sujets de recherche les plus étudiés, quant à
elles, relèvent de la reconnaissance des émotions et de l’étude du non-verbal en lien avec
l’enfance, la santé mentale et le fonctionnement du cerveau. L’étude des comportements
d’imitation occupe la cinquième place.
Il est à noter que l’utilité du non-verbal afin de séduire ou de repérer les menteurs, deux
sujets très populaires auprès du grand public
1
, ne reçoit que peu d’attention à comparer aux cinq
catégories de sujets de recherche les plus étudiés. Autrement dit, la popularité d’un sujet auprès
des chercheurs n’est pas garante de son succès auprès du grand public. Par ailleurs, les
chercheurs les plus influents peuvent malgré eux être à l’origine de croyances erronées sur le
non-verbal. Par exemple, la télésérie Lie To Me, inspirée des travaux de Paul Ekman, a renforcé
la croyance erronée (déjà populaire depuis des millénaires, Troville, 1939) à l’effet que les
menteurs peuvent être repérés à l’aide d’un simple regard. La croyance erronée à l’effet que les
comportements non verbaux représentent 93% de la communication est régulièrement utilisée
1
Une simple recherche sur Google ou YouTube permet de constater la popularité de ces sujets. Par ailleurs, leur
popularité ne se limite pas au grand public. D’importantes organisations offrent, par exemple, des formations en
détection du mensonge (Denault, 2015; Denault et al., 2019). Récemment, en France, le centre de formation de la
Sécurité sociale lançait même un appel d’offre pour des formations en détection du mensonge et « décryptage » du
non-verbal (Rosenweg, 2019).
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comme argument de vente de formations et de livres pour apprendre à « décrypter » le non-
verbal. Pourtant, elle résulte d’une extrapolation abusive de deux articles d’Albert Mehrabian
publiés il y a plus de 50 ans, deux articles ayant fait l’objet de sévères critiques où, d’ailleurs, il
n’était question que d’émotions contradictoires communiquées par un mot, le ton de la voix et
une expression faciale (Lapakko, 2007; Hegstrom, 1979; Mehrabian & Wiener, 1967; Mehrabian
& Ferris, 1967).
Quelques considérations sur le mensonge, l’empathie et le futur de la recherche sur le non-
verbal
Pour le meilleur ou pour le pire, la communication non verbale est omniprésente dans la
vie quotidienne, tant lors d’interactions en face-à-face qu’à l’occasion de communications au
moyen d’ordinateurs et d’autres outils technologiques. Par conséquent, encourager les chercheurs
à investir la sphère publique afin de promouvoir les connaissances révisées par les pairs devrait
être une priorité. Le mensonge, l’empathie et le futur de la recherche sur le non-verbal
permettent de l’illustrer.
Le mensonge : Un sujet à prendre au sérieux
À défaut de connaitre l’état de la recherche sur la relation entre le non-verbal et le
mensonge, des professionnels en situation d’autorité peuvent se tourner vers des croyances
erronées pouvant jouer sur la vie et la liberté d’individus. Par exemple, aux États-Unis, le
« Behavior Analysis Interview » invite les policiers à porter attention à des comportements non
verbaux (p. ex., position sur la chaise, alignement du corps, contact visuel avec l’autre) des
individus à qui des questions sont posées afin d’évaluer s’ils ont commis ou non le crime pour
lequel ils sont des suspects (Inbau, Reid, Buckley, & Jayne, 2013). Toutefois, ces comportements
non verbaux n’ont, en réalité, aucun lien probant avec le mensonge et peuvent fausser le
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déroulement d’enquêtes et contribuer à des fausses confessions (p. ex., Kassin, 2015; Masip &
Herrero, 2013).
Comme le déroulement d’enquêtes, l’issue de procès peut être faussée par des croyances
erronées. Par exemple, lorsque des juges croient à tort que le détournement du regard, la
nervosité et l’hésitation sont des signes valables de mensonge et que l’issue des procès est
tributaire de la crédibilité des témoins, des accusés honnêtes pourraient être jugés malhonnêtes et
être condamnés alors que des accusés malhonnêtes pourraient être jugés honnêtes et être
acquittés (p. ex., Denault, 2015; Denault & Dunbar, 2019; Denault & Jupe, 2017). Pourtant,
plusieurs constats issus de la recherche sur la détection du mensonge sont sans équivoque.
Premièrement, il n’existe pas de comportement présent chez tous les individus
malhonnêtes et absent chez tous les individus honnêtes. De plus, bien que les menteurs aient des
tendances comportementales, elles ne sont généralement pas fiables (DePaulo et al., 2003;
Sporer & Schwandt, 2007). Deuxièmement, la capacité des individus à détecter les menteurs par
l’observation n’est généralement pas meilleure que le hasard (Bond & DePaulo, 2006).
Troisièmement, les formations pour améliorer la capacité des individus à détecter les menteurs
offrent généralement des résultats médiocres (Hauch, Sporer, Michael, & Meissner, 2014).
Autrement dit, les menteurs ne peuvent pas être repérés à l’aide d’un simple regard, tel que
suggéré par la télésérie Lie To Me. Autrement dit, pour repérer les menteurs lors d’enquêtes et de
procès, le « décryptage » du non-verbal relève davantage de la pseudoscience que de la science
(Vrij, 2008; Vrij & Granhag, 2012). Il en est de même en contextes de sécurité. Sur l’enjeu du
terrorisme, par exemple, « les professionnels de la sécurité et de la justice ne devraient pas se fier
à l’observation d’indicateurs comportementaux (ou de combinaisons de certains d’entre eux) en
interaction en face à face afin de détecter des terroristes », tel que l’écrivait récemment un
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groupe de 51 auteurs, incluant plusieurs sommités internationales sur la détection du mensonge
et la communication non verbale (Denault et al., 2019, p. 4, notre traduction).
Toutefois, malgré de telles limites, le non-verbal en contextes de sécurité et de justice
n’est pas à négliger. Par exemple, pour des policiers, des comportements non verbaux qui
signalent l’écoute, l’attention et l’intérêt peuvent servir à établir un lien de confiance et, par
conséquent, à obtenir de l’information de qualité de la part d’individus qu’ils rencontrent (Abbe
& Brandon, 2014; voir aussi Gabbart, Wright, Ng, Hope, & Oxburgh, 2019). Pour les juges, le
non-verbal peut, entre autres, contribuer à la compréhension des témoins et de leurs témoignages
(Denault, Dunbar, & Plusquellec, 2019).
L’empathie : un rôle central pour le non-verbal
Dans le domaine des relations interpersonnelles, la recherche sur le non-verbal est
porteuse d’éléments essentiels à la compréhension de l’empathie, c’est-à-dire la capacité à
reconnaître, comprendre et partager les émotions d’autres personnes, laquelle peut être associée
ou non à la motivation d’améliorer leur bien-être (Decety & Moriguchi, 2007; Decety, Bartal,
Uzefovsky, & Knafo-Noam, 2016). L’empathie aurait trois grandes composantes : 1) l’empathie
motrice, laquelle est constituée principalement de l’imitation automatique des émotions d’autrui,
2) l’empathie affective, soit la capacité à ressentir les émotions et les exprimer, et 3) l’empathie
cognitive, soit la capacité de faire la distinction entre les émotions d’autrui et les siennes, tout en
les mettant en perspective avec le contexte d’autrui (Blair, 2005). Pilier central de l’empathie, la
reconnaissance des émotions d’autrui, laquelle passe notamment par leur imitation automatique,
est un phénomène étudié depuis longtemps.
Par exemple, il y a plus de 40 ans, Meltzoff (1977) a montré que des nouveau-nés ayant
entre 12 et 21 jours étaient capables d’imiter les mouvements faciaux d’un adulte, une
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découverte qui révolutionna la conception des aptitudes des bébés. Plus récemment, Dimberg,
Thunberg et Elmehed (2000) ont montré que les visages d’étudiants universitaires réagissaient de
manière automatique à des expressions faciales visibles seulement 30 millisecondes. L’imitation
automatique serait à la base de la contagion émotionnelle (Coles, Larsen, & Lench, 2019;
Prochazkova & Kret; 2017).
Définie comme « la tendance à mimer et synchroniser les expressions faciales,
vocalisations, postures et mouvements avec ceux d’une autre personne et, par conséquent, à
converger émotionnellement » (Hatfield, Cacioppo, & Rapson, 1994, p. 5, notre traduction), la
contagion émotionnelle est un mécanisme adaptatif qui permet à tout un chacun de ressentir les
émotions d’autres personnes. Toutefois, puisqu’une plus grande susceptibilité à la contagion
émotionnelle augmente la précision à juger les émotions des autres (Manera, Grandi, & Cole,
2013) mais aussi le risque de détresse empathique et d’épuisement émotionnel (Petitta, Jiang, &
Härtel, 2016), les travailleurs en relation d’aide, entre autres, doivent être outillés en
conséquence (Wispé, 1986; Thirioux, Birault, & Jaafari, 2016).
Pour tirer profit de la contagion émotionnelle, les travailleurs en relation d’aide peuvent
mesurer et améliorer à l’aide d’entraînement leur précision interpersonnelle, soit leur capacité
d’identifier avec exactitude les émotions des autres personnes à partir d’indicateurs non verbaux
afin de les objectiver et de comprendre ce que les autres personnes éprouvent, tout en se
protégeant (Schlegel, Boone, & Hall, 2017; Schlegel, Vicaria, IIsaacowitz, & Hall, 2017). Tant
pour certains enfants et adolescents (Castillo, Salguero, Fernández-Berrocal, & Balluerka, 2013;
Baron-Cohen, Golan, & Ashwin, 2009) que pour de futurs médecins (Riess, Bailey, Dunn, &
Phillips, 2012), de plus en plus de programmes pour améliorer l’empathie font l’objet de
publications scientifiques.
RUNNING HEAD: La communication non verbale
Le futur de la recherche sur le non-verbal : l’informatique affective et la détection sociale
Tel qu’il appert de Plusquellec et Denault (2018), le développement des technologies de
l’information et des données offre aux chercheurs en SIC qui s’intéressent au non-verbal des
possibilités qui, jusqu’à récemment, demeuraient inexplorées. L’informatique affective
(« Affective Computing »), par exemple, est un nouveau domaine de recherche initié entre autres
par Paul Ekman dans les années 1990 lorsque des chercheurs ont commencé à travailler sur des
algorithmes permettant l’analyse automatique des expressions faciales à partir du « Facial Action
Coding System » (Ekman & Friesen, 1978). Depuis, les avancées sont majeures (Picard, 2000).
Par exemple, il y a moins de 10 ans, l’équipe de recherche de Marian Stewart Bartlett,
une des premières chercheuses à travailler sur ces algorithmes, a publié la description d’un
programme permettant de quantifier automatiquement et en temps réel des contractions
musculaires du visage avec une précision de 65% à 95%, le « Computer Expression Recognition
Toolbox » (Littlewort et al., 2011). Le programme a notamment été utilisé afin de distinguer la
douleur réelle de la douleur feinte (Huang et al., 2014; Sikka et al., 2015; Bartlett, Littlewort,
Frank, & Lee, 2014). Plus récemment, la puissance de l’analyse automatique des expressions
faciales a été démontrée, notamment par Daniel McDuff et ses collègues qui ont quantifié les
différences culturelles de réactivité faciale de 740 984 participants qui visionnaient des publicités
sur leur ordinateur personnel tout en étant filmés par leur webcam (McDuff, Girard, & El
Kaliouby, 2016).
La détection sociale (« Social Sensing »), quant à elle, est un nouveau domaine de
recherche qui s’intéresse à l’analyse et l’intégration automatique de l’information et des données
provenant d’autres « canaux » de la communication non verbale, par exemple afin de prédire la
performance lors d’un entretien d’embauche ou d’évaluer des troubles de santé mentale. Bien
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qu’elle en soit à ses premiers balbutiements, la détection sociale fait déjà l’objet de publications
scientifiques (Mast et al., 2015; Frauendorfer et al., 2014). Tant la détection sociale que
l’informatique affective dont les usages sont à la fois fascinants et inquiétants nécessitent des
encadrements éthiques et légaux.
Par exemple, au Québec, en réponse à l’émergence de l’IA, de laquelle sont issues la
détection sociale et l’informatique affective, des initiatives ont été lancées, notamment la
Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’IA
2
et l’Observatoire
international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique
3
. L’article 45 de la Loi
concernant le cadre juridique des technologies de l'information, quant à lui, prévoit que « la
création d'une banque de caractéristiques ou de mesures biométriques doit être préalablement
divulguée à la Commission d'accès à l'information. De même, doit être divulguée l'existence
d'une telle banque qu'elle soit ou ne soit pas en service ». Les initiatives de cette nature doivent
être encouragées et soutenues adéquatement.
Conclusion
L’objectif de notre article était de mettre en évidence des enjeux de la recherche sur le
non-verbal qui, à notre avis, pourraient s’avérer utiles pour les chercheurs en SIC. Évidemment,
notre article ne rend pas justice à la richesse de la recherche sur le non-verbal. En effet, pour
imaginer la quantité d’information scientifique disponible, nous pourrions considérer que la
publication d’un article scientifique nécessite en moyenne quatre mois de travail pour un
chercheur, de la collecte de données à la rédaction. Dans ce cas, la réalisation de 30 000 articles
nécessiterait 500 ans de travail à une équipe de 20 chercheurs. Toutefois, nous espérons qu’il
convaincra les chercheurs en SIC qui s’intéressent au non-verbal de l’importance de connaitre les
2
https://www.declarationmontreal-iaresponsable.com
3
https://observatoire-ia.ulaval.ca/
RUNNING HEAD: La communication non verbale
travaux effectués dans d’autres disciplines, mais aussi, et peut-être surtout, de promouvoir auprès
du grand public les connaissances révisées par les pairs afin qu’elles soient accessibles et que
l’ensemble de la société en bénéficie.
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