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ÉTUDES ET ENQUÊTES
E-CIGARETTE
POINTS CLÉS
• En 2017, en France métropolitaine, les vapoteurs âgés de 18 à 75 ans ont quasiment tous une expérience avec le tabac, en tant que
fumeurs actuels ou ex‑fumeurs.
• La part de fumeurs quotidiens a diminué (de 64,5 % à 39,7 %) chez les vapoteurs alors que celle des ex‑fumeurs a augmenté
(de 23,5 % à 49,5 %) entre 2014 et 2017.
• Le nombre d’ex‑fumeurs quotidiens ayant arrêté de fumer depuis plus de six mois et qui pensent que vapoter les a aidés à arrêter
de fumer est estimé à environ 700 000 personnes depuis l’arrivée de l’e‑cigarette sur le marché en France.
• La cigarette électronique est perçue comme aussi ou plus nocive que la cigarette ordinaire par la moitié de la population.
• Toutes choses égales par ailleurs, les fumeurs quotidiens la pensent plus nocive que la cigarette ordinaire alors que les vapoteurs
et les personnes socioéconomiquement plus favorisées sont plus nombreuses à la penser moins nocive.
• L’interdiction de vapoter dans les lieux où il est interdit de fumer et celle de vendre des e‑cigarettes aux mineurs de moins de 18 ans
sont favorablement appréciées, par respectivement 66,9 % et 77,5 % de la population.
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017
USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE,
TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS
INTRODUCTION
La cigarette électronique, aussi appelée e‑cigarette
ou vapoteuse, a été développée au début des années
2000 et a fait son apparition sur le marché français
autour de 2010. Son essor est plutôt rapporté à
partir de 2012 [1], marqué par l’augmentation des
ventes, la multiplication des commerces spécialisés
ainsi que la structuration d’associations profession‑
nelles et d’usagers. Le verbe « vapoter » fait même
son entrée dans le dictionnaire en 2015 [2].
Présentée comme une alternative à la cigarette de
tabac et aujourd’hui souvent investie par les indus‑
triels du tabac à l’échelle internationale, elle est
généralement composée d’une batterie et d’une
cartouche ou d’un réservoir dans lequel est intro‑
duit du liquide contenant du propylène glycol et de la
glycérine végétale (ou glycérol), un mélange consti‑
tué d’un ou plusieurs arômes et additifs alimen‑
taires, et souvent de la nicotine. Lors de l’inhalation,
le liquide est transformé en aérosol sous l’effet
d’un dispositif chauffant, appelé atomiseur, géné‑
rant de fines gouttelettes suspendues dans l’air.
Les dispositifs les plus récents, par leur conception
compacte, leur simplicité d’utilisation ou la variété
des arômes proposés attirent de nombreux utili‑
sateurs – comme le produit Juul très apprécié par
les jeunes aux États‑Unis [3] et qui a fait son appa‑
rition en décembre 2018 sur le marché français.
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS
2
Les différents modèles disponibles sur le marché
comportent une gamme de prix assez étendue et
les e‑cigarettes de troisième génération offrent des
possibilités de plus en plus techniques pour modu‑
ler la pratique du vapotage.
L’e‑cigarette demeure controversée car son rap‑
port bénéfices/risques est encore mal connu [4].
La nocivité des émissions générées par la cigarette
électronique sur le long terme et son efficacité dans
l’aide au sevrage tabagique sont questionnées,
sans que la littérature scientifique ne permette à
ce jour de définir un consensus indiscutable [5‑7].
Cela a conduit plusieurs organisations sanitaires
internationales à émettre des avis invitant à la
prudence[8].
Dès 2014, l’Organisation mondiale de la santé
recommandait de réguler le marché de l’e‑cigarette
par le biais de sa Convention‑cadre pour la lutte
anti‑tabac [9]. Cette même année, en France, le
Haut Conseil de la santé publique (HCSP) émettait
un avis réservé [10], et, de son côté, la Haute Auto‑
rité de santé indiquait qu’elle « ne recommand[ait]
pas la cigarette électronique comme outil de l’ar‑
rêt du tabac mais considér[ait] que son utilisation
chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui
veut s’arrêter de fumer ne [devait] pas être décou‑
ragée ». Elle mettait également en garde contre le
risque de dépendance nicotinique [11, 12].
En août 2015, en Angleterre, Public Health England
[13] publiait des recommandations reprenant le
chiffre issu d’une expertise annonçant que la ciga‑
rette électronique serait à 95 % moins toxique que la
cigarette de tabac [14]. Ce chiffre a fait l’objet d’une
controverse scientifique mais, en 2016, le Haut
Conseil de la santé publique a décidé de réviser
son précédent avis à partir des dernières données
scientifiques [15]. Il indiquait alors que l’e‑cigarette
pouvait être considérée comme un outil d’aide au
sevrage tabagique pour les personnes ayant l’in‑
tention d’arrêter de fumer et un « outil de réduc‑
tion des risques tabagiques en usage exclusif ». Le
HCSP insistait cependant sur le risque de re‑nor‑
malisation du tabac et de nouvelle voie favorisant
l’entrée dans le tabagisme, bien qu’éventuellement
retardée.
En Europe, la directive européenne 2014/40/UE sur
les produits du tabac donne le cadre réglementaire
du commerce de l’e‑cigarette, considérée comme un
produit connexe au tabac [16]. La cigarette électro‑
nique doit ainsi répondre à un ensemble de critères
de sécurité, de qualité et d‘information. Le taux de
nicotine est limité à 20mg/ml. Les États membres
décident des conditions de présentation et de vente
(arôme, limite d’âge, point de vente, etc.) [17].
En France, dès 2014, la vente des produits du vapo‑
tage à des mineurs de moins de 18 ans est interdite
[18]. Sous certaines conditions, l’e‑cigarette pour‑
rait être considérée comme un médicament d’aide
au sevrage tabagique mais aucun fabricant n’a,
jusqu’à présent, fait une demande d’autorisation de
mise sur le marché (AMM) en ce sens [19].
L’utilisation des e‑cigarettes est, à partir de 2016,
interdite dans certains lieux à usage collectif tels
que les établissements scolaires ou accueillant des
mineurs, les moyens de transports collectifs fer‑
més ainsi que les lieux de travail fermés et couverts
à usage collectif [17, 20]. Contrairement au tabac
fumé, l’interdiction ne concerne donc pas l’ensemble
des locaux qui accueillent du public, tels les lieux de
convivialité (bars, restaurants), hôtels, administra‑
tions, etc., ni les bureaux individuels. En revanche, un
règlement intérieur peut en interdire l’usage. Depuis
le 1er octobre 2017, la signalisation d’interdiction doit
être apparente dans ces espaces. Le non‑respect de
l’interdiction et le non‑respect de l’obligation d’affi‑
chage peuvent entraîner des amendes [21].
Les premiers résultats du Baromètre de Santé
publique France 2017 montrent qu’en 2017 en France
métropolitaine 32,8 % des 18‑75 ans déclarent
avoir expérimenté la cigarette électronique, 3,8 %
vapotent, 2,7 % quotidiennement. La prévalence du
vapotage est en baisse par rapport à 2014 (5,9 % des
15‑75 ans) en raison d’une baisse du vapotage occa‑
sionnel alors que le vapotage quotidien est stable
[22‑24]. En 2017, parmi les jeunes de 17 ans, près
de la moitié ont expérimenté l’e‑cigarette, comme
en 2014, alors que le vapotage quotidien reste rare
(1,9 %) [25]. En Europe, la prévalence d’usage actuel
de la cigarette électronique est estimée à 2 %, celle
de l’usage quotidien à 1 %, en 2017 [26]. L’Angleterre
affichait une prévalence de vapotage actuel d’envi‑
ron 6 % parmi les adultes en 2018 [27].
La présente synthèse s’appuie sur une analyse
complémentaire des données du Baromètre de
Santé publique France 2017. Elle apporte des élé‑
ments d’information sur le lien entre le tabagisme
et le vapotage afin de mieux appréhender les com‑
portements tabagiques des vapoteurs, et de carac‑
tériser les évolutions dans le temps. La perception
du grand public vis‑à‑vis de la nocivité de l’e‑ciga‑
rette et son opinion quant à des aspects réglemen‑
taires (interdictions d’usage dans les lieux où il est
interdit de fumer du tabac et de vente aux mineurs)
sont également explorées.
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS 3
MÉTHODE
Source
La méthode et le questionnaire de l’enquête Baro‑
mètre de Santé publique France 2017 sont pré‑
sentés dans des publications dédiées [28, 29].
Le Baromètre de Santé publique France 2017 est
une enquête menée par téléphone auprès d’un
échantillon de 25 319 personnes, représentatif de
la population des 18‑75 ans, résidant en France
métropolitaine et parlant le français. Les prin‑
cipaux thèmes abordés dans cette enquête sont
les addictions et la santé mentale. La méthode
d’échantillonnage repose sur un sondage aléatoire
à deux degrés. La réalisation de cette enquête,
par système de Collecte assistée par téléphone et
informatique (Cati), a été confiée à l’Institut Ipsos.
Le terrain s’est déroulé du 5 janvier au 18 juil‑
let 2017. La passation du questionnaire a duré en
moyenne trente et une minutes.
Les données ont été pondérées par l’inverse de la
probabilité d’inclusion, puis redressées sur la struc‑
ture par sexe croisé avec âge en tranches décen‑
nales, région, taille d’unité urbaine, taille du foyer et
niveau de diplôme de la population résidant en France
métropolitaine (population de référence : Insee,
enquête emploi 2016).
Définitions
Le statut tabagique est ici défini en quatre moda‑
lités : fumeur quotidien / fumeur occasionnel (non
quotidien) / ex‑fumeur (qui a fumé occasionnelle‑
ment ou quotidiennement par le passé) / jamais
fumeur (ou juste pour essayer). Sans précision, le
terme « fumeur » regroupe les fumeurs quotidiens
et occasionnels.
Le statut par rapport au vapotage est défini en
quatre modalités : vapoteur (déclare vapoter quo‑
tidiennement ou occasionnellement au moment de
l’enquête) / ex‑vapoteur (qui a vapoté de manière
quotidienne pendant au moins un mois) / vapoteur
expérimentateur (a juste essayé ou ex‑vapoteur
occasionnel) / jamais vapoteur. Les non vapoteurs
regroupent les vapoteurs expérimentateurs, les
ex‑vapoteurs quotidiens et ceux qui n’ont jamais
vapoté. Les vapoteurs quotidiens sont les vapoteurs
actuels qui déclarent vapoter tous les jours. Les
vapofumeurs sont les personnes qui déclarent vapo‑
ter au moment de l’enquête et qui fument également
(de manière quotidienne ou occasionnelle).
Analyses
Une estimation du nombre de personnes ayant réussi
à arrêter de fumer avec l’aide de la cigarette électro‑
nique (combinée éventuellement à d’autres aides)
depuis que celle‑ci est apparue sur le marché fran‑
çais a été réalisée en additionnant deux mesures :
le nombre d’ex‑fumeurs vapoteurs déclarant que la
cigarette électronique les a aidés à arrêter de fumer, et
le nombre d’ex‑fumeurs ex‑vapoteurs déclarant
que la cigarette électronique les a aidés à arrêter de
fumer. Cette estimation porte sur une période d’envi‑
ron sept ans, puisque l’arrivée de la cigarette électro‑
nique sur le marché français remonte au début des
années 2010.
Les questions sur la nocivité perçue de la cigarette
électronique en comparaison avec la cigarette ordi‑
naire et les opinions concernant deux mesures
réglementaires ont été posées à un sous‑échantillon
constitué aléatoirement en début de questionnaire et
également représentatif des 18‑75 ans (n=6 224) :
‑ « Pensez‑vous que la cigarette électronique est
plus nocive, moins nocive ou aussi nocive pour la
santé que la cigarette ordinaire ? ». Les facteurs
sociodémographiques associés à la nocivité perçue
sont analysés à partir de régressions logistiques
multinomiales, avec pour modalité de référence
« aussi nocive ».
‑ « Êtes‑vous très, plutôt, plutôt pas ou pas du tout
favorable à l’interdiction de la cigarette électro‑
nique dans les lieux où il est interdit de fumer ? »,
« Êtes‑vous très, plutôt, plutôt pas ou pas du tout
favorable à l’interdiction de la vente de cigarettes
électroniques aux mineurs de moins de 18 ans ? ».
Les réponses ont été regroupées pour certaines
analyses : « Oui » regroupe les modalités « très »
et « plutôt », et « Non » regroupe « plutôt pas » et
« pas du tout ». Les facteurs sociodémographiques
associés à ces deux opinions sont analysés à partir
de régressions logistiques.
‑ Les évolutions de ces opinions par rapport à 2014
sont présentées ici, et les comparaisons de pour‑
centages testées au moyen du test du Chi2 de Pear‑
son, les questions ayant été posées à l’identique
dans le Baromètre de Santé publique France 2014
(n=5 2 76).
RÉSULTATS
Profil sociodémographique des vapoteurs
Pour rappel, la prévalence du vapotage (3,8 %) et
du vapotage quotidien (2,7 %) parmi les 18‑75 ans
en 2017 ont été publiées dans un précédent article
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS
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[22]. Près de six personnes sur dix déclarant vapoter
au moment de l’enquête en 2017 sont des hommes
(soit 57,4 % des vapoteurs). Les hommes sont aussi
significativement plus nombreux parmi les vapoteurs
quotidiens : 60,4 % des vapoteurs quotidiens sont
des hommes contre 48,4 % des non‑vapoteurs quoti‑
diens (p<0,001). Ainsi, 3,3 % des hommes et 2,1 % des
femmes vapotent quotidiennement. Les personnes
ayant un diplôme supérieur ou égal au baccalauréat
sont significativement plus nombreuses parmi les
vapoteurs quotidiens : 57,9 % des vapoteurs quoti‑
diens contre 51,1 % des non‑vapoteurs quotidiens
(p<0,01). La moyenne d’âge des vapoteurs quotidiens
est 41,9 ans. Alors que 10,3 % des vapoteurs ont entre
18 et 24 ans et que 17,3 % ont 55 ans ou plus, la plu‑
part des vapoteurs ont entre 25 et 54 ans : 20,4 % ont
entre 25 et 34 ans, 27,2 % entre 35 et 44 ans et 24,7 %
entre 45 et 54 ans.
Vapotage et tabagisme
Quasiment tous les vapoteurs ont, en 2017, une
expérience avec le tabagisme. Parmi les vapoteurs
quotidiens, 39,7 % fument du tabac tous les jours,
10,6 % fument occasionnellement, 49,5 % sont d’an‑
ciens fumeurs (figure 1). Moins de 1 % des vapoteurs
quotidiens n’ont jamais fumé. Par rapport à 2014, la
part de fumeurs quotidiens a été divisée par deux
chez les vapoteurs alors que celle des ex‑fumeurs
a doublé.
Au sein de l’ensemble de la population des 18‑75 ans
en 2017 (figure 2) :
‑ 31,9 % fument : 2,3 % v apotent et 29,6 % ne vapotent
pas actuellement ;
‑ 37,0 % n’ont jamais fumé, quasi‑exclusivement des
non‑vapoteurs actuellement ;
‑ 31,1 % sont des ex‑fumeurs : 1,4 % vapotent et
29,6 % ne vapotent pas actuellement.
Par rapport à 2014, les proportions des ex‑fumeurs
non vapoteurs et des vapofumeurs ont diminué,
alors que les parts des ex‑fumeurs vapoteurs et de
ceux qui n’ont jamais fumé ont augmenté. En 2017
(première année où cette distinction est possible),
les ex‑fumeurs qui ne vapotent pas actuellement se
répartissent en 1,2 % d’ex‑vapoteurs et 28,4 % de
personnes qui n’ont jamais vapoté ou ont seulement
expérimenté l’e‑cigarette.
Plus de la moitié des vapoteurs actuels ou des ex‑va‑
poteurs déclarent avoir essayé la cigarette élec‑
tronique dans l’idée d’arrêter de fumer (58,6 %) et
31,0 % d’entre eux l’ont fait dans l’objectif de diminuer
leur consommation de cigarettes.
FIGURE 1 | Statut tabagique des vapoteurs quotidiens de 18‑75 ans en 2014, 2016
et 2017
64,5
48,0
10,8
10,8
10,6
23,5
41,2 49,5***
1,3 0,0 0,2 *
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2014 2016 2017
Jamais fumeur
Ex-fumeur
Fumeur occa
sionnel
Fumeur quotidien
39,7***
%
Les * indiquent une évolution significative entre 2014 et 2017 : * p<0,05 ; *** p<0,001.
Sources : Baromètres de Santé publique France 2014, 2016 et 2017, Santé publique France
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Perception de l’e‑cigarette comme aide
à l’arrêt du tabac
Parmi les ex‑fumeurs qui déclarent vapoter au
moment de l’enquête ou qui ont déjà vapoté quo‑
tidiennement pendant au moins un mois, 76,3 %
déclarent que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter de
fumer : 67,8 % sans autre aide et 8,6 % combinée à
d’autres aides. Ces proportions varient fortement en
fonction du statut par rapport au vapotage au moment
de l’enquête : les vapoteurs estiment nettement plus
souvent que l’e‑cigarette les a aidés sans autre aide
que les ex‑vapoteurs (86,3 % versus 45,1 %, p<0,001).
Les vapoteurs et les ex‑vapoteurs sont en revanche
aussi nombreux à penser que l’e‑cigarette , combinée
à d’autres aides, les a aidés à arrêter de fumer.
En 2017, le nombre de personnes qui pensent que
l’e‑cigarette les a aidées à arrêter de fumer peut
être estimé en additionnant le nombre d’ex‑fumeurs
vapoteurs (actuels) et le nombre d’ex‑fumeurs ex‑
vapoteurs (quotidiens pendant au moins un mois),
qui déclarent que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter
de fumer, seule ou combinée à d’autres aides. Le
nombre d’ex‑fumeurs, quelle que soit la durée depuis
laquelle ils ont arrêté de fumer, qui pensent ainsi
que vapoter les a aidés à arrêter de fumer peut être
estimé à 870 000 [780 000 ; 970 000] depuis l’arrivée
de l’e‑cigarette sur le marché français, soit en envi‑
ron sept ans (tableau I). En restreignant la population
aux ex‑fumeurs quotidiens ayant arrêté de fumer
depuis plus de six mois, on peut estimer qu’environ
700 000 personnes [610 000 ; 790 000] ont arrêté
de fumer grâce à l’e‑cigarette, seule ou combinée à
d’autres aides, selon leurs déclarations.
Diminution de la consommation de tabac
parmi les vapofumeurs
En 2017, parmi les vapofumeurs, 80,3 % estiment
avoir diminué leur consommation de cigarettes ou
d’autres produits du tabac en utilisant une ciga‑
rette électronique. Ceux‑ci déclarent une diminu‑
tion moyenne de 10,4 cigarettes (ou équivalent) par
jour. En 2017, ces vapofumeurs fument en moyenne
8,7 cigarettes par jour (versus 11,5 cigarettes par jour
parmi les fumeurs non vapoteurs). Ils fumaient ainsi
en moyenne 19,2 cigarettes par jour avant leur dimi‑
nution de consommation, soit une consommation ini‑
tiale nettement supérieure à la moyenne. Ces chiffres
sont du même ordre que ceux observés en 2014.
FIGURE 2 | Structure de la population des 18‑75 ans par rapport au tabagisme
et au vapotage actuel en 2014, 2016 et 2017
29,4 32,9 29,6
4,8 2,2 2,3 ***
33,6 34,3 37,0 ***
0,2 0,0 0,0
31,0 29,4 29,4 28,4
1,2
0,9 1,1 1,4 ***
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2014 2016 2017
Ex-fumeur et vapoteur
Ex-fumeur et e
x-vapoteur quotidien
Ex-fumeur et jamais vapoteur ou
vapoteur expérimentateur
Jamais fumeur et vapoteur
Jamais fumeur non vapoteur
Fumeur et vapoteur
Fumeur et non vapoteur
29,6*
%
Les * indiquent une évolution significative entre 2014 et 2017 : *** p<0,001.
Source : Baromètres de Santé publique France 2014, 2016 et 2017, Santé publique France
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Type de cigarette électronique utilisée
En 2017, 73,0 % des vapoteurs utilisent exclusivement
l’e‑cigarette avec du liquide contenant de la nicotine,
12,7 % l’e‑cigarette sans nicotine et 14,3 % les deux
types de produits. Les usages n’ont pas évolué entre
2014 et 2017.
Durée d’utilisation de l’e‑cigarette
Les vapoteurs déclarent, au moment de l’enquête,
vapoter depuis en moyenne vingt mois, durée en forte
augmentation par rapport à 2014 où la durée moyenne
s’élevait à quatre mois. Les ex‑vapoteurs, quant à
eux, déclarent avoir vapoté en moyenne quatre mois.
Nocivité perçue de l’e‑cigarette
en comparaison avec la cigarette ordinaire
En 2017, 11,3 % des 18‑75 ans pensent que l’e‑ciga‑
rette est plus nocive pour la santé que la cigarette
ordinaire, 40,2 % qu’elle est aussi nocive, 35,1 %
qu’elle est moins nocive, et enfin 13,4 % répondent ne
pas savoir (tableau II). Par rapport à 2014, davantage
TABLE AU I | Estimation du nombre d’ex‑fumeurs qui déclarent que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter
de fumer, seule ou combinée à d’autres aides, parmi les 18‑75 ans en 2017
Ex‑fumeurs vapoteurs Ex‑fumeurs ex‑vapoteurs
% ou nombre
de personnes IC % ou nombre
de personnes IC
Part dans la population de 18‑75 ans (%) 1,4 [1,3 ; 1,6] 1,2 [1,0 ; 1,4]
Part qui déclare que l’e‑cigarette les a aidés (%) 95,2 [92,2 ; 97,1] 53,2 [45,6 ; 60,6]
comme aide seule (%) 86,3 [81,3 ; 90,1] 45,1 [37,8 ; 52,6]
combinée à d’autres aides (%) 8,9 [5,8 ; 13,5] 8,1 [4,4 ; 14,5]
Estimation de la part déclarant que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter de fumer (%) 1,3 [1,2 ; 1,5] 0,6 [0,5 ; 0,7]
Estimation du nombre déclarant que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter de fumer 600 000 [520 000 ; 680 000] 270 000 [220 000 ; 330 000]
Ex‑fumeurs vapoteurs et ex‑vapoteurs
% ou nombre de personnes IC
Estimation de la part d’ex‑fumeurs déclarant que l’e‑cigarette les a aidés
à arrêter de fumer 1,9 [1,7 ; 2,2]
Estimation du nombre d’ex‑fumeurs déclarant que l’e‑cigarette les a aidés
à arrêter de fumer 870 000 [780 000 ; 970 000]
Estimation de la part d’ex‑fumeurs quotidiens depuis plus de six mois
déclarant que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter de fumer 1,5 [1,4 ; 1,7]
Estimation du nombre d’ex‑fumeurs quotidiens depuis plus de six mois
déclarant que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter de fumer 700 000 [610 000 ; 790 000]
Sources : Baromètre de Santé publique France 2017, données du bilan démographique 2016 de l’Insee (population au 1er janvier 2017)
TABLEAU II | Nocivité perçue pour la santé de la cigarette électronique en comparaison avec la cigarette
ordinaire parmi les 18‑75 ans en 2014 et 2017
2014 2017 chi2
Plus nocive que la cigarette ordinaire 6,2 11,3 <0,001
Aussi nocive que la cigarette ordinaire 37,2 40,2 <0,01
Moins nocive que la cigarette ordinaire 49,2 35,1 <0,001
Ne sait pas 7,4 13,4 <0,001
Sources : Baromètres de Santé publique France 2014 et 2017, Santé publique France
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS 7
de personnes considèrent que l’e‑cigarette est au
moins aussi nocive que la cigarette ordinaire. Inver‑
sement, une proportion nettement moindre la trouve
moins nocive. La proportion de personnes qui ne
savent pas répondre à cette question a augmenté par
rapport à 2014.
Une analyse multivariée montre que, par rapport
aux personnes qui pensent que l’e‑cigarette est
aussi nocive pour la santé que la cigarette ordinaire
(tableau III) :
• les personnes qui pensent qu’elle est moins nocive
sont davantage âgées de 45 à 75 ans, avec les plus
TABLEAU III | Facteurs associés à la nocivité perçue de l’e‑cigarette en comparaison avec la cigarette
ordinaire, parmi les 18‑75 ans en 2017 (n=6 200)
Plus nocive que la cigarette ordinaire Moins nocive que la cigarette ordinaire
% RRR1IC à 95 % % RRR1IC à 95 %
SEXE ***
Hommes (réf.) (n=2879) 11,3 1 38,1
Femmes (n=3345) 11,3 0,8* [0,7‑1,0] 32,3 0,7*** [0,6‑0,8]
ÂGE *** *
18‑24 ans (réf.) (n=563) 18,5 1 32,4 1
25‑34 ans (n=912) 14,2 0,9 [0,7‑1,4] 33,3 1,0 [0,7‑1,3]
35‑44 ans (n=1060) 13,3 0,7 [0,5‑1,1] 32,5 1,0 [0,8‑1,3]
45‑54 ans (n=1199) 11,1 0,7 [0,5‑1,0] 38,8 1,5** [1,2‑2,0]
55‑64 ans (n=1264) 8,0 0,5** [0,4‑0,8] 38,0 1,7*** [1,3‑2,2]
65‑75 ans (n=1226) 4,7 0,3*** [0,2‑0,5] 34,3 1,4** [1,1‑1,9]
REVENUS PAR UNITÉ DE CONSOMMATION *** ***
1er tercile (faible) (réf.) (n=1719) 17,7 1 29,1 1
2e tercile (n=2027) 9,3 0,6*** [0,5‑0,8] 33,0 0,9 [0,8‑1,1]
3e tercile (élevé) (n=2168) 4,7 0,5*** [0,4‑0,7] 46,2 1,3** [1,1‑1,6]
Ne sait pas/Refus (n=310) 17,1 1,3 [0,9‑2,0] 27,1 1,2 [0,9‑1,6]
DIPLÔME *** ***
< Bac (réf.) (n=2414) 16,2 1 27,6 1
Bac (n=1329) 10,2 0,6*** [0,5‑0,8] 36,2 1,2* [1,0‑1,5]
> Bac (n=2468) 4,4 0,4*** [0,3‑0,5] 46,3 1,8*** [1,5‑2,1]
SITUATION PROFESSIONNELLE *** ***
Travail (réf.) (n=3514) 10,9 1 36,6 1
Chômage (n=405) 21,7 1,1 [0,8‑1,5] 25,4 0,8 [0,6‑1,1]
Études, retraites, autres inactifs (n=2305) 9,4 0,9 [0,7‑1,3] 35,1 1,2 [1,0‑1,4]
STATUT TABAGIQUE *** ***
Fumeur occasionnel (réf.) (n=318) 7,0 1,2 [0,7‑2,0] 44,6 0,8 [0,6‑1,0]
Fumeur quotidien (n=1408) 19,5 2,2*** [1,7‑3,0] 29,7 0,6*** [0,5‑0,8]
Ex fumeur (n=2058) 8,2 1,1 [0,9‑1,5] 37,9 0,9 [0,8‑1,1]
Jamais fumeur (n=2429) 8,8 1 35,1 1
STATUT VAPOTAGE *** ***
Jamais vapoteur (réf.) (n=4435) 10,5 1 32,0 1
Vapoteur expérimentateur (n=1534) 14,6 0,7** [0,5‑0,9] 36,4 1,8*** [1,5‑2,1]
Vapoteur (n=255) 2,8 0,4* [0,1‑1,0] 79,3 10,1*** [7,0‑14,5]
*** : p<0.001 ; ** : p<0.01 ; * p<0.05
1. RRR : rapport de risques relatifs.
Note : les facteurs associés à la modalité de réponse « Ne sait pas » ne sont pas présentés ici.
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS
8
hauts revenus et niveaux de diplôme, et sont plus
souvent vapoteurs ou expérimentateurs de la vape ;
• comparés aux personnes n’ayant jamais fumé, les
fumeurs quotidiens pensent davantage que l’e‑ci‑
garette est plus nocive que la cigarette ordinaire ;
• les femmes sont ainsi les plus nombreuses à juger
que la nocivité de l’e‑cigarette est similaire à celle
de la cigarette ordinaire.
Opinions sur la réglementation
Interdiction dans les lieux où il est interdit de fumer
En 2017, 66,9 % des 18‑75 ans sont favorables à l’in‑
terdiction de vapoter dans les lieux où il est interdit de
fumer (tableau IV) : 36,6 % très favorables et 30,3 %
plutôt favorables. Cette proportion est en augmenta‑
tion par rapport à 2014 (62,0 %, p<0,001).
Après contrôle des caractéristiques socioéconomiques
et des statuts tabagiques et de vapotage, les femmes
ont tendance à être plus favorables à l’interdiction de
vapoter dans les lieux où il est interdit de fumer que
les hommes. Sont, à l’inverse, moins favorables à
l’interdiction les fumeurs quotidiens par rapport aux
personnes qui n’ont jamais fumé, les vapoteurs et
les expérimentateurs de l’e‑cigarette par rapport aux
personnes qui n’ont jamais vapoté (tableau V).
Interdiction de vente aux mineurs
En 2017, 77,5 % des 18‑75 ans sont favorables à l’in‑
terdiction de la vente de cigarettes électroniques aux
mineurs (tableau IV) : 54,0 % très favorables et 23,5 %
plutôt favorables. Cette proportion est stable par rap‑
port à 2014 (76,5 %).
Toutes choses égales par ailleurs, les femmes sont,
comme pour l’interdiction de vapoter dans les lieux
où il est interdit de fumer, plus favorables à l’inter‑
diction de vente des e‑cigarettes aux mineurs que les
hommes (tableau V). Les personnes de 45 à 75 ans
(par rapport aux 18‑24 ans), ainsi que les vapoteurs
et les expérimentateurs de l’e‑cigarette (par rapport
aux personnes qui n’ont jamais vapoté) ont à l’inverse
moins tendance à y être favorables.
DISCUSSION
Pratiquement tous les vapoteurs
sont des fumeurs ou ex‑fumeurs
Parmi les 18‑75 ans, vapotage et tabagisme sont
étroitement liés : presque tous les vapoteurs
sont des fumeurs (occasionnels ou quotidiens) ou des
ex‑fumeurs. Environ la moitié des vapoteurs quoti‑
diens sont vapofumeurs. Moins de 1 % des vapoteurs
quotidiens déclarent n’avoir jamais fumé. La durée
de vapotage est passée de quatre à vingt mois en
moyenne entre 2014 et 2017. En 2014, le produit était
encore très récent sur le marché et a attiré de nom‑
breux expérimentateurs. En 2017, l’effet de nouveauté
est probablement passé et l’usage est désormais
ancré sur le plus long terme.
À titre comparatif, en Europe, la prévalence de l’e‑ci‑
garette chez les personnes n’ayant jamais fumé est
très rare, mais elle atteindrait 1 % dans cinq pays [26].
D’après le ASH Smokefree Great Britain survey, 4,2 % des
vapoteurs adultes britanniques n’auraient jamais fumé
en 2018 [27], et environ les trois‑quarts auraient utilisé
leur e‑cigarette pendant plus de six mois en 2017 [7].
Ces données ne permettent pas de traiter de la pro‑
blématique de l’e‑cigarette comme d’une éventuelle
porte d’entrée vers le tabagisme, principalement du
fait qu’il s’agit d’une enquête menée en population
TABLE AU IV | Opinions sur l’interdiction de vapoter dans les lieux où il est interdit de fumer
et sur l’interdiction de vente d’e‑cigarette aux mineurs parmi les 18‑75 ans en 2014 et 2017
Interdiction dans les lieux où il est interdit de fumer Interdiction de vente aux mineurs
2014 2017 chi2 2014 2017 chi2
Très favorable 30,0 36,6 <0,001 50,1 54,0 <0,001
Plutôt favorable 32,0 30,3 0,108 26,4 23,5 <0,001
Plutôt pas favorable 15,0 13,9 0,165 10,1 8,5 <0,05
Pas du tout favorable 21,4 15,4 <0,001 12,4 11,5 0,225
Ne sait pas 1,5 3,9 <0,001 0,9 2,5 <0,001
Sources : Baromètres de Santé publique France 2014 et 2017, Santé publique France
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS 9
TABLE AU V | Facteurs associés au fait d’être favorable à l’interdiction de vapoter dans les lieux
où il est interdit de fumer et à l’interdiction de vente aux mineurs, parmi les 18‑75 ans en 2017
Favorable à l’interdiction dans les lieux
où il est interdit de fumer Favorable à l’interdiction de vente aux mineurs
n=6 200 n=6 200
% OR IC à 95 % % OR IC à 95 %
SEXE ** ***
Homme (réf.) (n=2879) 64,4 1 75,1 1
Femme (n=3345) 69,2 1,2** [1,1‑1,4] 79,7 1,3** [1,1‑1,5]
ÂGE ***
18‑24 ans (réf.) (n=563) 62,6 1 81,5 1
25‑34 ans (n=912) 65,2 1,1 [0,8‑1,4] 82,4 1 [0,7‑1,5]
35‑44 ans (n=1060) 68,7 1,1 [0,9‑1,5] 80,2 0,8 [0,6‑1,2]
45‑54 ans (n=1199) 65,7 1 [0,7‑1,3] 73,6 0,6*** [0,4‑0,8]
55‑64 ans (n=1264) 68,2 1 [0,8‑1,3] 74,2 0,6*** [0,4‑0,8]
65‑75 ans (n=1226) 69,4 1 [0,7‑1,3] 74,4 0,6*** [0,4‑0,8]
REVENUS PAR UNITÉ DE CONSOMMATION
1er tercile (faible) (réf.) (n=1719) 64,2 1 77,7 1
2e tercile (n=2027) 68,0 1,2 [1,0‑1,4] 78,8 1,1 [0,9‑1,4]
3e tercile (élevé) (n=2168) 68,8 1,1 [0,9‑1,4] 76,1 1 [0,8‑1,3]
Ne sait pas/Refus (n=310) 66,8 1,1 [0,8‑1,5] 76,2 0,9 [0,6‑1,3]
DIPLÔME *
< Bac (réf.) (n=2414) 65,5 1 76,4 1
Bac (n=1329) 65,9 1 [0,9‑1,2] 79,8 1,1 [0,9‑1,3]
> Bac (n=2468) 69,7 1,1 [0,9‑1,3] 77,6 0,9 [0,8‑1,1]
SITUATION PROFESSIONNELLE
Travail (réf.) (n=3514) 67,3 1 78,4 1
Chômage (n=405) 64,0 1 [0,7‑1,3] 77,2 0,9 [0,6‑1,2]
Études, retraites, autres inactifs (n=2305) 66,8 0,9 [0,8‑1,2] 76,1 0,9 [0,7‑1,2]
STATUT TABAGIQUE *** *
Fumeur occasionnel (n=318) 64,9 1 [0,7‑1,3] 76,3 0,9 [0,6‑1,3]
Fumeur quotidien (n=1408) 56,8 0,8* [0,6‑0,9] 76,2 1 [0,8‑1,4]
Ex fumeur (n=2058) 68,7 1 [0,8‑1,1] 75,3 0,9 [0,8‑1,1]
Jamais fumé (réf.) (n=2429) 72,4 1 80,3 1
STATUT VAPOTAGE *** ***
Jamais vapoteur (réf.) (n=4435) 72,0 1 79,0 1
Vapoteur expérimentateur (n=1534) 56,2 0,6*** [0,5‑0,7] 75,0 0,7*** [0,5‑0,8]
Vapoteur actuel (n=255) 51,3 0,4*** [0,3‑0,6] 67,8 0,5*** [0,3‑0,7]
*** : p<0.001 ; ** : p<0.01 ; * p<0.05
Source : Baromètres de Santé publique France 2017, Santé publique France
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS
10
adulte et qu’environ 90 % des expérimentations de
tabac ont lieu avant 18 ans [30]. En tous cas, en popu‑
lation adulte, la part des vapoteurs n’ayant jamais
fumé est très réduite (<0,01%), et l’e‑cigarette est très
majoritairement utilisée avec l’objectif de réduire sa
consommation de tabac ou comme outil pour arrê‑
ter le tabac. Elle ne semble donc pas devenir, dans
la population adulte, un nouveau produit utilisé sans
lien avec le tabac.
Néanmoins, il est possible que l’utilisation de l’e‑ci‑
garette parmi les non‑fumeurs soit plus prégnante
dans une population plus jeune qu’étudiée dans cette
synthèse, en raison de la forte attractivité de l’e‑ciga‑
rette (design, arôme, etc.) et de l’influence plus forte
du marketing sur cette tranche âge. D’après l’en‑
quête ESCAPAD 2017 de l’OFDT, 3,8 % des jeunes de
17 ans déclarent avoir expérimenté l’e‑cigarette sans
avoir jamais fumé de tabac [25]. Des études indiquent
que l’utilisation de la cigarette électronique à un jeune
âge est significativement associée à l’entrée dans le
tabagisme dans le futur, même parmi les adolescents
qui n’avaient pas l’intention de fumer [31‑33].
Ces résultats peuvent être nuancés par le fait qu’il est
difficile de contrôler l’ensemble des facteurs environ‑
nementaux (entourage familial, groupe de pairs, mar‑
keting, accessibilité, dose de nicotine autorisée). Les
jeunes qui vapotent et qui essayent ensuite la ciga‑
rette ordinaire pourraient appartenir à des groupes
plus curieux, présentant moins d’aversion au risque,
et qui auraient, possiblement, expérimenté le tabac ou
d’autres substances (alcool, cannabis, etc.). Une étude
anglaise montre que si l’expérimentation de l’e‑ciga‑
rette est associée avec l’expérimentation ultérieure de
la cigarette ordinaire, les jeunes qui ont d’abord expé‑
rimenté la cigarette ordinaire sont également plus
nombreux à essayer la cigarette électronique ensuite
[34]. En France, d’après l’enquête ESCAPAD 2017,
1,9 % des jeunes de 17 ans vapotent de manière quo‑
tidienne : plus de la moitié d’entre eux déclarent aussi
fumer quotidiennement. Parmi les adolescents qui ont
expérimenté les deux produits, la majorité ont déjà
essayé la cigarette ordinaire avant l’e‑cigarette. Ces
derniers éléments viendraient alors plutôt confirmer
l’hypothèse suivant laquelle les jeunes vapoteurs par‑
tageraient des facteurs de risques avec les fumeurs
(« common liability hypothesis »).
Le vapotage est perçu
comme un outil d’aide à la diminution
de la consommation du tabac et à l’arrêt
La plupart des vapofumeurs (80,4 %) déclarent avoir
diminué leur consommation de cigarettes mais ce
sont, initialement, de plus gros fumeurs que les
fumeurs non vapoteurs, comme cela était déjà le cas
en 2014 [35]. Il est à noter que les bénéfices pour
la santé d’une réduction du nombre de cigarettes
sont limités par rapport à un arrêt complet, puisque
même une faible consommation de cigarettes de
tabac est très nocive [36, 37]. Il se peut donc que les
vapofumeurs aient la perception d’obtenir un gain
important pour leur santé qui pourrait les mainte‑
nir dans un tabagisme de moindre intensité mais
délétère pour leur santé et retarder l’arrêt total de
la cigarette ordinaire [38], en particulier pour les
31 % de vapoteurs qui disent vapoter avec l’idée de
réduire leur consommation. Cependant, pour cer‑
tains vapofumeurs, cet usage mixte est peut‑être
une première étape qui les aide à aller vers l’arrêt
total avec succès.
Parmi les vapoteurs quotidiens, la part d’ex‑fumeurs
a nettement augmenté entre 2014 et 2017. Sur l’en‑
semble de la population, la part d’ex‑fumeurs vapo‑
teurs est en légère augmentation. La proportion
d’ex‑fumeurs ayant utilisé l’e‑cigarette (1,2 %) ou
étant encore vapoteurs (1,4 %) demeure toujours
faible par rapport à la proportion d’ex‑fumeurs
s’étant sevrés autrement (28,4 %). Depuis la mise sur
le marché de l’e‑cigarette en France en 2010, environ
700 000 ex‑fumeurs quotidiens ayant arrêté depuis
au moins six mois déclarent que vapoter les a aidés à
arrêter de fumer, avec ou sans autre aide.
Ces résultats montrent que, pour certaines per‑
sonnes, la cigarette électronique a été perçue comme
un outil efficace dans leur tentative d’arrêt. De nom‑
breuses études scientifiques se sont penchées sur
la question de l’efficacité de l’e‑cigarette comme
méthode de sevrage sans que des conclusions allant
dans le même sens émergent [5, 39‑44]. Le dernier
rapport de Public Health England [7] analyse sept
revues systématiques incluant des méta‑analyses :
deux revues ont trouvé un effet positif de l’e‑cigarette
sur l’arrêt du tabac, quatre revues indiquent qu’il
n’est pas possible de conclure, et une revue indique
un effet négatif.
La diversité des indicateurs et des groupes étudiés
dans les études observationnelles dont la qualité
est discutée, et le peu d’essais contrôlés randomi‑
sés, présentant eux‑mêmes des conditions parfois
peu extrapolables en vie réelle, sont mis en cause.
Les études ont, malgré ces limites, plutôt tendance
à mettre en avant une augmentation des tenta‑
tives d’arrêt voire des arrêts temporaires, même s’il
demeure plus difficile de montrer des effets posi‑
tifs sur le sevrage [45]. Une étude observationnelle
menée par Santé publique France en 2014 auprès
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS 11
des fumeurs de 15‑85 ans répondant à un question‑
naire en ligne quelques jours avant une campagne de
prévention puis six mois plus tard [46] montre, par
exemple, que les tentatives d’arrêt et la réduction du
nombre de cigarettes pendant les six mois étaient
plus fréquentes chez les vapoteurs réguliers que chez
les non‑vapoteurs.
À date, trois essais contrôlés randomisés ont mon‑
tré l’efficacité de la cigarette électronique pour aider
à l’arrêt du tabac [47‑49]. L’essai le plus récent,
publié en janvier 2019 [49], compare l’efficacité de
la cigarette électronique avec nicotine et celle des
traitements de substitution nicotinique (TSN) pour
l’arrêt du tabac chez des fumeurs dépendants sou‑
haitant de l’aide. Un accompagnement en face à face
était proposé à tous les participants par les services
d’aide à l’arrêt du tabac du National Health Service
au Royaume‑Uni. Presque deux fois plus d’arrêt
à un an sont observés dans le groupe ayant utilisé
l’e‑cigarette que dans le groupe TSN (18 % vs 9,9 %,
p<0,001). Comme pour toute étude scientifique,
ces résultats doivent être interprétés en prenant
en compte les conditions de l’essai. En particulier,
les participants du groupe TSN pourraient avoir
été moins motivés dans leur arrêt en raison d’une
perception plus négative des TSN que de l’e‑ciga‑
rette qui jouit d’une popularité plus forte liée à la
nouveauté du produit et à un contexte national qui y
est très favorable. L’observance aux TSN était ainsi
beaucoup plus limitée que celle de l’e‑cigarette
puisqu’un décrochage dans la prise des traitements
était observé dès la quatrième semaine. Il devient
alors difficile d’évaluer l’efficacité d’un produit qui
n’est pas utilisé. Le taux d’échec demeure toute‑
fois assez élevé, dans les deux groupes, malgré un
accompagnement psychologique.
L’intérêt de mener des recherches comparant l’effi‑
cacité (à moyen et long terme) des différents outils
d’aide au sevrage et évaluant l’impact de l’e‑ciga‑
rette sur les stratégies de sevrage des personnes
(effet d’opportunité, réduction de la consommation
de tabac plutôt qu’arrêt, combinaisons des stra‑
tégies), ainsi que des recherches sur l’efficacité
de l’e‑cigarette dans l’arrêt du tabac pour certains
sous‑groupes vulnérables demeure donc d’actua‑
lité. En France, l’essai ECSMOKE randomisé avec
double placebo vient de débuter (porté par l’As‑
sistance publique des hôpitaux de Paris) : il vise à
comparer l’efficacité des cigarettes électroniques
contenant de la nicotine à celle des cigarettes élec‑
troniques sans nicotine et à la varénicline (Champix),
un médicament de seconde intention pour l’arrêt
du tabac. Cette étude devrait rendre ses premiers
résultats d’ici quelques années.
L’ e‑cigarette est perçue
comme plus nocive que la cigarette
ordinaire par une part importante
de la population
La cigarette électronique est perçue comme aussi ou
plus nocive que la cigarette ordinaire par la moitié de
la population en France métropolitaine en 2017. Cette
perception est en hausse par rapport à 2014. Dans
70 % des études observationnelles utilisées dans la
revue de littérature internationale de Czoli et al. en
2017 [50], l’e‑cigarette serait néanmoins majoritaire‑
ment perçue comme moins nocive, mais une tendance
à l’augmentation de la méfiance est de plus en plus
observée dans tous les groupes (fumeurs, vapoteurs,
non‑vapoteurs, non‑fumeurs) au cours des dernières
années [51]. C’était ainsi déjà le cas entre 2013 et
2014 chez des fumeurs et ex‑fumeurs en Angleterre
[52], et, en 2018, 25 % de la population pensent que
l’e‑cigarette est aussi ou plus nocive que la ciga‑
rette ordinaire (23 % ne savent pas, 17 % la pensent
beaucoup moins nocive) contre 15 % en 2014 [27].
Seulement un peu plus de la moitié des fumeurs en
Angleterre pensent que l’e‑cigarette est moins nocive
que la cigarette ordinaire. Aux États‑Unis, alors que
50,7 % la pensaient moins nocive que la cigarette
de tabac en 2012, ils n’étaient plus que 43,1 % dès
2014 [53]. En Europe, en 2017, 55 % pensent que la
cigarette électronique est nocive pour la santé des
vapoteurs et cette proportion est en augmentation
dans presque tous les pays européens [26].
Pourtant, la communauté scientifique s’accorde
pour dire que les émissions d’e‑cigarette sont moins
nocives que la fumée issue de la combustion du tabac,
même si le vapotage n’est pas sans risque et que
les effets à long terme sur la santé sont encore mal
connus. En effet, l’aérosol de l’e‑cigarette ne contient
pas les nombreuses substances chimiques irritantes,
toxiques et cancérigènes qui sont présentes dans la
fumée de tabac issue des cigarettes traditionnelles,
des cigares ou de la chicha (goudrons, monoxyde de
carbone). Usuellement, seuls des effets indésirables
plutôt bénins comme des irritations passagères
de la bouche et de la gorge sont rapportés par les
vapoteurs [5]. En revanche, la plupart des vapoteurs
utilisent du liquide contenant de la nicotine, qui est
une substance fortement addictive. Par ailleurs, des
substances potentiellement nocives ou cancérigènes
ont pu être identifiées dans certaines émissions de
cigarette électronique [39]. Le rapport de la Euro-
pean Respiratory Society [44], analysant les résultats
d’études expérimentales de toxicologie in vitro (sur
des cultures cellulaires) et in vivo (sur des animaux),
indique que des effets potentiellement néfastes
peuvent être observés dans certaines études, même
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS
12
s’ils ne sont pas systématiquement retrouvés dans
la littérature scientifique. Cette analyse démontre
qu’il est difficile de généraliser la toxicité potentielle
des émissions de cigarette électronique, car celle‑ci
dépend de la combinaison de nombreux facteurs :
composition du liquide (arômes alimentaires dont le
profil toxicologique est connu pour l’ingestion et non
pour l’inhalation, taux de propylène glycol qui est un
irritant des voies respiratoires, etc.), paramètres de
vapotage de la cigarette électronique (la puissance de
la batterie couplée à la résistance de l’atomiseur sont
déterminants dans la production de composés gazeux
nocifs) et, enfin, profil d’inhalation du vapoteur (durée
d’inhalation, volume des bouffées, etc.).
Toutefois, il semble pertinent d’affirmer que, bien
que non dépourvus de risque, les effets nocifs des
émissions de cigarette électronique seraient moins
importants que ceux causés par la fumée de tabac.
En particulier, les effets à long terme sur la santé des
vapoteurs exposés aux émissions de cigarette élec‑
tronique sont, finalement, relativement peu docu‑
mentés du fait de l’arrivée récente de l’e‑cigarette
mais aussi en raison de la difficulté d’évaluer ces
effets chez des vapoteurs qui sont, pour la plupart,
également des fumeurs ou ex‑fumeurs. En France,
l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’ali‑
mentation, de l’environnement et du travail (Anses)
est notamment chargée de réaliser une évaluation
des dangers associés aux substances chimiques aux‑
quelles le vapoteur s’expose.
Les analyses présentées dans cette synthèse
montrent que les statuts tabagique et de vapotage
sont des facteurs associés à la perception de la
nocivité. Comme dans d’autres travaux [26, 51, 54],
les fumeurs sont plus nombreux à déclarer que
l’e‑cigarette est plus ou aussi nocive que le tabac alors
que les vapoteurs ou ceux ayant déjà expérimenté la
cigarette électronique la perçoivent comme moins
nocive. Cette perception négative pourrait expliquer
que certains fumeurs ayant l’intention d‘arrêter de
fumer n’y ont pas recours.
Les personnes les moins favorisées socialement
sont aussi celles qui sont le moins informées de la
moindre nocivité des e‑cigarettes, à l’instar de ce qui
est observé dans d‘autres études [52, 53, 55]. Ces diffé‑
rences pourraient s‘expliquer par la difficulté d’obtenir
des informations claires et accessibles, à l’heure où les
recommandations sont difficilement appropriables.
La perception de la nocivité de l’e‑cigarette pourrait
également être due à une mauvaise connaissance
des effets de la nicotine et une confusion plus large
entre les facteurs responsables de la dépendance et
des cancers. La plupart des cigarettes électroniques
comporte de la nicotine, ce qui pourrait alors faire
penser qu’elle est aussi nocive que la cigarette conte‑
nant du tabac [7].
Les sources d’information principales des vapoteurs
semblent être la télévision (dans les pays où la publi‑
cité est autorisée), Internet, la presse ainsi que le
cercle amical et les magasins spécialisés [56, 57].
L’exposition à des informations parfois contradic‑
toires véhiculées par ces sources pourrait fortement
influencer la perception. Des messages contradic‑
toires ou négatifs dans les journaux favoriseraient,
par exemple, une perception négative de l’e‑cigarette
et des bénéfices perçus plus faibles, selon une étude
américaine récente [58]. Les personnes n’ayant
jamais expérimenté l’e‑cigarette seraient particuliè‑
rement sensibles à ces informations.
Enfin, un autre facteur environnemental pourrait expli‑
quer l’augmentation de la perception de la nocivité. Une
réglementation stricte de l’e‑cigarette renforcerait, en
effet, la perception de sa nocivité chez les fumeurs et
ex‑fumeurs [59]. La connaissance et la confiance dans
les agences de régulation des produits pourraient
également avoir un impact sur la perception de sécu‑
rité [60]. Le fait que l’e‑cigarette soit réglementée par
des dispositions similaires au tabac [16] et qu’aucune
e‑cigarette ne soit autorisée à ce jour en tant que dis‑
positif médical, contrairement aux inhalateurs de nico‑
tine, pourrait participer à cette défiance.
Des opinions plutôt favorables
de la population sur la réglementation
de l’e‑cigarette
Deux tiers des personnes interrogées sont favo‑
rables à l’interdiction de vapoter dans les lieux où il
est interdit de fumer, en augmentation par rapport
à 2014. Ce résultat laisse supposer une adhésion à
un élargissement éventuel de la réglementation des
lieux d’interdiction du vapotage. Plus des trois quarts
des 18‑75 ans sont favorables à l’interdiction de vente
aux mineurs, proportion stable depuis 2014. Ces opi‑
nions favorables pourraient s’expliquer en partie par
la dangerosité perçue pour la santé des produits de
vapotage et par la gêne occasionnée par la vapeur.
En Europe, 63 % des personnes interrogées dans
l’Eurobaromètre 2017 [26] déclarent être favorables
à l’interdiction de l’e‑cigarette dans les lieux où il est
interdit de fumer. Cette opinion est en augmentation
dans quatorze pays européens bien que, dans cer‑
tains pays (Autriche, République tchèque, Malte), une
baisse de l’adhésion à cette mesure soit observée.
BAROMÈTRE DE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE 2017 | USAGE DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE, TABAGISME ET OPINIONS DES 18-75 ANS 13
Les personnes qui vapotent ou ont déjà expérimenté
la vape, toutes choses égales par ailleurs, sont moins
favorables à ces interdictions. C’est également ce qui
est observé au niveau européen où les non‑vapoteurs
sont moins opposés à l’interdiction de l’e‑cigarette
dans les lieux où il est déjà interdit de fumer. On
peut faire l’hypothèse que les vapoteurs (fumeurs ou
anciens fumeurs) ont le sentiment de faire un effort en
arrêtant ou diminuant leur consommation de tabac,
qui pourrait être « récompensé » par le fait de pouvoir
vapoter dans les lieux qui interdisent le tabac. Plu‑
sieurs raisons sont déclarées par les vapoteurs pour
expliquer leur recours à l’e‑cigarette [51, 57, 61] ; cer‑
tains l’utilisent peut‑être aussi comme une alterna‑
tive pour pouvoir vapoter dans les lieux non‑fumeurs,
ce qui expliquerait leurs opinions négatives.
En Europe, peu de différences sociodémographiques
sont observées sur les questions d’opinions sur la
réglementation, ce qui rejoint les données françaises.
Les femmes sont légèrement plus en faveur de l’in‑
terdiction de l’e‑cigarette dans les lieux où il est inter‑
dit de fumer (64 % vs 62 % des hommes)[26].
Limites
Les données du Baromètre de Santé publique France
sont des données déclaratives recueillies par télé‑
phone, ce qui ne prévient pas d’un biais de dési‑
rabilité. On ne vérifie pas, par exemple, le sevrage
de manière biologique. De plus, la question de
l’e‑cigarette comme aide à l’arrêt du tabac ne permet
de mesurer qu’une perception.
Le Baromètre de Santé publique France a pour objec‑
tif principal de mieux connaître les comportements
de santé des personnes résidant en France, et pour
objectif secondaire de mesurer les perceptions et
opinions, d’où le nombre restreint d’indicateurs.
Les questions sur la nocivité ne permettent pas, par
exemple, de distinguer la nocivité perçue pour le
vapotage actif ou passif, ni de différencier les types
de dangers perçus (cancer de la bouche, cancer des
poumons, etc.).
Enfin, les analyses sur la question de la nocivité et les
deux questions sur la réglementation de l’e‑cigarette
ont été réalisées sur des sous‑échantillons. Les effec‑
tifs sont ainsi réduits et certaines différences entre
facteurs associés peuvent apparaître non significa‑
tives en raison d’un manque de puissance statistique.
CONCLUSION
En France, les vapoteurs adultes sont composés pour
moitié de fumeurs, pour moitié d’ ex‑fumeurs. La
proportion de vapoteurs parmi les fumeurs et ex‑fu‑
meurs demeure faible mais un nombre non négli‑
geable d’ex‑fumeurs (vapoteurs ou ex‑vapoteurs)
estiment que l’e‑cigarette les a aidés à arrêter de
fumer, au moins de manière temporaire. La nocivité
de la cigarette électronique par rapport à celle de la
cigarette traditionnelle est perçue comme élevée par
la population, en particulier par les fumeurs quoti‑
diens. Les différences sociodémographiques dans
la perception de la nocivité suggèrent des inégalités
sociales dans l’accès à l’information. Les opinions
concernant les réglementations sont plutôt favo‑
rables, ce qui témoigne d’une bonne adhésion de la
population à l’encadrement des produits du vapotage
et de leurs usages.
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www.santepubliquefrance.fr
ISSN : 2609-2174 – ISBN-NET : 979-10-289-0558-3 – RÉALI SATION : GROUPE J OUVE – DÉPÔT LÉGAL : JUIN 2019
AUTEURS
Anne Pasquereau1
Guillemette Quatremère1
Romain Guignard1
Raphaël Andler1
Florian Verrier1
Jérémie Pourchez2
Jean‑Baptiste Richard1
Viêt Nguyen‑Thanh1
et le groupe Baromètre de Santé publique France 2017**
1 Santé publique France, Saint Maurice, France
2 Mines Saint‑Etienne, Univ Lyon, Univ Jean Monnet, INSERM, U 1059 Sainbiose, Centre CIS, F ‑ 42023
Saint‑Etienne, France
**Raphaël Andler, Chloé Cogordan, Christophe Léon, Romain Guignard, Viêt Nguyen‑Thanh, Anne Pasquereau,
Jean‑Baptiste Richard, Maëlle Robert
RELECTRICE
Noémie Soullier
Santé publique France, Saint Maurice, France
Édition
Jeanne Herr
Santé publique France
Documentation
Manon Jeuland
Santé publique France
Citation suggérée : Pasquereau A, Quatremère G, Guignard R, Andler R, Verrier F, Pourchez J, Richard JB, Nguyen‑Thanh V et le
groupe Baromètre de Santé publique France 2017. Baromètre de Santé publique France 2017. Usage de la cigarette électronique,
tabagisme et opinions des 18‑75 ans. Saint‑Maurice : Santé publique France, 2019. 17 p.