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ARTICLE DE RECHERCHE /RESEARCH ARTICLE
La viabilité du maraîchage urbain à l’épreuve de l’installation
professionnelle
Lou Plateau
1,2,*
, Noémie Maughan
3
, Nathalie Pipart
2,6
, Marjolein Visser
3
, Julie Hermesse
4
et
Kevin Maréchal
2,5
1
Fonds de la recherche scientifique (FNRS), 5, rue d’Egmont, 1000 Bruxelles, Belgique
2
Centre d’Études Économiques et Sociales de l’Environnement (CEESE), Université libre de Bruxelles, 50, Av. F.D. Roosevelt,
CP 140/01, 1050 Bruxelles, Belgique
3
Agroecology lab the ecology of food and wood, Université Libre de Bruxelles, Campus de la Plaine, boulevard du Triomphe,
1050 Bruxelles, Belgique
4
Laboratoire d’anthropologie prospective (LAAP), Université de Louvain, place Montesquieu, 1, Bte L2.08.01, 1348 Louvain-la-Neuve,
Belgique
5
Gembloux Agro-Bio-Tech, Université de Liège, Unité d’Economie et Développement rural, 2, Passage des Déportés, 5030 Gembloux,
Belgique
6
Department of Earth and Environmental Sciences - Division of Geography & Tourism, KU Leuven, Celestijnenlaan 200E,
3001 Leuven, Belgique
Résumé –Ces dernières années ont été caractérisées par la (ré)émergence d’une diversité de formes
d’agriculture urbaine aux multiples fonctions, qui impliquent, notamment, le développement d’activités
professionnelles. C’est dans ce cadre que, de 2015 à 2018, deux projets de recherche-action participative ont
été mis en place à Bruxelles. Leur objectif est d’interroger les spécificités de l’installation en zone urbaine et
de poser les bases d’une réflexion sur les conditions de viabilité du maraîchage sur petites surfaces et sur la
durabilité des systèmes de production agricole. La phase d’installation fait l’objet d’une attention
particulière au sein de ces deux projets. Ancrés dans une logique transdisciplinaire, les dispositifs de
recherche renforcent la réflexivité des maraîchers et leurs capacités à identifier les nœuds auxquels ils sont
confrontés dans leur trajectoire d’installation professionnelle. Nous entendons par « nœud » un ensemble
thématique de tensions, compromis et/ou adaptations avec lesquels les maraîchers ont dû jongler dans
l’opérationnalisation de leurs aspirations. Trois nœuds thématiques sont présentés et discutés : les stratégies
d’accès au foncier, le dilemme de la mécanisation et la mobilisation d’une main-d’œuvre bénévole. Les
maraîchers en phase de lancement expérimentent différentes stratégies dans le souci d’atteindre une viabilité
à court terme sans pour autant dénouer entièrement les nœuds mentionnés. Nos travaux permettent
d’avancer que la multitude des enjeux à résoudre pour tendre vers un projet viable sur le long terme dépasse
largement les défis des seuls maraîchers en installation et implique également la (re)construction d’une
communauté de pratiques et la mise en place d’un cadre légal, financier et politique favorable.
Mots clés : agriculture urbaine / agriculture durable / maraîchage / installation / recherche participative
Abstract –The viability of urban market gardening questioned by early professional establishment.
Urban agriculture is in vogue and unfolds in a diversity of ways, which imply, amongst others, the
development of professional activities. From 2015 to 2018, two participatory action research projects have
been running in Brussels questioning the viability of small-scale urban market gardening as a way to earn a
living, all the while producing food more sustainably. Their focus is on the start-up phase of market-garden
farms. We followed a transdisciplinary research setup to reinforce the reflexivity of these market gardeners,
and uncover several “knots”these market gardeners face along their start-up trajectory. We define a “knot”
as a thematic whole of tensions, compromises and/or adaptations market gardeners struggle with while
putting into practice their aspirations. Three thematic knots are presented and discussed here: strategies to
access land, the mechanization dilemma and the role of volunteering. To cope with these knots, the trajectory
*Auteur de correspondance : lplateau@ulb.ac.be
Cah. Agric. 2019, 28, 6
©L. Plateau et al., Published by EDP Sciences 2019
https://doi.org/10.1051/cagri/2019005
Disponible en ligne :
www.cahiersagricultures.fr
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of market gardeners in the start-up phase shows strategic bends and turns so as to stay afloat financially as a
business in the short term, yet without getting rid of the knots in the longer term. This work shows that
solving the challenges (knots) in the search for long-term sustainability of this type of projects extends far
beyond the individual struggles of starting market gardeners. It begs for the reconstruction of a community
of practices embedding these neo-farmers, that can be fostered through building an enabling legal, financial
and political environment.
Keywords: urban agriculture / sustainable agriculture / vegetable growing / farm establishment / participatory research
1 Introduction
Au cours du XX
e
siècle, le secteur agricole a été marqué par
une déconnexion croissante entre les lieux de production et les
ressources locales. Cette déconnexion s’est notamment
observée dans la mobilisation accrue des énergies non vivantes
pour la production agricole (Visser, 2013). Au-delà du fait que
la terre soit devenue un simple support physique des cultures,
les interactions entre les filières agricoles et leur territoire ont
été largement réduites (Van der Ploeg, 2009 ;Madelrieux et al.,
2017). Comme le souligne Poulot (2014), les zones urbaines et
périurbaines ont été a priori encore plus marquées par ce
processus de déconnexion entre agriculture et territoire.
Cependant, ces dernières années ont vu la (ré)émergence
d’une diversité de formes d’agriculture urbaine (AU) aux
multiples fonctions (Aubry, 2014). En témoignent les efforts
récents en Belgique de mise en place de ceintures alimentaires
autour des métropoles de Liège, Bruxelles ou Charleroi. Cette
réémergence de l’AU se fait aujourd’hui en partie via le
développement d’activités professionnelles. Or l’installation
professionnelle en agriculture reste un défientrepreneurial et
humain conséquent.
Les interactions avec l’écosystème urbain et l’ancrage
territorial du système de production et de commercialisation
permettent de distinguer nettement les agricultures en situation
(péri-)urbaine de celles qui nous préoccupent ici et qui sont
considérées en fonctionnement (péri-)urbain (Peltier, 2010).
Comme le souligne Mougeot (2000, nous traduisons), la
caractéristique la plus spécifique de l’AU est son « intégration
au sein du système économique et écologique urbain ».
Au-delà de la seule dimension spatiale de l’AU, les
interdépendances matérielles et organisationnelles entre la
ville et ses projets agricoles sont sources de tensions mais aussi
de nouvelles solutions créatives pour la transition vers des
systèmes alimentaires justes et durables.
Comme le souligne Daniel (2017), les micro-fermes
urbaines sont un objet singulier à distinguer tant des potagers
urbains (qui n’ont pas de vocation professionnelle) que des
micro-fermes maraîchères (qui n’entraînent pas nécessaire-
ment des interdépendances fortes avec l’écosystème urbain).
Ce type particulier d’exploitations, dont les modèles technico-
économiques et organisationnels ne sont pas encore stabilisés,
doit être appréhendé avec des grilles de lecture spécifiques qui
permettent de saisir finement les opportunités et contraintes de
l’écosystème urbain et les enjeux en matière de durabilité.
C’est dans ce cadre qu’entre 2015 et 2018, deux projets de
recherche-action participative (RAP) (McIntyre, 2008 ;
Méndez et al., 2013), financés par l’Institut régional de la
recherche scientifique à Bruxelles, ont été mis en place. Leur
objectif est d’interroger les spécificités de l’installation en zone
urbaine et de poser les bases d’une réflexion sur les conditions
de viabilité du maraîchage sur petites surfaces et sur la
durabilité des systèmes de production agricole.
Dans cet article, nous commencerons par rendre compte
des particularités de nos équipes et de nos dispositifs de
recherche. Nous expliciterons ensuite notre positionnement en
faveur d’une approche multidimensionnelle de la viabilité du
maraîchage urbain, avant d’énoncer et de discuter une
sélection d’enjeux de viabilité, que nous désignons par le
terme de « nœuds », mis en réflexion dans nos projets, à savoir
l’accès à la ressource foncière, le dilemme de la mécanisation
et l’importance de la main-d’œuvre bénévole.
2 Le dispositif de recherche
Les dispositifs de recherche-action participative ont été
déployés autour de deux lieux d’expérimentation présentés
ci-dessous. L’imbrication forte entre les terrains et les
dispositifs nous incite à développer dans cet article le
processus de recherche ainsi que les enseignements de ce
dernier.
2.1 La phase d’installation : au-delà du risque, le
potentiel d’expérimentation
Les recherches portent sur une étape particulière de
l’activité agricole, la phase d’installation. Celle-ci correspond
à une durée plus ou moins longue avant que l’activité ne soit
considérée comme stabilisée. Elle est généralement caracté-
risée par une prise de risques entrepreneuriaux et par une
importante incertitude quant à la pérennité du projet. Toutefois,
au-delà du risque et de l’incertitude, l’installation profession-
nelle, a fortiori hors cadre familial, correspond également à une
étape d’exploration de trajectoires d’innovation et d’expéri-
mentation : agronomique, commerciale, organisationnelle, etc.
Dans un tel contexte, les maraîchers en installation sont
empreints d’aspirations non encore complètement éprouvées
par les compromis de la mise en œuvre et envisagent un champ
des possibles relativement large pour la configuration de leur
système d’activités (Gasselin et al., 2012).
De par cette double spécificité (prise de risque entre-
preneurial et expérimentations inédites), les maraîchers en
installation endossent une posture particulière vis-à-vis de la
pratique de leur futur métier. Leur trajectoire d’installation
constitue alors un objet de recherche d’intérêt indéniable pour
analyser les processus de transitions sociotechniques vers plus
de durabilité.
En lien direct avec la perspective multi-niveaux àla
Geels (Geels, 2002), le terme « sociotechnique » vise à
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mettre en lumière qu’une transition implique tout autant une
modification des règles, normes, acteurs et réseaux qu’un
changement des artéfacts technologiques. Cependant, cette
perspective d’une transition à large portée n’est pas
antinomique avec l’idée de consigner les hésitations,
incertitudes et expérimentations en étudiant les trajectoires
d’acteurs et les initiatives qui mettent en œuvre des
processus de transition (BrédartetStassart,2017).
2.2 Cycle farm et Graines de paysans, deux lieux
d’expérimentation à Bruxelles pris comme cas
d’étude
Dans le cadre de nos travaux, le potentiel d’expérimenta-
tion propre à la phase d’installation est encore accru par la mise
en œuvre de dispositifs de recherche spécifiques. Comme le
précisent Aubry et Chiffoleau (2009), appréhender la
complexité des systèmes socioécologiques et construire une
compréhension approfondie des enjeux qui en découlent
nécessitent de repenser notre manière de mener la recherche.
Les projets mis en œuvre reposent sur deux lieux
d’expérimentation, ou « living labs », c’est-à-dire deux organi-
sations préexistantes. Ils constituent le cadre réel d’expériences,
d’actions et de rencontres au sein desquels les allers-retours
réguliers entre recherche et action s’effectuent. Ces living labs
visent explicitement à favoriser l’engagement des acteurs de
terrain (maraîchers et conseillers) au même titre que les
chercheurstout au long duprocessus.Chaque configurationoffre
de surcroît aux maraîchers un soutien financier dans un cas,
technico-économique dans l’autre.
Le premier cas d’étude est une coopérative de production
implantée au sud de Bruxelles depuis avril 2015. Dès sa
création, Cycle farm a voulu adapter un modèle économique de
production maraîchère (le SPIN farming pour Small plot
intensive farming) au contexte bruxellois et à l’entrepreneuriat
coopératif. Le SPIN farming est un modèle initialement
développé au Canada qui propose un ensemble de principes et
de techniques de maraîchage urbain bio-intensif sur petites
surfaces (Stone, 2016) et favorise la production de légumes à
haute valeur ajoutée sur des espaces résiduels (jardins et
propriétés privés). Le modèle coopératif choisi permet aux
deux producteurs associés de développer leurs activités de
manière autonome, via une répartition de la gestion des terrains
entre eux, tout en mutualisant une série de services comme
l’accès au foncier, la gestion administrative et comptable, la
commercialisation ou encore une partie du matériel agricole.
De plus, les deux maraîchers sont engagés à part entière dans
l’équipe de recherche ; ils bénéficient d’une rémunération
partielle des activités de recherche, ce qui leur donne la
possibilité de déployer leur activité selon des trajectoires et des
pratiques plus souples que s’ils étaient immédiatement et
totalement contraints par des exigences de rentabilité.
Le second cas d’étude est structuré en Espace-Test
Agricole (ETA) (Cavalier, 2013). L’ETA Graines de paysans
a pris place à l’ouest de Bruxelles au sein d’une zone résiduelle
des terres agricoles historiques. Graines de paysans est un
projet issu de l’association Le début des haricots et vise à
soutenir l’installation professionnelle de nouveaux agricul-
teurs. Le dispositif a accueilli, début 2016, sept agriculteurs/
trices en lancement d’activités. Grâce à un financement du
Fonds européen de développement régional, l’ETA propose un
accompagnement technico-économique individuel (y compris
pour établir les plans de financement, d’assolement et de
commercialisation) et une mise à disposition de terrains,
d’infrastructures (serres, irrigation, abris, chambre froide) et
d’outils (motoculteur, semoir...). Le projet de recherche s’est
mis en place au même moment que l’ETA et intègre les
premiers porteurs de projets en installation. Cet élément de
contexte est important dans la mesure où les maraîchers ont
connu, en plus de leur propre processus d’installation, celui de
l’association, de l’aménagement des sites de production et de
la mise en place des infrastructures.
Les porteurs de projets bénéficient dès lors d’un espace-
temps d’expérimentation sécurisé et de dispositifs variés
d’accompagnement de projet qui leur permettent d’emprunter
détours et revirements dans les diverses stratégies déployées.
Les sollicitations des équipes de recherche renforcent
également la réflexivité des porteurs de projet en installation
et favorisent la prise de recul sur les choix posés en fonction de
leurs aspirations.
2.3 Recherche-action participative, méthodologie et
collecte des données
En visant explicitement à acquérir de nouvelles connais-
sances scientifiquement et socialement robustes, la recherche-
action participative (RAP) oriente naturellement ses dispositifs
vers le changement social et écologique. La collaboration
horizontale entre différents types d’acteurs s’établit comme
méthode pour construire une science à l’écoute de la pratique et
intéressée par les résultats qu’elle produit. La démarche repose
sur la construction collective de connaissances par des allers-
retours continuels entre l’action et la réflexion. Cette
configuration accentue l’aspect incarné de la démarche de
recherche et renforce les possibilités d’appropriation de ses
résultats par les protagonistes du secteur. Autour de chacun des
deux lieux d’expérimentation se sont mis en place un
partenariat et des dispositifs spécifiques du fait de l’articulation
différente entre acteurs de terrain et équipes de recherche
(agronomie, socio-économie, anthropologie).
D’une part, le statut de salarié à mi-temps des deux
maraîchers de Cycle farm a permis leur implication
permanente en tant que co-chercheurs (participation active
aux réunions, collecte de données, rédaction et relecture des
rapports). Les réunions de coordination mensuelles ont permis
de décider collectivement de toutes les orientations du projet,
mais aussi, et de manière moins attendue, de renforcer la
communication entre les deux maraîchers sur leur travail en
association. Quant aux maraîchers de l’ETA, ils participent aux
recherches de façon plus informelle, mais aussi dans le cadre
de dispositifs méthodologiques ponctuels offrant des espaces
de réflexivité. Dans ce cas, c’est un accompagnateur qui joue le
rôle de courroie de transmission en assurant une présence
régulière sur le terrain et en intégrant l’équipe de recherche.
Concrètement, la démarche de RAP s’est traduite par une
série de dispositifs méthodologiques (Tab. 1), dont certains
sont spécifiquement issus de la littérature sur les méthodes
participatives (e.g. Chevalier et al., 2013), et qui ont mené à la
production d’outils tangibles d’accompagnement au terme des
trois années de recherche (voir le lien présenté dans les
Remerciements de l’article).
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D’autre part, dans le cadre des deux projets et souvent de
manière conjointe, les équipes ont développé des dispositifs
participatifs spécifiques, incluant régulièrement des acteurs
externes aux projets. Ces dispositifs méthodologiques ont été
utilisés pour établir un cadre réflexif autour de récits et
de partages d’expériences et pour créer des espaces de
co-construction de savoirs autour de thématiques diverses,
directement intéressantes pour les maraîchers et les chercheurs :
sols, outils, coopération, dynamique bénévole entre autres.
Cette approche fait écho aux notions d’objets et dispositifs
intermédiaires, définis par Mélard (2008), qui ont été au
fondement de nos méthodologies de recherche. Construits de
manière à créer des espaces de réflexivité entre chercheurs et
acteurs de terrain et à s’adapter à leurs besoins et contraintes,
ils offrent un support de dialogue permettant de faire la
médiation entre savoirs. Ces objets intermédiaires peuvent
prendre la forme de supports de travail éphémères, de
réalisations concrètes ou de techniques de facilitation de
groupes. Ils permettent de rassembler plusieurs acteurs aux
méthodes et langages de travail différents autour d’un même
objectif de travail, à l’intersection entre recherche et terrain.
2.4 Une approche multidimensionnelle de la viabilité
définie à partir des aspirations des maraîchers
Pour approfondir les défisdel’installation professionnelle,
les équipes de recherche ont d’abord cherché à identifier avec
les porteurs de projets les multiples dimensions de la viabilité
du maraîchage urbain pour en conclure que la définition de
cette viabilité est propre à chaque projet. Pour cela, nous
sommes partis du cadre proposé par Morel et Léger (2015), qui
définit la viabilité comme la « capacité d’une ferme à être
pérenne dans le temps tout en permettant aux paysans de vivre
en accord avec leurs besoins et leurs valeurs ». Cette définition
permet de s’émanciper d’une vision strictement économique
de la viabilité en intégrant à l’analyse les aspirations des
maraîchers dans l’exercice de leur métier. La viabilité dépend
ainsi de la capacité à mettre en cohérence les objectifs établis
par les porteurs de projets avec l’ensemble de leurs pratiques.
Une première étape de travail a permis de mettre en
lumière, en écho avec les compétences et disciplines réunies au
sein des partenariats et avec les priorités et besoins identifiés
par les différents acteurs, une série de dimensions clés qui
interviennent dans la viabilité du maraîchage urbain, au-delà
de sa seule acception économique :
–la gestion du temps et la qualité du travail ;
–l’accès au foncier ;
–la (re)construction et la préservation de la fertilité physique
et biologique des sols ;
–les techniques et les outils de production mobilisés ;
–les canaux de commercialisation déployés ;
–l’autonomie énergétique ;
–la mobilisation d’une main-d’œuvre bénévole.
À partir de ce travail exploratoire, nous avons identifié avec
les maraîchers les dimensions les plus en tension au début de leur
installation. Trois dimensions particulières sont ainsi ressorties
au début des projets de recherche. Nous les avons appelées des
«nœuds de viabilité ». Chaque nœud correspond à un ensemble
thématique de tensions avec lesquels les maraîchers ont dû
jongler dans l’opérationnalisation de leurs aspirations.
C’est au travers de ces trois nœuds que nous organisons la
restitution des premiers résultats et tendances qui se dégagent
des terrains d’étude : les stratégies d’accès au foncier, le
dilemme de la mécanisation et la mobilisation d’une main-
d’œuvre bénévole aux côtés du maraîcher.
Le travail d’analyse réalisé autour de ces nœuds vise à
mieux comprendre les difficultés associées à la mise en œuvre
et les défis qui se posent lorsque les aspirations des maraîchers
(dont le projet s’inscrit dans une volonté d’interagir avec son
environnement urbain) se transforment en un système
imbriqué de pratiques. Pour chacun des nœuds, les résultats
de recherche rendent compte des inévitables adaptations,
compromis ou arbitrages (Morel et Léger, 2016 ;Maréchal et
Plateau, 2017) concédés par les maraîchers au cours de leur
trajectoire d’installation en milieu urbain et questionnent leurs
capacités à adopter pleinement des pratiques agroécologiques
pourtant à la base des projets.
Tableau 1. Principaux dispositifs méthodologiques mis en œuvre dans les projets.
Table 1. Primary methodological frameworks applied within the projects.
Internes aux projets Dispositifs de collecte de données,
permanents ou à intervalles réguliers
Entretiens, observations sur terrain, réalisation de supports spécifiques
(ex. time-sheet), réunions de coordination, mise au vert, participation
observante lors des évènements clés, objets intermédiaires
Externes aux projets Méthodes de recherche avec
des acteurs extérieurs aux projets
Participation observante lors des évènements extérieurs aux projets
(formations, journées d’échange), entretiens semi-dirigés auprès d’autres
maraîchers
Internes et externes Dispositifs méthodologiques
ponctuels de co-création avec le terrain
Co-création d’outils d’appui au déploiement de la stratégie via des
cycles itératifs de prototypes expérimentation
Organisation de journées thématiques de type :
–formation (Journée « outils », Journée « sol »)
–échange d’expériences (ex. : journées de visites de fermes)
–analyse collective via la méthode d’analyse en groupe
(Van Campenhoudt et al., 2005)
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3 Résultats : analyse de trois nœuds de
viabilité de l’installation maraîchère en
milieu urbain
3.1 Une stratégie d’accès rapide au foncier qui
contraint les choix techniques
Ces dernières années, l’accès au foncier cultivable est
devenu un enjeu majeur de l’économie agricole. En milieu
urbain, la pression sur le foncier est telle que l’achat d’un
terrain est tout simplement hors de portée pour des maraîchers
qui se lancent. Pour développer leurs activités de production au
sein de l’écosystème urbain, les maraîchers des deux cas
d’étude ont opté pour des stratégies permettant de contourner
les moyens traditionnels d’accès aux ressources foncières.
Dans les deux cas, les maraîchers ont obtenu rapidement un
accès au foncier, présentant toutefois certaines contraintes, et
relativement précaire car limité dans le temps.
Les sept maraîchers de l’ETA ont directement pu cultiver
un terrain de 15 ares en 2016 (maximum 30 ares par la suite),
pour une durée initiale de deux ans. Ils doivent respecter
certaines règles, notamment celles de la certification en
agriculture biologique et de l’entretien des espaces partagés. Ils
doivent également dépasser la compétition partiellement
ressentie à l’installation, notamment pour l’accès aux portions
de terrains non immédiatement mis en culture par l’un et
convoités par l’autre, et pour le démarchage des clients.
Cycle farm a entrepris une stratégie innovante, qualifiée de
mise en culture multisite. Cette stratégie multisite implique le
démarchage de propriétaires de jardins privés afind’en
négocier l’accès et contraint les maraîchers à opérer certains
choix techniques. Au démarrage, quatre sites ont été mis en
culture et près de cinq kilomètres séparaient les sites les plus
éloignés. En 2018, après l’abandon et l’obtention de nouveaux
sites, ce sont cinq sites qui sont cultivés (voir les points orange
de la Fig. 1). À ceux-ci s’ajoute la « base » (en bleu sur la
figure) qui sert de pépinière et de station de lavage des
légumes. À l’exception d’un terrain annexe (« PO » sur la
figure), ces derniers sont alors concentrés dans un rayon de
trois kilomètres.
Les maraîchers de Cycle farm ont ainsi réussi à tirer profit
de leur installation dans des zones périurbaines aisées à faible
densité du bâti et ont pu cultiver près de 50 ares à deux dès leur
première saison. La stratégie multisite se traduit cependant par
des implications directes sur les itinéraires techniques et les
conditions de travail. Les maraîchers de Cycle farm doivent en
effet s’adapter à certaines attentes des propriétaires au niveau
de l’aménagement. Souvent pour des raisons paysagères, les
possibilités d’implanter tantôt une serre, tantôt des voiles de
forçage ou des bâches sont limitées. L’anticipation quotidienne
des besoins matériels devient, par ailleurs, une contrainte
d’autant plus forte que les temps de déplacements sont
augmentés par rapport à un système sur site unique. C’est une
des raisons qui conduit les deux maraîchers à opter, en 2017,
pour une répartition entre eux des sites de production.
Après trois saisons et un plus large éventail de contacts et
de terrains mis à leur disposition, les maraîchers de Cycle farm
favorisent des accès plus pérennes, moins dispersés et sur des
surfaces plus grandes. Cette remise en question partielle de la
stratégie multisite leur permet de répondre davantage à leurs
aspirations initiales, tant en matière de choix techniques que
d’organisation du travail.
Sur l’ETA, la durée initiale de deux ans a été étendue à
trois. Cependant, l’accompagnement à la recherche de terrains
pour une installation définitive post-ETA n’a pour l’instant pas
porté ses fruits. C’est pourquoi, à l’instar de plusieurs ETA en
France où les maraîchers testent leurs activités, puis peuvent
continuer à occuper le terrain sans accompagnement (Chrétien,
2015), les maraîchers de l’ETA bruxellois ont sollicité ce
changement dans le dispositif. Cette question fait l’objet de
négociations conflictuelles au moment de l’écriture de cet
article, notamment au sujet de l’investissement en temps,
travail et argent que ces maraîchers ont mis dans ces terrains et
qu’ils perçoivent comme perdus s’ils ne peuvent rester.
Fig. 1. Localisation des terrains de Cycle Farm en 2018 (sud de la région de Bruxelles-Capitale) Cartographie : Margaux Denys, réalisée avec
Brussels UrbIS
©
et des données OpenStreetMap
©
.
Fig. 1. Cycle Farms’plots location in 2018 (southern part of the Brussels-Capital region) Mapping: Margaux Denys, using Brussels UrbIS
©
and OpenStreetMap
©
data.
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L’analyse des trajectoires d’installation souligne finale-
ment une autre difficulté dans les deux cas. L’absence de
sécurisation de l’accès, induite par la contractualisation à court
terme, impacte négativement le souhait initial des maraîchers
de déployer des pratiques agroécologiques (amélioration de la
qualité et la vie du sol, association des espèces pérennes aux
cultures maraîchères, rotations et associations établies sur le
temps long) car elles ne peuvent décemment fructifier que si
une inscription dans le long terme est permise.
3.2 Le dilemme de la mécanisation
Les maraîchers en installation autour desquels s’articulent
les projets partagent, à des degrés divers et du moins
initialement, une volonté de moins recourir aux énergies
fossiles et davantage aux énergies vivantes et à l’autoproduc-
tion d’intrants, c’est-à-dire :
–au travail manuel aidé par la petite mécanisation non-
motorisée (en jouant sur la densité de plantation, les
associations de cultures et en réduisant la profondeur de
travail du sol) ;
–aux énergies écologiques (en paillant, en réalisant des
décoctions, en compostant la matière organique locale ou
en utilisant les engrais verts).
Cependant, l’intensité de cet enjeu diffère du fait de la
nature du foncier dans les deux projets. Alors que dans la
majorité des jardins privés de Cycle farm, l’emploi d’un
motoculteur est exclu par les conditions d’accès, le contexte de
l’ETA permet pleinement l’emploi de tracteurs, ce qui donne
davantage de latitude aux maraîchers concernés.
Or, les maraîchers sont confrontés au besoin d’aménager
le temps, la charge et la pénibilité de leur travail s’ils veulent
tenir sur la longueur. La phase d’installation exige en elle-
même un temps conséquent pour le défrichage ou l’élabora-
tion de planches de cultures. La mise en œuvre de stratégies
inspirées des modèles bio-intensifs (Coleman, 1995 ;
Jeavons, 2001 ;Fortier, 2014) implique de surcroît que les
porteurs de projets consacrent du temps à l’acquisition de
connaissances fines.
Dans ce contexte, nos analyses mettent en avant que les
maraîchers en installation se retrouvent tiraillés entre la
volonté initiale de valoriser les énergies vivantes (humaines et
non-humaines) via une série de techniques « écologiques » et le
recours accru aux énergies non vivantes (motobineuse,
motoculteur et tracteur). Dans ce cadre, on remarque que le
recours à la traction animale, mobilisée par ailleurs par certains
maraîchers bruxellois, n’est jusqu’à présent pas envisagée par
les maraîchers des deux projets.
En parallèle du recours ou non à l’équipement motorisé
pour certains travaux, les porteurs de projets en installation se
questionnent également à propos de la fourniture en
« nouveaux outils perfectionnés », souvent importés d’Amé-
rique du Nord (tels que le semoir à six rangs, le planteur
japonais, la récolteuse à mesclun, etc.), qui visent une plus
grande compatibilité avec les techniques bio-intensives mais
s’avèrent onéreux.
Alors que les stratégies d’installation bio-intensives
reposent généralement sur un faible investissement de départ,
l’équipement en outillage léger de précision confronte les
porteurs de projet à leurs aspirations environnementales et
questionne l’autonomie des maraîchers. Non seulement
l’impact énergétique à l’importation contraste avec le faible
impact énergétique à l’usage, mais les maraîchers sont
également confrontés aux contraintes liées à la standardisation
de l’équipement (par exemple, respecter une seule largeur de
planches).
Face à cela, on observe en Belgique et en France une (re)
dynamisation de l’artisanat. Certains fabricants locaux
entreprennent l’adaptation et la conception de nouveaux
prototypes qui répondent davantage aux besoins et aux attentes
des maraîchers urbains, mais cette tendance reste encore
limitée et de tels artisans encore marginaux. D’autres
accompagnent les porteurs de projet dans l’autoconstruction
de leurs propres outils (comme l’Atelier paysan en France),
mais le temps nécessaire à une telle entreprise est conséquent
pour les maraîchers.
Le choix du degré de mécanisation oscille ainsi entre le
coût financier d’investissement et le temps de travail mobilisé
pour le développement de nouvelles connaissances et
compétences, tant en ce qui concerne les techniques culturales
que les capacités à façonner (ou faire façonner) son propre
outil. Toutefois, les compétences nécessaires ne sont ni
toujours présentes à la ferme, ni encore complètement
disponibles localement.
3.3 La mobilisation d’une main-d’œuvre bénévole
Le troisième nœud qui émerge des projets de recherche
questionne les conditions dans lesquelles l’apport d’une main-
d’œuvre bénévole contribue au succès de l’installation et, de
manière plus générale, au rôle tenu par le facteur humain au
sein d’un projet de maraîchage agroécologique professionnel.
Nous avons vu que le recours limité à la motorisation des
modèles bio-intensifs et la phase particulière d’installation
impliquent un besoin accru en travail humain. Dans ce
contexte, les maraîchers de l’ETA ont, à des degrés divers, tous
fait appel à une main-d’œuvre bénévole. Avec une moyenne de
travail de 45 heures par semaine, les six porteurs de projet de
l’ETA ont bénéficié, en moyenne, de 19heures de travail
bénévole additionnel (équivalent à 30 % du temps de travail
total passé au champ). Il s’agit essentiellement de stagiaires
inscrits dans des formations, de parents ou encore de personnes
désireuses d’approcher le métier de maraîcher. La mobilisation
de cette main-d’œuvre bénévole est, par ailleurs, facilitée par la
proximité des transports publics urbains. Les maraîchers de
Cycle farm ont quant à eux sollicité du travail bénévole dans
une proportion bien moindre (moins de 200 heures annuelles
de bénévolat en 2018 pour les deux maraîchers sur un total de
3375 heures, soit moins de 6 %).
Outre la sollicitation de bénévoles, certains porteurs de
projet de l’ETA ont également opté pour des modes de
coopération entre agriculteurs. La collaboration entre les
maraîchers de l’ETA est cependant sujette à tension ; elle
nécessite du temps de discussion et de négociation dans un
climat d’installation où règnent encore concurrence et
comparaison. C’est pourquoi la mobilisation de bénévoles y
est davantage pratiquée que l’entraide entre maraîchers, à
moins d’être statutairement associés dès le départ.
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En première instance, notre analyse montre qu’un soutien
en main-d’œuvre peut avoir un impact sur les activités
maraîchères à deux niveaux : en offrant une force de travail
supplémentaire sans surcoût et, de manière moins attendue, en
contribuant positivement au bien-être moral et physique du
maraîcher. En y regardant de plus près, cependant, la plus-
value du travail bénévole régulier dans un projet maraîcher (en
phase d’installation ou de routine) doit être nuancée. En effet,
l’encadrement de personnes qui n’ont pas ou peu de
connaissances agricoles prend du temps et requiert des
compétences spécifiques. En outre, le maraîcher doit bien
souvent composer avec des bénévoles aux disponibilités et
attentes variées, et dont l’apport, par conséquent, sera
inévitablement de nature et d’intensité variables.
Ces enjeux demandent de consacrer un temps important à
l’élaboration età la mise en œuvre d’un dispositif d’encadrement
approprié, temps qui ne peut donc plus être consacré pleinement
au travail au champ. Au-delà de cette question du temps, le
maraîcher est amené, par la nécessaire mise en place d’un
dispositif particulier d’accueil des bénévoles, à faire valoir ou à
acquérir des compétences spécifiques, parallèles à la maîtrise de
son métier. Les maraîchers qui font appel à des bénévoles
deviennent ainsi transmetteurs de savoir-faire (Streith et
De Gaultier, 2012) et parfois animateurs, en plus d’être
producteurs et commerçants. La facilité ou non à endosser ces
nouvelles casquettes impacte manifestement la viabilité des
projets de maraîchage urbain.
4 Conclusion
Dans des projets d’installation agricole en milieu urbain, les
spécificités du contexte ouvrent la voie à des opportunités
inédites pour recourir à certaines ressources (foncier, main-
d’œuvre, financement...) mais leur accès conditionne également
les systèmes d’activités déployés par les maraîchers. L’organisa-
tion du travail agricole sur un parcellaire morcelé, un accès à la
terre temporaire, les contraintes en termes d’aménagement de
parcelles, les possibilités de construction et d’adaptation de
l’équipement ou encore les capacités d’encadrement d’une
main-d’œuvre bénévole sont autant de facteurs avec lesquels les
maraîchers doivent composer et qui impactent fortement la
capacité d’adoption de pratiques agroécologiques.
Toutefois et comme le souligne Daniel (2017),c’est bien
l’articulation de tous les éléments du système d’activités qui
rendent plus intelligent le fonctionnement des micro-fermes
urbaines. C’est pourquoi l’analyse des dimensions particuliè-
res de la viabilité présentées dans le cadre de cet article a été
complétée par des dispositifs orientés explicitement vers le
questionnement des interactions systémiques.
L’analyse transversale des nœuds de viabilité présentés
souligne en définitive que l’installation des maraîchers
urbains passe par la (re)construction d’une communauté de
pratiques, c’est-à-dire la constitution d’un ensemble de
réseaux socioprofessionnels diversifiés et adaptés aux
besoins particuliers des maraîchers. Les capacités à
surmonter les verrouillages sociotechniques (Vanloqueren
et Baret, 2009) et à favoriser les pratiques agroécologiques en
AU dépendent finalement du déploiement de ces réseaux et
de l’orientation délibérée des institutions vers des politiques
d’accompagnement qui favorisent la transition des systèmes
alimentaires vers plus de durabilité.
Tout comme les dispositifs que nous avons mis en œuvre
et à l’instar de ce que soulignent Bonneuil et al. (2008),
c’est assurément à travers l’élaboration d’un rapport de
co-construction entre savoirs, société et agriculture que
la recherche et l’innovation investiront les « possibles
sociotechniques » au-delà du seul modèle productiviste.
L’expérimentation et la pérennisation d’un écosystème articulé
d’activités professionnelles en AU passent inévitablement par
un soutien (politique et financier) structurel capable de
dépasser le cloisonnement des multiples compétences en lien
avec la transformation du système alimentaire, telles que
l’économie, l’aménagement du territoire ou la santé.
Remerciements. Les recherches ont bénéficié du financement
de l’Institut régional de la recherche scientifique à Bruxelles.
Les publications issues des recherches sont disponibles sur les
pages des projets SPINCOOP et ULTRA TREE du site www.
cocreate.brussels. Les auteurs remercient tous les partenaires
des projets de recherche.
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Citation de l’article : Plateau L, Maughan N, Pipart N, Visser M, Hermesse J, Maréchal K. 2019. La viabilité du maraîchage urbain à
l’épreuve de l’installation professionnelle. Cah. Agric. 28: 6.
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