Les temps ne sont plus ! {Révision générale du texte et adjonction de notes historiques, biographiques, bibliographiques et géographiques, par Gérard Chr. Luquet. In : Toulgoët (Hervé de) (†), 2014. — Les temps ne sont plus ! (Insecta Lepidoptera)}

Abstract

Times have changed! (Insecta Lepidoptera). The author recalls his memories of the lepidopterous fauna of the Paris region as it was between 1924 and 1955, and emphasizes its extraordinary decline during the subsequent four decades. —/////— L'auteur évoque à travers quelques souvenirs la faune des Lépidoptères de la région parisienne, telle qu'elle pouvait être observée entre 1924 et 1955, et souligne le spectaculaire recul que cette faune a connu durant les quatre décennies qui ont suivi cette période. {General revision of the text and addition of historical, biographical, bibliographical et geographical notes, by Gérard Chr. Luquet. In : Toulgoët (Hervé de) (†), 2014. — Les temps ne sont plus ! (Insecta Lepidoptera)}

Full text

ALEXANOR
Revue française de Lépidoptérologie
Tome 26 janvier à décembre 2013 Fasc. 1 à 4
Sommaire
Chatard (Patrice). Note d’élevage à propos d’Ethmia bipunctella (Fabricius, 1775) (Lepidoptera
Elachistidae Ethmiinae) ...........................................................................................................
Chatard (Patrice). Données complémentaires sur Cedestis gysseleniella (Zeller, 1839)
(Lepidoptera Yponomeutidae Yponomeutinae) .......................................................................
Chevillon (Aurélie), Faucheux (Franck) et Lévêque (Antoine). Observation dans le Loiret de
deux Géomètres rarement signalées en région Centre (Lepidoptera Geometridae : Sterrhinae
et Ennominae) ..........................................................................................................................
Decreus (Patrick), Lantz (Marie-André) et Brink (Sylvie van den). Redécouverte de Glaucopsyche
alexis (Poda, 1761) en Seine-Saint-Denis (Lepidoptera Lycaenidae Polyommatinae) ..........
Détrée (Jérémy). L’utilisation des talus ferroviaires comme habitats de substitution par certains
Lépidoptères : cas de Zygaena ephialtes (L., 1767) (Lepidoptera Zygaenidae Zygaeninae)..
Essayan (Roland). Recensions ........................................................................................................
• BELLMANN (Heiko), 2006. — Quel est donc ce papillon ? [4etirage de l’édition française
en 2013]...........................................................................................................................
• HAAHTELA (Tari), SAARINEN (Kimmo), OJALAINEN (Pekka) et AARNIO (Hannu), 2012. —
Guide photo des Papillons d’Europe .............................................................................
• LAFRANCHIS (Tristan), 2014. — Papillons de France. Guide de détermination des Papillons
diurnes ............................................................................................................................
Essayan (Roland). Inventaire des Lépidoptères nocturnes observés en périphérie de la ville de
Dijon (Côte-d’Or, Bourgogne). Contribution à la connaissance du phénomène d’erratisme
(Insecta Lepidoptera) ...............................................................................................................
Essayan (Roland),Jugan (Denis) et Voinot (Claude). Météorologie et Papillons diurnes : l’année
entomologique 2013 dans le centre-est de la France (Bourgogne et Franche-Comté)
(Lepidoptera : Rhopalocera et Zygaenidae) ............................................................................
Fournier (François). Confirmation de la présence de Pieris mannii (Mayer, 1851) dans le département
du Puy-de-Dôme (Lepidoptera Pieridae) ................................................................................
Jugan (Denis). Observation dans le Var de la Castnie du Palmier, Paysandisia archon
(Burmeister, 1879) (Lepidoptera Castniidae) ..........................................................................
Jugan (Denis). Recension ................................................................................................................
• Claude DUTREIX, 2013. — Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne ...........................
Korb (Stanislav K.). Une sous-espèce nouvelle de Muschampia antonia (Speyer, 1879) en vallée
de
Soussamyr (Kirghizie) (Lepidoptera Hesperiidae Pyrginae) ..................................................
Kosarev (Youriĭ B.) (†) et Korb (Stanislav K.). Une nouvelle sous-espèce de Boloria selene
([Denis & Schiffermüller], 1775) de la région de Magadan : Boloria selene anufrievi ssp. n.
(Lepidoptera Nymphalidae) ....................................................................................................
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ISSN 0002-5208
(Suite page 3)
Tome 26 – Fasc. 1 à 4 (2013) ALEXANOR
Tome 26 janvier - décembre 2013 Fasc. 1 à 4
Revue française de Lépidoptérologie
(Publication trimestrielle)
45, rue Buffon F-75005 PARIS
ISSN 0002-5208

Fondateur : Jean BOURGOGNE †
Directeur : Gérard Chr. LUQUET
Rédacteur en chef : Antoine LÉVÊQUE
Trésorier : Xavier LESIEUR
Comité de rédaction : Henri-Jérôme BERTIN (supervision des textes d’origine russe), Franck
FAUCHEUX (cartographie), Barry GOATER et Terence HOLLINGWORTH (super vision des textes
en anglais), Christian JACQUARD (réalisation des maquettes), Xavier LESIEUR (illustrations),
Wolfgang SPEIDEL (supervision des textes en allemand).
Comité de lecture : Frédéric ARCHAUX (écologie), Jérôme BARBUT (Noctuoidea),
Roland
ESSAYAN, Christian GIBEAUX, Patrice LERAUT, Jacques NEL (Microlépidoptères),
Claude
TAUTEL (Geometridae).
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L’Écaille brune, aussi dénommée la Matrone, Pericallia matronula (Linnaeus, 1758),
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de chaque année ; le réabonnement s’effectue par tacite reconduction.
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(Suite de la page 4)
Lalanne-Cassou (Christian) et Lalanne-Cassou (Bernard). Similitude entre deux aberrations
insolites d’Erebia medusa et de Phragmatobia fuliginosa (Nymphalidae Satyrinae et
Erebidae Arctiinae) ..................................................................................................................
Laleu (Benoît). Observation de Danaus plexippus L. à Épernon (Eure-et-Loir) (Lepidoptera
Nymphalidae Danainae) ..........................................................................................................
Laleu (Benoît). Capture de Stegania cararia Hb. en terrain argileux dans l’extrême nord du
Périgord (Lepidoptera Geometridae Ennominae) ...................................................................
Laleu (Benoît). Sur la disparition d’une petite colonie de Maculinea arion L. à Faux-la-Montagne
(Creuse) (Lepidoptera Lycaenidae Polyommatinae) ...............................................................
Leraut (Guillaume H. C.). Note de terrain relative à Brachodes pumila (Ochsenheimer, 1808)
dans le Sud-Est français (Lepidoptera Cossoidea Brachodidae) ............................................
Leraut (Patrice). Lépidoptères récemment observés dans les jardins du Muséum National
d’Histoire Naturelle de Paris (Insecta Lepidoptera) ...............................................................
Lévêque (Antoine). Nouvelles observations de la Bacchante, Lopinga achine (Scopoli, 1763),
dans le département de l’Indre-et-Loire (Lepidoptera Nymphalidae Satyrinae) ....................
Lévêque (Antoine), Chatard (Patrice), Faucheux (Franck), Bichaud (Michèle) et Renaud
(Christophe). Observations dans le Cher de quelques Papillons localisés ou rarement cités
en région Centre (seconde partie : Rhopalocères) (Lepidoptera : Hesperiidae, Riodinidae,
Lycaenidae et Nymphalidae) ...................................................................................................
Lévêque (Antoine) et Luquet (Gérard Chr.). Découverte de Scopula (Calothysanis) rufomixtaria
(Graslin, 1863) dans le Jura, espèce nouvelle pour la région Franche-Comté (Lepidoptera
Geometridae Sterrhinae) ..........................................................................................................
Longiéras (Antoine). Observation à Digne-les-Bains d’un sujet intersexué d’Anthocharis
cardamines (L.) (Lepidoptera Pieridae) ..................................................................................
Luquet (Gérard Chr.). Observations préliminaires à la publication de quelques souvenirs
d’Hervé DE TOULGOËT (°1911 – † 2009) .................................................................................
Luquet (Gérard Chr.). À propos d’un curieux exemplaire mâle de Zygaena viciae (D. & S.,
1775) recueilli dans le département du Jura (Lepidoptera Zygaenidae Zygaeninae) .............
Luquet (Gérard Chr.). Observations de Cydalima perspectalis (Walker, 1859) à Poligny (Jura)
et à Arcueil (Val-de-Marne) (Lepidoptera Crambidae Spilomelinae) .....................................
Luquet (Gérard Chr.). Observations et réflexions à propos de la régression du Gazé, Aporia
crataegi (Linné, 1758) (Lepidoptera Pieridae Pierinae) .........................................................
Luquet (Gérard Chr.). Découverte de la Piéride de l’Ibéride, Pieris mannii (Mayer, 1851),
à Poligny (département du Jura) (Lepidoptera Pieridae Pierinae) ..........................................
Luquet (Gérard Chr.). Observations récentes de Lopinga achine (Scopoli, 1763) dans le dépar-
tement de l’Yonne (Lepidoptera Nymphalidae Satyrinae) ......................................................
Nel (Jacques). Recension .................................................................................................................
• Giorgio BALDIZZONE, Carlo CABELLA, Faustino FIORI e Pier Giuseppe VARALDA, 2013.
— I Lepidotteri del Parco Naturale delle Capanne di Marcarolo .................................
Robin (Noam). Première mention pour la région Centre d’Apopestes spectrum (Esper, 1787)
(Lepidoptera Erebidae Erebinae) .............................................................................................
Tautel (Claude). Un nouvel Udea corse : Udea lerautalis n. sp. (Lepidoptera Pyraloidea
Crambidae) ..............................................................................................................................
Toulgoët (Hervé de) (†). Les temps ne sont plus ! (Insecta Lepidoptera) ......................................
La Direction. Éditorial .....................................................................................................................
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Les temps ne sont plus !
(Insecta Lepidoptera)
par Hervé DE TOULGOËT (†)
Texte originel mis en forme et annoté (1) par Gérard Chr. LUQUET (2)
Illustration rassemblée, numérisée et mise en planches par Xavier LESIEUR (3)
Résumé
L’auteur évoque à travers quelques souvenirs la faune des Lépidoptères de la région parisienne, telle
qu’elle pouvait être observée entre 1924 et 1955, et souligne le spectaculaire recul que cette faune a connu durant
les quatre décennies qui ont suivi cette période.
Abstract
Times have changed! (Insecta Lepidoptera). The author recalls his memories of the lepidopterous
fauna of the Paris region as it was between 1924 and 1955, and emphasizes its extraordinary decline during
the subsequent four decades.
Zusammenfassung
Vorbei sind die Zeiten! (Insecta Lepidoptera). Der Verfasser erinnert sich an die Lepidopterenfauna der
Pariser Gegend, wie er sie zwischen 1924 und 1955 beobachten konnte. Er macht auf den eindrucksvollen
Rückgang aufmerksam, den diese Fauna in den vier nachfolgenden Jahrzehnten erlebt hat.
Avant guerre
Il ne me semble pas tellement lointain, ce beau dimanche de fin mai 1924 où
Monsieur Henri DONCKIER DE DONCEEL (fig. A) (4), éminent entomologiste, principalement
coléoptériste, botaniste distingué, et détenteur d’un cabinet entomologique avenue
d’Orléans à Paris, devait nous faire les honneurs de Lardy (5), à ma mère et à moi.
Alexanor, 26 (1), 2013 (2014) : 9-46 9
(1) Le texte présenté ci-après repose sur la transcription d’un enregistrement sur bande magnétique effectué
par Hervé DE TOULGOËT vers 1990, ici remanié pour un meilleur confort de lecture, et augmenté de précisions
biohistoriques rassemblées dans les diverses notes insérées en bas de pages.
(2) Muséum National d’Histoire Naturelle, Département Écologie et Gestion de la Biodiversité (03),
U. S. M.0308 (Service du Patrimoine Naturel) / Département Systématique et Évolution (06), U. S. M. 0602
(Taxonomie et collections).
(3) L’illustration repose, sauf mention contraire, sur des documents extraits des archives d’Hervé
DE TOULGOËT et sur des photographies d’exemplaires issus de sa collection.
(4)Cf. la biographie d’Henri DONCKIER DE DONCEEL (°1854 – † 1926) in Alexanor, 23 (8), 2004 (2010) :
464-466 [G. L.].
(5) Commune de l’ancienne Seine-et-Oise, aujourd’hui comprise dans le département de l’Essonne [G. L.].

C’était la première fois que je me rendais dans une localité des environs de Paris, avec
un filet à papillons. J’avais alors treize ans, et bien entendu à ce moment-là, on ne se déplaçait
guère autrement qu’en chemin de fer. Mes parents avaient bien deux automobiles, mais
elles restaient à la campagne. Monsieur DONCKIER DE DONCEEL — alors âgé de
soixante-
dix ans — possédait à Lardy une maison, appelée « les Zygènes », car elles étaient nombreuses
dans son jardin ; il était très lié avec Monsieur Eugène MOREAU (6), excellent lépidoptériste
,
qui, quant à lui, était propriétaire d’une maison de campagne à Janville-sur-Juine, près
Lardy.
Nous débarquâmes donc, ma mère et moi, le matin de ce dimanche, fin mai 1924,
à
Bouray, sis à quatre kilomètres environ de Lardy. Monsieur DONCKIER nous attendait à
la gare, avec trois chenilles de Dasychira fascelina offertes par Monsieur MOREAU. À l’époque
,
l’excursion classique consistait à monter sur le coteau ouest dominant la gare et à suivre
dans un taillis clair un chemin longeant le mur de clôture d’une importante propriété, dont
le château se trouvait au fond de la vallée, au bord de la Juine (7), et, après une marche de
trois à quatre kilomètres environ, nous débouchâmes dans la grande friche de Lardy.
La densité des Lépidoptères était quelque chose d’invraisemblable. Les Colias australis
et Lysandra bellargus, volant en quantité, accompagnaient une énorme éclosion de Zygaena
loti — presque chaque brin d’herbe en portait un exemplaire. Il y en avait des centaines !
Les Melitaea cinxia, parthenoides et même phoebe (8) présentaient une densité comme
je n’en avais jamais vu auparavant. Les Hemaris tityus (cette espèce portait alors le nom
de fuciformis) étaient très fréquents sur les Sauges, et combien d’autres Lycènes et Hespéries !
Aujourd’hui, la Zygaena loti (pl. 3, fig. 37) a complètement disparu de Lardy
, alors qu’il
s’agissait de l’espèce la plus banale de la famille dans la région parisienne ! Je suis retourné
à Lardy bien fréquemment par la suite. On y prenait encore à l’époque
Lycaena arion —
je ne l’y ai pas pris moi-même, alors que je l’ai capturé à Saclas (pl. 1, fig. 7). C’est à
Lardy que j’ai fait connaissance avec Gilbert VARIN (9) et Henri STEMPFFER (10) en 1927.
Nos collègues venaient y rechercher des espèces qu’on ne trouvait guère ailleurs. En mai,
on y découvrait Thecla pruni avec sa chenille au début du mois, en battant les Prunelliers.
10 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 10
(6)Cf. la biographie d’Émile Eugène MOREAU (°1866 – † ca. 1948) in Alexanor, 23 (8), 2004 (2010) :
474-476 [G. L.].
(7) Il s’agit du château de Mesnil-Voisin, dont le parc est de nos jours occupé par le centre technique
d’essais de la Régie Renault [G. L.].
(8)Melitaea phoebe volait toujours communément sur la friche de Lardy entre 1942 et 1945 (pl. 4, fig. 42
et 43) [G. L.].
(9) Plusieurs notices nécrologiques ont été consacrées à Gilbert VARIN (°1899 – † 1969), spécialiste des
Satyrines, dont la collection, initialement léguée à la Société Entomologique de Mulhouse, fut offerte par cette
dernière au Musée Zoologique de la Ville de Strasbourg (GIBEAUX, 2011 : 337). Voir notamment : Anonyme,
1969. – Nécrologie [Gilbert VARIN]. Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Lyon, 38 (4) : 93 (avril 1969).
— Anonyme, 1969. – Nécrologie [Gilbert VARIN]. Bulletin de la Société entomologique de Mulhouse, 1969 : 68,
1 illustr. photogr. (portrait) (juillet-août 1969). — Bros [de Puechredon] (Emmanuel), 1969. – † Gilbert VARIN.
Mitteilungen der entomologischen Gesellschaft Basel, Bâle, (N. F.), 19 (4) : 119-120, 1 illustr. photogr. (portrait).
— Réal (Pierre) et Charlier (Jean), 1972. – In memoriam. Gilbert VARIN. Publications de la Section de Biologie
et d’Écologie animales de la Station de Bonnevaux, n° 17 : [1]-[18], 1 pl. photogr. h.-t. (portrait). — Cf. en outre,
en ce qui concerne la collection Varin : Gibeaux (Christian), 2011. – Données sur la systématique et la répartition
française présente et passée des Hipparchia du groupe fagi (Lepidoptera Nymphalidae Satyrinae). Alexanor,
24 (5), 2010 : 261-354, 10 fac-similés coul., 20 illustr. photogr. coul., 4 cartes (dont 1 en coul.) [voir page 337,
note infrapaginale n° 72] [G. L.].
(10)Cf. la biographie d’Henri STEMPFFER (°1894 – † 1978) in Alexanor, 23 (8), 2004 (2010) : 482-483 [G. L.].

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 11 11
FIG. A. — Henri DONCKIER DE DONCEEL (°1854 - † 1926),
photographié par Paul NADAR. © Société Entomologique
de France, archives photographiques de la Société (albums
rassemblant la collection de portraits). Numérisation : Jean
RAINGEARD.
Elle était à taille. On faisait tomber aussi les chenilles du Thecla betulae, assez petites,
mais terriblement cannibales, comme leurs congénères. Il fallait les élever isolément et
c’était facile. Plus tard, fin juin, le Thecla ilicis et sa belle forme cerri étaient très abondants
sur les taillis de chêne avec Thecla quercus.
À partir de fin mai, puis début juin, les espèces de Lépidoptères devenaient beaucoup
plus abondantes. Les Aporia crataegi étaient très nombreux, ainsi qu’Iphiclides podalirius
.
En 1928, j’ai encore capturé à Lardy trois exemplaires de Melitaea didyma (pl. 2, fig. 15) (11)
avec une femelle de Lycaena baton (pl. 1, fig. 5) — je n’en ai jamais revu d’autre par
la suite. La Melitaea parthenoides était très abondante dans certains endroits, avec de
belles aberrations (pl. 2, fig. 16). Quant aux Lycènes, je n’ai peut-être pas assez insisté sur
cyllarus, avec des femelles superbes (pl. 1, fig. 8).
Parmi les Zygènes, c’était le début de filipendulae, abondant, puis l’apparition
d’hippocrepidis, dont on voyait de loin les cocons jaune d’or sur les tiges des grandes
Graminées très abondantes, puis de fausta, plus tard, aux sujets localisés mais nombreux,
avec, début juillet, ephialtes athamantae, çà et là, et encore plus tard (20 juillet), carniolica
abondant, mais localisé au-dessus de la gare ; en ce qui concerne ephialtes, il valait mieux
aller la chercher le long de la route d’Orgemont (12) à Boissy-le-Cutté, ou bien à Saclas.
Il y avait aussi les Adscita statices, abondants dès fin mai dans les prairies humides le long
de la Juine, alors qu’au début de juin, on prenait le rare mannii (pl. 3, fig. 35) sur le plateau
par exemplaires isolés, avec geryon, plus fréquent.
(11) En ce qui concerne la répartition ancienne de cette Mélitée en région parisienne, on se reportera au
travail mentionné ci-après. — Varin (Gilbert), 1945. – Melitaea didyma Ochsenheimer dans la région parisienne
(Lépidoptère). L’Entomologiste, 1(12) : 183-184 [G. L.].
(12) Le plateau d’Orgemont se situe sur la commune de Cerny, près Janville-sur-Juine. C’était l’un des
terrains de prédilection d’Eugène MOREAU. Voir Alexanor, 23 (8), 2004 (2010) : 474-476 [G. L.].

Dès les années 1925-1930, la situation s’était modifiée, puisque les Satyrus briseis et
arethusa n’existaient plus à Lardy, sans altération apparente de leur biotope. Je le savais
par ouï-dire (notamment par Ferdinand LECERF) (13), car, personnellement, je n’ai jamais
chassé à Lardy pendant la période de vol de ces espèces, c’est-à-dire à la fin de juillet et
en août. Cependant, quelques années après 1934-1936, il était déjà trop tard pour trouver
arethusa. Il fallait aller sur d’autres coteaux de l’Essonne, à La Ferté-Alais et ses environs,
où il était encore abondant, là où l’on trouvait également Argynnis niobe. De même,
j’ai pris le Satyrus briseis à Saclas (pl. 2, fig. 19), très localisé, mais fréquent. Je préfère
ne pas m’étendre sur ce qu’est devenue cette localité (revisitée en 1987) (14).
Je n’ai trop rien dit des Hespéries. Je ne parlerai pas de malvae, commun partout, mais
à Lardy, outre le Thanaos tages, innombrable fin mai dans la grande friche, j’ai recueilli
plusieurs exemplaires du Pyrgus serratulae, plus grands que les exemplaires montagnards.
Je l’ai rencontré également à Saclas (pl. 1, fig. 4), par exemplaires isolés, avec les Hespéries
du groupe comma, sylvanus et acteon. Comme on peut le constater, Lardy est de loin
la localité de la région parisienne que j’ai le plus fréquentée entre 1924 et 1933.
En 1931, j’ai accompli mon service militaire. En 1934, j’ai commencé à exercer une
activité professionnelle ; aussi avais-je bien peu de temps à la bonne saison pour me rendre
dans ces localités très tentantes. Dès avant 1934, du reste, ces visites n’avaient lieu qu’au
printemps, dans la mesure où chaque été, j’allais en vacances chez mes parents en Sologne
— pays sableux où j’ai quand même pris pas mal de choses ; « mais ceci est une autre
histoire », aurait dit KIPLING !
Je me suis marié à la fin de 1934, et puis la guerre se profilait à l’horizon. En 1935,
j’ai encore pris Lycaena arion et Leucochloe daplidice (pl. 2, fig. 18) à Saclas et j’ai été
y chasser la nuit fin juillet avec Louis LECHARLES (15) ; de fait, j’ai très rarement chassé
12 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 12
(13) À ce sujet, on se reportera à la page 33 de l’Atlas Boubée. — Cf. LeCerf (F[erdinand Louis]), 1944. –
Atlas des Lépidoptères de France. I. Rhopalocères. Nouvel Atlas d’Entomologie, 6(1) : 1-115 + [116]-[128],
12 pl. coul. (aquarelles de Roger Métaye). Éditions Nérée Boubée et Cie, Paris [G. L.].
(14) À propos du devenir de cette localité jadis d’une grande richesse entomologique, découverte en 1909
par le coléoptériste Jules MAGNIN (°1859 – † 1945), longtemps exploitée et jalousement gardée secrète par
un autre coléoptériste, Louis BEDEL (°1849 – † 1922), puis redécouverte après la mort de ce dernier, en 1922,
par Léon LHOMME et ses compagnons, se reporter à l’article référencé ci-après. — Luquet (Gérard Chr.), 1996.
–
Redécouverte en Île-de-France de Luperina nickerlii (Freyer, 1845) et géonémie de l’espèce en France
(Lepidoptera Noctuidae Caradrininae). Alexanor, 19 (4), 1995 : 229-244, 1 carte [G. L.].
(15) Cf., au sujet de Louis Gabriel LECHARLES (°1892 – † 1962), Alexanor, 23 (8), 2004 (2010) : 470-472 ;
Alexanor, 24 (2), 2009 (2011) : 91-104 [G. L.].
PLANCHE 1. — FIG. 1 à 13, Lépidoptères issus de la collection Hervé de Toulgoët. Sauf mention contraire,
les exemplaires figurés ont été collectés par H. DE TOULGOËT lui-même. – 1, Pyrgus cirsii Rambur, ♂, Fontainebleau
(Seine-et-Marne), champ de tir, 14-VIII-1944. – 2, Pyrgus alveus Hübner [accretus Verity ?], ♂,
Achères (Seine-
et-Oise [Yvelines]), 2-VI-1946 ; à gauche, face supérieure ; à droite, revers. – 3, Pyrgus armoricanus
Oberthür, ♀,
Armainvilliers (Seine-et-Marne), 30-V-1946. – 4, Pyrgus serratulae Rambur, ♂, Saclas (Seine-et-Oise
[Essonne]), 13-V-1956. – 5, Pseudophilotes baton Bergsträsser, ♂, Lardy (Seine-et-Oise [Essonne]), 20-VI-1927.
–6, Lycaena (Palaeochrysophanus)hippothoe Linné, ♀ à gauche, ♂ à droite, Compiègne (Oise), 19-VI-1943
–7, Maculinea arion Linné, ♂, Saclas (Essonne), 11-VI-1938. – 8, Glaucopsyche alexis Poda, ♀, Lardy
(Seine-et-Oise [Essonne]), 20-VI-1927. – 9, Carterocephalus palaemon Pallas, ♀, Lardy (Seine-et-Oise [Essonne]),
14-V-1933. – 10, Carterocephalus palaemon Pallas, ♂, forêt d’Armainvilliers (Seine-et-Marne), 6-V-1948.
– 11, Lopinga achine Scopoli, ♀, Fontaine-le-Port, forêt (Seine-et-Marne), 9-VI-1945 ; à gauche, face supérieure
;
à droite, revers. – 12, Argynnis (Fabriciana)niobe Linné, ♀, D’Huison (Seine-et-Oise [Essonne]), 24-VI-1941,
Gilbert VARIN leg. – 13, Euphydryas maturna Linné, ♂, Gretz [-Armainvilliers] (Seine-et-Marne), 8-VI-1946.
— Clichés et confection de la planche : © Xavier LESIEUR.

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 13 13
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la nuit aux environs de Paris. À Saclas, fin juillet, j’ai pris Euxoa aquilina et Luceria
virens. Plus tard, après la guerre — j’anticipe pour ne pas y revenir — j’y ai pris avec mes
amis Jean BOURGOGNE et Claude HERBULOT Chelis maculosa (pl. 3, fig. 23 et 24),
Trichoclea albicolon (pl. 3, fig. 34) et Agrotis cinerea. J’ai prospecté avec Louis LECHARLES
les friches de Longpont, entre Soissons et Laon (Aisne), où l’Erebia medusa pullulait entre
le 20 et le 30 mai. C’est le seul endroit où j’ai rencontré en nombre Nemeobius lucina.
Je passe sous silence la Zygaena loti, dont la densité était incroyable — j’y ai envoyé
il y a deux ans mon collègue et ami Bernard MOLLET, lequel est revenu bredouille !
Une remarque est à formuler ici en ce qui concerne les Zygènes, en tout cas l’une
d’entre elles. Zygaena viciae était une espèce presque totalement inconnue aux environs
de Paris, si l’on excepte quelques très rares exemplaires capturés à Compiègne (HERBULOT leg.,
ma coll.) (16). HERBULOT la prenait déjà rarement dans son pays (Ardennes) (17). Et voilà
que viciae fut découvert assez abondamment, il y a une quinzaine d’années, tout autour de
la capitale, se propageant jusqu’à l’ouest. Je ne l’avais jamais vue personnellement, et c’est
grâce aux indications d’un de nos bons collègues et amis que j’en ai capturé quelques
exemplaires dans une localité de la vallée de Chevreuse (18) où elle était assez abondante ;
désormais, il n’y a plus rien, car l’intelligente municipalité a fait labourer la petite friche
où se trouvait viciae pour planter des Pins qui resteront toute leur vie rachitiques, ainsi
qu’en témoignent déjà quelques rares exemplaires isolés et rabougris, croupissant depuis
longtemps dans cet endroit demeuré sauvage ! Les Vicia nécessaires aux Zygènes ont disparu
à jamais. Mais allez faire comprendre à ces pauvres gens l’intérêt de la nature « en friche » ! …
Je referme là cette parenthèse consacrée à Zygaena viciae ; il me faut maintenant
revenir à la période 1930-1935, durant laquelle j’avais un peu effleuré, outre la vallée de
la Juine, Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne) ; quant à la vallée de l’Essonne et aux localités
classiques de l’Oise, dans lesquelles j’ai aussi chassé de temps à autres, elles étaient plutôt
le fief de Gilbert VARIN, dont j’avais fait la connaissance à Lardy, comme indiqué plus
haut, et qui fréquentait assidûment La Ferté-Alais et D’Huison (19). Il y avait découvert
l’Argynnis niobe (pl. 1, fig. 12), que l’on capturait couramment à la mi-juin (20). J’en
détiens une série appartenant à la forme eris, dépourvue de taches argentées au revers.
Existe-t-il encore aujourd’hui ? J’en doute.
14 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 14
(16) Hervé DE TOULGOËT a légué sa collection de Zygènes à notre collègue Xavier LESIEUR [G. L.].
(17) Claude HERBULOT prospectait dans le secteur de Puisieux-et-Clanlieu (près de Guise), où il possédait
une propriété [G. L.].
(18) Il s’agit de Maincourt-sur-Yvette (Yvelines), station qui fut découverte par notre collègue Roland ESSAYAN
— Cf. Essayan (Roland), 1977. – Observations lépidoptérologiques. Alexanor, 10 (2) : 58-61,
1 carte. —
Essayan (Roland), 1981. – Contribution à l’étude des Lépidoptères de la région parisienne. III. Zygaenidae
.
Alexanor, 11 (8), 1980 : 341-344, 6 cartes [G. L.].
(19) Commune de l’Essonne, de nos jours fusionnée avec une ancienne commune adjacente sous le nom de
D’Huison-Longueville. Gilbert VARIN y fréquentait notamment le plateau de la Fontaine-Sucrée, dont le nom
ne figure apparemment plus sur aucune carte moderne ; toutefois, le toponyme subsiste dans le nom des cresson-
nières situées sur le route de D’Huison à Vayres-sur-Essonne. Il se pourrait ainsi que ce plateau corresponde à
celui dit du Bulou sur les cartes actuelles, lequel domine lesdites cressonnières [G. L.].
(20)Cf. à ce sujet les notes de G. VARIN consacrées à cette Argynne mentionnées ci-après. — Varin
(Gilbert), 1939. – Argynnis niobe Linné dans la région parisienne. Lambillionea, 1939 (1) : 8-10. — Varin (Gilbert),
1940. – Argynnis niobe L. dans la région parisienne. Deuxième note. Lambillionea, 1940 (1) : 7-8. —
Varin (Gilbert), 1945. – Argynnis niobe L. race sequanica Varin (Lep. Nymphalidae). L’Entomologiste, 1(2-3) :
22-26 [G. L.].

Par ailleurs, je ne puis passer sous silence, à la même époque, toutes les excursions
que j’ai pu effectuer avec mon ami Marcel MOINGEON, Bourguignon de bonne souche,
entomologiste de terrain passionné, chauffeur d’autobus à la R. A. T. P. (21), lequel, à ses
heures, confectionnait pour les écoles communales des cartons d’échantillons des différents
ordres d’Insectes, que l’on pouvait se procurer chez Deyrolle. Que de kilomètres n’ai-je
pas parcourus avec lui de 1929 à 1935 tout autour de Paris pour chercher et trouver des
chrysalides et des Coléoptères, au pied des arbres, aujourd’hui supprimés et remplacés
par des réverbères, ou, bien rarement, par quelques Platanes ! Que n’avons-nous pas trouvé
lors de ces excursions !
Les Peupliers du canal de l’Ourcq recelaient de très nombreuses chrysalides de
Smerinthus populi — qui procuraient des formes très variées —, ainsi que les cocons de
Sesia apiformis à demi-engagés dans le tronc, au ras du sol. Les chrysalides de Mimas tiliae
et de Smerinthus ocellata, de même que celles de nombreuses Noctuelles, se trouvaient au
pied des arbres innombrables qui bordaient encore les artères des banlieues ; les Peupliers
du bord de la Seine, à la Tour Eiffel, étaient dévorés par les ravissantes chenilles de
Stilpnotia salicis, ainsi que par celles de Lymantria dispar et d’Orgyia antiqua. De très
beaux et vieux Ormes, sur la route de Paris à Orléans (N 20), dans les descentes d’Antony,
de Montlhéry et d’Arpajon, hébergeaient en quantité à leur pied les chrysalides de Mimas
tiliae, d’Amphidasis betularia, des Biston strataria et hirtaria et de Noctuelles diverses.
Et le long de la route d’Arpajon à Jouy-en-Josas, les Sycomores portant des rejets sur
le tronc abritaient de nombreux cocons de Saturnia pyri, alors que l’envers de leur écorce
hébergeait les jeunes chenilles du Cossus cossus. Georges PÉCOUD (22) se joignait à nous
pour dénicher des Carabiques, également dissimulés sous les écorces.
Le Bombyx de l’Ailante, Samia cynthia, pullulait notamment à Malakoff, dont
le lotissement avait été copieusement planté de Faux-vernis du Japon. J’ai vu des arbres
couverts de centaines et de centaines de cocons. Récolter avec une canne à pêche et un crochet
trois ou quatre cents cocons était enfantin. Il s’en trouvait vingt fois plus hors d’atteinte.
Mon ami Marcel MOINGEON faisait le bonheur de ses correspondants allemands. Il existe
encore, çà et là, quelques petits Ailantes qui ont appris à subsister avec ténacité dans des
cours d’immeubles en plein Paris. Dans mon arrondissement (VIIIe) et dans le XVIIe,
on en voyait encore il n’y a pas si longtemps, toujours garnis de quelques cocons éparpillés
se balançant au gré du vent… Mais ce spectacle devient rare.
Il me faut effectuer ici un nouveau retour en arrière, pour préciser que, dans mes débuts
entomologiques aux environs de Paris, c’est-à-dire vers 1924, je ne pouvais envisager
qu’un nombre limité de sorties. Dans mon collège, en effet, nous ne disposions que d’une
seule journée complète de congé par mois, laquelle tombait un dimanche. De fait, j’ai été
élevé chez les Jésuites, dont le règlement nous imposait d’être présents tous les jeudis et
dimanches matins, à l’exception d’un dimanche par mois, ce qui limitait considérablement
les opportunités de sorties aux environs de Paris. Cette situation s’est trouvée modifiée
entre 1928 et 1930, lorsque je fus étudiant. Pour combler une omission, j’ajouterai au passage
que dans mes débuts, j’ai fréquenté la forêt de Chantilly, plus précisément à Orry-la-Ville,
qui était une excellente localité. On y trouvait Pamphila palaemon en nombre, Araschnia
levana, et, auprès des étangs de la Reine Blanche, les chenilles de Lasiocampa potatoria
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 15 15
(21) Cf., au sujet de Marcel MOINGEON (°1894 – † 1978), Alexanor, 25 (2), 2011 (2012) : 88, note infrapaginale
n° 200 [G. L.].
(22) Une notice biographique a été consacrée en 1971 au coléoptériste Georges PÉCOUD (°1883 – † 1970)
par Guy COLAS dans L’Entomologiste, 27 (1-2) : 35-39.

et de Callimorpha dominula (pl. 3, fig. 26), ces dernières fréquentes sous les feuilles de
Consoude, le long de la petite rivière de la Thève. Il n’y avait guère de temps que l’on
ne capturait plus l’Heodes hippothoe dans cette localité.
Pour en revenir à mes excursions avec Marcel MOINGEON, je souhaiterais insister
une nouvelle fois sur l’abondance de certaines espèces à cette époque. C’était notamment
le cas de Saturnia pyri sur une bretelle reliant Choisy-le-Roi à Rungis, bordée de Sycomores
,
sur lesquels les chenilles du Grand Paon tissaient leurs cocons parmi les rejets poussant
à même le tronc. Ces rejets pouvaient porter jusqu’à quinze ou vingt cocons agglutinés
ensemble. Quelques-uns étaient vides, mais c’était la minorité. La même particularité
pouvait s’observer sur la route de Jouy-en-Josas (cf. supra). Les ballastières des terrains
vagues de Créteil, aujourd’hui occupées par les pièces d’eau de la base de loisirs de
« Créteil-Front-de-Lac », étaient garnies, çà et là, de Saules vieillissimes, aux troncs énormes
,
plus ou moins éventrés et porteurs de maigres rameaux. Et c’est pourtant là qu’en fouillant
au crochet, avec précaution, nous étions certains de trouver les chrysalides, parfois
énormes, et combien fragiles, du Smerinthus ocellata. Ces concentrations étaient peut-être
liées aux éclairages présents à cet endroit, car nous avons essayé les bords de la Seine près de
Maisons-Laffitte, régulièrement plantés de Saules, mais non illuminés, lesquels donnaient
une chrysalide d’ocellata par-ci par-là. De même, les Ormes qui bordaient abondamment
la route non éclairée de Pontoise à Gisors ne recelaient que de rares Mimas tiliae. Le sud
de Paris avait donc préférentiellement nos suffrages.
Dès 1926, je me rendis à Ozoir-la-Ferrière pour y rechercher le Coenonympha hero.
Je ne l’y trouvai pas cette année-là. La saison était trop tardive, et puis j’ai toujours pensé,
au fil des années, que nous ne nous trouvions pas au bon endroit. Cependant, le site avait
bonne réputation : en 1925, en effet, Henri STEMPFFER devait y rencontrer le célèbre naturaliste
Lord Walter ROTHSCHILD (23), venu séjourner à Ferrières chez son cousin le Baron Henri
DE ROTHSCHILD, et qui, accompagné de plusieurs gardes-chasse, s’était donné pour but de
tenter sa chance sur hero dans la partie domaniale des bois d’Ozoir. À défaut de cette
espèce que j’ai prise des années plus tard, j’y ai rencontré fin juin une profusion de
Limenitis sibilla, dont LECHARLES avait capturé l’aberration entièrement noire (ab. nigrina
Weymer). Enfin, c’est en cet endroit que j’ai rencontré le plus abondamment l’Hespérie
Heteropterus morpheus, laquelle ne se montre généralement que par individus isolés.
Entre 1930 et 1935, on capturait encore à Saclas, de la fin de juillet au début d’août,
le Satyrus briseis (pl. 2, fig. 19), de même qu’on y trouvait plus tôt en saison le Lycaena
arion (pl. 1, fig. 7). Nous n’étions pas nombreux à fréquenter cette riche localité : Henri
16 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 16
(23) Lord Lionel Walter ROTHSCHILD (°1868 – † 1937), banquier britannique, ornithologue et lépidoptériste,
fondateur du Tring Museum, à Londres. — Cf. Jordan (Heinrich Ernst Karl), 1938. – Lord ROTHSCHILD. 1868-1937.
Obituary. Notices of Fellows of the Royal Society, 2(6) : 385-386 [G. L.].
PLANCHE 2. — FIG. 14 à 22, Lépidoptères issus de la collection Hervé de Toulgoët. Sauf mention contraire,
les exemplaires figurés ont été collectés par H. DE TOULGOËT lui-même. – 14, Euphydryas aurinia Rottemburg, ♂,
Gretz [-Armainvilliers] (Seine-et-Marne), 6-V-1948. – 15, Melitaea (Didymaeformia) didyma Esper, ♂, Lardy
(Seine-et-Oise [Essonne]), 6-VI-1929. – 16, Melitaea (Mellicta) parthenoides Keferstein, ♂, aberr. rhoio Ch. Oberthür,
revers, Lardy (Seine-et-Oise [Essonne]), 26-V-1929. – 17, Pontia daplidice Linné, ♀, face supérieure, Bois-le-Roi
(Seine-et-Marne), 5-VIII-1944. – 18, Pontia daplidice Linné, ♀, revers, Saclas (Essonne), 27-VII-1935. –
19, Chazara briseis Linné, ♂, Saclas (Essonne), 27-VII-1935. – 20, Hipparchia fagi Scopoli, ♀, Fontainebleau
(Seine-et-Marne), 14-VII-1949. – 21, Hipparchia statilinus Hufnagel, ♂, Fontainebleau (Seine-et-Marne), champ
de tir, 14-VIII-1944. – 22, Hipparchia statilinus Hufnagel, ♀, Fontainebleau (Seine-et-Marne), 14-VIII-1943. —
Clichés et confection de la planche : © Xavier LESIEUR.

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 17 17
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STEMPFFER, Louis LECHARLES, Gilbert VARIN, Charles BOURSIN (24) et moi-même. J’y ai
trouvé abondamment dans le marais (25) le Brenthis ino. La première fois que je l’y ai pris,
nous avons été quelque peu surpris de le trouver là, car nous n’avions jamais tenté d’aller
le chercher ailleurs que dans la localité sacramentelle, c’est-à-dire les marais de Persan-
Beaumont, au pied de la forêt de Carnelle, où, fin avril, on trouvait très abondamment
l’Aglia tau et de nombreuses Notodontes sur les troncs des arbres. Nous avons poursuivi
nos excursions jusqu’en 1935, date à laquelle j’ai commencé à aller chasser en montagne
pendant les vacances et à pêcher la truite au printemps en Normandie.
Après avoir accompli mon service militaire, je suis entré dans la vie professionnelle.
Ces événements ont modifié sensiblement mon activité entomologique et l’ont étendue
à des localités plus éloignées de la capitale. Dans les environs de Paris, aucune dégradation
sensible des milieux ne m’était apparue durant les années précédant la guerre, ainsi que
j’ai pu m’en rendre compte au cours de quelques sorties effectuées à cette époque.
Après guerre
L’interruption de nos activités entomologiques occasionnée par la guerre devait se
prolonger jusqu’en 1942. Cette fois-ci, par la force des choses, les événements allaient
m’inciter à prospecter de nombreux endroits que je n’avais pas fréquentés antérieurement.
C’est à cette époque que j’ai connu Claude HERBULOT (26), le Docteur Henri OBERTHÜR (27)
18 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 18
PLANCHE 3. — FIG. 23 à 37, Lépidoptères issus de la collection Hervé de Toulgoët. Sauf mention contraire,
les exemplaires figurés ont été collectés par H. DE TOULGOËT lui-même. – 23, Chelis maculosa (D. & S.), ♂,
Saclas (Seine-et-Oise [Essonne]), 21-VI-1952, Claude HERBULOT leg. – 24, Chelis maculosa (D. & S.), ♂,
Saclas-Saint-Cyr [-la-Rivière] (Seine-et-Oise [Essonne]), 20-VIII-1922, Charles BOURSIN leg. – 25, Rhyparia
purpurata Linné, ♀, Lardy (Seine-et-Oise [Essonne]), 23-VI-1945, ex larva, chenille 24-V, né [nymphosé ?]
le 12-VI-1945. – 26, Callimorpha dominula Linné, ♀, Boutigny-sur-Essonne (Essonne), 2-V-1968, Marcel
MOINGEON leg. – 27, Parasemia plantaginis Linné, ♂, Gretz [-Armainvilliers] (Seine-et-Marne), 26-V-1949. –
28, Hyphoraia testudinaria Geoffroy, ♂, Achères (Seine-et-Oise [Yvelines]), ab ovo VI-1953, née en VI-1954,
Lucien JEAN leg. – 29, Hyphoraia testudinaria Geoffroy, ♀, Fontainebleau (Seine-et-Marne), 11-VI-1916,
Léon LHOMME leg. – 30, Hyphoraia testudinaria Geoffroy, ♂, Saclas (Seine-et-Oise [Essonne]), 25-V-1953,
Claude HERBULOT leg. – 31, Hyphoraia testudinaria Geoffroy, ♀, Saclas (Seine-et-Oise [Essonne]), 5-VI-1955,
Claude HERBULOT leg. – 32, Lemonia dumi Linné, ♂, friches d’Achères (Seine-et-Oise [Yvelines]), 23-X-1946.
– 33, Endromis versicolora Linné, ♂, Achères (Seine-et-Oise [Yvelines]), 31-III-1946. – 34, Sideridis albicolon
Hübner, ♂, Saclas (Seine-et-Oise [Essonne]), 12-V-1948. – 35, Adscita mannii Lederer, ♂, Lardy (Seine-et-Oise
[Essonne]), 18-VI-1955. – 36, Zygaena hippocrepidis Hübner, ♂, morphe jaune (flava Oberthür), Boutigny-sur-
Essonne (Essonne), 11-VIII-1968, Marcel MOINGEON leg. – 37, Zygaena loti D. & S., ♂, Lardy (Seine-et-Oise
[Essonne]), 10-V-1945. — Clichés et confection de la planche : © Xavier LESIEUR.
(24)Cf. la biographie de Charles BOURSIN (°1901 – † 1971) in Alexanor, 25 (2), 2011 (2012) : 72-84 [G. L.].
(25) Ce marais, couramment désigné par les entomologistes de l’époque sous le nom de « marais de Saclas »,
se situe en réalité sur la commune adjacente de Saint-Cyr-la-Rivière, et répond au toponyme officiel de marais
des Marvaux. Au demeurant, Brenthis ino n’y a plus jamais été revu depuis fort longtemps [G. L.].
(26)Cf. la biographie de Claude HERBULOT (°1908 – † 2006) in Bulletin de la Société entomologique de
France, 111 (3), 2006 : 411-429 [G. L.].
(27)Cf. la biographie du Docteur Henri OBERTHÜR (°1897 – † 1983) in Bulletin de la Société entomologique
de France, 88 (9-10), 1983 (1984) : XXXI-XXXII (séance du 26 octobre 1983) [G. L.].

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 19 19
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et Gérard NOBEL (28), lesquels sont devenus par la suite des amis très intimes ; le Docteur
Émile RIVALIER (29) se joignait parfois à nous, abandonnant pour un temps ses Cicindèles
pour les Lépidoptères. Bloqués dans l’Île-de-France du fait des hostilités, nous allions
parcourir pendant près de quatre ans les environs de Paris, depuis le bois de Boulogne
jusqu’à des stations situées dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour de la capitale
,
ceci à l’aide du chemin de fer et de la bicyclette.
Il faut reconnaître que cette période, qui a duré jusqu’en 1952, voire 1954, a été en
moyenne très favorable en ce qui concerne les Lépidoptères. J’hésite à dire : « à quelque
chose malheur est bon », car il est évident que l’occupation allemande avait interrompu
quasi totalement les déplacements dominicaux autres que ceux destinés à un ravitaillement
assez hypothétique. De plus, privés d’automobiles, les gens ne paraissaient guère enclins
à faire de l’exercice. On ne rencontrait donc personne.
De 1942 à 1948, nous avons ainsi connu des densités tout à fait inhabituelles de
Lépidoptères. Au bois de Boulogne, aussi désert que le reste, nous avons réalisé des captures
inattendues. Je donnerai quelques précisions plus loin (30). La localité d’Ozoir-la-Ferrière
s’illustra par la découverte du Lycaena rutilus, capturé en quelques exemplaires en 1943 ;
Henri STEMPFFER et moi-même en avons récolté quelques-uns, le long de la route
départe-
mentale 371, qui coupe du nord au sud la forêt d’Armainvilliers, aux environs de Melun, avant
l’intersection avec la route de Gretz (pl. 4, fig. 40 et 41). C’était, à l’époque, une localité
extrêmement riche. Je ne sais ce que nous n’y avons pas trouvé. Le Coenonympha hero
volait en mai, avec, au début de sa période d’apparition, quelques hybrides hero ×arcania ;
C. arcania se montrait à la fin de mai, après hero. Melitaea aurinia (pl. 2, fig. 14) et
Brenthis euphrosyne étaient abondants début mai, pour être remplacés fin mai, en année
précoce, par Melitaea maturna, dont la densité en 1943 a été fameuse, et dont on trouvait
couramment les chenilles sur les petits Chèvrefeuilles, le long des allées forestières.
Fin mai se montrait également en nombre à Ozoir l’Hemaris tityus (pl. 4, fig. 45), de nos
jours devenu très rare en Île-de-France. Puis, début juin, c’était Limenitis populi, suivi
d’Apatura ilia. Aucun chemin n’était goudronné. Dès le mois de mai, j’accompagnais mon
ami HERBULOT pour battre le long des allées et capturais en plein jour les très nombreuses
espèces de Géomètres qui s’envolaient, parmi lesquelles un bon nombre ont enrichi sa
collection. Les Arctia villica, toujours des femelles, étaient fréquentes et j’ai capturé par
trois fois à Ozoir-la-Ferrière le mâle de Parasemia plantaginis (pl. 3, fig. 27), volant en
plein jour comme en montagne. Je ne l’ai jamais revu par la suite dans cette localité.
Afin de mieux situer nos nombreuses prospections à partir de 1942, je crois préférable
de préciser dès à présent les localités que nous avons visitées avec quelque assiduité, car
du fait du renouvellement de la faune suivant les saisons et des fluctuations de sa densité
20 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 20
(28) Gérard NOBEL (°18** – † ante 1992) fut vraisemblablement abonné à la Revue française de Lépidopté -
rologie, dans laquelle il a publié entre 1944 et 1947. Il fut ensuite abonné à Alexanor jusqu’en 1981, année au
cours de laquelle il renonça à son abonnement en raison de son grand âge [G. L.].
(29)Cf. la biographie du Docteur Émile RIVALIER (°1892 – † 1979) in Bulletin de la Société entomologique
de France, 84 (9-10), 1979 : 273-275 ; 289 [G. L.].
(30) Les précisions annoncées font manifestement défaut dans la suite du récit enregistré par Hervé
DE TOULGOËT ; l’enregistrement ne nous étant pas parvenu dans son intégralité, il n’est pas exclu que ces informations
aient pu figurer dans les fragments d’enregistrement réputés perdus [G. L.].

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 21 21
suivant les années, je serai, par la force des choses, amené à évoquer mes souvenirs d’une
façon assez décousue. Pendant ces fameuses années, nous avons ainsi fréquemment visité
le bois de Boulogne (ancien département de la Seine, de nos jours ville de Paris), les forêts
de Marly et de Saint-Germain — et, dans le nord de cette dernière, les friches d’Achères
(Yvelines) —, la forêt de Carnelle (Val-d’Oise), la forêt de Chantilly, Orry-la-Ville, la forêt
de Compiègne (Oise), Longpont (Aisne), la forêt de Crécy, la forêt d’Armainvilliers,
la forêt de Fontainebleau — notamment à Bois-le-Roi (31) et au champ de tir (32) —, Moret-
sur-Loing et la vallée du Loing (Seine-et-Marne), la vallée de l’Essonne, Lardy et Saclas
(Essonne), et, plus loin, les riches coteaux de la Seine, en amont de la côte des Deux-
Amants (Eure) (33).
Je reprendrai plus en détail les résultats, car les années 1942 à 1947 ont été très
irrégulières tant au point de vue de la précocité que de la densité pour certaines espèces.
Les éclosions des Brephos meublaient la fin du mois de mars, mais nous ne manquions
pas non plus les versicolor qui apparaissaient vers le 25 mars à Achères (pl. 3, fig. 33),
où ils étaient vraiment abondants certains printemps sur la friche s’étendant à gauche de
la route, en direction de Conflans-Sainte-Honorine ; de même, le Lemonia dumi l’était à
la fin d’octobre (fig. B, F et G).
À Lardy, fin mars voyait également se dérouler nos premières sorties, bien que nous
ne commencions réellement à chasser que vers le 20 mai, date à laquelle les Rhopalocères
sortaient en quantité suffisante. Vers le 15 avril se montraient les premiers Saturnia pavonia
.
Ils étaient fréquents à Lardy et, si l’on disposait d’une femelle vierge, on pouvait tenter sa
chance avec succès et réaliser une belle série à partir de 17 h (heure solaire). Pour capturer
cette espèce au filet, c’est une autre histoire : ce n’est ni facile ni de tout repos. J’en ai pris
quelques-uns de la sorte, mais j’ai aussi ramassé des bûches magistrales. Il en va de même
pour Macrothylacia rubi. En 1945, exactement le 17 avril, mon bon camarade de captivité
et collègue Paul COSTA DE BEAUREGARD (34) était en possession d’une femelle de pavonia
fraîchement éclose. Nous décidâmes d’aller utiliser cette femelle à Lardy ; toutefois, j’étais
contraint de rentrer assez tôt et seuls deux trains circulaient dans toute la journée à destination
de Paris. Arrivés le matin de bonne heure, nous installâmes la femelle au-dessus de la gare,
le long d’un chemin qui menait vers un ancien four à chaux. La femelle installée dans une
poche en tulle, nous allâmes chercher fortune. Il faisait beau. Après avoir déjeuné de
quelques maigres sandwichs et d’un œuf dur, je dus prendre le train de 13 h car le suivant
— et dernier — ne passait qu’à 18 h 50. Paul COSTA refit un petit tour. À 16 h 30, il n’avait
(31) Dans ce secteur de la forêt de Fontainebleau, Hervé DE TOULGOËT a notamment recueilli Pontia daplidice
(pl. 2, fig. 17) [G. L.].
(32) Hervé DE TOULGOËT a rapporté avec humour dans une autre note autobiographique les circonstances
mouvementées dans lesquelles il put capturer, le 4 août 1944, avec ses amis le Docteur Henri OBERTHÜR, Georges
CARLIOZ et Gérard NOBEL, le Satyre statilinus (pl. 2, fig. 21 et 22) et l’Hespérie cirsii (pl. 1, fig. 1) sur le champ
de tir de Fontainebleau. — Toulgoët (Hervé de), 1992. – Une journée mémorable. Bulletin de la Société Sciences
Nat, Venette [près Compiègne], nos 75 et 76 : 74-75. — Le site du champ de tir hébergeait également une dizaine
de jours plus tard Arethusana arethusa (pl. 4, fig. 39) [G. L.].
(33) Pour plus de clarté, les localités, initialement mentionnées par H. DE TOULGOËT selon un ordre aléatoire,
ont été regroupées par département, et sont énumérées ici en contournant Paris dans le sens des aiguilles d’une
montre [G. L.].
(34) Paul COSTA DE BEAUREGARD (°1902 – † 1960) est mentionné sous le n° 73 dans la liste de lépidoptéristes
établie par Léon LHOMME vers le milieu des années 1920. — Au sujet de cette liste, cf. Alexanor, 24 (2), 2009
(2011) : 86-87 [G. L.].

toujours pas vu le moindre pavonia. À 17 h, aucun visiteur ne s’était encore présenté et
mon ami commençait à s’ennuyer ferme… À 17 h 15, un premier pavonia mâle se montrait
enfin, puis ce fut brusquement une véritable ruée sur la boîte de sa femelle !
À l’attention de ses amis et à la mienne, il captura une cinquantaine d’exemplaires en
les choisissant soigneusement parmi le très grand nombre d’arrivants. Paul était submergé
par les pavonia !! Il plia bagage à 18 h 30, et descendit à la gare au galop afin de ne pas
manquer le dernier train. Les mâles continuaient à se poser sur la branche qui avait
supporté la poche contenant la femelle. Bien mieux, descendant le chemin, il fut poursuivi
par une troupe de mâles qui l’accompagnèrent sur le quai de la gare, bien qu’il ait rangé
la femelle vivante dans son sac, munie d’un compagnon qui s’était immédiatement accouplé
,
ce qui montre le pouvoir d’attraction exercé par cette espèce ! J’ai assisté à une scène
identique en Beaujolais (35), où une femelle de pavonia attirait les mâles dans un jardin
potager, au milieu des vignes, et loin des premiers habitats possibles de l’espèce (un petit
kilomètre) ; les mâles arrivaient tant et plus. Furent témoins de ce spectacle Jean-Jacques
DE GRANVILLE (36), Jean-Marie FONTENEAU (37), Gérard ANDRÉ (38) et mon fils Claude.
Ils étaient ravis de cette expérience (c’était hélas il y a trente-six ans !).
À la fin d’avril sortait la première génération de la petite Vanesse levana, qui pouvait
être très abondante près de Persan-Beaumont et à Coye-la-Forêt, aux étangs de la Reine
Blanche. Lui succédaient Melitaea aurinia et Brenthis euphrosyne, communs à Ozoir avec
le Sphinx bombyliformis (aujourd’hui fuciformis), qui butinait sur les Bugles. À Ozoir,
le Thecla pruni n’était pas rare sur les Prunelliers et, entre le 10 et le 15 mai, le Coenonympha
hero commençait à sortir. Gilbert VARIN le prenait aussi à Valjouan (Seine-et-Marne) ; on
le rencontrait également, paraît-il, au Buisson de Massoury (
en face de Bois-le-Roi, sur la
rive droite de la Seine), où HERBULOT allait chercher la chenille
de Gortyna borelii dans les
bulbes des Peucédans (Peucedanum parisiense). Mais je n’ai moi-même jamais fréquenté
ces deux localités. Vers la fin du mois de mai, on trouvait encore sur la friche de Lardy la
chenille de la Rhyparia purpurata, une belle Écaille aujourd’hui éteinte en Île-de-France
et dont j’ai pu conduire l’élevage jusqu’à l’éclosion de l’imago (pl. 3, fig. 25).
Quant aux hybrides hero ×arcania, ils se prenaient au début de la période d’éclosion
de Coenonympha hero. Je n’ai jamais compris pourquoi, car le C. arcania commençait à
paraître entre le 20 et le 25 mai, date à laquelle disparaissaient les derniers hero. Les premiers
mâles d’arcania n’avaient donc que les dernières femelles d’hero à courtiser, d’où l’apparition
22 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 22
(35) Cette observation se situe très vraisemblablement au potager du château de Pierreux, une propriété
que possédait l’épouse d’Hervé DE TOULGOËT sur la commune d’Odenas (Rhône), au pied du mont Brouilly, près
de Villefranche-sur-Saône [G. L.].
(36) Botaniste et entomologiste, Jean-Jacques DE GRANVILLE a notamment publié dans Alexanor en 1968
les résultats d’un voyage entomologique en Corse ; il est actuellement directeur de l’herbier de Cayenne (Guyane
française) [G. L.].
(37) Jean-Marie FONTENEAU (°1931 – † 1998), graphiste-publiciste, écrivain, historiographe, Conservateur
de la citadelle de Belle-Île-en-Mer, excellent lépidoptériste, a régulièrement publié dans les colonnes de notre revue
.
— Cf. Alexanor, 20 (4), 1997 (1998) : 193 [Nécrologie]. — Voir également : Massé (Docteur Claude), 1998. –
Deuils autour d’un anniversaire. Racines et Rameaux français d’Acadie, Quinsac (Gironde), n° 18 : 1-4, 1 illustr.
photogr. (portrait) (juin 1998) [G. L.].
(38) Lépidoptériste amateur, Gérard ANDRÉ était le fils d’un contremaître des Établissements Lesieur, ce qui
lui permit d’entrer en contact avec Hervé DE TOULGOËT. Devenu instituteur, il quitta la métropole pour exercer
sa profession dans les colonies. Il devait mettre fin à ses jours dans le courant des années soixante.

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 23 23
FIG. B. — À la recherche de Lemonia dumi sur les friches d’Achères (Seine-et-Oise, de nos jours Yvelines)
en octobre 1945. À gauche, le Docteur Émile RIVALIER ; au fond, Roger ALLARD ; à droite, le Docteur Henri
OBERTHÜR. Archives inédites H. de Toulgoët. Numérisation : Xavier LESIEUR.
FIG. C. — En forêt de Compiègne (Oise) en juin 1947. À gauche, Hervé DE TOULGOËT et son épouse ;
à droite, le Docteur Henri OBERTHÜR. Archives inédites H. de Toulgoët. Numérisation : Xavier LESIEUR.
C
B

sporadique d’hybrides. Mes amis OBERTHÜR, HERBULOT, NOBEL et BOURGOGNE ont tous
capturé ces hybrides, mais en très petit nombre, les individus présentant un habitus variable
.
J’en possède moi-même trois exemplaires. Resterait à expliquer pourquoi ces hybrides
paraissaient au début de la période d’apparition d’hero. Cela devrait être le contraire,
si l’on se réfère au cas de l’Erebia serotina (hybride epiphron ×pronoe).
1946
En mai 1946, dans la forêt d’Armainvilliers, la Mélitée maturna (pl. 1, fig. 13) n’était
pas très abondante. Je notais alors déjà que l’espèce semblait avoir souffert du nettoyage
des bords des allées, lequel avait entraîné la disparition du Chèvrefeuille. Nous étions loin
de l’extrême abondance des deux années écoulées ! Il est vrai que cela pouvait encore venir
.
En revanche, bien qu’assez localisée, Melitaea dictynna se montrait en nombre, avec de
beaux exemplaires très noirs. C’est également en 1946 que j’ai pris l’Hespérie armoricanus
(
pl. 1, fig. 3), dont la présence à Armainvilliers était assez surprenante. Cela portait à quatre
le nombre des grandes Hespéries qu’il m’avait été donné de prendre aux environs de Paris.
Je fus le plus chanceux de tous, car aucun de mes amis ne captura cette espèce. La forêt
d’Armainvilliers étant extrêmement humide, on y rencontrait énormément de Géomètres,
dont la belle Cidaria hastata, qui était relativement abondante.
Sur les friches d’Achères, cette année-là, la belle Hespérie alveus (pl. 1, fig. 2) était
assez commune. En compagnie de Gérard NOBEL, nous en avons pris une confortable
série, dont j’ai conservé, je dois le dire, trois lignes dans ma collection (39). Elle n’en a pas
disparu pour autant, puisque nous avons continué à l’observer dans cette station au cours
des années suivantes. Cela se passait le 2 juin, en pleine époque du vol de cette espèce.
Le 8 juin, nous observions un grand nombre de Melitaea dictynna en forêt
d’Armainvilliers, l’Arctiide Parasemia plantaginis, ainsi qu’un exemplaire de Lycaena
rutilus. Encore convient-il de préciser ici que les grandes coupes réalisées dans cette forêt
ont fait souffrir certaines espèces. La suppression des Tilleuls, notamment, a été catastrophique
pour le Biston pomonaria, dont la chenille était extrêmement abondante cette année-là.
Dans cette même forêt, j’ai aussi rencontré à deux reprises des femelles de l’Arctia testudinaria
posées parmi les herbes.
La même année, nous avons également découvert une énorme chenille de l’Arctia hebe
(on l’appelle aujourd’hui festiva) sur Senecio jacobaea à Achères. Malheureusement, cette
chenille ne parvint pas à maturité, car il est extrêmement délicat et difficile d’en réussir
l’élevage.
En forêt de Compiègne, le 10 juin, nous avons observé de nombreux Heodes chryseis
(pl. 1, fig. 6), et la Melitaea dyctinna était également abondante, au carrefour du Puits-du-Roi
.
De la fin de mai au début de juin, on prenait également, dans cette forêt, l’Erebia medusa
(pl. 4, fig. 38). Cette année-là, nous avons séjourné au Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes)
avec Gérard NOBEL, Henri OBERTHÜR et Claude HERBULOT du 22 juin au 7 juillet. Nous
avons trouvé beaucoup de neige lors de notre passage au Lautaret, et, de ce fait, les premiers
24 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 24
(39) Lors de la vente aux enchères de la collection Toulgoët, le 2 février 2010, en salle Drouot-Richelieu,
les boîtes d’Hespériides ont échu à notre collègue Christian GIBEAUX [G. L.].

jours de chasse se sont révélés vraiment très décevants. Je ne m’étendrai pas sur ce séjour,
hors du propos des présentes notes qui concernent essentiellement les environs de Paris,
mais je préciserai néanmoins que nos prospections au Monêtier, où était venu nous rejoindre
Yves DE LAJONQUIÈRE (40), ont été marquées par des captures, notamment la nuit, réellement
très intéressantes. Nous avons pris de nombreuses espèces ; HERBULOT a ramené de très
belles séries de Géomètres, que nous préparions sur place. Au col de Cristol, vers le col de
Buffère, nous avons effectué d’excellentes récoltes. Cette expédition fut un beau succès.
Nous avons chassé à Lardy au mois d’août, mais nous n’y avons pas pris grand-chose.
L’état du site n’était pas vraiment épatant : tout était brûlé. Le coridon ne se montrait qu’en
tout petit nombre et nous n’avons pas trouvé trace du Satyrus arethusa ; en revanche, l’endroit
abritait beaucoup de Zygaena fausta encore en bon état.
À la fin d’octobre, nous sommes bien entendu allés à Achères chasser le Lemonia
dumi (pl. 3, fig. 32) ; la densité était tout à fait normale et nous en avons recueilli un bon
nombre.
Cette année-là, cependant, ne fut pas des plus brillantes : le printemps avait été très
pluvieux et froid dans l’ensemble, et l’été très sec. Le froid avait sévi jusqu’à la mi-juin
et il avait même neigé pendant huit jours en montagne à cette époque — conditions
climatiques guère favorables aux activités des entomologistes.
1947
Passons maintenant à la fameuse année 1947, qui fut un millésime exceptionnel pour
le vin et qui aurait pu l’être autant en ce qui concerne les Lépidoptères. En forêt
d’Armainvilliers, l’hiver avait été très dur et prolongé ; ainsi, plusieurs vagues de froid se
succédèrent jusqu’au 10 mars, date à laquelle tout était encore gelé, y compris le sol, et ce,
très profondément. Le radoucissement de la température se fit sentir le 13 mars. À compter
de cette date, l’arrivée de pluies abondantes et une extraordinaire élévation de la température
laissèrent entrevoir un printemps humide et forcément tardif. Bien entendu, ces conditions
climatiques particulières entraînèrent l’éclosion massive de certaines espèces.
C’est dans ce contexte que nous avons tenté notre chance en forêt d’Armainvilliers
sur le Biston pomonaria. Nous l’avons rencontré irrégulièrement vers le 22 mars. Sur
ces entrefaites, j’appris que l’élévation de la température que nous avions ressentie à
Armainvilliers s’était vérifiée, le 23 mars, en forêt de Coye, provoquant aussitôt une
éclosion ; je tenais cette information de Brice (41), qui m’en avait averti par téléphone.
Et, le 27 mars, je décidai donc brusquement d’aller passer deux heures à Orry-la-Ville ;
c’était un vendredi. Je téléphonai à HERBULOT, qui se trouvait à son bureau ; il travaillait
alors à l’Office de la Sidérurgie. J’étais moi-même Secrétaire général de la Société Lesieur ;
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 25 25
(40) Yves LUNET DE LAJONQUIÈRE (°1898 – † 1980), hétérocériste ayant notamment travaillé sur les Lasiocampidae
.
— Cf. Baraud (Jacques) et Pierron (Marcel), 1981. – Yves DE LAJONQUIÈRE (1898-1980). Bulletin de la Société
entomologique de France, 85 (9-10), 1980 : 293-294 (novembre-décembre 1980).
(41) Ce personnage, dont le patronyme ne nous est pas connu, aurait été un employé des Établissements
Vaast, l’un des comptoirs d’histoire naturelle les plus connus à cette époque à Paris après Boubée et Deyrolle [G. L.].

à ce titre, je disposais évidemment d’une certaine liberté d’action, qui me permettait à
l’occasion de pouvoir m’absenter. Nous avons quitté Paris vers 16 h 30. À cette époque,
il n’y avait évidemment que très peu de circulation. Mon automobile stationnait devant
mon bureau, rue du Rocher, près de la gare Saint-Lazare. Claude HERBULOT et Louis
LECHARLES vinrent me rejoindre.
À 17 h, nous débarquions à Orry-la-Ville, en forêt de Coye. Le spectacle était invrai-
semblable ! Nous avons pu observer des centaines et des centaines de pomonaria : il s’en
trouvait sur tous les troncs d’arbres, surtout des femelles ; les mâles étaient plus rares.
Nous avons recueilli une centaine de femelles de pomonaria. Si nous avions voulu en
récolter cinq cents, nous les aurions prises sans difficulté. Nous avons également pris
trente mâles de Lycia hispidaria ; les accompagnaient des Biston strataria et des Phigalia
pedaria, cette dernière espèce avec sa femelle. En revanche, nous n’avons trouvé qu’une
unique femelle d’hispidaria — espèce beaucoup plus rare. Était également présent
Anisopteryx aescularia ; les leucophaearia étaient passés, mais se montraient en quantités.
Les troncs étaient couverts de Géomètres. Et je ne parle même pas de l’Hibernia marginaria
,
elle aussi excessivement abondante, y compris ses femelles aptères, très communes.
Alors que nous revenions du viaduc (42), vers 19 h, les papillons surgissaient de partout
.
On pouvait observer une circulation déjà intense de Noctuelles dans la grisaille du
demi-
crépuscule. Sur les troncs, nous avions remarqué toutes les Orthosia : cruda, incerta, stabilis
,
ainsi que Conistra vaccinii, et Polyploca flavicornis, défraîchi. Ce fut une soirée unique !
Le lendemain, le Docteur OBERTHÜR et moi-même retournâmes à Orry-la-Ville ;
le bon docteur n’avait pu se joindre à nous la veille, étant bien entendu retenu par son
travail à l’hôpital Saint-Joseph. Nous avons récolté une série de mâles de pomonaria, en outre
onze mâles et une femelle d’hispidaria. La densité de bêtes était telle que nous avions
envisagé de chasser la nuit, curieux de voir ce que nos lampes allaient attirer. Nous avions
à cet effet apporté le matériel adéquat. Mais un déluge survenant soudain, nous fûmes
contraints de rentrer précipitamment et d’abandonner ce projet.
C’est dans cette localité de la forêt de Coye qu’en 1927, j’ai fait la connaissance de
Léo BLANC (43) et de Marcel DESLANDES (44), entomologistes charmants, très compétents
et extrêmement actifs, aujourd’hui disparus, hélas !
Le reste de l’année, à Lardy, les versicolor, de même que les Rhopalocères, ont été
tout à fait abondants. Nous y avons chassé le soir au mois d’avril, et y avons observé
un bon nombre d’espèces. Si nous ne chassions guère la nuit, nos quelques essais nous
procurèrent toutefois d’assez bons résultats. Le 20 avril, nous pûmes recueillir un certain
nombre de Notodontes. La chenille de testudinaria existait encore sur un chemin sablonneux
,
mais pour se procurer des imagos (pl. 3, fig. 28 à 31), c’était une autre histoire !
26 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 26
(42) H. DE TOULGOËT fait ici allusion au viaduc de Comelle, bel ouvrage d’art de quinze arches édifié
en 1857, qui permettait à la voie ferrée de franchir la vallée abritant les marais tourbeux de la Thève. Ce viaduc
a été détruit à l’explosif en décembre 1985. Les marais de Comelle étaient très prisés des anciens entomologistes,
et notamment du Comte André GERVAIS D’ALDIN (°1884 – † 1941). — Cf. Bocquillon (Jean-Claude) et Lebrun
(Jérémy), 2004. – Le marais de la Troublerie (forêt de Chantilly, Oise). Aperçu historique et contributions
entomologiques (Coléoptères, Lépidoptères, Odonates). Bulletin annuel de l’Association des Entomologistes de
Picardie, [14], Supplément : [I]-[IV] + 1-[66], 6 pl. photogr. coul., 1 carte, 1 fig. en coul. [G. L.].
(43)Cf., au sujet de l’auteur-compositeur et arrangeur Léo BLANC (°18** – † 19**), Alexanor, 24 (1), 2009
(2011) : 13, note infrapaginale n° 20, et Alexanor, 25 (2), 2011 (2012) : 88 [G. L.].
(44)Cf. notes biographiques sur Marcel Pierre DESLANDES (°1894 – † 1963) in Alexanor, 24 (2), 2009
(2011) : 108, note infrapaginale n° 8 [G. L.].

En 1947, à Ozoir-la-Ferrière, la Melitaea maturna battait son plein entre le 15 et
le 25 mai, dates très précoces, et son abondance était assez exceptionnelle. Elle y était
représentée par de très belles femelles et des formes variées. On trouvait sa chenille sur
les petits Chèvrefeuilles, le long des layons de la forêt. J’ajoute qu’à la mi-juin, le Limenitis
populi commençait à paraître à Ozoir et n’était pas vraiment rare sur les chemins attenants
à la maison forestière des Trois-Mares. Aujourd’hui, ces chemins doivent être goudronnés,
et si l’on y rencontre encore quelquefois un Apatura ilia isolé, je peux témoigner qu’à
l’époque dont je parle, cette espèce était absolument banale, avec sa forme clytie, fin juin
- début juillet, que ce soit à Ozoir ou dans la vallée de l’Essonne. Quant à l’Apatura iris,
je ne me suis jamais rendu à Ozoir assez tard, c’est-à-dire vers le 15 juillet, pour y constater
sa présence. Ozoir était en tout cas une excellente localité. Je clos ici cette digression estivale
pour en revenir à la faune printanière.
Un peu plus tard, c’est-à-dire vers le 30 mai, nous prenions le chemin de Lardy,
où les Zygènes commençaient à sortir, puis c’est au mois de juin et jusqu’au 15 juillet
que l’on pouvait y réaliser les observations les plus intéressantes, la faune lépidoptérique
y étant encore très riche.
Nous fréquentions beaucoup Ozoir à la recherche des Géomètres. Avec mon ami
Claude HERBULOT, nous y avons effectué des récoltes remarquables en plein jour. Nous
marchions l’un derrière l’autre dans les allées bordées de taillis et nous prenions ce qui
s’envolait. C’est ainsi que nous avons capturé un grand nombre d’espèces intéressantes,
qui sont venues enrichir sa collection, d’autant plus que je récoltais moi-même également
les Géomètres à son attention.
Vers le début de juin paraissait en forêt de Compiègne (fig. C) une faune particulièrement
intéressante ; dans ce massif forestier, le carrefour du Puits-du-Roi et ses environs repré-
sentaient la localité privilégiée. Mâles et femelles du Lycaena hippothoe étaient abondants
dans la grande percée que constituait l’allée du Puits-du-Roi, d’au moins dix mètres de
largeur, herbue et farcie sur toute sa largeur de Rumex, plante nourricière de ce Lycène.
Volait bien sûr en même temps qu’hippothoe le Limenitis populi. On prenait aussi
le Pararge achine, lequel se posait, selon son habitude, sur les branches basses des Chênes ;
il se montrait ici moins abondamment qu’à Bois-le-Roi (pl. 1, fig. 11). La forêt de Compiègne
abritait aussi la Melitaea maturna. Avant la guerre, on se donnait beaucoup de mal pour
trouver cette Mélitée. Je me souviens qu’en 1929 et 1930, mon ami LECHARLES m’emmenait
dans le Loiret, à Courtenay, pour prendre maturna ; l’espèce était assez fréquente, le long
de la route qui vient de Paris, à quelques kilomètres de Courtenay, cette voie étant bordée
de haies partout très riches en Troènes, sur les fleurs desquels butinaient les papillons (45).
Le 8 juin, à La Malvoisine, c’est-à-dire en forêt de Crécy, avec mon ami Roger
ALLARD (46), nous partîmes à la recherche des Limenitis populi ; nous eûmes bien de la peine
à en observer quelques-uns, et encore, en assez mauvais état ! En revanche, à Compiègne,
nous avons rencontré une grosse densité d’Heodes chryseis : il en volait partout !
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 27 27
(45) À cette époque, Courtenay semble avoir représenté une localité classique d’Euphydryas maturna ; l’espèce
s’y est maintenue au moins jusqu’au début des années soixante, comme en témoignent les six exemplaires (quatre
mâles, deux femelles) recueillis le 15 juin 1961 par Léon COQUELET et conservés dans la collection Louis Faillie.
— Cf. à ce sujet : Lévêque (Antoine), Faucheux (Franck) et Archaux (Frédéric), 2012. – À propos
d’Euphydryas maturna dans le Loiret (Lepidoptera Nymphalidae Nymphalinae). Alexanor, 24 (8), 2010, Suppl. :
[36] [G. L.].
(46) Le poète et critique d’art Roger ALLARD (°1885 – † 1961), lépidoptériste averti, fut un vaillant soutien
de L’Amateur de Papillons de Léon LHOMME [G. L.].

Ils y étaient accompagnés par des Pararge achine, quelques Melitaea maturna, ainsi
que de belles Melitaea athalia. Hormis ces espèces, rien d’autre à signaler. Après une
sécheresse intense, un temps affreux s’était installé les jours précédents.
Le retour du beau temps, en juin, s’accompagna d’une chaleur torride. Durant
ce mois, nous avons été rendre visite à notre ami Marcel CARUEL (47), à Villers-Allerand,
et je dois reconnaître que nous avons réalisé là des chasses vraiment intéressantes.
1948
Il convient ici d’évoquer encore un certain nombre d’espèces que j’ai passées sous
silence dans les lignes qui précèdent, notamment le Thecla pruni. Le Thecla pruni était
assez fréquent, et même abondant, à Ozoir-la-Ferrière ; on le trouvait également en forêt
de Compiègne. À l’examen de mes notes, je constate qu’en 1948, il était très abondant.
Si les mâles étaient passés, les femelles étaient en revanche nombreuses ; celles-ci sont
difficiles à obtenir en bon état, car ce sont des bêtes qui se détériorent très vite. La chenille
du Thecla pruni, que j’ai élevée, se trouvait très aisément à Lardy. Il suffisait de battre
les Prunelliers au printemps, mais assez violemment, car les chenilles se cramponnent très
vigoureusement aux rameaux. Il tombait en même temps, de manière sporadique, une chenille
du Thecla betulae. Celles-là, il convenait de les élever chacune séparément, car placées
dans la même cage, elles se dévoraient les unes les autres… Moyennant cette précaution,
j’ai pu obtenir une belle série d’éclosion — six ou sept exemplaires — de betulae. La chenille
de pruni est entièrement verte, lisérée d’une bordure rouge, tandis que celle de betulae est
d’un vert plus pâle, ornée d’un trait oblique jaune sur chaque anneau. Mais bien qu’il soit
assez facile de les trouver, il convient d’examiner avec attention le contenu du parapluie,
parce que, très souvent, la chenille tombe avec la feuille, ou dans la feuille, de sorte qu’elle
peut y passer inaperçue. J’ai également recueilli la chenille de l’Eriogaster lanestris de
cette manière. Un jour, Louis LECHARLES avait pris en battant des Prunelliers la chenille
de Cucullia lucifuga ; cette larve ressemble étrangement à celle du Parnassius apollo.
En effet, elle est entièrement noire, rehaussée de points rouges. Je crois que c’est la seule
Cucullia dont la chenille présente cet aspect. LECHARLES avait récolté, également sur
les Prunelliers — et ce bien qu’il soit difficile de les faire tomber, car elles sont fortement
cramponnées —, des chenilles de la Catocala fulminea, la seule Catocale jaune présente
en région parisienne, et qui est une bien belle bête. Je l’ai prise assez fréquemment à
la miellée en Sologne, où elle était assez abondante.
Il conviendrait de mentionner encore bien d’autres espèces. Je relève ainsi qu’en
1948, le 12 mai, j’avais chassé la nuit avec Henri OBERTHÜR et Jean BOURGOGNE (48)
à Saclas. Nous allions là-bas pour rechercher l’Arctia maculosa (pl. 3, fig. 23 et 24), dont
nous n’avons pris qu’un unique exemplaire. Mais nous avons récolté lors de cette soirée
de bonnes Noctuelles, entre autres la Mamestra w-latinum, l’Agrotis cinerea, le Trichoclea
albicolon (pl. 3, fig. 34), les Notodonta dromedarius, trimacula et phoebe, etc. Bien
28 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 28
(47) On pourra se reporter à l’étude bio-bibliographique que notre éminent collègue M. le Professeur Claude
DUPUIS a consacrée au remarquable entomologiste que fut Marcel Émile Gaston CARUEL (°24-II-1893, Cateau-
Cambrésis, Nord - † 3-III-1955, Villers-Allerand, Marne). — Cf. Dupuis (Claude), 1956. – Bibliographie
des travaux entomologiques de Marcel CARUEL (1893-1955) avec une introduction biographique. Cahiers des
Naturalistes, Bulletin des Naturalistes parisiens, (N. S.), 11 (4), 1955 : 97-100 [G. L.].
(48)Cf. la biographie de Jean BOURGOGNE (°1901 – † 1971) in Alexanor, 24 (2), 2009 (2011) : 105-137 [G. L.].

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 29 29
FIG. D. — Au col du Lautaret (Hautes-Alpes) en juillet 1947. De gauche à droite : Charles BOURSIN,
le Docteur Henri OBERTHÜR, Gérard NOBEL et Claude HERBULOT. Archives inédites H. de Toulgoët. Numérisation
:
Xavier LESIEUR.
FIG. E. — Dans les Hautes-Alpes en juillet 1947. De gauche à droite : le Docteur Henri OBERTHÜR, Hervé
DE TOULGOËT, Claude HERBULOT et sa fille Christiane. Archives inédites H. de Toulgoët. Numérisation : Xavier LESIEUR.
D
E

d’autres espèces vinrent au drap, par exemple Egira conspicillaris, Cucullia lychnitis,
et l’Euprepia cribraria. Se présentèrent également Senta flammea, qui est une bonne bête,
et le Smerinthus ocellata, qui était assez abondant : je crois me souvenir que ce soir-là,
il en était venu sept exemplaires.
En juin 1948, la Melitaea maturna était encore assez courante avec le Pararge achine
en forêt de Compiègne.
1949-1950
Il est évident qu’à partir de 1948, mes notes ont commencé à être plus espacées.
On circulait plus facilement, et, la paix étant revenue, on pouvait envisager des déplacements
plus lointains. En 1946, je me suis rendu au Monêtier-les-Bains, et, en 1947, au Lautaret
avec mes amis (fig. D et E) ; nous y avons connu une session absolument remarquable,
que
je n’ai jamais renouvelée depuis avec une semblable densité de captures et un comparable
taux de réussite. Il faisait un temps splendide. En 1948, nous avons été dans les Pyrénées-
Orientales, à Porté, et, en 1949, à L’Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes), station que
j’ai beaucoup pratiquée par la suite. En 1950, je suis allé chasser en Suisse avec mon ami
Henri OBERTHÜR, où nous sommes retournés pendant quatre années, jusqu’en 1953. Nous
nous sommes rendus les trois premières années dans les Grisons, et, la dernière année,
dans le Valais. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce que nous avons trouvé là-bas,
notamment au col de l’Albula, dans les Grisons, mais également au col du Julier. Cela dit,
je garde également un très bon souvenir du Valais, où nous séjournions au Simplon.
Les Zygènes
Je pense avoir à peu près évoqué l’ensemble de la question en ce qui concerne
les Rhopalocères. Resterait à donner quelques précisons sur les Zygènes. J’ignore ce que
sont devenues aujourd’hui les Zygènes aux environs de Paris (49), mais je sais que jadis,
ce
n’en était pas l’un des moindres attraits. Une chose est certaine, c’est que la Zygaena loti
(pl. 3, fig. 37), que l’on appelait autrefois achilleae, a complètement disparu — enfin,
semble avoir complètement disparu. Mes jeunes collègues s’efforcent actuellement de
la retrouver et sont allés la chercher partout en suivant les indications que je leur ai données
.
Eh bien, Zygaena loti paraît bien avoir disparu ! Il me faut rappeler que sur toutes les friches
calcaires des environs de Paris que j’ai pratiquées, et principalement celles de la Juine ou
même de l’Essonne, on trouvait la Zygaena loti entre le 20 et le 30 mai. Elle s’avançait
même fort loin vers le nord-est, puisqu’on la trouvait — et je l’ai moi-même également
trouvée — à Longpont, entre Laon et Villers-Cotterêts, là où nous allions chercher l’Erebia
medusa. Quoique ne m’étant pas appesanti sur cette localité assez éloignée des environs
de Paris, j’y ai cependant fait une allusion plus haut.
En revanche, s’il est bien une espèce que nous ne prenions jamais aux environs de Paris
— enfin, jamais, c’est beaucoup dire, parce que j’en possède tout de même un exemplaire
pris a Compiègne par mon ami HERBULOT —, c’est la Zygaena viciae, qu’on appelait
autrefois meliloti. Or aujourd’hui, cette Zygène se trouve un peu partout autour de Paris.
30 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 30
(49) Notre estimé collègue Roland ESSAYAN a dressé en 1981 un premier bilan de l’état des populations de
Zygènes en région parisienne (voir la référence complète de son travail dans la note infrapaginale n° 18) [G. L.].

J’ai relaté plus haut comment, grâce aux indications d’un de mes jeunes collègues actuels,
j’ai pu la prendre il n’y a pas si longtemps, il y a trois ou quatre ans, dans la vallée de
Chevreuse. Cette implantation dans des localités des environs de Paris est assez curieuse,
et il est plutôt intéressant de constater que ce phénomène illustre ce que LECERF écrivait
dans son ouvrage sur les Rhopalocères de France (50) à propos des espèces qui ont tendance
à avancer ou à reculer d’une région à une autre.
Si ce n’est la disparition de loti, je crois savoir que les autres espèces se sont maintenues
.
Bien entendu filipendulae, puis hippocrepidis, qui était abondante à Lardy et dans toute
la vallée de la Juine, enfin la Zygaena ephialtes athamantae. Pour trouver cette dernière,
nous explorions cette vallée principalement sur la route d’Orgemont à Boissy-le-Cutté.
C’était au sud-est de Lardy et de Chamarande, et je dois dire qu’il y avait là des ronciers
sur les fleurs desquels cette Zygène aimait beaucoup se poser. Car les ephialtes affectionnent
les fleurs des Ronces, une source de nectar que les autres Zygènes ne pratiquent guère.
Hormis les Zygènes déjà citées, on observait évidemment, parmi celles que l’on range
dans le sous-genre Agrumenia, la fausta, dont la localité classique était Lardy ; mais elle
volait également à Saclas. À Lardy, on trouvait aussi carniolica. Celle-ci était assez
localisée entre la grande friche et la gare de Lardy, sur le haut du coteau, mais abondante
dans sa localité. Je l’y ai prise là, et j’en possède une très belle série. La carniolica, je ne
sais au juste ce qu’elle est devenue. Mon ami LERAUT, paraît-il, l’a retrouvée dans une
localité proche de la vallée de Chevreuse, où il en a récolté quelques exemplaires.
Autrefois, mon ami HERBULOT l’a prise à côté de Nesles-la-Vallée, entre Beauvais et
Pontoise, et j’en détiens par ailleurs quelques exemplaires qui proviennent de la vallée
de l’Eure, près d’Anet, ce qui est assez réconfortant. Jadis, elle habitait à Meudon (51).
C’est une espèce intéressante et amusante. Elle est encore abondante sur les coteaux
calcaires de la Seine, entre la vallée de l’Epte et Rouen, principalement près de l’embou-
chure de l’Epte, sur la Côte des Deux-Amants. Elle s’y trouve encore dans une forme
un peu diversifiée, caractérisée par la minceur du liséré blanc cernant les taches rouges
des ailes supérieures, que l’on a appelée duponti — dénomination, à mon avis, de bien peu
de valeur. En tout cas, j’ai pu constater il y a quatre ou cinq ans que carniolica était aussi
abondante qu’autrefois dans cette localité.
De même, on trouve sur la Côte des Deux-Amants la Zygaena purpuralis, qui a changé
de nom un certain nombre de fois (on l’appelait autrefois pilosellae), et que l’on sépare
maintenant de minos (= diaphana), jadis considérée comme une forme de purpuralis.
Il n’y a guère que là qu’on la prend. Elle ne s’est jamais prise dans les vallées des proches
environs de Paris.
La faune relictuelle des Zygènes franciliennes représente ainsi tout de même cinq
espèces, ce qui n’est pas négligeable pour les environs de Paris. Les aberrations sont rares.
Mon vieil ami MOINGEON est tombé un beau jour à Boutigny, dans la vallée de l’Essonne,
près de Maisse, sur deux exemplaires d’hippocrepidis d’un beau jaune d’or. Bien entendu,
il y est retourné le lendemain, et il a battu toute la localité ; parmi les très nombreux
exemplaires rouges d’hippocrepidis, il a repris trois autres sujets jaunes. Fort de ce succès,
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 31 31
(50)Cf. LeCerf (Ferdinand Louis), 1944. – Atlas des Lépidoptères de France. I. Rhopalocères. Nouvel
Atlas d’Entomologie, 6(1) : 1-115 + [116]-[128], 12 pl. coul. (aquarelles de Roger Métaye). Éditions Nérée
Boubée et Cie, Paris. — Dans cet ouvrage, voir notamment à ce sujet le texte des pages 32-33 [G. L.].
(51)Zygaena carniolica existait encore à la limite d’Ormoy-la-Rivière et de Boissy-la-Rivière (Essonne)
vers la fin des années 1990, où elle volait sur le larris d’Artondu (Gérard Chr. LUQUET vid.) [G. L.].

il y est retourné une troisième fois, ce qui lui a permis d’en recueillir encore un individu,
portant donc à six le nombre de sujets jaunes ainsi capturés appartenant à ces formes de
Zygènes que l’on ne rencontre que rarement. Ces exemplaires figurent aujourd’hui dans
ma collection (pl. 3, fig. 36). Jamais je n’ai eu connaissance d’une autre capture en région
parisienne — et pourtant Dieu sait si autrefois mon ami LECHARLES, qui ne vivait que
pour les Zygènes, s’intéressait à la question —, et ni lui ni moi, du reste, n’avons jamais
eu la chance de tomber sur un exemplaire jaune.
Je n’ai vu qu’une unique Zygène jaune dans ma vie. J’ai dû me satisfaire de simplement
la voir passer, car quelques instants plus tard, j’ai fait une chute de trois mètres de hauteur
en essayant de courir après. Ceci se passait en Aragón, dans la Sierra de Albarracín. À trois
heures de l’après-midi a surgi à quatre ou cinq mètres devant moi une superbe Zygaena
lonicerae d’un très beau jaune. Elle volait comme une trombe, et j’ai tenté de la poursuivre
sur un terrain particulièrement mouvementé… C’est la seule que je n’ai jamais vue dans
la nature.
En revanche, ma collection comporte un certain nombre d’exemplaires jaunes, mais
aux environs de Paris — et Dieu sait si j’ai vu des Zygènes, car j’en ai vu aux environs de
Paris, énormément, dans les Pyrénées-Orientales, en Espagne, au Maroc, dans les Hautes-
Alpes, les Basses-Alpes, j’en ai vu également en Suisse, enfin j’en ai vu un peu partout —,
jamais je n’ai pu prendre un seul exemplaire de Zygène jaune. Autrefois, mon ami
Henri STEMPFFER, au Lautaret, est tombé tout à fait par hasard, en regardant incidemment
des Zygaena exulans, donc au-dessus de 2 000 m, sur une quinzaine ou une vingtaine
d’exemplaires, comme cela se produit souvent, posés sur le Cirsium spinosissimum, c’est-
à-dire sur ce Chardon des grandes altitudes qui porte je ne sais combien de têtes, aux fleurs
jaune pâle, d’une espèce de jaune blanchâtre. Il s’est aperçu que l’une de ces Zygènes était
jaune. Bien entendu, il s’est empressé de la capturer et il l’a offerte à Louis LECHARLES.
Cet exemplaire se trouve de nos jours au Muséum de Paris (pl. 4, fig. 46), LECHARLES
s’étant séparé de sa collection en 1958 au profit du Muséum d’Histoire Naturelle.
Quelquefois, je contemple cet exemplaire d’un regard pensif.
Autrefois, d’après les relations de Monsieur BERCE (52), il paraît que la forêt de Bondy
— enfin Bondy, banlieue dont le territoire est maintenant totalement bâti — était excellente
pour la Zygaena loti et que l’on y trouvait assez fréquemment la forme jaune. Personnel -
lement, je n’ai pas eu cette chance, alors que cette Zygène était excessivement abondante
à Lardy, et lorsque j’écris excessivement abondante, cela signifie que l’on y observait des
centaines et des centaines d’exemplaires. Mais cette station n’a jamais procuré le moindre
exemplaire jaune.
32 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 32
(52) Étienne BERCE (1868 : 69-70), dans son ouvrage classique, ne cite pas nommément la forêt de
Bondy, mais indique la présence de Zygaena achilleae au Raincy, ainsi qu’à Lardy et à Vernon. De fait, c’est
Ph. A. J. DUPONCHEL (1835 : 47-48), dans le deuxième Supplément de l’Histoire naturelle des Lépidoptères ou
Papillons de France, qui, le premier, évoque cette station dans les termes suivants : « MM. DORMOY et SUDAN
l’ont trouvée abondamment cette année (1835), le long du canal de l’Ourcq, avant d’arriver à Bondy ». —
Cf. Duponchel (Philogène Auguste Joseph), 1835. – Crépusculaires. Supplément au tome troisième.
In : Godart (Jean-Baptiste) et Duponchel (Philogène Auguste Joseph), Histoire naturelle des Lépidoptères ou
Papillons de France, Supplément, 2 : [1]-[198], 12 pl. (Crépusculaires I à XII) color. par M. Delarue.
Méquignon-Marvis, Libraire-éditeur, Paris. — Berce (Jean-Étienne), 1868. –Hétérocères. In : Lépidoptères.
Description de tous les Papillons qui se trouvent en France, indiquant l’époque d’éclosion de chaque espèce,
les localités qu’elle fréquente, la plante qui nourrit la chenille, le moment où il convient de la chasser. Faune
entomologique française, 2: 1-270. 17 pl. Deyrolles [sic] édit., Paris [G. L.].

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 33 33
FIG. F. — À la recherche de Lemonia dumi sur les friches d’Achères (Seine-et-Oise, de nos jours Yvelines)
en octobre 1945. De gauche à droite, Madame R. ALLARD ; Roger ALLARD ; Madame Jeanine X… ; Gérard
NOBEL. À l’arrière-plan, on devine, sur la gauche du cliché, assis sous les arbres, Claude HERBULOT et
André BAYARD, ainsi que deux autres personnages féminins non identifiés (Madame DE TOULGOËT et Madame
HERBULOT ?). Archives inédites H. de Toulgoët. Numérisation : Xavier LESIEUR.
FIG. G. — À la recherche de Lemonia dumi sur les friches d’Achères (Seine-et-Oise, de nos jours Yvelines)
en octobre 1945. De gauche à droite, Roger ALLARD et André BAYARD ; Madame X… et Madame X… (Madame
DE TOULGOËT et Madame HERBULOT ?) ; Claude HERBULOT. Archives inédites H. de Toulgoët. Numérisation :
Xavier LESIEUR.
F
G

On pourrait émettre des considérations similaires à propos de la Zygaena fausta. Dans
les Études de Lépidoptérologie comparée, Charles OBERTHÜR cite un très bel exemplaire
de Zygaena fausta jaune (53) pris par Gédéon FOULQUIER (54), entomologiste marseillais
bien connu (55). Je possède cet exemplaire. Pourquoi ? Parce que la collection Foulquier
avait été acquise par Eugène LEMOULT (56), et que j’ai pu racheter cet exemplaire lors de
la vente du stock de papillons de LEMOULT, après le décès de celui-ci.
Je détiens encore quelques autres exemplaires. Je possède une très belle carniolica
jaune de la forme graeca, prise sur le mont Olympe par mon jeune ami Xavier LESIEUR,
lequel s’est empressé de me l’offrir, bien qu’il ait une jolie collection de Zygènes.
Bref, l’observation de Zygènes jaunes, à Paris ou ailleurs, relève essentiellement du hasard
des rencontres. À propos de ces formes rares, qu’il me soit permis de livrer ici une dernière
anecdote. Louis LECHARLES, qui souhaitait beaucoup se procurer une Zygène purpuralis
jaune, fut mis en contact pendant l’occupation allemande par Charles BOURSIN avec le grand
spécialiste allemand des Zygènes qu’était le Dr Hugo REISS (57). Évidemment, LECHARLES
fut très satisfait de faire sa connaissance. Hugo REISS aurait alors demandé de nombreuses
Zygènes et autres papillons à LECHARLES, que celui-ci lui a remis, du reste, en échange,
en tout et pour tout, d’un unique exemplaire de purpuralis jaune. Dans le contexte de
l’époque, LECHARLES aurait estimé l’échange quelque peu disproportionné…
Pour conclure en ce qui concerne les Zygènes, j’ajouterai que les localités calcaires
des environs de Paris étaient autrefois vraiment très favorables. Je crois pouvoir affirmer
que les coteaux de l’Eure restent de nos jours encore d’excellents sites pour l’entomologie ;
34 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 34
(53) Il s’agit de la forme lugdunensis Mill., chez laquelle toutes les parties rouges de la forme nominative
sont remplacées par du jaune vif. Cette aberration, décrite par Pierre MILLIÈRE du Mont-Cindre, aux environs de
Lyon (Rhône), a également été prise en Charente, près d’Angoulême, par Gabriel DUPUY, ainsi qu’en Charente-
Maritime, à Dompierre-sur-Mer, par le Commandant Daniel LUCAS. — Cf. Lhomme (Léon), 1923-1935. –
Macrolépidoptères. In : Catalogue des Lépidoptères de France et de Belgique, 1: 1-800. Léon Lhomme édit.,
Le Carriol, par Douelle (Lot) [voir page 685] [G. L.].
(54) Contrairement à ce qu’écrit Hervé DE TOULGOËT, l’exemplaire jaune de Zygaena faustafiguré et mentionné
par Charles OBERTHÜR dans les Études de Lépidoptérologie comparée (vol. III, pl. 29, n° 177, et vol. IV, p. 616)
n’a pas été capturé par Gédéon FOULQUIER. Ch. OBERTHÜR écrit en effet : « C’est lui [Gabriel DUPUY] qui, chassant
à Angoulême avec son gendre, M. Albéric FRÉMONT, professeur au Lycée de Nantes, a successivement capturé
plusieurs exemplaires de l’Ab. Lugdunensis Millière, à taches et à ailes jaunes. J’ai fait figurer sous le n° 177 de
la planche XXIX, dans le Vol. III des Études de Lépidoptérologie comparée, un spécimen de l’Ab. Lugdunensis,
prise le 10 septembre 1908 sur le plateau de la Tourette, localité excellente située au sud d’Angoulême, à une faible
distance de la ville ». En revanche, Ch. OBERTHÜR figure et mentionne un exemplaire de Zygaena hilaris de couleur
jaune, prise par Gédéon FOULQUIER le 12 juillet 1903 à Saint-Pons, près Gémenos (Bouches-du-Rhône), et qu’il
nomme foulquieri (vol. III, pl. 29, n° 179, et vol. IV, p. 603). — Cf. Oberthür (Charles), 1909. – Notes pour
servir à établir la faune française et algérienne des Lépidoptères. Études de Lépidoptérologie comparée, 3 : 101-404,
10 pl. col. (pl. XI, XVI-XX, XXIII-XXVI). — Oberthür (Charles), 1910. – Notes pour servir à établir la faune
française et algérienne des Lépidoptères (suite). Études de Lépidoptérologie comparée, 4: [15]-691, 24 pl. color.
(pl. XXXV-LVIII) [G. L.].
(55) Gédéon FOULQUIER (°1855 – † 1941), fondé de pouvoir dans un important établissement bancaire
marseillais, fut un remarquable spécialiste des Lépidoptères de la Provence. — Cf. Paulus (Marcel), 1944. –
[Nécrologie]. Gédéon FOULQUIER (1855-1941). Bulletin de la Société Linnéenne de Provence, 15 (1) : 16-19 (janvier
1944). — Voir également Alexanor, 25 (2), 2011 (2012) : 91 (fig. 31), et 95, note infrapaginale n° 235 [G. L.].
(56)Cf. la biographie succincte d’Eugène Henri LEMOULT (°1882 – † 1965) in Alexanor, 23 (8), 2004
(2010) : 472-473 [G. L.].
(57)Cf. la biographie succincte d’Hugo REISS Jun. (°1890 – † 1974) in Alexanor, 23 (8), 2004 (2010) :
478-479 [G. L.].

je connais un collègue qui s’y rend encore avec succès. J’en possède un certain nombre
d’exemplaires de la Zygaena carniolica, et j’ai pu constater que l’espèce s’étendait assez
loin là-bas, alors que la Zygaena fausta — faut-il le rappeler — ne dépasse guère Évreux,
et n’a jamais été trouvée sur les coteaux de la Seine aux alentours de la Côte des Deux-
Amants, où j’ai beaucoup chassé avec mon ami HERBULOT. S’il reste encore beaucoup
de Zygènes dans ce secteur calcaire de la vallée de la Seine, c’est entre autres parce que
ces sites abritent des parois très abruptes. Du fait de leur très forte pente, celles-ci ne
sont pas dévastées, même si certaines servent de sites d’escalade. Les adeptes de ce sport,
d’ailleurs, y risquent leur vie. En effet, ces parois en à-pic sont extrêmement friables, et
des accidents surviennent tous les ans dans ce genre d’entreprise. Ces activités devraient
du reste être interdites, ne serait-ce que pour la protection des sites concernés.
Les Hétérocères
Je n’ai pas encore abordé en détail la question des Lépidoptères nocturnes, sauf pour
un certain nombre d’espèces que nous recherchions sur les troncs d’arbres. Si j’ai évoqué
à plusieurs reprises nos recherches de certains Hétérocères en plein jour, en revanche,
je n’ai pas parlé, ou très peu, de chasses de nuit. En réalité, je n’ai que très peu chassé
la nuit aux environs de Paris, alors que j’ai pratiqué très régulièrement cette activité dans
tous mes déplacements et tous les voyages que j’ai effectués par ailleurs.
Il n’en reste pas moins vrai qu’il existait — et j’ose espérer qu’elles existent toujours
— un certain nombre d’espèces que l’on recherchait plus particulièrement, et au sujet
desquelles il a du reste été donné des indications dans L’Amateur de Papillons — revue
créée par mon premier maître, Léon LHOMME, en 1922. Les noms de deux de ces espèces
me viennent notamment à l’esprit : d’une part, celui de la belle Notodonte Leucodonta
bicoloria, et d’autre part celui de la rare Noctuelle Plusia modesta.
Au sujet de la première, je crois, si mes souvenirs sont exacts, que le Docteur VOGT (58)
avait indiqué une localité aux environs de Paris, dans laquelle on la trouvait au printemps,
à la condition d’aller de bonne heure le matin, dans un certain site planté de bouleaux (59).
En ce qui concerne la seconde, je préciserai que Monsieur Georges CATHERINE (60), que
j’ai bien connu — l’ayant même reçu chez moi —, et qui avait beaucoup chassé aux environs
de Paris, avait réalisé de très beaux élevages, notamment celui de la chenille de la rare
Noctuelle Plusia modesta, qui vit sur la Pulmonaire — une Plusie dont je n’ai jamais pris
que deux ou trois exemplaires dans ma vie.
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 35 35
(58) Lié entre autres à Henry BROWN (°18** – † 1927), au Docteur Paul-Édouard ACHERAY (°18** – † ca. 1939)
et à Georges CATHERINE (°1872 – † 1958), le Docteur Émile VOGT (°18** – † 1926), auteur d’une dizaine de
publications entre 1897 et 1925, collabora à L’Amateur de Papillons de Léon LHOMME dès sa fondation [G. L.].
(59) Hervé DE TOULGOËT paraît ici avoir été trompé par sa mémoire, car il semble bien que le Docteur VOGT
n’ait jamais rien publié à ce sujet. En tout état de cause, cette indication pourrait procéder d’un amalgame entre
le contenu d’une note qu’Alphonse LAVALLÉE avait publiée de concert avec Léon LHOMME, et celui d’une notule
d’Edmond LEIGH. — Cf. Lavallée (Alphonse [Francis Marie]) [Martin] et Lhomme (Léon), 1927. –
Leucodonta bicoloria Schiffermiller {sic} [aux environs de Paris]. L’Amateur de Papillons, 3(16) : 256 (juin 1927).
— Leigh (Edmond), in La Direction, 1928. – Captures intéressantes [Leucodonta bicoloria à Saint-Léger-
les-Yvelines {sic}, près Rambouillet]. L’Amateur de Papillons, 4(1) : 16 (janvier 1928) [G. L.].
(60) Georges Robert CATHERINE (°1872 – † 1958), violoniste et compositeur, Premier violon à l’Opéra de
Paris, brillant lépidoptériste ayant régulièrement publié dans L’Amateur de Papillons [G. L.].

La Pulmonaire est — ou plutôt, était — particulièrement abondante aux environs de
Paris, et le jeu consistait, au printemps, à rechercher la chenille en examinant les pieds que
l’on rencontrait. C’est une plante qui croît de manière assez isolée, et dont il convient
d’écarter les feuilles afin de trouver la chenille, celle-ci se cachant généralement sous
celles de la base. Je n’ai jamais pratiqué cette recherche qu’occasionnellement durant
l’Occupation, et j’avoue n’avoir jamais trouvé la chenille.
En revanche, j’ai trouvé la chenille, sans avoir pu l’élever jusqu’au bout, de la belle
Eurois prasina, une superbe Agrotide aux ailes antérieures vert mousse foncé ; elle se
développe sur les Clématites sauvages. En battant les Clématites, j’en ai obtenu deux ou trois
exemplaires. Malheureusement l’élevage n’a pas réussi. Or aujourd’hui, nos jeunes collègues
,
me semble-t-il, sont plutôt axés sur la recherche des imagos et délaissent les élevages,
alors que nos prédécesseurs élevaient beaucoup. Force est de constater que, non seulement
les entomologistes du début de ce XXesiècle, mais encore les entomologistes de la fin
du siècle précédent, qui ont élevé énormément d’espèces, étaient beaucoup plus actifs dans
ce domaine que ceux d’aujourd’hui, lesquels se concentrent avant tout sur la récolte des
adultes.
Cela dit, il me semble malgré tout que l’on serait peut-être en peine aujourd’hui de
capturer certaines espèces que j’ai prises naguère. Je pense à la Noctuelle verte Luceria
virens que j’ai récoltée à Saclas, en 1935, il y a bien longtemps (61). On y prenait aussi
l’Euxoa aquilina, une Noctuelle d’affinités plutôt méridionales, que l’on rencontre princi-
palement dans le Midi. Il y avait encore le Trichoclea albicolon (pl. 3, fig. 34) ou l’Euxoa
cinerea, dont je sais par mes jeunes amis entomologistes que des populations existent
toujours dans le sud de la région parisienne. Au sein de la série des Noctuelles remarquables
prises autrefois, une lacune semble subsister : la Luperina tardenota, jadis prise à Saclas,
semble de nos jours très difficile à retrouver. Je sais que mes jeunes collègues de la région
parisienne s’emploient à la rechercher, mais jusqu’à présent en vain (62). En revanche,
la Noctuelle Simyra buettneri, inféodée aux marais, qui avait été découverte aux environs
de Paris par Alphonse LAVALLÉE en 1928, puis reprise plus tard dans plusieurs localités
franciliennes par divers lépidoptéristes, dont mon excellent ami Monsieur Max VINTÉJOUX (63),
continue à être observée dans les endroits marécageux au début d’octobre (64).
36 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 36
(61) Après plusieurs décennies d’apparente absence en région parisienne, cette espèce a été retrouvée sur
quelques sites du sud de l’Essonne à partir de 1996 (Gérard Chr. LUQUET leg.). — Cf. Mothiron (Philippe), 1997.
—
Noctuelles (Lepidoptera Noctuidae). In : Contribution à la connaissance du patrimoine naturel francilien.
Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France. Vol. 1. Alexanor, 19, Supplément hors-série : [1]-[144],
4 pl. photogr. coul., 2 fig., 5 tabl., 2 dépliants hors-texte [voir page 87] [G. L.].
(62) Tout comme Calamia tridens (= Luceria virens), Luperina nickerlii tardenota, après bien des années
d’infructueuses recherches, a finalement été retrouvée sur plusieurs sites du sud de l’Essonne à partir de 1995. —
Cf. Luquet (Gérard Chr[istian]), 1996. – Redécouverte en Île-de-France de Luperina nickerlii (Freyer, 1845)
et géonémie de l’espèce en France (Lepidoptera Noctuidae Caradrininae). Alexanor, 19 (4), 1995 : 229-244, 1 carte
.
— Mothiron (Philippe), 1997 : 85 (voir référence complète dans la note infrapaginale n° 61). — Mothiron
(Philippe), 2001. – Géomètres (Lepidoptera Geometridae). In : Contribution à la connaissance du patrimoine
naturel francilien. Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France. Vol. 2. Alexanor, 21, Supplément
hors-série : [1]-[164], 4 pl. photogr. coul., 2 fig., 7 tabl., 1 dépliant hors-texte [voir page 148] [G. L.].
(63)Max Jean VINTÉJOUX (°1907 – † 20**), industriel, ingénieur et administrateur de sociétés, spécialiste
des Macrolépidoptères de Corrèze [G. L.].
(64)Cf. Mothiron (Philippe), 1997 : 89 (voir référence complète dans la note infrapaginale n° 61) [G. L.].

Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 37 37
PLANCHE 4. — FIG. 38 à 46, Lépidoptères issus de la collection Hervé de Toulgoët. Sauf mention contraire,
les exemplaires figurés ont été collectés par H. DE TOULGOËT lui-même. – 38, Erebia medusa (D. & S.), ♂, forêt
de Compiègne (Oise), 12-VI-1949. – 39, Arethusana arethusa (D. & S.), ♂, [forêt de] Fontainebleau, champ de tir
[Seine-et-Marne], 14-VIII-1944. – 40, Heodes dispar (Haworth, 1803), ♂, Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne),
15-VIII-1943. – 41, Heodes dispar (Haworth, 1803), ♀, Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), 15-VIII-1943.
– 42, Melitaea phoebe (D. & S.), ♂, Lardy (Seine-et-Oise [Essonne]), 23-V-1942. – 43, Melitaea phoebe (D. & S.),
♀, Lardy (Seine-et-Oise [Essonne]), 10-V-1945. – 44, Hipparchia fagi Scopoli, ♂, [forêt de] Fontainebleau
(Seine-et-Marne), 25-VII-1948. – 45, Hemaris tityus Linné, ♂, Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), 20-V-1944. –
46, Zygaena exulans Hochenw., ♂, Bonneval-sur-Arc, Lauzes, (Savoie), 2 200 m, Louis LECHARLES leg.,
coll. Le Charles, in coll. générale du Laboratoire d’Entomologie, Muséum de Paris. — Clichés et confection de
la planche : © Xavier LESIEUR.

Considérations générales sur ces faunes
Il est bien évident que je n’ai pu me référer à chacune des espèces de Lépidoptères de
la région parisienne au cours du présent exposé, de même que dans les différents souvenirs
que j’ai pu publier, ou dans mes anciennes notes, compulsées pour alimenter mon propos.
Ces notes, en particulier, ne faisaient nul état de ces Papillons qui, pour nous, comptaient au
nombre des espèces communes. Or il semble bien qu’aujourd’hui, certaines de ces espèces
communes ont disparu, ou presque, des environs de Paris. L’Aporia crataegi, par exemple,
était abondant partout, au mois de juin, dans la vallée de la Juine, mais également dans
celle de l’Essonne : il en volait beaucoup à Lardy et à Saclas ; j’en ai de même observé dans
la vallée du Loing, près de Fontainebleau. C’était une Piéride commune. Quel phénomène
a motivé sa disparition, puisqu’il est aujourd’hui pratiquement disparu ? La chenille de
l’Aporia crataegi vit, comme son nom l’indique, entre autres sur l’Épine-blanche, et je ne pense
pas que l’on ait détruit l’Épine-blanche, voire l’Épine-noire ou d’autres Rosacées arbustives
,
à ce point que l’on ait pu faire disparaître crataegi. Enfin, toujours est-il que le Gazé ne
compte plus qu’au nombre des souvenirs en région parisienne !
Notre région abritait également l’Argynnis niobe (pl. 1, fig. 12), qui était plus localisé.
C’est à Gilbert VARIN que revient l’honneur d’y avoir découvert cette espèce (cf. supra).
Ce Nacré volait à La Ferté-Alais, dans la vallée de l’Essonne ; en revanche, je n’en ai jamais
vu à Lardy. Il volait également en Seine-et-Marne : VARIN le prenait à Chalautre-la-Reposte
et à Valjouan, près de Donnemarie-en-Montois, où il m’avait convié à l’époque à venir
traquer le Coenonympha hero et d’autres espèces que nous recherchions plus particulièrement
.
En région parisienne, on prenait aussi le Pararge achine (pl. 1, fig. 11), espèce qui
paraît actuellement absolument inconnue de mes jeunes collègues d’aujourd’hui. Les Apatura
étaient très nombreux. Dans la vallée de l’Essonne, depuis Malesherbes jusqu’à la limite
de
l’ancienne Seine-et-Oise avec le Loiret, Marcel MOINGEON prenait tous les ans des Apatura
en abondance ; il en volait aussi, bien entendu, à Ozoir-la-Ferrière. Ces espèces se trouvaient
également à La Malvoisine, en forêt de Crécy, mais elles n’y étaient pas très communes.
Je sais que les Apatura présentaient aussi des populations relativement abondantes à
Rambouillet, dans le secteur des étangs de Saint-Hubert, mais je n’en ai jamais pris à cet
endroit. J’ignore ce que les Mars sont devenus ailleurs, notamment en forêt de Mormal
(dans le départemnt du Nord), où ils étaient surabondants.
Les Limenitis populi et sibilla étaient vraiment très abondants. Le sibilla, que l’on
appelle aujourd’hui camilla, se montrait en extraordinaire abondance. Je l’ai régulièrement
observé à Ozoir-la-Ferrière entre 1925 et 1930 : on aurait pu en récolter cent cinquante ou
deux cents dans une même journée. C’était une bête tout à fait banale. On prenait la forme
entièrement noire (nigrina Weymer), dont la bande blanche est oblitérée aux ailes supérieures
.
Le Limenitis populi était presque aussi banal. Lorsque nous allions en forêt d’Armainvilliers
,
à Ozoir-la-Ferrière, tout un chacun pouvait recueillir sans la moindre difficulté une douzaine
de populi dans sa journée. Il m’a été donné une fois d’observer l’abondance de Limenitis
populi dans le Nord, en forêt de Mormal : le spectacle était tout simplement faramineux.
Je n’ai pas la moindre idée de ce que cette population est devenue aujourd’hui, et je préfère
du reste ne pas le savoir…
Pamphila palaemon (pl. 1, fig. 9 et 10) est une espèce qu’il était indispensable d’aller
chercher à une certaine distance de Paris, et qui était très courante en forêt de Chantilly, à
Coye-la-Forêt, près d’Orry-la-Ville. Au printemps, vers le 15 mai, il en volait beaucoup :
l’espèce était très commune. L’Heteropterus morpheus, à Armainvilliers, était également
38 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 38

assez commun dans certains endroits très humides de la forêt, pourvus de grandes Graminées
.
Il volait également en grand nombre. Je l’ai pris en Sologne et dans bien d’autres régions ;
or je constate que c’est une espèce que l’on ne voit plus guère maintenant. Il y a bien
longtemps que je n’ai plus observé cette Hespérie au vol sautillant, assez surprenant, tout
à fait particulier.
Quant au Coenonympha arcania, j’ignore s’il existe encore ; toujours est-il qu’il
était vraiment très commun à partir du 20 mai, et ce jusqu’au 10-15 juin (65). Très courant,
il paraissait après le Coenonympha hero à Armainvilliers. Le Lycaena cyllarus, dont
le revers de l’aile inférieure porte une large suffusion bleu turquoise, était très courant
à Lardy, au mois de mai, plus exactement fin mai. Cette espèce donnait de très belles
femelles (pl. 1, fig. 8). De même les Lycènes thersites à Lardy, ou ligurica à Fontainebleau
et à Moret-sur-Loing, sur le plateau dominant Moret. Cette dernière espèce était très
courante, avec de superbes femelles bleues. Je l’appelle ligurica ; en réalité, je devrais écrire
argyrognomon Bergsträsser. Elle est du reste figurée par BERGSTRÄSSER, dont je possède
l’ouvrage, sous une forme bleue très particulière.
Toutes ces espèces se retrouvaient invariablement chaque année dans leurs localités.
Or, nous n’avons jamais enregistré — si ce n’est quelques variations de l’abondance au sein
de certaines populations, suivant les années et selon la saison, qui étaient plus ou moins
favorables — de fluctuations très sensibles ; nous n’avons jamais pu constater un seul instant
que l’abondance des espèces diminuait. À ce propos, j’ajouterai que, lors de mes débuts
en forêt de Fontainebleau, je me souviens qu’il fallait se rendre à l’aqueduc de Thomery
pour prendre le Satyrus hermione (pl. 2, fig. 20 ; pl. 4, fig. 44). De fait, c’est une station
que je ne fréquentais pas souvent à l’époque de l’apparition de l’hermione. Lorsque j’y suis
retourné le 14 août 1944, de nombreux individus volaient dans le fond du champ de tir, sur
la droite. Il y avait là de grands Chênes sur les troncs desquels se posaient les hermione,
qui s’y montraient en abondance. Si l’on avait voulu en recueillir, on aurait pu en prendre
une quinzaine, voire une vingtaine d’exemplaires. J’estime pour ma part qu’à propos d’espèces
comme l’hermione, on peut, dans un tel contexte, indiscutablement parler d’abondance.
Je n’ai pas fait allusion à toutes les Théclas. Je n’ai guère parlé que du w-album et
du pruni, qui sont évidemment les espèces que l’on rencontre le moins souvent. Mais je tiens
à dire que le Thecla rubi, certains printemps, se montrait très couramment. On pouvait
l’observer un petit peu partout. Il avait une façon très particulière de se poser sur des supports
dont la couleur se mariait fort bien avec son dessous vert. Le Thecla ilicis, y compris
sa forme femelle cerri, pourvue de grandes taches fauves aux ailes antérieures, était lui
aussi vraiment très commun à Lardy.
Il y a trois ans, je suis allé vérifier ce qu’était devenue la grande friche de Saclas.
Elle est de nos jours entourée de fils de fer barbelés ; des caravanes stationnent à l’intérieur
,
et il paraît tout à fait évident que les faunes entomologiques y sont désormais complètement
modifiées. De plus, sa superficie a considérablement diminué. Comme s’il en était besoin,
les cultures du plateau beauceron ont gagné sur cette malheureuse friche, qui pourtant à
mes yeux ne représentait pas un terrain bien favorable à la culture.
Je dois souligner aussi que, lorsque j’examine le résultat des chasses qui sont réalisées
de nos jours dans les Alpes, ou même ailleurs dans d’autres localités d’altitude réputées
favorables, je ne puis m’empêcher de penser que les espèces doivent être malgré tout
beaucoup moins abondantes et les faunes beaucoup moins riches qu’aux époques où j’ai
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 39 39
(65) Cette espèce reste encore assez commune de nos jours dans le sud de l’Île-de-France, notamment en
vallée de la Juine, dans le Gâtinais beauceron et dans le massif bellifontain [G. L.].

pu rechercher encore moi-même les espèces de nos montagnes. Je fais allusion à la période
située entre 1935 et 1950, voire jusqu’à 1955 environ. Par la suite, en effet, je me suis très
rapidement dirigé d’abord vers la Suisse, puis vers l’Espagne et le Maroc, où je trouvais
évidemment des terrains d’action bien plus riches. Je reconnais cependant que dans
les Alpes, la haute vallée de la Durance m’a certainement réservé de très belles captures
et d’heureuses réussites entomologiques. Je crois qu’il existe encore en Suisse, dans
le Valais, de beaux terrains d’action. Je n’ai chassé là-bas que dans des stations de grandes
altitudes, sur le versant sud des Alpes, mais non dans la vallée du Rhône, que les Suisses
considèrent un peu comme leur « Midi méditerranéen ». Mon ami Raphy RAPPAZ (66) a du
reste publié un ouvrage consacré aux Papillons du Valais (67) qui livre une image concrète
de la richesse extraordinaire de cette vallée. Cette richesse se rapproche d’ailleurs de celle
de la haute vallée de la Durance, qui réunit tout à la fois les faunes méditerranéenne,
subalpine et alpine, ce qui en fait une région très intéressante.
À l’issue de cette incursion dans les Alpes, je reviens à la vallée de la Juine…
La friche de Saclas s’est réduite comme peau de chagrin. Il en va de même de Lardy.
La grande friche de Lardy n’est plus qu’un souvenir. On y a laissé pousser des taillis, et
le public y pénètre partout. Je suppose ainsi que cette grande friche — ou ce qu’il en reste,
car il n’en reste pas grand-chose — appartient à la commune. Aussi, je dois dire que je n’ai
plus guère envie d’aller m’y promener. De plus, dès le samedi et le dimanche, toute l’étendue
du site est encombrée de véhicules et d’une foule indisciplinée qui abandonne là sacs en
plastique, gobelets, bouteilles, canettes et autres emballages de boissons, lesquels viennent
dorénavant renforcer les amas de déchets qui fleurissent partout. La grande friche a cessé
de vivre. Et l’on voudrait nous faire accroire que se sont les entomologistes qui détruisent
les papillons ! Je dois avouer que c’est à mourir de rire !
Épilogue
Il est peut-être temps de conclure maintenant cet exposé qui, en principe, avait pour
but de rappeler ce qu’étaient les faunes des environs de Paris, avant et après la guerre de
1939-1940, et surtout avant toutes les destructions qui ont été opérées depuis. Destructions
,
à mon avis, engendrées surtout par le développement de l’urbanisme, par l’éradication des
espaces sauvages et par l’afflux de population en fin de semaine, à la faveur de la multi-
plication des véhicules à moteur. Cet envahissement tend à transformer tout ce qui était
friches, landes, bois et terrains vagues en parcs et jardins publics surfréquentés, piétinés,
semés de sacs en plastique, de restes de pique-nique et de toutes sortes d’autres détritus.
Par la force des choses, j’ai malgré tout été amené à évoquer, pour la période la plus
récente, mes contacts avec des localités extérieures à l’Île-de-France. Je constate surtout
que, indépendamment des fluctuations de la densité, suivant les années, de la faune des
Lépidoptères aux environs de Paris, les observations que j’ai évoquées n’ont enregistré
ni la diminution sensible ni, a fortiori, la disparition de certaines espèces. Peut-être, entre
40 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 40
(66) Raphy RAPPAZ (°1909 – † 1991), secrétaire du chef de la police du canton de Valais de 1932 à 1946,
lépidoptériste valaisan de renom, avait légué sa collection en 1979 au Musée d’Histoire Naturelle de Sion
(Valais). — Cf. Bros [de Puechredon] (Emmanuel), 1992. – In memoriam. Raphy RAPPAZ (1909-1991). Bulletin
romand d’Entomologie, 10 : 43-44, 1 illustr. photogr. (portrait) [G. L.].
(67) Rappaz (Raphy), 1979. — Les Papillons du Valais (Macrolépidoptères). 1-380, 5 fig. au trait, 9 pl.
photogr. coul. Raphy Rappaz édit., Martigny (Valais), Suisse [G. L.].

les années 1930 et 1940, certains sites ont paru encore plus riches qu’ils ne l’étaient entre
1940 et 1950. Saclas, par exemple, entre 1930 et 1940 — tout comme Lardy, du reste —,
c’était la pleine campagne. On n’y rencontrait aucun promeneur le dimanche. On s’y rendait
soit en automobile, soit en chemin de fer, et l’on s’y sentait à deux cents kilomètres de Paris.
À partir du moment où mes amis et moi-même avons été amenés à effectuer des
voyages entomologiques plus lointains, nous avons négligé les environs de Paris. Cela fut
le cas après 1950, plus précisément à compter de 1953 ou 1954. Aujourd’hui, il ne reste
plus grand-chose de la faune lépidoptérique de la région parisienne. Je crains que les temps
ne soient révolus…
Annexes
1. Index des noms scientifiques cités dans le texte
(avec références à la nomenclature actuelle)
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 41 41
Adscita geryon → Adscita (Adscita) geryon (Hübner,
[1813])
Adscita mannii → Adscita (Adscita) mannii (Lederer,
1853)
Adscita statices → Adscita (Adscita) statices (Linné, 1758)
Aglia tau (Linné, 1758)
Agrotis cinerea ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Agrumenia → voir Zygaena.
Amphidasis betularia → Biston betularia (Linné, 1758)
Anisopteryx aescularia → Alsophila aescularia ([Denis
& Schiffermüller], 1775)
Apatura ilia ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Apatura ilia f. clytie ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Apatura iris (Linné, 1758)
Aporia crataegi (Linné, 1758)
Araschnia levana (Linné, 1758)
Arctia hebe Linné → Eucharia festiva (Hufnagel, 1766)
Arctia maculosa → Chelis maculosa ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Arctia testudinaria → Hyphoraia testudinaria (Fourcroy,
1785)
Arctia villica → Arctia (Epicallia)villica (Linné, 1758)
Argynnis niobe → Argynnis (Fabriciana) niobe (Linné,
1758)
Argynnis niobe f. eris Meigen, [1828]
Biston hirtaria → Lycia hirtaria (Clerck, 1759)
Biston pomonaria → Lycia pomonaria (Hübner, 1790)
Biston strataria (Hufnagel, 1767)
Brenthis euphrosyne → Boloria (Clossiana) euphrosyne
(Linné, 1758)
Brenthis ino (Rottemburg, 1775)
Brephos → Archiearis Hübner, [1823]
Calamia tridens (Hufnagel, 1766)
Callimorpha dominula (Linné, 1758)
carniolica → Zygaena (Agrumenia) carniolica (Scopoli,
1763)
Catocala fulminea (Scopoli, 1763)
Chelis maculosa ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Cidaria hastata → Rheumaptera hastata (Linné, 1758)
Coenonympha arcania (Linné, 1761)
Coenonympha hero (Linné, 1761)
Coenonympha hero ×arcania (Linné, 1761)
Colias australis Verity, 1911 → Colias alfacariensis
Ribbe, 1905
Conistra vaccinii → Conistra (Conistra) vaccinii
(Linné, 1761)
coridon → Polyommatus (Lysandra) coridon (Poda, 1761)
Cossus cossus (Linné, 1758)
Cucullia lucifuga ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Cucullia lychnitis → Shargacucullia lychnitis
(Rambur, 1833)
Dasychira fascelina → Dicallomera fascelina (Linné,
1758)
duponti → Zygaena (Agrumenia) carniolica (Scopoli,
1763), forme duponti Rocci, 1921
Egira conspicillaris (Linné, 1758)
Erebia medusa ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Erebia serotina Descimon & De Lesse, 1954 → hybride
E. epiphron (Knoch, 1783) ×E. pronoe (Esper, 1780)
Eriogaster lanestris (Linné, 1758)
Euprepia cribraria → Coscinia cribraria (Linné, 1758)
Eurois prasina → Anaplectoides prasina ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Euxoa aquilina ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Euxoa cinerea → Agrotis cinerea ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
fausta → Zygaena (Agrumenia) fausta (Linné, 1767)
foulquieri → Zygaena (Agrumenia) hilaris Ochsenheimer
,
1808, forme foulquieri Ch. Oberthür, 1909
Gortyna borelii (Pierret, 1837)
graeca Staudinger, 1870 → forme de Zygaena (Agrumenia)
carniolica (Scopoli, 1763)

Grand Paon → Saturnia pyri ([Denis & Schiffermüller],
1775)
Hemaris fuciformis auct. → Hemaris tityus (Linné, 1758)
Heodes chryseis → Lycaena (Palaeochrysophanus)
hippothoe (Linné, 1761)
Heodes hippothoe → Lycaena (Palaeochrysophanus)
hippothoe (Linné, 1761)
Hespérie acteon → Thymelicus acteon (Rottemburg, 1775)
Hespérie alveus → Pyrgus alveus (Hübner, [1803])
Hespérie armoricanus → Pyrgus armoricanus Oberthür,
1910
Hespérie cirsii → Pyrgus cirsii (Rambur, [1839])
Hespérie comma → Hesperia comma (Linné, 1758)
Hespérie malvae → Pyrgus malvae (Linné, 1758)
Hespérie sylvanus → Ochlodes sylvanus (Esper, 1777)
Heteropterus morpheus (Pallas, 1771)
Hibernia marginaria → Phigaliohibernia marginaria
(Fabricius, 1777)
hispidaria → Apocheima hispidaria ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Iphiclides podalirius (Linné, 1758)
Lasiocampa potatoria → Euthrix potatoria (Linné, 1758)
Lemonia dumi (Linné, 1761)
Leucochloe daplidice → Pontia daplidice (Linné, 1758)
Leucodonta bicoloria ([Denis & Schiffermüller], 1775)
leucophaearia → Agriopis leucophaearia ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Limenitis camilla → Limenitis (Ladoga) camilla (Linné,
1764)
Limenitis populi (Linné, 1758)
Limenitis sibilla → Limenitis (Ladoga) camilla (Linné,
1764)
Limenitis sibilla f. nigrina Weymer → Limenitis (Ladoga)
camilla (Linné, 1764), f. nigrina Weymer, 1884
Luceria virens (Linné, 1767) → Calamia tridens
(Hufnagel,
1766)
lugdunensis → Zygaena (Agrumenia) fausta (Linné,
1767), forme lugdunensis Millière, 1859
Luperina nickerlii tardenota Joannis, 1925
Luperina tardenota → Luperina nickerlii tardenota
Joannis, 1925
Lycaena arion → Maculinea arion (Linné, 1758)
Lycaena baton → Pseudophilotes baton (Bergsträsser,
[1779])
Lycaena cyllarus (Rottemburg, 1775) → Glaucopsyche
alexis (Poda, 1761)
Lycaena hippothoe → Lycaena (Palaeochrysophanus)
hippothoe (Linné, 1761)
Lycaena rutilus → Heodes (Thersamolycaena) dispar
(Haworth, 1803)
Lycène argyrognomon → Plebejus argyrognomon
(Bergsträsser, [1779])
Lycène ligurica (Oberthür, 1910) → Plebejus argyro-
gnomon
(Bergsträsser, [1779])
Lycène thersites → Polyommatus thersites Cantener, 1834
Lycia hispidaria → Apocheima hispidaria ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Lymantria dispar → Lymantria (Porthetria) dispar
(Linné, 1758)
Lysandra bellargus → Polyommatus (Lysandra) bellargus
(Rottemburg, 1775)
Macrothylacia rubi (Linné, 1758)
Mamestra w-latinum → Lacanobia w-latinum
(Hufnagel, 1766)
Mars → Apatura Fabricius, 1807
Melitaea athalia → Melitaea (Mellicta) athalia
(Rottemburg, 1775)
Melitaea aurinia → Euphydryas aurinia (Rottemburg,
1775)
Melitaea cinxia → Melitaea (Melitaea) cinxia (Linné,
1758)
Melitaea dictynna → Melitaea (Melitaea) diamina
(Lang, 1789)
Melitaea didyma → Melitaea (Didymaeformia) didyma
(Esper, 1778)
Melitaea maturna → Euphydryas maturna(Linné, 1758)
Melitaea parthenoides → Melitaea (Mellicta)
parthenoides
(Keferstein, 1851)
Melitaea phoebe → Melitaea (Cinclidia) phoebe
([Denis & Schiffermüller], 1775)
Mélitée maturna → Euphydryas maturna (Linné, 1758)
Mimas tiliae (Linné, 1758)
Nemeobius lucina → Hamearis lucina (Linné, 1758)
Notodonta dromedarius (Linné, 1767)
Notodonta phoebe (Siebert, 1790) → Notodonta
tritophus ([Denis & Schiffermüller], 1775)
Notodonta trimacula → Drymonia dodonaea ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Orgyia antiqua (Linné, 1758)
Orthosia cruda → Orthosia (Monima)cruda ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Orthosia incerta → Orthosia (Orthosia) incerta
(Hufnagel, 1766)
Orthosia stabilis ([Denis & Schiffermüller], 1775)
→ Orthosia (Monima) cerasi (Fabricius, 1775)
Pamphila palaemon → Carterocephalus palaemon
(Pallas
, 1771)
Pararge achine → Lopinga achine (Scopoli, 1763)
Parasemia plantaginis (Linné, 1758)
Parnassius apollo (Linné, 1758)
pavonia → Saturnia (Eudia) pavonia (Linné, 1758)
Phigalia pedaria (Fabricius, 1787) → Phigalia pilosaria
([Denis & Schiffermüller], 1775)
Plusia modesta (Hübner, 1786) → Euchalcia modestoides
Poole, 1989
Polyploca flavicornis→ Achlya flavicornis(Linné, 1758)
pomonaria → Lycia pomonaria (Hübner, 1790)
Pontia daplidice (Linné, 1758)
Pyrgus serratulae (Rambur, [1839])
Samia cynthia (Drury, 1773)
42 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 42

Saturnia pavonia → Saturnia (Eudia) pavonia (Linné,
1758)
Saturnia pyri → Saturnia (Saturnia) pyri ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Satyre statilinus →Hipparchia (Neohipparchia) statilinus
(Hufnagel, 1766)
Satyrus arethusa →Arethusana arethusa ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Satyrus briseis → Chazara briseis (Linné, 1764)
Satyrus hermione (Linné, 1764) → Hipparchia
(Hipparchia) fagi (Scopoli, 1763)
Senta flammea (Curtis, 1828)
Sesia apiformis (Clerck, 1759)
Simyra buettneri →Sedina buettneri (Hering, 1858)
Smerinthus ocellata (Linné, 1758)
Smerinthus populi →Laothoe populi (Linné, 1758)
Sphinx bombyliformis (sensu Ochsenheimer, 1808)
→ Hemaris fuciformis (Linné, 1758)
Stilpnotia salicis → Leucoma salicis (Linné, 1758)
testudinaria → Hyphoraia testudinaria (Fourcroy, 1785)
Thanaos tages →Erynnis tages (Linné, 1758)
Thecla betulae (Linné, 1758)
Thecla ilicis →Satyrium ilicis (Esper, 1779)
Thecla ilicis f. cerri → Satyrium ilicis (Esper, 1779),
forme cerri
(Hübner, [1826])
Thecla pruni → Satyrium pruni (Linné, 1758)
Thecla quercus → Quercusia quercus (Linné, 1758)
Thecla rubi → Callophrys rubi (Linné, 1758)
Thecla w-album → Satyrium w-album (Knoch, 1782)
Trichoclea albicolon → Sideridis albicolon (Hübner,
[1813])
Vanesse levana → Araschnia levana (Linné, 1758)
versicolor Schrank, 1801 → Endromis versicolora
(Linné, 1758)
Zygaena achilleae → Zygaena (Zygaena) loti ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Zygaena carniolica → Zygaena (Agrumenia) carniolica
(Scopoli, 1763)
Zygaena diaphana → Zygaena (Mesembrynus) minos
([Denis & Schiffermüller], 1775)
Zygaena ephialtes → Zygaena (Zygaena) ephialtes
(Linné, 1767)
Zygaena ephialtes f. athamantae (Esper, 1789)
Zygaena exulans → Zygaena (Zygaena) exulans
(Hochenwarth, 1792)
Zygaena fausta → Zygaena (Agrumenia) fausta (Linné,
1767)
Zygaena filipendulae → Zygaena (Zygaena) filipendulae
(Linné, 1758)
Zygaena hilaris → Zygaena (Agrumenia) hilaris
Ochsenheimer, 1808
Zygaena hippocrepidis → Zygaena (Zygaena) hippo -
crepidis
(Hübner, [1799])
Zygaena lonicerae → Zygaena (Zygaena) lonicerae
(Scheven, 1777)
Zygaena loti → Zygaena (Zygaena) loti ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Zygaena meliloti → Zygaena (Zygaena) viciae ([Denis
& Schiffermüller], 1775)
Zygaena minos → Zygaena (Mesembrynus) minos
([Denis & Schiffermüller], 1775)
Zygaena pilosellae → Zygaena (Mesembrynus)
purpuralis
(Brünnich, 1763)
Zygaena purpuralis → Zygaena (Mesembrynus)
purpuralis (Brünnich, 1763)
Zygaena viciae → Zygaena (Zygaena) viciae ([Denis &
Schiffermüller], 1775)
Achères (78). Localité située dans le nord de
la forêt de Saint-Germain-en-Laye.
Albarracín → Sierra de Albarracín.
allée du Puits-du-Roi. Grande laye en forêt de
Compiègne (60).
Anet (28). Commune située au sud d’Ivry-la-
Bataille (27) et au nord-est de Dreux (27).
Angoulême (17).
Antony (92).
aqueduc de Thomery. Portion de l’aqueduc de la
Voulzie, franchissant la Seine à Thomery (77).
Aragón. Communauté autonome du nord-est
de l’Espagne, regroupant les provinces de Huesca,
Saragosse et Teruel.
Armainvilliers → forêt d’Armainvilliers.
Arpajon (91).
Artondu. Lieu-dit s’étendant sur les communes
d’Ormoy-la-Rivière et de Boissy-la-Rivière (91),
abritant de belles pelouses calcaricoles.
Beaujolais. Région géographique située au
nord de Lyon (69), partagée entre les départements de
la Saône-et-Loire (71) et du Rhône (69).
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 43 43
2. Index des localités citées dans le texte
Les nombres placés entre parenthèses après les noms de lieux se réfèrent aux numéros
minéralogiques des départements auxquels se rattachent les localités citées. Les toponymes
d’usage courant ne sont assortis d’aucun commentaire.

44 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 44
Beauvais (60).
bois d’Ozoir. Partie de la forêt d’Armainvilliers
(77) située à proximité d’Ozoir-la-Ferrière.
bois de Boulogne. Dépendait jadis du département
de la Seine ; de nos jours rattaché à la commune de
Paris (75).
Bois-le-Roi (77). Commune limitrophe de la forêt
de Fontainebleau, dans le nord du massif.
Boissy-la-Rivière (91). Commune de la haute vallée
de la Juine
Boissy-le-Cutté (91). Village situé sur la route
d’Étampes à La Ferté-Alais.
Bondy (93). Commune du nord-est de Paris,
traversée par le canal de l’Ourcq
bords de la Seine, à la Tour Eiffel (75). Dans
le 7earrondissement de Paris.
Bouray (91). Bouray-sur-Juine, village de la basse
vallée de la Juine.
Boutigny (91) → Boutigny-sur-Essonne
Boutigny-sur-Essonne (91). Commune de la vallée
de l’Essonne.
Buisson de Massoury (77). Massif forestier situé
sur les communes de Livry-sur-Seine, Chartrettes et
Fontaine-le-Port.
canal de l’Ourcq. Canal pénétrant à Paris par
le nord-est, dont les rives étaient jadis prospectées
par les entomologistes essentiellement dans le secteur
de l’ancienne forêt de Bondy (93).
carrefour du Puits-du-Roi. Carrefour situé en
forêt de Compiègne (60).
Chalautre-la-Reposte (77). Hameau de la commune
de Gurcy-le-Châtel, à l’ouest de Donnemarie-Dontilly.
Chamarande (91). Village de la haute vallée de
la Juine, jouxtant Lardy.
champ de tir (77). Au sud-ouest de Fontainebleau
,
domaine de l’Armée s’étendant d’ouest en est, au nord
de l’aqueduc de la Vanne et du rocher de la Salamandre
,
depuis la Route Ronde jusqu’au Petit Mont-Chauvet
(des actuelles parcelles 137 à 51).
château de Pierreux. Sur la commune d’Odenas
(69).
Choisy-le-Roi (94).
col de Buffère (2 427 m). Situé au sud-ouest de
Névache (05).
col de Cristol (2 531 m). Aussi dénommé « Porte
de Cristol ». Situé au sud de Névache (05).
col de l’Albula (2 312 m). En Suisse, dans le canton
des Grisons, sur la route de Thusis à La Punt.
col du Julier (2 284 m). En Suisse, dans le canton
des Grisons, sur la route de Tiefencastel à Silvaplana.
col du Lautaret (2 058 m). Sur la route du Bourg-
d’Oisans (38) à Briançon (05).
col du Simplon (2 008 m). En Suisse, dans le canton
de Valais, sur la route de Brigue (Suisse) à Stresa (Italie).
Compiègne (60).
Conflans-Sainte-Honorine (78).
Côte des Deux-Amants. Sur la commune
d’Amfreville-sous-les-Monts
(27).
coteaux de l’Eure → Côte des Deux-Amants
.
coteaux de la Seine (27) → Côte des Deux-Amants.
Courtenay (45).
Coye-la-Forêt (60). Commune de la forêt de
Chantilly.
Créteil (94).
Créteil-Front-de-Lac (94). L’un des actuels
quartiers de la ville de Créteil, édifié sur l’emplacement
des anciennes ballastières.
D’Huison → D’Huison-Longueville.
D’Huison-Longueville (91). Commune de la vallée
de l’Essonne.
Dompierre-sur-Mer (17).
Donnemarie-en-Montois (77). Ancienne commune
de la Seine-et-Marne, fusionnée en 1967 avec la commune
adjacente de Dontilly sous le nom de Donnemarie-
Dontilly.
Epte. Rivière marquant la limite, près de son
confluent avec la Seine, entre les départements de
l’Eure et des Yvelines.
Essonne. Rivière prenant sa source dans le Loiret
(45) et se jetant dans la Seine à Corbeil-Essonnes (91)
après avoir traversé le Gâtinais.
étangs de la Reine Blanche. Étangs de la vallée
de la Thève, jouxtant le château de la Reine Blanche,
sur la commune de Coye-la-Forêt (60).
étangs de Saint-Hubert (78). Étangs situés en forêt
de Rambouillet, entre Les Bréviaires et Les Essarts-le-Roi.
Évreux (27).
Fontainebleau (77). Ce toponyme, dans les
anciennes relations d’excursions entomologiques,
désigne en général l’ensemble de la forêt éponyme.
forêt d’Armainvilliers (77). Massif forestier s’éten -
dant
sur les communes de Roissy-en-Brie, Pontcarré,
Favières, Tournan-en-Brie, Gretz-Armainvilliers et
Ozoir-la-Ferrière.
forêt de Bondy (93 et 77). Ancien massif forestier
situé au nord-est de Paris, qui couvrait toujours près de
2 700 hectares en 1756, encore partagée en 1890 entre
les actuelles communes de Bondy, des Pavillons-sous-
Bois, d’Aulnay-sous-Bois, de Livry-Gargan, Sevran,
Villepinte, du Tremblay-en-France, de Vaujours, Coubron
,
Courtry, Montfermeil, Clichy-sous-Bois, Gagny,
Neuilly-sur-Marne, Neuilly-Plaisance, Rosny-sous-
Bois, Villemomble et du Raincy. De nos jours, il n’en
reste plus que d’infimes vestiges.
forêt de Carnelle (95). Massif forestier situé au
nord de Paris, partagé entre les communes de Presles,
Nointel, Beaumont-sur-Oise, Noisy-sur-Oise, Asnières-
sur-Oise, Viarmes et Saint-Martin-du-Tertre.
forêt de Chantilly (60). Grand massif forestier isarien
situé au sud de Senlis, entre Chantilly et Ermenonville.

forêt de Compiègne (60). Grand massif forestier
isarien situé à l’est de Compiègne.
forêt de Coye (60). Secteur de la forêt de Chantilly
s’étendant entre Coye-la-Forêt et Orry-la-Ville.
forêt de Crécy (77). Massif forestier situé à l’est
de la forêt d’Armainvilliers, s’étendant entre Villeneuve-
le-Comte et Pézarches.
forêt de Fontainebleau (77). Le plus grand massif
forestier d’Île-de-France, couvrant près de 25 000 hectares
,
s’étendant sur Fontainebleau et dix-huit communes
adjacentes.
forêt de Marly (78). Massif forestier situé à l’ouest
de Paris, s’étendant entre Aigremont, Feucherolles et
Louveciennes.
forêt de Mormal (59). Le plus grand massif forestier
du département du Nord, situé sur la commune de
Locquignol, au sud-ouest de Maubeuge.
forêt de Saint-Germain (78). Massif forestier situé
au nord-ouest de Paris, s’étendant sur la commune de
Saint-Germain-en-Laye, entre Chambourcy, Poissy,
Achères, Conflans-Sainte-Honorine, Herblay, Maisons-
Laffitte et Le Vésinet.
friche de Lardy (91). Pelouse sèche du coteau
calcaire surplombant Lardy au nord-ouest.
friches d’Achères (78). Pelouses calcaricoles ou
calcaro-arénicoles situées dans le nord de la forêt de
Saint-Germain, à proximité de la commune d’Achères.
Gémenos (13). Village situé à l’est de Marseille, au
pied de la Sainte-Baume, au débouché du vallon de
Saint-Pons.
Gisors (27).
Gretz (77). Plus précisément, Gretz-Armainvilliers,
village situé en lisière sud de la forêt d’Armainvilliers.
Grisons. Canton du sud-est de la Suisse, frontalier
du Liechtenstein, de l’Autriche et de l’Italie.
Guise (02). Village situé entre Saint-Quentin et
Vervins.
Janville-sur-Juine (91). Village de la basse vallée
de la Juine, limitrophe de Lardy.
Jouy-en-Josas (78). Commune de la vallée de
la Bièvre, située au sud-est de Versailles.
Juine. Rivière prenant sa source dans le Loiret,
arrosant Étampes (91) et se jetant dans l’Essonne en
limite des communes d’Itteville et de Vert-le-Petit (91).
L’Argentière-la-Bessée (05). Commune située
au sud de Briançon, au confluent de la Gyronde et de
la Durance.
La Ferté-Alais (91). Commune du centre-est du
département de l’Essonne, arrosée par la rivière
Essonne.
La Malvoisine (77). Petit massif forestier situé à
l’est de la forêt de Crécy, au sud de Faremoutiers, entre
Hautefeuille et Mauperthuis.
Laon (02).
Lardy (91). Village de la basse vallée de la Juine,
situé entre Étampes et Arpajon.
Lautaret → col du Lautaret.
Le Lautaret → col du Lautaret.
Le Monêtier-les-Bains (05). Commune des Hautes-
Alpes
abritant les cols du Lautaret et du Galibier.
Le Raincy (93). Commune qui s’est développée au
XVIIIesiècle aux dépens de l’ancienne forêt de Bondy,
de nos jours entièrement urbanisée.
Longpont (02). Village situé au sud-ouest de
Soissons, célèbre pour abriter les ruines d’une abbaye
cistercienne.
Lyon (69).
Maincourt-sur-Yvette (78). Ancienne commune
des Yvelines, en vallée de Chevreuse, fusionnée en 1974
avec la commune limitrophe de Dampierre sous le nom
de Dampierre-en-Yvelines.
maison forestière des Trois-Mares (77). En forêt
d’Armainvilliers, à l’est d’Ozoir-la-Ferrière, à l’inter-
section de la route Royale, de la route du Fossé-Rouge
et de la route de la Parenterie.
Maisons-Laffitte (78). Commune située en lisière
est de la forêt de Saint-Germain.
Maisse (91). Commune de la haute vallée de
l’Essonne, située à l’ouest de Milly-la-Forêt.
Malakoff (92). Commune limitrophe de Paris,
située au sud-ouest de celle-ci.
Malesherbes (45). Commune limitrophe de la Seine-
et-Marne (77), située entre Étampes (91) et Pithiviers (45).
marais de Comelle (60). Marais de la vallée de
la Thève, s’étendant au nord-est de Coye-la-Forêt.
marais de Saclas → marais des Marvaux.
marais des Marvaux (91). Marais situé au nord-est
de Saclas, en bordure de la Juine, sur la commune de
Saint-Cyr-la-Rivière, improprement dénommé « marais
de Saclas » par les anciens entomologistes.
Melun (77).
Mesnil-Voisin (91). Grand parc situé sur la commune
de Bouray-sur-Juine, de nos jours occupé par le Centre
Technique d’Essais de la Régie Renault.
Meudon (92). Commune située au sud-ouest de
Paris, de nos jours entièrement urbanisée.
Mont-Cindre (69). Relief (470 m) situé sur la
commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, au nord-ouest
de Lyon.
Montlhéry (91). Commune du nord de l’Essonne,
située sur la route de Paris à Orléans (N 20).
Moret-sur-Loing (77). Village situé en lisière sud-
est de la forêt de Fontainebleau.
Nesles-la-Vallée (95). Village de la vallée du
Sausseron
, situé au nord-ouest de Parmain et de L’Isle-
Adam.
Odenas (69). Village du Beaujolais, situé au sud-
ouest de Belleville-sur-Saône, au pied du mont Brouilly.
Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 45 45

Orgemont (91). Lieu-dit de la commune de Cerny,
sur la route de Janville-sur-Juine à Boissy-le-Cutté
Ormoy-la-Rivière (91). Village de la haute vallée
de la Juine, situé au sud d’Étampes.
Orry-la-Ville (60). Commune située en forêt de
Coye, au sud-est de Chantilly.
Ozoir → Ozoir-la-Ferrière.
Ozoir-la-Ferrière (77). Commune située en forêt
d’Armainvilliers, au nord-ouest de Gretz-Armainvilliers.
Paris (75). VIIIeet XVIIearrondissements.
Persan-Beaumont (95). Nom de la gare desservant
les communes de Persan et de Beaumont-sur-Oise, sur
la ligne de Paris à Beauvais.
Pierreux (69). Lieu-dit de la commune d’Odenas,
abritant un château qui appartenait à Madame
DE TOULGOËT.
plateau de la Fontaine-Sucrée(91). Plateau situé
sur la commune de D’Huison-Longueville, dominant
les cressonnières de la Fontaine-Sucrée (route de
Malesherbes, D 449).
plateau de la Tourette (16). Situé au sud-ouest
d’Angoulême, sur la commune de La Couronne, et de
nos jours occupé par un hippodrome.
plateau du Bulou (91). Sur la commune de
D’Huison-Longueville ; correspond peut-être au plateau
de la Fontaine-Sucrée cité par Gilbert VARIN.
Pontoise (95).
Porté (66). Village situé au sud du col de Puymorens
,
à l’est de la Principauté d’Andorre, et dénommé de nos
jours Porté-Puymorens.
Puisieux-et-Clanlieu (02). Village situé au sud-est
de Guise.
Puits-du-Roi (allée du) → allée du Puits-du-Roi.
Puits-du-Roi (carrefour du) → carrefour du
Puits-du-Roi.
Rambouillet (78).
Rouen (76).
Rungis (94). Commune située au sud de Paris, limi-
trophe de l’aéroport d’Orly, de nos jours entièrement
urbanisée.
Saclas (91). Village de la haute vallée de la Juine,
haut-lieu de l’entomologie dès le début du XXesiècle.
Saint-Cyr-la-Rivière (91). Commune limitrophe
de Saclas, dont elle héberge la gare, ce qui conduisit les
anciens entomologistes à étiqueter leur matériel
« Saclas », alors qu’il avait souvent été récolté sur la
commune de Saint-Cyr-la-Rivière.
Saint-Pons (13). Vallon situé sur la commune de
Gémenos, à l’est du village.
Seine → bords de la Seine, coteaux de la Seine
Sierra de Albarracín. Chaîne de montagnes
aragonaise, dans la province de Teruel (Espagne).
Soissons (02).
Sologne. Région forestière chevauchant les dépar-
tements du Cher, du Loiret et du Loir-et-Cher, dans
laquelle Hervé DE TOULGOËT a prospecté notamment
à Millançay et à La Ferté-Beauharnais.
Thève (60). Petite rivière se jetant dans l’Oise
après avoir traversé la forêt de Chantilly, où elle forme
les étangs de Comelle, à Coye-la-Forêt.
Thomery (77). Commune située en lisière est de
la forêt de Fontainebleau.
Tour Eiffel → bords de la Seine.
Trois-Mares (maison forestière des) → maison
forestière des Trois-Mares.
Valais. Canton du sud-ouest de la Suisse, limitrophe
de la Haute-Savoie.
Valjouan (77). Hameau de la commune de
Villeneuve-les-Bordes, à l’ouest de Donnemarie-
Dontilly.
vallée de Chevreuse (78). Nom donné à la vallée
de l’Yvette en amont de Saint-Rémy-lès-Chevreuse.
vallée de l’Epte (27). Prospectée essentiellement
dans le secteur de la Côte des Deux-Amants.
vallée de l’Essonne (91). Voir Boutigny-sur-
Essonne, D’Huison-Longueville, La Ferté-Alais,
Maisse et Malesherbes.
vallée de l’Eure (27). Voir Anet.
vallée de la Durance (05). Voir L’Argentière-la-
Bessée.
vallée de la Juine (91). Voir Artondu, Boissy-
la-Rivière, Bouray-sur-Juine, Chamarande, Janville-
sur-Juine, Lardy, Mesnil-Voisin, Orgemont, Ormoy-
la-Rivière, Saclas, Saint-Cyr-la-Rivière.
vallée du Loing (77). Voir Moret-sur-Loing.
vallée du Rhône (Suisse, Valais).
Vernon (27).
viaduc de Comelle (60). En forêt de Coye, ancien
viaduc qui franchissait les marais de la vallée de
la Thève, à Coye-la-Forêt.
Villefranche-sur-Saône (69).
Villers-Allerand (51).
Villers-Cotterêts (02).
46 Alexanor, 24 (1), 2009 (2010) : 46

Fondateur : Jean BOURGOGNE †
Directeur : Gérard Chr. LUQUET
Rédacteur en chef : Antoine LÉVÊQUE
Trésorier : Xavier LESIEUR
Comité de rédaction : Henri-Jérôme BERTIN (supervision des textes d’origine russe), Franck
FAUCHEUX (cartographie), Barry GOATER et Terence HOLLINGWORTH (super vision des textes
en anglais), Christian JACQUARD (réalisation des maquettes), Xavier LESIEUR (illustrations),
Wolfgang SPEIDEL (supervision des textes en allemand).
Comité de lecture : Frédéric ARCHAUX (écologie), Jérôme BARBUT (Noctuoidea),
Roland
ESSAYAN, Christian GIBEAUX, Patrice LERAUT, Jacques NEL (Microlépidoptères),
Claude
TAUTEL (Geometridae).
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L’Écaille brune, aussi dénommée la Matrone, Pericallia matronula (Linnaeus, 1758),
espèce protégée. France, Vanvey (Côte-d’Or), le 24 mai 2009. Cliché : © Roland ESSAYAN.
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de chaque année ; le réabonnement s’effectue par tacite reconduction.
Pour nous joindre par courriel : ALEXANOR.RFL@gmail.com
(Suite de la page 4)
Lalanne-Cassou (Christian) et Lalanne-Cassou (Bernard). Similitude entre deux aberrations
insolites d’Erebia medusa et de Phragmatobia fuliginosa (Nymphalidae Satyrinae et
Erebidae Arctiinae) ..................................................................................................................
Laleu (Benoît). Observation de Danaus plexippus L. à Épernon (Eure-et-Loir) (Lepidoptera
Nymphalidae Danainae) ..........................................................................................................
Laleu (Benoît). Capture de Stegania cararia Hb. en terrain argileux dans l’extrême nord du
Périgord (Lepidoptera Geometridae Ennominae) ...................................................................
Laleu (Benoît). Sur la disparition d’une petite colonie de Maculinea arion L. à Faux-la-Montagne
(Creuse) (Lepidoptera Lycaenidae Polyommatinae) ...............................................................
Leraut (Guillaume H. C.). Note de terrain relative à Brachodes pumila (Ochsenheimer, 1808)
dans le Sud-Est français (Lepidoptera Cossoidea Brachodidae) ............................................
Leraut (Patrice). Lépidoptères récemment observés dans les jardins du Muséum National
d’Histoire Naturelle de Paris (Insecta Lepidoptera) ...............................................................
Lévêque (Antoine). Nouvelles observations de la Bacchante, Lopinga achine (Scopoli, 1763),
dans le département de l’Indre-et-Loire (Lepidoptera Nymphalidae Satyrinae) ....................
Lévêque (Antoine), Chatard (Patrice), Faucheux (Franck), Bichaud (Michèle) et Renaud
(Christophe). Observations dans le Cher de quelques Papillons localisés ou rarement cités
en région Centre (seconde partie : Rhopalocères) (Lepidoptera : Hesperiidae, Riodinidae,
Lycaenidae et Nymphalidae) ...................................................................................................
Lévêque (Antoine) et Luquet (Gérard Chr.). Découverte de Scopula (Calothysanis) rufomixtaria
(Graslin, 1863) dans le Jura, espèce nouvelle pour la région Franche-Comté (Lepidoptera
Geometridae Sterrhinae) ..........................................................................................................
Longiéras (Antoine). Observation à Digne-les-Bains d’un sujet intersexué d’Anthocharis
cardamines (L.) (Lepidoptera Pieridae) ..................................................................................
Luquet (Gérard Chr.). Observations préliminaires à la publication de quelques souvenirs
d’Hervé DE TOULGOËT (°1911 – † 2009) .................................................................................
Luquet (Gérard Chr.). À propos d’un curieux exemplaire mâle de Zygaena viciae (D. & S.,
1775) recueilli dans le département du Jura (Lepidoptera Zygaenidae Zygaeninae) .............
Luquet (Gérard Chr.). Observations de Cydalima perspectalis (Walker, 1859) à Poligny (Jura)
et à Arcueil (Val-de-Marne) (Lepidoptera Crambidae Spilomelinae) .....................................
Luquet (Gérard Chr.). Observations et réflexions à propos de la régression du Gazé, Aporia
crataegi (Linné, 1758) (Lepidoptera Pieridae Pierinae) .........................................................
Luquet (Gérard Chr.). Découverte de la Piéride de l’Ibéride, Pieris mannii (Mayer, 1851),
à Poligny (département du Jura) (Lepidoptera Pieridae Pierinae) ..........................................
Luquet (Gérard Chr.). Observations récentes de Lopinga achine (Scopoli, 1763) dans le dépar-
tement de l’Yonne (Lepidoptera Nymphalidae Satyrinae) ......................................................
Nel (Jacques). Recension .................................................................................................................
• Giorgio BALDIZZONE, Carlo CABELLA, Faustino FIORI e Pier Giuseppe VARALDA, 2013.
— I Lepidotteri del Parco Naturale delle Capanne di Marcarolo .................................
Robin (Noam). Première mention pour la région Centre d’Apopestes spectrum (Esper, 1787)
(Lepidoptera Erebidae Erebinae) .............................................................................................
Tautel (Claude). Un nouvel Udea corse : Udea lerautalis n. sp. (Lepidoptera Pyraloidea
Crambidae) ..............................................................................................................................
Toulgoët (Hervé de) (†). Les temps ne sont plus ! (Insecta Lepidoptera) ......................................
La Direction. Éditorial .....................................................................................................................
249
52
127
184
194
71
176
199
131
230
3
67
150
167
195
242
191
191
233
235
9
2

ALEXANOR
Revue française de Lépidoptérologie
Tome 26 janvier à décembre 2013 Fasc. 1 à 4
Sommaire
Chatard (Patrice). Note d’élevage à propos d’Ethmia bipunctella (Fabricius, 1775) (Lepidoptera
Elachistidae Ethmiinae) ...........................................................................................................
Chatard (Patrice). Données complémentaires sur Cedestis gysseleniella (Zeller, 1839)
(Lepidoptera Yponomeutidae Yponomeutinae) .......................................................................
Chevillon (Aurélie), Faucheux (Franck) et Lévêque (Antoine). Observation dans le Loiret de
deux Géomètres rarement signalées en région Centre (Lepidoptera Geometridae : Sterrhinae
et Ennominae) ..........................................................................................................................
Decreus (Patrick), Lantz (Marie-André) et Brink (Sylvie van den). Redécouverte de Glaucopsyche
alexis (Poda, 1761) en Seine-Saint-Denis (Lepidoptera Lycaenidae Polyommatinae) ..........
Détrée (Jérémy). L’utilisation des talus ferroviaires comme habitats de substitution par certains
Lépidoptères : cas de Zygaena ephialtes (L., 1767) (Lepidoptera Zygaenidae Zygaeninae)..
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• LAFRANCHIS (Tristan), 2014. — Papillons de France. Guide de détermination des Papillons
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Essayan (Roland). Inventaire des Lépidoptères nocturnes observés en périphérie de la ville de
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Fournier (François). Confirmation de la présence de Pieris mannii (Mayer, 1851) dans le département
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Tome 26 – Fasc. 1 à 4 (2013) ALEXANOR
Tome 26 janvier - décembre 2013 Fasc. 1 à 4
Revue française de Lépidoptérologie
(Publication trimestrielle)
45, rue Buffon F-75005 PARIS
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