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Grâce aux données Météo-France de la station de Mérignac, nous avons vérifié de manière objective que le réchauffement climatique observé globalement au niveau mondial est aussi une réalité en Gironde. Par exemple, l'augmentation de la température moyenne annuelle mesurée à Mérignac est de 1,3°C entre la période avant 1960 et celle après 2008, donc plus importante que celle observée au niveau mondial. Nous avons aussi mis en évidence la variation d'autres paramètres climatiques comme le régime des vents, les précipitations, l'humidité relative et la durée d'insolation.
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L’évolution du climat à Bordeaux entre 1921 et 2018.
Michel Dobrijevic et Morgane Lendrin
Résumé
Grâce aux données Météo-France de la station de Mérignac, nous avons vérifié de manière
objective que le réchauffement climatique observé globalement au niveau mondial est aussi une
réalité en Gironde. Par exemple, l’augmentation de la température moyenne annuelle mesurée
à Mérignac est de 1,3C entre la période avant 1960 et celle après 2008, donc plus importante
que celle observée au niveau mondial. Nous avons aussi mis en évidence la variation d’autres
paramètres climatiques comme le régime des vents, les précipitations, l’humidité relative et la
durée d’insolation.
1 Introduction
Tous les ans, les annonces sur le réchauffement climatique au niveau mondial sont de plus en
plus inquiétantes. En 2018, un rapport de la NASA faisait état du fait que 18 des 19 années les
plus chaudes ont eu lieu depuis 2000. La Figure 1 montre l’évolution de la température annuelle
au niveau mondial1. On voit clairement que les 20 dernières années sont plus chaudes que la
moyenne calculée entre 1981 et 2010. Si on prend l’année 1975 comme référence, il semblerait que
l’accroissement suit une loi linéaire, mais il n’est pas exclu d’après ce graphique que l’augmen-
tation soit en fait exponentielle, ce qui serait le signe d’un emballement (avec des conséquences
dramatiques à court terme).
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC 2)
fait état d’une augmentation de la température globale entre 0,8C et 1,2C par rapport à l’ère
pré-industriel qui pourrait atteindre 1,5C entre 2030 et 2052. 3
Ce changement climatique global a des répercussions différentes selon les pays comme on peut
le voir sur la Figure 2. On remarque que l’Europe a connu en 2018 un record de température.
En Gironde, notre vécu donne l’impression que les périodes ensoleillées sont de plus en plus
longues, les étés plus chauds, les hivers plus doux, les tempêtes plus nombreuses. Cependant, nos
impressions nous jouent souvent des tours et rien ne vaut l’analyse de données réelles et sérieuses
pour déterminer si le changement climatique mesuré au niveau mondial est significativement
visible en Gironde. De plus, il est intéressant de savoir si les effets locaux sont plus (ou moins)
Enseignant-chercheur en astrophysique à l’Université de Bordeaux.
Etudiante en Licence de Physique à l’Université de Bordeaux.
1. (https ://global-climat.com/2019/01/13/2018-4e-annee-la-plus-chaude-sur-terre-dapres-ncep-ncar-et-
ecmwf/)
2. En anglais IPCC pour Intergovernmental Panel on Climate Change.
3. IPCC, 2018 : Summary for Policymakers. In : Global Warming of 1.5C. An IPCC Special Report on the
impacts of global warming of 1.5C above pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways,
in the context of strengthening the global response to the threat of climate change, sustainable development, and
efforts to eradicate poverty [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, H.-O. Pörtner, D. Roberts, J. Skea, P.R. Shukla,
A. Pirani, W. Moufouma-Okia, C. Péan, R. Pidcock, S. Connors, J.B.R. Matthews, Y. Chen, X. Zhou, M.I.
Gomis, E. Lonnoy, T. Maycock, M. Tignor, and T. Waterfield (eds.)]. World Meteorological Organization, Geneva,
Switzerland, 32 pp.
1
Figure 1 – Evolution de la température annuelle (en C) au niveau mondial entre 1948 et 2018 par rapport
à la moyenne 1981-2010 (trait noir). D’après NCEP-NCAR (site consulté en février 2019). On note que la
température a augmenté d’environ 0,8C sur cette période.
accentués qu’au niveau mondial. Par exemple, sur la Figure 1 on remarque que la température
entre 1960 et 2018 a augmenté d’environ 0,8C. Qu’en est-il en Gironde ?
Pour étudier le changement climatique en Gironde, nous nous sommes appuyé sur les données
de Météo-France mesurées à la station de Mérignac depuis 1921. Après une brève présentation
de ces données, nous présentons les tendances pour plusieurs paramètres physiques représentatifs
des variations météorologiques comme la température, les précipitations, la durée d’insolation, le
vent et l’humidité relative.
Ce travail a, en partie, fait l’objet d’un projet étudiant de Licence 2 de Morgane Lendrin
encadré par Michel Dobrijevic (Université de Bordeaux).
2 Les données Météo-France de la station de Mérignac
Voici quelques informations sur la station de Mérignac (Gironde) et les données recueillies.
Les coordonnées de la station de Mérignac sont : latitude 4449’48" N et longitude 041’24" W.
Les données Météo-France concernent la période du 1er janvier 1921 0h :00 au 31 décembre 2018
23h :00. Ces données Météo-France concernent plusieurs paramètres physiques météorologiques
qui caractérisent la météorologie locale.
Il n’est pas possible de faire des moyennes journalières pour certains des paramètres sur
l’ensemble de la période entre 1921 et 2018 car il manque plusieurs données au cours de la
journée, notamment pour les mesures avant la seconde guerre mondiale. Pendant la seconde
guerre mondiale, les données météorologiques ne sont pas fournies. La qualité des données est
précisée pour l’ensemble de la période entre 1921 et 2018 et nous avons privilégié les données
validées et conformes.
Dans toute cette étude, sauf dans des cas particuliers qui seront mentionnés, nous avons choisi
deux périodes de références. La première s’étend de 1921 à 1960 et la seconde après 2008. Ce
choix est basé sur les résultats de l’évolution de la température mondiale. La première période
couvre près de 40 années et la moyenne est donc représentative. La seconde période ne couvre
2
Figure 2 – Température moyenne en 2018. Dans les régions rouges les plus foncées, la température moyenne
était largement au-dessus de la moyenne des années précédentes.
que 10 années et la représentativité de la moyenne est donc discutable. Cependant, compte-tenu
des tendances observées à l’échelle mondiale (et l’échelle européenne), nous allons considérer
que la moyenne sur cette période est représentative de la tendance actuelle (voir la Figure 1).
Nous avons d’ailleurs vérifié a posteriori que les résultats étaient identiques (pour la température
notamment) en considérant les 20 dernières années, en accord donc avec la tendance observée au
niveau mondial. L’accent est cependant donné sur les 10 dernières années pour mettre un éventuel
effet d’augmentation supplémentaire en exergue.
Dans la suite, les différents paramètres mesurés par Météo-France et que nous avons utilisés
sont explicités à partir du glossaire de Météo-France4.
Température. Pour la température, les données mesurées sous abri correspondent aux heures
suivantes : 0h, 3h, 6h, 9h, 12h, 15h, 18h, 21h (heures UTC : Coordinated Universal Time). Sur
l’ensemble des 286352 mesures possibles, 224169 données nous ont été fournies et 215359 sont
considérées comme validées par Météo-France. Ce sont ces données que nous avons retenues pour
faire notre analyse.
Précipitations. Les mesures de précipitation sont données quotidiennement depuis 1921 jus-
qu’en 2018, ce qui correspond en théorie à 35794 valeurs possibles. Météo-France nous a fourni
34031 données parmi lesquelles nous avons gardé les 33848 valeurs validées. La mesure est effec-
tuée à l’aide d’un pluviomètre.
Durée d’insolation. La durée d’insolation est définie comme le temps durant lequel l’éclaire-
ment énergétique du rayonnement solaire direct dépasse un seuil fixé à 120 W.m2. Dit autrement,
c’est la durée quotidienne en minutes pendant laquelle le rayonnement solaire direct est d’une
intensité suffisante pour produire des ombres distinctes, mesurée avec un héliographe.
4. http ://www.meteofrance.fr/publications/glossaire/a
3
Le vent instantané. Le vent instantané est fourni par les mesures qu’effectue un anémomètre
au cours de très brefs intervalles de temps successifs (une fois toutes les demi-secondes, par
exemple). Ainsi, on a accès au vent instantané maximal d’une journée et de l’heure d’occurence
de ce vent. Remarque : on passe de la vitesse du vent donnée en m/s en km/h en multipliant par
3,6.
L’humidité relative. L’humidité relative (appelée aussi "degré hygrométrique" ) est une ca-
ractéristique quantitative de l’humidité de l’air. Cette quantité peut varier théoriquement de la
valeur 0 pour un air parfaitement sec (que l’on ne trouve en fait jamais) à la valeur 100 (pour un
air où, en principe, se déclenche le processus de condensation de la vapeur d’eau contenue dans
la parcelle d’air). Plus cette quantité est importante, plus il y a de vapeur d’eau dans l’air.
3 L’évolution de la température
Nous allons commencer par montrer l’évolution de la température à Bordeaux entre 1921 et
2018 de différentes manières. Nous avons analysé la température moyenne annuelle et mensuelle,
ainsi que les extréma de température.
3.1 La température moyenne annuelle
Pour obtenir la température moyenne annuelle, nous avons retenu la mesure de la température
à 18h tous les jours (heure de la journée pour laquelle l’échantillon est quasi complet entre 1921 et
2018). A partir de ces mesures, nous avons calculé la moyenne et son écart-type pour chaque année.
L’écart-type donne une idée de la dispersion des valeurs autour de la moyenne et permet donc de
comparer deux valeurs moyennes. En particulier, deux valeurs moyennes seront significativement
différentes si, en tenant compte de leur écart-type, la différence des deux valeurs est différente de
zéro (pour simplifier).
On remarque sur la Figure 3 qu’il y a parfois de fortes fluctuations d’une année sur l’autre.
On voit aussi des périodes de quelques années où la température moyenne évolue peu. Ce com-
portement est typique des données météorologiques. Il n’y a rien de remarquables sur ce point
mais cela montre qu’il est nécessaire de faire des moyennes sur plusieurs années pour avoir un
résultat significatif. Ce qui est remarquable c’est l’évolution de la moyenne sur plusieurs années.
Entre 1921 et 1960 (et jusqu’en 1990 en fait), la moyenne des températures moyennes annuelles
est de (14,6 ±0,6)C. Entre 2008 et 2018, la moyenne est sensiblement différente puisqu’elle
est de (15,9 ±0,6)C (cette valeur est identique si on commence en 1996). Si on compare ces
valeurs entre elles et avec la moyenne sur l’ensemble de la période (15,0 ±0,9)C, on voit que
ces 10 dernières années la température a augmenté de 1,3C par rapport à la première période
de référence (jusqu’en 1960). En fait, cette augmentation est notable depuis 1995 environ. Les 20
dernières années ont été toutes plus chaudes que pendant la période de 1921 à 1990 environ.
Un autre point retient l’attention, c’est la moyenne sur les 5 dernières années (2014 à 2018).
Elle est de 16,3C, ce qui suggère une augmentation plus importante que lors des 20 dernières
années. Cependant, cette tendance n’est peut-être pas significative (on remarque d’autres séries
de 5 années consécutives où les moyennes évoluent peu) et il faudra attendre les prochaines années
pour vérifier qu’elle se confirme.
3.2 La température moyenne mensuelle
Comparons dans un premier temps la température moyenne mensuelle calculée pour diffé-
rentes années. La Figure 4 montre l’évolution mensuelle pour 3 années. On remarque qu’il y a de
fortes disparités pour certains mois même lorsque la température moyenne de l’année est la même
4
Figure 3 – Evolution de la température moyenne annuelle (mesures prises tous les jours à 18h) en fonction de
l’année. Pour chaque période, la moyenne et l’écart-type de la période sont données. Ces 10 dernières années
la température a augmenté de 1,3C par rapport à la première période de référence.
(comme en 2014 et 2018). Nous avons ensuite représenté l’évolution de la température moyenne
d’un mois donné, pour toutes les années. Sur la Figure 5 (en haut) on a l’évolution du mois
d’août ainsi que les moyennes sur les 2 périodes de références. Ainsi, ces 10 dernières années, la
température moyenne du mois d’août est 1,4C plus élevée que sur la période avant 1960. Cepen-
dant, compte-tenu des valeurs des écarts-types, ces deux moyennes ne sont pas significativement
différentes et il faudra attendre encore quelques années pour vérifier cette tendance.
Afin de comparer tous les mois de l’année, nous avons représenté les moyennes des 2 périodes
de références pour chaque mois. Le résultat représenté sur la Figure 5 montre que tous les mois
de l’année sont plus chauds en moyenne les 10 dernières années par rapport à la période pré-1960.
L’écart minimal est au mois de mars (0,6C) et l’écart maximal aux mois d’octobre et novembre
(1,8C). Il semble donc que c’est l’automne qui en Gironde présente la plus forte augmentation
de température.
3.3 Les extrema de température
Météo-France nous a fourni aussi les températures minimales et maximales sous abri mesurées
quotidiennement. A partir de ces données, nous avons comparé les températures minimales et
maximales pour un mois donné sur l’ensemble de la période 1921-2018. Un exemple est présenté
sur la Figure 6 pour le mois de juillet. Cet exemple est représentatif des tendances de plusieurs
mois : les extrema de ce mois sont relativement constants sur l’ensemble de la période mais on
remarque une diminution des amplitudes des variations au fur et à mesure que l’on se rapproche
de la période actuelle. Au contraire, les minima de température semble augmenter un peu plus
significativement depuis 1920. Cette tendance pour les minima s’observe pour tous les mois de
l’année (la pente est cependant moins importante pour les autres mois). Pour les maxima, on
observe aussi une tendance à l’augmentation pour certains mois (comme le mois de mai). Donc,
globalement sur une année, il y a une tendance à une faible augmentation des maxima et une
augmentation un peu plus marquée des minima depuis 1920 jusqu’en 2018. On peut en déduire
5
Figure 4 – Température moyenne mensuelle pour 1960, 2014 et 2018. La température moyenne de l’année
est notée µ. Mesures prises tous les jours à 18h. On remarque que les différences pour ces 3 années sont plus
marquées l’été et l’automne.
qu’il y a de moins en moins de variabilité de la température d’année en année.
Nous avons aussi calculé le nombre de jours où les températures minimales et maximales
dépassent un seuil pour les 2 périodes de références 5. Nous avons choisi ces seuils de température
de manière arbitraire en privilégiant des températures qui sont rarement atteintes à Mérignac :
35C (avec une fréquence de 0,68%) et 5C (1,33%). Les résultats sont remarquables (voir la
table 1). Entre les deux périodes de référence (avant 1970 et après 2008), la fréquence des jours
avec une température en dessous de 5C a diminué d’un facteur 3 tandis qu’elle a augmen
d’un facteur 2 pour une température au dessus de 35C. Ces données confortent l’impression que
les hivers sont plus doux et les étés plus chauds !
Table 1– Nombre de jours et fréquence des jours où les températures minimales Tmin et maximales Tmax
dépassent un seuil. Les fréquences sont calculées pour chaque période en tenant compte du nombre de jours
pour lesquels nous avons des mesures validées.
Avant
1970
Après
2008
1921-
2018
Nombre de jours
Tmin <5C
148 22 170
Fréquence (%) 1,69 0,55 1,33
Nombre de jours
Tmax >35C
56 43 99
Fréquence (%) 0,53 1,08 0,68
5. Nous avons choisi 1970 pour la fin de la première période de référence cette fois-ci à cause du grand nombre
de données manquantes.
6
Figure 5 – En haut : évolution de la température moyenne au mois d’août en fonction de l’année. L’aug-
mentation n’est pas significative entre les deux périodes de référence. En bas : évolution de la température
moyenne mensuelle sur les 2 périodes de références en fonction du mois de l’année. En noir est représenté
l’écart de température entre les moyennes mensuelles des deux périodes. C’est en automne que l’écart est le
plus important. Mesures prises tous les jours à 18h.
7
Figure 6 – Minimal (en bleu) et maximal (en rouge) des températures quotidiennes pour le mois de juillet.
Les minimales semblent augmenter légèrement au cours des années (0,6C tous les 10 ans).
4 L’évolution des précipitations
La Figure 7 montre les précipitations annuelles moyennes. Les moyennes calculées sur les deux
périodes de référence montrent que les précipitations ont diminué de 10% environ ces dernières
années (on obtient les mêmes résultats si on étend les périodes jusqu’à 1970 (au lieu de 1960)
et à partir de 1998 (au lieu de 2008). D’un point de vue statistique, cette différence n’est pas
significative puisque l’écart-type est supérieur à cette tendance de 10%. Il est peut-être intéressant
de noter que la date à laquelle on observe ce changement correspond environ à 1998, soit quelques
années après le début de l’augmentation de la température vue précédemment.
En s’intéressant aux précipitations pour un mois donné, les plus fortes évolutions que nous
avons trouvées dans les mesures sont celles du mois de novembre où la fréquence des jours sans
pluie est passé de 48% avant 1960 à 38% après 2008 et celles du mois de janvier où la fréquence
des jours avec des précipitations supérieures à 10 mm (par exemple) est passée de 8% à 12%.
Cependant, nous avons noté que pour chaque mois de l’année, les variations de précipitation entre
1921 et 2018 sont importantes et qu’il est difficile d’en tirer d’autres informations claires. Sur la
Figure 8, on remarque que les précipitations du mois d’août semblent diminuer et que les variations
d’une année à l’autre sont moins importantes dans les 20 dernières années. Les précipitations des
3 dernières années étaient assez faibles mais on ne peut rien en déduire compte-tenu des variations
des années précédentes et l’avenir nous dira si les niveaux de précipitation sont en train de chuter
ou non.
Nous avons aussi chercher la fréquence des longues périodes de temps sans pluie. Nous avons
choisi de manière arbitraire des périodes de 20 jours consécutifs sans pluie. Entre 1921 et 1990,
nous avons comptabilisé 25 périodes sans pluies, soit une fréquence d’environ 0,36 par an (ou 3,6
tous les 10 ans). Entre 1991 et 2018, il n’y a que 3 périodes (les 3 dernières années), soit une
fréquence de 0,11 (ou 1,1 tous les 10 ans). Il semblerait donc que les longues périodes sans pluie
sont moins fréquentes actuellement. Nous avons alors calculé le nombre de jours pluvieux par
8
Figure 7 – Précipitations annuelles moyennes. Les données ne montrent pas d’évolution significative des
précipitations annuelles.
Figure 8 – Précipitations moyennes au mois d’août. Les données ne montrent pas d’évolution vraiment
significative des précipitations mensuelles (diminution de 0,07 mm tous les 10 ans avec de fortes variations
d’une année à l’autre).
9
année. De manière arbitraire, nous avons choisi un seuil de 180 jours de pluie par an et avons
trouvé que le nombre d’années entre 1921 et 1995 avec plus de 180 jours de pluies est de 15 (donc
environ 2 années sur 10). Entre 1996 et 2018, nous avons trouvé 11 années avec plus de 180 jours
de pluies.
D’après tous ces résultats, il semble donc qu’il a moins plu (en quantité) ces dernières années
en Gironde mais qu’il pleut plus souvent (en nombre de jours par an).
5 L’évolution de la durée d’insolation
Cette mesure donne une information sur la durée pendant laquelle le Soleil brille suffisamment
pour former des ombres. Cette durée quotidienne dépend directement de la durée du jour (plus
longue en été qu’en hiver) et de la couverture nuageuse. S’il fait beau mais qu’il y a des nuages
pour empêcher la formation d’ombres lorsqu’ils passent devant le Soleil, la durée d’insolation
quotidienne peut diminuer significativement. Cette mesure ne fait donc pas la distinction entre
une journée avec une matinée complètement ensoleillée et une après-midi complètement couverte
et une journée partiellement ensoleillée et nuageuse.
Compte-tenu du manque de mesures au début du siècle dernier nous avons étendu la première
période de référence jusqu’à 1970. Le résultat est présenté sur la Figure 9. Si nous étendons la
première période de référence jusqu’en 1990, la moyenne de la période devient quasiment égale à la
moyenne sur l’ensemble de la période. Il est donc préférable de comparer la moyenne de la seconde
période avec la moyenne générale. On voit qu’il y a une augmentation ces 10 dernières années de
5% environ. Là encore, les moyennes ne sont cependant pas significativement différentes.
Figure 9 – Durée d’insolation moyenne annuelle (en minutes). L’augmentation apparente entre les 2 périodes
de référence n’est pas significative.
Tous les mois de l’année ont une durée d’insolation qui a augmenté continuellement en fonction
de l’année (sauf le mois de juin avec une légère diminution). Les mois qui ont connu les plus fortes
évolutions sont les mois d’automne (de septembre à décembre) et tout particulièrement le mois
de septembre dont l’évolution est représentée sur la Figure 10.
10
Figure 10 – Durée d’insolation moyenne mensuelle (en minutes) pour le mois de septembre. Ce mois montre
une tendance à être de plus en plus ensoleillé d’année en année (avec de fortes variations).
6 L’évolution du vent
La mesure du vent maximal instantané quotidien nous a permis de mettre en évidence une
tendance intéressante sur l’évolution du vent en Gironde. Nous avons calculé le nombre de jours
dans l’année où le vent instantané maximal a dépassé un certain seuil dans la journée. Après
plusieurs tests de ce seuil nous avons remarqué qu’une évolution du vent est notable pour des
vents compris entre 5 et 10 m/s environ. Sur la Figure 11, nous avons représenté cette évolution
avec un seuil de 8 m/s (environ 29 km/h). On voit clairement que le nombre de jours où le seuil
est dépassé ne cesse d’augmenter depuis les années 1970. Ces mesures montrent que le régime de
vents a augmenté ces 40 dernières années. Un autre point remarquable est que l’on ne voit pas
la même tendance sur la température qui n’augmente que depuis les 10 dernières années (voir le
paragraphe sur la température). Peut-être que le vent a permis de minimiser l’augmentation de la
température dans la région entre les années 1980 à 2000 mais qu’il ne le fait plus aussi efficacement
ces dernières années, ce qui pourrait expliquer l’augmentation récente des températures.
7 L’humidité relative
L’évolution de l’humidité relative moyenne annuelle est assez remarquable (voir la Figure 12
pour les données prises à 18h). Une fois encore, on remarque un changement clair de comporte-
ment après 1995 environ. L’humidité relative a diminué de 5.4 points entre les deux périodes de
référence.
Tous les mois de l’année sont concernés par cette baisse d’humidité relative. Les deux mois
les moins touchés sont avril et mai (diminution de 2,1 et 3,5 points). Le mois de septembre est
le plus touché par cette diminution avec une perte de près de 10 points (voir la Figure 13). La
diminution est plus marquée en été et en automne qu’en hiver et au printemps.
11
Figure 11 – Nombre de jours dans l’année où le vent instantané maximal a dépassé 8 m/s (29 km/h) à
un moment de la journée. Ce nombre est passé d’environ 200 jours autour de 1980 à plus de 260 jours ces
dernières années.
Figure 12 – Evolution de l’humidité relative moyenne annuelle (mesures prises tous les jours à 18h) en
fonction des années. Elle a significativement diminué ces dernières années.
12
Figure 13 – Evolution de l’humidité relative moyenne du mois de septembre (mesures prises tous les jours
à 18h) en fonction des années. La diminution de l’humidité relative est plus marquée en automne.
8 Discussion
Nous n’avons pas pris en compte les mesures de nébulosité (qui donne un indice sur la cou-
verture nuageuse) à cause de l’absence de trop nombreuses données ces 3 dernières années. De
même, à cause d’un très grand nombre de données manquantes entre 1967 et 1992, nous avons
aussi écarté l’analyse de la pression atmosphérique.
Météo-France propose sur son site internet un résumé de l’évolution du climat par région 6.
Pour l’Aquitaine, l’évolution constatée du climat est le suivant (texte repris in extenso) :
En Aquitaine comme sur l’ensemble du territoire métropolitain, le changement climatique
se traduit principalement par une hausse des températures, marquée surtout depuis le
début des années 1980.
— Sur la période 1959-2009, on observe une augmentation des températures annuelles de
0.2C à 0.3C par décennie.
À l’échelle saisonnière, ce sont le printemps et l’été qui se réchauffent le plus, avec des
hausses de 0.3 à 0.4C par décennie. En automne et en hiver, les tendances sont également
positives mais avec des valeurs moins fortes, de l’ordre de +0.1 à +0.2C par décennie.
En cohérence avec cette augmentation des températures, le nombre de journées chaudes
(températures maximales supérieures ou égales à 25C) augmente et le nombre de jours
de gelées diminue.
L’évolution des précipitations est moins sensible car la variabilité d’une année sur l’autre
est importante. Sur la période 1959-2009 en Aquitaine, les tendances annuelles sur la
pluviométrie sont peu marquées.
Faute d’un accroissement du cumul de pluie, l’augmentation de la température favorise
l’augmentation de phénomènes comme la sécheresse et le déficit en eau dans le sol, essen-
tiellement par effet d’évaporation.
6. http ://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/. Site consulté en mars 2019.
13
Ces constations sont en accord avec l’analyse que nous avons faites pour la station de Mérignac.
Nous notons cependant une différence avec le bilan de l’Aquitaine puisque nous trouvons que c’est
essentiellement l’automne qui présente la plus grande augmentation de température.
Il est important de garder à l’esprit que l’environnement proche de la station de Mérignac
a subit d’importantes modifications entre 1920 et 2018. Ces modifications peuvent expliquer
en partie l’évolution des paramètres météorologiques sur cette période. Cependant, il est peu
probable qu’ils soient responsables des forts changements intervenus ces 10 dernières années.
Nous nous sommes restreint dans cette analyse à l’étude des données sans chercher à fournir
d’explication. Ce travail est celui des climatologues. Quoiqu’il en soit, il est important de garder
à l’esprit que "corrélation n’est pas explication". L’objectif ici était seulement de montrer que les
tendances locales sont comparables à celles observées globalement.
Conclusion
Les principales informations que nous pouvons retirer de notre analyses des données de la
station de Mérignac sont les suivantes :
Entre les deux périodes de référence, l’augmentation de la température annuelle mesurée
à Mérignac est de 1,3C. Elle est donc plus importante que celle observée au niveau mondial
(environ 0,8C entre 1960 et 2018). L’effet est le plus marqué à l’automne (octobre et novembre)
avec une augmentation de 1,8C. Les données montrent qu’il y a moins de variations dans les
températures minimales et maximales ces dernières années et que les hivers sont plus doux et les
étés plus chauds.
Les précipitations ont diminué de 10% environ ces dernières années, mais il pleut plus souvent
dans l’année.
Il y a une augmentation d’environ 5% de la durée d’insolation ces 10 dernières années. L’aug-
mentation de la durée d’insolation concerne essentiellement la période automnale.
Les mesures de vent instantané maximal montrent que le régime de vents a évolué ces 40 der-
nières années. Il y a une augmentation du régime des vents qui a commencé avant l’augmentation
de la température.
L’humidité relative à diminué ces 10 dernières années et ce sont les mois d’été et d’automne
qui sont les plus touchés.
Bien que nous manquons encore un peu de recul pour certains paramètres physiques, il semble
clair que le changement climatique observé au niveau global est aussi une réalité au niveau local
en Gironde. Les différences s’observent essentiellement depuis une dizaine d’années (sauf pour
le régime des vents) et il est donc difficile de faire des extrapolations pour les années à venir
sur la base de ces seules mesures. Seuls les modèles des climatologues permettent d’estimer les
tendances à venir.
Remerciements
Un grand merci au sympathique ingénieur Météo-France qui nous a fourni les données et pour
avoir répondu à nos questions !
14
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