ArticlePDF Available

Abstract

Dans cet article, nous examinons la tendance actuelle consistant à ajouter le préfixe « neuro » à différents domaines et disciplines, dans l'espoir d'augmenter leur crédibilité scientifique ou leur prestige auprès du grand public en tirant partie de l'aura et de la réputation de « science dure » des neurosciences. Nous illustrons cette tendance par deux études de cas consacrées à la neuroéducation et à la neuropsychanalyse, qui appellent des conclusions en parties différentes, la première relevant de la neuroprétention, la seconde des neurofoutaises.
Intellectica, 2018/1-2, 69, pp. 289-301
© 2018 Association pour la Recherche sur la Cognition.
Neuroéducation et neuropsychanalyse :
du neuroenchantement aux neurofoutaises
Franck RAMUS
R
ÉSUMÉ
. Dans cet article, nous examinons la tendance actuelle consistant à ajouter le
préfixe « neuro » à différents domaines et disciplines, dans l'espoir d'augmenter leur
crédibilité scientifique ou leur prestige auprès du grand public en tirant partie de l'aura
et de la réputation de « science dure » des neurosciences. Nous illustrons cette
tendance par deux études de cas consacrées à la neuroéducation et à la
neuropsychanalyse, qui appellent des conclusions en parties différentes, la première
relevant de la neuroprétention, la seconde des neurofoutaises.
Mots-clés : Neurosciences, éducation, psychologie, psychanalyse, scepticisme.
A
BSTRACT
. Neuroeducation and Neuropsychoanalysis: from Neuroenchantment
to Neurobullshit. In this article, we examine the current trend to add the “neuro”
prefix to various fields and disciplines, in the hope of increasing their scientific
credibility or prestige in the eyes of the public, by borrowing the halo and the
reputation of a “hard science” of neuroscience. We illustrate this trend with two case
studies dedicated to neuroeducation and neuropsychoanalysis, which lead to partly
different conclusions, the first one being best characterised as neuropretention, the
second as neurobullshit.
Keywords: Neuroscience, education, psychology, psychoanalysis, skepticism.
« Les neurosciences vulgarisées traduisent les concepts des
neurosciences en langage courant. Les neurosciences vulgaires
déguisent les concepts courants en langage des neurosciences. Il
suffit de coller "neuro-" à un mot pour le rendre scientifique ! »
Neuroskeptic sur
https://twitter.com/Neuro_Skeptic/status/960177264737640450 ,
librement traduit.
I
NTRODUCTION
Dans une expérience devenue classique, des explications d’un phénomène
psychologique ont été jugées par les participants plus convaincantes et plus
satisfaisantes lorsqu’elles étaient accompagnées d’une mention de régions
cérébrales (et ce particulièrement lorsque ces explications étaient incorrectes)
(Weisberg, Keil, Goodstein, Rawson & Gray, 2008). Peu après, une autre étude
montrait que les explications jugées les plus convaincantes étaient celles
Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique, Département d'Études Cognitives, École
Normale Supérieure, EHESS, CNRS, Université PSL, 75005 Paris, France. franck.ramus<at>ens.fr
290 Franck RAMUS
- D O S S I E R -
accompagnées d’images d’activations cérébrales (McCabe & Castel, 2008).
Une étude plus récente a également montré que l’usage apparent d’un faux
appareil d’imagerie cérébrale rendait les participants particulièrement crédules
vis-à-vis d’un tour de magie de type « mentaliste » (lecture des pensées) (Ali,
Lifshitz & Raz, 2014). Ces quelques études ont ainsi établi un nouveau
phénomène, que ces derniers auteurs ont nommé « neuroenchantement », et
que l’on pourrait définir ainsi : crédulité induite spécifiquement par le langage,
les images ou les méthodes des neurosciences. Depuis, un certain nombre
d’auteurs se sont insurgés contre la place indue accordée aux neurosciences
dans les discours médiatiques sur la psychologie humaine (Bowers, 2016b ;
Legrenzi & Umilta, 2011 ; Satel & Lilienfeld, 2013). Nous illustrerons cette
tendance par deux études de cas consacrées à la neuroéducation et à la
neuropsychanalyse, qui appellent des conclusions en parties différentes.
L
A NEUROPSYCHANALYSE
Le courant neuropsychanalytique vise à créer des points de contact entre les
concepts de la psychanalyse et ceux des neurosciences, et à asseoir ainsi la
psychanalyse sur des bases scientifiques modernes. J’y ai déjà consacré un
article (Ramus, 2013), je n’en répèterai donc que brièvement les arguments ici.
Parmi les concepts de la psychanalyse que la neuropsychanalyse prétend
mettre en correspondance avec ceux des neurosciences (par exemple Carhart-
Harris & Friston, 2010), on peut distinguer deux types :
Ceux qui semblent être des concepts de la psychanalyse (parce qu’ils
portent à peu près le même nom) mais qui n’en sont pas, car ce sont en
fait des concepts de la psychologie scientifique. Par exemple, il existe de
nombreux travaux sur les bases cérébrales du traitement inconscient, du
sommeil et du rêve, ou encore des conflits cognitifs. Cela n’en fait pas
pour autant des bases cérébrales de l’inconscient freudien, du
symbolisme freudien dans le rêve (par exemple : serpent = pénis), ou du
conflit entre le ça et le moi. Ces travaux en neurosciences cognitives ne
doivent strictement rien aux idées psychanalytiques, même pas
l’antériorité des concepts, qui contrairement à la légende ne sont souvent
pas dus à Freud (comme par exemple le concept d’inconscient, cf les
travaux de Pierre Janet, 1889, ou encore le conflit entre les passions et la
raison, Platon, 2018). Seule la version de ces concepts développés par la
psychologie cognitive, validés par l’expérimentation, a un lien
véritablement organique avec les neurosciences.
Ceux qui sont de véritables concepts intrinsèques à la psychanalyse,
comme par exemple le complexe d’Œdipe ou les stades psychosexuels
(oral, anal, génital). Ce sont ceux-là qui permettraient d’évaluer la
possibilité d’une interface spécifique entre psychanalyse et
neurosciences. Or ces concepts n’ont aucune correspondance, ni avec la
psychologie scientifique, ni avec les neurosciences, pour la bonne raison
qu’aucune donnée factuelle solide n’est jamais venue les corroborer
Dans un cas comme dans l’autre, les correspondances supposées entre ces
concepts et ceux des neurosciences relèvent au mieux de l’analogie (ainsi que
l’a souligné Georgieff, 2008; voir aussi plus généralement Bouveresse, 1999).
Neuroéducation et neuropsychanalyse 291
- D O S S I E R -
Occultation de la psychologie
Selon Panksepp et Solms (2012), « la neuropsychanalyse essaie de
comprendre l’esprit humain, en particulier les aspects relatifs à l’expérience
subjective ». Fort bien, mais c’est déjà ce que fait la psychologie scientifique,
en lien avec les neurosciences. Il ne manque pas aujourd’hui de livres et de
revues consacrées aux neurosciences affectives, aux bases cérébrales de
l’humeur et des émotions etc. (Baron-Cohen, Tager-Flusberg & Lombardo,
2013 ; Damasio, 1994 ; Decety & Ickes, 2009 ; Ekman & Davidson, 1994 ;
LeDoux, 1996). La psychanalyse n’a pas le monopole de la prise en compte de
la subjectivité.
Dans les domaines qui sont étudiables et étudiés depuis longtemps chez
l’animal (comme la vision, l’apprentissage ou les émotions comme la peur), il
y a continuité totale entre les recherches en psychologie qui en étudient les
mécanismes cognitifs chez l’être humain, les recherches en neurosciences
cognitives qui en étudient les bases cérébrales au niveau macroscopique, et les
travaux de neurosciences fondamentales qui visent à en élucider les
mécanismes cellulaires et moléculaires chez l’animal. De tels champs de
recherche montrent que l’intégration entre psychologie et neurosciences est
déjà très poussée. Cette intégration est également poussée dans les domaines
plus spécifiquement humains (comme le langage ou le calcul), pour lesquels
les modèles animaux sont moins directement reliés (mais existent tout de
même et peuvent être pertinents). Il n’existe pas d’activité mentale humaine
qui soit a priori hors de portée des neurosciences, au moins cognitives.
Cette intégration est possible dans la mesure où la psychologie et les
neurosciences partagent la même approche épistémologique (formuler des
hypothèses et les tester par des expérimentations ou des observations), les
concepts-clés ont fini par converger (ou peuvent être traduits) et les
protocoles expérimentaux sont au moins en partie les mêmes. Pour prendre un
autre exemple, si l’on peut dire que la chimie fait contact avec la physique,
c’est parce que 1) la chimie procède d’une démarche scientifique, la même que
celle en vigueur dans toutes les sciences ; 2) qu’elle a amplement prouvé sa
capacité à expliquer des phénomènes et à faire des prédictions correctes,
indépendamment de la physique. C’est uniquement sous ces conditions qu’il a
été un jour possible de faire le lien entre les deux, un lien substantiel et pas
seulement métaphorique, fusionnant les deux disciplines scientifiques.
En revanche, quand on lit le charabia produit par exemple autour de la
« médecine quantique », ce charabia s’efforce d’utiliser des mots utilisés en
physique, revendique le contact avec la physique et la scientificité de cette
discipline, mais ce contact est totalement fictif. Et il est impossible, car ce
domaine n’adopte pas une approche scientifique à la base, et ne possède pas de
concepts propres validés scientifiquement.
De manière similaire, la psychanalyse revendique le contact avec les
neurosciences, mais rejette le plus souvent tout test empirique de ses
hypothèses, n’a pas de protocole expérimental, a des méthodes de recueil des
observations dont les qualités sont jugées insuffisantes par tous les
expérimentalistes, et a par conséquent produit une flopée de concepts qui
flottent en l’air sans pouvoir être validés par des données factuelles (par
292 Franck RAMUS
- D O S S I E R -
exemple : le complexe d’Œdipe ; les stades psychosexuels ; l’interprétation des
rêves et des lapsus). Tant que cela restera le cas, tout lien substantiel avec les
neurosciences restera une vue de l’esprit, et la psychanalyse conservera le
même statut scientifique que la médecine quantique.
S’il s’agit juste de dire « l’homme est social », « il existe des choses
inconscientes », « la sexualité est importante », et « la subjectivité est
importante », il n’y a pas besoin de la psychanalyse, les sciences cognitives
disent cela très bien et de manière beaucoup plus convaincante, puisqu’elles
ont été capables de le prouver.
La plasticité cérébrale peut-elle sauver la psychanalyse ?
Les défenseurs de la neuropsychanalyse semblent accorder une place
particulière à la plasticité cérébrale, qui selon eux validerait certains postulats
de la psychanalyse (Magistretti & Ansermet, 2007). Ils semblent en particulier
très attachés à l’idée selon laquelle, puisque le cerveau peut se modifier, c’est
donc que l’être humain n’est pas entièrement déterminé par son génome et
qu’il lui reste des degrés de liberté pour changer. La plasticité cérébrale est
ainsi invoquée comme un antidote à une supposée vision déterministe de
l'homme, contre laquelle prétendent lutter les psychanalystes (par exemple,
G. Pommier, 2011, 2018). Mais qui soutient une telle position? Ni les études
de jumeaux estimant l’héritabilité des capacités et des troubles cognitifs, ni les
travaux de génétique moléculaire ne promeuvent une telle vision déterministe,
puisque l’héritabilité n’est jamais égale à 100%, et que chaque gène n’explique
qu’une faible part de variance des fonctions cognitives (Ramus, 2012). Il s’agit
juste une fiction à but rhétorique.
Depuis aussi longtemps que l’on est capable de poser la question, on
constate que l'être humain est capable d'apprendre, de mémoriser, de modifier
son comportement, etc. Et depuis qu'il est acquis que le cerveau est le support
matériel de la cognition et du comportement, il est une nécessité logique que
tout apprentissage et toute modification du comportement doivent avoir une
contrepartie dans la modification physique de certaines propriétés du cerveau.
La seule chose qui a changé récemment, c'est l'apparition de méthodologies
permettant de visualiser et de quantifier les modifications cérébrales chez
l’humain. Mais cela n'a jamais été crucial pour la notion de plasticité cérébrale.
Ceux qui ont découvert la plasticité avec l'imagerie cérébrale n'y avaient sans
doute pas vraiment réfléchi avant et sont justes victimes du
neuroenchantement.
Par ailleurs, le seul fait d’invoquer la plasticité cérébrale ne suffit pas à
démontrer que le génome joue un rôle mineur. Le cerveau humain est le
produit à la fois des influences génétiques et environnementales, le fait de
trouver des preuves de certaines influences ne fait pas pour autant disparaître
les autres. Par ailleurs, la plasticité cérébrale est loin d'être illimitée, elle est
fortement contrainte dans le temps et dans l'espace (cérébral), et soumise à des
contraintes génétiques. Ce sont d'ailleurs des mécanismes génétiques qui
mettent en œuvre les modifications cellulaires que l’on désigne sous le nom de
plasticité (voir par exemple Ramus, 2006).
Neuroéducation et neuropsychanalyse 293
- D O S S I E R -
Par ailleurs, la « découverte » récente de la plasticité cérébrale par certains
psychanalystes ne change absolument rien aux problèmes fondamentaux de la
validation empirique des concepts psychanalytiques.
En résumé, l’invocation de la plasticité cérébrale semble n’être qu’une
tentative de se raccrocher au cerveau pour donner une apparence de
scientificité à la psychanalyse. D’autres tentatives similaires de récupérer des
concepts de la biologie, comme les neurones miroirs (Georgieff, 2011), ou
l’épigénétique (G. Pommier, 2011), semblent tout autant vouées à l’échec. On
serait tenté de nommer ces tentatives du neurowashing, par analogie au
greenwashing
1
. Bien sûr, il est possible que la neuropsychanalyse reflète une
tentative sincère de certains psychanalystes de faire rentrer leur discipline dans
une démarche scientifique (Stremler & Castel, 2009). Néanmoins, tant que la
psychanalyse ne mettra pas ses concepts à l’épreuve des faits, elle ne pourra
faire aucun contact avec les disciplines expérimentales qui sont ancrées dans le
réel.
L
A NEUROÉDUCATION
La neuroéducation est une sous-discipline qui vise à tirer parti des résultats
des neurosciences pour informer les pratiques éducatives. Au cœur du sujet, ce
que les bases cérébrales des apprentissages nous apprennent sur les conditions
dans lesquelles les apprentissages se réalisent (ou pas). Au cours des dix
dernières années, de nombreux ouvrages, sites et cours ont été produits sur le
sujet (Eustache & Guillery-Girard, 2016 ; Gaspard, 2018 ; Houdé, 2016 ; Les
Savanturiers, 2018 ; Masson, 2012 ; Masson & Borst, 2018) ou se réclament de
manière plus ou moins directe des neurosciences pour disserter sur l’éducation
(Aberkane, 2016 ; Alvarez, 2016 ; Gueguen, 2014).
La rééducation de la dyslexie évalue par IRM
Un événement marquant l’entrée en force des neurosciences dans le
domaine de l’éducation a été la sortie du logiciel FastForword en 1996,
accompagné de deux articles dans la revue Science (Merzenich et al., 1996 ;
Tallal et al., 1996). Précurseur du jeu sérieux éducatif, ce logiciel visait, par
des entrainements auditifs et langagiers présentés sous forme de jeux vidéo, à
rééduquer les troubles du langage oral et écrit. La promotion de ce logiciel
s’est beaucoup appuyée sur le prestige scientifique de ses deux principaux
auteurs, en particulier du chercheur en neurosciences Mike Merzenich, très
connu pour ses travaux sur la plasticité cérébrale (chez l’animal non humain),
ainsi que sur un marketing agressif basé sur le langage de neurosciences. Ainsi,
ce logiciel est dit « basé sur les neurosciences », « sur la recherche sur la
neuroplasticité du cerveau », « FastForword recable le cerveau » et résulte dans
la « création de nouvelles neuroroutes » (neuropathways) (Learning Tree,
2018).
Au-delà des essais cliniques menés par les auteurs suggérant une certaine
efficacité (contestée) de Fastforword sur les troubles du langage (Tallal et al.,
1996), un point culminant dans la neurorhétorique fut atteint lors de la
1
Le greenwashing, ou écoblanchiment, est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par
une organisation dans le but de se donner une image écologique responsable.
294 Franck RAMUS
- D O S S I E R -
publication d’une étude de neuroimagerie documentant les corrélats cérébraux
de l’entrainement avec FastForword (Temple et al., 2003). Dans cette étude, 20
enfants dyslexiques ont suivi la rééducation sur FastForword 100 minutes par
jour, 5 jours par semaine pendant 4 semaines. Ils passèrent à l’IRM avant et
après la rééducation, y effectuant une tâche de conscience phonologique,
consistant à juger si deux lettres riment ou pas (B et D : oui ; B et K : non).
Comparés à un groupe contrôle avant l’entrainement, leurs activations
fonctionnelles pour cette tâche montraient de plus faibles activations dans les
régions temporo-pariétale et frontale inférieure gauches, connues pour être
impliquées dans la lecture. Après l’entrainement, leurs activations dans ces
mêmes régions étaient augmentées, montrant une récupération en direction des
activations normales. L’intense couverture médiatique qui s’ensuivit loua
abondamment cette étude sur le mode : « la rééducation FastForword rectifie le
câblage du cerveau des enfants dyslexiques, c’est bien la preuve qu’elle
marche ».
Cette étude marqua le début de tout un courant visant à établir l’efficacité
de divers entrainements, thérapies, rééducations ou même programmes
éducatifs par la mise en évidence, via une technique d’imagerie cérébrale (le
plus souvent IRM ou EEG), de modifications cérébrales induites. Même si ce
courant produit des résultats qui semblent convaincants au premier abord et qui
séduisent par le phénomène de neuroenchantement, il a aussi le potentiel
d’induire considérablement en erreur, en déplaçant de manière inappropriée la
charge de la preuve de l’efficacité d’une intervention sur le terrain cérébral.
En effet, si l’on veut prouver qu’un logiciel rééduque les enfants
dyslexiques, le seul critère d’efficacité valable est de savoir si ces enfants lisent
mieux à l’issue de l’entrainement (qu’à l’issue d’une intervention contrôle),
quoi qu’en dise l’IRM. Imaginons les cas de divergence entre les résultats
obtenus dans des tests de lecture et à l’IRM. Si les enfants s’améliorent en
lecture mais que l’IRM ne détecte aucun changement cérébral, alors
l’intervention est malgré tout efficace. L’amélioration des capacités de lecture
est logiquement accompagnée de modifications cérébrales, mais la capacité à
détecter de telles modifications à l’IRM n’est pas garantie, et dépend de
nombreuses conditions méthodologiques. On conclura que l’intervention est
efficace mais que l’on a échoué à détecter les modifications cérébrales
associées. Dans le cas contraire, si l’IRM détecte des changements cérébraux
mais que les enfants ne lisent pas mieux, alors cette intervention n’a pas
d’intérêt thérapeutique. Les raisons de l’observation de changements à l’IRM
peuvent être multiples, y compris un résultat faux positif obtenu par hasard ou
pour des raisons méthodologiques. Mais quelles que soient les différences
obtenues à l’IRM et leurs raisons, il n’y a aucune raison de recommander
l’usage d’une intervention pour la dyslexie qui n’améliore pas la lecture des
enfants. On voit donc que, pour juger de l’efficacité d’une intervention, seules
les améliorations des fonctions déficitaires que l’on cherche à rééduquer sont
pertinentes. Les modifications cérébrales associées ou pas ne sont jamais un
critère de preuve. Dans le meilleur des cas, elles sont simplement intéressantes
pour aider les chercheurs à comprendre les bases cérébrales des effets de
l’intervention.
Neuroéducation et neuropsychanalyse 295
- D O S S I E R -
Dans le cas de l’étude de Temple et al. (2003), l’article rapportait
également que les enfants dyslexiques s’étaient améliorés en lecture, ce qui est
cohérent avec les modifications cérébrales observées. C’est plutôt dans la
communication autour de l’étude que ces résultats ont été mis au second plan
pour mettre en avant la « preuve neuroscientifique » de l’efficacité du logiciel.
Néanmoins, cette étude montrait simplement une amélioration brute des scores
de lecture des enfants dyslexiques sur une période de deux mois, sans
comparaison avec un groupe placebo qui puisse permettre d’attribuer de
manière non ambigüe les progrès au logiciel lui-même, plutôt qu’à
l’enseignement reçu à l’école ou à d’autres apprentissages. Les études mieux
contrôlées n’ont pas donné des résultats aussi positifs, et une méta-analyse de
telles études a fini par conclure que Fastforword n’avait pas d’effet significatif
sur le langage (Strong, Torgerson, Torgerson & Hulme, 2011). Cela n’empêche
pas l’étude de Temple et al. (2003) de continuer à être citée comme preuve
neuroscientifique de l’efficacité du logiciel.
Critiques de la neuroéducation
Les années 1990 ont été le théâtre de bien d’autres intrusions indues des
neurosciences dans le domaine de l’éducation : cerveau droit-cerveau gauche,
les périodes critiques pour l’apprentissage et le mythe des 3 premières années,
etc. Elles alimentent aujourd’hui la chronique de ce que l’on appelle les
« neuromythes » (Pasquinelli, 2016).
L’un des premiers à dénoncer cette tendance fut le philosophe américain
John Bruer (1997), soulignant notamment que les données des neurosciences
se placent à un niveau de description (celui du cerveau) qui n’est pas
directement pertinent pour les questions d’éducation. En effet, les questions
que l’on se pose en éducation incluent : quelles sont les capacités cognitives
dont disposent les jeunes enfants pour leurs apprentissages ? dans quelles
conditions les enfants apprennent-ils mieux ou moins bien ? quelles
expositions, quelles activités, dans quel ordre et sous quelles modalités sont
susceptibles de leur faire apprendre un contenu donné ? quelles pratiques
pédagogiques permettent de mettre en œuvre efficacement ces conditions
d’apprentissage ? Étant donnée la nature même de ces questions, les mesures
cérébrales n’ont aucune réponse à apporter. Ce sont la psychologie et les
sciences de l’éducation qui, étudiant respectivement les apprentissages et les
pratiques pédagogiques, peuvent potentiellement apporter des réponses.
De nombreuses autres critiques ont suivi (Bishop, 2013 ; Coltheart &
McArthur, 2012 ; Legrenzi & Umilta, 2011). La plus développée est celle
publiée récemment par le psychologue britannique Jeff Bowers (2016b), dans
laquelle il donne la typologie suivante des arguments fallacieux en
neuroéducation :
Justifications triviales: par exemple, « la plasticité cérébrale nous
montre que les humains peuvent apprendre, même à l’âge adulte ». Il
s’agit de la même invocation fallacieuse de la plasticité cérébrale que
nous avons déjà évoquée dans le cas de la psychanalyse.
Justifications trompeuses : par exemple, « les neurosciences montrent
que plus on est jeune, plus on apprend facilement les langues
296 Franck RAMUS
- D O S S I E R -
étrangères ». En fait ce sont les recherches en psychologie qui ont établi
cela.
Applications non légitimes des neurosciences à l’enseignement : par
exemple, « les méthodes globales sont inefficaces car elles impliquent
l’hémisphère droit plutôt que le gauche ». Cette conclusion ne serait
valide que s’il y avait un lien indissociable et systématique entre
l’utilisation de l’hémisphère gauche et l’apprentissage de la lecture. Or il
n’existe rien de tel. Les seules données qui peuvent permettre de
comparer l’efficacité respective de deux méthodes de lecture, ce sont
des tests de lecture administrés avant et après, et de manière comparée
entre des groupes d’enfants subissant les deux méthodes.
Applications erronées à l’évaluation des pratiques : par exemple,
« L’imagerie cérébrale montre que Fast Forword rééduque la lecture ».
Comme nous l’avons vu plus haut, l’imagerie cérébrale ne peut montrer
rien de tel.
L’analyse de Bowers a bien sûr été contestée, et les débats se sont
poursuivis à la suite de cet article dans le même numéro de la revue (Bowers,
2016a ; Gabrieli, 2016 ; Howard-Jones et al., 2016). En résumé, les défenseurs
de la neuroéducation concèdent que les neurosciences n’apportent rien
directement à l’éducation, dans le sens des pratiques éducatives ayant lieu dans
la classe. Ils défendent néanmoins son intérêt de principe pour compléter la
science des apprentissages (et donc de l’éducation) que constitue la
psychologie.
Neurosciences ou psychologie ?
Un thème récurrent dans les critiques de la neuroéducation que nous avons
détaillées ci-dessus est l’occultation de la psychologie, ou encore le fait que les
résultats pertinents attribués aux neurosciences sont en fait des résultats de la
psychologie.
En effet, soit la neuroéducation fournit des résultats en termes de mesures
cérébrales, et dans ce cas ces résultats se situent à un niveau de description qui
n’est pas directement en contact avec les questions d’éducation. Soit elle
fournit des résultats en termes de fonctions cognitives, auquel cas il ne s’agit
pas véritablement de neurosciences, mais de psychologie.
De fait, un certain nombre de travaux qui se présentent sous la bannière de
la neuroéducation sont d’excellente qualité, se basant sur des résultats solides
concernant les mécanismes et les conditions des apprentissages scolaires (par
exemple : Eustache & Guillery-Girard, 2016). Ces travaux portent sur
l’attention, l’inhibition, les fonctions exécutives, la mémoire de travail, la
récupération en mémoire, la motivation, la récompense, la métacognition,
l’auto-régulation, le stress, etc. Autant de concepts et de résultats qui
appartiennent avant tout à la psychologie. Il est bien sûr possible d’étudier les
bases cérébrales de ces fonctions cognitives et de leur développement chez
l’enfant, et les résultats obtenus sont très intéressants pour les chercheurs
s’intéressant au développement cérébral et cognitif et aux liens entre cerveau et
cognition, mais ce ne sont pas les résultats qui concernent les enseignants.
C’est la recherche en psychologie sur ces fonctions cognitives qui a produit
Neuroéducation et neuropsychanalyse 297
- D O S S I E R -
l’intégralité des résultats qui ont une pertinence pour les pratiques
pédagogiques (par exemple : Brown, Roediger & McDaniel, 2014, 2016).
Dans ce cas de figure, on assiste à un enrobage des résultats de la
psychologie sous le vocable de neurosciences de la part de certains chercheurs.
Cet enrobage peut refléter un enthousiasme un peu débordant mais tout à fait
sincère pour la compréhension de plus en plus grande que nous avons des liens
entre cerveau et cognition. Il reflète aussi sans doute le fait que pour beaucoup
de chercheurs (y compris l’auteur de cet article), il n’y a plus véritablement de
frontière entre psychologie et neurosciences cognitives, qui décrivent le même
objet à des niveaux de description différents, souvent de pair, et souvent par les
mêmes chercheurs se moquant bien des frontières disciplinaires historiques.
Mais cet enrobage reflète aussi probablement une manière plus valorisante de
présenter les résultats de la psychologie, discipline qui peut sembler (à tort) un
peu désuète et « molle » comparée aux neurosciences ayant plus une image de
« science dure » et suscitant la fascination du public. En fin de compte, malgré
toutes les bonnes raisons qu’il peut y avoir pour certains auteurs de mélanger la
psychologie et les neurosciences et d’en présenter les résultats comme un tout,
il reste tout de même ennuyeux sur le fond de tomber dans certains des travers
dénoncés par Bowers, en citant à tort des résultats des neurosciences à l’appui
de recommandations pédagogiques qui n’en découlent pas directement.
Les neurosciences et les enseignants
De fait, cet usage quelque peu abusif des neurosciences dans le champ de
l’éducation a des effets contrastés sur les enseignants. D’un côté, le phénomène
de neuroenchantement déjà décrit produit un engouement chez une partie des
enseignants, qui voient dans les neurosciences un moyen de suppléer aux
lacunes de leur formation et de renouveler leurs pratiques. De l’autre, l’absence
de lien direct entre les résultats des neurosciences et les pratiques pédagogiques
saute aux yeux d’une autre partie des enseignants, qui flairent de ce fait une
supercherie (y compris là où il n’y en a pas nécessairement). Cette attitude
ambivalente se reflète bien dans un dossier de veille de l’Institut français
d’éducation portant sur le sujet (Gaussel & Reverdy, 2013). Plus récemment,
on a vu à l’occasion des débats sur le Conseil scientifique de l’éducation
nationale à quel point les neurosciences, présentées maladroitement comme
étant la source d’inspiration principale de ce conseil, ont été utilisées comme
un repoussoir par certains commentateurs, leur présence étant censée
discréditer par avance le travail du conseil scientifique (Goigoux, 2018 ;
Jarraud, 2018 ; G. Pommier, 2018 ; Ramus, 2018a, 2018b ; SNUipp-FSU,
2017).
Au final, on peut considérer que se réclamer des neurosciences pour guider
les pratiques pédagogiques est contre-productif. Les enseignants ont sans
aucun doute besoin de connaissances scientifiques plus à jour sur les
apprentissages de leurs élèves et sur l’efficacité relative de différentes
pratiques pédagogiques, mais ces connaissances sont fournies par la
psychologie et les sciences de l’éducation. Faire passer les résultats sur
l’apprentissage de la lecture ou sur la mémorisation pour des résultats des
neurosciences, passé un neuroenchantement transitoire, engendre méfiance et
298 Franck RAMUS
- D O S S I E R -
défiance, et risque de ce fait de faire échouer l’intégration de ces résultats
cruciaux au sein de la formation des enseignants.
C
ONCLUSIONS
:
NEUROPRÉTENTION ET NEUROPROFONDITÉS
L’étude comparative de la neuroéducation et de la neuropsychanalyse
permet de distinguer au moins deux types distincts de neurofoutaises.
Dans le cas de la neuroéducation, on parle de deux champs scientifiques
parfaitement respectables (les neurosciences et les sciences de l’éducation), qui
ont des liens substantiels, par l’intermédiaire de la psychologie. L’usage du
néologisme neuroéducation relève avant tout de la stratégie de communication,
occultant la psychologie dont l’image semble peut-être peu attrayante, pour
s’attacher l’image des neurosciences jugées plus fiables et prestigieuses
(phénomène du neuroenchantement). L’implication selon laquelle les méthodes
des neurosciences auraient véritablement des choses pertinentes à dire sur
l’éducation est une neuromystification. Mais cela n’enlève rien à l’intérêt
intrinsèque des travaux en question. On aurait simplement envie de
recommander l’abandon du terme trompeur de neuroéducation, au profit tout
simplement des sciences de l’éducation et de la psychologie de l’éducation. Le
mot psychoéducation conviendrait aussi très bien, s’il n’était pas déjà utilisé
dans une autre acception.
Les sciences de l’éducation ne sont pas les seules dans ce cas: l’économie
entretient exactement la même relation avec les neurosciences, sous le nom de
neuroéconomie, alors même que la discipline qui produit les résultats
pertinents dans ce domaine existe déjà (l’économie comportementale), et les
résultats de neuroimagerie présentés sous le nom de neuroéconomie
n’apportent rien d’autre que des corrélats cérébraux des mécanismes décrits par
l’économie comportementale. On pourrait faire une analyse tout à fait similaire
de la neuroergonomie, ou du neuromanagement. Là aussi les neurosciences
jouent le rôle d’emballage pailleté pour mieux vendre des résultats issus de
branches de la psychologie.
On voit donc que cette catégorie de neurofoutaises ne sont pas vraiment des
foutaises, puisqu’il y a derrière des travaux scientifiques tout à fait sérieux. On
serait fondé à parler dans ce cas de « neuroprétention ».
La neuropsychanalyse relève de toute évidence d’une autre catégorie : ici,
point de champ de recherche scientifique fructueux, l’illusion ne réside pas
seulement dans l’artifice de communication mais dans le contenu même du
domaine qui se révèle être juste de la poudre aux yeux. Dans ce cas de figure le
qualificatif de neurofoutaise est tout à fait justifié. On pourrait également parler
de neuroprofondité (utilisation de l’image et des concepts des neurosciences
pour produire du jargon dont l’opacité donne une illusion de profondeur).
Ici la neuropsychanalyse se retrouve en bonne compagnie avec de
nombreuses pseudosciences qui utilisent du jargon scientifique à tort et à
travers pour donner une illusion de scientificité. Les concepts de
l’électromagnétisme ont été piratés de longue date par les amateurs de bonnes
et de mauvaises ondes. De nos jours, ce sont surtout la physique quantique et
l’épigénétique qui semblent les plus populaires. Plus un champ scientifique
semble compliqué et incompréhensible par le commun des mortels, plus il
semble attrayant pour les pseudosciences en quête de légitimation.
Neuroéducation et neuropsychanalyse 299
- D O S S I E R -
Un thème commun qui ressort de ces deux études de cas, c’est que l’appel
aux neurosciences résulte en grande partie de l’ignorance fondamentale par les
non-spécialistes de l’existence d’une psychologie scientifique. Existence qui a
été soigneusement occultée en France par la prépondérance de la psychanalyse
et des diverses formes de psychologie populaire sans fondements scientifiques,
et qui est aujourd’hui en partie masquée par la plus grande visibilité des
sciences cognitives et des neurosciences. Il est de la responsabilité de tous les
chercheurs en psychologie scientifique d’attribuer correctement la paternité des
résultats qu’ils décrivent à leur discipline.
R
ÉFÉRENCES
Aberkane, I. (2016). Libérez votre cerveau ! : traité de neurosagesse pour changer
l’école et la société. Paris, Robert Laffont.
Ali, S.S., Lifshitz, M. & Raz, A. (2014). Empirical neuroenchantment: from reading
minds to thinking critically. Frontiers in Human Neuroscience, 8.
https://doi.org/10.3389/fnhum.2014.00357
Alvarez, C. (2016). Les lois naturelles de l’enfant. Paris, Les Arènes.
Baron-Cohen, S., Tager-Flusberg, H. & Lombardo, M. (2013). Understanding other
minds: Perspectives from developmental social neuroscience. Oxford University
Press.
Bishop, D.V.M. (2013). Research Review: Emanuel Miller Memorial Lecture 2012 –
Neuroscientific studies of intervention for language impairment in children:
interpretive and methodological problems. Journal of Child Psychology and
Psychiatry, 54, 247259. https://doi.org/10.1111/jcpp.12034
Bouveresse, J. (1999). Prodiges et vertiges de l’analogie. Paris, Raisons d’agir.
Bowers, J.S. (2016a). Psychology, not educational neuroscience, is the way forward for
improving educational outcomes for all children: Reply to Gabrieli (2016) and
Howard-Jones et al. (2016). Psychological Review, 123(5), 628635.
https://doi.org/10.1037/rev0000043
Bowers, J.S. (2016b). The practical and principled problems with educational
neuroscience. Psychological Review, 123(5), 600612.
https://doi.org/10.1037/rev0000025
Brown, P.C., Roediger, H.L. & McDaniel, M.A. (2014). Make It Stick. Harvard
University Press.
Brown, P.C., Roediger, H.L. & McDaniel, M.A. (2016). Mets-toi ça dans la tête ! : Les
stratégies d’apprentissage à la lumière des sciences cognitives. Genève, Markus
Haller.
Bruer, J.T. (1997). Education and the brain: A bridge too far. Educational researcher,
26(8), 416.
Carhart-Harris, R.L., & Friston, K.J. (2010). The default-mode, ego-functions and free-
energy: a neurobiological account of Freudian ideas. Brain, 133, 12651283.
https://doi.org/Doi 10.1093/Brain/Awq010
Coltheart, M. & McArthur, G. (2012). Neuroscience, education and educational
efficacy research. Neuroscience in education, 215221.
Damasio, A.R. (1994). Descartes’Error: Emotion, Reason, and the Human Brain. New
York, Putnam.
Decety, J.E. & Ickes, W.E. (2009). The social neuroscience of empathy. Cambrige,
Mass., MIT Press.
Ekman, P.E. & Davidson, R.J. (1994). The nature of emotion: Fundamental questions.
Oxford University Press.
Eustache, F. & Guillery-Girard, B. (2016). La Neuroéducation: La mémoire au cœur
des apprentissages. Paris, Odile Jacob.
300 Franck RAMUS
- D O S S I E R -
Gabrieli, J.D.E. (2016). The promise of educational neuroscience: Comment on Bowers
(2016). Psychological Review, 123(5), 613619.
https://doi.org/10.1037/rev0000034
Gaspard, E. (2018). programme de neuroéducation Neurosup. Consulté 27 avril 2018, à
l’adresse http://www.neurosup.fr
Gaussel, M. & Reverdy, C. (2013). Neurosciences et éducation: la bataille des
cerveaux. Dossier de veille de l’IFÉ,(86),
http://ife.enslyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?par=accueil&dossier=86&lang=fr.
Georgieff, N. (2008). L’empathie aujourd’hui: au croisement des neurosciences, de la
psychopathologie et de la psychanalyse, La psychiatrie de l’enfant, 51(2), 357393.
https://doi.org/10.3917/psye.512.0357
Georgieff, N. (2011). Psychoanalysis and social cognitive neuroscience: A new
framework for a dialogue. Journal of Physiology-Paris, 105, 207210.
https://doi.org/10.1016/j.jphysparis.2011.07.008
Goigoux, R. (2018, février 4). Enseigner n’est pas une science. Consulté 8 mai 2018, à
l’adresse
http://www.liberation.fr/france/2018/02/04/enseigner-n-est-pas-une-science_1627371
Gueguen, C. (2014). Pour une enfance heureuse: repenser l’éducation à la lumière des
dernières découvertes sur le cerveau. Paris, Robert Laffont.
Houdé, O. (2016). À quoi sert la neuropédagogie? Les Grands Dossiers des Sciences
Humaines, N° 42(3), 1515.
Howard-Jones, P.A., Varma, S., Ansari, D., Butterworth, B., De Smedt, B., Goswami,
U., … & Thomas, M.S.C. (2016). The principles and practices of educational
neuroscience: Comment on Bowers (2016). Psychological Review, 123(5),
620627. https://doi.org/10.1037/rev0000036
Janet, P. (1889). L’automatisme psychologique essai de psychologie expérimentale sur
les formes inférieures de l’activité humaine. Paris, F. Alcan.
Jarraud, F. (2018, janvier 10). JM Blanquer met en place un conseil scientifique.
Consulté 8 mai 2018, à l’adresse
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/01/10012018Article636511
688425966332.aspx
Learning Tree. (2018). Dyslexia remediation. Consulté 27 avril 2018, à l’adresse
http://learningtreenm.com/dyslexia/dyslexia-remediation/
LeDoux, J.E. (1996). The emotional brain: the mysterious underpinnings of emotional
life. New York, Simon & Schuster.
Legrenzi, P. & Umilta, C. (2011). Neuromania: On the Limits of Brain Science.
(F. Anderson, Trad.) (1
re
éd.). Oxford UniversityPress.
Les Savanturiers. (2018). Éducation par la recherche: neurosciences à l’École.
Consulté 27 avril 2018, à l’adresse
//www.fun-mooc.fr/courses/USPC/37004/session01/about
Magistretti, P. & Ansermet, F. (2007). La plasticité neuronale: un nouveau paradigme
entre neurosciences et psychanalyse. PSN, 5, 138143.
https://doi.org/10.1007/s11836-007-0034-y
Masson, S. (2012). Neuroeducation: Understanding the brain to improve teaching.
Neuroeducation, 1(1), 12.
Masson, S. & Borst, G. (2018). Méthodes de recherche en neuroéducation. Presses de
l'Univerisité du Québec.
McCabe, D.P. & Castel, A.D. (2008). Seeing is believing: The effect of brain images
on judgments of scientific reasoning. Cognition, 107(1), 343352.
https://doi.org/10.1016/j.cognition.2007.07.017
Merzenich, M.M., Jenkins, W.M., Johnston, P., Schreiner, C., Miller, S.L. & Tallal, P.
(1996). Temporal processing deficits of language-learning impaired children
ameliorated by training. Science, 271, 7781.
Neuroéducation et neuropsychanalyse 301
- D O S S I E R -
Panksepp, J. & Solms, M. (2012). What is neuropsychoanalysis? Clinically relevant
studies of the minded brain. Trends in Cognitive Sciences, 16, 68.
Pasquinelli, E. (2016). La rencontre entre sciences cognitives et éducation:
Opportunités et pentes glissantes. Le cas exemplaire des neuromythes. In P.-A.
Doudin & E. Tardif (Éd.), Neurosciences et cognition: Perspectives pour les
sciences de l’éducation. De Boeck Supérieur.
Platon. [1874]. La République (Septième Livre). Hachette Livre, 2018.
Pommier, G. (2018, mars 24). Les neurosciences, d’un point de vue éducatif, ne
servent à rien !. Consulté 8 mai 2018, à l’adresse http://www.lepoint.fr/clusters-
societe/les-neurosciences-d-un-point-de-vue-educatif-ne-servent-a-rien-24-03-
2018-2205198_273.php
Pommier, G. (2011). Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse. Paris,
Flammarion.
Ramus, F. (2006). Genes, brain, and cognition: A roadmap for the cognitive scientist.
Cognition, 101(2), 247269. https://doi.org/10.1016/j.cognition.2006.04.003
Ramus, F. (2012). Au-delà de l’inné et de l’acquis. Hors-série La Recherche - Jeux,
Juillet 2012, 1820.
Ramus, F. (2013). What’s the point of neuropsychoanalysis? British Journal of
Psychiatry, 203, 170-171. Traduction disponible sur http://www.scilogs.fr/ramus-
meninges/quel-est-linteret-de-la-neuropsychanalyse/.
Ramus, F. (2018a). L’Éducation Nationale ne peut se passer de la science. Libération,
(11413), 20.
Ramus, F. (2018b, mars 29). Les neurosciences en débat. Consulté 8 mai 2018, à
l’adresse http://www.lepoint.fr/science/les-neurosciences-en-debat-29-03-2018-
2206620_25.php
Satel, S. & Lilienfeld, S.O. (2013). Brainwashed: The Seductive Appeal of Mindless
Neuroscience. New York, N.Y, Basic Books.
SNUipp-FSU. (2017, décembre 25). L’école a besoin de toute la recherche. Consulté 8
mai 2018, à l’adresse
https://www.snuipp.fr/system/resources/W1siZiIsIjIwMTcvMTEvMjUvM3ZoM2x
odzUydV9BcHBlbF9kdV9TTlVpcHBfRlNVX0xfY29sZV9hX2Jlc29pbl9kZV90b3
V0ZV9sYV9yZWNoZXJjaGUucGRmIl1d/Appel%20du%20SNUipp-FSU%20-
%20L%27%C3%A9cole%20a%20besoin%20de%20toute%20la%20recherche.pdf
Stremler, E. & Castel, P.-H. (2009). Les débuts de la neuropsychanalyse: premiers
éléments de réflexion à partir de sources inédites. In L. Ouss, B. Golse,
N. Georgieff, & D. Widlöcher (Éd.), Vers une neuropsychanalyse ? Paris, Odile
Jacob. Consulté à l’adresse https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00791121
Strong, G.K., Torgerson, C.J., Torgerson, D. & Hulme, C. (2011). A systematic meta-
analytic review of evidence for the effectiveness of the ‘Fast ForWord’ language
intervention program. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 52, 224235.
Tallal, P., Miller, S.L., Bedi, G., Byma, G., Wang, X., Nagarajan, S.S., &
Merzenich, M.M. (1996). Language comprehension in language-learning impaired
children improved with acoustically modified speech. Science, 271, 8183.
Temple, E., Deutsch, G.K., Poldrack, R.A., Miller, S.L., Tallal, P., Merzenich, M.M. &
Gabrieli, J.D. (2003). Neural deficits in children with dyslexia ameliorated by
behavioral remediation: evidence from functional MRI. Proc Natl Acad Sci U S A,
100, 28602865.
Weisberg, D.S., Keil, F.C., Goodstein, J., Rawson, E. & Gray, J.R. (2008). The
Seductive Allure of Neuroscience Explanations. Journal of Cognitive
Neuroscience, 20(3), 470477. https://doi.org/10.1162/jocn.2008.20040
... Pour certains auteurs la crédulité induite par le préfixe neuro conduirait à surlégitimer les neurosciences, malgré leur intérêt indéniable, alors qu'elles ne font que confirmer des intuitions et ne sont pas l'unique entrée(Gentaz, 2018 ;Ramus, 2019). ...
Article
L’incursion récente des neurosciences cognitives de l’éducation dans les prescriptions officielles suscite encore des réticences chez certains enseignants. Cette recherche se propose d’étudier les effets d’une formation articulée autour de ces savoirs scientifiques, sur les gestes et représentations des enseignants. Elle fait principalement émerger une acculturation à la « cognition », des redéfinitions de tâches et une modification des jugements d’éducabilité notamment à l’égard des élèves en difficulté. Ce travail ouvre ainsi des pistes pour la formation initiale et continue.
... Ils pourraient également être issus de certains biais de raisonnement par lesquels leurs intuitions sur le fonctionnement cognitif ou leurs perceptions issues de leurs expériences viendraient influencer leurs croyances (Blanchette Sarrasin et al., 2019 ;Pasquinelli, 2015). Enfin, il semble qu'un dernier phénomène apparu plus récemment contribue à la genèse et la persistance de ces croyances erronées : ce que certains chercheurs appellent la neurophilie ou le neuroenchantement (Pasquinelli, 2012 ;Ramus, 2018 Bien que ces limites amènent à rester prudent dans l'interprétation et la généralisation des résultats de ces études, il semble y avoir un manque de transfert des connaissances entre les données issues de la recherche et le milieu de l'éducation. Même si avoir des connaissances fiables des processus cognitifs des individus ne suffira sans doute pas pour que les enseignants puissent former les élèves aux méthodes et outils pour apprendre, cela semble être une base nécessaire et indispensable. ...
Thesis
Full-text available
Depuis la promulgation du décret « missions » (1997), il appartient aux pouvoirs organisateurs de rédiger leurs propres programmes en se basant sur les Socles de compétences (1999). Concernant le savoir lire, ce référentiel n’aborde que la finalité de cet enseignement : la maîtrise du sens. Il laisse aux pouvoirs organisateurs le rôle de fournir les « indications méthodologiques » (décret « missions », 1997, art.5) pour atteindre cette maîtrise. Cette recherche s’est orientée vers l’analyse des programmes au niveau des indications fournies pour enseigner la lecture dans les deux premières années du primaire. Il s’avère que la notion de sens est prédominante par rapport aux « aspects techniques » de la lecture. Des traces de méthodes de lecture ont tout de même été repérées dans la plupart des programmes. Généralement, ceux-ci préconisent une méthode alliant l’enseignement systématique du code alphabétique avec la possibilité de mémoriser des mots globalement. Les indications sont souvent vagues et laissent donc une liberté d’interprétation. Tout en respectant le programme, l’enseignant peut donc proposer des activités diverses qui ne reposent pas forcément sur des découvertes scientifiques. Les faibles résultats obtenus en lecture aux enquêtes internationales comme PIRLS (2016) indiquent une nécessité de réfléchir à la manière d’enseigner la lecture (Schillings et al., 2016). Les programmes sont l’un des moyens de communiquer une méthodologie à suivre pour améliorer les performances des élèves. A l’aube d’un changement de référentiel, il s’avère en effet essentiel que les indications fournies aux enseignants soient explicites et s’appuient sur des données probantes…
Article
Full-text available
In his recent critique of Educational Neuroscience, Bowers argues that neuroscience has no role to play in informing education, which he equates with classroom teaching. Neuroscience, he suggests, adds nothing to what we can learn from psychology. In this commentary, we argue that Bowers’ assertions misrepresent the nature and aims of the work in this new field. We suggest that, by contrast, psychological and neural levels of explanation complement rather than compete with each other. Bowers’ analysis also fails to include a role for educational expertise – a guiding principle of our new field. On this basis, we conclude that his critique is potentially misleading. We set out the well-documented goals of research in Educational Neuroscience, and show how, in collaboration with educators, significant progress has already been achieved, with the prospect of even greater progress in the future.
Article
Full-text available
Les débats houleux entre neurosciences et éducation existent depuis quelques décennies, mais prennent un nouveau tournant depuis les progrès considérables faits en imagerie cérébrale. Ces techniques produisent aujourd'hui de fascinantes images d'un cerveau qui semble s'activer sous l'effet de la pensée. Qu'en est-il réellement ? Quelles sont les avancées dans ce domaine qui intéressent directement l'éducation et les élèves ? Comment peut-on appliquer ces résultats en salle de classe ? Ce Dossier d'actualité n° 86 de septembre 2013 aborde la manière dont les neurosciences appréhendent l'apprentissage, notamment à travers les recherches qui portent sur le développement cognitif des enfants. Au cœur de domaines très divers comme la biologie, la psychologie, la médecine, l'informatique, la sociologie ou la philosophie, les études sur le cerveau apportent des éléments de réponse aux mécanismes de construction des connaissances par les élèves, des pistes de recherche sur l'origine de certains troubles de l'apprentissage et permettent d'envisager les enjeux liés à la petite enfance sous un nouvel angle. Nous évoquons également dans ce dossier les répercussions issues de la fascination et du pouvoir « scientifique » qu'exerce la neuro-imagerie sur le public, les enseignants et les décideurs, avec par exemple la volonté de certains neuroscientifiques de transférer les résultats de leurs recherches en salle de classe et de former les enseignants aux méthodes pédagogiques les plus efficaces. Cette « neurophilie » peut également être à l'origine de mauvaises interprétations des résultats de recherche, appelées ici neuromythes. Vous trouverez dans ce dossier, légèrement différent de sa forme habituelle, des renvois vers des articles de blog qui nous ont permis d'approfondir des aspects techniques et d’illustrer nos propos.
Article
Full-text available
While most experts agree on the limitations of neuroimaging, the unversed public-and indeed many a scholar-often valorizes brain imaging without heeding its shortcomings. Here we test the boundaries of this phenomenon, which we term neuroenchantment. How much are individuals ready to believe when encountering improbable information through the guise of neuroscience? We introduced participants to a crudely-built mock brain scanner, explaining that the machine would measure neural activity, analyze the data, and then infer the content of complex thoughts. Using a classic magic trick, we crafted an illusion whereby the imaging technology seemed to decipher the internal thoughts of participants. We found that most students-even undergraduates with advanced standing in neuroscience and psychology, who have been taught the shortcomings of neuroimaging-deemed such unlikely technology highly plausible. Our findings highlight the influence neuro-hype wields over critical thinking.
Article
Full-text available
Over the last ten years, a new research approach has been growing at an exponential rate. This approach, called neuroeducation, proposes to study problems faced by students and teachers as they learn and teach at an unexplored level of analysis: the cerebral level. Using brain imaging, neuroeducation tries not only to identify the brain mechanisms underlying school learning and teaching, but also to understand how knowing these mechanisms may contribute to the improvement of teaching practices. The journal Neuroeducation was created to facilitate the further development of this new field of research by providing a place for researchers to evaluate and share new knowledge, i.e. a place where new data, methods and ideas can be submitted to a peer review process and published. For this reason, you will find papers in this journal that not only present experimental studies, but also experimental studies in preparation, theoretical studies proposing new hypotheses and models for teaching and learning, methodological discussions, reviews of literature, commentaries and book reviews. In this first issue, you will find five papers. Three present research results. The first focuses on electroencephalographic data acquired in an authentic context, while the other two focus on the development of children's inhibition. A fourth paper proposes a model for teaching second, and foreign languages based on neuroimaging studies and the last is a commentary on the interest of using psychophysiological data to develop a better understanding of learning.
Article
In Bowers (2016), I argued that there are (a) practical problems with educational neuroscience (EN) that explain why there are no examples of EN improving teaching and (b) principled problems with the logic motivating EN that explain why it is likely that there never will be. In the following article, I consider the main responses raised by both Gabrieli (2016) and Howard-Jones et al. (2016) and find them all unconvincing. Following this exchange, there are still no examples of EN providing new insights to teaching in the classroom, there are still no examples of EN providing new insights to remedial instructions for individuals, and, as I detail in this article, there is no evidence that EN is useful for the diagnosis of learning difficulties. The authors have also failed to address the reasons why EN is unlikely to benefit educational outcomes in the future. Psychology, by contrast, can (and has) made important discoveries that can (and should) be used to improve teaching and diagnostic tests for learning difficulties. This is not a debate about whether science is relevant to education, rather it is about what sort of science is relevant.
Article
The core claim of educational neuroscience is that neuroscience can improve teaching in the classroom. Many strong claims are made about the successes and the promise of this new discipline. By contrast, I show that there are no current examples of neuroscience motivating new and effective teaching methods, and argue that neuroscience is unlikely to improve teaching in the future. The reasons are twofold. First, in practice, it is easier to characterize the cognitive capacities of children on the basis of behavioral measures than on the basis of brain measures. As a consequence, neuroscience rarely offers insights into instruction above and beyond psychology. Second, in principle, the theoretical motivations underpinning educational neuroscience are misguided, and this makes it difficult to design or assess new teaching methods on the basis of neuroscience. Regarding the design of instruction, it is widely assumed that remedial instruction should target the underlying deficits associated with learning disorders, and neuroscience is used to characterize the deficit. However, the most effective forms of instruction may often rely on developing compensatory (nonimpaired) skills. Neuroscience cannot determine whether instruction should target impaired or nonimpaired skills. More importantly, regarding the assessment of instruction, the only relevant issue is whether the child learns, as reflected in behavior. Evidence that the brain changed in response to instruction is irrelevant. At the same time, an important goal for neuroscience is to characterize how the brain changes in response to learning, and this includes learning in the classroom. Neuroscientists cannot help educators, but educators can help neuroscientists. (PsycINFO Database Record
Article
There exists a plethora of commercial products that are claimed to be of assistance for children with educational difficulties, especially 'learning disabilities'. Typically, these products are claimed by their originators to be based on something neuroscientific, or at least to be 'inspired' by neuroscience. However, for many of these programmes, any true link with neuroscience is non-existent or tenuous at best. This chapter discusses the use of controlled trials and neuroscientific data to assess educational treatments.