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Abstract

L’utilisation dite générique de la forme grammaticale masculine en français et plus généralement dans les langues indo-européennes, comme par exemple le terme les étudiants pour désigner un groupe mixte, dénote une forme certaine d’androcentrisme. Tout d’abord, elle nous contraint à percevoir le monde au travers d’un prisme masculin. Ensuite, elle induit des représentations mentales biaisées, favorables aux hommes. Finalement, elle représente une asymétrie linguistique profonde, du fait que la forme masculine est associée à plusieurs sens possibles, alors que la forme féminine n’en a qu’un seul. Dans cet article, nous nous pencherons tout d’abord sur ces différents aspects, en étayant nos propos par des recherches récentes en psychologie du langage. Nous examinerons ensuite différentes formes d’écriture développées dans le but de pallier la domination du masculin, en questionnant leur potentiel inclusif, à la fois en termes de femmes et d’hommes mais également en termes de genre non-binaire.
Gygax, P., Gabriel, U. & Zufferey, S. (2019). Le masculin et ses multiples sens :
Un problme pour notre cerveau... et notre socit. Savoirs en Prisme, 10, e-publication
Le masculin et ses multiples sens :
Un problème pour notre cerveau… et notre société
Pascal Gygax
Université de Fribourg, Suisse
Ute Gabriel
Norwegian University of Science and Technology, Trondheim, Norvège
Sandrine Zufferey
Université de Berne, Suisse
2
Résumé
L’utilisation dite générique de la forme grammaticale masculine en français et plus
généralement dans les langues indo-européennes, comme par exemple le terme les étudiants
pour désigner un groupe mixte, dénote une forme certaine d’androcentrisme. Tout d’abord,
elle nous contraint à percevoir le monde au travers d’un prisme masculin. Ensuite, elle induit
des représentations mentales biaisées, favorables aux hommes. Finalement, elle représente
une asymétrie linguistique profonde, du fait que la forme masculine est associée à plusieurs
sens possibles, alors que la forme fminine n’en a qu’un seul. Dans cet article, nous nous
pencherons tout d’abord sur ces diffrents aspects, en tayant nos propos par des recherches
récentes en psychologie du langage. Nous examinerons ensuite diffrentes formes d’criture
développées dans le but de pallier la domination du masculin, en questionnant leur potentiel
inclusif, à la fois en termes de femmes et d’hommes mais également en termes de genre non-
binaire.
Mots-clés : androcentrisme, langue, langage inclusif, épicène, féminisation du langage
Abstract
The so-called generic usage of the masculine in French, or more generally in Indo-European
languages, as in les étudiants [the studentsmasculine form] denotes a certain form of
androcentrism. First, it forces us to perceive the world through a masculine prism. Then, it
generates male biased representations, favorable to men. Finally, it represents a profound
linguistic asymmetry, as the masculine form is associated to many meanings, whereas the
feminine form has only one meaning. In this article, we will address these issues, and
illustrate our arguments with recent research in the psychology of language. We will then
discuss different linguistic forms aimed at countering the use of the dominant masculine form,
question their potential inclusiveness, in terms of women and men but also in terms of non-
binary gender.
Keywords: androcentrism, language, gender-fair language, epicene, language feminization
3
Introduction
Le langage est souvent considéré comme le miroir de notre société. Il n’en est pourtant
pas qu’un simple reflet, car il joue galement un rôle de catalyseur important pour notre
manière de concevoir le monde. L’anthropologue Edward Sapir et son étudiant Benjamin Lee
Whorf proposaient déjà dans la première moitié du 20ème siècle l’ide selon laquelle notre
langue détermine notre manière de penser. Cette idée est connue sous le nom de relativisme
linguistique, et peut se résumer comme suit : notre système langagier biaise ou influence
notre catégorisation conceptuelle en nous forçant à prêter attention à certains éléments qui
nous entourent. Cette idée a suscité un énorme intérêt au-delà même de la communauté
scientifique, mais elle a également fait l’objet de vives critiques, notamment liées au fait qu’il
semble peu probable que des processus cognitifs de bas niveau comme la perception des
couleurs soient déterminés par le langage (voir Lucy, 1997, pour une discussion des
problèmes méthodologiques liés au relativisme linguistique et McWhorter, 2016 pour une
critique plus générale de cette théorie).
D’autres approches plus modérées, visant également à comprendre le lien entre
langage et pensée, ont été proposées par la suite. L’une d’elles, dveloppe par Dan Slobin
(1996, 2003), offre une perspective particulièrement adaptée à la question qui nous occupe, à
savoir l’influence de l’encodage du genre sur les reprsentations que nous nous en faisons. Sa
théorie, connue sous le nom de thinking-for-speaking hypothesis, stipule tout d’abord que le
langage est un dispositif nous permettant d’encoder, de manire conceptuelle, notre
environnement (au sens large du terme). Du fait que cette conceptualisation du monde passe
principalement par le langage, ce dernier attire inévitablement notre attention vers certaines
propriétés de notre environnement. Le point intéressant pour la problématique qui nous
intresse est l’observation selon laquelle le langage nous conduit souvent à accentuer des
différences qui ne sont pas pertinentes pour comprendre le monde.
Les travaux de Parzuchowski, Boçian et Gygax (2016) sur la forme diminutive
polonaise -ska, qui signifie littéralement petit, illustrent bien l’ide de Slobin (1996, 2003).
Dans leur travaux, Parzuchowski et al. (2016) montrent que les personnes ayant reçu une
pièce de monnaie qui leur est présentée avec le diminutif -ska (en français, cette dénomination
correspondrait grosse modo au terme piécette) sont moins contentes trois minutes plus tard
que celles ayant reçu cette même pièce, mais présentée sans le diminutif. Pour les auteurs,
cette diffrence s’explique par le fait que l’usage du diminutif a attir l’attention des
4
personnes ayant reçu la pièce sur sa faible valeur et les a inconsciemment conduites à la
dévaloriser (selon une vision culturelle du type plus grand, c’est mieux).
Dans cette perspective, la marque grammaticale du genre constitue également un cas
intéressant. Par définition, elle nous force constamment à activer le genre
1
masculin ou
féminin, même lorsque celui-ci n’est pas pertinent pour comprendre un propos. Par exemple,
dans les phrases La chirurgienne a réussi ses examens et Le chirurgien a réussi ses examens,
la marque grammaticale du genre attire inévitablement notre attention sur le genre des
personnes dont il est question. Pourtant, dans ces deux phrases, il est inutile de connaître le
genre des personnes mentionnées pour comprendre qu’elles ont russi leurs examens. De
nombreuses études montrent que nous incorporons de manière spontanée le genre dans notre
représentation mentale du discours, sans effort cognitif particulier (p.ex. Garnham, Oakhill, &
Reynolds, 2002; Lassonde, 2015; Kennison & Trofe, 2003; Kreiner, Sturt, & Garrod, 2008;
Pyykkönen, Hyönä, & van Gompel, 2010, Reynolds, Garnham, & Oakhill, 2006).
La catégorisation linguistique du genre dans de nombreuses langues comme le
français pose un autre problème. Si le genre dans la phrase La chirurgienne a réussi ses
examens est indiscutablement associé à une femme du fait que la marque grammaticale
féminine se réfère exclusivement au genre féminin, la marque grammaticale masculine est au
contraire ambiguë. Formellement, la marque grammaticale masculine peut soit se référer
exclusivement au genre masculin c’est le sens dit spécifique mais elle peut aussi se référer
à un groupe mixte, à une personne ou un groupe neutre, ou encore à une personne ou un
groupe dont le genre n’importe pas. Il s’agit dans tous ces cas de figure du sens dit générique
du masculin. Ce sens générique se décline lui-même en plusieurs sous-sens. Par exemple, la
notion de groupe mixte peut servir à désigner un groupe composé pour moitié de femmes et
pour moiti d’hommes, un groupe compos d’un homme et d’une majorité de femmes, d’une
femme et d’une majorit d’hommes, etc. Même si l’on ne fait pas de distinction fine entre ces
sous-sens (comme c’est le cas dans la majorité des études), le point important est que le genre
masculin est de toute façon ambigu entre deux lectures : générique et spécifique. Dès lors,
cette ambiguïté va indéniablement poser un problème à notre cerveau, qui doit constamment
choisir le sens le plus pertinent, en fonction du contexte. Selon le modèle d’activation-
sélection pour la résolution des ambiguïtés ou activation-selection model of ambiguity
1
Par le terme genre, nous nous référons principalement à l’injonction normative visant à catégoriser les humains
en femmes et hommes, mais nous discuterons également plus bas de la catégorie du genre dans sa continuité.
5
resolution (Gorfein, 2001; Gorfein, Brown & DeBiasi, 2007), ce choix se fait de manière
relativement automatique, ce qui implique qu’il chappe à notre contrôle conscient. Il dépend
des attributs lis aux diffrents sens d’un mot ou d’une structure grammaticale, ainsi qu’à leur
pondération. Par pondration, nous entendons leur force d’activation, liée notamment à leur
frquence d’usage dans la langue.
La résolution de l’ambiguïté du masculin
A notre connaissance, toutes les tudes sur la rsolution de l’ambiguït smantique
liée à la marque grammaticale masculine (pour des revues de la littérature sur le sujet, voir
notamment Gabriel & Gygax, 2016; Sato, Öttl, Gabriel, & Gygax, 2017; Stahlberg, Braun,
Irmen & Sczesny, 2007) arrivent à une même conclusion : sans un contexte fort (voire très
fort), le sens dominant qui est toujours activé à la lecture du genre masculin est le sens
spécifique, dans lequel le genre masculin réfère majoritairement aux hommes. Fait
relativement étonnant en psychologie, il n’existe pratiquement aucune controverse là-dessus.
Même lorsque l’instruction donne indique d’activer explicitement le sens gnrique du
masculin, le sens spécifique est impossible à inhiber, et celui-ci prcde même l’activation du
sens générique (Gygax, Gabriel, Lévy, Pool, Grivel, & Pedrazzini, 2012). Ce résultat est
concordant avec l’observation selon laquelle le sens spcifique du genre masculin est le
premier à être enseigné aux enfants (Gygax, Gabriel, Sarrasin, Oakhill & Garnham, 2009), ce
qui le rend plus familier et donc plus saillant dans leur esprit. En reprenant l’hypothse
Thinking-for-speaking de Slobin (1996, 2003), nous pouvons ainsi conclure que la forme
grammaticale masculine attire invariablement notre attention vers le fait que la personne ou le
groupe désigné par un masculin fait référence à un homme ou un garçon, ou encore à un
groupe essentiellement constitu d’hommes ou de garçons. Et ceci indpendamment de
l’intention de la personne qui s’exprime, qui souhaiterait peut-être utiliser la forme masculine
pour désigner un groupe mixte ou neutre. Ainsi, il est impossible en français d’éviter que les
destinataires d’un discours au masculin ne se forment une représentation mentale
essentiellement constitue d’hommes.
Les implications cognitives et sociales de ce biais linguistique sont nombreuses, et
elles sont toutes associées au prisme androcentrique de notre société. Par prisme
androcentrique, nous entendons la propension à considérer les hommes comme étant la norme
de notre espèce (Bem, 1993), et par conséquent à centrer notre vision du monde sur eux. Ce
regard, déformant, est fortement nourri par l’utilisation de la forme masculine comme valeur
6
générique (Gabriel, Gygax & Kuhn, 2018). Par exemple, nous pensons qu’il y a moins de
femmes dans certains métiers lorsque ceux-ci nous sont présentés uniquement au masculin
(par ex. Gabriel et al., 2008; Horvath, Merkel, Maass & Sczesny, 2015). Même pour des
métiers qui ne sont pas stéréotypés du point de vue du genre, comme les musiciens, les
enfants pensent tout de même que les hommes ont plus de chance d’y réussir que les femmes
lorsque ceux-ci ne leur sont présentés qu’au masculin (p.ex. Vervecken et al., 2016). Ces
effets se rpercutent sur l’identit sociale des enfants, en les forçant non seulement à
constamment activer le genre, mais en plus à l’activer d’une manire qui les dirige vers des
représentations biaisées (Gabriel & Gygax, 2016). Par exemple, en étant exposée à un groupe
ou un métier présenté au masculin, une fille va questionner sa légitimité au sein de ce groupe,
ou même sa lgitimit à exercer ce mtier. Son sentiment d’appartenance va en être altré,
influençant ainsi ses motivations à réussir au sein du groupe ou dans le métier en question
(Walton & Cohen, 2007).
Notons tout de même que l’utilisation de la forme grammaticale masculine comme
valeur gnrique n’est pas le seul facteur gnrant un prisme androcentrique par le biais du
langage. D’autres asymtries, comme l’utilisation de termes comme mademoiselle, impliquant
une diffrenciation entre une femme marie et une femme qui ne l’est pas (alors que cette
diffrenciation n’est jamais faite pour un homme) participent également activement à ce
prisme. Nous discuterons plus bas d’autres asymtries lies à l’encodage linguistique.
Afin d’viter les biais lis à l’utilisation du masculin, différentes stratégies
linguistiques de féminisation ou de neutralisation ont été proposées. Ces stratégies offrent des
avantages certains, mais demandent également une certaine vigilance. Nous présenterons ces
stratégies tour à tour dans les sections suivantes, ainsi que les études empiriques en
psychologie du langage qui se sont penchées sur leurs effets, tout en gardant un regard
critique quant à leurs possibles évolutions.
Stratégies de féminisation
La féminisation
2
désigne habituellement le fait de rendre explicite la présence possible
de femmes (ou de filles) dans un groupe. Par exemple, au lieu de parler des chirurgiens, la
féminisation consiste à utiliser des doublons (ou des formes dites pairées) comme des
chirurgiennes et/ou des chirurgiens. De nombreuses études ont montré que cette forme a le
2
Comme le dit Eliane Viennot (2014), nous devrions plutôt parler de démasculinisation, tant les changements
opérés au fil des siècles en français (mais dans d’autres langues également) visaient à masculiniser la langue,
principalement pour signaler aux femmes que certains métiers ne leur étaient pas accessibles.
7
mérite certain d’augmenter la visibilit des femmes dans la socit, c’est-à-dire d’augmenter
la présence perçue de femmes dans les groupes, que ce soit pour des adultes (p.ex. Braun,
Gottburgsen, Sczesny & Stahlberg, 1998, en allemand; Gabriel, 2008, en norvégien) ou pour
les enfants (Chatard, Guimond, & Martinot, 2005, en français).
Cette stratégie soulève tout de même quelques questions. Premièrement, elle impose
un choix li à l’ordre de mention. Devons-nous nommer les femmes ou les hommes en
premier ? Si cette question peut paraître anodine, elle est en fait essentielle, car nos
représentations des binômes sont liées à des facteurs sémantiques (par ex., Hegarty, Mollin, &
Foels, 2016). Par exemple, nous mentionnons toujours la personne la plus âgée en premier
lorsque l’âge est un facteur central dans la dsignation d’un binôme, comme dans les
expressions père et fils ou mère et fille. Pour le genre, l’androcentrisme discut prcédemment
nous impose un ordre social hiérarchique qui consiste à placer les hommes en premier. Les
exemples sont nombreux, comme dans les binômes mari et femme, Adam et Eve, Monsieur et
Madame Untel ou encore dans des expressions telles que les différences entre hommes et
femmes
3
, et nous montrent à quel point le langage non seulement reflète les rapports sociaux,
mais les nourrit également. En nommant constamment les hommes en premier, nous
contribuons à appuyer leur position dominante et renforçons un modèle sociétal
androcentrique et patriarcal (c.à.d. une société dans laquelle les femmes ont un statut plus bas
et contrôlent moins de ressources que les hommes, selon Eagly & Wood, 1999, par exemple).
Cet effet d’ordre de mention a pour corollaire que lorsque l’ordre habituel est invers et les
femmes sont nommées en premier, comme dans les mécaniciennes et les mécaniciens, nous
nous représentons plus de femmes dans ces activités (p.ex. Gabriel, Gygax, Sarrasin,
Garnham, & Oakhill, 2008) et nous les percevons comme plus centrales dans le discours
(p.ex. Kesebir, 2017).
La solution des doublons implique également d’utiliser une forme fminine, ce qui
induit des difficultés, car les formes féminines pour un certain nombre de métiers de prestige
comme docteur, professeur ou ministre
4
ont été pendant plusieurs siècles supprimées de
certaines langues comme le français. Ainsi, une objection souvent mentionnée contre
l’utilisation de noms d’activits ou de métiers au féminin est que l’usage du fminin peut être
perçu comme dévalorisant. Par exemple, une femme désignée comme étant une ministre
3
Voir Hegarty et al. (2016) pour le seul contre-exemple : Mesdames et messieurs.
4
Burnett & Bonami (2018) présente un argumentaire fascinant sur Madame le/la ministre
8
plutôt qu’un ministre pourrait être perçue comme moins importante (voir Chatard et al., 2005
pour une discussion de la notion de prestige). Cette critique est elle-même l’cho d’un
système patriarcal qui place les hommes dans une situation dominante et voit ainsi les formes
féminines comme étant moins prestigieuses.
Les données scientifiques sur la perception des formes féminines offrent des résultats
controversés. D’un côt, Vervecken et al. (2015) montrent que pour des enfants francophones
entre 12 et 17 ans, la perception des métiers en termes de difficulté (physique et mentale), de
salaire et d’importance ne dpend pas de la forme linguistique utilise pour les présenter, en
d’autres termes le fait de les introduire comme les physiciennes et les physiciens ou
simplement les physiciens. A contrario, Vervecken et Hannover (2015) ont trouvé que des
enfants hollandais de 10 ans perçoivent une baisse du statut social lorsque les métiers sont
présentés sous forme de doublons, tout en montrant que les filles et les garçons se sentent plus
capables d’entreprendre des mtiers prsents sous cette forme. L’effet ngatif des doublons a
également été trouvé chez des adultes allemands et italiens par Horvath, Merkel, Maass et
Sczesny (2015). En effet, ces adultes activent certaines associations dénigrantes lorsque les
métiers sont présentés sous forme de doublons, particulièrement pour les métiers stéréotypés
féminins. Formanowicz, Cislak, Horvath et Sczesny (2015) suggèrent que cet effet pourrait
simplement être lié à la frquence d’usage de ces termes. En effet, ces associations ngatives
pourraient être liées à la faible frquence d’utilisation des formes féminines et des doublons.
Dans les pays où les formes inclusives existent depuis plus de trois décennies comme par
exemple l’Autriche, celles-ci ne sont plus ou presque plus connotées négativement. Ainsi,
refuser de féminiser des noms de métier pour ne pas dévaloriser les femmes en revient à
perptuer les ingalits en refusant d’ajuster la langue à l’volution des mœurs. C’est un
cercle vicieux qu’il convient de briser afin de faire voluer l’usage et faire ainsi
progressivement disparaître les connotations négatives dues au manque de familiarité avec ces
termes.
Un troisime argument souvent invoqu contre l’utilisation de doublons est leur
manque d’esthtisme et leur lourdeur, ou plus globalement la charge cognitive qu’ils
imposent. Si les notions d’esthtisme et de lourdeur sont difficilement quantifiables, elles sont
indéniablement liées aux habitudes de lecture. Gygax et Gesto (2007) ont ainsi montré que
dans un texte, la vitesse de lecture prise comme signal de la difficulté à traiter les
informations présentes dans le texte redevenait normale djà à la troisime occurrence d’un
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doublon. Ces formes ne posent ainsi à terme pas de difficulté pour la lecture. Les raisons d’un
ralentissement à la premire occurrence d’un doublon ne sont en revanche pas claires. Il
pourrait être li à un effet de surprise, ou au fait que la construction d’une reprsentation plus
riche (c.à.d. pas uniquement masculine) demande plus de ressources cognitives. En tous les
cas, cette étude indique que la présence de doublons ne semble pas porter préjudice à la
lisibilit d’un texte dans son ensemble.
Une dernière critique formule à l’encontre de l’usage de doublons, cette fois-ci du
point de vue de la dfense de l’galit entre les genres, porte sur la représentation binaire du
genre qu’ils impliquent (Gabriel & Gygax, 2016). En effet, si l’utilisation de doublon semble
être un moyen efficace pour augmenter la visibilité des femmes, il attire également notre
attention sur la binarité du genre femmes-hommes, qui ne correspond plus du tout à notre
société. Le genre tout comme le sexe (Hegarty, Ansara, & Barker, 2018) est un
continuum, et si les catégories femmes et hommes peuvent être considérées comme des pôles,
elles ne peuvent et ne doivent pas être considérées comme les seules catégories existantes.
D’autres formes de langage inclusif comme la neutralisation, que nous discutons dans la
section suivante, échappent à cette dernière critique, et par définition, se rapprochent
probablement plus de ce que l’on pourrait appeler le langage inclusif.
Stratégies de neutralisation
La notion de neutralisation est relativement complexe, tant elle se réfère à des
formulations différentes, selon les contraintes imposées par les différentes langues. De
manière générale, elle constitue une manière de ne pas expliciter la composition du groupe, ou
la personne, en termes de genre. Dans certains cas, comme en allemand, la neutralisation
désigne l’utilisation d’un troisime genre grammatical, la forme neutre, comme dans das Kind
(l’enfant). Dans d’autres cas, la neutralisation désigne l’utilisation d’épicènes, termes qui se
rapportent aussi bien aux femmes, aux hommes et à toute personne, quelle que soit son
identité de genre. Le terme une personne en est un parfait exemple. Notons tout de même que
dans une société androcentrique comme la nôtre, certains épicènes comme humain
(Wyrobková, Gygax, & Macek, 2015) ont tendance à être interprétés comme étant plutôt
masculins. Notons également que certains mots épicènes comme poète ne l’ont pas toujours
été, car pendant plusieurs siècles, la forme féminine poétesse a été utilisée sans sa connotation
négative actuelle.
10
La neutralisation désigne également le fait d’utiliser un mot désignant un groupe pour
viter d’expliciter sa composition exacte en termes de genre. Par exemple, on peut préférer la
formulation la population migrante à l’utilisation du doublon les migrantes et migrants.
Même si le sens exact de ces deux formulations n’est pas tout à fait le même, cette différence
n’est souvent pas problmatique. Toutefois, ce type de formulation n’a à notre connaissance
reçu aucune attention en psychologie du langage, contrairement à trois autres stratégies de
neutralisation utilises dans d’autres langues et que nous allons maintenir décrire, à savoir la
nominalisation en allemand (p.ex. Sato, Gygax, & Gabriel, 2016), la disparition de toutes les
formes féminines en norvégien (p.ex. Gabriel & Gygax, 2008; Gabriel, Behne, & Gygax,
2017), et l’apparition de pronoms neutres en sudois (p.ex. Gustafsson-Sendén, Bäck &
Lindqvist, 2015).
Dans leur étude sur l’allemand, Sato et al. (2016) ont testé la manière dont les formes
nominalisées plurielles drives d’adjectifs et de participes passs, comme par exemple die
Studierenden (littéralement les personnes en train d’étudier) étaient représentées en termes de
genre. Pour ce faire, des paires de mots constituées d’un mot reprsentant une personne dont
le genre était connu (p.ex. une sœur) et d’un nom de rôle au masculin pluriel ou nominalis
(p.ex. die Studentenmasculin/die Studierendenominalisé) étaient présentées. Les participantes et
participants devaient simplement décider, pour chaque paire, si la personne représentée par le
premier mot pouvait faire partie d’un groupe reprsent par le deuxime. Par exemple : Est-ce
qu’une sœur peut faire partie d’un groupe d’étudiants/de personnes en train d’étudier ? Les
résultats montrent que lorsque le nom de rôle est au masculin, un terme servant à désigner une
femme est plus difficile à lui associer. Par contre, lorsque le terme est sous sa forme
nominalisée, cette difficult n’apparaît pas : les termes désignant des femmes sont aussi
faciles à associer aux noms de rôles que ceux désignant des hommes. La nominalisation en
allemand semble donc constituer une stratégie de neutralisation efficace, mais son utilisation
ne peut s’appliquer qu’aux noms de rôles drivs de verbes ou d’adjectifs.
La Norvège a quant à elle tenté dès les années 1980 de neutraliser la forme
grammaticale masculine en supprimant les marques grammaticales féminines (Norsk
Språkråd, 1997). L’ide tait relativement simple : si la forme fminine n’existe plus, la forme
masculine devient la forme unique, la rendant ainsi neutre. Cette réforme pourrait paraître de
prime abord drastique et dirigée contre les femmes en les rendant linguistiquement invisibles
(comme l’a souhait l’Acadmie française au 17ème siècle pour le français). Pourtant,
11
l’intention tait clairement égalitaire, et cette réforme linguistique a d’ailleurs été
accompagne par d’autres mesures de promotion de l’égalité entre femmes et hommes.
Gabriel et Gygax (2008) ainsi que Gabriel et al. (2017) ont voulu tester les effets d’un tel
changement linguistique, plus de 20 ans après son introduction. Dans ces deux études, lorsque
des noms de rôles stéréotypés féminins comme par exemple Sjukepleierne (infirmiers) étaient
présentés, les reprsentations mentales qu’ils gnraient taient fminines en dépit de la forme
grammaticale masculine. Pour les noms de rôles stéréotypés masculins comme Statistikerne
(statisticiens), les reprsentations mentales qu’ils gnraient taient masculines. Par contre,
les représentations mentales des noms de rôle sans stéréotypes comme Musikerne (musiciens)
étaient essentiellement masculines, signalant ainsi un effet persistant et masculinisant de la
forme grammaticale masculine. Il est difficile de juger du temps nécessaire pour qu’une
réforme puisse éradiquer complétement le sens spécifique du masculin, si tant est que cela
soit possible. L’effet de la rforme norvégienne a sans doute été d’autant plus limit que la
forme grammaticale féminine existe toujours dans certaines variantes dialectales de cette
langue. Ainsi, l’radication du fminin sur le modle norvgien offre pour le moment des
résultats mitigés.
Une dernière option de neutralisation, proposée relativement timidement dans les
années 1960 en Suède, est le pronom neutre hen dérivé du finnois et complétant les pronoms
suédois hon (elle) et han (il). Ce pronom a été réintroduit par Jesper Lundqvist dans un livre
pour enfant en 2012. Gustafsson-Senden et al. (2015) retracent l’volution de ce nouveau
pronom neutre de 2012 à 2015, notamment son niveau d’acceptation par les autorités
suédoises, ainsi que par la population suédoise en général. Leurs résultats indiquent que si ce
pronom était initialement critiqué en 2012 une partie de la population pensait qu’il poserait
des problmes d’identit de genre aux enfants et était associé à des attitudes plutôt
négatives, il était devenu plus largement accepté en 2015, et était associé à des attitudes très
positives. Notons qu’en français, comme le relate Elmiger (2017), certaines communautés
(p.ex. LGBT QI+) ont commencé à utiliser de nouvelles formes de pronoms neutres comme
iel/iels au lieu de il ou elle/ils ou elles afin de s’affranchir des formes genrées actuelles. A
notre connaissance, personne n’a encore tudi la perception de ces nouvelles formes en
français.
La féminisation : une question de société
12
Comme nous venons de le voir, les stratégies de féminisation (ou de
démasculinisation) et de neutralisation du langage sont relativement nombreuses, innovantes
et offrent des possibilités de langage inclusif intéressantes. Pourtant, elles se heurtent encore à
des barrières sociétales importantes. Certaines d’entre elles ont même fait l’objet d’tudes en
psychologie. Nous relatons dans cette section quelques résultats et observations intéressantes
qui en découlent.
Notons tout d’abord que dans la communauté francophone, et particulièrement en
France, de nombreuses voix s’lvent encore contre la féminisation dans le but déclaré de
protéger le français. Cette attitude repose sur une vision historiquement erronée de la langue
(voir par exemple Cerquiglini 2018 pour un exposé complet de cette question). En effet,
jusqu’au 17ème siècle, certaines formes dites inclusives comme les doublons étaient
couramment utilisées (voir p. ex. Viennot, 2014; Moreau, 1999) et certaines règles
grammaticales comme l’accord de proximité (qui s’oppose à l’accord au masculin par dfaut
utilisé dans le français moderne) existaient encore. La masculinisation du français, et
notamment la disparition de termes féminins comme autrice et les changements de règles
grammaticales visant à asseoir la forme grammaticale masculine comme dominante, a été
introduite par certains grammairiens et appuye par l’Acadmie française dès le 17ème siècle.
A cette époque, la masculinisation du langage ne faisait pourtant pas l’unanimit, et était
notamment condamnée par certains auteurs dans le but même de protéger le français. Le
paradoxe est flagrant : les personnes qui souhaitent protger le français aujourd’hui le font
pour des raisons opposées à celles qui souhaitaient le protéger au 17ème siècle. Ainsi, les
motivations soi-disant protectionnistes actuelles constituent une forme irrationnelle de
résistance au changement, visant à conserver une norme androcentrique (et sexiste) qui ne
correspond qu’à une certaine priode de l’histoire du français. D’un point de vue linguistique,
rien ne s’oppose à la fminisation dans une langue comme le français (Cerquiglini, 2018). En
plus de ce désir somme toute paradoxal de vouloir protéger le français en l’empêchant de
s’ajuster à la ralit socitale du 21ième siècle, deux autres freins principaux à l’encontre de
l’utilisation de formes inclusives ont été discutés et étudiés en psychologie.
Premièrement, l’usage de la forme grammaticale masculine unique étant encore
beaucoup plus frquent que d’autres formes considérées comme plus inclusives, notre cerveau
n’est pas habitu à ces nouvelles formes, rendant leur utilisation plus compliquée. De fait, afin
de pouvoir les utiliser, notre cerveau doit constamment contrôler les formes générées et
13
vraisemblablement inhiber une activation automatique de la forme masculine, qui est la plus
habituelle. Toutefois, cette utilisation du masculin par défaut peut être corrigée et de
nouvelles habitudes sont relativement faciles à instaurer. Certaines autrices comme Koeser,
Kuhn et Sczesny (2015), ont ainsi montr qu’il suffisait d’être expos à des formes inclusives
pour ensuite les utiliser soi-même de manière relativement spontanée. Après avoir été
exposées à des textes utilisant des doublons, les participantes de leur étude semblaient plus
enclines à utiliser elles-mêmes des doublons de manière spontanée. Pour les participants, les
rsultats taient les mêmes, mais seulement lorsqu’il leur était rappelé que les textes
utilisaient des doublons (étude #2). En norvégien, Kuhn, Koeser, Torsdottir et Gabriel (2014)
ont également montré que les participantes et participants utilisaient plus de formes non-
marquées après avoir lu des textes comprenant ces mêmes formes.
Même si cette exposition semble pouvoir encourager l’utilisation de formes inclusives
à l’avenir, un autre élément important à prendre en compte est le fait que certaines personnes
gardent des attitudes très négatives à leur encontre. En anglais, Prentice (1984) a montré par
exemple qu’un rappel rgulier des formes inclusives (par ex. he or she au lieu de he)
augmente l’utilisation spontanée de ces formes, mais sans pour autant changer les attitudes
négatives envers elles. Dans la même veine, Koeser et Sczesny (2014) montrent que la
prsentation d’arguments en faveur du langage inclusif peut influencer positivement son
utilisation, sans pour autant changer les attitudes envers des changements de pratiques
langagières. Sarrasin, Gabriel, and Gygax (2012) montrent par ailleurs que en français et en
allemand plus les attitudes envers ce type de langage sont négatives, moins les personnes
sont capables de reconnaître l’existence de formes sexistes dans le langage. Certaines autrices
et auteurs avancent que la relative imperméabilité des attitudes envers des changements de
pratiques langagières semble être ancrée dans des attitudes plus globales envers les femmes,
comme des formes de sexisme (p.ex. Sarrasin et al. 2012; Sczesny et al., 2015) ou des
idéologies justifiant le système en place (Douglas & Sutton, 2014). Il apparaît donc que
certains changements de pratiques langagières doivent vraisemblablement être précédés par
des remises en question de l’ordre tabli ou du système en place. A notre connaissance, il
n’existe que peu d’tudes sur ce sujet mises à part celles que nous venons de présenter ce
qui rend difficile la compréhension des mécanismes sous-jacents aux changements possibles
d’attitudes envers le langage inclusif. Il est à espérer que de telles études verront le jour et
14
nous permettront d’affiner encore davantage notre comprhension des mcanismes à l’œuvre
dans ces évolutions.
Conclusion
Les nombreux travaux en psychologie expérimentale menés ces dernières décennies
indiquent de manire convergente que l’usage de la forme grammaticale masculine influence
nos reprsentations mentales du genre. L’utilisation du masculin comme valeur par dfaut
attire indubitablement notre attention vers l’ide qu’il désigne plutôt des hommes, quelles que
soient les différentes interprétations possibles du masculin. Dans le cas du français, force est
de constater que les mesures prises par les grammairiens du 17ème siècle ainsi que par
l’Acadmie française pour écarter les femmes de la place publique en opérant des
changements langagiers produisent toujours des effets quelques quatre siècles plus tard.
Même si la grammaire du français contemporain prévoit que le genre grammatical masculin
puisse être interprété (et utilisé) de différentes manières, cette polysémie pose un défi de taille
à notre cerveau, qui doit constamment déterminer de quel sens il est question. La fréquence
d’utilisation du sens spcifique du masculin (masculin = homme) ainsi que la séquence
d’apprentissage entre les différents sens liés au masculin (le sens spécifique est appris en
premier) expliquent relativement facilement la tendance de notre cerveau à activer
automatiquement sans que nous en ayons le contrôle son sens spécifique.
Afin de corriger ce biais, plusieurs formes linguistiques ont t proposes sous l’gide
de mouvements en faveur du langage inclusif pour démasculiniser la langue et améliorer la
visibilité des femmes dans la société. Nous pensons que cette visibilité est très importante,
surtout pour changer l’ide selon laquelle la société tourne autour des hommes (c.à.d. une
société androcentrique). A terme, et ceci est important pour nos enfants, la diversité des
représentations des métiers engendrée par le langage inclusif peut amener notre société à un
meilleur partage des ressources, nous éloignons ainsi du patriarcat actuel.
Certaines formes visent galement à viter l’activation permanente de la binarit de
genre, tant celle-ci ne correspond plus à nos réalités sociétales (elle n’a probablement jamais
correspondu à notre société). Néanmoins, si certaines stratégies de langage inclusif comme les
doublons ont le mrite d’augmenter la visibilit des femmes dans la société (et de générer
toute une srie d’implications pratiques), elles ne contribuent pas à la disparition de la binarit
de genre. Pour cela, d’autres stratégies, notamment de neutralisation, semblent plus adaptées.
Qu’il s’agisse de fminisation ou de neutralisation, toutes les nouvelles formes
15
linguistiques présentent certains défis et rencontrent différents obstacles. Par exemple, leur
utilisation tant encore relativement faible, ce manque d’exposition les rend plus compliquées
à utiliser que les formes masculines, qui sont plus habituelles. Comme le montrent quelques
études discutées dans cet article, une exposition croissante à ces formes devrait toutefois
permettre de faciliter leur traitement, et ainsi encourager leur utilisation.
Notons encore que certaines formes semblent générer plus de controverses que
d’autres, par exemple les formes dites contractées comme les étudiant·e·s subtil·e·s (par ex.,
Pech, 2017). Nous n’avons pas abordé ces formes dans cet article, tant elles n’ont
pratiquement jamais fait l’objet d’tudes en psychologie, exception faite de l’tude de Chatard
et al. en 2005. Dans leur étude, des offres d’emploi prsentes à des adolescentes et
adolescents sous une forme contractée (à savoir la forme étudiant(e), disparue depuis) ou
épicène
5
(étudiant/étudiante) induisait, notamment, une confiance plus importante dans leur
capacité à russir des tudes leur permettant d’exercer ces professions. Notons tout de même
que les formes contractées sont vraisemblablement nées de demandes liées au besoin de
limiter le nombre de signes dans certains textes (par exemple sur internet ou dans les
journaux). Nous pensons néanmoins mais ceci devrait faire l’objet d’tudes empiriques
que les formes discutées dans cet article sont plus à même de faire contrepoids à la
masculinisation de la langue (française notamment), et sont plus représentatives de ce que
l’on entend par le terme langage inclusif.
Nous pensons également, comme d’autres, que des changements orthographiques et
grammaticaux sont ncessaires afin d’amliorer l’introduction du langage inclusif en français.
Par exemple, il nous paraît ncessaire de revenir à l’accord de proximit qui existait jusqu’au
17ème siècle, ce qui faciliterait l’accord des adjectifs et des participes passés et éradiquerait le
biais de l’accord au masculin (par ex. les mécaniciens et mécaniciennes courageuses).
D’autres changements peuvent aussi être envisagés, comme la transformation de tous les
adjectifs en -il et -ul (par ex., vil, subtil ou nul) en adjectifs épicène, comme futile, fragile ou
ridicule. Ces changements orthographiques sont relativement simples et auraient l’avantage
de permettre un usage plus aisé des modifieurs de groupes mixtes (les hommes et les femmes
subtiles, par exemple, au lieu de subtil·e·s).
Pour terminer, rappelons que le langage inclusif, qui est une réponse à une
masculinisation de la langue vieille de quelques siècles, reflète une démarche visant l’égalité
5
Terme utilisé par les auteurs et l’autrice.
16
entre femmes et hommes tout d’abord, mais galement pour certaines formulations l’égalité
entre toutes les personnes, quel que soit le point où elles se situent sur le continuum du genre.
17
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... Two main strategies can be distinguished regarding GF language: feminisation and neutralisation (Elmiger, 2008;Gabriel et al., 2018;Gygax et al., 2019). Although we acknowledge that one should perhaps rather talk of a re-feminisation or de-masculinisation strategy (Gygax et al., 2019;Viennot, 2017), we will continue using feminisation since it is an established term today. ...
... Two main strategies can be distinguished regarding GF language: feminisation and neutralisation (Elmiger, 2008;Gabriel et al., 2018;Gygax et al., 2019). Although we acknowledge that one should perhaps rather talk of a re-feminisation or de-masculinisation strategy (Gygax et al., 2019;Viennot, 2017), we will continue using feminisation since it is an established term today. The feminisation strategy aims at including both the feminine and the masculine forms in text by means of double forms. ...
... However, this strategy is not unproblematic since using complete forms requires choosing an order of mention, which is often affected by semantic factors (Hegarty et al., 2011). For example, older people tend to be mentioned before younger (père et fils [father and son]), and men before women (mari et femme [husband and wife]) (Gygax et al., 2019). Since double forms have often been criticised for their length, as in étudiants et étudiantes [students MASC and students FEM ], contracted forms have been suggested whereby the feminine gender-marking gets added onto the masculine form and separated with a typographical symbol such as an interpunct or a hyphen. ...
Article
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The present paper reports findings from a controlled large-scale ( N = 1018) experimental study investigating how four different gender-fair forms influenced native French speakers’ estimated percentage of women compared to the masculine form (interpretable as generic) in 22 non-stereotyped French role nouns. The findings show that the masculine form generated lower perceived percentages of women compared to all other tested forms. In addition, gender-neutral and double forms were found equally efficient in resolving the male bias induced by the masculine form. Since the role nouns were non-stereotyped in terms of gender, these results suggest that the actual form of a role noun has indeed a strong influence on how the gender ratio of that role noun will be perceived. Moreover, the direction of the questionnaire’s response scale had a significant effect on the results, which entails methodological implications for future research. Finally, the provided ratios can be used for future studies investigating French role nouns in different gender-fair forms. In sum, our study suggests that gender-fair forms in French are an efficient tool for increasing the visibility of women, at least in nouns representing non-stereotypical activities.
... • Measured using a scale going from 100-0% women Misersky et al., 2014) Three factors having a potential influence on representation of women 1. Form -Masculine form → male bias (more men than women) (cf. state of the arts in Gygax et al., 2019;Sato et al., 2017;Stahlberg et al., 2007) -Lack of studies on gender-fair forms in French -Results from studies on German gender-fair forms: -Gender-fair → increased representations of women, but… -All forms do not seem equally efficient Irmen & Roßberg, 2004;Sato et al., 2016;Steiger-Loerbroks & von Stockhausen, 2014) 2. Attitudes towards gender-fair language -Positive attitudes → more specific interpretation of the masculine form, i.e., stronger male bias (Braun et al., 2005) 3. Method -Scale starting with 100% women → more women compared to scale starting with 100% men Misersky et al., 2014) Aims of this study ...
Presentation
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French, psycholinguistic studies have shown that the generic use of the masculine gender results in a male bias in mental representations of gender. To counteract this effect, French speakers have begun using various gender-fair forms like joggeur·euses, joggeuses et joggeurs or un groupe de jogging. With the aim of investigating the influence of four different gender-fair forms, as compared to the masculine one, on perceived gender proportions of a role noun, we analysed 1,018 native French speakers’ estimated percentage of women in 22 role nouns. The results showed that all kinds of gender-fair forms significantly increased the estimated percentage of women in comparison to the masculine form and that no gender-fair form was significantly more efficient than any other. In addition, we found a somewhat surprising result: the more positive a participant’s attitudes towards gender-fair language were, the lower was their estimated percentage of women. We believe that participants who estimated lower percentages of women are the ones who believe gender-fair language is necessary and therefore hold more positive attitudes. Thus, the decrease in the estimated percentages would rather be the cause of the positive attitudes than an effect of them. To conclude, the results present strong arguments in favor of gender-fair language and underline the necessity of further investigations into the role of attitudes in relation to perceived gender ratios and gender-fair language.
... In the cases of they, hen and hun, existing neutral plural or possessive pronoun forms are used in their singular form as neutral generic pronouns. Other examples of gender-neutral pronouns are iel in French (Gygax, Gabriel, & Zufferey, 2019), zie and hir in English (Bradley, Salkind, Moore, & Teitsort, 2019), elle in Chilean Spanish, and hen in Swedish (Gustafsson Sendén et al., 2015). These pronouns are neologisms, or 'neopronouns' (Hekanaho, 2020). ...
Article
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The extent to which gender neutral and gendered nouns impact differently upon native French speakers' gender representations was examined through a yes-no forced choice task. Swiss (Experiment 1) and Québec (Experiment 2) French-speaking participants were presented with word pairs composed of a gendered first name (e.g., Thomas) and a role (e.g., doctor), and tasked to indicate whether they believed that [first name] could be one of the [role]. Roles varied according to gender stereotypicality (feminine, masculine, non-stereotyped), and were either in a plural masculine (interpretable as generic) or gender neutral (epicenes and group nouns) form. The results indicated that the use of gender neutral forms of roles avoided a strong male bias found for the masculine forms, and that both gender neutral and masculine forms used equal cognitive resources. Further, stereotype effects associated with both gender-neutral and grammatically masculine forms were quite small (<1%). These results were highly reliable across both Swiss French and Québec speakers. Our study suggests that gender neutral forms are strong alternatives to the use of the masculine form as default value.
Article
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This paper aims to examine the use of inclusive French in the Internet publications of Paris universities on their social media. Three higher education institutions were selected: Paris Dauphine-PSL University, Gustave Eiffel University, and Sorbonne Paris North University. The publications were obtained from Facebook, Instagram, and LinkedIn. Firstly, the groups of people to whom the use of inclusive French referred were considered. The second question was about the practices used to make the French language inclusive. Eight practices were observed and are described in the paper. Also, the frequency of gender-neutral language was a point of interest. The research corpus is available online: https://tiny.pl/9rcdj.
Article
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The generic use of grammatically (or lexically) gender-marked nouns and pronouns (GM) to refer to women and men in Indo-European languages has been criticised as gender-asymmetric since the 1970s. Two main strategies for eliminating asymmetry have been suggested: visibility by feminisation and de-gendering by neutralisation. Feminisation strategies seek to contribute to women’s visibility in discourse by explicitly and symmetrically referring to women and men, thus continuing to highlight gender boundaries. In contrast, neutralisation strategies downplay gender boundaries by promoting the use of unmarked nouns and pronouns. We discuss feminisation and neutralisation strategies and review: (a) evidence (from our own work and that of others) on the effect of neutralisation and feminisation strategies on speakers’ and reader’s mental representations of gender and associated behaviours, and (b) evidence on individual variables facilitating and hampering the successful implementation of a less asymmetric—and therefore more gender-fair—language use. Based on this review, we suggest that, in particular, feminisation strategies should be used in contexts that are already gendered, whereas neutralisation strategies should be used in non-gendered ones (hence keeping the context neutral).
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As research on the construction of a mental representation of referent gender in speech comprehension is scarce, this study examined whether factors identified in reading comprehension exert similar influence in speech comprehension. Conceptually replicating previous research, a sentence continuation evaluation task was set up in two modalities, as a listening task and as a time-confined reading task (i.e. to correspond to the time constraint when listening). In line with previous findings from self-paced reading paradigms we found gender representations in language comprehension to be grounded in the interaction between textual (grammatical) and background (stereotypical) information. Extending previous research, the effect of stereotypical information was however modulated by presentation modality. In all, although speech and reading comprehension share higher-level processes of comprehension, this study provides first evidence that differences in comprehension might occur due to differences such as orthographic access or attention allocation.
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Language (e.g., structure, morphology, and wording) can direct our attention toward the specific properties of an object, in turn influencing the mental representation of that same object. In this paper, we examined this idea by focusing on a particular linguistic form of diminution used in many languages (e.g., in Polish, Spanish, and Portuguese) to refer to an object as being “smaller.” Interestingly, although objects are usually considered “better” when they are bigger in size, objects described with linguistic diminution can also refer to those that are emotionally positive. Across three experiments conducted in Polish, we examined this lexical ambiguity in terms of mood (Experiment 1), subjective quality and monetary value (Experiment 2), and choice selection (Experiment 3). Overall, we found that people evaluate objects differently depending on the linguistic form (i.e., with or without diminution) with which they are described, and that it was related to the perceptual representation of these objects, and not their affective status. Objects described with diminution are evaluated as less satisfying and of lesser value and this effect is attributed to the way participants represent the objects (i.e., encoded and memorized). The generalizability of these effects is discussed.
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A critical question that has gained a resurgence of interest in recent years is the view that the languages we speak may be responsible for the way we think. In light of two theoretical approaches, linguistic relativity and the thinking-for-speaking hypothesis, the present paper offers a review of the empirical methods and findings of research on the relationship between language and thought. A particular focus is placed on the influence of grammatical gender cues on the cognitive representations of human and non-human entities. We demonstrate that formal linguistic features carry semantic denotations of sex, which are consequently projected to noun categories that should not necessarily bear these denotations. Moreover, we argue that the diverse empirical methods provide distinct insights into the extent to which language influences thought.
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Language, as a vehicle of representations, can highlight, accentuate or even blur intergroup boundaries. This idea is illustrated by grammatical gender and the normative use of masculine terms in gendered languages, which, although they potentially carry a generic gender meaning, leads to an empirically demonstrated invisibility, or even exclusion of women in gender representations. The mere existence of morphological (e.g. in French “doctoresse”) or semantic gender markers (calling a doctor “female doctor”) activates gender categories, suggesting that gender is relevant even when it is not, thus perpetuating differing expectations and gender stereotypes. Accordingly, in this chapter, we approach the issue of “grammaticalization of gender” from an intergroup relations perspective. Using social identity theory, and more specifically self-categorization theory (Turner, Hogg, Oakes, Reicher, & Wetherell, 1987), we argue that grammaticalization of gender strongly contributes to the salience, or accessibility, of the social category “gender”. Relatedly, we contend that the dual use of grammatically masculine forms to refer to people in general (i.e., as generic forms) as well as to men in particular (i.e., as gender-specific forms) is a reflection of intergroup hierarchies and helps to delimit intergroup boundaries in a way that disadvantages women.
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We analyzed free word associations in Czech, in terms of valence, agency and com- munion, primed by the three concepts of Human, Man and Woman. We were particu- larly interested in possible similarities between them. Although the concept of Human should be inclusive of both men and women, we only found a strong overlap between the concepts of Human and Man, both on valence and agency-communion dimen- sions. The results strongly suggest that Czech speakers spontaneously consider Man a higher-level gender. More globally, our study supports the idea of gender-symbolic asymmetry: gender categories do not differ only in their content, status or power, but also in their hierarchical cognitive organizations. Masculinity holds ascribed sym- bolic superiority over femininity.
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Employing a linguistic-visual paradigm, we investigated whether the grammaticization of gender information impacts readers’ gender representations. French and German were taken as comparative languages, taking into account the male gender bias associated to both languages, as well as the comparative gender biases associated to their plural determiners (French: les [generic] vs. German: die [morphologically feminine]). Bilingual speakers of French and German had to judge whether a pair of facial images representing two men or a man and a woman could represent a gender stereotypical role noun prime (e.g., nurses). The prime was presented in the masculine plural form with or without a plural determiner. Results indicated that the overt grammaticization of the male gender in the masculine form dominated the representation of the role nouns (though interpretable as generic). However, the effect of the determiner was not found, indicating that only gender information associated to a human reference role noun had impacted readers’ representations. The results, discussed in the framework of the thinking-for-speaking hypothesis, demonstrated that linguistic-visual paradigms are well-suited to gauge the impact of both stereotype information and grammaticization when processing role nouns.
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We present a quantitative study of the linguistic and social factors conditioning the use of grammatical gender with reference to women, focusing on variation in the debates of the French parliament. Two prime ministers of similar political leanings regulated the use of feminine g-gender through identical policies in 1986 and 1998, with no effect on parliamentary speech in the first instance, and dramatic success in the second. We claim that the latter outcome resulted from changes in gender ideologies between these two dates. The 1990s saw the emergence of a new social type for female politicians, which only feminine g-gender can construct. We hypothesize that the 1998 policy was effective because it strengthened existing associations between feminine g-gender and a persona, while the original policy tried to build on ideological structure that was not widespread. We conclude that linguistic prescriptions are only successful if they build on existing ideologies. (Linguistic prescription, gender ideology, grammatical gender, ideological structure)*
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This work explores the order of linguistic references to the two genders (e.g., men and women vs. women and men). It argues that a gender is more likely to be mentioned first when it is perceived to have higher relevance in a context rather than lower relevance, and audiences assign stronger relevance to a party when the party is mentioned first rather than second. Studies 1–3 document the current prevalence of male-first conjoined phrases in the public (but not family) domain and link the pattern to historical changes in women’s public presence over the 20th century. Study 4 shows that contextual relevance cues affect the odds of first mention, such that people are more likely to refer to a woman before a man, when the two are in a primary school classroom rather than a corporate office. At the same time, Studies 4 and 5 find that people often choose to reproduce collectively preferred word order patterns (e.g., men and women). Studies 6 and 7 show that these choices matter because people assign more relevance to a party when it comes first rather than second in a conjoined phrase. Overall, this work offers theoretical grounding and empirical evidence for word order as a means of expressing and perpetuating gender stereotypes.